- Apr 2024
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« J’ai trouvé l’amour de ma vie. On a discuté deux, trois jours avant et, depuis notre rencontre, on ne s’est plus quittés et ça n’arrivera jamais » ; « Bientôt deux ans que nous nous sommes rencontrés via Meetic… Le coup de foudre immédiat dès notre première rencontre. Nous ne nous quittons plus, nous nous aimons plus que tout… »
Les témoignages vont souvent dans le sens de ceux pour lesquels cela à fonctionner, entretenant et diffusant l’illusion du mythe de l’amour, faisant l'impasse sur la part de concession, de discussions, de négociations, de réajustements, qui a été inhérente au fonctionnement d’une relation intime et qui est cachée ou tue car cela ne correspond pas à l'image romantique que l'on se fait de la rencontre "idéale".
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- Mar 2024
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Internet a radicalement changé notre façon d’envisager la rencontre et le discours amoureux, que nous soyons inscrits ou pas sur les réseaux.
D'emblée l'article pose comme un constat à valeur d'universalité que nous sommes tous impactés. Il expose l'idée que cela va au-delà de notre usage effectif ou non des réseaux sociaux dans la quête de l'amour. Cette affirmation semble pouvoir être remise en question notamment au regard du fait que nous n'avons pas tous la même utilisation d'internet comme les personnes âgées par exemple qui sont loin d'en comprendre tous les codes et usages.
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Si nous rapportons toutes ces histoires d’amour aux chiffres des unions effectives nouées en ligne, nous ne sommes que dans l’écume
Propos intéressants à citer en ouverture de l'article mais qui auraient eu besoin d'être agrémentés de quelques données statistiques.
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Des nuits entières, par écrans interposés, nous avons échafaudé notre histoire : acheter une maison, avoir un enfant, marier nos amis…
Il est plus aisé de fantasmer ça sur un écran que de le mettre en place pour de vrai et de s’en donner les moyens dans la vie réelle où les contraintes sont plus palpables et vont demander de nombreux efforts.
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Nos échanges numérico-épistolaires
Mise en évidence du fonctionnement épistolaire de ces conversations, principe fondamental. Le temps pour l’autre est pris quand on a le temps soit même de se connecter sur la plateforme, de répondre à un sms. Il n'y a pas de contrainte d’écouter l’autre ou de répondre à ses sollicitations quand nous ne nous sentons pas disponible, donc pas de déconvenue, contournement des efforts de concession, de disponibilités, etc qui incombent à la relation.
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je n’avais pas “la méthode”.
A supposer qu’il y ait une méthode pour trouver l’amour. Une recette toute faite qu’il faudrait appliquer comme un process. On revient à l'idée que l'on est sur une certaine rentabilité, une forme de taylorisme de l'amour.
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les cases que j’avais cochées me montraient le profil type de mon prince charmant
L’humain est un être complexe, nous ne pouvons pas nous réduire à des cases « j’aime faire la cuisine, j’aime faire du jogging, etc… ». Nous avons besoin d'entretenir des subtilités en lien avec ce que nous aimons car cela contribue à dire au monde qui nous sommes. Ce sont les subtilités qui font que je vais trouver cela touchant ou ridicule mais risible, etc… Il est des choses qui à l’écrit n’émettent pas du tout la même vibration qu’à l’oral. Une phrase écrite peut renvoyer à plusieurs réalité et il n'y aura que la façon d'exprimer cette phrase à l'oral qui en montrera les nuances et qui font que je suis unique. Si je dis « j’aime courir sous la pluie car je sens l’odeur des herbes, des arbres, du bitume mouillé » mais que la personne ne me voit pas entrain d’exprimer cette idée à partir de ma personnalité propre, elle peut trouver cela très touchant ou complètement mièvre, ou ne pas savoir à quoi je fais référence exactement. Les mots sont vides de sens sans le para-verbal et le non verbal.
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Le corps est comme endormi.
Le corps est passif, il n’est pas en mouvement, il n’est pas investi dans cette rencontre avec l’autre. Ce qui est actif et activé c’est notre cerveau et les fantasmes qui s'y jouent. L’équilibre est à trouver dans une satisfaction corporelle et intellectuelle. Simultanément.
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« Ces sites hystérisent nos relations
Apport de psychologie pure. En lien direct avec le thème de la revue.
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« Pour une femme, poursuit le sexothérapeute, c’est un lieu où le désir est excité autant par le besoin de plaire que par la colère. »
Revanche pseudo-féministe illusoire car en réalité il n’y a pas de rapport de force à établir entre les hommes et les femmes il s’agirait davantage que chacun respecte l’autre pour ce qu’il est avec ses qualités et ses défauts pour pleinement apprécier la rencontre. Le besoin de plaire rejoint la validation sociale qui est un booster d’estime de soi.
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1 % à 2 % seulement des unions amoureuses sont consécutives à une rencontre en ligne (Enquête Ined, janvier 2013).
Quelques pourcentages sont cités afin de donner une représentation globale. Il n'est pas précisé ce qui est entendu par "unions amoureuses". Une relation amoureuse durable ou brève ? conforme aux attentes de l’utilisateur ou non ? Il manque des critères objectivables.
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Adopteunmec.com
Site dont le logo est un homme dans un caddie. Peut-on s’attendre à autre chose qu’à un rapport de consommation de la relation amoureuse ?
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Difficile d’avouer une calvitie naissante, un âge avancé ou des revenus trop faibles. Du coup, ils mentent, alimentant les ressentiments féminins.
Là encore des deux côtés on n’assume pas la part de l’échec, la déconvenue, qui peut-être possible mais plus encore, on n’assume pas la réalité de ce qu’est un être humain. Soulève un problème plus profond : en mettant à distance derrière un écran on oublie peut-être qu’un humain réel c’est aussi quelqu’un qui a des problèmes de santé, des problèmes personnels, qui subit une dégradation lente et partielle de son corps… Pose finalement la question du virtuel : est-ce que ce ne serait pas la distance qui nous ferait oublier la réalité des rapports humains ? De la même façon que l’on observe des commentaires haineux ou inappropriée sous le contenu de personnes exposées sur internet tels que les influenceurs pour ne citer qu’eux.
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pour la première fois de leur histoire, les femmes ont à leurs pieds une immense cour de prétendants qui doivent tout faire pour les séduire.
Mise en évidence d’une mutation sociale : nouvelle révolution pour les femmes, à la manière de mai 68 les règles, l’ordre établi jusqu’à lors est remis en question.
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« la montée actuelle de l’impatience, cette impossibilité de supporter la frustration ou la déconvenue, commente Alain Héril. C’est inquiétant, car cela devient parfois une source de souffrrance ».
Lien causale proposé ici : les applications de rencontres contribuent à l’augmentation de la rapidité dans le fonctionnement de la société. Nous pouvons « swiper » d’un geste simple, presque intuitif. Il n’y a quasiment plus de place pour l'attente, la déconvenue, pour « la part d’échec » qui fait pourtant parti du processus d’acclimatation à l’autre.
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Les sites de rencontres nous font miroiter qu’un remplaçant nous attend au coin d’une case à cocher sur Internet.
Les utilisateurs sont exigeants, voir intransigeants car ils ont les moyens de l’être étant donné que la personne peut être remplacée par une simple nouvelle recherche si elle ne correspond pas aux attentes.
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« En mai 1968, hommes et femmes ont dénoncé le couple comme objet d’oppression sociale. En réaction, ils voulaient bâtir, à égalité, des histoires où chacun aurait la place d’évoluer auprès de l’autre, où le risque d’échec était assumé. Les sites de rencontres ont changé cela. Par le biais d’Internet, nous sommes revenus à une image fixe de l’amour. Dans mon cabinet, je constate que mes patients sont de plus en plus victimes du mythe de l’amour. Les femmes, en particulier, recherchent un homme idéal, leur double masculin. »
Constatation d’une régression par rapport à une avancée des mœurs. Mise en perspective avec l'évolution sociale. Alain Héril nous rappelle que le lieu de révolution des mœurs qu’a été mai 68 a permis de faire rentrer une composante essentielle dans la relation à l’autre : la part d’échec possible lorsque deux individus se côtoient pour essayer d’entretenir une relation amoureuse. A l’extrême opposé, sur les sites de rencontre, la possibilité de l’échec n’existe pas, et est même gommée puisqu’ils proposent du « sur-mesure » et entretiennent « le mythe de l’amour ».
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