41 Matching Annotations
  1. Dec 2019
    1. Il rayonnait de fierté quand elle parada, déguisée en « Belle de la Nuit »

      Selon le concept de la socialisation, les enfants forment leur personnalité en fonction du projettement du regard de leurs parents. Ainsi, le père valorise la beauté de sa fille, elle trouvera sa valeur dans cet aspect.

    2. Mon père n’était pas féministe ; il admirait la sagesse des romans de Colette Yver où l’avocate, la doctoresse, finissent par sacrifier leur carrière à l’harmonie du foyer ; mais nécessité fait loi : « Vous, mes petites, vous ne vous marierez pas, répétait-il souvent. Vous n’avez pas de dot, il faudra travailler. » Je préférais infiniment la perspective d’un métier à celle du mariage ; elle autorisait des espoirs.

      Opposition entre la petite fille et son père, opposition entre le rôle conformisme de la société et les rêves (ambitions) de la petites filles.

    3. Un après-midi, j’aidais maman à faire la vaisselle ; elle lavait des assiettes, je les essuyais ; par la fenêtre, je voyais le mur de la caserne de pompiers, et d’autres cuisines où des femmes frottaient des casseroles ou épluchaient des légumes.

      Ce n'est pas le fait qu'elle soit adulte qui l'angoisse, mais le rôle de femme adulte. Encore une fois, les personnes sont emprisonnées dans leur rôle social.

    4. Tous les regards fixés sur moi, et sentant mes joues s’enflammer, j’étais au supplice.

      Dans la philosophie existentialiste, le rapport aux autres est très important. L'autre c'est le diable, car on sait en permanence que l'autre nous juge. Dans le constructivisme sociale, cette sociabilisation est présente à partir de l'enfance.

    5. Il m’amusait, et j’étais contente quand il s’occupait de moi ; mais il n’avait pas dans ma vie de rôle bien défini.

      Ça rejoint la philosophie existentialiste de Sartre, les hommes sont libres en dehors des catégories sociales.

  2. Nov 2019
  3. scolaire.loupbrun.ca scolaire.loupbrun.ca
    1. Après, ce ne serait plus pareil ; je ne pourrais plus avoir peur.

      Le concept de la peur revient ici. Allez voir ce que Christophe Facal à écrit sur le sujet à la page 125.

    2. J’essayais de m’absorber dans ma lecture, de trouver un refuge dans la claire Italie de Stendhal. J’y parvenais par à-coups, par courtes hallucinations, puis je retombais dans cette journée menaçante, en face d’un petit vieillard qui raclait sa gorge, d’un jeune homme qui rêvait renversé sur sa chaise.

      Il essaye de fuir le non-sens de l'existence pas la lecture. C'est une image qui peut avoir du sens dans le contexte du livre.

    3. Ils n’avaient pas l’air trop naturels, mais je me disais avec force : c’est un bec de gaz, c’est une borne-fontaine et j’essayais, par la puissance de mon regard, de les réduire à leur aspect quotidien.

      Il s'efforce de trouver un essence à chaque chose, de les réduire à la définition donnée par la convention sociale. Mais en vain ces choses sont là et puis c'est tout.

    4. Tout peut se produire, tout peut arriver.

      Tout peut se produire. Les événements n'ont pas de raison d'être. C'est juste un ensemble incohérent qui forme l'existence. Le moment passé n'a aucun lien avec le moment présent. Tout peut juste arriver.

    5. c’est plus qu’il n’en faut pour faire le cadre d’un moment parfait ; pour refléter ces images, Anny ferait naître dans nos cœurs de sombres petites marées. Moi, je ne sais pas profiter de l’occasion : je vais au hasard, vide et calme, sous ce ciel inutilisé.

      Opposition entre la vision de la vie de Roquentin et celle d'Anny.

    6. Il se dresse, calme et puissant, au-dessus de cette petite épave ; c’est un roc

      Encore l'image de la stabilité.

    7. Ils voudraient nous faire croire que leur passé n’est pas perdu, que leurs souvenirs se sont condensés, moelleusement convertis en Sagesse.

      Ils voudraient nous faire croire que leur passé a construire quelque chose de concret : la sagesse. Je trouve l'image ici amusante : leurs souvenirs se sont condensés, moelleusement convertis en Sagesse.

    8. Il mérite son visage d’ailleurs, car il ne s’est pas un instant mépris sur la façon de retenir et d’utiliser son passé :

      Ce personnage est à l'opposé des deux autres nauséeux. Ce médecin sait utilisé son passé et on peut le voir par ses rides. Il a du vécu, de l'expérience, un passé. Contrairement aux deux autres, il a un but, un passé et il vit en quelque sorte une relation avec ses patients.

    9. Les familles sont dans leurs maisons, au milieu de leurs souvenirs. Et nous voici, deux épaves sans mémoire.

      C'est ce que je soulignais : ils n'ont pas de passé.

    10. Cette fois il va me parler, je me sens tout raide. Ce n’est pas de la sympathie qu’il y a entre nous : nous sommes pareils, voilà.

      C'est grâce à ce personnage qu'on peut voir des caractéristiques de la Nausée. En effet, celui-ci permet de voir la vision de Roquentin sur une personne nauséabonde et ainsi avoir un regard extérieur de la Nausée. Leurs point communs sont la solitude, le fait qu'ils n'ont pas de passé (aucun ancrage temporel - rappelons que Roquentin ne parle jamais de sa famille-) et bien évidemment l'ennuie ou le fait de ne pas avoir de but.

    11. Tout ce que je sais de ma vie, il me semble que je l’ai appris dans des livres.

      Cette phrase est intéressante, surtout venant d'un philosophe. Ça me rappel ce que Marcello nous a dit au sujet d'une interview que Sartre avait eu à la fin de sa vie. Il avait dit que les livres qu'on voulait qu'on se rappel de lui soit les romans et non les textes philosophiques.

    12. Et puis, quand Anny m’a quitté, d’un seul coup, d’une seule pièce, les trois ans se sont écroulés dans le passé. Je n’ai même pas souffert, je me sentais vide. Ensuite le temps s’est remis à couler et le vide s’est agrandi.

      Lorsque Anny l'a quitté, tout le sens de leur relation s'est effondré. C'est pour cette raison que ces trois années se écroulées dans le passé. Le passé c'est le temps ou rien n'a de sens. Seul le présent existe.

    13. A ces moments-là elle me haïssait

      La relation de Roquentin et d'anny ne pouvait fonctionner. Celle-ci tentait de donner du sens aux petits événements de la vie. Elle cherchait en effet les moments parfaits. Mais Roquentin incapable de se fermer les yeux sur l'absurdité de l'existence gâchait ces petits moments.

    14. Seulement, si c’était pour en venir là, il fallait plutôt que j’écrive un roman sur le marquis de Rollebon.

      Sa vie doit être mise dans un roman, c'est-à-dire qu'elle doit être racontée. Puisque la raconter sous une forme biographique c'est hypocrite. Il n'y a pas de vraies histoires.

    15. A onze heures, au début d’un grand film elle prit ma main, et la serra dans les siennes sans un mot. Je me sentis envahi d’une joie acre et je compris, sans avoir besoin de regarder ma montre, qu’il était onze heures. A partir de cet instant, nous commençâmes à sentir couler les minutes.

      C'est à travers leur amour que les deux personnages trouvaient un sens à leur vie. D'ailleurs par définition la relation permet sortir l'homme de sa solitude.

    16. Ce sentiment d’aventure, il n’y a peut-être rien au monde à quoi je tienne tant

      Pouvons-nous dire que c'est seulement Anny qui donne un sens à la vie de Roquentin ? C'est d'ailleurs la seule chose qui le maintient en vie durant la première moitié du livre. C'est elle aussi qui lui fait ressentir que sa vie est une aventure.

    17. Je vais lire Eugénie Grandet. Ce n’est pas que j’y trouve grand plaisir : mais il faut bien faire quelque chose. J

      C'est quand même étrange que la lecture ne lui fait pas le même effet que la musique. Quand on lit tout ce qui a été dit à propos de la beauté des histoires, alors pourquoi ne se sent-il pas aussi libéré que lorsqu'il écoute la chanson ? Bref, tout ce chapitre parle d'un autre point commun entre les personnes ayant la Nausée : l'ennuie. La vie de Roquentin est vraiment à l'image d'un dimanche sans fin, sans but, sans raison d'être.

    18. pour que l’événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter.

      Une fois qu'un événement passé est raconté, il n'est plus un moment du passé, mais devient une histoire à part entière.

    19. J’ai tant de bonheur quand une Négresse chante : quels sommets n’atteindrais-je point si ma propre vie faisait la matière de la mélodie.

      Encore l'opposition entre la vie sans sens et la musique dont chaque note donne un sens à l'entièreté de la pièce.

    20. Chaque instant ne paraît que pour amener ceux qui suivent

      Encore une fois, il y a l'image des événements qui s'emboitent pour former un tout, pour arriver à une fin. Dans les livres, sans hier, aujourd'hui ne pourrait pas arriver.

    21. Quelque chose commence pour finir : l’aventure ne se laisse pas mettre de rallonge ; elle n’a de sens que par sa mort.

      Le commencement prend un sens parce qu'il permet la fin. Il n'y a pas de ''rallonges'', de parties en trop, de chose sans sens. Chaque chose est à sa place pour conduire jusqu'à la fin de l'histoire (jusqu'à la fin de l'histoire).

    22. Et naturellement, tout ce qu’on raconte dans les livres peut arriver pour de vrai, mais pas de la même manière. C’est à cette manière d’arriver que je tenais si fort.

      Dans les livres, les scènes qui ressemblent à des scènes réalistes sont pareils à première vue, mais pas dans leur signification. Les scènes dans les livres arrivent pour une raison. Elles ont un sens, contrairement aux scènes de la vie.

    23. Les aventures sont dans les livres.

      Et elles sont que dans les livres.

    24. il me semble que je mens, que de ma vie je n’ai eu la moindre aventure, ou plutôt je ne sais même plus ce que ce mot veut dire.

      Les aventures c'est ce qui fait Roquentin, Roquentin. C'est son passé qui a construit sa personne. Or dans une philosophie existentialiste, il n'a rien d'autre que le présent. La personne même n'a plus de passé. Mais si elle n'a plus de passer qu'elle est-elle ? Elle est là, voilà tout. Elle existe et c'est tout. (Voir p.146) À la page 146, Roquentin l'accepte (il sait qu'il n'a jamais vécu d'aventure), alors qu'au début du livre, il le réalise, il se demander encore si il a vécu des aventures.

    25. Mais je ne vois plus rien : j’ai beau fouiller le passé je n’en retire plus que des bribes d’images et je ne sais pas très bien ce qu’elles représentent, ni si ce sont des souvenirs ou des fictions.

      Le souvenir est un ensemble d'images qui sans relation entre elles, n'ont aucune signification. Pour leurs donner une signification, il faut les raconter. Mais dès lors, elles ne sont plus des souvenirs mais seulement une histoire. Elles perdent de leur réalisme.

    26. Non, ce n’est pas en elle qu’elle puise la force de tant souffrir. Ça lui vient du dehors... c’est ce boulevard. Il faudrait la prendre par les épaules, l’emmener aux lumières, au milieu des gens, dans les rues douces et roses : là-bas, on ne peut pas souffrir si fort ; elle s’amollirait, elle retrouverait son air positif et le niveau ordinaire de ses souffrances

      voici l'opposition dont je faisais référence précédemment.

    27. Gustave Impétraz

      Est-ce que quelqu'un sait si ce monsieur a existé ou du moins une statue au même nom ? J'ai tout de même l'impression que cette statue représente la tradition d'une nation. Cette tradition permet d'établir une histoire concrete de la nation à l'image d'un premier tome qui permet de mieux comprendre le deuxième. C'est une façon de dire que nous ne sommes pas là, présentement, pour rien, que nous poursuivons une mission ancestrale, que notre histoire fait ce que nous sommes présentement. Ce n'est plus de donner un sens à la vie d'un seul homme mais à la nation entière. Elle montre aussi un idéal social à suivre. À partir de leur vie, on sait qu'est-ce qui est honorable ou non. On peut d'ailleurs voir l'importance de la tradition lorsque Roquentin visite le musée qui expose des tableaux de personnes importantes.

    28. Le boulevard Noir est inhumain.

      Le boulevard Noir a une signification particulière : il est mort, il est inhumain, personne n'y va. Et c'est d'ailleurs dans ce boulevard que Roquentin se sent bien. Ce boulevard est fait pour les personnes comme Roquentin, contrairement aux boulevards achalandés et jaunes de lumière. Celle qui vient illustrer cette opposition c'est Lucie, qui est en train de se faire larguer par son amant. De cette façon, elle quitte le monde lumineux pour se retrouver dans le boulevard Noir. À ce moment même, Lucie a deux ressemblances avec le personnage éponyme, la solitude et la souffrance.

    29. Je suis dans la musique.

      Autant la Nausée est a l'intérieur de Roquentin, la musique l'est aussi. On voit ainsi une opposition entre la Nausée et l'art.

    30. c’est que la Nausée a disparu

      Il le dit mot pour mot : la musique a fait disparaitre la Nausée. Il est intéressant de voir ce qui fait disparaitre la Nausée durant toute l'oeuvre. La musique en fait évidemment partie.

    31. la musique perce ses formes vagues et passe au travers.

      La musique ''perce'' ses formes vagues. C'est une image que je trouvais intéressante.

    32. Je commence à me réchauffer, à me sentir heureux.

      C'est bien l'un des seuls moments heureux de l'oeuvre. Et c'est au moment ou il entend la chanson.

    33. Je crois qu’ils font ça pour remplir le temps, tout simplement. Mais le temps est trop large, il ne se laisse pas remplir. Tout ce qu’on y plonge s’amollit et s’étire. Ce geste, par exemple, de la main rouge, qui ramasse les cartes en trébuchant : il est tout flasque. Il faudrait le découdre et tailler dedans.

      Ces lignes illustrent bien la vision du temps de Roquentin. Il y reviendra dans quelques pages (p.55 et 56). Mais en quelques mots, le temps c'est ce qui forme la vie de l'homme. Celui-ci a un passé qui s'est construit à partir d'un ensemble d'événements. Or ces événements ne s'emboitent pas l'un sur l'autre à l'image d'un livre. Elle est d'ailleurs là la différence entre la vie d'un homme et la vie d'un personnage dans un livre.

    34. Je voudrais qu’Anny soit là.

      Encore une fois, la Nausée est bien présente dans la solitude du personnage. D'ailleurs, Anny sera perçu par Roquentin comme sa bouée de sauvetage durant l'entièreté de l'oeuvre.

    35. on plonge dans des histoires sans queue ni tête

      Si les histoires sont définis comme un ensemble d'événements qui s'emboitent l'un sur l'autre et qu'une vie dans la solitude donne des histoires incohérentes, la solitude est alors un élément nécessaire pour une vie sans sens. C'est d'ailleurs la solitude qui permet a Roquentin de vivre dans une vie à l'image d'un dimanche sans fin (p.80 à 82).

    36. Moi je vis seul, entièrement seul. Je ne parle à personne, jamais ; je ne reçois rien, je ne donne rien.

      La solitude est fréquemment présentée dans l'oeuvre. D'ailleurs les personnages des romans existentialistes vivent souvent dans une solitude. Comme quoi les relations sociales permettent aux personnages d'avoir un sens à leur vie.