14 Matching Annotations
  1. Jun 2019
    1. Cette question a été malheureusement encore peu considérée en raison de l’absence de sources valables, de témoignages et de documents utilisables

      Des travaux sur le sujet en cognition distribuée ou en Work Place Studies (sur les "to do list" par exemple : http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.464.5718&rep=rep1&type=pdf)

    2. Comment organise-t-il son temps, établit-il des stratégies similaires et quels choix est-il amené à faire pour cela21 ?

      Programme stimulant ! Il y a quand même quelques chercheurs qui travaillent sur les pratiques de leurs collègues, je te rassure ;-) J'avais fait une petite synthèse ici : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/67532-etat-de-l-art-theorique-methodologique-et-critique-sur-les-usages-et-les-pratiques.pdf. Et pour n'en citer qu'un : "Les pratiques informationnelles des chercheurs dans l’enseignement supérieur et la recherche : regards sur la décennie 2000-2010" : https://books.openedition.org/pressesenssib/1171?lang=fr

    3. ces agendas ne nous disent rien de la répartition réelle du temps de travail d’Haudricourt : avait-il des journées de la semaine dévolues à la recherche en bibliothèque, des journées libres, des journées d’enseignement ?

      Ce sont les limites de l'analyse matérielle et de l'absence de sources...d'où la nécessité de croiser les méthodes ethnographiques (mais ce n'est évidemment pas possible ici).

    4. Les mécanismes sociotemporels qui règlent la vie des savants nous sont encore en grande partie inconnus, mais il est certain que de nouvelles contraintes voient le jour à la fin du xixe siècle.

      Question très intéressante, éminemment politique aujourd'hui avec les réformes en cours néolibérales à l'Université.

    5. « cela peut toujours servir »

      Principe des boulons et autres vis qu'on laisse dans un petit bol à l'entrée de l'appartement ;-)

    6. le meuble destiné à recevoir ses fiches perforées.

      Typique des meubles à lieux communs de la renaissance (cf. Jean-Marc Châtelain, "Humanisme et culture de la note" dans Le Livre annoté, revue de la BNF, 1999.

    7. qui ont le pouvoir de m’exalter

      Cf. La petite "excitation" que décrit Antoine Compagnon dans "La Seconde main ou le travail de la citation".

    8. L’informatisation n’invente rien

      C'est un peu rapide : il y a sans doute une continuité et des effets de démultiplication mais il reste à comprendre les spécificités - l'inventivité - des pratiques informatisées. Je suis sûr qu'il y a des pistes intéressantes en Workplace Studies...

    1. Il s’agit d’abord d’un geste topographique. « Aller » dans les archives, accomplir ce geste qui consiste à voir les documents, a pour premier effet de montrer des pensées « vivantes » qui n’ont jamais cessé de se reprendre, de se réorienter et de bifurquer. Des pensées indisciplinées, pour certaines, qui ont sans cesse été remises en question (par leurs auteurs ou par d’autres) et redéfinies en fonction des urgences et des soubresauts qui affectent le monde. Faire ce geste qui consiste à aller dans les archives, c’est prendre encore la mesure des investigations tâtonnantes qui jalonnent tout parcours intellectuel. C’est voir en acte des pratiques concrètes, comprendre la part du travail documentaire, saisir la place de certains gestes qui ont été patiemment et inlassablement répétés, mesurer l’importance de ces « savoir-faire » nécessaires à tout travail de recherche et qui peuvent se décliner dans plusieurs opérations tant manuelles qu’intellectuelles telles qu’observer, prélever, classer, hiérarchiser, mémoriser, calculer, interpréter, lire, écrire, annoter ou citer…

      Très beau paragraphe ;-)

    2. la pratique de la revisite

      Oui, elle relève d'un régime d'historicité qu'on peut interroger. Je me demande toujours ce qu'on archive : un ensemble de documents ou le geste même qui consiste à archiver. À quoi auront accès les historiens du futur, si ce n'est peut-être ce geste-là ?

    3. sa vision irréaliste de la synthèse des savoirs n’a jamais pu suivre le rythme des progrès de plus en plus rapides des sciences

      Beaucoup croient en Sciences de l'Information et de la Communication en cette "vision irréaliste" ;-) Voir par exemple le récent projet Hyper Otlet : https://hyperotlet.hypotheses.org/tag/otlet

  2. May 2019
    1. Le bureau deviendrait alors un lieu d’observation essentiel pour comprendre les grandes spécificités des pratiques et des opérations savantes de la première moitié du xxe siècle. En effet, comme le cabinet de curiosités, ou l’ensemble des instruments et des objets qui entourent le chimiste ou le physicien, le bureau et son fauteuil, mais aussi les fichiers de rangement, les corps des bibliothèques, ou les casiers extensibles qui permettent d’augmenter progressivement le nombre des tiroirs à fiches sont des éléments à prendre au sérieux car ils sont représentatifs des habitudes intellectuelles comme de la productivité des savants. Si l’inventaire, la description et l’histoire de ces objets liés à la recherche sont encore à faire avec précision

      Beau programme ! Des travaux là-dessus en sociologie contemporaine mais peu sur le travail matériel dans l'ensemble. À part peut-être en "Workplace studies" et chez Denis et Pontille ("travailleurs de l'écrit, matières de l'information").

  3. Apr 2019
    1. De ce point de vue, décider de s’occuper des pratiques savantes, c’est certes prendre en compte la matérialité des archives, mais c’est d’abord réfléchir au quotidien de ces vies savantes, aux postures des corps, aux perceptions et aux sensations de ces savants. Lorsqu’ils évoquent leur travail, il est en effet question de fatigue physique, des longues heures passées à copier des ouvrages en bibliothèques, de rituels d’écriture, du choix d’un mobilier, d’instrument graphique, de techniques de prise de notes…

      Joli programme...on trouve aussi ce type de témoignage dans la pratique de l'annotation évidemment : ces scribes islandais au 14ème siècle qui se plaignaient dans les marges de leur fatigue, du froid, de la qualité de l'encre, de leur isolement...

    2. Elles sont la preuve indéniable que la pensée n’est pas une chose abstraite, qu’elle se réalise dans le quotidien d’un travail de lecture, d’écriture, de corrections successives, de dépouillements bibliographiques, d’accumulation personnelle et progressive de données, d’échanges (épistolaires), de discussions et de polémiques…

      Important de le rappeler, à une époque où l'emprise cognitiviste est très grande...Ce passage et cette pensée sont proches des thèses externalistes et notamment des positions de Peirce et Wittgenstein qui ont chacun proposé une théorie sociale de l'esprit (cf. "Le mental et l'esprit" aux Éditions de l'EHESS). De tels positionnements trouvent aujourd'hui dans la "cognition distribuée" ses meilleurs prolongements.