La Terre est plus lente mais elle suit le même chemin que Solaria !
Cette phrase fait un parallèle inquiétant : notre société évolue vers la même déshumanisation du lien que dans la fiction d’Asimov.
La Terre est plus lente mais elle suit le même chemin que Solaria !
Cette phrase fait un parallèle inquiétant : notre société évolue vers la même déshumanisation du lien que dans la fiction d’Asimov.
des robots capables de reconnaître les manifestations émotionnelles des personnes et d’y répondre adéquatement.
Il anticipe que la technologie va imiter les émotions humaines, ce qui pourrait encore modifier nos relations.
ette nécessaire solitude « dans » le lien qui garantit la différenciation « moi-autre », la possibilité de se réfugier à l’intérieur de soi ; tout cela semble rendu à la fois plus difficile par l’usage du virtuel
Janssen explique que le numérique complique la capacité à être “seul avec l’autre”, un élément clé du lien humain.
Ce collage permanent à l’autre, cette dilution de son être dans un réseau de liens continus ne permettrait plus de différencier suffisamment moi et autrui,
L’hyperconnexion empêche de poser une distance saine entre soi et les autres.
Pour éviter le contact direct impromptu, elle explore ses liens virtuels.
Le numérique devient une protection contre la relation réelle, vécue comme trop intrusive.
l’illusion d’omnipotence : « Je désire être en contact avec l’autre, l’autre doit y répondre sans faille et sans délai ! ».
On attend de l’autre une disponibilité totale, ce qui fragilise la relation.
La proximité virtuelle c’est, comme me le racontait un patient, se sentir en fusion totale avec une jeune femme qui vit de l’autre côté de la planète.
La “proximité virtuelle” donne une illusion de relation, mais sans engagement réel.
ce lien virtuel peut produire des effets bien réels
Même si “virtuel”, le lien numérique impacte fortement notre vie émotionnelle et nos relations.
Même si cette distinction a des limites dont il est impératif de tenir compte
Janssen rappelle que virtuel et réel ne sont pas équivalents. C’est important pour comprendre la perte de profondeur du lien.
ls jugent, d’ailleurs, ce genre de contact ou même de présence tout à fait inconvenant et répugnant.
L’exemple d’Asimov illustre une peur du contact direct. Janssen l’utilise pour montrer notre propre malaise face au lien réel.
Dans le roman d’Asimov, les Solariens ont développé une véritable phobie des rapports directs, des rencontres en chair et en os.
L’auteur utilise la science-fiction pour illustrer la dérive possible : à force de virtualité, le contact réel devient menaçant.
Il n’empêche que cette crise sanitaire et les mesures imposées auront sans aucun doute contribué à en accélérer le processus.
La pandémie a fonctionné comme un accélérateur massif de l’hyperconnexion, rendant la virtualisation incontournable.
Bien sûr, nous n’avons pas attendu la pandémie de COVID-19 pour amorcer une transition vers un monde où le numérique s’impose de plus en plus, où les relations se virtualisent annihilant les distances géographiques, multipliant les possibilités de contacts immédiats tout en favorisant au quotidien l’évitement de contacts interpersonnels directs.
Janssen souligne que l’hyper-connexion n’est pas née avec le Covid : la pandémie n’a fait que révéler et amplifier une tendance déjà en cours.
en insistant sur l’importance du lien dans la construction du psychisme.
Cette phrase renforce l’idée centrale de mon devoir : Internet ne détruit pas le lien, il transforme notre manière d’être ensemble.
Il donne à voir la construction de son propre rapport aux technologies numériques et propose des pistes pour une psycho(patho)logie du virtuel quotidien
Rinaudo conclut en insistant sur la subjectivité face au numérique.
ne pas céder leur place à la machine afin de préserver une parole et les phénomènes transférentiels
Cette phrase résume la nécessité de garder l’humain au centre du lien. Internet ne doit pas remplacer la rencontre réelle.
la volonté de maîtrise mise en œuvre via le numérique et l’Internet objet supposé savoir, renforce des vécus de déliaision psychique et de possibilité d’un savoir sans sujet.
Rinaudo (via Méloni) parle ici du danger d’un savoir sans sujet. Cela rejoint l’idée que les relations numériques peuvent perdre leur dimension incarnée.
Elle repère le paradoxe entre une demande sociale adressée aux adolescents de se déterminer quant à leur orientation scolaire et professionnelle, d’une part, et le vécu de l’adolescence caractérisé par l’écroulement des repères anciens
Ce passage montre que le numérique peut accentuer les tensions psychiques chez les jeunes — un écho à la “dépendance relationnelle” dont parle Janssen.
Je propose qu’à ces deux types de liens, s’ajoute un troisième : leur lien aux outils numériques, articulé aux deux autres.
Rinaudo identifie un “troisième lien”, celui aux outils numériques. C’est une belle illustration du “savoir-être connecté” décrit par Tisseron.
Ils sont donc investis d’une fonction, c’est-à-dire d’un lien, au sens de Bion (1957/1983),
Cette référence à Bion met en évidence que les outils numériques jouent un rôle symbolique dans la construction du lien psychique.
Pour d’autres, les technologies numériques sont justement un élément supplémentaire au côté d’autres « outils » comme leur voix ou leur posture, qui leur permet d’affirmer leur signature.
Rinaudo montre que le numérique peut aussi soutenir la créativité et l’identité professionnelle — une vision plus positive proche de celle de Tisseron.
ils vivent leur rapport aux technologies numériques comme une attaque contre la liaison qui contribue à défaire ou morceler leur identité de sujet professionnel.
Certains professionnels ressentent le numérique comme une menace pour le lien. Cela illustre la “déliaison psychique” évoquée dans le débat sur la solitude numérique.
les métiers du lien sont une praxis, un art de faire porté par des sujets en interaction.
Certains professionnels ressentent le numérique comme une menace pour le lien. Cela illustre la “déliaison psychique” évoquée dans le débat sur la solitude numérique.
une peur sourde d’un possible remplacement de l’homme dans ses activités par une machine
Rinaudo évoque la crainte du remplacement humain. Cela rejoint l’idée d’une relation déshumanisée, proche de la solitude émotionnelle décrite par Janssen.
les pratiques médiatisées par le numérique, dans le champ des métiers du lien
Cette tension montre bien que le numérique peut autant renforcer qu’affaiblir le lien humain — position intermédiaire de Rinaudo.
les chercheurs étudient les dimensions subjectivantes tout comme les dimensions aliénantes des pratiques numériques
Rinaudo souligne l’ambivalence du numérique : il peut soutenir la construction du sujet (subjectivation) ou, au contraire, aliéner. C’est l’idée du pharmakon.
Les technologies numériques ont envahi notre vie quotidienne.
Rinaudo montre que le numérique est devenu omniprésent, ce qui fait écho à l’hyperconnexion évoquée par Janssen dans la “solitude du lien”.
ils contribuent à éclairer la psycho(patho)logie du virtuel quotidien
Cette expression montre que nos usages numériques ont une dimension psychique. On peut relier cela à l’idée de solitude connectée : Internet influence notre manière de vivre les relations.
Cette forme d’empathie peut être appelée aussi extimisante dans la mesure où elle met en jeu le désir d’extimité, qui suppose, rappelons-le, de reconnaître à autrui le pouvoir de nous informer sur nous.
L’auteur invente le mot “empathie extimisante”. Cela veut dire que le regard de l’autre nous aide à mieux nous connaître. Il y a donc une réciprocité dans l’échange.
Le discours sur l’intimité est inséparable de la possibilité d’établir une relation empathique [27].
Tisseron relie l’extimité à l’empathie : pour oser se dévoiler, il faut penser que l’autre peut comprendre ce qu’on ressent. Internet crée de nouvelles formes d’empathie.
our que les gens aient envie de se montrer, il faut qu’ils puissent se cacher aussi souvent qu’ils le souhaitent.
On ne peut pas se dévoiler sans avoir un espace à soi. L’équilibre entre intimité et extimité est essentiel pour rester libre.
le plus grand danger d’Internet n’est pas le contrôle de chacun par un pouvoir centralisé, mais plutôt le contrôle de chaque citoyen par des sociétés privées, à but de protection ou de commerce.
Tisseron prévient que notre intimité peut être utilisée à des fins commerciales. Ce n’est pas forcément l’État qui nous surveille, mais les entreprises.
l’intimité partagée avec un grand nombre a pu être désignée comme intimité «?light?». Sa fonction est de maintenir un lien social léger
Tisseron parle ici d’“intimité light”. C’est une manière d’être en lien sans vraiment créer de relations profondes. Ça fait penser aux “liens faibles” sur les réseaux.
«?googleïsation de l’estime de soi [22]?».
Expression forte ! Elle veut dire qu’on mesure sa valeur avec le nombre de “likes” ou de “vues”. C’est une forme d’évaluation numérique du moi.
Le pseudonyme permet parfois la dissimulation, mais il est d’autres fois un masque permettant une forme d’authenticité [17].
Paradoxalement, se cacher derrière un pseudo peut permettre d’être plus sincère. C’est une idée intéressante : l’anonymat peut libérer la parole.
Internet est d’abord un espace dans lequel on explore des identités multiples.
Sur Internet, on peut “tester” différentes versions de soi. C’est un moyen d’exploration, surtout à l’adolescence. Ça rejoint l’idée du jeu et de l’imaginaire en développement.
On a besoin d’intimité pour construire les fondations de l’estime de soi, mais la construction complète de celle-ci passe ensuite par le désir d’extimité.
Tisseron montre que l’intimité et l’extimité vont ensemble. Se cacher permet de se construire, mais se montrer aide à se confirmer dans le regard des autres.
L’exhibitionniste est un cabotin répétitif qui se complaît dans un rituel figé [10]. Au contraire, le désir d’extimité est inséparable du désir de se rencontrer soi-même à travers l’autre
Différence importante entre exhibition et extimité. L’exhibition, c’est pour choquer. L’extimité, c’est pour mieux se connaître soi-même grâce au regard d’autrui.
il est pour nous le processus par lequel des fragments du soi intime sont proposés au regard d’autrui afin d’être validés.
C’est la définition clé du mot “extimité”. On partage une partie de soi pour avoir un retour des autres. Ce n’est pas du tout la même chose que “se montrer pour attirer l’attention”.
Le désir de se montrer est fondamental chez l’être humain et il est antérieur à celui d’avoir une intimité.
L’auteur explique que le besoin d’être vu vient avant le besoin de se cacher. Dès l’enfance, on cherche à exister dans le regard de l’autre.
Les sujets ne seraient plus victimes de la discipline décrite par M. Foucault dans Surveiller et Punir [6], ils seraient devenus des acteurs de la construction de leur propre prison spéculaire et panoptique.
Intéressant : il montre qu’on n’est plus “surveillé” par les autres comme avant, mais qu’on s’expose nous-mêmes. On devient acteur de notre propre visibilité.
nternet, souvent dénoncé comme un espace de dissimulation et de mensonge, pourrait bien constituer le lieu privilégié de cette authenticité.
Tisseron dit qu’Internet n’est pas forcément un lieu de faux-semblants. Il pense qu’on peut aussi y montrer sa vraie personnalité. C’est une idée qui va à l’encontre des critiques habituelles.
Deux ou trois heures sans smartphone en état de fonctionnement leur étaient tout bonnement insupportable et pouvait déclencher une réelle crise de manque
Le smartphone devient un objet “toxicomaniaque” : il ne sert plus à communiquer, mais à pallier à une angoisse d’absence. Janssen fait ici le lien entre dépendance numérique et fragilité du moi — la connexion devient une drogue relationnelle.
Là où le doudou de l’enfant lui assure une continuité d’existence et du lien au monde par-delà la séparation, il semble que le smartphone et les applications qu’il renferme, les réseaux sociaux ou autres messageries instantanées soient davantage utilisés pour assurer l’absolue continuité du lien déniant la séparation.
Janssen applique la théorie de Winnicott au monde numérique : le smartphone, au lieu d’aider à supporter l’absence comme le ferait un objet transitionnel, ne permet pas de la vivre. Il garde la personne dans une impression de présence continue.
Le sociologue Zygmunt Bauman [6] évoque cette paradoxalité des liens virtuels en repérant les phénomènes de « proximité virtuelle » et de « distance virtuelle ».
En citant Bauman (L’amour liquide, 2004), Janssen montre que la technologie alimente des liens à la fois trop proches et trop éloignés : une illusion de connexion permanente qui masque une distance émotionnelle grandissante.