Proposition : Ajouter une intro en amont de cette section sur le projet, qui devient ainsi une première partie. On peut ainsi y mettre davantage de notions théoriques. Ci-dessous un premier jet.
On sait que les bibliothèques brûlent, les musées aussi. La disparition de la documentation numérique, tout aussi réelle, est moins perceptible ; elle a longtemps été un impensé pour les professionnels du domaine. Les musées, chargés de conserver des collections physiques, sont aussi producteurs de recherche et de savoirs, qu’ils diffusent sous diverses formes. La plus évidente en est l’exposition, pensée et perçue comme temporaire ou évolutive, et son prolongement édité, durable qu’en sont les catalogues. Depuis les années 1980 apparaissent de nouveaux formats numériques, en ligne ou non : bases de données sur Minitel telles que 3615 Joconde, sites internet et expositions virtuelles dans les années 1990, CDROM et vidéodisques. Ces nouvelles productions échappent aux habitudes précédentes, le contenu n’étant accessible que via un dispositif technique. (RTP DOC) Contrairement aux catalogues papiers, qui trouvent durablement leur place dans les bibliothèques indépendamment de l’action de leur producteur, les sites internet n’ont pas de pérennité en eux-mêmes : leur contenu ne reste accessible qu’aussi longtemps que l’institution productrice maintient serveurs, noms de domaines, et technologies.
Pour autant, le public peut s’en être emparé, sans que l’institution n’en ait conscience, jusqu’au jour où les accès sont coupés. Se pose alors la question de restituer, sous une forme ou une autre, ces ressources documentaires. L’archivage du web en est une solution privilégiée, mais ne répond pas à tous les besoins ni à toutes les questions. Comment garder l’accès à un site développé avec Flash ? Pourquoi redonner accès à un site dont le contenu paraît daté ? Comment compléter les creux de ces archives ?
Le Mucem a été amené à se poser ces questions lorsque des chercheurs ont fait part de leur déception à la mise hors ligne fin 2020 d’un site sur les cornemuses, produit en 2007. Ce site a été le point de départ d’une réflexion plus large, portée dans le cadre d’un appel à projet bnf Data Lab. Du fait su contexte singulier de production de ce site, la question technique du départ s’est élargie et déplacée, conduisant à retisser une histoire plus large, touchant à celle de l’institution comme des pratiques de médiation numérique des années 2000.
I. L’origine du projet
Très rapidement, il apparaît que ce site est intégré à une collection, les « Recherches ethnologiques », produite durant les années de préfiguration du Mucem. Les archives numériques de cette période sont parcellaires et peu structurées : les sites en eux-mêmes n’avaient pas été archivés, et la documentation du projet dispersée dans un « vrac numérique ». Pour répondre aux attentes de MBLG, le Mucem s’est donc tourné vers d’autres partenaires.