- Apr 2020
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Il n’est cependant pas impossible que les choses s’enveniment, que les commentaires, obéissant à une logique de surenchère, deviennent insultants, voire humiliants et aboutissent au phénomène de flaming que nous venons de décrire. Cela peut heurter la sensibilité des plus jeunes participants et les blesser. Le jeu qu’ils ont initié peut alors se retourner contre eux.
Le roasting peut facilement se transformer en flaming : des inconnus ou des personnes mal intentionnées peuvent se mêler aux contacts de la personne et les propos peuvent devenir particulièrement insultants, voire humiliants. Ce qui était prévu comme un jeu échappe alors à tout contrôle.
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« Ça fait des années que je suis trollée sur Internet parce que je suis féministe, j’ai même porté plainte pour menace de mort, des plaintes qui n’ont pas eu de suites […] Le simple fait de mettre un hashtag #féminisme sur Twitter lorsque je publie un article déclenche la plupart du temps des trolls. Ce sont souvent des commentaires qui viennent de la fachosphère ou des sympathisants de la Manif pour tous »
Le flaming et le trolling sont souvent exercés par des personnes qui cherchent à entrer en conflit. Un troll peut tout à fait rechercher du contenu sur Internet avec le hashtag #féminisme simplement pour trouver des personnes à provoquer ou insulter.
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Mais, dans le langage courant, les flamers sont souvent qualifiés de trolls.
Le trolling et le flaming ont le même objectif : provoquer un débat ouvert, souvent interminable. Mais là où le troll peut se contenter de provoquer/énerver leur cible simplement en émettant des opinions opposés aux siennes, le flaming va s'opérer en envoyant une salve de messages haineux et insultants.
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Le flaming relève du discours de haine sur Internet.
Internet offre une protection ou une impression de protection qui entraîne nombre de personnes à faire des choses en ligne qu'elles ne se permettraient jamais dans la vraie vie. Les discours de haine y sont donc plus présents étant donné que les internautes ont la sensation d'être caché derrière un pseudo.
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La déferlante de commentaires insultants, misogynes et haineux provoquée par la publication d’une vidéo intitulée « #TasÉtéHarceléeMais… t’as vu comment t’étais habillée ? » postée par la YouTubeuse Marion Seclin sur le webzine Madmoizelle en juillet 2016 illustre assez bien le phénomène. Tout comme les centaines de messages d’insulte et de menaces de viol et de mort reçues par la journaliste Nadia Daam à l’automne 2017, suite à sa chronique acide contre les membres du forum Jeuxvideo.com. Deux de ses cyberharceleurs ont d’ailleurs été condamnés à six mois de prison avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal de grande instance de Paris.
Il est de plus en plus fréquent pour une personne de recevoir des messages d'insultes et des menaces de mort (et de viol pour une femme) après qu'elle ait exprimée une opinion. De même, il n'est pas rare qu'une communauté entière se ligue contre une personne ou une autre communauté si elle s'est senti attaquée d'une manière ou d'une autre.
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