- Apr 2020
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La lutte contre la cyberviolence passe aussi par l’éducation des plus jeunes, et notamment par l’éducation à l’esprit critique. L’enjeu est de leur permettre de prendre de la distance par rapport aux contenus qu’ils consultent, mais aussi qu’ils relayent, likent et publient eux-mêmes. Certains établissements scolaires, partenaires de l’association Respect Zone, forment dans cette perspective leurs élèves à l’automodération et à l’autodéfense en ligne afin qu’ils prennent le réflexe de réfléchir avant de « cliquer » et sachent que faire lorsqu’ils se retrouvent victimes de violence en ligne. L’éducation aux médias et à l’information (EMI) qui vise, entre autres, à apprendre aux élèves à publier de l’information de manière citoyenne et responsable, dans le respect de la vie privée, du droit à l’image et de la dignité de chacun, est aussi une arme efficace. Autre levier d’action : l’éducation à l’empathie. Il s’agit d’apprendre à se mettre à la place des autres dont le visage n’est pas visible et dont les émotions sont inaccessibles en contexte numérique ; être capable d’imaginer l’impact que la publication de tel ou tel contenu aura sur eux. Enfin, favoriser le développement de l’estime de soi chez les plus jeunes est également pertinent, pour lutter, par exemple, contre l’automutilation digitale : parce qu’une bonne « estime de soi » – c’est-à-dire une évaluation positive de soi-même, de son mérite et de sa valeur – va directement influer sur la « confiance en soi » (sentiment que l’on est capable d’agir) et sur l’« affirmation de soi » (capacité à exprimer ses besoins et désirs aux autres tout en respectant les leurs).
D'après l'auteure, pour lutter contre la cyberviolence, il faut éduquer les jeunes à l'esprit critique (leur permettre de prendre de la distance par rapport à ce qu'ils consultent), l'empathie (ne pas faire aux autres ce qu'on n'aimerait pas qu'on nous fasse), l'automodération et l'autodéfense en ligne (réfléchir avant de cliquer, réagir en cas de cyberharcèlement) mais aussi développer leur estime de soi (avoir confiance en soi et être conscient qu'on vaut au moins autant que n'importe qui d'autre).
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Une étude réalisée en 2017 auprès de 6 000 élèves américains âgés de 12 à 17 ans a révélé que 6 % d’entre eux avaient déjà publié anonymement en ligne des propos blessants à leur propre encontre. Parmi ces 360 élèves à s’être adonnés à cette pratique, 51 % ont déclaré ne l’avoir fait qu’une seule fois, 36 % ont déclaré l’avoir fait à plusieurs reprises et 13 % ont reconnu le faire régulièrement (Patchin, Hinduja, 2017).
L'automutilation digitale consiste à publier anonymement des propos blessants à sa propre encontre. Une étude réalisée aux USA a révélé qu'il s'agissait là d'un phénomène qui touchait une certaine partie des adolescents.
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Il n’est cependant pas impossible que les choses s’enveniment, que les commentaires, obéissant à une logique de surenchère, deviennent insultants, voire humiliants et aboutissent au phénomène de flaming que nous venons de décrire. Cela peut heurter la sensibilité des plus jeunes participants et les blesser. Le jeu qu’ils ont initié peut alors se retourner contre eux.
Le roasting peut facilement se transformer en flaming : des inconnus ou des personnes mal intentionnées peuvent se mêler aux contacts de la personne et les propos peuvent devenir particulièrement insultants, voire humiliants. Ce qui était prévu comme un jeu échappe alors à tout contrôle.
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Cette pratique semble avant tout viser à faire rire.
Le roasting consiste à poster une photo de soi-même peu avantageuse sur Internet puis demander sa communauté/ses contacts à la commenter de manière négative, voire insultante. Cela permet de contrôler la réception des commentaires négatifs : si on a demandé à être critiqué, alors la plupart des commentaires négatifs et insultes pourront être pris à la rigolade et le tout deviendra une blague partagée avec des amis.
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« Ça fait des années que je suis trollée sur Internet parce que je suis féministe, j’ai même porté plainte pour menace de mort, des plaintes qui n’ont pas eu de suites […] Le simple fait de mettre un hashtag #féminisme sur Twitter lorsque je publie un article déclenche la plupart du temps des trolls. Ce sont souvent des commentaires qui viennent de la fachosphère ou des sympathisants de la Manif pour tous »
Le flaming et le trolling sont souvent exercés par des personnes qui cherchent à entrer en conflit. Un troll peut tout à fait rechercher du contenu sur Internet avec le hashtag #féminisme simplement pour trouver des personnes à provoquer ou insulter.
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Mais, dans le langage courant, les flamers sont souvent qualifiés de trolls.
Le trolling et le flaming ont le même objectif : provoquer un débat ouvert, souvent interminable. Mais là où le troll peut se contenter de provoquer/énerver leur cible simplement en émettant des opinions opposés aux siennes, le flaming va s'opérer en envoyant une salve de messages haineux et insultants.
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La cyberviolence verbale est la forme de violence la plus répandue au sein du web et des réseaux sociaux. Elle prend différentes formes : des insultes qui sont parfois envoyées par salves et qui relèvent du flaming, du roasting (voir ci-dessous) et de l’automutilation digitale, notamment chez les plus jeunes. Ces violences peuvent être combattues de différentes manières : par voie juridique, par la modération et par le signalement des contenus discriminants et illicites, par l’éducation des plus jeunes à l’esprit critique, aux médias et à l’information ou encore à l’empathie.
Introduction Thèse défendue par l'auteure : la cyberviolence verbale est la plus répandue sur le web et les RS mais peut être combattue
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Ces dernières ont de toute évidence un rôle clé dans la lutte contre les cyberviolences qui se déroulent la plupart du temps en leur sein. On peut citer les dernières mesures prises par Facebook contre l’intimidation et le harcèlement : possibilité de masquer ou de supprimer plusieurs commentaires à la fois sous un post, ou encore possibilité de signaler un contenu jugé injurieux publié sur le compte d’un ami.
Exemple de Facebook qui a pris des mesures pour limiter les cyberviolences. La victime peut donc supprimer des commentaires injurieux (après les avoir lu) et il est possible, en tant qu'ami, d'intervenir. Mais à quand de réelles mesures comme la suppression du compte du contrevenant, sa signalisation aux autorités ou des vérifications suffisantes pour s'assurer qu'un enfant de moins de X ans ne soit pas présent sur la plateforme ?
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Une enquête nationale de victimation en milieu scolaire – réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) en 2013 – chiffrait à 7,4 % le nombre d’élèves ayant fait l’objet de surnoms méchants et à 9,7 % ceux ayant fait l’objet d’insultes envoyées par SMS ou sur les réseaux sociaux. Cette étude précisait que ces insultes pouvaient être en lien avec l’origine, la religion, la tenue vestimentaire ou encore l’apparence physique, et que la cyberviolence semblait davantage toucher les filles que les garçons. Les mêmes conclusions émanent des travaux de Sigolène Couchot-Schiex et Benjamin Moignard (2016) : 1 fille sur 5 (20 %) a fait l’objet d’insulte sur son apparence physique (poids, taille ou toute autre particularité physique) contre 1 garçon sur 8 (13 %). Les rumeurs qui circulent en ligne ciblent deux fois plus les filles (13,3 %) que les garçons (6,3 %). Les insultes sexistes et les rumeurs ciblant les filles participent souvent d’un phénomène nommé le slut shaming et peuvent être la conséquence d’un acte de revenge porn. On blâme alors celle qui a osé poser nue devant un appareil photo ou une caméra.
Deux études démontrent que la cyberviolence touche d'avantage les filles que les garçons (slut shaming, revenge porn).
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Rappelons également la possibilité pour tout internaute de signaler tout contenu suspect ou illicite par le biais de la plate-forme PHAROS mise à disposition par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).
La plateforme PHAROS permet de "signaler tout contenu suspect ou illicite" :
- Pédophilie et pédopornographie
- Expression du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie
- Incitation à la haine raciale, ethnique et religieuse
- Terrorisme et apologie du terrorisme
- Escroquerie et arnaque financières utilisant internet
Qu'ils soient présents sur des sites, blog, forum, tchat, réseaux sociaux, etc.
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Les discours de haine sont des délits punis par la loi, mais les modalités de publication de l’information au sein du web compliquent bien souvent la mécanique régulatrice des propos haineux par l’ordre juridique : anonymat, flux continu, dimension internationale des plates-formes de réseautage social.
"Les discours de haine sont des délis punis par la loi" mais sur Internet, ils sont plus difficiles à punir : notamment de par l'anonymat des contrevenants et la dimension internationale du web qui nécessiterait une loi commune à l'échelle mondiale, ce qui parait peu envisageable. Comme pour toute plainte, des preuves doivent être présentées mais il est très facile de supprimer un message que l'on aurait posté. Et il est très compliqué de pouvoir obtenir des sites webs ou autres plate-formes de RS l'identité des contrevenants.
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De nouveaux outils contre la cyberviolence verbale
Partie II - Des moyens de lutte contre la cyberviolence
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« phénomènes relevant de l’infinitésimal » à l’échelle du web.
D'après l'auteure, les discours de haine font beaucoup de bruits (notamment à cause des algorithmes) mais ne représentent qu'une toute petite partie du contenu sur Internet.
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Le flaming relève du discours de haine sur Internet.
Internet offre une protection ou une impression de protection qui entraîne nombre de personnes à faire des choses en ligne qu'elles ne se permettraient jamais dans la vraie vie. Les discours de haine y sont donc plus présents étant donné que les internautes ont la sensation d'être caché derrière un pseudo.
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La déferlante de commentaires insultants, misogynes et haineux provoquée par la publication d’une vidéo intitulée « #TasÉtéHarceléeMais… t’as vu comment t’étais habillée ? » postée par la YouTubeuse Marion Seclin sur le webzine Madmoizelle en juillet 2016 illustre assez bien le phénomène. Tout comme les centaines de messages d’insulte et de menaces de viol et de mort reçues par la journaliste Nadia Daam à l’automne 2017, suite à sa chronique acide contre les membres du forum Jeuxvideo.com. Deux de ses cyberharceleurs ont d’ailleurs été condamnés à six mois de prison avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal de grande instance de Paris.
Il est de plus en plus fréquent pour une personne de recevoir des messages d'insultes et des menaces de mort (et de viol pour une femme) après qu'elle ait exprimée une opinion. De même, il n'est pas rare qu'une communauté entière se ligue contre une personne ou une autre communauté si elle s'est senti attaquée d'une manière ou d'une autre.
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Les ethnotypes, sexotypes et ontotypes occupent une place importante dans la cyberviolence, notamment dans la cyberviolence entre adolescents.
3 types d'insultes le plus fréquents en ligne (basées sur l'appartenance géographique, le genre ou orientation sexuelle, l'être ou l'essence même de la personne), surtout entre adolescents.
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un acte intentionnel
L'insulte est un acte intentionnel impliquant un jugement de valeur négatif qui vise à blesser la personne à qui on l'adresse.
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Les insultes
Partie I : les différentes formes de cyberviolence
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