- Apr 2020
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La mémoire constitue plutôt un développement vivant. Pareille en cela à la Tradition de l’Eglise, qui n’est pas la conservation des formes et des contenus du passé, mais l’explicitation toujours actualisée et renouvelée de la Révélation. Aussi la numérisation des données ne me sera-t-elle d’aucun secours si elle n’éveille aucune résonance en moi, en consonance avec les connaissances que j’ai déjà acquises.
Cette analogie manque de fondement scientifique et son contenu pourrait être vivement contredit. L'auteur utilise sa propre vision de l'Eglise, un argument fondé sur sa propre foi, ce qui laisse à douter de la crédibilité de ses propos. Cependant l'article étant publié sur un site d'information d'obédience chrétienne, la référence est justifiée par le contexte éditorial.
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Si nous négligeons l’éducation et l’enseignement traditionnels, ce sont des cohortes de zombis (littéralement des fantômes ayant oublié leur identité) que nous croiserons bientôt sur les réseaux numériques. Des âmes errantes privées non seulement de leur identité, mais aussi de la conscience qu’elles en eurent une – dans une vie antérieure !
L'auteur conclue son discours par une mise en garde aux élans prophétiques, comparant les produits purs du tout-numérique à des "cohortes de zombis", "des âmes errantes". Une éducation numérique qui se passerait de l'effort de mémoire et de l'enseignement classique serait donc vouée à une sorte de néant intellectuel.
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Et si plus personne ne garde, en son intériorité spirituelle, la mémoire de ce que nous sommes, se trouvera-t-il encore des hommes pour se rappeler qu’il existe encore une mémoire à activer en nous ? Ce ne sera pas seulement notre identité, et les richesses culturelles qui l’ont portée, que nous aurons perdues alors, mais encore la conscience de leur existence.
Après avoir développé la thèse selon laquelle internet ne constituerait pas une substitution valable de la mémoire, l'auteur interroge sur les conséquences d'une confiance aveugle dans la capacité d'internet à servir de mémoire. L'atrophie cérébrale serait, selon lui, l'assurance de la disparition de notre identité et de la conscience même de l'existence d'une identité.
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Ne soyons pas dupes des slogans qui nous vendent le Web comme un gentil outil de l’égalisation des chances.
Usage répétitif et emphatique de la première personne du pluriel
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Ne soyons pas dupes des slogans qui nous vendent le Web comme un gentil outil de l’égalisation des chances.
En utilisant la première personne du pluriel, le locuteur inclue le/la lecteur.trice dans son propos, pour que celui/celle-ci s'y identifie directement, et donc adhère plus facilement à son argument. Il accentue cet effet par l'usage de l'impératif.
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Certains cyberphiles béats nous vantent le Web comme un moyen idéal de désencombrer notre cerveaux.
Ton véhément qui met en doute la distanciation objective de l'auteur quand au sujet
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La recherche de l’enseigné doit procéder avec méthode et discernement. A cette fin, l’enfant ne peut faire l’économie de se laisser guider par un adulte déjà averti.
Nouvel argument insistant sur l'importance d'une éducation en amont et du rôle des tuteurs.trices, et qui oppose l'immaturité de l'enfant à la sagesse de l'expérience de l'adulte.
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On nous rebat les oreilles de la dextérité de « petite poucette »
Changement de registre de langue: l'auteur emploie des termes plus familiers, probablement pour atteindre un spectre de lectreurs.trices plus ample. Le ton tend vers la véhémence.
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vos carences culturelles
Le locuteur s'adresse directement aux lecteurs.trices pour les inclure dans son développement et créer un sentiment d'identification à son contenu.
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Un exemple
Illustration du premier argument par un exemple concret pour aider à la compréhension de celui-ci. Plus tard il reprendra ce même exemple pour illustrer un autre propos.
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C’est un préjugé bien ancré dans certaines mentalités : le numérique devrait nous délester des efforts de mémorisation des connaissances. Comme la Toile met à notre disposition toutes les informations indispensables, qu’elles soient de nature culturelle, historique, scientifique, ou simplement pratique, la tentation est grande dès lors de laisser l’ordinateur stocker le savoir à notre place, de sorte à faire de la place dans notre tête, et ménager ainsi cette dernière.
L'auteur introduit de thème de l'article, en le présentant d'emblée comme un préjugé, communément assimilé selon lui, et qu'il va s'appliquer à contredire à travers un discours argumentatif.
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Laissé à lui-même devant l’écran, il n’y a aucune raison qu’il préfère Molière et Chateaubriand à Beyonce ou Cyrille Hanouna.
L'auteur émet un jugement de valeur dont la rigueur scientifique n'est absolument pas fondée, et encore moins justifiée par un discours argumenté. D'autre part la comparaison entre d'un côté Molière et Chateaubriand et de l'autre Beyonce et Cyrille Hanouna paraît stérile, ces personnalités ne faisant aucunement référence aux mêmes "domaines culturels" (littérature, musique, divertissement audiovisuel)
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Prenons garde à la chosifier.
En utilisant la première personne du pluriel, le locuteur inclue le/la lecteur.trice dans son propos, pour que celui/celle-ci s'y identifie directement, et donc adhère plus facilement à son argument. Il accentue cet effet par l'usage de l'impératif.
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Savoir sautiller d’îlot en îlot dans l’archipel du Net n’est pas le plus important en la matière. Il est plus fondamental encore de savoir garder le cap, de connaître les bons endroits où cueillir les meilleurs produits de la terre ferme, d’éviter les écueils, et donc d’avoir une certaine idée de ce que l’on cherche, avant de se lancer dans l’aventure sans boussole ni objectif bien précis.
L'auteur invoque de nouveau une métaphore pour justifier ses propos.
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Jacques Ellul nous a appris que la technique, loin d’être un moyen neutre, façonne au contraire ses utilisateurs, souvent sans qu’ils s’en aperçoivent. Le numérique ne fait pas exception.
L'auteur s'inspire de la thèse d'une personnalité scientifique reconnue pour démontrer son propos. Sans toutefois développer
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L’enfant issu d’un milieu cultivé, et auquel on aura inculqué très tôt la motivation, ainsi que la méthode, pour accéder aux vraies sources de la culture, sera toujours privilégié par rapport au jeune à qui cette éducation, au sein de la cellule familiale, aura fait défaut.
Argument rhétorique de l'éthos: l'auteur rappelle l'existence d'une règle socio-économique, celle de la prédominance de l'éducation et du contexte familial dans la construction intellectuelle de l'enfant, pour contredire l'idée selon laquelle internet donne à tous.tes les mêmes chances et le même accès aux savoirs.
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C’est ici que se situe le rôle des tuteurs, ou des maîtres de l’ado en recherche.
Introduction d'un argument majeur dans la thèse de l'auteur: l'importance du rôle des tuteurs.trices dans l'utilisation des ressources numériques, en opposition à l'idée que le numérique est en soi un outil suffisant pour accroître et améliorer ses connaissances.
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Ce n’est pas parce que vous maîtrisez les techniques de navigation sur le continent numérique, et que les informations disponibles sont quasi-illimitées, que vous allez vous constituer une mémoire personnelle de haute qualité, culturelle et spirituelle.
Deuxième argument principal de la thèse de l'auteur: maîtriser l'accès aux ressources numériques ne signifie pas qu'on sache les utiliser correctement. Contradiction d'un argument déductif présupposé: "ce n'est pas parce que ... que .."
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Ce n’est pas parce que les réseaux sociaux permettent de tout « partager » que la connaissance et la culture vont soudain se propager comme une traînée de poudre.
Contradiction d'un argument déductif présupposé
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Pour toutes ces raisons, les thuriféraires du Web, qui le vantent comme un agent incontournable de la démocratisation du savoir, baignent en pleine illusion.
Dans cette partie, l'auteur élargit la question du numérique comme outil de performance de la mémoire intellectuelle, à celle du numérique comme outil de démocratisation du savoir. Sa thèse, en deux points, discrédite l'idée selon laquelle internet permettrait une telle démocratisation.
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La planche de surf et le bateau
Longue partie centrée sur l'analogie entre le deuxième argument de l'auteur (voir notes suivantes) et une métaphore comparant une planche à voile à un bateau. Ici la majeure partie des propos seront démontrés par le recours à cette métaphore.
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Toutes ces différences entre la planche de surf et le bateau, démontrent à l’évidence que l’acquisition d’une solide culture s’apparente davantage à la navigation maritime qu’au sautillement d’une vague à l’autre.
L'auteur érige directement sa métaphore en argument épistémique déductif dans sa conclusion, ce qui sème le doute sur la valeur de son argumentation.
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Premièrement, la mémoire ne représente pas un simple disque dur. Elle s’apparente davantage à un entrelacement d’émotions, de savoirs, d’expériences, de croyances qui interagissent entre eux, entrelacs irréductibles à tout stockage de matière brute. On ne cultive jamais sa mémoire en apprenant par coeur des infos. La mémoire n’est pas simple réceptacle, mais une activité qui constitue notre singularité. Croire que le numérique allait, sinon l’augmenter, du moins lui faciliter la tâche, est un contresens.
Premier argument principal de la thèse de l'auteur: la mémoire est un processus actif qui ne suppose pas la simple accumulation de connaissances, mais mobilise d'autres domaines ("émotions", "expériences", "croyances"). De ce fait le numérique ne peut pas en soi aider au développement de la mémoire.
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Mais est-ce suffisant pour muscler son cerveau? Savoir trouver à grande vitesse les banques de données numérisées, cela vous transforma-t-il en savant par la grâce de quelques clics ?
Questions rhétoriques
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