- Feb 2020
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"J’ai du sang sur les mains", dit-il, "et je veux savoir pourquoi c’est arrivé."
A travers les mots du soldat, l'auteur argumente avec le registre rhétorique du pathos. De mon point de vue c'est maladroit car bien que le sujet soit grave, la formulation est trop dramatique pour être considérée sérieusement. Cependant, elle est intéressante sachant qu'il s'agit ici de soldats qui n'ont jamais porté une arme et "seulement" vu le sang sur écran.
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Depuis trois ans, il parle en des termes peu élogieux du temps où il pilotait des drones en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et en Somalie – où il a aidé à tuer 1.626 personnes, d’après ses estimations –, mais à présent les mots semblent lui manquer. Bryant rature furieusement les lignes qu’il a tracées dans le carnet qu’il utilise habituellement pour écrire de la poésie.
Je perçois dans ce paragraphe deux formes d'arguments. Tout d'abord un argument épistémique comparatif entre un avant et un après dans la vie du soldat : avant il écrivait de la poésie, aujourd'hui il "rature furieusement" et "les mots semblent lui manquer". Quelle est la cause de ce mal être, de ce changement ? Certainement les chiffres donnés un peu plus haut, argument épistémique abductif. Cependant, on notera que ces données sont approximatives et subjectives puis-qu’estimées par le protagoniste. La gravité du sujet mériterait un approfondissement.
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