Voici un sommaire minuté de l'interview avec le professeur Amine Benyamina, psychiatre addictologue, avec les idées fortes en gras :
- 0:00-1:24 : Introduction sur la lutte contre le narcotrafic et l'augmentation de la consommation de drogues en France. Les substances addictives les plus consommées restent le tabac et l'alcool, suivis par le cannabis.
- 1:24-2:35 : Point sur le cannabis, toujours la première drogue consommée en France, mais avec un tassement de la consommation. La France reste parmi les pays où la jeunesse consomme le plus de cannabis. Les profils de consommateurs évoluent avec une offre diversifiée et des consommateurs plus jeunes.
- 2:35-4:16 : Banalisation de l'image de la cocaïne et de l'ecstasy. Ces drogues sont perçues à tort comme des produits de performance et liés à un élitisme social. La cocaïne entraîne une forte dépendance psychologique (craving).
- 4:16-6:08 : Apparition de nouvelles drogues de synthèse qui imitent les effets des drogues classiques, vendues sur internet. Ces drogues contournent la législation et ont un pouvoir addictogène élevé. Exemple du « Père ton crâne », un cannabis deux fois plus dosé consommé via vapotage.
- 6:08-7:41 : Internet, lieu de vente de ces drogues, notamment sur les réseaux sociaux. Ce système s'est professionnalisé avec le COVID-19. Le but des producteurs est d'accrocher et de rendre dépendant les consommateurs.
- 7:41-9:15 : Ces nouveaux produits touchent toutes les couches sociales. Le prix a baissé et la qualité (pureté) a augmenté. Les pays européens rencontrent les mêmes problèmes de consommation de produits de synthèse.
- 9:15-10:59 : La 3-MMC, utilisée dans le chemsex, se banalise dans d'autres contextes. Le chemsex, pratique arrivée du milieu gay londonien, s'étend à la jeunesse et au milieu de la nuit sans les facteurs de protection associés.
- 10:59-12:02 : Risques liés à la sexualité sous l'emprise de drogues : violence sexuelle, risques de contamination (hépatite, VIH).
- 12:02-13:55 : Overdoses : la France reste relativement protégée par rapport à l'Amérique du Nord. Problème avec le tramadol (opiacé) prescrit sans connaissance des risques et détourné pour son effet antidépresseur.
- 13:55-14:46 : Le lyrica (prégabaline), détourné, souvent mélangé à des benzodiazépines et de l'alcool, surtout chez les populations immigrées sans papiers.
- 14:46-16:17 : Face à cette hausse de consommation, un projet de loi contre le narcotrafic est proposé. Pour le professeur Benyamina, il faut une information et une prévention accrues. Certains jeunes ignorent que le cannabis est un produit interdit.
- 16:17-17:32 : La culpabilisation des consommateurs est contre-productive. Il faut une politique globale avec information, prévention et répression.
- 17:32-18:22 : Le ministère de la Santé doit s'impliquer davantage. Il faut prendre la question de la santé publique concernant les drogues à bras le corps, sans démagogie et sans mentir.
- 18:22-19:15 : Informer sans jugement moral et sans culpabiliser. Le ministre de l'Intérieur a raison de s'inquiéter face aux morts et aux fusillades liées à la drogue.
- 19:15-20:09 : Le plan national de mobilisation contre les addictions de 2023 n'a pas eu d'impact visible. L'addiction devrait être citée au même titre que la psychiatrie pour la grande cause de santé mentale.
- 20:09-21:34 : Déni généralisé de la société vis-à-vis des problèmes d'addiction. La question de la dépénalisation de l'usage des drogues reste sensible.
- 21:34-23:33 : Le cannabis a été interdit sous la pression des lobbies américains. Il faut adapter la législation en fonction des jeunes d'aujourd'hui et de ce qui se passe dans le monde. Des pays comme les États-Unis, le Canada et l'Allemagne ont changé leur cadre légal pour se concentrer sur les jeunes et les trafics.
- 23:33-25:11 : La prohibition grossit les trafics. La dépénalisation n'entraîne pas une plus grande consommation chez les jeunes dans les pays qui l'ont adoptée. Aux États-Unis, un modèle mercantil a été adapté et ajusté. Le cannabis reste un produit de clivage politique en France, ce qui est dangereux.
- 25:11-26:16 : L'argument de l'innocuité du cannabis comme premier pas vers des drogues plus dangereuses est contredit par l'exemple de l'alcool, légal et pourtant dangereux.
- 26:16-27:37 : Le cannabis médical, autorisé dans de nombreux pays européens, pourrait être efficace face à certaines pathologies. L'expérimentation en France a des résultats pertinents, mais les pouvoirs publics restent frileux. Il faut arrêter d'utiliser le terme cannabis comme un cheval de Troie pour la légalisation.
- 27:37-28:31 : Malgré la hausse de la consommation et les nouveaux produits, le professeur Benyamina reste optimiste. Il faut travailler avec la sécurité, mais surtout avec la santé.