- Jun 2020
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Si consulter Facebook est le premier geste du matin pour 48 % des 18-34 ans, l’usage des RSN, censés apporter divertissements et satisfaction, semble être l’objet d’un étonnant paradoxe. Plus les gens sont actifs sur Facebook, sans forcément en être « addicts », et plus leur humeur est négative après les usages du RSN (Sagioglou, Greitemeyer, 2014). La genèse de ces affects négatifs est bien liée à Facebook car ils n’apparaissent pas lors d’activités de durée similaire effectuées sur Internet en dehors de ce RSN. Cette constatation n’est pas uniquement liée à Facebook puisque des résultats similaires ont également été remarqués avec Instagram (Lup et al., 2015). Plus grave, une association positive a même été mise en évidence entre l’usage de ce RSN et des symptômes de dépression. Les préadolescents et adolescents semblent particulièrement sensibles (O’Keeffe, Clarke-Pearson, 2011). En particulier, chez les adolescents qui perçoivent leur réseau amical hors ligne comme étant de faible qualité, les longues durées passées sur Facebook sont associées à davantage de troubles dépressifs et d’anxiété sociale (Selfhout et al., 2009). Selon O’Keeffe et Clarke-Pearson (2011), les dépressions liées à des usages intensifs des RSN, ne font pas uniquement courir aux préadolescents et adolescents des risques d’un plus grand isolement social dans lequel ils se trouvent souvent déjà. En effet, souffrir de troubles dépressifs en s’exposant excessivement à Internet est d’autant plus problématique que les adolescents, alors fragiles psychologiquement, pensent parfois trouver sur certains RSN, sites ou blogs, du réconfort psychologique. Le danger est de tomber sur des sites qui incitent à des comportements personnellement (e.g. toxicomanie) ou socialement risqués ou les incitant à adhérer à des idéologies dangereuses.
Argument déductif. Facebook crée des affects négatifs, en l'absence de Facebook, il n'y a pas d'affects négatifs, en conclusion, Facebook est bien la cause des problèmes psychologiques rencontrés par les utilisateurs. L'argument est donc solide néanmoins le texte parle d'association, ce qui atténue sa portée.On peut se demander si dans une certaine mesure les réseaux sociaux ne permettent pas de lutter contre l'isolement social.
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Cependant développer des méthodologies expérimentales pour étudier des liens causaux est complexe dans ce domaine. Les raisons sont à la fois pratiques et éthiques. Pour les besoins d’une étude il semble en effet difficile de demander à des sujets expérimentaux de s’exposer intensivement aux réseaux sociaux au risque de provoquer chez eux un syndrome dépressif.
Ces études sont-elles vouées à être essentiellement théoriques?
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Le smartphone est l’un des dispositifs numériques le plus souvent impliqué dans la pratique du multitâche médiatique19. Le multitâche médiatique renvoie à deux types de comportements. Premièrement, il s’agit de l’usage de plusieurs médias simultanément. Par exemple, en 2015, 46 % des 18-24 ans utilisent très souvent leur smartphone en regardant la télévision. Deuxièmement, c’est l’usage d’un média pendant la réalisation d’une activité non liée aux médias. Par exemple, 25 % des 25-34 ans consultent leur smartphone en marchant dans la rue et 23 % des 18-25 ans l’invitent à table20. 30Si cette pratique s’est banalisée ces dernières années, elle n’est pourtant pas anodine pour les mobinautes. En effet, une pratique intensive du multitâche médiatique est associée à des symptômes dépressifs, de l’anxiété sociale (Becker et al., 2013) et, chez les adolescents, à un accroissement de l’impulsivité (Cain et al., 2016).
Argument inductif sur le multitâche médiatique qui manque d'efficacité en raison des chiffres donnés. Il n'y a aucun chiffre au-delà de 50%, ce qui rend la généralisation hasardeuse.
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associée
Même commentaire que précédemment, cette fois au sujet d'hallucination sonore. On peut en effet se demander si ces hallucinations sonores ne se rencontrent pas dans d'autres situations qui n'ont rien à voir avec une addiction. Par exemple, le tic-tac d'une horloge.
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associée
Ici, il s'agit encore ici d'une corrélation et non d'une relation de cause à effet. La nomophobe est associée aux pensées ruminatives mais ne les explique pas.
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24En 2015, 59 % des Français consultaient leur mobile dans l’heure suivant leur réveil pour prendre connaissance de messages13. Un sur trois consultait même ses SMS la nuit… Le smartphone revêt une telle importance pour certains mobinautes qu’ils en sont devenus « dépendants », dans un sens très proche de celui dont nous avons déjà parlé pour Internet. Plusieurs enquêtes scientifiques ont montré que si cette dépendance est un phénomène touchant un grand nombre de pays, il existe des différences interpays : par exemple 38 % des étudiants seraient dépendants en Espagne et 67 % aux Émirats Arabes Unis (voir Khoury et al., 2017). Dans l’enquête scientifique Smart.Use14 (2016), 21,1 % des 12-18 ans en Belgique se sont déclarés « dépendants » au smartphone, 33,4 % non-dépendants et 45,5 % seraient dans un état intermédiaire. En France, chez les plus âgés, en 2016, deux tiers des moins de 35 ans se sentaient dépendants et plus d’un tiers des mobinautes, quel que soit leur âge, s’estimaient « accros » et incapables de s’en séparer15. Les recherches sur la dépendance au smartphone ont relativement peu avancé au regard de l’ampleur du phénomène en raison du manque d’outils d’objectivation du problème. Deux principales échelles disposant de bonnes qualités psychométriques permettent depuis peu de mesurer cette dépendance, qualifiée de véritable addiction par leurs auteurs : le « Smartphone Addiction Inventory » (SPAI, Lin and Chang, 2014) contenant 26 items et « l’échelle d’addiction au Smartphone » avec une version à 10 items pouvant être utilisée auprès d’adolescents (SAS-SV, Kwon et al., 2013). On s’attend donc à une avancée des connaissances sur ces phénomènes de dépendance au cours des prochaines années.
L'argument sur la dépendance au smartphone contient des chiffres disparates, ce qui rend le propos assez confus. On attend en quelque sorte une induction.
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Le smartphone est devenu omniprésent dans le quotidien des Français : en 2015 près de 70 % d’entre eux en possédaient un9 et 58 % déclaraient l’avoir en permanence avec eux10, y compris la nuit. Le système d’interaction usager-mobile incite les mobinautes11 à mettre en place de fréquentes consultations de l’écran afin d’établir une veille des informations reçues, dont il est difficile de se défaire. Si ces habitudes ne sont pas des addictions au sens pathologique et si elles ne sont pas gênantes pour tous, nombre de mobinautes les trouvent tout de même embarrassantes au quotidien, tant ils se sentent « prisonniers » de cette habitude (Oulasvirta et al., 2012). Soixante-dix pourcent des français consultent leur smartphone toutes les 5 minutes Ainsi, un smartphone est actionné 221 fois par jour12. Pour certains, ces habitudes de vérification sont d’autant plus gênantes qu’elles sont susceptibles d’augmenter le temps d’utilisation globale du mobile. En effet, quand les mobinautes le vérifient, beaucoup sont tentés de l’utiliser plus longuement, pensant y trouver de petits plaisirs ou stimulations qui animent leur quotidien. Pourtant, au final, ils ont souvent l’impression d’avoir perdu du temps et fait des choses peu significatives. Au-delà de cette gêne, dans la littérature, cinq types de troubles associés à des affects négatifs concernent le smartphone. Examinons-les.
Le smartphone est présenté comme l'outil numéro un dans l'addiction aux communications numériques. On se demande alors quelle est la différence avec l'usage d'un ordinateur? Pourquoi une telle différence?
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Les socionautes ont parfois l’impression de ne rien faire de significatif et de perdre du temps inutilement sur les RSN. De nombreuses vidéos y circulent, comme par exemple les célèbres vidéos de chats, objet d’une étude de Myrick (2015). Si les socionautes les trouvent divertissantes à court terme, ils sont susceptibles d’éprouver, au final, de la culpabilité liée, soit au fait qu’ils ont négligé d’autres tâches plus importantes à effectuer, soit aux sentiments négatifs proches de ceux ressentis lors de comportements de procrastination. Regarder des vidéos divertissantes provoque un plaisir coupable au sein d’une triple relation « procrastination-culpabilité-plaisir ». Plus globalement, la tendance à la procrastination issue de la fréquentation des RSN a des effets sur le bien-être des socionautes (Meier et al., 2016) 22Cette impression génère des affects négatifs. Si les socionautes les plus actifs continuent à aller sur Facebook, c’est, selon Sagioglou et Greitemeyer (2014, p. 359), parce qu’ils ont tendance à faire une « erreur de prévision affective » : ils espèrent toujours se sentir mieux après avoir utilisé Facebook alors que, dans les faits, c’est souvent l’inverse qui se produit.
Ce sentiment de culpabilité n'est pas exclusif à Internet. Il se retrouve aussi chez les gens qui regardent beaucoup la télévision.
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Si les RSN ont été psychologiquement utiles aux fans dans les premiers jours qui ont suivi le décès pour obtenir des informations et partager socialement leurs émotions, il semble toutefois qu’à plus long terme, leurs usages fréquents et prolongés ont freiné la résolution du deuil chez certains. Retourner fréquemment et pendant un long délai après le décès sur les RSN et pages de fans, comme l’ont fait de nombreux fans, conduit à régulièrement re-générer et ruminer des pensées négatives, à augmenter la fréquence et l’intensité des émotions négatives ressenties. Si communiquer et exprimer sa tristesse est nécessaire dans le premier stade du deuil, notamment pour obtenir empathie et soutien sociaux pour « faire son deuil », cette phase ne doit pas être trop longtemps entretenue. Or les RSN incitant à prolonger cette phase semblent ralentir la gestion du deuil (Courbet, Fourquet-Courbet, 2014). Certes, si les deuils sont heureusement rares dans la vie quotidienne, l’entretien des ruminations et émotions négatives peut se retrouver dans d’autres circonstances, par exemple, à la suite d’une séparation amoureuse. Des consultations fréquentes des pages de l’être aimé(e) perdu(e) sur les RSN pourraient empêcher d’accepter la fin de la relation.
Argument contre qui rend d'autant plus efficace la thèse des auteurs qu'elle est suffisamment nuancée pour obtenir l'adhésion du lecteur. En effet, un des bénéfices d'Internet est son aspect social, il permet de partager des ressentis mais sur le long terme, il est source de ruminations qui est une caractéristique de la dépression.
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Selon Utz, Tanis et Vermeulen (2012), qui ont étudié un grand nombre de besoins et motivations psychosociaux conduisant à une forte activité sur les RSN (besoin d’appartenance sociale, estime de soi, vanité, sentiment ressenti par l’individu selon lequel « tout lui est dû »), c’est le besoin de popularité qui en est le prédicteur le plus puissant et le plus constant. Variable individuelle stable, il s’agit du besoin d’être aimé et reconnu par le plus grand nombre. Pour satisfaire ce besoin, les personnes sont motivées à se conformer à la pression de leurs pairs (Santor, 2000) et à adopter des comportements qui donnent l’impression qu’elles sont effectivement « populaires » (e.g. choix très soigneux de la photo de profil, descriptions de soi valorisantes) (Utz et al., 2012). Ces derniers auteurs estiment que les RSN sont un espace d’expression idéal pour les internautes ayant un fort besoin de popularité car ils permettent de s’exposer facilement au plus grand nombre et facilitent la mise en œuvre de stratégies autocentrées de présentation de soi (e.g. amélioration de son profil pour donner l’impression d’être populaire, révélation sur soi…) tout en communiquant avec les autres. Les personnes déjà populaires hors ligne et avec une haute estime de soi cherchent et parviennent souvent à avoir une certaine popularité sur les RSN. Mais gagner en popularité peut aussi être possible pour les personnes ayant une faible estime de soi et qui se considèrent comme impopulaires hors ligne. Un mécanisme de compensation sociale se met alors en place les conduisant à rechercher à être plus populaires sur les RSN (Zywica, Danowski, 2008). Sans doute est-ce leur impopularité hors ligne, source de frustration et d’émotions négatives qui les incite à retourner fréquemment sur les RSN pour gagner toujours davantage de popularité en ligne, avec le risque toutefois d’enclencher le cercle vicieux dont nous avons déjà parlé.
Le besoin de reconnaissance sociale et de popularité sont à l'origine du biais de comparaison sociale et de la FOMO. Les arguments empiriques s'appuient sur de nombreuses études.
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le gyrus temporal moyen
La peur de manquer quelque chose crée une véritable anxiété chez les socionautes. Les auteurs évoquent le "gyrus temporal moyen" sans donner plus d'explication.
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D’une façon générale, les socionautes7 tendent à utiliser les RSN en y gérant stratégiquement leurs relations sociales, en travaillant leur présentation de soi, leur image sociale et les impressions que les autres se font d’eux (Krämer, Winter, 2008). Les RSN sont même devenus de véritables espaces de comparaison sociale entre soi et les autres (Haferkamp, Krämer, 2011). Cependant, les internautes qui les fréquentent intensivement ont davantage tendance à effectuer des comparaisons sociales dont les résultats sont en leur défaveur (Lee, 2014). Ils sont aussi enclins à penser que les autres sont plus heureux et ont une vie bien plus agréable que la leur, ce qui leur donne un sentiment d’injustice (Chou, Edge, 2012). Ce biais conduit au déclenchement de certains processus psychopathologiques, comme des ruminations mentales, c’est-à-dire des ressassements incoercibles d’idées et de pensées affectivement négatives, qui peuvent être associées à ou produire des syndromes dépressifs (Feinstein et al., 2013).
Argument épistémique convaincant sur la comparaison sociale néfaste aux utilisateurs des NSR qui croient que leur vie est moins excitante ou moins intéressante. Néanmoins la question de l'estime de soi initiale des utilisateurs des RSN n'est pas abordée ici.
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Un courant portant sur les addictions sur (et non à) Internet. Il s’agit de la reproduction sur Internet d’un comportement addictif particulier que la personne effectue également en dehors du Web (addictions aux jeux, au sexe, aux achats… Billieux, 2012). 6 Dans cet article, nous faisons la distinction entre les phénomènes en ligne et hors ligne. Les prem (...) Un courant portant sur les addictions à Internet. Les internautes sont dépendants d’activités que l’on ne trouve que sur Internet, essentiellement l’usage des RSN (Griffiths et al., 2014). Ils se construisent, la plupart du temps, un « soi virtuel » bien différent de leur « soi réel ». L’écart entre les deux « sois » semble être un prédicteur de l’implication excessive dans leurs activités sur les RSN (Billieux et al., 2015). De nombreux travaux insistent sur les vulnérabilités psychosociales préexistantes chez les jeunes « addicts » : importante anxiété sociale, sentiment de solitude dans la vie sociale hors ligne6. Ils trouvent alors de forts attraits aux RSN. Cependant, il n’est pas rare de voir, chez les plus jeunes, un usage intensif d’Internet les amener à négliger leur travail scolaire, à entrer en conflits avec leurs parents… ce qui accroît leur anxiété. Le temps passé à surfer sur Internet est positivement associé aux symptômes de la dépression et à l’anxiété sociale chez les adolescents ayant un réseau amical de faible qualité. Plus le temps passé sur le web est élevé et plus leur bien-être est faible (Yang, Tung, 2007). En effet, si interagir avec les RSN peut créer une certaine satisfaction immédiate contribuant à accroître leur dépendance, les satisfactions à plus long terme et dans la vie sociale hors ligne sont quasi inexistantes. Les jeunes internautes entrent alors dans un cercle vicieux : ceux qui ont déjà peu d’amis passent plus de temps sur Internet ; l’excès de web et l’absence de vie sociale hors ligne développent, en retour, des problèmes de confiance de soi et d’anxiété (Selfhout et al., 2009).
Logos qui fait appel à plusieurs thèses de façon à emporter l'adhésion du lecteur car elle démontre le sérieux des auteurs. Évocation des fragilités pré-existantes qui prédisposent à l'addiction sur et à Internet. Ces dernières seront peu citées dans la suite de l'argumentaire.
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Celles-ci peuvent être définies comme une habitude répétitive dont l’individu a du mal à se soustraire et qui accroît le risque de maladie et/ou est associée à des problèmes personnels ou sociaux.
Définition de l'addiction par les auteurs. L'accroissement du risque de maladie n'est pas très exploitée dans cet article où l'accent est mis sur les effets immédiats de l'usage intensif d'Internet sur des sujets neutres. L'addiction est définie comme une habitude qui a un impact négatif et non en termes d'excès comme dans le DSM. Cela a son importance car la nomophobie n'est pas forcément relié à un usage trop excessif d'Internet puisqu'elle touche beaucoup de monde.
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En effet, parmi les multiples besoins et désirs que nous avons au quotidien (manger, boire, dormir, fumer, avoir des contacts sociaux, besoin d’hygiène, faire du sport…), le désir d’utiliser les médias (consulter ses e-mails, surfer sur le Web, aller sur les RSN, regarder la télévision) est celui pour lequel notre capacité de résister serait la plus faible. Non seulement le désir d’utiliser les médias serait plus fort et plus fréquent dans une journée que, par exemple, le désir de tabac, mais il serait, en outre, plus difficile à contrôler que les désirs de manger ou d’avoir des activités sexuelles (voir figure 1).
L'argument pour la mise en relation de l'usage intensif avec une addiction est le caractère fortement désirable d'Internet. Raisonnement comparatif où on compare le désir de dormir avec le désir d'utiliser internet. Mais peut-on parler d'addiction pour le besoin de dormir par exemple ?
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D’abord, il nous semble que la communication numérique offre la possibilité de combler de nombreux besoins existentiels, narcissiques et sociaux, difficiles à satisfaire dans les phénomènes hors ligne. Ces derniers sont souvent générés ou amplifiés par une société toujours plus individualiste et ambivalente. D’un côté, elle génère de nouveaux besoins toujours plus narcissiques, auxquels adolescents et jeunes adultes sont si sensibles (e.g. le besoin de popularité) et, de l’autre côté, elle provoque nombre de frustrations. Comme l’enfant séparé de sa mère trouve dans son « doudou » un moyen de se rassurer, le smartphone, objet transitionnel, ne permettrait-il pas de lutter contre les frustrations et affects négatifs provoqués par le monde social ? En étant connecté en permanence à ses amis et en pouvant « se raccrocher » à des environnements en ligne familiers, comme sa page Facebook ou Instagram, le mobinaute, éloigné de son environnement familier, ne se sentirait-il pas alors davantage en sécurité affective, comme dans son foyer où il a ses repères et habitudes rassurant ? La connexion permanente, notamment aux RSN, l’assurerait qu’il appartient bien à des groupes sociaux. Une forte activité sur les RSN, ne lui donnerait-elle pas l’impression qu’il est un acteur socialement central et important ? De nouvelles recherches sont donc nécessaires pour mieux comprendre comment s’opère la formation de ces représentations et le rôle qu’elles jouent dans la communication numérique. 38Quelques autres pistes à creuser concernent les motivations poussant à l’usage des TIC. Si la connexion permanente permet de lutter contre la peur du mobinaute de rater quelque chose (FOMO) et d’être exclu socialement, elle peut également le rassurer sur sa popularité. Elle lui transmet instantanément, par les like, retweet et autres notifications, des signes de reconnaissance d’autrui contribuant à satisfaire des besoins personnels et sociaux de construction narcissique et identitaire via les interactions sociales numériques. Cependant, il serait intéressant d’étudier la possible fonction de la communication numérique conduisant à combler par des artefacts un « vide existentiel » chez les gros utilisateurs. Par exemple, il semblerait que la connexion permanente soit particulièrement appréciée parce qu’elle offre la possibilité de répondre immédiatement et en permanence à des besoins de stimulation et de divertissement à court terme lors des nombreux moments d’ennui ressentis par l’internaute souffrant d’un problème existentiel. Comment évolue alors cette carence en fonction, par exemple, de l’usage intensif des RSN ? 21 http://insights.fb.com/2016/02/08/the-multidevice-movement-teens-in-france-and-germany/, consulté l (...) 39Les technologies mobiles sont devenues des entités faisant si intimement partie de nous qu’elles représenteraient une extension de notre corps physique, « un cordon ombilical qui ancre l’infrastructure digitale de la société de l’information à nos corps » (Harkin, 2003, p. 16). D’ailleurs, un grand nombre d’adolescents considèrent leur smartphone comme leur « seconde peau »21. Plus les personnes ont la possibilité d’exercer un contrôle sur leurs biens matériels comme elles contrôlent leur corps, plus ces biens deviennent étroitement liés à leur soi. Consciemment ou non, ces biens matériels fabriquent alors un « soi augmenté » (Belk, 2013). Jusqu’à quel point l’incapacité d’utiliser le smartphone ou sa perte peuvent-elles être perçues comme une diminution angoissante du soi ? Cette diminution touche-t-elle la partie narcissique, sociale ou plus corporelle du soi ? Dans ce dernier cas, le smartphone pourrait-il être intégré dans le schéma du corps et traité par le cerveau comme étant incarné en lui (Clark, 2008) ? Autant de questions auxquelles de nouvelles recherches devront répondre.
Les questions montrent que le sujet est encore jeune et mérite qu'on s'y attarde.
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Dans la littérature, la majorité des recherches mettent essentiellement en évidence des corrélations, assez limitées sur le plan épistémologique.
Les auteurs assument leur recours aux corrélations, ce qui consolide l'idée d'une étude sérieuse car consciente de ses faiblesses.
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Sans doute est-ce leur impopularité hors ligne, source de frustration et d’émotions négatives qui les incite à retourner fréquemment sur les RSN pour gagner toujours davantage de popularité en ligne, avec le risque toutefois d’enclencher le cercle vicieux dont nous avons déjà parlé.
Argument abductif puisqu'il s'agit pour les auteurs de poser une hypothèse. Cette dernière va partiellement à l'encontre de la thèse des auteurs qui veulent insister davantage sur Internet comme raison principale des affects négatifs.
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associée
La peur de rater quelque chose est "associé" à une humeur négative. Là aussi, il s'agit d'une corrélation et non une relation de cause à effet.
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L’addiction à Internet ne figure pas dans la dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5 ; APA, 2015) manuel de référence internationale pour la plupart des psychiatres et psychologues. À l’excès, ces habitudes sont étiquetées « comportements excessifs », mais ne sont pas définies comme de véritables troubles mentaux en raison, actuellement, de l’insuffisance de données dans la littérature (DSM 5 ; APA, 2015, p. 571). On manque par exemple de preuves neurobiologiques souvent nécessaires pour définir une véritable addiction. Les examens cérébraux, réalisés par IRM, de personnes développant des symptômes de dépendance montrent que les gros consommateurs d’Internet développent des processus neurobiologiques commun avec les toxicomanes et avec les personnes souffrant de dépendances pathologiques reconnues, comme celle liée aux jeux. Dans tous ces cas, leurs « pratiques addictives » activent le même système amygdale-striatum, système lié à la génèse du plaisir dans le cerveau. Cependant, ils présentent aussi de nombreuses différences, notamment dans le fonctionnement du système cérébral de contrôle inhibiteur, celui qui permet d’inhiber, par la volonté, certains de nos comportements (Turel et al., 2014). L’inhibition semblerait plus facile pour Internet. On manque également d’études cliniques sur des critères comportementaux, comme le sevrage ou la rechute, pour véritablement parler de troubles addictifs pour Internet. 9Cependant une littérature relativement récente s’est développée autour de ce que certains chercheurs nomment tout de même « addictions comportementales » à Internet (Griffith et al., 2016). Celles-ci peuvent être définies comme une habitude répétitive dont l’individu a du mal à se soustraire et qui accroît le risque de maladie et/ou est associée à des problèmes personnels ou sociaux. Elle est souvent ressentie négativement comme une perte de contrôle dans laquelle l’individu a conscience des risques psychologiques et sociaux. En simplifiant, il existe trois grands courants de recherche.
Un argument dialectique qui expose une thèse différente, l'usage intensif d'internet serait un comportement excessif mais très peu d'arguments sont exposés en faveur d'une telle interprétation. L'attention du lecteur est très vite redirigé vers une la thèse défendue par les auteurs;
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« addicts
Est-ce que cette déclaration des utilisateurs peut faire office de réalité scientifique?
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Qu’en disent les recherches scientifiques ? Quels effets affectifs négatifs provoquent les usages intensifs des technologies et contenus de communication numérique tels le smartphone, Internet ou les réseaux sociaux numériques (RSN) ? Quels processus sous-tendent les effets et quels déterminants sont alors impliqués
Problématique de l'étude
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Qu’en disent les recherches scientifiques ? Quels effets affectifs négatifs provoquent les usages intensifs des technologies et contenus de communication numérique tels le smartphone, Internet ou les réseaux sociaux numériques (RSN) ? Quels processus sous-tendent les effets et quels déterminants sont alors impliqués ?
Problématique de l'article. Le thème du débat est posé : les affects négatifs liés l'usage intensif d'internet.
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l’article propose une synthèse de recherches sur les liens entre les usages intensifs ou excessifs d’Internet, des RSN et du smartphone, et les affects négatifs ressentis lors ou après leurs utilisations5. Nous mettons systématiquement en évidence les principaux processus psychologiques et psychosociaux impliqués, les effets et déterminants majeurs des phénomènes. Pour conclure, nous proposons également quelques nouvelles hypothèses ainsi que de nouvelles perspectives de recherche qu’il nous semble prioritaire de mener sur ce thème en sciences de l’information et de la communication
Plan de l'article avec insistance sur le caractère synthétique de l'article qui souhaite résumer les différentes études sur l'aspect négatif de l'usage d'Internet.
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il est difficile de différencier les recherches mettant en évidence des corrélations, de celles montrant des liens de causalités entre usages des technologies de communication numérique et affects négatifs ressentis par les gros utilisateurs.
Cet élément d'introduction laisse présager que le contenu des arguments présentera des brèches et que les auteurs devront s'employer à les colmater en usant pour solidifier leur base des données et des références à de nombreuses études.
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