- Jun 2020
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Selon Utz, Tanis et Vermeulen (2012), qui ont étudié un grand nombre de besoins et motivations psychosociaux conduisant à une forte activité sur les RSN (besoin d’appartenance sociale, estime de soi, vanité, sentiment ressenti par l’individu selon lequel « tout lui est dû »), c’est le besoin de popularité qui en est le prédicteur le plus puissant et le plus constant. Variable individuelle stable, il s’agit du besoin d’être aimé et reconnu par le plus grand nombre. Pour satisfaire ce besoin, les personnes sont motivées à se conformer à la pression de leurs pairs (Santor, 2000) et à adopter des comportements qui donnent l’impression qu’elles sont effectivement « populaires » (e.g. choix très soigneux de la photo de profil, descriptions de soi valorisantes) (Utz et al., 2012). Ces derniers auteurs estiment que les RSN sont un espace d’expression idéal pour les internautes ayant un fort besoin de popularité car ils permettent de s’exposer facilement au plus grand nombre et facilitent la mise en œuvre de stratégies autocentrées de présentation de soi (e.g. amélioration de son profil pour donner l’impression d’être populaire, révélation sur soi…) tout en communiquant avec les autres. Les personnes déjà populaires hors ligne et avec une haute estime de soi cherchent et parviennent souvent à avoir une certaine popularité sur les RSN. Mais gagner en popularité peut aussi être possible pour les personnes ayant une faible estime de soi et qui se considèrent comme impopulaires hors ligne. Un mécanisme de compensation sociale se met alors en place les conduisant à rechercher à être plus populaires sur les RSN (Zywica, Danowski, 2008). Sans doute est-ce leur impopularité hors ligne, source de frustration et d’émotions négatives qui les incite à retourner fréquemment sur les RSN pour gagner toujours davantage de popularité en ligne, avec le risque toutefois d’enclencher le cercle vicieux dont nous avons déjà parlé.
Ici, les auteurs déploient un argument épistémique déductif. Il s'agit en outre de montrer la relation causale entre l'utilisation massive des RSN et le besoin de popularité et de reconnaissance sociale. toutefois, cette relation, bien qu'évidente, n'en est pas pour autant certaine selon la population et l'individu étudié.
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D’une façon générale, les socionautes7 tendent à utiliser les RSN en y gérant stratégiquement leurs relations sociales, en travaillant leur présentation de soi, leur image sociale et les impressions que les autres se font d’eux (Krämer, Winter, 2008). Les RSN sont même devenus de véritables espaces de comparaison sociale entre soi et les autres (Haferkamp, Krämer, 2011). Cependant, les internautes qui les fréquentent intensivement ont davantage tendance à effectuer des comparaisons sociales dont les résultats sont en leur défaveur (Lee, 2014). Ils sont aussi enclins à penser que les autres sont plus heureux et ont une vie bien plus agréable que la leur, ce qui leur donne un sentiment d’injustice (Chou, Edge, 2012). Ce biais conduit au déclenchement de certains processus psychopathologiques, comme des ruminations mentales, c’est-à-dire des ressassements incoercibles d’idées et de pensées affectivement négatives, qui peuvent être associées à ou produire des syndromes dépressifs (Feinstein et al., 2013).
À partir de cet argument rhétorique usant du logos, les auteurs mettent en lien causal diverses études afin de montrer la comparaison sociale négative auprès des usagers des RSN.
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Si consulter Facebook est le premier geste du matin pour 48 % des 18-34 ans, l’usage des RSN, censés apporter divertissements et satisfaction, semble être l’objet d’un étonnant paradoxe. Plus les gens sont actifs sur Facebook, sans forcément en être « addicts », et plus leur humeur est négative après les usages du RSN (Sagioglou, Greitemeyer, 2014). La genèse de ces affects négatifs est bien liée à Facebook car ils n’apparaissent pas lors d’activités de durée similaire effectuées sur Internet en dehors de ce RSN. Cette constatation n’est pas uniquement liée à Facebook puisque des résultats similaires ont également été remarqués avec Instagram (Lup et al., 2015). Plus grave, une association positive a même été mise en évidence entre l’usage de ce RSN et des symptômes de dépression. Les préadolescents et adolescents semblent particulièrement sensibles (O’Keeffe, Clarke-Pearson, 2011). En particulier, chez les adolescents qui perçoivent leur réseau amical hors ligne comme étant de faible qualité, les longues durées passées sur Facebook sont associées à davantage de troubles dépressifs et d’anxiété sociale (Selfhout et al., 2009). Selon O’Keeffe et Clarke-Pearson (2011), les dépressions liées à des usages intensifs des RSN, ne font pas uniquement courir aux préadolescents et adolescents des risques d’un plus grand isolement social dans lequel ils se trouvent souvent déjà. En effet, souffrir de troubles dépressifs en s’exposant excessivement à Internet est d’autant plus problématique que les adolescents, alors fragiles psychologiquement, pensent parfois trouver sur certains RSN, sites ou blogs, du réconfort psychologique. Le danger est de tomber sur des sites qui incitent à des comportements personnellement (e.g. toxicomanie) ou socialement risqués ou les incitant à adhérer à des idéologies dangereuses.
Ici, les auteurs écrivent un argumentaire épistémique abductif. En effet, il s'agit de trouver une "règle explicative permettant de mettre en relation des faits connus, en formulant une hypothèse la plus plausible". Ici, les auteurs mettent en évidence les résultats obtenues de divers articles scientifiques reliés entre eux par effet de causalité. C'est donc un raisonnement causal dont font preuve ces auteurs.
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L’addiction à Internet ne figure pas dans la dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5 ; APA, 2015) manuel de référence internationale pour la plupart des psychiatres et psychologues. À l’excès, ces habitudes sont étiquetées « comportements excessifs », mais ne sont pas définies comme de véritables troubles mentaux en raison, actuellement, de l’insuffisance de données dans la littérature (DSM 5 ; APA, 2015, p. 571). On manque par exemple de preuves neurobiologiques souvent nécessaires pour définir une véritable addiction. Les examens cérébraux, réalisés par IRM, de personnes développant des symptômes de dépendance montrent que les gros consommateurs d’Internet développent des processus neurobiologiques commun avec les toxicomanes et avec les personnes souffrant de dépendances pathologiques reconnues, comme celle liée aux jeux. Dans tous ces cas, leurs « pratiques addictives » activent le même système amygdale-striatum, système lié à la génèse du plaisir dans le cerveau. Cependant, ils présentent aussi de nombreuses différences, notamment dans le fonctionnement du système cérébral de contrôle inhibiteur, celui qui permet d’inhiber, par la volonté, certains de nos comportements (Turel et al., 2014). L’inhibition semblerait plus facile pour Internet. On manque également d’études cliniques sur des critères comportementaux, comme le sevrage ou la rechute, pour véritablement parler de troubles addictifs pour Internet.
Ici, les auteurs mettent en oeuvre un argument dialectique exposant les atouts et limites des diverses études menées afin de déterminer les effets addictifs à Internet. Cet argument dialectique expose diverses études aux arguments épistémiques déductifs.
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L’étude The World Unplugged a demandé à un millier d’étudiants provenant d’une douzaine d’universités des cinq continents, de faire l’expérience de 24h de déconnexion médiatique (Moeller et al., 2012). Les résultats ont été univoques : une nette majorité d’étudiants a admis l’échec pur et simple de leurs efforts de déconnection. Beaucoup d’entre eux se sont alors auto-déclarés « addicts » aux médias et technologies de communication numérique.
Cette étude pourrait être un raisonnement épistémique, dans le sens qu'il traite d'une certaine conformité au réel, et déductif, car il "consiste à appliquer une règle à une situation particulière". Concrètement, cette étude prend appuie sur une expérience réalisée par "un millier d'étudiants d'une douzaine d'université". Les résultats sont que pour une "nette majorité", il est impossible de se déconnecter de leurs appareils numériques plus de 24 heures. Les auteurs en conclus en recoupant cette expérience avec une autre étude publiée par Hofmann et ses collègues (2012) que le désir d'utiliser les RSN serait plus fort que d'autres activités addictives, comme le tabac, par exemple. De ce fait, je pense qu'il s'agit, ici, d'un argument épistémique déductif. Cependant, le résumé de cette étude ne mentionne pas le profil des étudiants, ni leur situation géographique exacte. Comme mon collègue, je me permet d'appliquer une véracité de niveau 3.
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Nous mettons systématiquement en évidence les principaux processus psychologiques et psychosociaux impliqués, les effets et déterminants majeurs des phénomènes. Pour conclure, nous proposons également quelques nouvelles hypothèses ainsi que de nouvelles perspectives de recherche qu’il nous semble prioritaire de mener sur ce thème en sciences de l’information et de la communication.
L'annonce de plan est clair et nous permet de bien comprendre les différents points des auteurs.
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L’objectif de cet article est de proposer pour la première fois en langue française, une synthèse des récents travaux scientifiques sur ces thèmes et d’établir de nouvelles perspectives de recherche.
La méthodologie employée est un état de la littérature scientifique produite concernant le thème suivant : la communication numérique comme facteur de risques psychosociaux. L'argument des auteurs sera donc principalement dialectique, en exposant les résultats de recherche d'autres auteurs, francophones ou anglophones, leurs avantages, leurs limites et incertitudes. La méthode employée pour choisir les articles à partir de moteurs de recherche est mentionnée ; cependant, la délimitation chronologique des recherches choisies ne sont pas explicites dans la méthodologie.
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