- Apr 2020
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Dans Slate, le sociologue américain Eric Klinenberg répond à Stephen Marche et souligne qu’il n’y a aucune preuve que nous soyons plus solitaires que jamais. Il y dénonce le propre mythe que cherche à construire Stephen Marche. Aucun chercheur spécialiste du sujet n’estime que les gens attendent d’avoir en ligne ce qui leur manque dans le réel.
Le sociologue Klinberg critique l'oeuvre de Stephen Marche et étaye le point de vue de l'auteur. IED_DP2
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Les vieilles structures sociales ont longtemps étouffé la créativité, la nouvelle permet de les maximiser. Dans sa critique, Brooks n’émettait qu’une nuance d’importance, que nous partagerons : dans cette société du talent, la vie est plus difficile pour ceux qui ont le moins de capital social
Les moyens modernes favorisent le développement et l'expression des talents, surtout pour ceux qui dispose d'un capital social. IED_DP2
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comme l’affirmait Nicholas Carr dans un article éponyme ou dans son livre (Internet rend-il bête ?) auquel nous avions répondu également. Ca n’empêchera pas ce marronnier de continuer à éclore régulièrement. Il est toujours plus facile d’accuser la nouveauté que de comprendre l’évolution en cours.
Selon l'auteur les critiques émergeront toujours de ceux qui ne connaissent pas ce dont ils parlent et ne comprennent pas l'évolution en cours. IED_RL2
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Internet ne nous rend pas plus seul que Google ne nous rendait idiot
Réponse ou point de vue argumenté par l'auteur: Non internet ne nous rend pas seul. IED_PV
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Alors que la sociabilité en face à face est profondément intégrée en nous, ce n’est pas encore le cas de l’interaction médiatisée, qu’il nous faut apprendre comme on a appris la lecture ou l’écriture.
Mais il est toujours possible d'apprendre... IED_DP2
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C’est ce que Zeynep Tufekci a surnommé la « cyberasocialité » (.pdf). La cyberasocialité est l’incapacité ou la réticence de certaines personnes à se rapporter à d’autres via les médias sociaux comme ils le font quand ils sont physiquement présents. Pour elle, de la même manière que tout le monde n’arrive pas à convertir un texte ou un visuel en langage dans leur cerveau, certains ont du mal à assimiler l’interaction médiatisée en sociabilité
La notion de "cybersocialité" appuie la pensée de la chercheuse: certains sont peu enclin ou capables d'interagir sur le net. IED_DC2
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il y a bien des gens qui se sentaient à l’aise dans les conversations en face à face et qui se sentent un peu perdu avec les conversations via les dispositifs technologiques. Ce sont des gens qui n’utilisent pas ou n’arrivent pas à utiliser ces outils par manque de compétence ou de disposition à se socialiser par ces moyens.
Un argument de la chercheuse vient nuancer ses propos. Certaines personnes restent exclues des interactions en ligne. IED_DC4
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Au contraire, ils sont une tentative, désespérée, des gens à se connecter aux autres, indépendamment de tous les obstacles que la modernité impose à nos vies : la suburbanisation qui nous isole les uns des autres, les migrations qui nous dispersent sur le globe, la machine à consommer et bien sûr, la télévision, la machine à aliéner ultime, qui demeure la forme médiatique dominante.
D'autres causes sont avancées par la sociologue pour expliquer la montée de l'isolement. Internet vient au contraire permettre aux gens de rester connectés dans ce contexte. IED_DP1
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Mais cela ne signifie pas que les gens ne peuvent pas avoir de relations significatives s’ils ne sont pas en face à face, ni que l’interaction en ligne est à l’origine d’une diminution des relations en face à face (les données montrent que les gens qui interagissent socialement en ligne, en moyenne, ont tendance à interagir également plus souvent déconnectés. Les gens les plus sociaux sont plus sociaux, que ce soit en ligne ou hors ligne). »
Argument pro supplémentaire, la sociologue estime que la qualité des relations n'est pas moins bonne en ligne et que la sociabilité "en ligne" dépend de la sociabilité des personnes "hors ligne". IED_DP2
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En nous permettant de nous connecter plus facilement à des personnes avec lesquelles on partage des affinités, plutôt qu’avec des personnes dont on partage une proximité physique, internet permet de mieux combattre l’isolement. « Les gens qui peuvent utiliser l’Internet pour mieux trouver et/ou rester en contact avec les gens avec qui ils partagent des affinités sont plus susceptibles d’être en mesure de compenser la perte des liens de voisinage/famille. »
L'auteur s'appuie sur les arguments de Zeynep Tufekci pour conclure son propos. L'utilisation faite par les internautes favorise leurs liens sociaux, ce qui peut compenser la diminution des relations familiales ou de proximité. mais ces phénomènes ne seraient pas liés. IED_DP2
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« C’est une tendance troublante que je constate parmi un trop grand nombre de personnes âgées aujourd’hui. Plutôt que de s’investir dans des conversations sérieuses et soutenues avec des gens qui les aiment et partagent leurs passions, elles gaspillent leurs temps en interactions sporadiques répondant principalement à une proximité géographique. » Se soucier des enfants qui choisissent de vivre en ligne est aussi déplacé que de se soucier des personnes âgées qui choisissent de vivre déconnectées »
Alexandra Samuel cherche à convaincre en provoquant, dans l'idée qu'être connecté avec des personnes au delà d'un périmètre géographique physique permet de plus larges possibilités d'affinités dans les relations. IED_RP1
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Alexandra Samuel (@awsamuel), directrice du Social+ Interactive Media Centre de l’université de design et d’art Emily Carr de Vancouver a fait une réponse assez provocante à Sherry Turkle sur The Atlantic.
L'auteur cite Alexandra Samuel qui critique fortement Sherry Turkle, psychologue ayant des arguments contre ceux de l'auteur. IED_DP1
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Pour le sociologue, ce que les gens font en interagissant avec leurs téléphones, leurs ordinateurs, leurs messageries instantanées depuis l’espace public ressemble à une forme d’engagement politique traditionnel. Ils partagent de l’information et ont des discussions sur des sujets importants, non plus avec les personnes qui sont à proximité, mais avec des personnes plus distantes. Dans leur étude, ils remarquent que les utilisateurs d’internet connectés depuis l’espace public ont des conversations plus larges et plus variées que celles qu’apportent les interactions traditionnelles dans l’espace public urbain
Les utilisateurs d'internet sont même davantage impliqués dans l'espace urbain par des échanges en ligne d'informations plus riches et diverses. IED_DP2
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Keith Hampton (@mysocnet), sociologue à l’université Rutgers réfute également l’idée que la technologie affaiblisse nos relations, expliquait-il il y a quelques mois au Smithsonian. Contrairement à l’idée répandue que les sites sociaux nous empêchent de participer au monde, le sociologue a montré dans une étude publiée par le Pew internet que les gens qui utilisent des sites sociaux ont tendance à avoir des relations plus étroites avec leurs relations et ont tendance à être plus impliqués dans des activités civiques et politiques que ceux qui ne les utilisent pas.
Un nouvel argument appuyant que l'utilisation des réseaux sociaux a un effet positif sur les relations réelles (plus d'implication dans la vie sociale). IED_DP3
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La plupart des études montrent que les personnes qui utilisent l’internet ont tendance à augmenter de manière significative leurs contacts sociaux.
Les travaux de Claude Fischer vont dans le sens d'une absence de corrélation entre l'usage d'internet et l'islement social. IED_DP3
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Plusieurs enquêtes, menées de 1970 à 2010 ont posé des questions au sujet de nos obligations sociales. Les résultats, compilés dans l’un des livres de Fischer sous le titre Toujours connectés montrent que de nombreux aspects de l’implication sociale ont certes changé depuis les années 70. Les Américains s’assoient moins souvent à des diners de famille et reçoivent moins souvent d’invités chez eux. Cependant, la sociabilité autour de la table n’a pas disparu, elle s’est déplacée en dehors de la maison, au restaurant notamment. Les études montrent également que les Américains communiquent plus fréquemment avec leurs parents et amis que dans les années 70. La montée de l’isolement n’est pas avérée, estime Claude Fischer. Les technologies ont plutôt tendance à améliorer les relations existantes.
Arguments du sociologue Claude Fischer, qui étayent les points de vue de l'auteur sur la solitude (déplacement des lieux de socialisation) et les effets de la technologie (bénéfiques sur les relations). IED_DP2
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Nous semblons de plus en plus attirés par les technologies qui « fournissent l’illusion de la compagnie sans les exigences de la relation ». En fait, explique la chercheuse, « nos dispositifs toujours connectés et toujours disponibles résolvent trois fantasmes puissants : celui que nous serions toujours entendus, celui que nous pourrions mettre notre attention partout où nous voulons qu’elle soit et celui que nous n’aurions plus jamais à être seul. Et en effet, nos appareils ont transformé notre solitude en un problème qui peut être résolu. »
La technologie dénature le rapport à la solitude, avec une recherche de contrôle de nos relations. IED_DC3
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Pour Sherry Turkle (@sturkle), les liens que nous formons via l’internet ne sont pas des liens qui lient, comme elle l’exprimait déjà dans son livre, Seul ensemble (voir « Quand la technologie devient l’architecte de notre intimité »). Facebook développerait notre narcissisme estime la psychologue : un narcissisme qui symbolise à la fois notre désir d’attention et notre manque d’empathie. Or, ces deux facteurs sont également les moteurs de la solitude. « Le vrai danger de Facebook n’est pas qu’il nous isole, mais qu’en mélangeant notre appétit pour l’isolement et la vanité, il modifie la nature même de notre solitude
Sherry Turkle, psychologue, expose des arguments différents de ceux de l'auteur, elle met en corrélation l'utilisation de Facebook et le développement du narcissisme, comme risque de modification de la nature de la solitude. IED_DC4
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l’effet Facebook repose sur ce que vous lui apportez. Si vous utilisez Facebook pour communiquer directement avec d’autres personnes, en commentant les messages de vos amis, en faisant des messages personnalisés, alors, Facebook peut augmenter votre capital social. Les gens dont leurs amis leur écrivent sur un mode semi-public sur Facebook ont une expérience de solitude moins forte que ceux qui l’utilisent d’une manière trop automatique. L’usage non personnalisé de Facebook, consistant à l’utiliser de manière passive en diffusant automatiquement des messages, corrèle les utilisateurs à un sentiment de déconnexion. Cependant, insiste avec raison Moira Burke, Facebook ne créée par la solitude. Les gens qui éprouvent de la solitude sur Facebook sont également des gens seuls en dehors de Facebook
Citer l'étude de Moira Burke permet à l'auteur de dérouler l'argument selon lequel l'expérience de solitude sur internet dépend du sentiment de solitude en dehors du net. IED_DP2
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Stephen Marche n’hésite pas à convoquer pour sa démonstration une vieille lanterne de l’internet, « le paradoxe internet » qui dans les années 90 nous expliquait que l’impact de l’internet sur la socialisation était globalement négatif (un paradoxe que ses auteurs, tels Robert Kraut de l’université Carnegie Mellon, avaient eux-mêmes fini par démonter – voir notre article de 2003 Des chercheurs changent d’avis : l’impact de l’internet sur la socialisation est globalement positif »)
L'auteur critique l'argument de Stephen Marche sur l'impact négatif d'internet sur la socialisation selon une étude ancienne, ce qui a été contredit par de nouvelles études plus récentes, différentes hypothèses à l'appui. IED_DP2
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Mais si nous sommes seuls, c’est aussi parce que nous voulons être seuls. Cela fait désormais parti d’un mode de vie – l’individualisme – et d’une forme d’accomplissement de soi.
L'auteur propose son raisonnement: être seul serait choisi, du fait de l'émergence de nouveaux modes de vie et de l'évolution des aspirations individuelles. IED_EA1
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Pour preuve, Stephen Marche (@StephenMarche) en appelle aux travaux du sociologue Erik Klinenberg (@ericklinenberg), auteur de Going Solo : la montée de l’extraordinaire et surprenant appel à vivre seul . Dans son ouvrage, Klinenberg explique que la vie solitaire se développe plus que jamais
L'auteur va contester les points de vue de l'écrivain Stephen Marche, qui argumente en s'appuyant sur les travaux d'un sociologue confirmant l'augmentation du phénomène de "vivre seul". Ces travaux vont à l'encontre du point de vue de l'auteur. IED_DP3
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Non !
L'auteur propose sa réponse à la question argumentative: Non, internet ne nous rend pas seul. IED_PV
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Internet nous rend-il seul ?
Thème ou question argumentative. IED_QA
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