« Je lui ai dit “je t’aime” alors que je ne l’avais encore jamais vue ! Je n’en reviens toujours pas. Mon histoire a démarré en 2001 sur l’un des premiers sites de rencontres. Nous nous parlions comme de coeur à coeur, d’âme à âme. Je n’étais jamais allé aussi loin dans l’engagement, la sincérité, le dépouillement face à quelqu’un. Qui peut résister à cela ? Des nuits entières, par écrans interposés, nous avons échafaudé notre histoire : acheter une maison, avoir un enfant, marier nos amis… Et nous aimer, encore et encore. Mais, dès les premiers jours de la vie à deux, j’ai senti que tout était fini. L’amour est retombé comme un soufflé. Pourtant, j’ai poursuivi la belle histoire : les familles qui s’apprécient, la maison, le bébé… Comment prendre la responsabilité de détruire, de faire du mal autour de moi ? Je me suis oublié. J’ai mis six ans à prendre la décision de partir, après ce qui a été un cauchemar. Nos échanges numérico-épistolaires – tchats et e-mails – étaient le fondement de notre relation… Nous nous sommes retrouvés dans cette situation pathétique d’essayer de renouer, chacun sur notre ordinateur, chacun à un bout de la maison, nos conversations virtuelles. Mais nous n’avons jamais réussi à retrouver notre complicité d’avant. Il fallait bien admettre que, dans la réalité, nous n’étions rien l’un pour l’autre. »
Fantasme à nouveau, d'un point de vue masculin cette fois et destructeur. Le témoignage de Julien pose la question de la solitude, du besoin d'intimité et de l'importance des valeurs. L'écran libère et masque à la fois, posant finalement la question de la quête de soi. L'étymologie du mot fantasme prend ici tout son sens selon la définition de « production de l'imaginaire qui permet au moi d'échapper à la réalité » (1866, Amiel) » https://fr.wikipedia.org/wiki/Fantasme_(psychologie)