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  1. Apr 2022
    1. Chaque mercredi, chaque samedi, je participai pendant une heure à une cérémonie sacrée, dont la pompe transfigurait toute ma semaine.

      Une frustration émise par de Beauvoir pour son désir d'explorer d'autre horizons de la connaissance et non de passer du temps dans une cérémonie dont elle ne croyait pas les effets.

    1. je ne le reconnais plus. Ces traits laissent paraître une lourde obstination

      La reconnaissance peut être corrélée avec l'existence. Un personne a de la misère à reconnaître faits et gestes d'une autre personne. Comme si son essence et existence aux yeux de l'autre disparaissait et devenait méconnaissable. Absence de sens ou d'essence.

    1. poètes se mettent en scène

      La poésie représenterai la scène et une performance pour les personnes qui se disent être poètes. À l'époque, on ne croyait pas à l'émancipation de la poésie comme une discipline à part entière.

    1. Très volontiers ; car tu ne dis rien que de raisonnable.

      La confiance accordé à la sagesse de l'époque pour les propos véhiculés par un homme de confiance.

    2. Peut-on appeler grand ce qui se passe en un petit espace de temps ?

      L'impact que peut déclencher chaque moment dans une vie vécue malgré la faible espérance de vie ou le peu de possibilité d'émanciper sa pensée publiquement avant une exécution quelconque. (Comparaison avec la destinée finale de Socrates)

    1. qu'il veut toujours être délivré du mai

      mal* - Je crois que chaque humain, dans un moment d'émotion pure (ex : rage aveuglante) se laisse livrer du mal et ne veut y sortir pour ce moment précis ou l'agressivité aggrave sa pensée du mal malgré que son subconscient tentera de se débarrasser de ce même mal, mais dit, implicitement.

    2. la gymnastique par un soin excessif donné au corps

      L'ivresse et la déléctation du corps dans toute sa grandeur et voluptée de l'époque Grècque.

    1. la conscience morale du genre humain, ils la consacrent et même l'élèvent et l'épurent

      Cette même conscience de la moralité à longuement suscité de longs débats sur son élévation ou son exclusion.

    2. Telle est leur manière de louer la justice et de blâmer l'injustice.

      L'intérêt vers une justice qui est propre aux philosophes Grecs de l'époque a toujours été considéré comme d'une importance capitale lorsqu'il attrait à l'énonciation de ses idées.

    3. elle pour tuer le roi et s'empare du trône

      prise du pouvoir par la force à l'époque. Signe de masculinité

    1. Dis-moi, m’aimes-tu ?

      Questionnement de l'authenticité de la relation amoureuse entretenue et sa stabilité malgré la divergence de vision.

  2. Mar 2022
    1. Je me caressais aux fourrures, aux corsages satinés des femmes

      Il y a potentiellement ici , un tentative de se rapprocher du modèle féminin avec des pièces de vêtements pouvant rappeller à ce que c'est d'être une dame et ainsi trouver une partie de soi et identité de ce qu'on est supposé vouloir être ou devenir.

    1. Quel argent ?

      Strepsiadès joue ici l'innocence, tentant de s'acquérir un peu de sympathie et empathie à l'égard du désir d'Amynias d'avoir son blé(argent).

    2. Dis.

      Socrate demande une confirmation car il est pointilleux qu'on lui donne des preuves tangibles sur ce que les gens autour de lui avance.

    3. Par la Respiration ! Par le Khaos ! Par l’Air, je n’ai jamais vu d’homme si grossier, si stupide, si gauche, si oublieux 

      Socrate vient critiquer l'éloquence et longitude des phrases dîtes par le chœur qui sont complètement vides et absentes d'humanité quelconque. Comme si elles étaient récités sans se questionner.

    4. je t’en donnerai de bonnes preuves.

      Socrate tente ici d'aller à l'encontre la pensée traditionnelle de l'époque et ses croyances par des preuves météorologiques et non-divinatoires.

    5. Alors c’est du haut de ton panier que tu regardes les dieux, et non pas de la terre, si toutefois…

      Un procédé très intéressant ici qui peut laisser présager la confiance de Sokratès qui "regarde de haut" ce que les Dieux préparent et n'est pas en dessous du panier (pour faire des offrandes ou demandes aux Dieux. La pensée critique et autonome de Sokratès est donc dévoilée par Strepsiadès.

  3. Jan 2022
    1. que Simonidès est un mauvais poète

      Dans la République de Platon, Socrate accuse les poètes, dont Simonide fait partie, de ne pas bien représenter les dieux. Selon lui, il s'ensuit que l'on devrait les expulser de la cité -- ils sont mauvais pour l'éducation morale des enfants et des adultes.

    2. c’est vieux jeu de prendre la lyre et de chanter à table, comme une femme qui moud de l’orge

      Que ce soit quelque chose de "vieux jeu" et qu'on puisse comparer cela à une "activité de femme", c'est un prétexte pour le battre. On en a contre ce qui est vieux (valeurs, personnes, etc.) et ce qui est dit féminin.

    3. Je le démontrerai et je te vaincrai par mon discours.

      Limites de la philosophie (et de la rhétorique) -- tout remettre en question n'est pas forcément souhaitable. Y a-t-il des choses que l'on ne puisse remettre en question ? Sinon, devrait-il y en avoir ?

    4. Dans la palestre, les enfants s’asseyaient les jambes allongées, de manière à ne faire voir aux voisins rien d’indécent. Aussitôt qu’ils s’étaient remis debout, ils essuyaient la place, et veillaient à ne laisser aux amants aucune empreinte de leur sexe. Pas un enfant ne se frottait d’huile au-dessous du nombril ; et le milieu de leur corps florissait de rosée et de duvet comme les fruits

      Une place importe est accordée au corps, à la sensualité ainsi qu'au soin de l'apparence de celui-ci.

    5. fort dans l’art de parler.

      La force n'est plus physique (anciennes valeurs guerrières), mais dans les choses "inutiles".

    6. Je lui accorde la parole ; puis, quand il aura parlé, je décocherai sur lui des expressions et des pensées nouvelles.

      Cela ne vient-il pas du procédé de Socrate -- poser des questions "simples", laisser parler les autres, puis présentez son raisonnement ? Socrate est donc, comme nous l'avons déjà compris, représenté par ce raisonnement injuste.

    7. vieux Kronos

      Valeurs anciennes/traditionnelles provenant d'une époque de guerre.

    8. toi le corrupteur des jeunes gens.

      Accusation contre Socrate.

    9. Ô souverain Zeus, quelle chose à n’en pas finir que les nuits ! Le jour ne viendra donc pas ?

      Zeus = dieu du ciel et de la foudre ; thème de la brillance (soleil et électricité). Strepsiadès demande à Zeus de faire venir le jour, soit de ne plus être dans la pénombre de la nuit (sens littéral) ; la nuit représente la guerre et les dettes à rembourser (sens figuré), peut-on penser.

    10. Voilà, voilà le mal qui me tue ; même en dormant, il rêve chevaux.

      Son fils parvient à dormir, malgré ses pensées/préoccupations lui venant de l'état d'éveil, alors que Strepsiadès est empêché de dormir précisément à cause de ses préoccupations.

    11. Mais il n’écoutait pas mes discours, et sa passion pour le cheval a coulé mon avoir.

      Sa passion lui vient donc directement de sa mère ; le vice du fils trouve sa source chez la mère (misogynie grecque + statut social de la mère, qui est aristocrate)

    12. Mais je veux d’abord l’éveiller.

      Au sens littéral et figuré.

    13. charlatans

      Des gens qui profitent de la crédulité des autres (ce que l'on aura reproché à Socrate "corruption de la jeunesse").

    14. une haute pensée

      On peut penser aussi qu'il s'agit, notamment, d'une manière de dire que Socrate (et ses disciples) n'était qu'un "pelleteur de nuages", c'est-à-dire qu'il ne faisait pas oeuvre utile. Et "haute" en tant que hautaine.

    15. pour riposter à l’autre raisonnement

      Donc, Socrate ne fait pas de la philosophie, mais de la rhétorique ; il fait de longs discours, demande aux autres de raisonner et s'oppose à ces raisonnements.

    16. Non, par Zeus ! mais je me figurais que c’était du brouillard, de la rosée, de la fumée.

      Donc, ce qui empêche de bien voir, de voir clairement, de voir au loin, etc.

    17. Elles sont tout ce qu’elles veulent

      Elles se transforment selon ce qu'elles voient : autrement dit, elles représentent les discours des sophistes qui changent selon l'interlocuteur.

    18. C’est qu’elles seules sont déesses ; tout le reste n’est que bagatelle.

      Les dieux de la mythologie grecque ne sont pas les "vrais" dieux : Socrate est représenté comme celui qui ne croit pas aux dieux de la Cité (l'une des accusations contre lui).

    19. Voyons, où as-tu jamais vu pleuvoir sans Nuées ?

      La pluie ne provient pas des dieux (de la mythologie grecque), Socrate va contre le sens commun (et les croyances communes, donc).

    20. Lorsqu’elles sont pleines d’eau, et contraintes à se mouvoir

      Non seulement cela va à l'encontre du sens commun (de l'époque, bien sûr), mais c'est aussi peu près de la Vérité. Il s'agit d'une représentation de la philosophie et de Socrate qui remet en question les choses acceptées pour les remplacer par des explications tout aussi farfelues. La Vérité n'est donc pas forcément l'objectif à atteindre ; elle n'a rien d'absolu non plus, car elle est davantage relative.

    21. mais tu sembles avoir raison.

      "Sembler" : Socrate convainc par ses arguments, même si la position qu'il défend est invraisemblable (pour l'interlocuteur).

    22. retourner la justice de mon côté

      C'est-à-dire de manipuler le juste (contrairement à ce qu'enseignait le Socrate de Platon), de faire la justice pour soi, de voir la justice comme une chose individuelle ?

    23. je consens à être aux yeux des hommes insolent, beau diseur, effronté, impudent, vil coquin, colleur de mensonges, hâbleur, rompu aux procès, table de lois, cliquette, renard, tarière, souple, dissimulé, visqueux, fanfaron, gibier à étrivières, ordure, retors, hargneux, lécheur d’écuelles.

      Ce que l'on disait des sophistes (et des philosophes).

    24. mais je veux t’adresser quelques questions

      C'est ainsi que procédait Socrate (dépeint par Platon), en effet. Et c'est la critique de la philosophie faite ici : tout remettre en question, poser des questions.

    25. Non ; mais il est prescrit d’entrer nu.

      De se défaire de ses croyances, de ne pas y être accroché ?

    26. antre de Trophonios

      Où il y aurait un Oracle (qui offrirait des réponses).

    27. Dionysos

      Dieu de la démesure (entre autres choses), démesure qui est mal vue à cette époque puisque cela va à l'encontre de la mesure (métaphysique) du monde, de l'univers et de tout ce qui y est contenu.

    28. tu es assez petit garçon pour avoir en tête ces vieilleries

      Valeurs "traditionnelles" vs valeurs nouvelles (incarnées par la philosophie et la rhétorique).

    29. ces hommes habiles et pleins de sens, dont pas un, par économie, ne se fait jamais raser, ni ne se parfume, ni ne va aux bains pour se laver

      Ils ne prennent pas soin de leur corps, car ils préconisent le soin de l'esprit (ou de l'âme) -- entretenir l'esprit plutôt que le corps (dans ce cas-ci).

    30. « Si tu y restais pendu », quelle mauvaise manière de parler, et les lèvres largement ouvertes !

      Ce qui importe, ce n'est pas le contenu de ce qui est dit, mais la manière de le dire, la manière de parler (donc, la forme). Pour convaincre, il n'y a pas besoin de dire vrai, mais de bien défendre la position prise.

    31. Comment donc, si la justice existe, Zeus n’a-t-il pas péri pour avoir enchaîné son père ?

      Questionnement de tout, même de ce qui relève des mythes.

  4. Dec 2019
    1. L'"effet imaginaire" de certains objets sur la perception temporelle du narrateur : les livres et le téléphone.

      p. 115

      livres dont j’avais appris finalement à couper les pages pour ne pas constater, quelques mois plus tard, qu’ils étaient intacts.

      p. 121

      À partir du vendredi à la première heure, le téléphone m’inspira de l’inquiétude. J’étais indigné par le fait que cet instrument, qui m’avait fait entendre quelquefois la voix désormais perdue de Beatriz, pût se rabaisser à être un réceptacle des lamentations inutiles et peut-être de la colère de Carlos Argentino Daneri que j’avais trompé.

      Selon l'arbre sémantique établi par Francesco Orlando dans Les Objets désuets dans l'imagination littéraire, ces "images de corporéité non fonctionnelle" (livres intacts et téléphone) paraissent produire deux "effets imaginaires" distincts : les livres, dont le narrateur coupe les pages, produirait une perception individuelle de l'écoulement du temps (le "désolé-disloqué"), alors que le téléphone, provoquant l'inquiétude du narrateur en même temps qu'il évoque le souvenir de Beatriz, produirait un double effet : une incidence "brute" et menaçante sur le "temps actuel" (le "stérile-nocif") et une perception "complaisante" du temps qui passe (le "mémoriel-affectif").

    2. p. 120

      Il injuria amèrement les critiques ; puis, plus bienveillant, il les compara aux gens « qui ne disposent pas de métaux précieux ni de presses à vapeur, de laminoirs et d’acide sulfurique pour le monnayage de trésors, mais qui peuvent indiquer aux autres le lieu où se trouve un trésor.»

      Un renversement du discours de Socrate au livre X de La République, l'inutilité de la poésie se transformant, dans le discours de Daneri cité par le narrateur, en inutilité de la critique (la theoría devenue simulacre)?

      Crois-tu que si quelqu'un était capable de produire les deux choses, à la fois l'objet à imiter et le simulacre, il consacrerait ses efforts à la production artistique des simulacres et en ferait une priorité dans sa propre vie, comme s'il s'agissait de l'objet supérieur de son existence? (République, X, 599 a-b)

    3. p. 117

      Il me lut d’autres nombreuses strophes qui eurent aussi son approbation et provoquèrent un abondant commentaire.

      Ce procédé d'autocommentaire de Carlos Argentino Daneri imite la stratégie autocitationnelle (l'"assemplare") à laquelle a recours Alighieri Dante dans sa Vita Nuova. Mais à la différence de Dante qui, tel un scribe, retranscrit sa production poétique dans le "Livre de [sa] mémoire", les strophes de Daneri ne présente pour le narrateur "rien de mémorable".

    1. p. 176

      le rôle à la fois essentiel et limité que la lecture peut jouer dans notre vie spirituelle

      L'esthétique de la lecture développée par Proust paraît rejoindre la réflexion de Paul Valéry dans son "Discours sur l'esthétique" (1937). Valéry distingue l'esthésique, ("l'étude des sensations", des "modifications sensorielles", des "excitations" et des "réactions sensibles") et le poïétique ("qui concerne la production des oeuvres" et procure "une idée générale de l'action humaine complète"). La philosophie proustienne de la lecture relèverait en ce sens de l'esthésique valéryenne :

      C'est donner un trop grand rôle à ce qui n'est qu'une incitation d'en faire une discipline. La lecture est au seuil de la vie spirituelle; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas. (p. 178)

      et

      […] si une impulsion extérieure [ici, la lecture] ne venait les réintroduire en quelque sorte de force dans la vie de l'esprit, où ils retrouvent subitement la puissance de penser par eux-mêmes et de créer. (p. 178)

      Puissance de penser et de créer. Ce qui "constitue" pour Proust la "vie spirituelle", ce serait plutôt la poïesis, la production de l'oeuvre, c'est-à-dire "cette activité créatrice qu'il s'agit précisément de ressusciter [par la lecture]" (p. 179).

    2. p. 167

      Pour moi, je ne me sens vivre et penser que dans une chambre où tout est la création et le langage de vies profondément différentes de la mienne, d'un goût opposé au mien, où je ne retrouve rien de ma pensée consciente, où mon imagination s'exalte en se sentant plongée au sein du non-moi […]

      La structure grammaticale de la phrase construit un temps circulaire (où s'opposent le "Pour moi" de l'ouverture et le "non-moi"). Cette dynamique introduit une multiplicité de temps et d'espaces qui peuvent être mobilisés par l'imagination pour recomposer le sujet et l'instance du "moi", en déplacer les limites.

    3. p. 174-175

      Ce livre, que vous m'avez vu tout à l'heure lire […] ce livre, comme vos yeux en se penchant vers lui ne pourraient déchiffrer son titre à vingt ans de distance, ma mémoire, dont la vue est plus appropriée à ce genre de perceptions, va vous dire quel il était […]

      L'immersion du lecteur, entravé dans sa perception du support matériel (« ce livre »). Un éthos du care (de la sollicitude) produit par le narrateur qui vient au secours de l'instance du lecteur par la médiation d'un autre support, immatériel : sa mémoire.

      Cette relation de care (entre le narrateur et le lecteur) se trouvait déjà fictionnalisée en p. 165 :

      […] cette opération, en apparence si simple, d'ouvrir ou de fermer ma croisée, je n'en venais jamais à bout sans le secours de quelqu'un de la maison […]

      Ouvrir la fenêtre de la chambre et lire le titre d'un livre : deux opérations de lecture impliquant la matérialité des supports.

    4. p. 164-165

      Une multiplicité d'objets permettent au narrateur de se remémorer la configuration de la chambre : les « hautes courtines blanches », les « couvre-pieds en marceline », les « courtes-pointes à fleurs », les « couvre-lits brodés », les « taies d’oreillers en batiste », la « trinité du verre à dessins bleus, du sucrier pareil et de la carafe », l’« ampoule de verre » et sa « précieuse liqueur de fleur d’oranger », les « petites étoles ajourées au crochet », la « cloche de verre », « la pendule », les « coquillages », la « blanche nappe de guipure », les « deux vases », l’« image du Sauveur », le « buis bénit » et le « prie-Dieu ».

      Préparant cet espace-temps du « non-moi » (explicité en p. 167), ces objets produisent un effet (aesthesis) dépersonnalisant - et curatif - sur le narrateur :

      […] toutes ces choses qui non seulement ne pouvaient répondre à aucun de mes besoins, mais apportaient même une entrave, d'ailleurs légère, à leur satisfaction, qui évidemment n'avaient jamais été mises là pour l'utilité de quelqu'un, peuplaient ma chambre de pensées en quelque sorte personnelles […] la remplissaient d'une vie silencieuse et diverse, d'un mystère où ma personne se trouvait à la fois perdue et charmée […] (p. 166)

    5. p. 164

      Mais c'est justement de ces choses qui n'étaient pas là pour ma commodité, mais semblaient y être venues pour leur plaisir, que ma chambre tirait pour moi sa beauté.

      La chambre de Proust devient ce lieu d’une récollection d’objets infonctionnels et disparates d’où procède une expérience esthétique. Dans Les Objets désuets dans l'imagination littéraire, Fernando Orlando en explicite les aspects de "défonctionnalisation" et de "refonctionnalisation" qui deviennent pour Proust "source de plaisir" esthétique (p. 595 et sq.).

  5. Nov 2019
    1. p. 126.

      -- Formidable. Oui, formidable.

      L’indifférence de ma voix m'étonnait.

      Le narrateur a vu l'infini - rien ne peut susciter en lui quoique ce soit, désormais?

    2. p. 126.

      [...] je vis ton visage [...]

      Adresse au lecteur ? Beatriz ? Dieu ? L'univers ?

      Je pencherais plus pour ces deux dernières options, vu la mention de "cet objet secret et dont les hommes usurpent le nom" à la ligne suivante.

    3. p. 124

      Tout langage est un alphabet de symboles dont l’exercice suppose un passé que les interlocuteurs partagent ; comment transmettre aux autres l’Aleph infini que ma craintive mémoire embrasse à peine ?

      Passage à considérer en ayant en tête la linguistique saussurienne? Limite du language, échec du système

    4. p. 120.

      Encore selon wiki : Alvaro Melian Lafinur est un cousin de Borges, et, d'ailleurs, le premier à avoir publié ses écrits - une traduction du Happy Prince and Other Tales d'Oscar Wilde, rédigée à l'âge de neuf ans!

    5. p. 116.

      Jean-Christophe Lafinur (ou, dans la version originale, Juan Crisóstomo Lafinur, selon wiki) semble être un aïeul de Borges. La plupart des sites que j'ai trouvés à ce sujet n'ont pas été traduits de l'espagnol, donc je n'en sais malheureusement pas plus. Si quelqu'un en sait plus à ce sujet, ça serait fantastique, merci!

    6. p. 21.

      Quand s’approche la fin, il ne reste plus d’images du souvenir ; il ne reste plus que des mots. Il n’est pas étrange que le temps ait confondu ceux qui une fois me désignèrent avec ceux qui furent symboles du sort de l’homme qui m’accompagna tant de siècles. J’ai été Homère ; bientôt, je serai Personne, comme Ulysse ; bientôt, je serai tout le monde : je serai mort.

      magnifique ; intéressant questionnement de l'identité, du souvenir personnel et collectif

    7. p 15.

      [...] je pensai que nos perceptions étaient identiques, mais qu’Argos les combinait de façon différente et construisait avec elles d’autres objets [...] j’examinai la possibilité d’un langage qui ignorerait les substantifs, un langage de verbes impersonnels et d’épithètes indéclinables.

      Passage intéressant, lien étroit entre pensée abstraite et langage

    8. p. 13

      Dans les palais que j’explorai imparfaitement, l’architecture était privée d’intention. [...] « Cette ville, pensais-je, est si horrible que sa seule existence et permanence, même au cœur d’un désert inconnu, contamine le passé et l’avenir, et de quelque façon compromet les astres. Aussi longtemps qu’elle subsistera, personne au monde ne sera courageux ou heureux. »

      L'absence d'intention, l'existence injustifiable, inutile, suscite une horreur indescriptible. Peut-on la relier aux travaux de Sartre sur l'existentialisme? Pas entièrement sûre, mais possibilité?

    9. p. 9

      J'ignore si j'ai cru une seule fois à la Cité des Immortels ; je pense qu'il me suffisait d'avoir à la chercher.

      Quête, recherche est un but en soi. force motrice