Briefing Document: Autonomie des établissements et réussite scolaire : le paradoxe français
Source: Excerpts from "Autonomie des établissements et réussite scolaire : le paradoxe français" (Podcast interview with Éric Charbonnier, analyst at the OECD and member of the Conseil d'évaluation de l'école).
Thèmes principaux:
L'autonomie des établissements scolaires en France: Un sujet sensible et souvent mal compris, source de peurs et de résistances.
Le lien entre autonomie et performance des élèves: Les études internationales (PISA) montrent une corrélation positive entre autonomie des établissements et réussite des élèves, particulièrement lorsque l'autonomie est accordée aux acteurs de terrain (chefs d'établissement, enseignants).
L'importance d'une culture d'établissement: La création d'un esprit d'équipe, de coopération, et d'échange de bonnes pratiques est essentielle pour la progression des élèves.
Les freins à l'autonomie en France: Centralisation excessive, rôle limité du chef d'établissement, programmes scolaires rigides, manque de flexibilité dans la gestion des ressources humaines.
La nécessité d'une évaluation cohérente des politiques éducatives: Manque de constance et de cohérence dans les réformes, absence d'évaluation rigoureuse de leur impact, conduisant à un sentiment de découragement chez les acteurs de terrain.
Le rôle crucial du bien-être: Le bien-être des personnels et des élèves est un facteur déterminant de la réussite scolaire, souvent négligé au profit d'une focalisation excessive sur les fondamentaux.
Idées et faits importants:
La peur de l'autonomie est infondée: "Je crois que c'est important de partir du en terme de début sur le fait qu'il y a des mots qui font peur en France quand on parle d'autonomie [...] il y a tout de suite une peur qui qui se crée dans la communauté éducative [...] Je crois qu'il faut qu'on sorte déjà de de de cette idée que dès qu'on parle d'autonomie ça va être forcément au détriment du système éducatif." L'autonomie ne doit pas être perçue comme une menace mais comme un levier d'amélioration.
L'autonomie locale est bénéfique, la centralisation est contre-productive: "Ce qui est assez fascinant c'est qu'on voit quand l'autonomie est donnée aux établissements et à leurs acteurs [...] les résultat des élèves s'en trouvent systématiquement améliorés.
À contrario quand l'autonomie est donné aux autorités nationales dans des pays centralisés comme le nôtre on voit qu'il y a un effet négatif sur la performance." Les décisions doivent être prises au plus près du terrain pour être efficaces.
Les exemples internationaux montrent la voie: Des pays comme le Portugal, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, le Japon et la Corée ont réussi à améliorer la performance de leurs élèves grâce à une forte culture de l'autonomie des établissements, à la formation des chefs d'établissement et des enseignants, et à la coopération.
La France souffre d'une culture individualiste: "On voit qu'on a encore une culture très individualiste dans nos collèges, l'enseignant a la liberté pédagogique mais finalement il est seul face à ces problèmes et ça l'autonomie ça peut apporter ça aussi créer de la coopération [...]"
L'autonomie doit favoriser le travail d'équipe et l'échange de bonnes pratiques.
L'autonomie RH, un tabou français: Dans un tiers des pays de l'OCDE, le chef d'établissement est responsable du recrutement d'une partie des enseignants. Cette flexibilité permet de souder les équipes pédagogiques et de mieux adapter les compétences aux besoins de l'établissement. "Est-ce qu'on imagine ça en France avoir un chef d'établissement au collège et lycée qui peut choisir ces enseignants [...] c'est monnaie courante dans beaucoup de pays et ça permet de la flexibilité."
L'autonomie budgétaire est un levier de performance:
L'autonomie permet aux établissements d'utiliser leur budget de manière plus efficace en fonction de leurs priorités et de leurs besoins spécifiques. "L'autonomie ça offre au pays la possibilité d'utiliser leur budget comme ils le souhaitent de décider du contenu de la formation continue."
L'effet chef d'établissement est mesurable: Des études montrent que les chefs d'établissement performants ont un impact significatif sur la réussite des élèves, notamment dans les établissements les plus difficiles. "Il y a beaucoup d'études qui ont été faites notamment si on prend aux États-Unis ou dans les établissements les plus difficiles on on affectait les meilleurs chefs d'établissement [...] et ça conduisaient à l'amélioration des résultats des élèves."
Le bien-être est une condition essentielle de la réussite: "Quel que soit le métier euh s'il y a pas un environnement où les gens puissent s'épanouir être heureux [...] on tombe facilement dans dans l'ennui si c'est pas le cas et le bien-être est ultra important." Le bien-être des personnels et des élèves doit être au cœur des politiques éducatives.
La cohérence et la constance des réformes sont indispensables: "Il faudrait avoir une obligation de garder un cap au moins une dizaine d'années pour éviter que on on détricote en permanence qu'on ce qu'on a pu faire avant et que finalement on puisse jamais juger le bénéfice de ces réformes." Les changements de cap fréquents et l'absence d'évaluation rigoureuse des réformes nuisent à leur efficacité.
Les programmes scolaires doivent être allégés et recentrés sur l'essentiel: "Il faut équiper les jeunes avec les compétences du 21e siècle [...] et finalement la solution qui a été choisi dans beaucoup de pays c'est d'alourdir les programmes on rajoute et on rajoute [...] et du coup ça crée du stress pour tout le monde."
L'alourdissement des programmes crée du stress et entrave l'acquisition des compétences essentielles.
La qualité des enseignants est le facteur clé de la réussite: "La qualité d'un système éducatif n'excède jamais la qualité de ces enseignants et de son chef d'établissement voilà c'est le levier premier de la réussite." La formation, le bien-être et la valorisation des enseignants sont des priorités absolues.
Il faut mieux utiliser les données disponibles: La France dispose de données de qualité, tant au niveau national qu'international, mais il faut les utiliser de manière plus systématique pour identifier les bonnes pratiques et adapter les politiques éducatives aux besoins spécifiques des établissements.
Conclusion:
L'interview met en lumière le paradoxe français : un système éducatif centralisé et rigide, malgré une volonté affichée d'autonomie.
Les études internationales montrent que l'autonomie des établissements, lorsqu'elle est associée à une culture de coopération, à la formation des personnels, et à une évaluation rigoureuse des politiques, est un facteur clé de la réussite des élèves.
Il est impératif de lever les freins à l'autonomie en France, de valoriser le rôle des chefs d'établissement et des enseignants, et de se concentrer sur le bien-être de tous les acteurs de l'éducation.
La valorisation et la diffusion des études de l'OCDE sont un pas important vers cette direction.
Liens utiles mentionnés:
PISA website: Recherche PISA Site internet
Publication "Regards sur l'éducation": Recherche OCDE Regards sur l'éducation
TALIS website: Recherche TALIS site internet