- Mar 2020
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Il est ainsi probable que nous ne soyons pas forcément vigilants et tatillons sur la crédibilité d’un contenu informationnel car ce qui compte pour nous est d’un tout autre ordre : faire rire nos meilleurs amis ; provoquer notre belle-mère ; ou encore montrer à notre collègue – celui qui sait toujours tout sur tout – que cette fois-ci c’est nous qui avons raison.
L'auteure pose sa problématique : Pourquoi est-il nécessaire de contextualiser les chiffres provenant du partages des "fake news" ? Quels sont les facteurs favorisant le partage de ces fausses informations ?
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Lorsque l’on parle du phénomène de la désinformation, il est important de ne pas se focaliser uniquement sur les volumes de « fake news » partagées sur les réseaux sociaux, mais d’étudier également plus finement la manière dont elles sont reçues et interprétées par les individus dans différents contextes de la vie sociale
Ici, l'auteure affirme qu'il est préférable de contextualiser les chiffres avant de les annoncer, afin de connaitre la façon dont les individus ont reçu et interprété l'information. Elle donne deux raisons : premièrement, un chiffre seul ne veut rien dire et peut être interprété de toutes les manières possibles ; deuxièmement, les chiffres numériques ne représentent qu'une infime partie du partage de l'information car les conversations réelles en représentent beaucoup et ne sont pas chiffrées.
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Résultats ? Il semblerait que l’on ne parle pas de la même chose dans tous les contextes, à tous les types de destinataires.
Après avoir réalisé une expérience sur 15 personnes pour savoir quelles informations seraient partagées dans quels contextes, l'auteure en a conclu qu'on ne parle pas de tout les types d'informations dans tout les contextes et à tout les types de personnes. Le partage des "fake news" a donc un rapport avec le contexte dans lequel il est transmis. L'auteure appuie ici son argument pour lequel il serait nécessaire d'analyser les chiffres au préalable.
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les informations fausses et sans intérêt public ont surtout été transmises au sein d’espace de communication aux contraintes de prise de parole très relâchées, par exemple à un·e ami·e très proche qui a la même opinion que nous sur de nombreux sujets ou dans un groupe de conversation dans lequel notre identité peut rester masquée. Pourquoi ? Probablement parce dans ces contextes, l’on ne risque pas grand-chose à diffuser quelque chose de faux. Et puis surtout parce que l’on ne se préoccupe pas vraiment de la valeur de vérité d’une information car nos conversations sont animées par d’autres motivations
L'auteur fait ressortir de son expérience la conclusion que, sans crainte, une fausse information sans intérêt publique est partagée anonymement ou entre proches, puisque ces échanges ne sont pas motivés par la véracité mais par d'autres facteurs comme l'humour ou la provocation.
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Désormais, tout le monde peut parler de n’importe quoi à n’importe qui, et cela au sein même de l’espace public. De cette manière, les conversations ordinaires des internautes sont venues se greffer aux informations médiatiques diffusées sur le web
La prise de parole à été libéré sur les réseaux sociaux pour plusieurs raisons. En effet, internet permet aujourd'hui aux individus de donner leur opinion en toute sécurité, grâce à l'anonymat par exemple. Les échanges des internautes sont devenus public au fil du temps et sont donc maintenant mélangés aux informations médiatiques.
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Elles ne sont non plus murmurées, dans des espaces privés, au sein de contextes de communication interpersonnelle, mais désormais exhibées
L'auteure emploie le terme "exhibées" en parlant de la communication. Cela montre le caractère exagéré de l'exposition des échanges personnels des internautes aux monde entier. Elle compare ici l'ancienne situation dans laquelle les conversations étaient "murmurées" à la nouvelle dans laquelle elles sont affichées.
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au sein d’espaces de visibilité en « clair-obscur ». Dominique Cardon utilise cette expression pour souligner que, pour autant qu’ils soient visibles, ces bavardages sont remplis de sous-entendus et d’indices complices destinés à n’être compréhensibles que pour un cercle restreint : les proches du réseau relationnel des internautes.
L'auteure appuie son argument avec l'expression "clair-obscur", utilisée par le sociologue Dominique Cardon. Cette expression signifie que les conversations des internautes sont, certes visibles par tout le monde, mais restent, dans un certain cadre, privées étant donné qu'elles ont des allusions que seules certaines personnes peuvent comprendre.
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Le modèle économique des plates-formes joue précisément de cet enchevêtrement entre logiques algorithmiques et dynamiques de sociabilité. En favorisant les contenus qui suscitent le plus d’interactions, les algorithmes de classement de l’information structurent en effet le marché cognitif. Sans doute est-ce ainsi pour cela que les « fake news » les plus diffusées sur Facebook en France et aux États-Unis ont été surtout des rumeurs grossières et stupéfiantes telles que : « Une femme augmente son quotient intellectuel en buvant du sperme tous les jours pendant un an » ou encore : « Une babysitter a fini aux urgences après avoir inséré le bébé dans son vagin ».
Ce sont les "fake news" les plus grossières, qui attirent l'attention par l'improbabilité et le côté choquant des articles. Les médias se servent alors d'arguments jouant sur les émotions des internautes (Pathos) pour susciter leur intérêt.
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Aux États-Unis, par exemple, une étude de Harvard a montré que certains grands médias traditionnels avaient plus facilement couverts des informations provenant de rumeurs ou de ragots anecdotiques que des faits établis. Cette tendance générale les aurait ainsi incités à se concentrer plus facilement sur les scandales qui ont égrené la campagne présidentielle qu’aux programmes des candidats.
Pour renforcer son dernier argument, l'auteure s'appuie sur une étude d'Harvard qui a mis en avant l'utilisation des fausses informations par les médias au détriment des faits avérés, suscitant ainsi l'intérêt des individus. Certaines affaires politiques peuvent alors être dissimulées par les médias. En utilisant en exemple une étude d'Harvard, l'auteure rend son argumentation tout à fait crédible, du fait de la notoriété de l'université. Elle utilise donc les émotions pour convaincre ses lecteurs qui se sentiront impressionnés et en confiance envers la crédibilité de ses arguments.
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Cette importante restructuration de l’espace public à l’ère du numérique suggère un bouleversement des espaces médiatiques. Mais il ouvre aussi le champ à de nouvelles recherches cruciales pour mieux comprendre l’organisation de ces circuits de l’information.
Ce dernier paragraphe sert de conclusion à l'article. On relève deux idées principales du le texte :
- Le numérique a ouvert les échanges publics et la libération de la parole sur internet : cela favorise le partage à grande échelle des "fake news". Les médias qui relaient ces fausses informations en augmentent la diffusion.
- De nouvelles recherches permettent de comprendre l'organisation et le circuit des fausses informations, et de contextualiser les chiffres. Elle donne également des directions pour réaménager l'espace public comme suggéré dans l'article mentionné par l'auteur : Science Po, 2018, "Structure de l’espace public numérique", https://medialab.sciencespo.fr/activites/structure-de-lespace-public-numerique/
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