- Jun 2020
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La déferlante de commentaires insultants, misogynes et haineux provoquée par la publication d’une vidéo intitulée « #TasÉtéHarceléeMais… t’as vu comment t’étais habillée ? » postée par la YouTubeuse Marion Seclin sur le webzine Madmoizelle en juillet 2016 illustre assez bien le phénomène. Tout comme les centaines de messages d’insulte et de menaces de viol et de mort reçues par la journaliste Nadia Daam à l’automne 2017, suite à sa chronique acide contre les membres du forum Jeuxvideo.com. Deux de ses cyberharceleurs ont d’ailleurs été condamnés à six mois de prison avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal de grande instance de Paris. Pour dénoncer cette violence verbale dont sont victimes en ligne de nombreuses femmes, et plus particulièrement de nombreuses féministes, la journaliste Éloïse Bouton a ouvert un Tumblr intitulé Paye ton troll en 2017. Elle expliquait à la rédaction de Numerama : « Ça fait des années que je suis trollée sur Internet parce que je suis féministe, j’ai même porté plainte pour menace de mort, des plaintes qui n’ont pas eu de suites […] Le simple fait de mettre un hashtag #féminisme sur Twitter lorsque je publie un article déclenche la plupart du temps des trolls. Ce sont souvent des commentaires qui viennent de la fachosphère ou des sympathisants de la Manif pour tous »
Après avoir défini en second lieu le flaming comme étant une autre forme de cyberviolence verbale, et l'avoir différencié du trolling, l'auteure met en avant deux exemples concrets pour illustrer ce phénomène et les mesures qu'ont prises certaines victimes. Ce qui peut en revanche être reproché à l'auteure sur ce point est de se baser dans son discours essentiellement sur le flaming qui touche les femmes et plus précisément certaines féministes.
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Une enquête nationale de victimation en milieu scolaire – réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) en 2013 – chiffrait à 7,4 % le nombre d’élèves ayant fait l’objet de surnoms méchants et à 9,7 % ceux ayant fait l’objet d’insultes envoyées par SMS ou sur les réseaux sociaux. Cette étude précisait que ces insultes pouvaient être en lien avec l’origine, la religion, la tenue vestimentaire ou encore l’apparence physique, et que la cyberviolence semblait davantage toucher les filles que les garçons.
Après avoir défini l'insulte, présentée comme une première facette de la cyberviolence verbale, et ses différentes catégories, l'auteure s'appuie sur les résultats d'une enquête nationale de victimation en milieu scolaire pour illustrer quantitativement les d'élèves qui en sont victimes.
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La lutte contre la cyberviolence passe aussi par l’éducation des plus jeunes, et notamment par l’éducation à l’esprit critique. L’enjeu est de leur permettre de prendre de la distance par rapport aux contenus qu’ils consultent, mais aussi qu’ils relayent, likent et publient eux-mêmes. Certains établissements scolaires, partenaires de l’association Respect Zone, forment dans cette perspective leurs élèves à l’automodération et à l’autodéfense en ligne afin qu’ils prennent le réflexe de réfléchir avant de « cliquer » et sachent que faire lorsqu’ils se retrouvent victimes de violence en ligne. L’éducation aux médias et à l’information (EMI) qui vise, entre autres, à apprendre aux élèves à publier de l’information de manière citoyenne et responsable, dans le respect de la vie privée, du droit à l’image et de la dignité de chacun, est aussi une arme efficace.
L’éducation des plus jeunes à l’esprit critique, aux médias et à l’information est outil nécessaire pour lutter contre la cyberviolence verbale.
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Enfin, favoriser le développement de l’estime de soi chez les plus jeunes est également pertinent, pour lutter, par exemple, contre l’automutilation digitale : parce qu’une bonne « estime de soi » – c’est-à-dire une évaluation positive de soi-même, de son mérite et de sa valeur – va directement influer sur la « confiance en soi » (sentiment que l’on est capable d’agir) et sur l’« affirmation de soi » (capacité à exprimer ses besoins et désirs aux autres tout en respectant les leurs).
L'auteure souligne la nécessité d'aider les jeunes dans le développement de l'estime de soi qui est en lien étroit avec la confiance en soi et l'affirmation de soi pour minimiser les ravages de la cyberviolence. En effet ces trois notions sont liées si l'une d'elles est remise en question il en est de même pour les deux autres. Cet argument est pertinent car ces trois axes apportent une meilleure force mentale au jeune qui saura s'affirmer, imposer le respect et sera moins affecté par les phénomènes présentés.
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Autre levier d’action : l’éducation à l’empathie. Il s’agit d’apprendre à se mettre à la place des autres dont le visage n’est pas visible et dont les émotions sont inaccessibles en contexte numérique ; être capable d’imaginer l’impact que la publication de tel ou tel contenu aura sur eux.
En se basant sur l'argumentation rhétorique, l'auteure insiste sur l'importance du développement de la faculté de l'empathie pour lutter contre ce phénomène. Sauf qu'il n'est à mon avis pas évident d'expliquer à des adolescents, souvent très égocentriques, l'importance de se mettre à la place de leur prochain. En effet les jeunes ont rarement conscience des conséquences de leurs actes surtout sur plan affectif, émotionnel et psychologique des autres.
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Ces dernières ont de toute évidence un rôle clé dans la lutte contre les cyberviolences qui se déroulent la plupart du temps en leur sein. On peut citer les dernières mesures prises par Facebook contre l’intimidation et le harcèlement : possibilité de masquer ou de supprimer plusieurs commentaires à la fois sous un post, ou encore possibilité de signaler un contenu jugé injurieux publié sur le compte d’un ami. Rappelons également la possibilité pour tout internaute de signaler tout contenu suspect ou illicite par le biais de la plate-forme PHAROS mise à disposition par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).
La modération et le signalement des contenus injurieux et illicites est un autre moyen exposé par l'auteure pour remédier à la cyberviolence verbale.
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Les discours de haine sont des délits punis par la loi, mais les modalités de publication de l’information au sein du web compliquent bien souvent la mécanique régulatrice des propos haineux par l’ordre juridique : anonymat, flux continu, dimension internationale des plates-formes de réseautage social.
La voie juridique est la première solution présentée par l'auteure pour lutte contre la cyberviolence verbale. Cet argument rhétorique est peu persuasif, en effet malgré la place importante qu'occupe la justice, elle manque dans ce contexte souvent d'efficacité faute des modalités de publication de l'information.
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L’automutilation digitale a été révélée en 2013 suite au suicide de la jeune Hannah Smith, initialement imputé à un cyberharcèlement dont elle aurait été victime. Mais l’enquête a révélé que les insultes et incitations au suicide qu’elle recevait en ligne émanaient principalement d’elle-même. La jeune fille postait des questions sur le réseau social Ask.fm (ex : « Que pensez-vous de moi ? ») et y répondait elle-même via un compte anonyme qu’elle avait ouvert : « Va mourir », « attrape un cancer », « bois de l’eau de Javel »… Une étude réalisée en 2017 auprès de 6 000 élèves américains âgés de 12 à 17 ans a révélé que 6 % d’entre eux avaient déjà publié anonymement en ligne des propos blessants à leur propre encontre. Parmi ces 360 élèves à s’être adonnés à cette pratique, 51 % ont déclaré ne l’avoir fait qu’une seule fois, 36 % ont déclaré l’avoir fait à plusieurs reprises et 13 % ont reconnu le faire régulièrement (Patchin, Hinduja, 2017).
L'automutilation digitale, 4ème forme de cyberviolence verbale présentée par l'auteure, est présentée et expliquée par le biais du cas concret d'Hannah Smith (2013). Ce phénomène est ensuite approfondie par le biais d'une étude qui révèle le taux d'élèves ayant participé à cette pratique et à quelle fréquence.
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Cette pratique semble avant tout viser à faire rire. Pour certains, il s’agit d’imiter les roasts télévisés américains dans lesquels un humoriste se moque ouvertement d’une célébrité présente sur le plateau, laquelle doit se soumettre au jeu et encaisser les « coups » sans rien dire. Pour d’autres, il s’agit de s’engager dans une « joute verbale » inspirée des battles entre rappeurs : « Who up for a epic roast battle ? » (« Qui est partant pour un combat d’insultes épique ? »), demande par exemple un twittos à ses followers. Il n’est cependant pas impossible que les choses s’enveniment, que les commentaires, obéissant à une logique de surenchère, deviennent insultants, voire humiliants et aboutissent au phénomène de flaming que nous venons de décrire. Cela peut heurter la sensibilité des plus jeunes participants et les blesser. Le jeu qu’ils ont initié peut alors se retourner contre eux.
Après avoir défini et illustré le roasting, 3ème facette de la cyberviolence verbale décrite par l'auteure, cette dernière compare le phénomène aux roasts télévisés américains. Mais cette pratique étant censée faire rire peut blesser les participants.
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Mais ce serait une erreur de leur accorder trop d’importance et de réduire l’expression des internautes à ce seul type de discours, ces « phénomènes relevant de l’infinitésimal » à l’échelle du web. Il ne faut donc pas confondre l’importance quantitative avec l’importance qualitative.
L'auteure minimise les ravages du flaming et explique le rôle des algorithmes qui fait selon elle paraître le phénomène plus répandu qu'il ne l'est réellement. (lien de causalité entre flaming et algorithmes) Elle ne s'est cependant appuyée dans ces propos sur aucune étude concrète chose qui allège son discours. En effet le rôle des algorithme peut être un simple amplifiant : le phénomène est déjà répandu et les algorithme l’accentuent. Et même si ce n'est (heureusement) pas le seul type de discours des internaute, il faut malgré tout y accorder de l'importance et lutter contre ce phénomène et les ravages qu'il fait.
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Les mêmes conclusions émanent des travaux de Sigolène Couchot-Schiex et Benjamin Moignard (2016) : 1 fille sur 5 (20 %) a fait l’objet d’insulte sur son apparence physique (poids, taille ou toute autre particularité physique) contre 1 garçon sur 8 (13 %). Les rumeurs qui circulent en ligne ciblent deux fois plus les filles (13,3 %) que les garçons (6,3 %). Les insultes sexistes et les rumeurs ciblant les filles participent souvent d’un phénomène nommé le slut shaming et peuvent être la conséquence d’un acte de revenge porn. On blâme alors celle qui a osé poser nue devant un appareil photo ou une caméra.
Toujours dans le même contexte l'auteure se base sur les travaux de Sigolène Couchot-Schiex et Benjamin Moignard (2016) et sur une argumentation épistémique comparative (fille/garçon) pour démontrer que les ravages de la cyberviolence verbale touchent quantitativement bien plus les jeunes filles que les garçons. Les filles ont en effet deux fois plus de chances d'être victime de tout type d'insultes que les garçons. On parle dans ce cas plus particulièrement d'insultes sexistes dans le cadre du slut shaming par exemple. L'auteure n'a en revanche pas donné d'explications convaincantes quant à cet écart flagrant entre les deux sexes.
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La cyberviolence verbale est la forme de violence la plus répandue au sein du web et des réseaux sociaux. Elle prend différentes formes : des insultes qui sont parfois envoyées par salves et qui relèvent du flaming, du roasting (voir ci-dessous) et de l’automutilation digitale, notamment chez les plus jeunes. Ces violences peuvent être combattues de différentes manières : par voie juridique, par la modération et par le signalement des contenus discriminants et illicites, par l’éducation des plus jeunes à l’esprit critique, aux médias et à l’information ou encore à l’empathie.
Nous retrouvons ici le point de vue de l'auteure par rapport à la question argumentative posée au titre de l'article : elle énumère les formes de cyberviolence verbale, ainsi que les outils permettant d'y remédier.
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Cyberviolence verbale : comment lutter contre ses différentes facettes
Le titre met en évidence la question argumentative de ce texte. En effet, le thème central de l'article se rapporte aux multiples facettes de la cyberviolence verbale et les outils pour la combattre.
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