Analyse du projet académique ac Versailles 2025-2029
source https://www.ac-versailles.fr/projet-academique-2025-2029-129400
Comme les fois précédentes l'académie a produit un projet académique sans consultation spécifique de la FCPE.
Ce document a pour but d'analyser les manques d'ambition pour leur engagement parental Mindmaps
Project académique 2025-2029 Mind Map (6).png
coéducation et parentalité Mind Map (6).png
Le Projet Académique 2025-2029 de l'Académie de Versailles, tel qu'articulé autour de ses quatre axes principaux, mentionne l'ambition d'une réussite de tous les élèves grâce à la mobilisation de la communauté éducative et des partenaires.
Cependant, en se basant sur le contenu fourni, plusieurs éléments cruciaux et concrets relatifs au rôle des parents, à la parentalité et à la coéducation semblent manquer ou ne sont pas suffisamment explicités pour constituer un volet fort et structurant de l'action académique.
Voici ce qui paraît absent ou insuffisamment développé dans le projet, compte tenu des enjeux soulevés par l'ensemble des sources :
I. Manque de reconnaissance explicite et de pilotage stratégique
1. Absence des termes "Coéducation" et "Parentalité" dans les axes stratégiques :
Bien que le projet réaffirme l'importance de renforcer les liens entre la communauté éducative et la société, les termes fondamentaux de « coéducation » et de « parentalité » n'apparaissent pas dans les titres ou les objectifs précis des quatre axes du projet 2025-2029.
Cette absence est d'autant plus notable que le précédent projet académique (2021-2024) mentionnait pourtant déjà le « renforcement de la coéducation et du rôle des parents dans l’apprentissage des élèves ».
2. Absence de mention spécifique des Représentants de Parents d'Élèves (RPE) :
Le projet insiste sur la mobilisation des "partenaires" et des "associations", mais ne mentionne pas explicitement les associations et les RPE (comme la FCPE) comme des acteurs privilégiés ou siégeant aux instances de gouvernance et de pilotage stratégique.
Les documents antérieurs critiquent déjà le manque d'audition des représentants des parents d'élèves pour l'élaboration du projet académique.
3. Manque de rejet du « glissement sémantique » :
Le projet utilise le terme générique de "partenaires". Ce vocabulaire est critiqué par les associations de parents, qui rappellent que les parents sont des co-éducateurs qui ne se choisissent pas et sont constitutifs de l'enfant, contrairement à un partenaire qui peut être choisi ou dont on peut se séparer.
L'absence d'une clarification institutionnelle risque de perpétuer l'idée de parents « consommateurs » ou « partenaires » plutôt que de les reconnaître comme membres légitimes et incontournables de la communauté éducative.
II. Manque de leviers concrets pour l'implication et l'accompagnement
1. Non-prise en compte de l'épuisement parental et de la santé mentale des parents :
L'Axe 1 vise à soutenir le bien-être et la santé mentale des élèves.
Or, les sources soulignent que la capacité d'un enfant à apprendre sereinement est directement liée à la qualité de la relation parents-école et au bien-être des parents.
Le projet n'aborde pas la question du burn-out parental ou du soutien à la santé mentale des parents, malgré l'importance de ce facteur sur l'environnement éducatif et la nécessité de ne pas les sur-responsabiliser.
2. Absence de dispositifs spécifiques pour l'accueil des familles éloignées :
Bien que l'Académie reconnaisse l'hétérogénéité territoriale (QPV, zones rurales, centres-villes privilégiés), le projet n'évoque pas le déploiement ou le renforcement des dispositifs d'accueil visant à combler le fossé avec les familles les moins familières des codes scolaires (les « parents invisibles »).
Des outils tels que les « Espaces Parents » ou le dispositif OEPRE (Ouvrir l'École aux Parents pour la Réussite des Enfants) ne sont pas mentionnés dans les objectifs concrets.
3. Absence de stratégie face à la fracture numérique et au droit à la déconnexion :
Le projet mentionne la promotion d'un usage raisonné du numérique par les élèves et l'utilisation des outils numériques pour personnaliser les enseignements.
Cependant, il n'aborde pas la nécessité de former ou d'accompagner les parents aux outils numériques de l'école (ENT/Pronote), qui, s'ils sont mal maîtrisés, peuvent devenir des facteurs d'exclusion.
De plus, la question du « droit à la déconnexion » pour les enseignants et les familles, face aux notifications en soirée ou le week-end, n'est pas formalisée dans les axes.
4. Manque d'articulation entre l'école et le soutien à la parentalité (REAAP/CAF) :
Le projet vise à consolider les dynamiques des Cités éducatives et des Territoires Éducatifs Ruraux, mais omet de détailler explicitement comment il prévoit de coordonner l'action éducative avec les structures de soutien à la parentalité comme le REAAP (Réseaux d'Écoute, d'Appui et d'Accompagnement des Parents) ou la CAF, qui sont des partenaires essentiels pour la prévention et l'accompagnement des familles vulnérables.
III. Manque de clarification sur les rôles et les enjeux spécifiques
1. Formation initiale et continue des personnels :
L'Axe 3 se concentre sur l'attractivité, la fidélisation et la formation des personnels.
Or, un manque majeur identifié par les sources est l'absence de formation obligatoire et structurée des enseignants sur la gestion de la relation avec les familles, la communication, et la médiation des conflits.
Le projet ne mentionne pas l'intégration de la « relation parents-enseignants » comme axe obligatoire de la formation.
2. Implication des familles dans l'Orientation et la Gouvernance :
L'Axe 4 mentionne l'enrichissement du Parcours Avenir. Cependant, les concertations nationales déplorent que les parents restent peu associés à la gouvernance et aux réflexions stratégiques de l'orientation.
Le projet n'annonce aucune mesure spécifique pour renforcer l'implication des familles dans les instances décisionnelles d'orientation ou pour aider les familles à faire face aux enjeux de Parcoursup.
3. Gestion des conflits et de la séparation :
Les relations école-parents sont souvent tendues et asymétriques. Le projet ne propose pas de cadres ou d'outils pour aider les personnels à gérer les conflits avec les familles, en particulier les cas complexes de séparation parentale ou de coparentalité difficile, qui se répercutent directement sur le bien-être de l'élève.
En conclusion,
si le Projet Académique 2025-2029 pose les bases d'une ambition de réussite pour tous en mobilisant le collectif, il lui manque une traduction concrète et détaillée des mécanismes de la coéducation et du soutien à la parentalité qui permettraient de transformer l'intention en actions mesurables, en particulier pour les familles qui en ont le plus besoin.