- Jan 2021
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D’abord, il nous semble que la communication numérique offre la possibilité de combler de nombreux besoins existentiels, narcissiques et sociaux, difficiles à satisfaire dans les phénomènes hors ligne. Ces derniers sont souvent générés ou amplifiés par une société toujours plus individualiste et ambivalente. D’un côté, elle génère de nouveaux besoins toujours plus narcissiques, auxquels adolescents et jeunes adultes sont si sensibles (e.g. le besoin de popularité) et, de l’autre côté, elle provoque nombre de frustrations. Comme l’enfant séparé de sa mère trouve dans son « doudou » un moyen de se rassurer, le smartphone, objet transitionnel, ne permettrait-il pas de lutter contre les frustrations et affects négatifs provoqués par le monde social ? En étant connecté en permanence à ses amis et en pouvant « se raccrocher » à des environnements en ligne familiers, comme sa page Facebook ou Instagram, le mobinaute, éloigné de son environnement familier, ne se sentirait-il pas alors davantage en sécurité affective, comme dans son foyer où il a ses repères et habitudes rassurant ? La connexion permanente, notamment aux RSN, l’assurerait qu’il appartient bien à des groupes sociaux. Une forte activité sur les RSN, ne lui donnerait-elle pas l’impression qu’il est un acteur socialement central et important ? De nouvelles recherches sont donc nécessaires pour mieux comprendre comment s’opère la formation de ces représentations et le rôle qu’elles jouent dans la communication numérique. 38Quelques autres pistes à creuser concernent les motivations poussant à l’usage des TIC. Si la connexion permanente permet de lutter contre la peur du mobinaute de rater quelque chose (FOMO) et d’être exclu socialement, elle peut également le rassurer sur sa popularité. Elle lui transmet instantanément, par les like, retweet et autres notifications, des signes de reconnaissance d’autrui contribuant à satisfaire des besoins personnels et sociaux de construction narcissique et identitaire via les interactions sociales numériques. Cependant, il serait intéressant d’étudier la possible fonction de la communication numérique conduisant à combler par des artefacts un « vide existentiel » chez les gros utilisateurs. Par exemple, il semblerait que la connexion permanente soit particulièrement appréciée parce qu’elle offre la possibilité de répondre immédiatement et en permanence à des besoins de stimulation et de divertissement à court terme lors des nombreux moments d’ennui ressentis par l’internaute souffrant d’un problème existentiel. Comment évolue alors cette carence en fonction, par exemple, de l’usage intensif des RSN ? 21 http://insights.fb.com/2016/02/08/the-multidevice-movement-teens-in-france-and-germany/, consulté l (...) 39Les technologies mobiles sont devenues des entités faisant si intimement partie de nous qu’elles représenteraient une extension de notre corps physique, « un cordon ombilical qui ancre l’infrastructure digitale de la société de l’information à nos corps » (Harkin, 2003, p. 16). D’ailleurs, un grand nombre d’adolescents considèrent leur smartphone comme leur « seconde peau »21. Plus les personnes ont la possibilité d’exercer un contrôle sur leurs biens matériels comme elles contrôlent leur corps, plus ces biens deviennent étroitement liés à leur soi. Consciemment ou non, ces biens matériels fabriquent alors un « soi augmenté » (Belk, 2013). Jusqu’à quel point l’incapacité d’utiliser le smartphone ou sa perte peuvent-elles être perçues comme une diminution angoissante du soi ? Cette diminution touche-t-elle la partie narcissique, sociale ou plus corporelle du soi ? Dans ce dernier cas, le smartphone pourrait-il être intégré dans le schéma du corps et traité par le cerveau comme étant incarné en lui (Clark, 2008) ? Autant de questions auxquelles de nouvelles recherches devront répondre.
Les auteurs proposent ici des hypothèses de recherche pour expliquer la robustesse du lien entre usagers et technologies numériques (Internet, RSN, smartphone), que de nouvelles recherches pourront, à l'avenir, venir interroger.
Tout d'abord, les auteurs développent ici à nouveau, via un raisonnement épistémique abductif, leur thèse selon laquelle la communication numérique vient combler un certain nombre de besoins existentiels, narcissiques et sociaux, tel que le besoin de popularité. La connexion intense, voire permanente, notamment aux RSN, induirait un sentiment d'appartenance sociale et de sécurité affective chez le sujet, pour lequel le smartphone agirait comme une sorte d'objet transitionnel, et améliorerait l'image de soi. De nouveaux travaux de recherche pourront analyser la formation de ces représentations et la manière dont elles façonnent le lien des utilisateurs à ces technologies numériques.
Les auteurs avancent d'autres causes au phénomène de connexion permanente aux TIC, précédemment évoquées dans l'article, telles que la FOMO, la peur d'être exclu socialement, le besoin de popularité, le besoin de reconnaissance sociale. Ils ouvrent sur une nouvelle piste, à savoir l'effet compensateur des TIC, qui contribuerait à pallier un sentiment d'ennui et à combler un "vide existentiel" en offrant des espaces récurrents de stimulation et de divertissement, procurant à l'utilisateur compulsif un bénéfice à court terme. Ils proposent d'étudier dans la durée comment évoluerait ce sentiment de "vide existentiel" en fonction de l'usage intensif des RSN fait par l'utilisateur.
A noter, parmi les causes de l'usage intensif des TIC évoqué, ils ne font pas référence aux usages déterminés par l'évolution récente des pratiques professionnelles (par exemple, usage des applications de vidéo-conférence (pour les employés, cadres...) ou de télé-consultation (pour les soignants), usages des applications "Uber" pour les chauffeurs Uber, usage des applications "Deliveroo" ou "Uber Eats" pour les livreurs, etc...). Ou encore, l'utilisation croissante des TIC liée au développement des objets connectés (par exemple : possibilités d'activer à distance et de piloter au domicile des utilisateurs le chauffage ou la climatisation, les volets électriques, les prises des appareils électriques, des caméras de surveillance, le four, l'aspirateur, etc...). Ces usages peuvent être qualifiés d'intenses car ils conduisent à augmenter le volume d'heures journalier de connexion aux TIC, mais ne sont pas nécessairement associés à des affects négatifs. Ils traduisent simplement l'évolution sociétale des pratiques professionnelles et des habitudes ou modes de vie personnels.
Les auteurs introduisent enfin une nouvelle hypothèse, selon laquelle les technologies mobiles contribueraient à créer chez leurs utilisateurs un sentiment de "soi augmenté" (Belk, 2013), perçu par leurs utilisateurs comme faisant tellement partie d'eux-mêmes qu'ils représenteraient comme une extension de leur corps physique. Ils interrogent la dimension narcissique, sociale et corporelle de ce concept, et les conséquences sur la manière dont le cerveau appréhende le smartphone et le lie au schéma corporel. Ces arguments ne sont toutefois pas étayés par des éléments plus précis. SI le sentiment de dépendance élevé aux smartphones paraît acquis, pour autant l'hypothèse selon laquelle ceci modifie la perception du schéma corporel de l'utilisateur demande à être davantage creusée et corroborée. Les auteurs suggèrent de nouvelles pistes de recherche sur ces aspects.
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D’une façon générale, les socionautes7 tendent à utiliser les RSN en y gérant stratégiquement leurs relations sociales, en travaillant leur présentation de soi, leur image sociale et les impressions que les autres se font d’eux (Krämer, Winter, 2008). Les RSN sont même devenus de véritables espaces de comparaison sociale entre soi et les autres (Haferkamp, Krämer, 2011). Cependant, les internautes qui les fréquentent intensivement ont davantage tendance à effectuer des comparaisons sociales dont les résultats sont en leur défaveur (Lee, 2014). Ils sont aussi enclins à penser que les autres sont plus heureux et ont une vie bien plus agréable que la leur, ce qui leur donne un sentiment d’injustice (Chou, Edge, 2012). Ce biais conduit au déclenchement de certains processus psychopathologiques, comme des ruminations mentales, c’est-à-dire des ressassements incoercibles d’idées et de pensées affectivement négatives, qui peuvent être associées à ou produire des syndromes dépressifs (Feinstein et al., 2013).
Enchaînement d'idées dans un registre rhétorique de la logique, s'appuyant sur les résultats de diverses études, visant à éclairer le lecteur sur les causes de l'apparition d'affects négatifs chez les utilisateurs intensifs de RSN, perçus comme de véritables espaces de comparaison sociale (Haferkamp, Krämer, 2011), dont les résultats sont en leur défaveur (Lee, 2014). Les auteurs explicitent que ce biais de perception peut induire un sentiment d'injustice chez les sujets, pouvant conduire au développement de processus pathologiques, voire de syndromes dépressifs (Feinstein et al., 2013).
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Sur le plan méthodologique, il serait intéressant de mettre en œuvre davantage de recherches qui montrent des liens de causalités entre usages intensifs des technologies numériques et affects négatifs, en étudiant également les effets de médiation impliqués. Dans la littérature, la majorité des recherches mettent essentiellement en évidence des corrélations, assez limitées sur le plan épistémologique. Par exemple, il est possible que ce soit les personnes ayant préalablement des tendances dépressives qui passent ensuite beaucoup plus de temps que les autres sur les réseaux sociaux. Seules les méthodes expérimentales sont appropriées lorsqu’il s’agit de tester des hypothèses déterministes impliquant l’effet de variables sur d’autres avec le but d’établir des connaissances scientifiques réfutables, au sens de Popper (1975) (Courbet, 2013). Cependant développer des méthodologies expérimentales pour étudier des liens causaux est complexe dans ce domaine. Les raisons sont à la fois pratiques et éthiques. Pour les besoins d’une étude il semble en effet difficile de demander à des sujets expérimentaux de s’exposer intensivement aux réseaux sociaux au risque de provoquer chez eux un syndrome dépressif. 34Sur le plan théorique, les chercheurs trouveront un intérêt certain à articuler, d’une part, les théories expliquant les motivations, les besoins psychosociaux satisfaits par l’usage des technologies et certains contenus (souvent en amont des effets) avec, d’autre part, les théories expliquant les conséquences et effets affectifs provoqués par les usages intensifs des communications numériques. 35Sur le plan épistémologique, les recherches pourraient s’intéresser aux phénomènes dans leur complexité et dans une logique davantage interactionniste, systémique et circulaire. Complexité et logique systémique circulaire prendraient en considération à la fois, premièrement, les multiples déterminants individuels (traits de personnalité, personnalité particulière -e.g. de type évitante ou narcissique-, troubles préexistants comme l’anxiété, les symptômes dépressifs, les cognitions inadaptées -e.g. les comparaisons défavorables, les carences narcissiques…), contextuels (e.g. liés à la situation de communication, à ses enjeux…), technologiques (e.g. les propriétés et contraintes propres aux médias numériques), sémiotiques (e.g. à partir de quels éléments sémiotiques mis sur le profil d’autrui, photos, commentaires… se forment les comparaisons défavorables ?) et deuxièmement, les interactions complexes de l’ensemble de ces déterminants.
Les auteurs, ayant réalisé un état des lieux de la littérature récente sur les liens entre usage intensif des technologies numériques (RSN, Internet, smartphones) et affects négatifs exposent ici les limites identifiées à leurs travaux de recherche.
La première limite est liée à la difficulté d'établir des liens de causalité entre les deux phénomènes, par delà les liens de corrélation (caractère associatif). Ainsi, ils entrevoient de nouvelles perspectives de recherche à mettre en oeuvre dans ce domaine, associées à de nouvelles méthodologies empiriques, même s'ils soulignent que leur mise en oeuvre pourrait s'avérer complexe pour des motifs tant pratiques qu'éthiques.
La deuxième limite est liée au manque d'articulation identifié, sur un plan théorique, entre les théories analysant les causes des usages intensifs des technologies numériques d'une part, et celle étudiant leurs conséquences sur les affects de leurs utilisateurs, d'autre part. Les auteurs identifient donc des perspectives de recherche visant à davantage lier et articuler ces deux types d'analyses "amont" et "aval".
Enfin, la troisième limite mise en avant concerne, sur le plan épistémologique, le caractère trop simplificateur des recherches mises en oeuvre à date sur le sujet. Les auteurs encouragent au développement d'études qui prendraient en compte davantage la variabilité des déterminants individuels, contextuels, technologiques, sémiotiques, et la complexité de l'ensemble de ces déterminants, dans une logique systémique, circulaire et interactionniste.
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Plus les mobinautes ont une utilisation excessive de leur smartphone, plus la probabilité est forte qu’ils ressentent de la FOMO et de l’anxiété (Elhai et al., 2016). C’est le cas des mobinautes les plus actifs qui le consultent frénétiquement par peur de manquer un évènement important, pour voir au plus tôt ce que font les autres et consulter au plus vite notifications, messages et autres like (Clayton et al., 2015). En retour, la consultation excessive conduit, dans une logique systémique, à accroître l’anxiété et la dépendance au smartphone.
La cinquième typologie de trouble associée à l'usage des smartphone citée par les auteurs est la FOMO. Par un raisonnement rhétorique logos, les auteurs expliquent que la peur de manquer une information pousse les mobinautes à consulter régulièrement leurs smartphones, et en retour, la consultation fréquente induit, dans une logique systémique, une augmentation de l'anxiété et un renforcement du sentiment de dépendance au smartphone.
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Le smartphone est l’un des dispositifs numériques le plus souvent impliqué dans la pratique du multitâche médiatique19. Le multitâche médiatique renvoie à deux types de comportements. Premièrement, il s’agit de l’usage de plusieurs médias simultanément. Par exemple, en 2015, 46 % des 18-24 ans utilisent très souvent leur smartphone en regardant la télévision. Deuxièmement, c’est l’usage d’un média pendant la réalisation d’une activité non liée aux médias. Par exemple, 25 % des 25-34 ans consultent leur smartphone en marchant dans la rue et 23 % des 18-25 ans l’invitent à table20. 30Si cette pratique s’est banalisée ces dernières années, elle n’est pourtant pas anodine pour les mobinautes. En effet, une pratique intensive du multitâche médiatique est associée à des symptômes dépressifs, de l’anxiété sociale (Becker et al., 2013) et, chez les adolescents, à un accroissement de l’impulsivité (Cain et al., 2016).
La quatrième typologie de troubles associés aux smartphones mentionnée par les auteurs est le multitâche médiatique, phénomène associé, en cas de pratique intensive, à des symptômes dépressifs et de l'anxiété sociale. (Becker et al., 2013).
A noter que l'on parle ici d'association, donc de lien de corrélation, toutefois le lien de causalité n'est pas clairement établi par les auteurs.
Les auteurs, par un raisonnement inductif, se refèrent aux chiffres d'une étude réalisée par Deloitte en 2015 sur le phénomène de multitâche médiatique pour affirmer que cette pratique s'est banalisée ces dernières années. Mais les chifres indiqués sont peu significatifs (inférieurs à 50%) et ne se réfèrent qu'à des tranches d'âges spécifiques (18-24 ans et 25-34 ans), rendant peu pertinente la généralisation et le raisonnement amplifiant.
En ce qui concerne l'argument se rapportant à l'usage d'un média pendant la réalisation d'une activité non liée aux médias, trop peu de détail est donné, rendant difficile la contextualisation et la mise en perspective. Par exemple, la consultation d'un téléphone portable en marchant peut-être associée à la consultation d'une application type "Mappy" ou "Google map", donc avoir une utilité avérée. Il peut aussi s'agir, par exemple, de l'écoute de musique ou d'un podcast tout en allant au travail à pied. Ce type de pratiques est-elle pour autant problématique ou génératrice d'anxiété ou de dépression, comme évoqué plus loin? On peut regretter que les auteurs n'aient pas exploré davantage les causes conduisant au multitâche médiatique et ne soient pas rentré davantage dans le détail des usages contextuels particuliers, ce qui rend cet argument moins percutant.
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Une utilisation excessive du smartphone est souvent associée à des « hallucinations » sonores et à des perceptions de « signaux fantômes » en provenance du téléphone. Les mobinautes pensent avoir perçu un signal indiquant un appel entrant, un message ou une notification de RSN, alors qu’en fait, aucun signal n’a été émis (Tanis et al., 2015). Ce phénomène, source de stress, est répandu puisque la moitié des mobinautes étudiés perçoivent des signaux fantômes au moins une fois par semaine. Il est particulièrement observé chez les mobinautes ayant un besoin de popularité développé, qui considèrent dès lors le moindre signal du smartphone comme un possible indicateur de leur degré de popularité. Tanis et ses collègues avancent deux explications au phénomène d’hallucinations sonores. Premièrement, ces signaux proviennent d’une utilisation intensive du smartphone susceptible de provoquer des erreurs d’interprétation des autres bruits de l’entourage, et donc des hallucinations bénignes. Deuxièmement, le smartphone est devenu tellement important aux yeux des mobinautes qu’ils seraient à l’affût du moindre signal (Tanis et al., 2015).
La troisième typologie de troubles associés aux smartphones recencée se rapporte aux "hallucinations" sonores et à des perceptions de "signaux fantômes" en provenance du téléphone, déclarées comme source de stress et d'anxiété par Tanis et ses collègues dans leurs travaux de recherche conduits en 2015.
Les auteurs cherchent, par un raisonnement épistémique abductif, à identifier les causes de tels phénomènes d'hallucinations sonores et les expliquent par : i. une utilisation intensive du smartphone qui conduirait à des erreurs d'interprétation des bruits de l'environnement du mobinaute, ii. une importance excessive accordée aux smartphones, qui conduit l'utilisateur à être toujours à l'affut du moindre signal.
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La nomophobie développe en partie ou en totalité les troubles observés dans les obsessions phobiques classiques, que l’on va retrouver chez les mobinautes, à des degrés plus ou moins marqués. Ainsi, la nomophobie est souvent associée à des pensées ruminatives plus ou moins envahissantes. Elle est accompagnée d’affects négatifs, qui vont de l’inconfort à la forte anxiété ou à la forte peur de ne pas avoir la possibilité d’utiliser son smartphone, conduisant alors à être potentiellement injoignable et déconnecté d’Internet (King et al., 2014). Elle est également associée à des compulsions, plus ou moins envahissantes et plus ou moins acceptées par le mobinaute, souvent des habitudes de vérification du smartphone, que la personne ne peut supprimer. En raison notamment de l’intensité de l’anxiété associée à ce trouble et de l’augmentation de sa fréquence dans la population, certains auteurs demandent à ce que la nomophobie soit intégrée dans le DSM (Bragazzi, Del Puente, 2014).
Les auteurs, au travers d'un raisonnement comparatif, présentent une analogie entre la nomophobie et les obsessions phobiques classiques, listant les troubles qui peuvent se retrouver de manière similaire dans les deux pathologies, à des degrés divers : pensées ruminatives, affects négatifs (de l'inconfort à la forte anxiété), compulsions. Enfin, les auteurs citent Bragazzi et Del Punente (2014), qui demandent à ce que la nomophobie soit ajoutée au DSM, étayant par là-même leur propre thèse.
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Plus de la moitié des mobinautes ont déclaré éprouver de l’anxiété en cas de perte de leur smartphone mais également quand ils ne pouvaient pas l’utiliser à cause d’une mauvaise couverture réseau ou d’une batterie faible16. De même, lors d’une autre enquête, plus de la moitié des enquêtés ont déclaré se sentir « anxieux » quand leur portable était éteint ou quand il n’était pas près d’eux17. Par ailleurs, 42 % des adolescents déclarent qu’ils seraient « dévastés » s’ils devaient quitter leur foyer plusieurs jours sans leur téléphone18. 26Cette anxiété est à l’origine de l’apparition d’un nouveau trouble, spécifique aux smartphones, chez les mobinautes les plus actifs, la nomophobie. Née de la contraction de « no mobile phobia », la nomophobie est, en simplifiant, une crainte quasi-obsédante et continuelle, de ne pas avoir son smartphone en état de marche avec soi. Quatre dimensions de la crainte associée à la nomophobie ont été identifiées : l’incapacité à communiquer, la perte de connectivité, l’impossibilité, d’une part, d’accéder à de l’information et, d’autre part, aux commodités offertes par les smartphones (Yildirim, Correia, 2015). Clayton, Leshner et Almond (2015) ont par exemple montré que l’incapacité à communiquer est source d’anxiété. Quand les mobinautes ne pouvaient répondre à la sonnerie de leur téléphone, leur fréquence cardiaque et leur pression artérielle augmentaient. Dans cette situation, ils déclaraient ressentir de l’anxiété.
Les auteurs présentent ici, au travers d'une argumentation rhétorique logos, la deuxième typologie de troubles associés à des affects négatifs se rapportant aux smartphones, sur les cinq types de troubles recensés dans la litérature scientifique et évoqués dans le paragraphe précédent. Il s'agit d'un phénomène d'anxiété lié à l'impossibilité d'utiliser son smartphone (à cause d'un problème de réseau, de batterie, d'oubli et de perte de l'appareil).
Les auteurs poursuivent ensuite leur argumentaire rhétorique en présentant le phénomène de nomophobie, défini comme la crainte quasi-obsédante et continuelle de ne pas avoir son smartphone en état de marche avec soi. La nomophobie, comme spécifié par Yildrim et Correia (2015) recouvre en particulier quatre typologies de peurs : i. incapacité à communiquer, ii. perte de connectivité, iii. perte d'accés aux informations, iv. perte d'accès aux commodités offertes par les smartphones.
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En 2015, 59 % des Français consultaient leur mobile dans l’heure suivant leur réveil pour prendre connaissance de messages13. Un sur trois consultait même ses SMS la nuit… Le smartphone revêt une telle importance pour certains mobinautes qu’ils en sont devenus « dépendants », dans un sens très proche de celui dont nous avons déjà parlé pour Internet. Plusieurs enquêtes scientifiques ont montré que si cette dépendance est un phénomène touchant un grand nombre de pays, il existe des différences interpays : par exemple 38 % des étudiants seraient dépendants en Espagne et 67 % aux Émirats Arabes Unis (voir Khoury et al., 2017). Dans l’enquête scientifique Smart.Use14 (2016), 21,1 % des 12-18 ans en Belgique se sont déclarés « dépendants » au smartphone, 33,4 % non-dépendants et 45,5 % seraient dans un état intermédiaire. En France, chez les plus âgés, en 2016, deux tiers des moins de 35 ans se sentaient dépendants et plus d’un tiers des mobinautes, quel que soit leur âge, s’estimaient « accros » et incapables de s’en séparer15. Les recherches sur la dépendance au smartphone ont relativement peu avancé au regard de l’ampleur du phénomène en raison du manque d’outils d’objectivation du problème. Deux principales échelles disposant de bonnes qualités psychométriques permettent depuis peu de mesurer cette dépendance, qualifiée de véritable addiction par leurs auteurs : le « Smartphone Addiction Inventory » (SPAI, Lin and Chang, 2014) contenant 26 items et « l’échelle d’addiction au Smartphone » avec une version à 10 items pouvant être utilisée auprès d’adolescents (SAS-SV, Kwon et al., 2013). On s’attend donc à une avancée des connaissances sur ces phénomènes de dépendance au cours des prochaines années.
Les auteurs présentent ici la première typologie de troubles associés à des affects négatifs concernant les smartphones sur les cinq types de troubles évoqués dans le paragraphe précédent, tels que recensés dans la litérature scientifique. Il s'agit du phénomène de dépendance aux smartphones. Pour ce faire, ils avancent des arguments dialectiques pro, évoquant toutefois des chiffres disparates sur ce phénomène de dépendance selon les études, les pays concernés ou les tranches d'âges testés.
A noter, le développement récent d'outils d'objectivation, en particulier de deux échelles disposant de qualités psychométriques permettant de mesurer le degré de dépendance devrait permettre d'affiner les connaissances sur ce phénomène dans les prochaines années.
Les auteurs citent l'étude SPAI (Lin and Chang, 2014) dans laquelle la dépendance aux smartphones est qualifiée de "véritable addiction", orientant le débat vers la thèse que défendent les auteurs. Toutefois, on déplore ici une absence de données précises sur ces travaux de recherche venant étayer cette thèse. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, il n'est pas fait mention de la diversité des usages possibles du smartphones, qui peuvent éclairer dans certains cas la fréquence des usages ou le caractère de dépendance évoqué (notamment dans le cas d'usages professionnels).
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Le smartphone est devenu omniprésent dans le quotidien des Français : en 2015 près de 70 % d’entre eux en possédaient un9 et 58 % déclaraient l’avoir en permanence avec eux10, y compris la nuit. Le système d’interaction usager-mobile incite les mobinautes11 à mettre en place de fréquentes consultations de l’écran afin d’établir une veille des informations reçues, dont il est difficile de se défaire. Si ces habitudes ne sont pas des addictions au sens pathologique et si elles ne sont pas gênantes pour tous, nombre de mobinautes les trouvent tout de même embarrassantes au quotidien, tant ils se sentent « prisonniers » de cette habitude (Oulasvirta et al., 2012). Soixante-dix pourcent des français consultent leur smartphone toutes les 5 minutes Ainsi, un smartphone est actionné 221 fois par jour12. Pour certains, ces habitudes de vérification sont d’autant plus gênantes qu’elles sont susceptibles d’augmenter le temps d’utilisation globale du mobile. En effet, quand les mobinautes le vérifient, beaucoup sont tentés de l’utiliser plus longuement, pensant y trouver de petits plaisirs ou stimulations qui animent leur quotidien. Pourtant, au final, ils ont souvent l’impression d’avoir perdu du temps et fait des choses peu significatives. Au-delà de cette gêne, dans la littérature, cinq types de troubles associés à des affects négatifs concernent le smartphone. Examinons-les.
Les auteurs présentent ici une série d'arguments de type rhétorique logos pour illustrer le caractère omniprésent du smartphone dans le quotidien des Français. La fréquence des habitudes de consultation contribue à augmenter la durée journalière d'utilisation, créant selon l'étude de Oulasvirta et al. (2012) citée un schéma de dépendance jugé embarassant par certains utilisateurs (sentiment d'être "prisonniers" de cette habitude).
Toutefois, les auteurs ne spécifient pas ici la nature des activités réalisées par les utilisateurs sur leurs smartphones dans le cadre des études citées, qui peuvent influer sur le sentiment de culpabilité ou l'impression de perdre son temps (RSN, communication par SMS ou appels, internet, vidéoconférence, calendrier, notes, photos, utilisation d'applications mobiles pour se déplacer (cartes), commander un taxi, un repas à emporter, etc...). En effet, certaines tâches réalisées via les smartphones peuvent être jugées utiles par les utilisateurs, voire leur faire gagner du temps, ou s'inscrire dans le cadre de leur activité professionnelle, et donc modifier la nature des affects ressentis après l'utilisation.
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Les socionautes ont parfois l’impression de ne rien faire de significatif et de perdre du temps inutilement sur les RSN. De nombreuses vidéos y circulent, comme par exemple les célèbres vidéos de chats, objet d’une étude de Myrick (2015). Si les socionautes les trouvent divertissantes à court terme, ils sont susceptibles d’éprouver, au final, de la culpabilité liée, soit au fait qu’ils ont négligé d’autres tâches plus importantes à effectuer, soit aux sentiments négatifs proches de ceux ressentis lors de comportements de procrastination. Regarder des vidéos divertissantes provoque un plaisir coupable au sein d’une triple relation « procrastination-culpabilité-plaisir ». Plus globalement, la tendance à la procrastination issue de la fréquentation des RSN a des effets sur le bien-être des socionautes (Meier et al., 2016) 22Cette impression génère des affects négatifs. Si les socionautes les plus actifs continuent à aller sur Facebook, c’est, selon Sagioglou et Greitemeyer (2014, p. 359), parce qu’ils ont tendance à faire une « erreur de prévision affective » : ils espèrent toujours se sentir mieux après avoir utilisé Facebook alors que, dans les faits, c’est souvent l’inverse qui se produit.
Les auteurs présentent ici, selon un argumentaire rhétorique logos, les résultats de travaux de recherche clarifiant les affects négatifs que peuvent ressentir certains utilisateurs après la consultation de RSN, tels qu'un sentiment de culpabilité lié à une impression de perte de temps ou à des tendances à la procrastination. Les auteurs présentent ici, selon un argumentaire dialectique pro, les résultats de travaux de recherche clarifiant les affects négatifs que peuvent ressentir certains utilisateurs après la consultation de RSN, tels qu'un sentiment de culpabilité lié à une impression de perte de temps ou à des tendances à la procrastination. A noter, la triple relation "procrastination-culpabilité-plaisir" qu'ils évoquent n'est pas exclusive à l'usage des RSN, mais peut s'appliquer à d'autres médias ou activités du quotidien juées "non productives" (par exemple, usage de la télévision, radio, lecture de certains types de magazines, etc...).
Ils citent également une étude de Sagioglou et Greitemeyer (2014) sur l'"erreur de prévision affective", qui explique pourquoi les socionautes continuent d'aller sur Facebook malgré les affects négatifs ressentis après la consultation.
Ils citent également une étude de Sagioglou et Greitemeyer (2014) sur l'"erreur de prévision affective", qui explique pourquoi les socionautes continuent d'aller sur Facebook malgré les affects négatifs ressentis après la consultation.
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Illustrons ce processus avec les résultats d’une recherche empirique qualitative que nous avons réalisée sur les réactions des fans au décès de Michael Jackson (Fourquet-Courbet, Courbet, 2012). Nous avons montré que les RSN jouent un rôle ambivalent dans leur gestion du deuil. Si les RSN ont été psychologiquement utiles aux fans dans les premiers jours qui ont suivi le décès pour obtenir des informations et partager socialement leurs émotions, il semble toutefois qu’à plus long terme, leurs usages fréquents et prolongés ont freiné la résolution du deuil chez certains. Retourner fréquemment et pendant un long délai après le décès sur les RSN et pages de fans, comme l’ont fait de nombreux fans, conduit à régulièrement re-générer et ruminer des pensées négatives, à augmenter la fréquence et l’intensité des émotions négatives ressenties. Si communiquer et exprimer sa tristesse est nécessaire dans le premier stade du deuil, notamment pour obtenir empathie et soutien sociaux pour « faire son deuil », cette phase ne doit pas être trop longtemps entretenue. Or les RSN incitant à prolonger cette phase semblent ralentir la gestion du deuil (Courbet, Fourquet-Courbet, 2014). Certes, si les deuils sont heureusement rares dans la vie quotidienne, l’entretien des ruminations et émotions négatives peut se retrouver dans d’autres circonstances, par exemple, à la suite d’une séparation amoureuse. Des consultations fréquentes des pages de l’être aimé(e) perdu(e) sur les RSN pourraient empêcher d’accepter la fin de la relation.
Les auteurs présentent ici pour la première fois les résultats de leurs propres travaux de recherche, dont les résultats mettent en lumière le rôle ambivalent des RSN dans la gestion du deuil. Avec un argumentaire dialectique pro, ils expliquent que, si le rôle des RSN peut être bénéfique à court terme (rôle informationnel, de partage et de décharge des émotions négatives), il peut s'avérer nocif à long terme en cas d'utilisation fréquente, conduisant à augmenter l'intensité et la fréquence des émotions négatives ressenties, et donc à la rumination.
Dans un second temps, les auteurs avancent un argument de type épistémique inductif, par lequel ils généralisent les résultats rencontrés dans le cadre de la gestion du deuil à d'autres situations, en l'occurrence les cas de séparation amoureuse. Par ce raisonnement amplifiant, ils avancent que les RSN conduisent à alimenter ruminations et émotions négatives. Toutefois, les auteurs ne font référence à aucun travaux de recherche pour appuyer cet argument.
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Les recherches sur la FOMO et le biais de comparaison sociale étant relativement muettes sur leurs déterminants, c’est dans la littérature sur les motivations sous-tendant les usages numériques que nous avons trouvé des concepts permettant de mieux en comprendre les causes. C’est le cas de la forte envie de satisfaire, via les RSN, deux besoins sociaux souvent non satisfaits dans la vie du socionaute : le besoin de popularité et le besoin de reconnaissance sociale.
Raisonnement causal s'appuyant sur la littérature sur les motivations sous-tendant les usages numériques pour expliquer la survenance de la FOMO et du biais de comparaison sociale, à savoir la satisfaction, via les RSN, des besoins de popularité et de reconnaissance sociale, souvent considérés comme insatisfaits dans la vie sociale "hors ligne" du socionaute.
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Selon Utz, Tanis et Vermeulen (2012), qui ont étudié un grand nombre de besoins et motivations psychosociaux conduisant à une forte activité sur les RSN (besoin d’appartenance sociale, estime de soi, vanité, sentiment ressenti par l’individu selon lequel « tout lui est dû »), c’est le besoin de popularité qui en est le prédicteur le plus puissant et le plus constant. Variable individuelle stable, il s’agit du besoin d’être aimé et reconnu par le plus grand nombre. Pour satisfaire ce besoin, les personnes sont motivées à se conformer à la pression de leurs pairs (Santor, 2000) et à adopter des comportements qui donnent l’impression qu’elles sont effectivement « populaires » (e.g. choix très soigneux de la photo de profil, descriptions de soi valorisantes) (Utz et al., 2012). Ces derniers auteurs estiment que les RSN sont un espace d’expression idéal pour les internautes ayant un fort besoin de popularité car ils permettent de s’exposer facilement au plus grand nombre et facilitent la mise en œuvre de stratégies autocentrées de présentation de soi (e.g. amélioration de son profil pour donner l’impression d’être populaire, révélation sur soi…) tout en communiquant avec les autres. Les personnes déjà populaires hors ligne et avec une haute estime de soi cherchent et parviennent souvent à avoir une certaine popularité sur les RSN. Mais gagner en popularité peut aussi être possible pour les personnes ayant une faible estime de soi et qui se considèrent comme impopulaires hors ligne. Un mécanisme de compensation sociale se met alors en place les conduisant à rechercher à être plus populaires sur les RSN (Zywica, Danowski, 2008). Sans doute est-ce leur impopularité hors ligne, source de frustration et d’émotions négatives qui les incite à retourner fréquemment sur les RSN pour gagner toujours davantage de popularité en ligne, avec le risque toutefois d’enclencher le cercle vicieux dont nous avons déjà parlé. 19Une activité soutenue sur les RSN s’explique également par un fort besoin de reconnaissance sociale (Dang-Nguyen et al., 2015) que les socionautes n’ont pas forcément dans la vie hors ligne. Les RSN pourraient alors, de nouveau, agir comme un dispositif de compensation sociale. La volonté de satisfaire ce besoin incite d’abord les socionautes à rendre fortement visible leur image en ayant notamment le maximum de contacts. Ensuite, ils vont chercher de multiples signes de cette reconnaissance sociale. Meshi et ses collègues (2013) estiment que les like, tweet, partages et autres messages sont autant de signes de reconnaissance sociale et deviennent une véritable monnaie d’échange affectif entre personnes en contact.
Les auteurs développent ici, en s'appuyant sur de nombreuses études, des arguments épistémiques abductifs déjà avancés dans le paragraphe précédent, afin d'établir un lien de causalité entre une forte activité sur les réseaux sociaux et la recherche de la satisfaction des besoins de popularité, que les socionautes soient considérés comme populaires hors ligne ou non, et de reconnaissance sociale. Dans cette perspective, les RSN agiraient comme un dispositif de compensation sociale.
Si le lien de corrélation entre l'usage intensif des RSN et la recherche de la satisfaction des besoins de populatité et de reconnaissance sociale semble établi, le lien de causalité peut être considéré comme discutable selon les populations étudiées (pas de détail fournis sur le profil des participants aux travaux de recherche cités).
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Récemment, des auteurs ont mis en évidence une peur très particulière chez les gros usagers des RSN : la FOMO (Fear Of Missing Out, voir Baker et al., 2016). Il s’agit de « la crainte envahissante que d’autres pourraient avoir des expériences enrichissantes desquelles nous serions absents […] » (Przybylski et al., 2013, p. 1841). Le socionaute a alors la volonté de rester en permanence connecté avec les autres. Cette peur le conduit à vouloir prendre connaissance au plus tôt des nouvelles informations qui circulent sur les RSN. Quand elle est élevée, la FOMO est souvent associée à une humeur très fréquemment négative, une faible satisfaction de sa vie en général et à plus de symptômes dépressifs (Baker et al., 2016). Des recherches récentes ont permis non seulement de concevoir des échelles psychométriques8 permettant de mesurer la FOMO (Przybylski et al., 2013), mais, en outre, de mieux comprendre ses corrélats neurobiologiques. Elle serait associée à l’activation d’une zone cérébrale spécifique : le gyrus temporal moyen droit (Lai et al., 2016). Ces derniers auteurs montrent que cette zone s’active uniquement lorsque les individus sont exposés à des images montrant des scènes d’inclusion sociale (e.g. scènes où des personnes s’amusent, rient avec leurs amis, leur famille ou leurs collègues, partageant des activités avec eux) (vs. d’exclusion sociale).
Enchaînement d'arguments rhétoriques logos sur la peur de rater quelque chose (FOMO), conduisant certains socionautes à des usages excessifs des RSN.
Les recherchent de Baker et al. (2016) associent la FOMO à la survenance chez les sujets d'affects négatifs et à davantage de symptômes dépressifs (lien de corrélation, lien de causalité non formellement établi). Par ailleurs, la FOMO peut être mesurée grâce à des échelles psychométriques et des corrélats neurobiologiques ont pu être observés.
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Des recherches en neurosciences sociales montrent que même lorsque la comparaison sociale est en faveur du socionaute, celle-ci n’est pas systématiquement source de satisfaction. En effet, une comparaison sociale positive activerait une zone cérébrale dédiée aux plaisirs et bien-être, le noyau accumbens (Meshi et al., 2013). Cette zone est impliquée dans le circuit de la récompense et du plaisir. Elle est toutefois également activée lors des pratiques excessives des socionautes et on observe un phénomène d’habituation nécessitant de toujours remporter davantage de comparaisons sociales pour obtenir la même satisfaction.
Argument dialectique pro s'appuyant sur les résultats de recherches en neurosciences sociales, montrant que même lorsque la comparaison sociale est en faveur du sujet, celle-ci n'est pas toujours source de satisfaction pour ce dernier en raison d'un phénomène d'habituation, le poussant à multiplier les comparaisons sociales afin d'obtenir à nouveau un niveau de satisfaction équivalent.
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Ce processus s’observe surtout quand les « amis » ne font pas partie de l’entourage social hors ligne du socionaute et sont donc des « étrangers ». Quand les socionautes suivent beaucoup de personnes qu’ils ne connaissent pas personnellement, comme dans le cas d’Instagram, un usage intense est associé à plus de symptômes dépressifs, médiés par une comparaison sociale négative (Lup et al., 2015). Les socionautes qui ont le plus d’amis « étrangers » sur Facebook estiment, par comparaison, que les autres ont une vie meilleure que la leur (Chou, Edge, 2012). Il est intéressant de voir que cette erreur dans la comparaison avec les « étrangers » en défaveur du socionaute est largement réduite, voire inexistante, dans le cas de comparaison avec des amis et connaissances dont il connaît la vie hors ligne et dont il sait qu’elle est bien moins attirante que l’image montrée sur les RSN.
Poursuite du raisonnement rhétorique logos explicitant les mécanismes qui induisent ce phénomène de comparaison sociale négative, à savoir la présence parmi les "amis" du sujet sur Instagram ou Facebook de personnes qui ne font pas partie de son entourage social hors ligne, et pour lesquels il ne peut pas mesurer l'écart entre la vie réelle de ces derniers et l'image qu'ils projettent sur les RSN. Le raisonnement s'appuie également sur des arguments dialectiques pro se référant à des études orientant le débat sur la position des auteurs.
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Selon O’Keeffe et Clarke-Pearson (2011), les dépressions liées à des usages intensifs des RSN, ne font pas uniquement courir aux préadolescents et adolescents des risques d’un plus grand isolement social dans lequel ils se trouvent souvent déjà. En effet, souffrir de troubles dépressifs en s’exposant excessivement à Internet est d’autant plus problématique que les adolescents, alors fragiles psychologiquement, pensent parfois trouver sur certains RSN, sites ou blogs, du réconfort psychologique. Le danger est de tomber sur des sites qui incitent à des comportements personnellement (e.g. toxicomanie) ou socialement risqués ou les incitant à adhérer à des idéologies dangereuses.
Argumentaire dialectique teinté de pathos exposant les dangers que peuvent représenter un usage excessif d'Internet ou des RSN pour des préadolescents ou adolescents souffrant de troubles dépressifs (incitation à des conduites personnellement ou socialement risquées, propagande d'idéologies dangereuses...).
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Si consulter Facebook est le premier geste du matin pour 48 % des 18-34 ans, l’usage des RSN, censés apporter divertissements et satisfaction, semble être l’objet d’un étonnant paradoxe. Plus les gens sont actifs sur Facebook, sans forcément en être « addicts », et plus leur humeur est négative après les usages du RSN (Sagioglou, Greitemeyer, 2014). La genèse de ces affects négatifs est bien liée à Facebook car ils n’apparaissent pas lors d’activités de durée similaire effectuées sur Internet en dehors de ce RSN. Cette constatation n’est pas uniquement liée à Facebook puisque des résultats similaires ont également été remarqués avec Instagram (Lup et al., 2015). Plus grave, une association positive a même été mise en évidence entre l’usage de ce RSN et des symptômes de dépression. Les préadolescents et adolescents semblent particulièrement sensibles (O’Keeffe, Clarke-Pearson, 2011). En particulier, chez les adolescents qui perçoivent leur réseau amical hors ligne comme étant de faible qualité, les longues durées passées sur Facebook sont associées à davantage de troubles dépressifs et d’anxiété sociale (Selfhout et al., 2009).
Raisonnement épistémique abductif visant à établir une relation de causalité entre l'apparition d'affects négatifs et la consultation de réseaux sociaux numériques (RSN), tels que Facebook ou Instagram, s'appuyant sur les études de Sagioglou et Greitemeyer (2014), ou encore Lup et al. (2015).
Il est souligné que ces humeurs négatives n'apparaissent pas chez les sujets si ces derniers réalisent d'autres activités de même durée sur Internet, non liées à ce RSN. Toutefois, peu d'informations sont apportées concernant les modalités de mise en oeuvre de ces études, qui en affaiblissent la portée, et ne permettent pas d'établir strictement un lien de causalité (versus corrélation) entre les deux phénomènes.
Par la suite, les auteurs font référence à une étude de O'Keeffe et Clarke-Pearson (2011), qui met en évidence une association positive entre l'utilisation d'Instagram et des symptômes de dépression, en particulier chez les préadolescents et adolescents. Il s'agit donc dans le cas d'espèce d'une relation de corrélation, et non de causalité.
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Cependant une littérature relativement récente s’est développée autour de ce que certains chercheurs nomment tout de même « addictions comportementales » à Internet (Griffith et al., 2016). Celles-ci peuvent être définies comme une habitude répétitive dont l’individu a du mal à se soustraire et qui accroît le risque de maladie et/ou est associée à des problèmes personnels ou sociaux. Elle est souvent ressentie négativement comme une perte de contrôle dans laquelle l’individu a conscience des risques psychologiques et sociaux. En simplifiant, il existe trois grands courants de recherche. Un courant portant sur les addictions sur (et non à) Internet. Il s’agit de la reproduction sur Internet d’un comportement addictif particulier que la personne effectue également en dehors du Web (addictions aux jeux, au sexe, aux achats… Billieux, 2012). 6 Dans cet article, nous faisons la distinction entre les phénomènes en ligne et hors ligne. Les prem (...) Un courant portant sur les addictions à Internet. Les internautes sont dépendants d’activités que l’on ne trouve que sur Internet, essentiellement l’usage des RSN (Griffiths et al., 2014). Ils se construisent, la plupart du temps, un « soi virtuel » bien différent de leur « soi réel ». L’écart entre les deux « sois » semble être un prédicteur de l’implication excessive dans leurs activités sur les RSN (Billieux et al., 2015). De nombreux travaux insistent sur les vulnérabilités psychosociales préexistantes chez les jeunes « addicts » : importante anxiété sociale, sentiment de solitude dans la vie sociale hors ligne6. Ils trouvent alors de forts attraits aux RSN. Cependant, il n’est pas rare de voir, chez les plus jeunes, un usage intensif d’Internet les amener à négliger leur travail scolaire, à entrer en conflits avec leurs parents… ce qui accroît leur anxiété. Le temps passé à surfer sur Internet est positivement associé aux symptômes de la dépression et à l’anxiété sociale chez les adolescents ayant un réseau amical de faible qualité. Plus le temps passé sur le web est élevé et plus leur bien-être est faible (Yang, Tung, 2007). En effet, si interagir avec les RSN peut créer une certaine satisfaction immédiate contribuant à accroître leur dépendance, les satisfactions à plus long terme et dans la vie sociale hors ligne sont quasi inexistantes. Les jeunes internautes entrent alors dans un cercle vicieux : ceux qui ont déjà peu d’amis passent plus de temps sur Internet ; l’excès de web et l’absence de vie sociale hors ligne développent, en retour, des problèmes de confiance de soi et d’anxiété (Selfhout et al., 2009). Un courant portant sur des modèles plus compensatoires, comme celui de « l’usage compensatoire de l’Internet » (Kardefelt-Winther, 2014). Les personnes vont sur le web pour échapper à leurs problèmes dans la vie hors ligne, à leur manque de stimulation sociale ou pour atténuer leur humeur dysphorique. Elles cherchent alors à se socialiser par Internet, par exemple dans les jeux en ligne ou sur les RSN. Dans certains cas, les résultats sont positifs car ces personnes se sentent effectivement mieux en obtenant les stimulations sociales désirées. Dans d’autres cas, les résultats sont négatifs dans la mesure où elles deviennent « dépendantes » du Web pour obtenir satisfactions et stimulations sociales. Cependant, de telles pratiques ne constituent pas une réelle dépendance au sens pathologique car elles ne sont pas de nature compulsive. Cette théorie explique notamment pourquoi certaines personnes continuent à passer autant de temps à surfer sur le web bien qu’elles considèrent ces expériences comme globaleme
Pour répondre à la question soulevée, les auteurs développent ici une série d'arguments de type dialectique pro, en faisant référence à une littérature scientifique récente qui qualifie d' "addictions comportementales" les usages excessifs d'internet (Griffith et al., 2016), dont ils identifient trois acceptions, comme suit: i. Un usage d'Internet comme espace de reproduction d'autres comportements addictifs ; ii. Un usage d'Internet en tant qu'objet d'addiction en lui-même (relation de dépendance aux activités que le sujet y réalise) ; iii. Un usage d'Internet en tant qu'objet compensatoire (échappatoire à des problèmes personnels).
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L’addiction à Internet ne figure pas dans la dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM 5 ; APA, 2015) manuel de référence internationale pour la plupart des psychiatres et psychologues. À l’excès, ces habitudes sont étiquetées « comportements excessifs », mais ne sont pas définies comme de véritables troubles mentaux en raison, actuellement, de l’insuffisance de données dans la littérature (DSM 5 ; APA, 2015, p. 571). On manque par exemple de preuves neurobiologiques souvent nécessaires pour définir une véritable addiction. Les examens cérébraux, réalisés par IRM, de personnes développant des symptômes de dépendance montrent que les gros consommateurs d’Internet développent des processus neurobiologiques commun avec les toxicomanes et avec les personnes souffrant de dépendances pathologiques reconnues, comme celle liée aux jeux. Dans tous ces cas, leurs « pratiques addictives » activent le même système amygdale-striatum, système lié à la génèse du plaisir dans le cerveau. Cependant, ils présentent aussi de nombreuses différences, notamment dans le fonctionnement du système cérébral de contrôle inhibiteur, celui qui permet d’inhiber, par la volonté, certains de nos comportements (Turel et al., 2014). L’inhibition semblerait plus facile pour Internet. On manque également d’études cliniques sur des critères comportementaux, comme le sevrage ou la rechute, pour véritablement parler de troubles addictifs pour Internet.
Les auteurs avancent ici une série d'arguments de type dialectique contre, afin d'expliciter pourquoi l'insuffisance de données dans la recherche ne permet pas, à l'heure actuelle, de classer l'addiction à internet dans les véritables troubles mentaux (en particulier, manque de preuves neurobiologiques et d'études cliniques sur des critères comportementaux).
Des examens cérébraux ont été réalisés par IRM, qui montrent une activation du système amygdale-striatum, similaire aux cas des "pratiques addictives", mais les études montrent en revanche que, dans le cas des usages excessifs d'Internet, l'activation du contrôle inhibiteur par les sujets semble plus aisée.
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- Dec 2020
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journals.openedition.org journals.openedition.org
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Si aller sur Internet est devenu une habitude, parfois excessive pour certains, peut-elle conduire à une dépendance ou à une addiction au sens pathologique du terme (LaRose 2010) ? Cette question est actuellement toujours débattue dans la littérature, depuis les travaux initiaux de Young (1996).
Elargissement du thème de l'article et ouverture vers la question de l'addiction à Internet, qui vient interroger la définition des usages intensifs des technologies et contenus de communication numérique, tels que repris dans la question argumentative de l'article. Quelle est la limite entre usages intensifs et dépendance, voire addiction à Internet, au sens pathologique du terme?
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Quatre caractéristiques des pratiques médiatico-numériques pourraient expliquer l’extrême difficulté à contrôler les désirs d’usage : les habitudes fortes et déjà bien ancrées, la disponibilité permanente des technologies, l’attrait considérable des activités pratiquées et le coût peu élevé pour les pratiquer.
Les auteurs avancent quatre hypothèses pour expliquer les difficultés très importantes que rencontrent certains sujets à réguler leurs usages des médias et technologies numériques, qui viennent éclairer les résultats de l'étude d'Hoffmann et ses collègues, développée précedemment.
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Ces conclusions ne sont pas étonnantes au regard des travaux de Hofmann et ses collègues (2012). En effet, parmi les multiples besoins et désirs que nous avons au quotidien (manger, boire, dormir, fumer, avoir des contacts sociaux, besoin d’hygiène, faire du sport…), le désir d’utiliser les médias (consulter ses e-mails, surfer sur le Web, aller sur les RSN, regarder la télévision) est celui pour lequel notre capacité de résister serait la plus faible. Non seulement le désir d’utiliser les médias serait plus fort et plus fréquent dans une journée que, par exemple, le désir de tabac, mais il serait, en outre, plus difficile à contrôler que les désirs de manger ou d’avoir des activités sexuelles (voir figure 1).
Il s'agit d'un argument épistémique abductif, qui met en relation les résultats des deux études et infère à un fait observé, à savoir l'échec des tentatives de déconnexion médiatique des sujets de l'étude The World Unplugged, des causes probables, développées dans le cadre des travaux de Hoffman et ses collègues (2012).
En effet, l'échec des tentatives de déconnexion rencontré par la majorité des sujets dans l'étude The World Unplugged peut être expliqué par les travaux de Hoffman et ses collègues (2012), qui démontrent que le désir d'utiliser les médias est celui pour lequel notre capacité à résister est la plus faible, en plus d'être plus fort et plus fréquent que d'autres typologies de désirs (tels que le désir de tabac ou d'alcool).
Les auteurs viennent donc ici trouver dans les travaux d'Hoffman et ses collègues (2012) une règle explicative aux faits mis en évidence dans le cadre de l'étude The World Unplugged.
Toutefois, peu d'information est apportée sur la méthodologie et les conditions de réalisation des travaux d'Hoffman et ses collègues (profil des participants, méthode employée, etc...). Aussi, je considère que la véracité de la démarche argumentative est moyenne.
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L’étude The World Unplugged a demandé à un millier d’étudiants provenant d’une douzaine d’universités des cinq continents, de faire l’expérience de 24h de déconnexion médiatique (Moeller et al., 2012). Les résultats ont été univoques : une nette majorité d’étudiants a admis l’échec pur et simple de leurs efforts de déconnection. Beaucoup d’entre eux se sont alors auto-déclarés « addicts » aux médias et technologies de communication numérique.
Les auteurs nous présentent ici un argument épistémique, qui traite de la conformité au réel, autrement dit se rapportant à des faits dont la mise en relation permet de produire une conclusion.
La conclusion s'apparentant ici à une proposition générale, nous considérons qu'il s'agit d'un argument épistémique inductif. En effet, dans le cadre de l'étude The World Unplugged, une nette majorité d'étudiants ayant participé à l'expérience reconnaît l'échec de leurs tentatives de déconnection médiatique pendant 24h. Beaucoup d'entre eux se déclarent alors "addicts" aux technologies et médias numériques, dans une forme de raisonnement amplifiant, inductif.
Les auteurs ne précisent toutefois pas la proportion exacte de ces étudiants qui se sont déclarés "addicts". De plus, il s'agit d'une auto-déclaration de la part des étudiants, l'article ne spécifiant pas si les chercheurs qui ont réalisé l'étude ont défini préalablement des critères objectifs définissant le caractère "addict aux médias et technologies de communication" afin de corroborer cette auto-affirmation. En effet, il ne suffit pas de se déclarer "addict" pour l'être de manière objective.
Une autre limite à cette étude est la similitude du profil de la population testée (un millier d'étudiants d'universités) et le manque de dispersion en termes d'âge et de profil sociologique. Notons toutefois qu'ils présentent une certaine hétérogénéité en termes d'origine géographique et de profils culturels, provenant d'une douzaine d'universités des cinq continents (sans plus de précisision toutefois de la part des auteurs). Par ailleurs, peu de détails sont fournis quant aux conditions de l'étude et aux motifs d'échec de déconnexion des sujets. En conséquence, je considère que la véracité de cet argument est moyenne.
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Nous mettons systématiquement en évidence les principaux processus psychologiques et psychosociaux impliqués, les effets et déterminants majeurs des phénomènes. Pour conclure, nous proposons également quelques nouvelles hypothèses ainsi que de nouvelles perspectives de recherche qu’il nous semble prioritaire de mener sur ce thème en sciences de l’information et de la communication.
Présentation du plan de l'article, qui se veut une synthèse des recherches récentes sur la thématique préalablement exposée, avec une ouverture en conclusion sur de nouvelles hypothèses et perspectives de recherche.
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l’article propose une synthèse de recherches sur les liens entre les usages intensifs ou excessifs d’Internet, des RSN et du smartphone, et les affects négatifs ressentis lors ou après leurs utilisations5
La thèse des audteurs est que les usages intensifs ou excessifs des outils de technologie numérique, tels que les smartphones, Internet ou les réseaux sociaux numériques (RSN), induisent des affects négatifs chez leurs utilisateurs pendant ou après leurs utilisations.
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Dans ce but et pour saisir la complexité des phénomènes dans une logique systémique, nous avons articulé deux courants de littérature différents mais complémentaires : d’une part, des travaux sur les motivations individuelles conduisant à l’usage des technologies de communication numérique et, d’autre part, les travaux sur les effets des usages intensifs sur les adultes et adolescents
Pour pallier la seconde limitation identifiée et énoncée plus haut et rendre compte de la complexité des phénomènes analysés, les auteurs explicitent ici la méthode employée pour discriminer les articles scientifiques jugés pertinents : i. d'une part, ils ont retenu des articles scientifiques présentant une analyse des causes (motivations des utilisateurs intensifs des technologies de communication numérique) ; ii. d'autre part, ils ont considéré des articles mettant en avant une analyse des effets des usages intensifs sur leurs utilisateurs.
Un des enjeux majeurs pour les auteurs de cet article, à laquelle nous serons vigilants dans le cadre de notre lecture critique, sera d'arriver, par cette approche, à dépasser la difficulté identifiée d'emblée à établir des liens de causalité entre les deux phénomènes, et non seulement des liens de corrélation.
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Deuxièmement, il est difficile de différencier les recherches mettant en évidence des corrélations, de celles montrant des liens de causalités entre usages des technologies de communication numérique et affects négatifs ressentis par les gros utilisateurs.
Les auteurs soulignent une deuxième limitation à leur démarche de recherche, à savoir la difficulté à établir des liens de causalité entre usage intensif des technologies de communication numérique et développement d'affects négatifs chez leurs utilisateurs intensifs.
Les auteurs laissent entendrent d'emblée que cette difficulté se reflète dans l'état de la littérature scientifique récente qui, si elle met en évidence des liens de corrélation entre les deux phénomènes, peine à attester efficacement de liens de causalité.
Nous comprenons ici que l'efficacité de la progression argumentative de l'article dépendra en partie de la capacité des auteurs à surmonter cette difficulté et établir de manière pertinente des liens de causalité entre les deux phénomènes.
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Dans le présent article et dans une logique transdisciplinaire, nous avons synthétisé les récents travaux publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture, essentiellement de langue anglaise, figurant dans les principales bases de données internationales (Psycinfo, Medline, Business Source Complete, Communication & Mass Media Complete (EBSCO), SocINDEX) en a) psychologie, psychologie sociale, sciences de l’éducation ; b) neurosciences et médecine (psychiatrie, pédiatrie, santé publique), c) sciences de la communication et marketing et sur Google Scholar4.
Les auteurs explicitent ici la méthodologie de recherche employée, à savoir un état des lieux de la littérature scientifique récemment publiée sur la thématique des liens entre affects négatifs et usages intensifs des outils de communication numérique, dans une perspective transdisciplinaire qui recouvre les champs de : i. la psychologie, psychologie sociale, les sciences de l'éducation, ii. les neurosciences et la médecine (psychiatrie, pédiatrie, santé publique), iii. les sciences de la communication et le marketing.
Les auteurs détaillent les différentes bases de données internationales qu'ils ont utilisées pour mener à bien leurs recherches documentaires.
A noter, le caractère "récent" des travaux de recherche publiés et analysés n'est pas étayé par des dates ou éléments plus précis.
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Cependant, répondre à ces questions n’est pas simple pour plusieurs raisons. Premièrement, plusieurs disciplines s’intéressent à ce domaine.
La problématique étant à la croisée de différents domaines de recherche et spécialités (i. la psychologie, psychologie sociale, les sciences de l'éducation, ii. les neurosciences et la médecine (psychiatrie, pédiatrie, santé publique), iii. les sciences de la communication et le marketing), les auteurs mettent en avant une première limitation à leur travail, liée à la complexité émanant du caractère transdisciplinaire du thème choisi.
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Qu’en disent les recherches scientifiques ? Quels effets affectifs négatifs provoquent les usages intensifs des technologies et contenus de communication numérique tels le smartphone, Internet ou les réseaux sociaux numériques (RSN) ? Quels processus sous-tendent les effets et quels déterminants sont alors impliqués ?
La question argumentative de l'article porte sur l'analyse des affects négatifs liés aux usages intensifs des outils de communication numérique, tels que les téléphones portables, Internet et les réseaux sociaux.
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