6 Matching Annotations
  1. Nov 2025
    1. Document d'Information : Repenser la Collaboration avec l'Ennemi

      Résumé Exécutif

      Ce document synthétise les réflexions d'Adam Kahane, directeur de Reos Partners, sur la nature et les mécanismes de la collaboration dans des contextes de profonds désaccords.

      L'analyse est issue de son travail de réécriture de son livre de 2017, Collaborating with the Enemy.

      L'idée centrale de Kahane est que la collaboration est définie par une tension fondamentale : la nécessité de travailler avec des personnes avec qui l'on est en désaccord pour résoudre des problèmes complexes, et la crainte que ce faisant, on trahisse ses propres valeurs fondamentales.

      Pour explorer cette dynamique, il propose un modèle de "cercles concentriques" qui classe les relations de la collaboration la plus proche à l'élimination de l'ennemi.

      L'objectif principal est de trouver des moyens d'élargir le cercle de la collaboration.

      Alors que la première édition de son livre se concentrait sur les approches individuelles, sa recherche actuelle vise à identifier et à comprendre les approches collectives qui favorisent une collaboration plus large et plus efficace.

      Celles-ci incluent des cadres constitutionnels et juridiques, des systèmes politiques et réglementaires, des normes culturelles et des processus de réconciliation.

      La discussion qui suit son exposé met en lumière des concepts clés tels que l'importance de trouver des objectifs communs, même minimes ; le rôle de la planification par scénarios non pas pour prédire mais pour façonner l'avenir ; et la prise de conscience que la collaboration peut également servir à créer des conflits en unissant un groupe contre un autre.

      1. Contexte et Problématique Centrale

      Adam Kahane est un praticien spécialisé dans la conception et la facilitation de dialogues multipartites sur des questions complexes depuis 1991.

      Son travail l'a amené à intervenir dans divers contextes, notamment :

      • Le processus de paix en Colombie, impliquant toutes les parties, y compris les factions armées.

      • Les chaînes d'approvisionnement alimentaire durable, réunissant des communautés, des entreprises et des régulateurs.

      • Les relations entre les États-Unis et la Chine, avec des acteurs de la sécurité et de la défense.

      • Le travail avec des peuples autochtones et insulaires du détroit de Torrès en Australie.

      Sa réflexion actuelle s'inscrit dans le cadre de la réécriture de son livre _Collaborating with the Enemy:

      How to work with people you don't agree with or like or trust_.

      La question fondamentale qui guide son travail peut être résumée par une formulation plus grandiose : "Comment diable pouvons-nous vivre ensemble ?"

      Les Quatre Approches face à une Situation Problématique

      Selon Kahane, face à une situation que nous jugeons problématique, quatre stratégies principales s'offrent à nous :

      1. Forcer (Make) : Tenter d'imposer notre volonté, indépendamment de ce que les autres veulent.

      2. S'adapter (Adapt) : Accepter la situation telle qu'elle est, car nous ne pouvons pas la changer.

      3. Sortir (Exit) : Quitter la situation (émigrer, démissionner, divorcer).

      4. Collaborer (Collaborate) : Travailler avec d'autres acteurs pour changer la situation.

      Son travail se concentre sur cette quatrième option.

      La Double Signification de la "Collaboration"

      Kahane souligne une dualité sémantique cruciale dans le mot "collaboration", qui est au cœur des défis qu'il explore.

      Sens positif : Travailler ensemble avec d'autres. Les recherches Google pour "collaboration" montrent des images de coopération harmonieuse.

      Sens négatif : Collaborer de manière traîtresse avec l'ennemi. Il illustre ce point avec une photo de 1944 montrant deux collaboratrices françaises punies par la tonture de leurs cheveux.

      Cette double signification révèle la tension inhérente à toute entreprise de collaboration :

      "D'une part, nous pensons que nous pourrions avoir besoin de travailler avec ces autres personnes pour arriver là où nous essayons d'aller, et d'autre part, nous craignons que le faire nous obligerait à trahir ce que nous tenons pour précieux."

      2. Un Modèle de Relations : Les Cercles Concentriques

      Pour mieux comprendre les frontières de la collaboration, Kahane propose un modèle de cercles concentriques illustrant différents niveaux de volonté d'interaction avec autrui :

      1. Collaboration : Le cercle intérieur, composé des personnes avec qui nous sommes prêts à travailler activement.

      2. Cohabitation : Les personnes avec qui nous ne voulons pas collaborer, mais avec qui nous sommes prêts à partager un espace (un foyer, une ville, un pays).

      3. Coexistence : Les personnes avec qui nous ne sommes pas prêts à cohabiter, mais dont nous tolérons l'existence à condition qu'elles restent séparées.

      C'est le principe de l'apartheid ("apartness").

      4. Élimination : Le cercle extérieur, composé de nos ennemis, des personnes que nous ne sommes même pas prêts à laisser coexister et que nous devons expulser ou éliminer.

      L'objectif de sa recherche est de comprendre comment "déplacer la frontière entre les personnes avec qui nous sommes prêts à collaborer et celles que nous considérons comme nos ennemis".

      3. Forces Motrices et Forces Restrictives

      La décision de collaborer ou non est influencée par des forces contradictoires.

      Forces Poussant à la Collaboration

      Forces Freinant la Collaboration

      Nécessité d'une action collective : Des défis qui exigent une réponse commune (ex: gestion des eaux usées dans la ville divisée de Nicosie, changement climatique).

      Différences réelles : Désaccords, méfiance et conflits d'intérêts concrets et non imaginaires.

      Peur du conflit violent : La crainte qu'une absence de collaboration ne mène à la guerre.

      Fragmentation et polarisation : Tendance au tribalisme, à la partisanerie, aux bulles d'information, à la démagogie et à la diabolisation.

      Sentiment d'interconnexion ("All My Relations") : Une conviction, notamment issue des traditions des Premières Nations, que nous sommes tous liés, que nous nous entendions bien ou non.

      Identification exclusive à son groupe ("mon peuple") : Une vision qui empêche de s'ouvrir à la collaboration avec des "autres".

      La diabolisation est un frein particulièrement puissant : "ces autres ne sont pas simplement nos adversaires ou nos ennemis, ce sont des démons, des diables. Et comment pourrions-nous collaborer avec le diable ? Nous ne le pouvons pas."

      4. L'Enquête Actuelle : Des Approches Individuelles aux Approches Collectives

      La question centrale qui anime la réécriture du livre de Kahane est de nature pratique : "Quelles approches permettent une collaboration plus nombreuse et de meilleure qualité ?".

      Il s'agit d'identifier des méthodes pour élargir le cercle des acteurs avec lesquels nous sommes disposés et capables de travailler.

      Le Passage de l'Individuel au Collectif

      La première édition de son livre se concentrait sur les approches individuelles, destinées à aider les individus à mieux collaborer. Ces approches étaient :

      • Accepter le conflit autant que la connexion.

      • Expérimenter pour avancer.

      • Reconnaître son propre rôle dans le système.

      Pour la seconde édition, Kahane souhaite compléter cette perspective en explorant les approches collectives.

      Il considère la relation entre le travail individuel et collectif comme une "bande de Möbius", où l'un ne va pas sans l'autre.

      Exemples d'Approches Collectives à Explorer

      Kahane a dressé une liste préliminaire d'approches collectives, qu'elles soient anciennes ou de pointe, qui permettent de collaborer au-delà des différences :

      Constitutions et accords : Cadres établis pour gérer les différences sans recourir à la violence.

      Organisation politique : Façons de s'organiser pour collaborer avec certains contre d'autres, ou contre un problème commun.

      Systèmes réglementaires : Mécanismes pour gérer les différences.

      Organisation des villes : Comment l'urbanisme peut faciliter la cohabitation et le travail en grande diversité.

      Politiques et "Nudges" : Interventions (comme celles d'Antanas Mockus à Bogota) conçues pour modifier les relations entre les gens, les faisant passer de la violence à la paix.

      Culture, valeurs et normes : Leur influence sur la capacité à collaborer.

      Réconciliation et guérison : Le rôle de la prise en charge des traumatismes collectifs et du rétablissement de la paix.

      5. Perspectives Issues de la Discussion

      Plusieurs intervenants ont enrichi la réflexion de Kahane avec des concepts et des exemples pertinents :

      Trouver un objectif commun, même minime : Même avec le pire ennemi, il est souvent possible de trouver un motif commun.

      Commencer par ce petit objectif peut créer une expérience de collaboration positive qui change la dynamique de la relation.

      La finalité de la collaboration : Consensus ou Agonisme ? : La collaboration vise-t-elle à atteindre un consensus ou à gérer une tension permanente ("agonisme") ? Kahane adopte une posture pragmatique : l'objectif est de résoudre le problème en question.

      Le meilleur scénario est de pouvoir vivre avec des différences et une pluralité permanentes. Il cite le président colombien Santos :

      "il est possible de travailler avec des gens avec qui nous ne sommes pas d'accord et avec qui nous ne serons jamais d'accord".

      La Planification par Scénarios comme Outil de Co-création : La méthode des scénarios, apprise chez Shell, peut être détournée de son objectif initial (prévoir et s'adapter à l'avenir). Utilisée dans des contextes de conflit (Colombie, Myanmar), elle devient un moyen pour des acteurs, même en guerre, de "co-créer des récits sur ce qui pourrait arriver afin d'influencer ce qui arrive".

      Le Droit au-delà des Constitutions : Des règles de procédure, telles que les exigences de supermajorité ou l'obligation de motiver les décisions, peuvent contraindre les acteurs à dialoguer, à faire des compromis et donc à collaborer.

      La Collaboration comme Moteur de Conflit : Une mise en garde cruciale a été formulée : "les gens collaborent principalement en partant d'un environnement pacifique pour créer plus de conflits".

      La collaboration se fait toujours avec certains et souvent contre d'autres, ce qui peut exacerber les conflits ou l'oppression.

      Le Cadre de la Justice Transitionnelle : Les cadres de la justice transitionnelle (commissions de vérité, réparations) offrent une approche systématique et globale pour aborder les problèmes de coexistence et de collaboration dans des contextes post-conflit, et sont de plus en plus appliqués à d'autres problématiques sociales.

    1. 'Écoute dans le Développement Humain : Une Analyse de la Perspective de la Professeure Elinor Ochs

      Résumé Analytique

      Ce document de synthèse analyse les arguments principaux de la professeure Elinor Ochs concernant le rôle sous-estimé de l'écoute dans le développement de l'enfant.

      La thèse centrale est que les études développementales dominantes, principalement menées dans les sociétés occidentales post-industrielles, se sont concentrées de manière excessive sur la production de la parole par l'enfant dans des contextes dyadiques (parent-enfant), tout en négligeant la compétence cruciale de l'écoute, en particulier l'écoute incidente ("overhearing") au sein d'interactions multipartites.

      En s'appuyant sur des décennies de recherche ethnographique, notamment son travail fondateur au Samoa, Ochs démontre que dans de nombreuses sociétés, les enfants sont socialisés dès leur plus jeune âge pour devenir des auditeurs compétents au sein de conversations de groupe.

      Cette "formation" à l'écoute est facilitée par des "affordances" culturelles spécifiques, telles que l'architecture ouverte des habitations, les postures corporelles qui orientent l'enfant vers l'espace public, et une économie domestique qui valorise la continuité générationnelle et les ressources partagées.

      En contraste, le modèle occidental, avec ses espaces privés et son accent sur l'individualisme économique, favorise des interactions dyadiques centrées sur l'enfant, amplifiant son rôle de locuteur plutôt que d'auditeur.

      En conclusion, la professeure Ochs soutient que les interactions multipartites offrent des avantages développementaux uniques, exposant les enfants à une plus grande diversité de locuteurs, de perspectives et de variétés linguistiques.

      Ses recherches remettent en question l'universalité des modèles actuels d'acquisition du langage et appellent à une réévaluation du rôle de l'écoute comme une compétence socio-culturellement construite, essentielle à l'apprentissage, à la coopération et à l'intégration sociale.

      Introduction : La Perspective d'une Anthropologue Linguistique

      La professeure Elinor Ochs, de l'UCLA, est une anthropologue linguistique qui combine les disciplines de la linguistique et de l'anthropologie.

      Sa méthodologie principale est le travail de terrain ethnographique, utilisant des enregistrements audio et vidéo pour documenter de manière détaillée comment la communication façonne les situations sociales, les relations et les modes de pensée.

      Domaine de spécialisation : Elle a co-créé le sous-domaine de la "socialisation langagière", qui postule qu'en apprenant une langue, les enfants acquièrent simultanément une compétence socioculturelle pour devenir une "personne" au sein de leur communauté.

      Expérience de recherche :

      Samoa (1978-1988) : Étude longitudinale sur l'acquisition du langage chez de jeunes enfants dans un village rural.  

      États-Unis (années 80 et 2000) : Recherches sur les différences de classe sociale dans le discours de résolution de problèmes et une étude interdisciplinaire à grande échelle documentant la vie de 32 familles de la classe moyenne.   

      Autisme (depuis 1997) : Étude des pratiques communicatives des enfants sur le spectre autistique à la maison et à l'école.

      Le Paradigme Dominant dans les Études Développementales : La Primauté de la Parole sur l'Écoute

      La professeure Ochs commence par un constat : bien que la parole et l'écoute soient deux pratiques communicatives universelles, la parole reste de loin l'objet d'intérêt principal dans tous les domaines qui étudient le langage. L'accent est mis sur la production du langage, et non sur le processus qui distingue l'audition de l'écoute.

      Les Limites des Études Quantitatives

      Les études quantitatives sur le développement du langage chez l'enfant se concentrent sur la langue produite par l'enfant, souvent réduite au nombre de mots.

      Une préoccupation majeure du public, notamment concernant les différences socio-économiques ("word gap"), est née de ces études.

      Le Modèle Dyadique : La généralisation dominante est que "plus un enfant entend de mots qui lui sont directement adressés, plus son vocabulaire sera étendu".

      Conditions Idéales Supposées : Ce modèle repose sur des conditions très spécifiques :

      1. L'enfant est l'allocutaire principal dans une conversation dyadique (un locuteur, un auditeur).  

      2. L'interaction est en face à face.  

      3. Le langage utilisé est simplifié et affectif (langage adressé à l'enfant ou "parler bébé").

      La Négation de l'Écoute Incidente : Dans ce cadre, l'écoute de conversations d'autres personnes ("overhearing") est considérée comme ayant "peu ou pas de bénéfice développemental".

      Biais Culturel : Ces études sont principalement situées dans des sociétés occidentales post-industrielles, avec très peu de recherches menées dans des sociétés aux économies sociopolitiques différentes.

      Un Modèle Alternatif : L'Apprentissage par l'Écoute en Contexte Multipartite

      La thèse centrale de la professeure Ochs, étayée par des recherches ethnographiques, est qu'un autre modèle d'apprentissage existe et est courant dans de nombreuses sociétés.

      Arguments Clés

      Argument

      Description

      Argument 1

      Les études développementales valorisent les conversations dyadiques fréquentes où le jeune enfant est locuteur ou allocutaire principal, motivant des interventions éducatives dans le monde entier.

      Argument 2

      Des études ethnographiques montrent que dans certaines sociétés, les nourrissons et les tout-petits participent régulièrement à des conversations multipartites en tant qu'auditeurs incidents légitimes ("legitimate overhearers") ou participants secondaires.

      Argument 3

      Qu'ils soient immergés dans des contextes multipartites ou dyadiques, les enfants neurotypiques acquièrent le langage avec succès dans différents contextes socioculturels.

      Argument 4

      Les interactions multipartites possèdent leurs propres affordances développementales, exposant les enfants à une diversité de locuteurs, de perspectives et de variétés linguistiques, et leur apprenant à adapter leur discours à différents interlocuteurs ("recipient design").

      Argument 5

      Les compétences d'écoute sont renforcées dès la petite enfance par des alignements corporels multipartites tournés vers l'extérieur et par des environnements construits ouverts qui offrent un accès auditif et visuel aux espaces publics.

      Étude de Cas Ethnographique : Le Village Samoan

      Le travail de terrain de la professeure Ochs au Samoa, il y a près de 50 ans, constitue la principale source de données pour son argumentaire.

      Contexte Linguistique et Social

      Langue Complexe : La langue samoane est ergative, avec des ordres de mots multiples, deux registres phonologiques, et un vocabulaire de respect complexe.

      Société Hiérarchique : La société est structurée avec des personnes titrées (grands chefs, orateurs) et non titrées.

      Absence de "Parler Bébé" : Les soignants n'utilisent généralement pas de langage simplifié ou de "parler bébé" avec les nourrissons. Ils n'étiquettent pas les objets et posent rarement des questions dont ils connaissent la réponse.

      Apprentissage Immersif : Les enfants acquièrent le samoan parlé en étant au milieu d'interactions multipartites.

      Les Affordances Environnementales et Corporelles pour l'Écoute

      Ochs identifie deux types principaux d'affordances qui favorisent une culture de l'écoute.

      1. Environnements Construits Ouverts :

      ◦ Les maisons traditionnelles samoanes n'ont ni murs extérieurs ni murs intérieurs. L'espace est ouvert, avec des nattes en feuilles de cocotier pour l'ombre.   

      ◦ Les maisons sont regroupées en concessions familiales ouvertes et proches de la route principale, donnant accès aux conversations publiques.  

      ◦ Les interactions simultanées à l'intérieur et à l'extérieur de la maison sont courantes, et les habitants sont habitués à écouter plusieurs conversations à la fois.  

      ◦ En revanche, les maisons de style européen (coloniales), bien que prestigieuses, sont murées, rectangulaires et moins appréciées car elles limitent l'accès auditif et sont très chaudes.

      2. Alignements Corporels Orientés vers l'Extérieur :

      Nourrissons : Ils sont souvent "nichés" dans les bras d'un soignant (adulte ou aîné) de manière à faire face à l'extérieur, vers l'espace public et la communauté. Ils sont portés sur le dos, sur la hanche, ou assis devant le soignant, regardant dans la même direction que les autres participants.  

      Enfants plus âgés : Ils doivent s'asseoir en tailleur (ne pas montrer la plante des pieds) et observer activement les personnes à l'intérieur de la maison ainsi que celles sur la route depuis le bord de la maison. Leurs tâches (messagers, service, etc.) les rendent mobiles et actifs dans la communauté.  

      ◦ Le mot samoan pour "respect" (fa'aaloalo) est composé du préfixe fa'a et de alo, qui signifie "visage", impliquant l'idée de "se tourner vers l'autre".

      Hypothèses Socio-Économiques et Questions Ouvertes

      La professeure Ochs relie ces différents modes d'interaction à la structure économique de la famille.

      Le Modèle de la Continuité Familiale (ex: Samoa) :

      ◦ Les enfants sont élevés pour soutenir les ressources économiques partagées de la famille et assurer la continuité générationnelle des biens.  

      ◦ Dans ce contexte, "la famille a un investissement pour que l'enfant écoute". L'écoute est une compétence essentielle pour apprendre les dynamiques sociales et économiques du groupe.  

      ◦ Ce modèle favorise la participation de l'enfant en tant qu'auditeur dans des conversations multipartites.

      Le Modèle de l'Indépendance Individuelle (ex: familles néolibérales américaines) :

      ◦ Les enfants sont élevés pour devenir des individus économiquement indépendants, un héritage culturel où les droits de succession ont été abolis bien avant la révolution industrielle.    ◦ L'accent est mis sur le développement rapide de l'enfant en tant qu'individu, ce qui favorise les interactions dyadiques intenses et centrées sur l'enfant.

      Questions Centrales pour la Recherche Future

      La présentation se termine par une série de questions fondamentales :

      1. Les habitats (ouverts ou murés) et les orientations corporelles peuvent-ils influencer la phénoménologie de l'écoute dans la petite enfance ?

      2. Ces facteurs socioculturels agissent-ils comme des "amplificateurs culturels" ?

      Un habitat privé et clos amplifie-t-il l'écoute en tant qu'allocutaire dyadique, tandis qu'un habitat ouvert amplifie l'écoute en tant que participant secondaire ?

      3. Les études développementales actuelles n'examinent-elles qu'une "fraction des possibilités" en matière d'environnements et d'affordances pour l'écoute ?

  2. Mar 2025
    1. Briefing Document : Accessibilité de la méthodologie de recherche pour les élèves ayant des troubles des fonctions cognitives

      Source : Excerpts de la présentation "Session parallèle 5 : "Expérimenter les marges"..."

      Présentatrice : J., Maîtresse de conférences à l'Université de Caen, membre du CNEF et co-directrice du Laboratoire International pour l'Inclusion Scolaire.

      Thème principal : Réflexion sur la manière de rendre accessible la méthodologie de recherche, notamment à travers l'entretien biographique, pour permettre aux élèves ayant des troubles des fonctions cognitives (TFC) d'exprimer leur vision du monde et de se réapproprier leur parcours.

      Introduction et Contexte :

      • La présentation s'inscrit dans le prolongement du travail doctoral de J., soutenu en 2020, portant sur les dispositifs ULIS dans le second degré et l'accueil des élèves estampillés TFC. Cette catégorie est définie comme large et hétérogène, incluant des jeunes avec des troubles autistiques, des troubles multiples, une déficience intellectuelle, des troubles du comportement, et des situations où le diagnostic est moins clair. Le choix du second degré se justifie par la phase charnière entre la poursuite scolaire et l'insertion professionnelle. La préoccupation centrale est de donner la parole à ces jeunes pour qu'ils partagent leur propre perspective.

      • J. s'appuie sur l'approche des récits biographiques, en écho aux travaux de Lorim Mon Berger, comme moyen de recueillir leur parcours de vie et de formation. Elle qualifie ce public comme un "public à la communication entre", soulignant la nécessité d'une approche spécifique pour faciliter leur expression.

      Position et Posture de la Chercheuse :

      • L'expérience professionnelle antérieure de J. en tant qu'enseignante spécialisée, notamment dans le premier dispositif lycée professionnel accompagnant les jeunes de 18 à 22 ans, puis comme formatrice pour les enseignants spécialisés, influence sa posture actuelle de chercheuse. Cette trajectoire lui a permis d'endosser différentes postures (enseignante, conseillère, accompagnatrice), ce qui se ressent dans sa manière d'aborder la recherche et la prise en compte de la parole des jeunes.

      Préoccupations Centrales de la Recherche :

      J. expose trois préoccupations imbriquées :

      • Ne pas s'engager dans la "voix de la prise en charge de la parole du narrateur" : Il s'agit d'éviter un recueil de données superficiel où le jeune se contente de répéter ce qu'il pense devoir dire. L'objectif est d'aller au-delà et de permettre aux jeunes de retrouver une place dans le processus de recherche.
      • "moi ce que j'aimerais bien c'est vraiment me questionner sur comment on leur permettre de de retrouver une place"
      • Penser l'environnement de la rencontre et de l'entretien biographique : À l'image d'un enseignant qui aménage un environnement d'apprentissage, le chercheur doit concevoir un cadre propice à la relation et à l'échange dans le cadre de l'entretien biographique. Celui-ci vise à ce que le jeune mette en mots et en sens son parcours de vie pour envisager l'avenir.
      • "l'enseignant doit penser l'environnement d'apprentissage moi en tant que chercheur en fait je dois penser l'environnement de la rencontre en fait et particulièrement vis-à-vis de l'entretien biographique"
      • L'objectif n'est pas de vérifier la véracité des propos, mais de comprendre la perspective du jeune : "moi ce qui m'intéresse c'est voilà comment lui voit les choses comment il les interprète comment il les comprend et comment il me les rapporte c'est-à-dire qu'on est vraiment vraiment pas sur un jugement de valeur moi je prends les choses en fait telles qu'elles me sont tel qu'elles me sont"
      • Conséquences de l'engagement du chercheur dans l'accessibilisation de la relation et de l'espace d'échange : Cela conduit à la nécessité de définir un "environnement capacitant" (ou affordant), qui soit non délétère, prenne en compte les différences interindividuelles (anthropométrie, sexe, âge, culture, compensation des déficiences), et permette le développement de nouvelles connaissances et savoirs.
      • "quand je vais penser mes temps d'entretien il me faut que je puisse créer un environnement dit non délétaire pour l'individu avec cette idée que ça puisse le le préserver ses capacités d'action"
      • Cela implique de gérer le lieu, le stress, le timing, et d'adapter l'approche aux besoins spécifiques des jeunes ayant des difficultés de mémorisation, d'expression verbale, ou de passage de l'abstrait au concret.

      L'Importance de la Coconstruction :

      • La démarche prône une coconstruction de la recherche, allant au-delà d'une simple consultation. Il s'agit d'un cheminement où le chercheur se place aux côtés du jeune, se laissant guider et questionner, reconnaissant l'apport unique de sa perspective.

      Entraves à la Communication dans le Contexte de l'Entretien :

      • J. identifie plusieurs types d'entraves spécifiques à la situation d'entretien avec ces jeunes :

      • Aspects émotionnels : Stress, timidité, potentielle signification du vouvoiement initial comme marque d'importance.

      • Obstacles situationnels : Nature particulière du face-à-face avec un chercheur perçu comme sachant, habitude d'être systématiquement accompagné par un tiers (éducatif, familial, scolaire) entraînant des difficultés à se projeter et à parler en "je", manque d'habitude d'être regardé directement.
      • Aspects culturels et sociologiques : Manque de connaissance des droits et des processus de recherche impliquant les jeunes.
      • Conséquences des troubles ou du handicap : Difficultés à formuler, mémoriser, raconter, pouvant se traduire par un langage limité à des mots-clés.

      Questions Cruciales Concernant les Modalités d'Entretien :

      • Distance et proximité dans la relation : Nécessité d'une flexibilité méthodologique, pouvant aller de l'entretien directif au semi-directif, voire biographique, en fonction de la relation et des contraintes.
      • Distance et proximité du lieu de la rencontre : Importance du choix du lieu (établissement scolaire, domicile, etc.) en fonction du sentiment de sécurité et de confort du jeune.
      • Distance et proximité par rapport à la compréhension de leur propre parcours de vie : Adaptation à la manière dont le jeune perçoit son parcours (principalement scolaire ou plus large).
      • Distance et proximité des supports et outils : Adaptation de l'utilisation de supports (visuels, matériels, etc.) en fonction des besoins et des préférences du jeune.
      • "il y a une dose de flexibilité qui est qui est importante en fait pour pouvoir euh avoir on va dire un un retour un récit qui soit au plus proche de la réalité de la réalité du jeunne"

      Trois Exemples Illustratifs :

      • Nathanaël ou comment se réapproprier son parcours de vie : Un jeune initialement décrit comme peu loquace s'engage pleinement dans l'entretien réalisé à son domicile (choix du lieu et de l'heure, tenue soignée). Il valide ensuite la transcription en occultant les passages qu'il ne souhaite pas voir utilisés. Cet entretien a eu un "effet collatéral" inattendu : Nathanaël a pris la parole pour la première fois lors de son équipe de suivi de scolarisation, s'appropriant son parcours à travers le document créé et exprimant son ras-le-bol d'entendre les autres parler pour lui.
      • Fleur ou la première fois où elle va parler en "je" (majuscule) : Une jeune qui initialement déclare n'avoir rien à dire se révèle grâce à la mise à disposition de matériel (post-it, feutres). L'utilisation de ces supports déclenche le récit. À la fin de l'entretien, elle demande à ce qu'on utilise le prénom "Fleur" pour la désigner, marquant une distinction entre son image publique et sa véritable identité, révélant des choses jamais dites auparavant.
      • John et son père ou comment faire face au récit de son parcours sentiè protecteur : John exprime son agacement face à l'attitude surprotectrice des adultes qui l'accompagnent ("J'en ai pas besoin, je vais bien, faut arrêter de me prendre pour un gosse"). Son récit révèle une conscience de son potentiel et un désir d'autonomie qui n'étaient pas forcément perçus par son entourage. Le père de John, lors d'un entretien séparé, exprime également un sentiment de ne pas avoir été entendu concernant le parcours de son fils, soulignant une libération de la parole favorisée par le contexte de la recherche.

      Responsabilité du Chercheur (Conclusion et Points de Discussion) :

      Ces exemples soulignent la responsabilité du chercheur face aux effets parfois inattendus de la recherche. Il s'agit de prendre en considération la singularité des participants et d'accessibiliser l'environnement d'échange pour que leur parole puisse s'exprimer. Cela implique :

      Une méthodologie "en situation" qui s'ajuste à la qualité de l'échange. Une réflexion sur les "dommages collatéraux" ou "effets secondaires" de l'entretien (prise de parole nouvelle, remise en question du vécu, etc.).

      La question de la limite de la responsabilité du chercheur face aux conséquences de la prise de parole des participants.

      La présentatrice conclut en ouvrant la discussion et en sollicitant des pistes de réflexion et des questions sur ces enjeux importants de la recherche avec des publics dits vulnérables.

      Elle souligne la nécessité d'une approche flexible et attentive, reconnaissant que son expérience professionnelle antérieure est un atout fondamental dans cette démarche.

  3. Jan 2025
    1. Cette vidéo de Fouloscopie explore la propagation des rumeurs à travers plusieurs expériences. On observe d'abord la transmission déformée d'un geste simple, puis d'un dessin, illustrant comment l'information se simplifie et se distord au fur et à mesure qu'elle est transmise, perdant parfois son sens initial.

      L'expérience principale utilise une histoire issue des Mille et une nuits, modifiée pour introduire une dissonance cognitive, démontrant comment les participants modifient l'histoire pour la rendre plus familière et cohérente avec leurs propres biais culturels.

      Finalement, l'expérience des casquettes rouges illustre la propagation en réseau d'une information, analysée via le concept de "cascade de propagation", soulignant l'impact de l'organisation et de l'efficacité de la communication sur la transmission de l'information.

      Le but est de démontrer les mécanismes psychologiques et sociaux à l'œuvre dans la diffusion et la transformation des rumeurs.

      Voici un sommaire minuté de la vidéo "4 expériences sociales pour comprendre les RUMEURS" :

      0:00-2:50 : Introduction et première expérience : la chaîne de transmission gestuelle. * Cette expérience utilise un geste complexe qui se simplifie et se transforme à mesure qu'il est transmis entre les participants. * L'objectif est d'illustrer comment les rumeurs se propagent et se déforment. * Deux concepts clés sont introduits : la simplification et la distorsion de l'information. * Trois exemples de chaînes de transmission gestuelle sont montrés pour illustrer ces concepts.

      2:50-5:40 : Deuxième expérience : la chaîne de transmission avec un dessin. * Un dessin complexe est utilisé comme point de départ. * Deux hypothèses sont présentées : simplification vers un dessin minimaliste ou distorsion vers une nouvelle signification. * Le résultat de l'expérience montre une perte rapide de la signification d'origine et l'émergence d'une nouvelle signification stable (des chiffres). * Une deuxième chaîne de transmission avec un dessin différent confirme la tendance à la distorsion.

      5:40-9:10 : Troisième expérience : la chaîne de transmission verbale avec une histoire. * Introduction de Frederic Bartlett et de ses recherches sur les rumeurs. * Explication du concept de dissonance cognitive et de son influence sur la distorsion des informations. * Présentation de l'histoire des "Babouches d'Abou Kassem" adaptée pour l'expérience. * Mise en place de quatre chaînes de transmission pour l'histoire.

      9:10-12:00 : Analyse des résultats de la troisième expérience. * Décomposition de l'histoire en 23 unités d'information pour le suivi. * Présentation d'un diagramme pour visualiser la propagation et la déformation des informations. * Confirmation de la théorie de la simplification et de la distorsion de l'information. * Vérification de l'hypothèse de Frederic Bartlett sur la transformation de l'élément de surprise (le personnage féminin).

      12:00-16:45 : Quatrième expérience : la diffusion en réseau d'une histoire. * Introduction du concept de réseau de propagation et de sa rapidité. * Mise en place d'un défi de diffusion d'une histoire avec des casquettes rouges pour identifier les participants informés. * Introduction du concept de cascade de propagation et de sa profondeur. * Deuxième défi de diffusion avec une nouvelle histoire et analyse de la cascade de propagation. * Troisième défi de diffusion avec une organisation en groupes pour optimiser la propagation. * Quatrième défi de diffusion avec un focus sur la rapidité et la précision.

      16:45-17:40 : Conclusion et message principal de la vidéo. * Récapitulation du concept de cascade de propagation et de son importance pour la compréhension de la propagation des rumeurs. * Appel à la vigilance face aux informations trop simples ou sensationnelles et à la vérification des sources. * Remerciements et conclusion de la vidéo.

  4. Nov 2024
    1. chaîne YouTube "Avides de recherche" aborde plusieurs points clés. Voici un résumé détaillé avec les minutages :

      1. Introduction et contexte (0:00 - 1:00) :

      2. La vidéo commence par une introduction sur l'importance de la bienveillance et de la charité dans notre société.

      Les présentateurs expliquent pourquoi ils ont choisi ce sujet et ce qu'ils espèrent accomplir avec cette vidéo.

      1. Définition de la bienveillance (1:01 - 3:00) :

      2. La vidéo explore la définition de la bienveillance et comment elle se manifeste dans nos interactions quotidiennes.

      Les présentateurs discutent des différentes formes de bienveillance et de leur impact sur les relations humaines.

      1. Exemples de bienveillance (3:01 - 7:00) :

      2. Plusieurs exemples concrets de bienveillance sont présentés, allant des petits gestes quotidiens aux actions plus significatives.

      Les présentateurs partagent des histoires inspirantes de personnes qui ont fait preuve de bienveillance dans des situations difficiles.

      1. Impact de la bienveillance sur la société (7:01 - 12:00) :

      2. La vidéo examine comment la bienveillance peut transformer les communautés et améliorer la qualité de vie.

      Les présentateurs discutent des études et des recherches qui montrent les effets positifs de la bienveillance sur la santé mentale et le bien-être général.

      1. Appel à l'action (12:01 - fin) :

      2. La vidéo se termine par un appel à l'action, encourageant les spectateurs à intégrer plus de bienveillance dans leur vie quotidienne.

      Les présentateurs offrent des conseils pratiques sur la façon de pratiquer la bienveillance et de faire une différence dans leur communauté.

      Pour plus de détails, vous pouvez regarder la vidéo sur YouTube.

  5. Dec 2018
    1. Le commerce de l’échange savant dont les règles, les formes et les lieux peuvent être mis en cartes produit diverses sortes de validations qui permettent à leurs bénéficiaires d’entrer dans la négociation de situations matérielles : l’expression République des Lettres couvre, et mêle tout à la fois ces formes, ces lieux et un bon nombre de ces situations. Alors que l’échange et la validation des savoirs par les institutions académiques sont soumis à des conditions d’accès étroites et à des délais de publication encore plus longs pour les mémoires reçus par les sociétés que pour ceux de leurs propres membres, les périodiques savants s’ouvrent à des contributions d’origines très diverses qu’ils publient rapidement.

      cohabitation et complémentarité des formes de communication savante (voir l'intervention de Judith). Le périodique apparaît comme une ouverture.