Briefing Document : Analyse des Thèmes Clés de l'Entretien avec Philippe Meirieu
Source : Excerpts de l'entretien "Echange avec...Philippe Meirieu"
Date : 2025
Introduction :
Cet entretien avec Philippe Meirieu, figure importante de la pédagogie en France, offre une analyse critique du système éducatif actuel et propose des pistes de réflexion pour son amélioration.
En s'appuyant sur son expérience personnelle d'enseignant et de chercheur, Meirieu aborde des thèmes fondamentaux tels que le sens de l'école, la formation des enseignants, la place de la culture, le rapport au savoir, les enjeux démocratiques, la question de la norme, le recrutement des enseignants et la nécessité d'un continuum éducatif.
Ce document synthétise les principaux thèmes et idées exprimés, en incluant des citations significatives de l'entretien.
Thèmes et Idées Principales :
1. La Genèse d'une Réflexion Pédagogique à Partir des Difficultés du Terrain :
Meirieu ancre sa réflexion dans ses expériences शुरुआती d'enseignant, confronté aux résistances des élèves et à la complexité de la transmission du savoir.
Cette confrontation l'a conduit à une démarche de "enseignant chercheur" :
"moi si j'avais à à décrire mon histoire je partirai de mes premières expériences de d'enseignant de professeur moi j'ai commencé comme professeur de philo ensuite j'ai été untite ensuite j'étais prof de collège et chaque fois je me suis trouvé face à un certain nombre de difficultés je me suis trouvé face à des élèves qui résistaient face à des élèves qui avaient pas nécessairement envie d'apprendre ce que je leur enseignais au moment où je leur enseignais et et je me suis construit au sens propre du terme comme un enseignant chercheur c'est-à-dire comme quelqu'un qui va chercher de quoi résoudre les questions qui se posent à lui dans la pratique voilà"
Il souligne l'importance de considérer la résistance des élèves comme un moteur de compréhension et d'amélioration de l'enseignement, à l'image de la résistance électrique qui produit de la lumière.
"investiguer la résistance des autres à mon enseignement moi je dis toujours c'est une image un peu facile peut-être mais que la résistance il faut prendre ce terme au sens quasiment de l'ampoule électrique dans l'ampoule électrique il y a une résistance cette résistance empêche de passer le courant mais aussiel est clair et moi ce qui m'a aidé à travailler à chercher c'est mes difficultés c'est mes difficultés quotidiennes et c'est à partir de mes difficultés que j'ai construit mon travail"
2. La Perte de Cap et de Finalités dans le Système Éducatif Actuel :
Meirieu déplore un manque de vision claire et de finalités politiques fortes pour l'école, comparant les réformes actuelles à une réparation constante de la "machine" sans se soucier de sa destination. Il cite Jean Zay et Alain Savary comme des ministres ayant su impulser des perspectives globales.
"ce que je trouve de dommage aujourd'hui c'est que on répare en permanence la machine comme on dirions-nous on est en permanence à à raccorder des tuyaux on est dans dans la cale du paquebo à à regarder si on peut pas améliorer la rentabilité de tel ou tel système sans se demander où va le paquebo [...] il semble que les grands ministres de l'éducation sont ceux qui ont su certes rentrer dans la machine mais aussi donner des perspectives donner des axes fort ce qu'a fait Jané ce qu'a fait ensuite quelqu'un comme Alain Savari"
Il insiste sur la nécessité pour les dirigeants de définir clairement les fondements et les finalités du système éducatif.
3. La Pauvreté du Débat Public sur l'Éducation :
Meirieu critique la superficialité du débat actuel, souvent réduit à des slogans et à des mesures ponctuelles (uniforme, résultats PISA, restauration de l'autorité) sans aborder les questions de fond.
Il regrette l'absence de débat intelligent sur les enjeux éducatifs, illustrée par le traitement réducteur de la question du numérique et des écrans.
"moi d'abord je suis frappé par l'extrême pauvreté du débat sur l'éducation en France une pauvreté qui est absolument indigne d'un pays comme la France qui a une histoire sur le plan éducatif qui est une histoire fantastique formidable [...] et je trouve que au regard de cette histoire on parle un peu de l'uniforme de temps en temps comme ça sous forme d'une bouffée médiatique on parle parfois des résultats de PISA on parle un peu de la restauration de l'autorité mais tout ça me semble relever plutôt de l'écume des slogans et et ne pas réellement mettre en débat en débat public en débat intelligent ces questions de l'éducation"
Il propose d'organiser une convention citoyenne pour relancer un débat de fond et souligne la nécessité d'intégrer l'histoire de la pensée éducative dans la formation des enseignants.
"je crois qu'une convention citoyenne serait bien adaptée à condition que évidemment on tienne compte de ce qu'elle dit on tient compte de ses de ses préconisations oui bien sûr je je suis convaincu que dans la formation initiale et continue des enseignants il faudrait introduire toute une histoire et une acculturation au débat sur l'école et sur l'éducation"
4. Les Nouveaux Défis Éducatifs Face aux Évolutions Sociétales :
Meirieu met en lumière les défis inédits auxquels l'éducation est confrontée, tels que la menace sur la démocratie, la remise en cause de la notion de vérité (fake news), et la nécessité de travailler sur le collectif face à la montée de l'individualisme et du communautarisme.
Il appelle à repenser le rôle de l'éducation à la lumière de la philosophie politique.
"il me semble que que chaque génération et celle la nottre en particulier se trouve en face de défi éducatif nouveau il se trouve que la démocratie aujourd'hui on le voit bien est menacée alors qu'on considérait depuis longtemps que c'était un régime solidement établie on voit que la notion de vérité elle-même est remise en cause à travers euh les fake news les réseaux sociaux on voit que la notion de collectif doit être travaillée on assiste aujourd'hui à une monté quand même à la fois de l'individuali sme et puis de du communautarisme toutes ces questions-là il faut les les repenser à la lumière de la philosophie politique et les repenser en se posant la question de ce que l'éducation peut faire par rapport à ça"
5. La Distinction Fondamentale entre les "Fondations" et les "Fondements" de l'École :
Meirieu reprend la distinction de Ferdinand Buisson entre les savoirs techniques de base ("lire, écrire, compter" - les fondations) et le sens et les finalités de l'éducation (les fondements).
Il critique une focalisation excessive sur les fondations au détriment des fondements, privant les apprentissages de leur dimension émancipatrice.
"déjà Ferdinand Buisson qui est le le grand penseur de de l'école républicaine à l'époque de Jul ferie distingué dans les fondamentaux ce qu'il appelait les les fondations et les fondements hein une maison ça a besoin de fondation il faut des fondations faut que dans la terre il y ait un peu de béton qu'on creuse qu'on stabilise ça ce sont les fondations c'est technique ça c'est le lire écrire compté mais les fondations sont pas le fondement une maison son fondement c'est ce qu'on va en faire c'est qui va l'habiter à quoi elle va servir et ça réellement on ne se le pose pas comme question"
Il illustre cela avec l'enseignement de la lecture et de l'écriture, souvent réduit à l'acquisition de techniques sans explorer leur pouvoir de libération.
6. La Nécessité d'un "Idéal d'École" Sans Tomber dans l'"École Idéale" Utopique :
Meirieu emprunte une distinction à la psychanalyse pour distinguer le "moi idéal" de l'"idéal du moi".
Il transpose cette idée à l'école, plaidant pour un "idéal d'école" qui motive l'action et le progrès, sans chercher à créer des "écoles idéales" marginales et coupées de la réalité du système global.
"on peut soit rêver à l'école idéale et à ce moment-là on va construire des établissements marginaux et on va éventuellement créer une école hor contrat où on va entre nous réaliser les pratiques qui sont des pratique parfaite en se cooptant et en a ayant que des élèves qui sont à la fois volontaires et mobilisés ça c'est l'école idéale et moi je crois pas à l'école idéale mais je crois qu'il faut avoir un idéal d'école c'est-à-dire il faut être mu par un idéal d'école il faut pas euh aller chercher à à créer des écoles idéales"
7. La Question de la Culture à l'École : Porte d'Entrée vs. Arrivée :
Meirieu aborde la tension entre la culture académique traditionnelle et la culture des jeunes. Il propose une approche pragmatique, considérant la culture des élèves comme une possible "porte d'entrée" vers des apprentissages plus approfondis, à condition de ne pas s'y limiter et de maintenir l'exigence intellectuelle.
"moi j'ai toujours été très partagé là-dessus je pense qu'il y a des situations où il est extrêmement difficile d'imposer la culture académique traditionnelle à des jeunes pour qui cette culture est totalement étrangère et que donc on peut dans ces situationsl partir de la culture qui est la l'heure mais partir ne veut pas dire y rester voilà pour moi [...] je dirais ne confondons pas la porte d'entrée et l'arrivée"
Il insiste sur la nécessité de placer l'exigence, l'approfondissement et le dépassement au cœur des pratiques pédagogiques.
8. La Redéfinition des "Savoirs Fondamentaux" :
Meirieu remet en cause l'idée que "lire, écrire, compter" constituent les seuls savoirs fondamentaux.
Il met l'accent sur des compétences transversales essentielles telles que la réflexivité, la capacité à ne pas se laisser influencer, la disponibilité à l'altérité et un certain rapport au savoir.
"d'abord moi je remets réellement en cause l'idée que compter sont des savoirs fondamentaux ce sont des savoirsfaire nécessaires mais ce qui est fondamental c'est pas ça ce qui est fondamental c'est le surc à l'acte et la réflexivité ce qui est fondamental c'est de ne pas se laisser embarquer et mettre sous emprise ce qui est fondamental c'est d'être disponible à l'altérité et capable d'entendre l'autre dans ce qu'il a à me dire et pas simplement de le détruire s'il me contredit"
Il insiste sur l'importance de transmettre à travers les savoirs une exigence de recherche, d'investigation et de vérité, soulignant que si l'enseignement se réduisait à la transmission d'informations, l'intelligence artificielle surpasserait rapidement les enseignants.
9. L'"Entrée dans l'Écrit" plutôt que le Simple "Lire-Écrire" :
Meirieu préfère parler d'"entrer dans l'écrit" pour souligner la découverte par l'enfant de ce que l'écrit apporte en termes d'émancipation (mémoire, espace, temps), plutôt que de se limiter à l'apprentissage technique du lire et de l'écrire.
"moi je crois que il faut parler d'entrer dans l'écrit pas de lire écrire parce que d'abord la simple distinction lire écrire est une e distinction qui peut être discutée on peut parfaitement dire à juste titre d'ailleurs que pour lire il faut que des gens aent écrit avant et donc l'écrit précède le lire et en fait on sait que pour chaque enfant aussi l'écrit précède le lire c'estàdire le fait de construire du sens à travers des signes précède le décryptage c'est pour ça que je parle moi d'entrer dans l'écrit c'est-à-dire de découverte de ce que l'écrit apporte à l'humain en terme d'émancipation"
10. L'Importance d'Intégrer l'Épistémologie et l'Anthropologie dans l'Enseignement :
Meirieu plaide pour une intégration de l'épistémologie (histoire et fondements des savoirs) et de l'anthropologie (sens pour l'humain) dans l'enseignement de chaque discipline.
Il propose d'enseigner chaque discipline "comme histoire", à la fois la grande histoire de sa construction et comme un récit (narrativité) pour faciliter l'entrée des élèves dans la connaissance.
"on peut penser un enseignement qui intègre l'épistémologie moi j'ai eu l'occasion de de travailler quand j'étais au Conseil supérieur des programmes un peu d'une autre manière plutôt que que de d'enseigner de l'épistémologie et d'en faire une sorte de discipline supplémentaire intégrer la dimension historique et anthropologique de chaque discipline dans l'enseignement de cette discipline j'avais même dit à un moment enseigner toute discipline comme histoire"
Il illustre cela avec l'exemple de l'EPS et de la question du rapport au corps, ou encore avec l'histoire des sciences.
11. La Nécessité de Prendre en Compte l'Élève dans sa Globalité (Corps et Esprit) :
Meirieu critique l'"idéalisme" de l'enseignement français qui tend à considérer l'élève comme un pur esprit, ignorant son histoire, sa corporéité et son environnement. Il souligne l'importance du rapport à l'espace, des rituels et des "dispositifs attentionnels" pour favoriser la posture mentale nécessaire à l'apprentissage.
"je crois que l'enseignement français un de ces principaux défauts c'est son idéalisme c'est-à-dire l'idée que un élève est un pur esprit et que finalement on s'adresse à lui simplement à la partie de lui qui est entre les sourcils et et les cheveux à son cerveau indépendamment et encore un cerveau très idéalisé qui est plutôt le cerveau épistémique tel que le décrit piagé on s'adresse à lui indépend endamment de toute son histoire de toute sa corporéité et de tout son environnement à mon avis ça c'est une erreur fondamentale"
Il insiste sur la nécessité pour l'ensemble de l'école de travailler sur le corps, les postures et la manière d'entrer dans l'espace d'apprentissage.
12. La Distinction entre Normalisation et Normativité :
Concernant la question de l'uniforme et plus généralement des normes, Meirieu rappelle la distinction de Georges Canguilhem entre la normalisation (uniformisation, potentiellement arbitraire et mortifère) et la normativité (ce qui est construit par un collectif pour assurer son fonctionnement). Il plaide pour une école qui fasse découvrir la normativité plutôt que d'imposer une normalisation.
"moi quand on me parle de la question de la norme norme vestimentaire norme comportemental normes cognitiv j'interroge toujours comme le faisait georgees kanguilem pour savoir s'il s'agit de la normalisation ou de la normativité et ça c'est une distinction qui me paraît absolument fondamentale la norm la normalisation dit Quang guilem c'est tout le monde pareil et Quang guilem qui était philosophe mais aussi biologiste dit la normalisation c'est toutes les cellules identiques c'est le cancer je ne veux voir qu'une tête tout le monde est pareil et c'est arbitraire la normativité dit quand qu'il aime c'est ce qui est construit par un collectif pour assurer la des personnes ensemble c'est-à-dire ce qui est nécessaire pour que les individus en commun puissent effectuer le travail qu'ils ont à faire"
13. La Crise du Recrutement des Enseignants et la Perte de Sens du Métier :
Meirieu exprime sa vive préoccupation face aux difficultés de recrutement, soulignant que la question salariale n'est pas la seule en cause. Il évoque le manque de clarté des finalités, la transformation de l'institution en un "service" avec des parents "clients", la technocratisation du métier et le sentiment pour les enseignants d'être des exécutants plutôt que des concepteurs.
"oui moi je suis extrêmement préoccupé par les difficultés de recrutement aujourd'hui du corp enseignant euh une société qui n'est pas capable de mobiliser sa jeunesse sur l'avenir sur les jeunes générations est une société qui doit quand même s'interroger mais je ne crois pas que la question salariale soit la seule elle est importante hein la France a pris un très gros retard sur la reconnaissance salariale des enseignants mais c'est pas la seule je pense qu'il y a d'autres d'autres dimensions qui jouent en particulier euh le manque de clarté des finalités"
Il décrit un climat de "dépression" inédit au sein de la profession, lié à une perte de sens et à une dévalorisation symbolique du rôle de l'éducation dans la société.
14. La Complexité de la Transmission du Savoir et la Nécessité de la Formation Continue :
Meirieu insiste sur la différence entre la passion pour une discipline et la passion pour son enseignement, soulignant que la formation doit aider les enseignants à opérer ce basculement et à comprendre les résistances des élèves. Il propose des initiatives de formation croisée entre disciplines pour favoriser cette prise de conscience.
"c'est compliqué un enseignant de mathématique en collège ou au lycée c'est quelqu'un qui va devoir assumer un passage déterminant il va devoir passer de la passion des mathématiques à la passion de l'enseignement des mathématiques c'e st un basculement et c'est un basculement que parfois certains collègues ne parviennent pas à faire et s'ils ne parviennent pas à faire ce basculement ils ne rentrent pas dans l'enseignement des maths ils sont figés sur l'idée que ceux qui ne réussissent pas sont des incapables des feignants ils ne comprennent pas qu'on ne comprennent pas ils ne comprennent pas qu'on ne s'intéresse pas ils ne sont pas capables d'examiner les résistances à leur propre enseignement sous l'angle positif hein pour améliorer cet enseignement"
15. Plaidoyer pour une "École du Commun" avec des Transitions Douces entre les Cycles :
Meirieu appelle à penser l'école de la scolarité obligatoire (3-16 ans) comme une "école du commun", axée sur l'apprentissage de ce qui est essentiel à tous, et organisée avec des transitions progressives plutôt que des ruptures brutales, notamment entre le CM2 et la 6ème.
"oui je crois qu'on aurait tout intérêt à à penser en terme d'école fondamental d'école de la scolarité obligatoire dans l'instruction obligatoire l'école de 3 à 16 ans et et la pensée comme étant alors non pas l'école unique qui a fait l'objet d'un d'un gros travail historique mais l'école du commun l'école où on apprend ce qui va faire à tous et et la pensée avec des transitions et non pas des ruptures"
Il propose de limiter le nombre d'enseignants par élève en 6ème et 5ème et de favoriser la création d'"unités pédagogiques fonctionnelles". Il suggère également de s'appuyer sur les professeurs volontaires pour la bivalence.
16. La Nécessité d'un Continuum Éducatif et du Rôle des Tiers-Lieux :
Meirieu insiste sur le fait que l'école ne peut pas être la seule instance éducative et plaide pour un continuum éducatif plus large intégrant la famille et les "tiers-lieux" (éducation populaire, associations, etc.). Il rappelle l'importance de l'éducation familiale et du secteur des loisirs (aujourd'hui trop marchandisé) dans le développement de l'enfant et de l'adolescent.
"moi je crois que l'école est évidemment un lieu fondateur fondateur de la République et de la démocratie puisque c'est le lieu où des enfants avec des trajectoires différentes avec des des histoires différentes avec des cultures différentes et singulières viennent partager les mêmes savoirs et ce ce cette espèce de mouvement ou des singularités se confrontent pour partager des savoirs communs est fondateur de notre faire ensemble de notre faire ensemble société et je pense qu'à cet égard l'école ne peut pas être la seule à faire cela et un des enjeu me semble-t-il aujourd'hui c'est de resituer l'école dans un continuum éducatif plus large"
17. Le Rôle Ambivalent des Syndicats et la Nécessité d'Alliances avec les Parents :
Meirieu reconnaît la tension au sein des syndicats entre la défense des intérêts corporatistes et celle du bien commun de l'éducation. Il appelle à une réflexion sur l'avenir de l'école intégrant tous les partenaires (syndicats, confédérations, parents d'élèves, élus locaux). Il insiste particulièrement sur la nécessité pour les enseignants de construire une alliance avec les parents face aux politiques qui tendent à les opposer.
"oui je crois que les syndicats sont partagés tous les syndicats plus ou moins et de manière très différenciée sont partagés entre une forme de défense des intérêts corporatistes et une forme de défense du bien commun de l'avenir de l'institution éducative et de l'avenir de l'éducation au sens le plus global du terme [...] moi je dis depuis déjà plusieurs années au sindicat à quel point il faut construire une alliance avec les parents parce que les politiques depuis presque 30 ans jouent les parents contre les profs"
18. Agir sur Plusieurs Segments pour une Éducation Émancipatrice, Égalitaire et Solidaire :
Pour Meirieu, améliorer l'éducation nécessite d'agir simultanément sur plusieurs fronts : ce qui se passe avant l'école (langage, éducation familiale), une véritable refondation de l'éducation prioritaire, une amélioration de la formation des enseignants et une qualité du débat public sur l'éducation.
"je pense que travailler à l'avenir d'une éducation à la fois émancipatrice égalitaire et solidaire nécessite de s'intéresser simultanément à à plusieurs segments d'abord il faut s'intéresser à ce qui se passe avant l'école on sait qu'un élève qui entre en en petite section peut posséder 600 mots ou 5000 mots [...] il faut s'intéresser à l'éducation familiale aussi on n pas en France de recherches suffisantes dans ce domaine [...] je pense qu'il faut aussi travailler sur une vraie reondme de l'éducation dite prioritaire [...] le troisème aspect bien sûr c'est la formation des enseignants"
Il insiste sur le rôle essentiel de l'éducation populaire et la nécessité de la soustraire à la seule sphère marchande.
19. Suggestions de Lectures Essentielles :
En conclusion, Meirieu partage une liste de lectures qui ont marqué son parcours et qu'il recommande aux enseignants et éducateurs :
Lettre à une maîtresse d'école des enfants de Barbiana (rééditée sous le titre Lettre à une institutrice)
Textes de Célestin Freinet (notamment les Invariants pédagogiques)
Comment aimer un enfant de Janusz Korczak
Ouvrages d'Olivier Reboul sur la philosophie de l'éducation
Ouvrages de Daniel Hameline
Littérature en général, notamment américaine (Russell Banks)
Conclusion :
L'entretien avec Philippe Meirieu offre une perspective riche et nuancée sur les défis et les enjeux de l'éducation en France.
Son analyse, ancrée dans l'expérience et nourrie par une profonde réflexion philosophique et pédagogique, met en lumière la nécessité d'une vision renouvelée, d'un débat public de qualité et d'une action concertée sur de multiples fronts pour construire une école véritablement émancipatrice, égalitaire et solidaire.
Ses recommandations insistent sur l'importance de redonner du sens au métier d'enseignant, de prendre en compte l'élève dans sa globalité, de dépasser les approches technicistes et de réintégrer l'école dans un continuum éducatif plus vaste.