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    1. Note de synthèse : Les formes de la violence et le témoignage

      Ce document de synthèse explore les différentes formes et fonctions du témoignage face à la violence, en s'appuyant sur l'analyse de Didier Fassin dans "Les formes de la violence (8)".

      Il met en lumière l'importance de l'attestation de la violence, les diverses figures du témoin, les défis de sa représentation, et l'émergence de nouvelles médiations technologiques pour révéler la vérité.

      I. L'attestation de la violence : une urgence face à l'invisibilisation

      La raison d'être la plus commune de l'écriture et de la représentation de la violence est de l'attester, une urgence d'autant plus grande que la réalité est invisibilisée. L'auteur cite deux exemples contemporains de cette invisibilisation et des tentatives d'attestation :

      La violence coloniale française en Algérie : Malgré une loi de 2005 qui "oblige les programmes scolaires... à reconnaître le rôle positif de la présence française outre-mer", des travaux comme celui d'Alain Ruot (2024) dans "La première guerre en Algérie" rappellent les "spoliations de terre, les déplacements de population, les massacres de villageois, les enfumades de grottes, les centaines de milliers de morts surtout des civils" perpétrées par le corps expéditionnaire français.

      L'expulsion des Palestiniens (la Nakba) : L'expulsion de "750 000 Palestiniens, soit environ la moitié de la population arabe de ce territoire", qui a entraîné la "destruction de villages et dans certains cas du meurtre de leurs habitants", a longtemps été ignorée.

      Le film "Partition" (2025) de Dana Alan, prolongeant son ouvrage "Voices of the Nagba", vise à "restituer l'expérience de l'enagbactrale à travers les archives coloniales du mandat britannique" et les récits des Palestiniens.

      Ces entreprises visent à attester ce que les nations ont "enfoui souvent dans les profondeurs de l'oubli".

      Si les auteurs de violence peuvent avoir intérêt à la montrer pour "la jouissance de l'exercice de la force à la production d'un régime de terreur", ils ont souvent "un intérêt plus grand encore à la dissimuler, à la déguiser, à la nier" pour éviter la condamnation ou la sanction.

      Dans ces cas, il est crucial pour les victimes, leurs proches, et les "entrepreneurs de justice" (avocats, militants des droits humains, chercheurs) d'apporter la preuve de la violence, ses circonstances et ses responsables.

      "Attester la violence c'est donc combattre le déni, l'occultation, le mensonge, le révisionnisme historique. Attester la violence c'est emporter témoignage, c'est sans faire le témoin."

      II. Les figures du témoin : entre objectivité et subjectivité S'appuyant sur Émile Benveniste, l'auteur distingue deux conceptions du témoin, principalement à travers le latin :

      Testis : "celui qui assiste entière à une affaire où deux personnages sont intéressés ayant été présent au moment où les faits se sont produits".

      Sa parole "peut être utilisé pour trancher un litige à condition qu'il soit établi qu'il n'était pas lui-même partie prenante". Le testis est extérieur à la scène, son observation est présumée objective.

      Superstess : "décrit le témoin comme celui qui subsiste au-delà, témoin en même temps que survivant".

      Son témoignage est autorisé par le fait d'avoir "vécu lui-même les faits notamment lorsqu'il s'implique un danger ou une épreuve et d'avoir survécu à ce péril".

      Le superstess est la victime, son récit est nécessairement subjectif, mais non insoupçon.

      Cette distinction est mise à l'épreuve par la littérature sur la Shoah.

      A. Le défi du témoignage face à la dissimulation nazie

      L'histoire de l'extermination des Juifs et des Roms n'est pas quelque chose dont les nazis se vantaient, mais qu'ils ont cherché à dissimuler, y compris "vis-à-vis du peuple allemand et vis-à-vis d'eux-mêmes".

      Hannah Arendt, dans "Eichmann à Jérusalem", souligne l'usage d'un "langage codé" ou "règles de langage" qui étaient "dans le parler ordinaire... un mensonge", pour euphémiser les crimes : "solution finale", "traitement spécial", "évacuation".

      L'effet de ce système de langage n'était pas "d'empêcher les gens de savoir ce qu'ils faisaient, mais de les empêcher de mettre leurs actes en rapport avec leur ancienne notion normale du meurtre et du mensonge, en somme de rendre mentalement acceptable ce qui aurait pu leur paraître moralement intolérable."

      Pierre Vidal-Naquet ajoute que ce langage codé a facilité le négationnisme ultérieur.

      Les nazis, conscients de ce qui allait se passer, avertissaient cyniquement les prisonniers : "De quelque façon que cette guerre se finisse, nous l'avons déjà gagné contre vous ; aucun d'entre vous ne restera pour porter témoignage.

      Mais même si quelques-uns en réchappaient, le monde ne les croira pas, il n'y aura pas de certitude, car nous détruirons les preuves en vous détruisant." (Primo Levi, "Les naufragés et les rescapés").

      Cette peur du non-crédit a hanté les survivants, qui ont souvent raconté un cauchemar récurrent où leurs proches ne les croyaient pas.

      D'où l'importance vitale du témoignage, comme l'exprime Robert Antelme : "nous voulions parler, être entendu enfin".

      B. La complexité du témoignage des survivants (Superstess/Testis)

      Primo Levi, en écrivant "Si c'est un homme", cherchait à "attester" son expérience.

      Cependant, il exprime une profonde gêne, estimant que "nous les survivants ne sommes pas les vrais témoins... car nous sommes ceux qui grâce à la prévarication, l'habileté ou la chance, n'ont pas touché le fond."

      Les "musulmans" (ceux tellement affaiblis qu'ils étaient voués à mourir) sont les "témoins intégraux".

      La réflexion de Levi met à l'épreuve la distinction testis/superstess :

      • Il est un superstess incontestable, ayant survécu à l'impensable et décrivant l'insulte de la "démolition d'un homme".
      • Mais il est aussi un testis, conscient de ne jamais pouvoir restituer l'expérience de ceux qui ont été dévorés, et pour qui il parle "à leur place, par délégation".

      L'exemple d'Urbinec, l'enfant paralysé et mutique à Auschwitz, dont la "nécessité de parler jaillissait dans son regard avec une force explosive", et dont Primo Levi écrit "il témoigne à travers mes paroles", illustre cette réconciliation tragique des deux figures : "le superstès devenu testis sauve du néant la mémoire du petit garçon."

      C. Diversité des styles et temporalités du témoignage

      Les récits des survivants du génocide adoptent des styles et des temporalités variés :

      • Témoignage immédiat : David Rousset ("L'univers concentrationnaire", 1946) rencontre un succès rapide malgré la réticence des sociétés européennes, peut-être grâce à une "forme de recherche esthétique" créant une distance "qui neutralise les émotions".

      Son écriture est "austère et ironique", utilisant "des formules elliptiques et tranchantes, parfois caustiques et troublantes."

      • Témoignage différé : Charlotte Delbo ("Aucun de nous ne reviendra", 1965), écrit un premier brouillon après sa sortie, puis le reprend 20 ans plus tard. Elle commence par la scène collective des arrivées de trains, utilisant des phrases courtes et des images fortes pour dire "l'inconcevable".

      • Anti-mémoire : Imre Kertész ("Être et destin", 1985) adopte le regard "naïf déconcerté" d'un adolescent, décrivant la découverte progressive de l'horreur des camps, comme "l'odeur... doucâtre, en quelque sorte gluante" du crématorium.

      Il décrit la "détérioration physique" sans pathos, et même un "désir sourd" de vivre au moment du "tri final des mourants".

      • Méfiance et refus d'enfermement : Ruth Kluger ("Refus de témoigner. Une jeunesse", 1992) écrit pour exprimer sa méfiance face à la multiplication des témoignages et son refus d'être réduite à sa condition de déportée.

      • L'expérience des victimes du nazisme est à la fois "spécifique" (partir d'un vécu individuel) et "indéterminée" (nécessité de trouver les mots et la forme face à "l'incommunicabilité abyssale").

      Pour l'immense majorité des survivants, il faut "accepter de n'être ni superstès ni testice et donc se taire."

      III. Autres figures du témoin et médiations

      A. Auctor et Histor : l'autorité et la connaissance

      Auctor (latin) : "celui qui augmente la confiance, le garant, la source et donc l'autorité" et "celui qui pousse à agir, l'instigateur, le créateur et donc l'auteur".

      Le crédit est le fondement de son témoignage.

      Histor (grec) : "celui qui sait, qui connaît... l'historien". L'enquête est le fondement de son témoignage.

      Ces figures n'ont pas vécu les faits mais peuvent en être les garants. Les historiens contemporains "réunissent souvent les deux dimensions", bénéficiant du "crédit de leur discipline" et s'appuyant sur des "enquêtes menées dans des archives ou par des entretiens".

      L'exemple de Jean Hatzfeld et son livre "Dans le nu de la vie" (2000) sur le génocide rwandais illustre l'auctor.

      Il rassemble des récits de survivants, s'autorisant à les convaincre de parler malgré leur réticence.

      Journaliste et écrivain, il utilise sa double autorité pour "attester ce qu'a été et ce qu'est encore... l'expérience de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui ont vécu le massacre."

      Bien que les récits soient rédigés à la première personne, ils sont "entièrement écrits par une troisième personne, l'auteur."

      • L'histore est illustré par les chercheurs en sciences sociales qui restituent et interprètent les faits en s'appuyant sur des "archives nationales ou étrangères, des jugements rendus par des juridictions internationales, des articles de journaux locaux, des entretiens avec des personnes occupant des positions différentes, des observations de procès".

      Les travaux de Mahmoud Mamdani ("When Victims Become Killers", 2001) interprètent le génocide rwandais à la lumière de l'histoire coloniale, distinguant le génocide conduit par les "settlers" (colons) et celui par les "natives" (indigènes).

      Hélène Dumas ("Le génocide au village", 2014) se concentre sur la "mécanique microlocale des violences", montrant que le génocide est "une affaire de voisins et de parents" et que les génocidaires "éprouvent une jouissance dans la souffrance et l'humiliation de leurs victimes."

      Beata Umubyeyi Mairesse ("Le convoi", 2024), une survivante du génocide rwandais, se distingue par sa réflexivité et son intégrité.

      Elle est à la fois superstess, racontant sa survie, et testis, décrivant ce qu'elle a vu.

      Elle se fait également historienne de son histoire, explorant des archives et conduisant des entretiens, mais "elle répugne à faire acte d'autorité," refusant d'être l'auctor.

      B. Martous : le témoin-martyr

      En grec ancien, "Martous" signifie le témoin, mais aussi, plus spécifiquement dans la Bible, le "témoin de Dieu", c'est-à-dire le martyr, celui qui "a accepté de mourir pour attester de sa croyance".

      Giorgio Agamben ("Ce qui reste d'Auschwitz", 1998) note que le martyre chrétien a dû "justifier le scandale d'une mort insensée".

      Le "shaï" arabe a un sens similaire, désignant à la fois le témoin et le martyr.

      En Palestine, la figure du shaïd s'est développée comme "ciment de l'unité nationale".

      Le shaïd peut être une victime tuée "sans l'avoir choisi" ou un combattant qui s'est exposé "volontairement pour la cause de son peuple".

      Ce dédoublement transforme le sens du martyre, l'étendant du "sacrifice librement consenti à la mort subie", et du "strictement religieux au politique".

      "Tout palestinien abattu ou exécuté par les Israéliens est un shaïd qui par sa mort dans un affrontement inégal atteste son appartenance à sa communauté et témoigne de la brutalisation de l'ennemi."

      Pour les martyrs palestiniens, le sacrifice ou la mort est une réponse à une "vie impossible à quoi la mort viendrait tragiquement redonner du sens".

      L'auteur cite la photojournaliste Fatima Assuna : "Quant à la mort qui est inévitable, si je meurs, je veux une mort retentissante, je ne veux pas être une simple brève dans un flash info ni un chiffre parmi d'autres, je veux une mort dont le monde entier entendra parler, une empreinte qui restera à jamais, des émotions, des images immortelles que ni le temps ni l'espace ne pourront enterrer."

      IV. Les médiations technologiques du témoignage

      Le témoignage ne s'exprime pas seulement par la parole, l'écrit ou le corps (dans le cas du martyr), mais aussi par des "médiations dans lesquelles les technologies peuvent être mobilisées".

      L'exemple le plus innovant est Forensic Architecture (fondée en 2010 par Eyal Weizman), une agence qui développe des "techniques, méthodes et concepts pour conduire des investigations sur la violence d'État et la violence en entreprise".

      • En combinant "l'imagerie spatiale par satellite, les caméras de surveillance, les enregistrements audio et vidéo, les témoignages individuels et collectifs", Forensic Architecture reconstitue en 3D des événements de violence qui ont été occultés.

      Parmi les nombreux cas étudiés, on trouve le génocide des Herero et Nama, les massacres israéliens pendant la Nakba, l'assassinat d'otages en Colombie, le meurtre de Mark Duggan au Royaume-Uni, l'utilisation d'armes européennes au Yémen, et des événements en France (Adama Traoré, Zineb Reddouane).

      Ces technologies permettent de "révéler de nombreuses violences, des crimes de guerre identifiés, des coupables reconnus, des versions officielles démenties, certaines vérités dites et la justice parfois rendue".

      Elles "renforcent, enrichissent et parfois même remplacent le témoignage humain".

      V. Conclusion : La complexité du témoignage pour faire exister la vérité

      En résumé, l'auteur a esquissé cinq figures idéaltypiques du témoin :

      • Le testis : présent au moment des faits, dont il peut raconter.
      • Le superstess : survivant, qui peut transmettre ce qu'il a vécu.
      • L'auctor : agent extérieur, qui apporte la crédibilité.
      • L'histor : expert légitime, qui conduit une enquête.
      • Le martous : victime sacrificielle, qui affirme la justesse de sa cause par son renoncement.

      • Chacune de ces figures "engage des formes politiques et morales : la véracité du testis, l'authenticité du superstès, l'autorité de l'actor, la neutralité de l'histor, l'engagement du Martus."

      Ces figures ne sont pas étanches et "se mêlent, se combinent, se déplacent, se complexifient" dans la réalité.

      Au-delà de ces distinctions, "l'enjeu du témoignage c'est de faire exister une vérité et notamment... de la faire exister contre la dissimulation, l'invisibilisation, la dénégation".

      C'est là toute l'importance de "celles et ceux qui ont pour projet de révéler la vérité ou tout au moins une part de la vérité à laquelle ils ont eu accès."

    1. Résumé de la vidéo [00:00:14][^1^][1] - [00:28:20][^2^][2]:

      Cette vidéo explore la managérialisation des associations et ses impacts.

      Elle aborde les défis et propose des solutions pour renforcer le monde associatif face à cette tendance.

      Temps forts:

      • [00:00:14][^3^][3] Introduction et contexte
        • Accueil des participants
        • Présentation du webinaire
        • Objectifs de la série
      • [00:03:27][^4^][4] Enjeux de la managérialisation
        • Définition et historique
        • Impact sur les associations
        • Comparaison avec d'autres modèles
      • [00:07:03][^5^][5] Conséquences et critiques
        • Perte de dimension démocratique
        • Réduction des relations humaines
        • Exemples concrets et témoignages
      • [00:15:01][^6^][6] Solutions et alternatives
        • Importance de la participation
        • Réappropriation des termes
        • Exemples de bonnes pratiques
      • [00:22:00][^7^][7] Conclusion et perspectives
        • Invitation à l'action collective
        • Importance de la cohérence interne
        • Appel à la réflexion et à l'innovation

      Résumé de la vidéo [00:28:22][^1^][1] - [00:54:06][^2^][2]:

      Cette vidéo explore la gestion et la gouvernance des associations face à la managérialisation.

      Elle met en lumière l'importance de la circulation de l'information, de l'intelligence collective, et de la délibération pour une gouvernance démocratique et efficace.

      Points forts : + [00:28:22][^3^][3] Circulation de l'information * Importance de la diffusion de l'information * Mise en commun des connaissances * Héritage des sociétés savantes + [00:29:57][^4^][4] Intelligence collective * Animation et maïeutique * Création d'espaces de travail collaboratif * Qualité de l'animation + [00:31:02][^5^][5] Délibération et décision * Importance de la délibération pour de bonnes décisions * Définition de la démocratie par Paul Ricœur * Travail sur les contradictions + [00:35:02][^6^][6] Tensions et réussites * Identification des tensions dans la gouvernance * Conditions de réussite * Création d'une communauté apprenante + [00:39:02][^7^][7] Exemple pratique * Transformation de la gouvernance au sein du Réseau d'Échange et de Services aux Associations du Pays de Morlaix * Passage à un système de cercles thématiques * Participation et implication des salariés et bénévoles

      Ces points forts couvrent les principaux aspects abordés dans la vidéo, offrant une vue d'ensemble des défis et des solutions pour une gouvernance associative efficace.

      Résumé de la vidéo [00:54:11][^1^][1] - [01:19:33][^2^][2]:

      Cette partie du webinaire traite de la gestion et de l'organisation des associations, en mettant l'accent sur la coprésidence et la participation collective.

      Points forts : + [00:54:11][^3^][3] Introduction de la coprésidence * Modification des statuts en 2020 * Importance de la participation collective * Fonctionnement en commissions thématiques + [00:57:02][^4^][4] Formation et participation * Formation annuelle sur la gestion collective * Ouverture des chantiers de travail aux adhérents * Importance de la transparence et de la clarté + [01:00:00][^5^][5] Déplacements et cohésion * Budget pour les déplacements collectifs * Renforcement des liens entre membres * Importance de la convivialité et du plaisir + [01:03:09][^6^][6] Intégration de nouveaux membres * Augmentation du nombre de membres du CA * Processus d'intégration et d'accompagnement * Maintien de la transparence et de la confiance + [01:09:09][^7^][7] Réflexion sur le temps et la gouvernance * Importance de la gestion du temps * Opposition au néolibéralisme * Outils pratiques pour la gouvernance associative

      Résumé de la vidéo [01:19:36][^1^][1] - [01:46:07][^2^][2]:

      Cette vidéo traite de la managérialisation des associations et des défis liés à la gestion collective et à la formation continue des membres.

      Temps forts: + [01:19:36][^3^][3] Partage d'expériences * Importance de partager les échecs * Encouragement à la discussion collective * Utilisation des retours d'expérience + [01:22:01][^4^][4] Formation continue * Formation des équipes salariées * Importance de la coopération * Nécessité de réexpliquer aux nouveaux membres + [01:27:03][^5^][5] Suivi des salariés * Organisation de réunions de médiation * Importance du bien-être au travail * Gestion des conflits internes + [01:33:00][^6^][6] Rôle du syndicalisme * Conditions de travail et temps de travail * Complémentarité entre engagement associatif et syndical * Importance de la démocratie interne + [01:38:00][^7^][7] Taille des associations * Impact de la taille sur la gestion * Importance de la volonté politique * Réflexion sur la géographie et l'échelle d'action

      Résumé de la vidéo [01:46:09][^1^][1] - [01:58:34][^2^][2]:

      Cette partie du webinaire aborde divers aspects de la gestion et de l'organisation des associations, en mettant l'accent sur les défis et les solutions possibles.

      Temps forts: + [01:46:09][^3^][3] Questions sur la loi 3DS * Impact des certifications qualité * Partage de ressources et d'expertises * Importance de la loi pour les associations + [01:49:01][^4^][4] Réorganisation de la GD * Inclusion des salariés et bénéficiaires * Partenariat avec les financeurs * Protection des salariés uniques + [01:50:24][^5^][5] Participation des financeurs * Explication des projets aux financeurs * Importance de leur inclusion dans le CA * Délégation des responsabilités au sein de l'équipe + [01:53:06][^6^][6] Prévention des conflits d'intérêts * Retrait des élus des instances associatives * Importance de maintenir un lien fort avec les financeurs * Anticipation des changements législatifs + [01:55:00][^7^][7] Conclusion et perspectives * Recueil des expériences et des échecs * Construction d'une communauté apprenante * Invitation à partager des ressources et à poursuivre les échanges

    1. La Prévention des Conflits d'Intérêts : Collectivités et Associations

      Synthèse

      Ce document de synthèse analyse les enjeux juridiques et pratiques liés à la prévention des conflits d'intérêts dans les relations entre les collectivités territoriales et les associations.

      Basé sur les interventions d'experts juridiques et de formateurs d'élus, il met en lumière les risques pénaux encourus et propose des préconisations concrètes.

      Les points critiques à retenir sont les suivants :

      • 1. Le conflit d'intérêts n'est pas une infraction, mais un signal d'alerte. La situation devient délictuelle lorsqu'un élu ou un agent public, conscient de ce conflit, ne se déporte pas et participe à une décision, tombant ainsi sous le coup de la prise illégale d'intérêt, une infraction pénale sévèrement sanctionnée (jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 500 000 € d'amende).

        1. La notion d'intérêt est extrêmement large. Elle couvre les intérêts matériels, mais aussi moraux ou familiaux. Il n'est pas nécessaire que l'élu se soit enrichi personnellement ou que la collectivité ait subi un préjudice ; la simple apparence d'une impartialité compromise peut suffire à caractériser l'infraction.
        1. La règle pour les élus impliqués dans une association est le "déport général". Qu'ils soient membres du bureau à titre personnel ou en tant que représentants de la commune, ils doivent s'abstenir de toute participation à une délibération concernant cette association.

      Ce déport doit être total :

      • ◦ Absence de participation à l'instruction du dossier.
      • ◦ Absence de participation aux débats.
      • ◦ Absence de participation au vote.
      • ◦ Sortie physique de la salle du conseil durant les débats et le vote.

        1. Les élus locaux sous-estiment massivement ce risque. Les formations de terrain révèlent que la préoccupation principale des élus concerne les aspects techniques des subventions, tandis que le risque de conflit d'intérêts est souvent ignoré, en particulier dans les petites communes où les interférences entre mandats électifs et vie associative sont pourtant maximales.
        1. Des outils et des bonnes pratiques existent pour sécuriser les processus.

      La responsabilité première incombe à chaque élu, qui doit s'auto-évaluer en permanence.

      Pour sécuriser les décisions, il est préconisé de voter les subventions au cas par cas, de systématiser la déclaration des conflits en début de séance et de s'appuyer sur des ressources externes comme la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) et le référent déontologue, désormais obligatoire pour toutes les communes.

      1. Le Cadre Juridique et les Risques Pénaux

      L'analyse juridique, menée par Luc Brunet de l'Observatoire SMAC, souligne la nécessité de distinguer deux notions fondamentales qui sont souvent confondues.

      Définitions Fondamentales : Conflit d'Intérêts vs. Prise Illégale d'Intérêt

      Le conflit d'intérêts est une situation, tandis que la prise illégale d'intérêt est une infraction pénale qui découle de la mauvaise gestion de cette situation. Caractéristique Conflit d'Intérêts Prise Illégale d'Intérêt Nature

      Une situation d'interférence entre un intérêt public et des intérêts (publics ou privés) de nature à influencer ou paraître influencer l'exercice d'une fonction.

      Une infraction pénale. Le fait de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt de nature à compromettre son impartialité.

      Source Légale Loi du 11 octobre 2013

      Article 432-12 du Code pénal

      Sanction

      Aucune (ce n'est pas une infraction). La situation doit être prévenue ou résolue.

      Jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 500 000 € d'amende.

      "Le conflit d'intérêts, c'est la vie. Nous avons tous des conflits d'intérêts. [...] Là où c'est pas normal [...] c'est quand on va se dire 'je vais surtout pas le dire que je suis en situation de conflit d'intérêt'. Et c'est là qu'on franchit la ligne jaune et qu'on passe [...] du côté du code pénal avec le délit de prise illégale d'intérêt." - Luc Brunet

      Le Champ d'Application Vaste de la Prise Illégale d'Intérêt

      Le délit de prise illégale d'intérêt est l'infraction numéro un pour laquelle les élus locaux sont poursuivis. Son champ d'application est particulièrement étendu :

      • Tous les domaines : Contrairement au délit de favoritisme (limité à la commande publique), il s'applique à toutes les décisions d'une collectivité : urbanisme, recrutement, vente de biens, et notamment les subventions aux associations.

      • Intérêt moral ou familial : L'intérêt n'est pas nécessairement matériel ou financier.

      • Absence de préjudice requis : L'infraction est constituée même si la collectivité n'a subi aucun préjudice, voire si elle a bénéficié de l'opération.

      • Intérêts indirects : Le délit couvre les intérêts pris par personne interposée (conjoint, ascendants, descendants, mais aussi amis proches).

      La jurisprudence retient une vision très large : "l'infraction s'arrête où le soupçon s'arrête".

      • La notion d'apparence : Il ne faut pas seulement ne pas être en conflit d'intérêts, mais aussi ne pas donner l'apparence de l'être.

      La Doctrine de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP)

      La HATVP a établi une doctrine pour clarifier les niveaux de risque. Pour les relations avec les associations, le risque est considéré comme large.

      • Zone Rouge (Risque Large) : Concerne la participation d'un élu au sein d'un organisme de droit privé, comme une association, que ce soit à titre personnel ou comme représentant de la commune.

      • Règle Appliquée : Le déport général. L'élu concerné doit s'abstenir de participer à toute délibération relative à cet organisme, y compris en l'absence d'enjeu financier direct. Adhérent ou Dirigeant : Une Distinction Cruciale ?

      La question se pose de savoir si un simple adhérent est soumis aux mêmes règles qu'un membre du bureau (président, trésorier, etc.).

      • Position de la HATVP (Avis du 3 mai 2022) : Le simple fait d'être adhérent ne justifie pas un déport systématique.

      Cependant, une analyse au cas par cas doit être menée en fonction de la nature de l'association, de son nombre d'adhérents et de l'objet de la délibération.

      • Conseil de Prudence : Face à l'incertitude de l'analyse au cas par cas, il est recommandé aux simples adhérents, par mesure de sécurité, de se déporter systématiquement lors du vote d'une subvention.

      2. Règles Pratiques et Préconisations La prévention repose sur une démarche rigoureuse et transparente.

      Les Quatre Étapes de la Prévention

      • 1. Identifier les situations à risque : L'élu doit se poser les bonnes questions sur ses liens personnels, familiaux ou associatifs en rapport avec les dossiers de la collectivité.

      • 2. Déclarer le conflit d'intérêts : Conformément à la Charte de l'élu local, l'élu doit faire connaître ses intérêts personnels avant le débat et le vote.

      • 3. Se déporter complètement : Le déport ne se limite pas au non-vote. L'élu ne doit participer ni à l'instruction du dossier, ni aux débats qui précèdent le vote.

      • 4. Ne pas influencer : L'élu doit s'abstenir de toute intervention, même informelle ("tirer les ficelles par derrière").

      Jurisprudence : Des Exemples Concrets et Marquants Deux cas illustrent la sévérité avec laquelle la justice appréhende ce délit :

      Le maire de Plougastel-Daoulas : Des élus membres du bureau d'une association ad hoc n'ont pas participé au vote de la subvention, mais sont restés dans la salle.

      Ce simple fait a été jugé suffisant pour caractériser une influence et a conduit à leur condamnation pour prise illégale d'intérêt.

      Une commune rurale de 250 habitants : Des élus, membres du bureau d'une association organisant la fête du village, ont participé au vote d'une subvention de 250 €.

      Ils ont été condamnés pour prise illégale d'intérêt suite à la plainte d'un opposant politique.

      Ces exemples démontrent que ni la bonne foi, ni la poursuite de l'intérêt général, ni le faible montant de la subvention ne constituent des protections contre une condamnation.

      Préconisations pour Sécuriser les Délibérations

      • Pas de vote global : Les subventions aux associations doivent être votées une par une, jamais en bloc.

      Sortir de la salle : L'élu concerné doit physiquement quitter la salle du conseil avant le début des débats et ne revenir qu'une fois le point de l'ordre du jour traité. Cette sortie doit être consignée au procès-verbal.

      Instaurer un "tour de table" déontologique : En début de chaque conseil, le maire peut demander à chaque élu de signaler d'éventuels conflits d'intérêts au regard de l'ordre du jour.

      3. Le Témoignage du Terrain : Entre Méconnaissance et Difficultés d'Application

      Le témoignage de Sophie Van migom, directrice d'un centre de formation pour élus, révèle un décalage important entre les exigences légales et la perception des élus sur le terrain.

      Une Prise de Conscience Limitée chez les Élus

      Lors des formations, les préoccupations des élus portent majoritairement sur des questions techniques (conventionnement, prêt de matériel, contrôle financier).

      Le risque de conflit d'intérêts est très rarement abordé spontanément, en particulier par les élus des petites communes.

      "Sur 90 participants, je n'ai que deux élus qui m'ont parlé de conflit d'intérêt. [...] Les élus des petites communes ne se posent pas la question, alors qu'il y a forcément des interférences entre leur mandat électif, leur vie familiale, leur vie associative." - Sophie Van migom

      Les Conséquences Pratiques et les Défis Opérationnels

      L'application stricte des règles de déport peut engendrer des difficultés de fonctionnement :

      • Problèmes de quorum : Dans une commune de 620 habitants, la mise en place de règles de déport strictes a conduit à ce que la moitié du conseil municipal sorte de la salle, empêchant le quorum d'être atteint. La seule solution est de reconvoquer le conseil, ce qui retarde la décision.

      • Paralysie de l'action des élus : Un élu engagé pour son expertise associative (ex: président de l'association des parents d'élèves devenu adjoint aux écoles) peut se retrouver dans l'incapacité d'agir sur les dossiers pour lesquels il a été élu.

      Les Doubles Sanctions : Pénale et Administrative Le non-respect des règles de déport expose l'élu et la collectivité à un double risque :

      1. Le risque pénal : L'élu est poursuivi pour prise illégale d'intérêt et le maire pour complicité.

      2. Le risque administratif : La délibération elle-même est illégale.

      Elle peut être annulée par le juge administratif suite à un recours d'un opposant, d'un contribuable ou du préfet. L'association pourrait alors être contrainte de rembourser la subvention perçue.

      4. Outils et Bonnes Pratiques

      La Responsabilité Personnelle de l'Élu

      C'est à chaque élu d'évaluer sa propre situation, d'informer le maire et le conseil, et de prendre la décision de se déporter.

      Cette réflexion doit être menée dès le début du mandat pour clarifier les limites de ses fonctions.

      Les Aides à la Décision

      Les élus ne sont pas seuls face à ces questionnements complexes. Ils peuvent solliciter :

      • La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) : Il est possible de saisir la HATVP pour obtenir un avis confidentiel et rapide sur une situation personnelle.

      • Le référent déontologue : Sa désignation est une obligation pour toutes les collectivités. Il offre un avis qui va au-delà du strict droit, en abordant les questions de probité et d'exemplarité.

      Cas Spécifiques Abordés

      • Agents de la collectivité : Ils sont également concernés par le délit.

      S'ils sont en situation de conflit d'intérêts sur un dossier (ex: instruction d'un marché public pour l'entreprise d'un proche), ils doivent le signaler à leur hiérarchie pour que le dossier leur soit retiré.

      • Subventions en nature : La mise à disposition de locaux, de matériel ou d'agents est considérée comme un avantage et suit exactement les mêmes règles de déport que les subventions financières.

      • Associations "transparentes" : Une association qui n'est en réalité que le prolongement de la collectivité (ex: toutes les décisions sont prises par la commune) pose des problèmes juridiques majeurs.

      Toutes les règles de la collectivité (comptabilité publique, marchés publics) s'appliquent alors à elle, créant un risque juridique élevé.

    1. Synthèse sur le rôle de l'alcool dans la société

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse le rôle complexe et paradoxal de l'alcool dans la société, en se basant sur des perspectives historiques, socioculturelles, scientifiques et politiques.

      L'alcool est présenté comme une substance à double tranchant : d'une part, un puissant lubrifiant social et un pilier de rituels culturels et de moments de convivialité, profondément ancré dans l'histoire de l'humanité depuis des millénaires.

      D'autre part, il est une force destructrice majeure, responsable de 2 200 décès par jour en Europe selon l'OMS, lié à plus de 200 maladies, et engendrant des coûts sociétaux colossaux, estimés à 57 milliards d'euros par an rien qu'en Allemagne.

      Le document met en lumière l'ambivalence fondamentale de la société face à l'alcool, oscillant entre sa célébration dans les rituels et la stigmatisation de la dépendance individuelle.

      Les tentatives historiques et modernes de régulation se sont souvent heurtées à une forte résistance populaire, illustrant la difficulté de gérer une substance si intimement liée au plaisir, à l'identité et à la cohésion sociale.

      En définitive, les politiques les plus efficaces pour réduire les méfaits de l'alcool, à savoir l'augmentation des prix et la limitation de l'accès, se heurtent à cette acceptation culturelle profondément enracinée.

      1. Le Paradoxe Fondamental de l'Alcool : Plaisir et Destruction

      L'alcool occupe une place centrale et ambivalente dans la société, incarnant à la fois le plaisir et le danger.

      Cette dualité est au cœur de notre rapport à cette substance.

      Le Côté Positif : L'alcool est associé à des sensations agréables, comme une "douce sensation de chaleur dans le ventre", et à des contextes plaisants.

      Il est perçu comme un facilitateur de convivialité, pouvant donner lieu à des "conversations intéressantes" et favoriser le sentiment d'appartenance.

      Une citation résume bien ce paradoxe :

      "je dis toujours que j'ai passé certaines des meilleures nuits de ma vie avec de l'alcool et aussi certaines des pires."

      Le Côté Sombre : Son pouvoir destructeur est immense.

      Mortalité : L'OMS estime qu'environ 2 200 personnes meurent chaque jour en Europe à cause de l'alcool.      ◦ Maladies : Des études récentes lient une consommation régulière d'alcool à plus de 200 maladies.   

      Dépendance : L'alcool est la troisième substance la plus addictive en Allemagne, après le tabac et les médicaments.

      En France, une personne sur dix a un problème avec l'alcool.   

      Conséquences Sociales : Il mène à la solitude, l'anxiété, la dépression et la dépendance.

      Bien que la consommation globale soit en baisse en Europe, elle reste significative.

      En Allemagne, elle est passée de 141 L à 115 L de boisson alcoolisée par an et par habitant depuis 2008, ce qui équivaut encore à "une bière par jour".

      2. Une Perspective Historique : Un Compagnon de l'Humanité

      La relation de l'humanité avec l'alcool est millénaire, suggérant qu'il a pu jouer un rôle dans notre évolution et le développement de nos civilisations.

      Origines Ancestrales : Des indices suggèrent que l'alcool est "aussi vieux que l'humanité".

      ◦ Des archéologues ont découvert en Chine des récipients contenant des restes de vin vieux de 9 000 ans.   

      ◦ En Géorgie, la consommation d'alcool remonte à au moins 8 000 ans.  

      ◦ La découverte est probablement fortuite, issue de fruits fermentés naturellement.

      Avantages Historiques :

      Source d'Énergie : 1 gramme d'alcool contient 7 calories, soit presque le double des protéines ou des glucides.  

      Sécurité Sanitaire : L'alcool dissout la membrane des germes, rendant les boissons fermentées (bière, vin) plus sûres à consommer que l'eau potentiellement contaminée.  

      Moyen de Paiement : La bière était utilisée comme une quasi-monnaie.

      Un bulletin de paie en argile de Mésopotamie, vieux de 5 000 ans, indique des unités de bière.

      En Égypte, les ouvriers des pyramides étaient rémunérés en bière.

      Consommation Massive : Au Moyen Âge en Europe, des chercheurs estiment la consommation à 3 litres de boisson alcoolisée par jour et par habitant, y compris pour les enfants.

      3. Le Rôle Socioculturel : Ciment des Relations Humaines

      L'alcool est omniprésent dans les structures sociales, agissant comme un "lubrifiant social" et un marqueur des moments importants.

      Cohésion Sociale :

      ◦ Il favorise le "sentiment d'appartenance" en créant une expérience collective.   

      ◦ Une expérience a montré qu'un groupe consommant un peu de vodka "interagissait davantage, riait beaucoup plus et passait globalement un moment plus agréable".  

      ◦ Des études indiquent que les personnes qui fréquentent régulièrement les bars avec modération sont mieux intégrées socialement.

      Rituels et Célébrations : L'alcool sert à marquer la frontière entre le "quotidien et la normalité de l'exceptionnel".

      ◦ Il est présent à chaque étape de la vie : naissance ("mouiller la tête"), mariages (champagne), enterrements.   

      ◦ Même dans un contexte religieux, le vin est utilisé pour représenter le sang du Christ.  

      ◦ Utiliser une boisson plus chère et exceptionnelle comme le champagne pour un anniversaire est une façon de "marquer un moment solennel".

      Influence sur le Développement Sociétal :

      Sédentarisation : Une théorie postule que la production de bière sur des sites comme Göbekli Tepe (il y a 12 000 ans) a pu renforcer la cohésion sociale et inciter les groupes humains à se sédentariser.    

      Infrastructures : La production d'alcool a influencé le développement des moyens de transport (fûts), des espaces de stockage et des bâtiments (brasseries).

      Variations Culturelles : Les coutumes de consommation varient :

      Norvège : Sobriété la semaine, forte consommation le week-end.  

      France/Italie : Un verre de vin au déjeuner.

      4. Impacts sur la Santé et Mécanismes d'Action

      D'un point de vue chimique et biologique, les effets de l'alcool sur le corps expliquent à la fois son attrait et sa dangerosité.

      La Molécule d'Éthanol : Petite molécule (deux atomes de carbone, six d'hydrogène, un d'oxygène), elle traverse facilement la barrière hémato-encéphalique pour agir sur le cerveau.

      Action sur les Neurotransmetteurs : L'alcool influence trois systèmes principaux : | Système | Effet Principal | Conséquence | | :--- | :--- | :--- | | GABA | Anxiolytique | Sensation de détente, réduction de l'anxiété | | Glutamate | Augmente la vigilance | Stimulation de la présence et de l'attention | | Dopamine | Rend heureux | Sensation de plaisir, voire d'euphorie |

      Toxicité Métabolique :

      ◦ Le foie transforme l'alcool en acétaldéhïde, qui est un "poison".   

      ◦ Cette substance circule dans le sang et atteint tous les organes (cerveau, peau, etc.).  

      Dommages Spécifiques : L'alcool peut provoquer des gastrites (attaque des muqueuses de l'estomac), endommager le foie, entraîner une atrophie du cervelet et être toxique pour le pancréas.  

      Risque de Cancer : La consommation régulière d'alcool augmente le risque de tumeurs et de cancer.

      5. Dépendance, Coûts et Ambivalence Sociétale

      La société entretient une relation contradictoire avec l'alcool, le célébrant tout en laissant les individus gérer seuls ses conséquences les plus graves.

      La Dépendance :

      ◦ La plus grande difficulté est le déni : "plus les gens sont dépendants, moins ils se rendent compte qu'ils le sont."   

      ◦ La dépendance isole l'individu, produisant l'effet inverse du sentiment d'appartenance initialement recherché.

      Coûts Économiques :

      ◦ Selon l'annuaire des addictions, l'alcool coûte 57 milliards d'euros par an en Allemagne.  

      ◦ Ces coûts incluent les délits, la violence, la conduite en état d'ivresse, les arrêts maladie et les traitements.

      L'Hypocrisie Sociale :

      ◦ La société vend l'alcool comme "quelque chose de positif associé à des fêtes", mais "ceux qui ne savent pas gérer leur consommation sont livrés à eux-mêmes".

      La responsabilité est individualisée.   

      ◦ Cette ambivalence se reflète dans les politiques publiques : en 2024, la Société allemande de nutrition a recommandé "zéro alcool", tandis que 30 % du budget de prévention des addictions était supprimé.  

      ◦ La publicité pour l'alcool reste peu réglementée et la "consommation accompagnée" (dès 14 ans) est autorisée en Allemagne.

      6. Les Tentatives de Régulation et la Résistance Populaire

      L'histoire montre que les tentatives de contrôle de la consommation d'alcool par les autorités se sont souvent soldées par des échecs face à la pression sociale.

      Le Cas de la Bavière (1844) : Le roi Louis Ier a tenté d'augmenter le prix de la bière.

      La mesure a provoqué de tels "remous au sein de la population" qu'elle a été annulée après seulement quatre jours.

      L'alcool est perçu comme un "dernier bastion qui nous permet de nous distinguer en tant qu'être humain".

      La Campagne de Gorbatchev (années 1980) : Mikhaïl Gorbatchev a lancé une campagne anti-alcool en URSS pour améliorer la santé publique.

      Résultats sanitaires : La mortalité a considérablement diminué durant cette période.   

      Échec politique : La campagne a été un "désastre" pour Gorbatchev, contribuant à sa chute. L'ironie veut qu'il ait cédé le pouvoir à Boris Eltsine, "notoirement alcoolique".

      La Prohibition aux États-Unis : Bien qu'elle ait généré un marché noir, la prohibition a entraîné une baisse considérable de la consommation d'alcool et des maladies et décès qui y sont liés.

      L'Ambivalence de l'Église : L'Église chrétienne a prêché la modération ("l'idéal chrétien de la juste mesure") tout en intégrant le vin dans ses rites les plus sacrés (la Cène, les noces de Cana), illustrant une "hypocrisie généralisée vis-à-vis de l'alcool".

      7. Vers des Politiques Efficaces ?

      Le document suggère que les campagnes de sensibilisation actuelles sont largement inefficaces et que des mesures plus structurelles sont nécessaires pour réduire les méfaits de l'alcool.

      Inefficacité des Campagnes : Les campagnes de sensibilisation sont jugées peu efficaces ; elles servent surtout à "donner bonne conscience".

      Les Deux Leviersefficaces : Pour réduire la consommation, deux mesures sont jugées primordiales :

      1. Limiter l'accès à l'alcool.    2. Augmenter son prix.

      L'Exemple du Tabac : Le Royaume-Uni est cité en exemple.

      Avec un paquet de cigarettes à 16 €, le taux de fumeurs est de 11,9 %, contre 24,5 % en France et 20,1 % en Allemagne, où les prix sont plus bas.

      La Question de la Fiscalité : Il est noté que l'alcool est "très bon marché" dans de nombreuses régions d'Europe. Par exemple, la taxe minimale sur le vin fixée au sein de l'UE est de 0 €.

      8. Conclusion : Accepter une Réalité Humaine et Complexe

      L'attrait pour l'alcool, malgré ses dangers connus, semble être une caractéristique profondément humaine, liée à une "dimension autodestructrice" ou à un "désir d'échapper à la réalité de la vie".

      Les individus réagissent souvent avec colère aux avertissements, les percevant comme une forme d'infantilisation.

      La conclusion suggère qu'il est peut-être impossible d'apprécier l'alcool "sans la double morale qui l'accompagne".

      La première étape serait de reconnaître pleinement le paradoxe de l'alcool, ses avantages et ses inconvénients, afin d'apprendre à vivre avec cette substance complexe qui ne semble pas prête de disparaître de nos sociétés.

    1. L'Éducation comme Instrument de Pouvoir : Une Analyse Historique

      https://www.youtube.com/watch?v=JCKbqhfFKy8

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse le rôle historique de l'éducation, démontrant qu'au-delà de son idéal d'épanouissement personnel et de service du bien commun, elle a principalement été un instrument stratégique utilisé par les élites pour asseoir et maintenir leur pouvoir.

      L'analyse, qui s'étend de la Sparte antique à l'époque contemporaine, révèle un schéma récurrent :

      la mise en place de systèmes d'instruction publique est souvent une réponse directe aux troubles sociaux et vise à former des citoyens obéissants, à consolider des empires et à imposer des normes culturelles.

      Des cas d'étude allant de la Prusse, pionnière de l'école obligatoire pour mater les révoltes paysannes, à la Chine impériale, utilisant des examens méritocratiques pour briser le pouvoir de la noblesse, illustrent cette thèse.

      L'exemple tragique des pensionnats autochtones au Canada expose la forme la plus extrême de cette instrumentalisation, où l'éducation devient une arme de domination culturelle et d'éradication.

      En conclusion, l'histoire révèle une tension fondamentale entre une éducation visant l'autonomie et la pensée critique, et une formation axée sur la performance, l'obéissance et la consolidation du statu quo.

      1. Introduction : Le Droit à l'Éducation et ses Desseins Cachés

      L'idéal moderne de l'éducation, tel que conçu par Platon comme une sortie de "la caverne de notre propre ignorance" et consacré par l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, postule l'instruction comme un droit fondamental au service de l'intérêt général.

      Des études américaines corrèlent même un diplôme universitaire à une espérance de vie accrue de près de neuf ans.

      Cependant, un examen historique approfondi soulève une question essentielle : l'éducation a-t-elle toujours poursuivi cet objectif d'émancipation ?

      L'histoire suggère que l'instruction publique a souvent été un outil au service d'intérêts politiques et de stratégies de pouvoir bien définies.

      2. Les Origines du Contrôle Social par l'Instruction

      Loin d'être une invention des démocraties modernes, l'instruction publique obligatoire trouve ses racines dans des régimes autocratiques qui y ont vu un moyen efficace de garantir l'ordre social et la stabilité de leur pouvoir.

      Sparte : Former le Guerrier-Citoyen Obéissant

      Le premier exemple d'un système éducatif public structuré ne se trouve pas dans l'Athènes démocratique, mais dans la dictature militaire et esclavagiste de Sparte.

      Contexte de Domination : La société spartiate était composée d'une minorité de citoyens libres (les Spartiates) dominant une très large population d'hilotes, des serfs autochtones.

      Le rapport était estimé à sept hilotes pour un Spartiate.

      L'Agogé, un Outil de Contrôle : Pour maintenir le contrôle sur cette population asservie et supérieure en nombre, Sparte a mis en place l'agogé.

      Il s'agissait d'un système éducatif public et obligatoire pour les garçons spartiates dès l'âge de 7 ans, conçu comme un camp d'entraînement militaire visant à former des "guerriers surhumains".

      Objectifs Pédagogiques : L'accent était mis sur l'endurance, l'obéissance et la suppression de toute faiblesse, comme en témoigne le "concours de flagellation".

      Une Alphabétisation Stratégique : Bien que les hilotes en soient exclus, le programme incluait l'alphabétisation.

      L'objectif n'était pas l'épanouissement intellectuel, mais une compétence militaire :

      "Si un spartiate est envoyé en mission d'espionnage et qu'il intercepte un message écrit, il doit être capable de le lire."

      Conclusion : L'éducation spartiate n'avait pas pour but le développement personnel mais la formation de citoyens-soldats obéissants, un instrument essentiel à la survie du pouvoir en place.

      L'Empire Carolingien : Unifier pour Mieux Régner

      Après la chute de l'Empire romain d'Occident, Charlemagne initia la première grande expansion de l'éducation en Europe.

      Son projet, loin d'être purement altruiste, était une manœuvre calculée pour consolider son vaste empire.

      Besoin Administratif : Pour contrôler son territoire, Charlemagne avait besoin d'une administration solide et unifiée.

      L'école de la cour servait de "vivier de futur haut fonctionnaire".

      Unification Religieuse et Culturelle : Le pouvoir de l'empereur reposant sur Dieu, il était crucial de diffuser un christianisme uniformisé.

      La réforme éducative visait à améliorer le niveau des ecclésiastiques et à standardiser la liturgie dans tout l'empire.

      Harmonisation de l'Écriture : Pour une administration efficace, une écriture commune était nécessaire.

      La "minuscule Caroline" fut développée à cette fin, unifiant la communication écrite.

      Cette police est l'ancêtre directe de la police de caractères Times New Roman.

      Conclusion : Pour Charlemagne, l'éducation n'était pas une fin en soi, mais un "instrument nécessaire pour maintenir la cohésion de l'empire".

      La Prusse : L'École Obligatoire comme Rempart contre les Révoltes

      C'est en Prusse, en 1763, que Frédéric II promulgua la loi créant le premier système d'enseignement primaire obligatoire au monde.

      L'analyse de la politologue Agustina Paglayan révèle que cette initiative, loin d'être un progrès démocratique, était une stratégie de contrôle social.

      Le Paradoxe des Autocraties : Paglayan souligne que "ce ne sont pas les démocraties qui ont conduit à la création d'un enseignement primaire dans le monde occidental.

      Celui-ci s'est surtout développé et étendu avant que les pays ne deviennent démocratiques."

      L'Éducation en Réponse aux Crises : Un schéma récurrent a été identifié :

      la plupart des lois sur la scolarité obligatoire ont été adoptées juste après des révoltes populaires.

      Prusse (milieu du 18e siècle) : La loi est promulguée suite à des rebellions paysannes.    ◦ Massachusetts (années 1780) :

      La première loi américaine sur la scolarité obligatoire répond à la révolte de Shays.  

      France (1833) : La loi suit la révolution de Juillet.   

      Pérou (2000) : La scolarité est imposée dans les anciennes zones rebelles après une guerre civile de 20 ans.

      Objectif : l'Endoctrinement : Face à la peur des masses, les élites politiques ont utilisé l'école primaire pour "enseigner aux enfants que le statut quo est acceptable et qu'il n'y a aucune raison de se rebeller".

      L'enfance est ciblée car c'est la période où "les valeurs morales et les comportements politiques se façonnaient le mieux".

      L'École comme "Prison de Jour" : Reprenant les idées de Michel Foucault, le document décrit l'école comme une institution disciplinaire.

      Les enseignants agissent comme des gardiens, inculquant la ponctualité, l'immobilité, la sagesse et la soumission.

      Le but est de "créer une machine sociale bien huilée".

      Le Modèle Humboldtien : Une vision alternative fut proposée par le Prussien Wilhelm von Humboldt, pour qui l'éducation devait viser l'épanouissement personnel de chaque individu, "quel que soit leur origine sociale".

      Cependant, après la défaite de Napoléon, ses idées jugées "dangereuses" furent écartées au profit d'un retour à l'"obéissance aveugle".

      3. L'Éducation comme Outil de Sélection et de Pouvoir

      Au-delà de l'inculcation de l'obéissance, l'éducation a aussi servi à structurer les hiérarchies du pouvoir, comme le montre l'exemple de la Chine impériale.

      La Chine Impériale et le Système des Examens (Keju)

      Pendant plus de 1000 ans, la Chine a utilisé un système d'examens (le Keju, institué au 7e siècle) pour attribuer les postes de la fonction publique.

      Une Méritocratie de Façade : En apparence, le système était basé sur le mérite.

      Les candidats, parfois près d'un million pour environ 400 postes de finalistes, devaient mémoriser des classiques confucéens comptant jusqu'à 400 000 caractères.

      Un Objectif Politique : L'objectif réel de l'empereur était de limiter l'emprise des familles nobles qui contrôlaient traditionnellement l'administration.

      En instituant un système basé sur des examens, il étendait son propre pouvoir en créant une bureaucratie qui lui était directement redevable.

      Influence Globale : Ce modèle, basé sur le mérite pour contrer le népotisme, a inspiré des réformes similaires jusqu'en Angleterre au milieu du 19e siècle.

      4. L'Éducation comme Arme de Domination Culturelle

      Le cas des pensionnats pour autochtones au Canada représente l'utilisation la plus sinistre de l'éducation, où elle est détournée pour devenir un outil d'éradication culturelle.

      Le Témoignage de Gary Godfriitson (Peuple Sir Weepom)

      Gary Godfriitson, gardien du savoir de la communauté Sir Weepom, décrit le système éducatif autochtone traditionnel comme étant basé sur "une étude attentive des enfants" pour découvrir leurs talents individuels et leur assigner des mentors experts.

      Ce système, jugé "rétrograde" par les colons européens, fut systématiquement démantelé.

      Les Pensionnats : Des écoles spéciales, ou pensionnats, furent créées avec pour objectif de "détruire les cultures autochtones du Canada".

      Gary Godfriitson, entré à 5 ans, se souvient : "Nous avons appris à nous taire. Nous avons appris que nous n'avions pas de voix dans ces pensionnats."

      Un Système d'Abus : Les enfants étaient soumis à un régime de discipline stricte, de prières constantes et de travail forcé ("un camp de travail pour enfants").

      Ils subissaient "toutes sortes de violences (...) sexuel, physique, émotionnel".

      Bilan Tragique : Environ 150 000 enfants autochtones sont passés par ces établissements.

      Un institut de recherche canadien estime qu'au moins 4 100 d'entre eux y sont morts de maladie, de négligence, de mauvais traitements ou en tentant de fuir.

      Un Projet Colonial Global : Ces pensionnats n'étaient pas une exception mais "l'un des outils majeurs pour la domination culturelle et soumettre l'autre".

      5. Conclusion : Quelle Finalité pour l'Éducation de Demain ?

      L'histoire démontre que l'éducation a trop rarement été "vouée au seul bien commun".

      Elle a plus souvent servi à "garantir le pouvoir, à orienter les carrières et à imposer des normes".

      Aujourd'hui, une tension persiste entre deux modèles :

      1. L'Éducation comme Formation : Un modèle axé sur la performance, la fonctionnalisation et la monétisation des connaissances, qui forme des individus adaptés à une "machine sociale bien huilée".

      2. L'Éducation comme Épanouissement : Le modèle de Humboldt, qui privilégie le développement personnel, la recherche de la connaissance et du sens, et qui promeut la pensée critique et la créativité comme compétences fondamentales.

      La question finale demeure : "Quelle formule souhaitons-nous pour l'avenir ?

      Une éducation qui nous dicte ce que nous devons savoir ou une éducation qui nous aide à découvrir qui nous voulons vraiment être ?"

    1. Document d'Information : La Santé Mentale en France

      Synthèse

      La santé mentale en France est au cœur d'un paradoxe critique : bien que décrétée "grande cause nationale" pour 2025, elle demeure la "grande cause oubliée" des politiques publiques, souffrant d'un sous-financement chronique et d'une crise structurelle profonde.

      Le système de soins psychiatriques est au bord de la rupture, avec un taux de vacance de 47 % pour les postes de psychiatres hospitaliers, des fermetures de lits et des délais d'attente pour les consultations pouvant atteindre deux ans en pédopsychiatrie.

      Cette situation a des conséquences dramatiques, notamment pour la jeunesse, population la plus vulnérable où un lycéen sur quatre a déjà eu des pensées suicidaires.

      Tandis que la parole se libère progressivement grâce aux témoignages de personnalités publiques et à des œuvres culturelles qui contribuent à lever le tabou, les défis systémiques restent immenses.

      L'investissement dans la prévention est quasi inexistant, entraînant des retards de diagnostic de près d'une décennie.

      Les nouvelles initiatives, telles que les applications mobiles et la formation aux premiers secours en santé mentale, offrent des pistes complémentaires mais se heurtent à la réalité d'un manque criant de professionnels vers qui orienter les personnes en souffrance.

      La crise est aggravée par des problématiques concrètes telles que les disparités territoriales d'accès aux soins et une pénurie inédite de médicaments psychotropes, soulignant l'urgence d'une politique ambitieuse et financée à la hauteur des enjeux.

      1. La Crise Paradoxale de la Santé Mentale en France

      "Grande Cause Nationale" : Une Déclaration Sans Moyens

      La santé mentale a été officiellement désignée "grande cause nationale" pour l'année 2025. Cependant, cette annonce politique peine à se traduire par des actions concrètes et financées.

      Selon le psychiatre Stéphane Oriette, cette déclaration s'est faite "sans financements associés", ce qui a été "la condition qui a été énoncée dès le début".

      Les politiques publiques successives (Assises de la santé mentale, Conseil national de la refondation) ont identifié les difficultés mais n'ont pas déployé les moyens nécessaires, laissant les professionnels et les patients face à une pression croissante.

      Angèle Malâtre-Lansac souligne le paradoxe : la santé mentale est le premier poste de dépense de l'Assurance Maladie, devant le cancer et les maladies cardiovasculaires, et pourtant, 50 % des personnes concernées ne sont pas prises en charge.

      Une Filière en Souffrance : Pénuries et Manque d'Attractivité

      Le secteur de la psychiatrie fait face à une grave crise de ressources humaines, symptomatique d'un manque de valorisation.

      Pénurie de personnel : Le taux de postes de psychiatres vacants en milieu hospitalier atteint 47 %, en augmentation par rapport aux 43 % enregistrés quelques années auparavant.

      Déficit d'attractivité : La psychiatrie est perçue négativement par une partie des futurs médecins. Une enquête révèle que 60 % des internes considèrent la psychiatrie comme une "sous-spécialité" et 30 % en ont peur. Pourtant, 90 % des psychiatres interrogés affirment qu'ils choisiraient à nouveau cette spécialité.

      Manque de moyens matériels : Stéphane Oriette insiste sur le besoin de "personnel", de "médicaments" et de "locaux adaptés" pour pouvoir soigner correctement.

      Conséquences Directes sur les Soins aux Patients

      Cette crise systémique impacte directement la qualité et l'accès aux soins pour les 13 millions de personnes concernées en France. Une infirmière de l'hôpital de Tours, où la suppression de 80 lits en psychiatrie est prévue, témoigne :

      "Les patientes, ils ont à peu près en moyenne entre 1 et 2 mois pour qu'un patient schizophrène soit stabilisé. Là, il y aura pas de place.

      Donc ça va être 15 jours d'hospitalisation et ces gens-là seront mis à la rue. Donc, on va les retrouver aux urgences psychiatriques. C'est pas possible."

      2. La Jeunesse : Une Population Particulièrement Vulnérable

      L'état de la santé mentale des jeunes en France est particulièrement alarmant, exacerbé par les crises récentes comme celle du Covid.

      Le suicide est l'une des premières causes de mortalité chez les jeunes.

      Statistiques Alarmantes

      Indicateur

      Donnée Clé

      Pensées suicidaires (Lycéens)

      1 jeune sur 4 a eu au moins une pensée suicidaire au cours de l'année.

      Pensées suicidaires (18-24 ans)

      1/3 des jeunes de cette tranche d'âge a déjà eu des idées suicidaires.

      Perception de la santé mentale (Filles)

      Seulement 49 % des jeunes filles estiment être dans une santé mentale convenable.

      Ligne de prévention suicide

      Le numéro national est le 3114.

      L'actrice et réalisatrice Isabelle Carré a été motivée à réaliser son film "Les Rêveurs", inspiré de sa propre hospitalisation à 14 ans, en voyant "monter sur la désespérance, les fragilités psychologiques des jeunes".

      Le Cas Spécifique des Jeunes Filles

      Isabelle Carré souligne que les jeunes filles semblent souffrir davantage, une question qui, selon elle, n'est pas suffisamment débattue publiquement.

      Le chiffre de près d'une fille sur deux ne se sentant pas en bonne santé mentale est qualifié de "dramatique".

      Des Délais d'Attente Inacceptables en Pédopsychiatrie

      L'accès aux soins pour les enfants et adolescents est un point noir majeur du système. Il faut parfois attendre jusqu'à deux ans pour obtenir un rendez-vous en pédopsychiatrie. Stéphane Oriette exprime le dilemme des soignants :

      "Qu'est-ce que c'est aussi pour un soignant de prendre cette responsabilité là de dire ben rentre chez toi alors qu'il demande de l'aide ?".

      Par ailleurs, les enfants de l'aide sociale à l'enfance (ASE) représentent les deux tiers des lits en pédopsychiatrie, soulignant la vulnérabilité de cette population.

      3. Briser le Tabou : L'Émergence d'une Nouvelle Parole Publique

      Malgré la crise, un changement culturel s'opère lentement, avec une libération de la parole qui contribue à déstigmatiser la maladie mentale.

      Le Rôle des Témoignages et des Œuvres Culturelles

      Témoignages publics : Le journaliste Nicolas de Moran a publiquement parlé de sa bipolarité avec des mots forts : "Oui, je suis malade mental.

      C'est cru, c'est violent à dire, peut-être à entendre aussi, mais je ne veux plus le cacher et je ne veux plus me cacher."

      Productions culturelles : Des séries, des émissions et des films, comme "Les Rêveurs" d'Isabelle Carré, abordent le sujet.

      Le festival "Cinéma à la Folie", dont elle est la marraine, est également un vecteur de sensibilisation. L'objectif est de changer le regard sur la maladie psychiatrique, pour qu'elle ne soit plus vue "comme de la faiblesse, de la folie, de la violence".

      Ce mouvement est comparé à celui qui a eu lieu dans les pays anglo-saxons, où un travail important a été fait sur la "déstigmatisation".

      4. Prévention et Nouvelles Approches : Entre Espoirs et Limites

      Face aux défaillances du système traditionnel, de nouvelles stratégies émergent, axées sur la prévention, le numérique et l'entraide.

      L'Enjeu Crucial de la Prévention et de l'Intervention Précoce

      Selon Angèle Malâtre-Lansac, la France investit "très très peu en prévention". Cette carence a des conséquences lourdes :

      75 % des maladies mentales se développent avant l'âge de 25 ans.

      • Les délais entre les premiers symptômes et un diagnostic peuvent atteindre 8 à 10 ans, comme l'illustre le cas de Nicolas de Moran. Certaines personnes ne sont diagnostiquées que vers 50 ans, voire jamais.

      Les Outils Numériques : Complément ou Danger ?

      Les jeunes se tournent massivement vers les réseaux sociaux et les applications pour s'informer et chercher de l'aide.

      Applications dédiées : L'application "Link", créée par l'influenceuse Miel (18 ans), a été téléchargée 300 000 fois.

      Elle propose un calendrier des émotions, un journal intime et un "kit de secours".

      D'autres applications comme "Jardin Mental" (gratuite et soutenue par l'État) existent également.

      Risques de désinformation : Une enquête du Guardian révèle que la moitié des vidéos les plus populaires sur TikTok concernant la santé mentale diffusent de fausses informations (ex: manger une orange contre l'anxiété).

      En France, près de 90 % des contenus sur le sujet sont postés par des non-professionnels de santé.

      Intelligence Artificielle : Le recours à des IA comme ChatGPT pour se confier est perçu par Stéphane Oriette comme un signe que les jeunes "ne trouvent pas de réponses du côté de l'humain" et les cherchent ailleurs.

      Les experts s'accordent à dire que ces outils peuvent être un complément utile pour l'information ou le suivi, mais ne remplaceront "jamais le facteur humain".

      Les Premiers Secours en Santé Mentale et le Soutien par les Pairs

      Secourisme en santé mentale : Inspiré d'un modèle australien, ce programme vise à former des citoyens pour repérer les signes de détresse psychique et orienter vers des professionnels. L'ambition est de former 750 000 personnes en France.

      Pair-aidance : Des associations comme "La Maison Perchée" proposent des lieux de rencontre avec des "pairs-aidants", des personnes ayant traversé des expériences similaires et pouvant offrir un soutien.

      La limite de ces dispositifs est soulignée par Stéphane Oriette : "La question c'est vers qui on oriente, vers quoi on oriente ?" si les structures de soin professionnelles sont saturées.

      5. Enjeux Spécifiques et Systémiques

      La Santé Mentale en Entreprise

      C'est un "enjeu majeur, trop négligé" selon Angèle Malâtre-Lansac.

      La santé mentale est la première cause d'arrêt de travail de longue durée.

      Une charte d'engagement pour la santé mentale au travail a été créée pour inciter les entreprises à former leurs équipes, notamment aux premiers secours psychiques.

      Disparités Territoriales

      L'accès aux soins est extrêmement inégal sur le territoire. Isabelle Carré insiste sur ce point, mentionnant qu'il y a "des régions entières où il y a rien".

      La Pénurie de Médicaments Psychotropes

      Un phénomène qualifié d'"assez inédit" et particulièrement inquiétant est apparu depuis le printemps : une pénurie de médicaments psychotropes.

      Due à des problèmes sur une chaîne de production en Grèce, cette situation empêche des patients d'accéder à leurs traitements, avec des conséquences potentiellement graves lors de l'arrêt brutal de ces médicaments.

    1. Document d'Information : La Recherche en Santé Mentale

      Résumé

      Ce document synthétise les perspectives et les avancées de la recherche en santé mentale, telles que présentées par d'éminents experts de l'Université Paris Cité, du CNRS et de l'INSERM.

      La psychiatrie connaît une mutation fondamentale, s'éloignant de son image traditionnelle pour devenir une discipline médicale de pointe, rigoureusement ancrée dans la biologie, la génétique et la pharmacologie.

      L'enjeu principal est de passer d'un diagnostic basé sur l'observation clinique à une caractérisation objective des troubles mentaux grâce à l'identification de biomarqueurs.

      La recherche actuelle se concentre sur l'interaction complexe entre la vulnérabilité génétique et les facteurs environnementaux (stress, toxiques, expositions prénatales), un lien dont le mécanisme clé est l'épigénétique.

      Face aux défis majeurs que sont les échecs thérapeutiques et la variabilité de la réponse aux traitements, la médecine de précision émerge comme une voie d'avenir.

      L'étude du lithium dans le trouble bipolaire illustre cette approche, combinant analyses sanguines, marqueurs épigénétiques et imagerie cérébrale avancée pour prédire et optimiser l'efficacité des traitements.

      S'inspirant des succès des "Plans Cancer", un appel est lancé pour un engagement national et pluriannuel afin de structurer et de financer la recherche, l'Université Paris Cité se positionnant comme un acteur central de cette dynamique.

      1. La Nouvelle Ère de la Psychiatrie : Une Discipline en Pleine Mutation

      La psychiatrie du 21e siècle a entamé une profonde transformation, s'appuyant sur les progrès scientifiques pour affiner sa compréhension et sa prise en charge des troubles mentaux.

      Du Divan à la Biologie

      La psychiatrie moderne se détache de "l'image d'Épinal un peu poussiéreuse" associée à la psychanalyse et au divan.

      Elle est désormais une médecine de pointe qui intègre des connaissances rigoureuses issues de disciplines variées :

      Biologie et Génétique : Étude des prédispositions et des mécanismes cellulaires.

      Imagerie Cérébrale : Visualisation de l'activité et de la structure du cerveau.

      Pharmacologie : Développement et optimisation des molécules thérapeutiques.

      Épigénétique : Analyse de l'influence de l'environnement sur l'expression des gènes.

      Comme le souligne le Dr Boris Chumet, psychiatre et chercheur, "la psychiatrie est rentrée dans une nouvelle ère, elle est en pleine mutation".

      La Quête de Biomarqueurs

      Un objectif central de la recherche actuelle est la découverte de biomarqueurs, c'est-à-dire des "validateurs externes" mesurables (sanguins, génétiques, d'imagerie) pour les troubles psychiatriques.

      Actuellement, les diagnostics reposent principalement sur le discours du patient et l'interprétation du clinicien, une approche jugée imparfaite.

      Les biomarqueurs permettraient de :

      • Mieux caractériser les patients.

      • Démembrer les catégories diagnostiques actuelles, qui sont trop larges.

      • Accélérer la prise en charge et l'accès à un traitement adéquat.

      Prévalence et Impact des Troubles Psychiatriques

      Les troubles mentaux figurent parmi les maladies les plus fréquentes, soulignant l'urgence des avancées en recherche.

      Trouble

      Prévalence / Données Clés

      Schizophrénie

      1% de la population

      Trouble Bipolaire

      2 à 3% de la population

      Troubles du Neurodéveloppement

      Environ 1 personne sur 6

      Dépression

      15 à 20% de la population

      Une "explosion" des cas de dépression et d'anxiété est observée, particulièrement chez les jeunes et les femmes, notamment depuis la crise de la COVID-19.

      2. L'Interaction Gène-Environnement : Le Cœur des Nouveaux Enjeux

      La recherche a établi que les troubles psychiatriques résultent d'une interaction complexe entre des facteurs innés (génétiques) et acquis (environnementaux).

      La Vulnérabilité Génétique

      Il ne s'agit pas de déterminisme génétique mais de vulnérabilité ou de prédisposition.

      L'influence de la génétique est clairement démontrée par les études sur les jumeaux dans le cas de la schizophrénie :

      Vrais jumeaux (100% d'ADN en commun) : Si l'un est atteint, l'autre a 50% de risque de développer la maladie (contre 1% dans la population générale).

      Le fait que le risque ne soit pas de 100% prouve le rôle de l'environnement.

      Faux jumeaux (50% d'ADN en commun) : Le risque partagé descend à environ 10%.

      Des anomalies chromosomiques spécifiques ont été identifiées chez certains patients, notamment dans 15% des cas de schizophrénie et plus d'un tiers des formes précoces.

      Le Plan France Médecine Génomique permet aujourd'hui de séquencer le génome de patients pour identifier ces formes génétiques rares.

      L'Impact Crucial de l'Environnement

      L'environnement peut "enclencher, accélérer ou aggraver" le développement d'un trouble chez une personne vulnérable. Les facteurs identifiés sont multiples et peuvent intervenir à différentes étapes de la vie :

      Toxiques : Le cannabis est cité comme le facteur numéro 1, car il perturbe le "bon câblage" du cerveau, en maturation jusqu'à 25 ans.

      Stress Psychosocial : Bien que difficile à éviter, des psychothérapies peuvent aider à mieux le gérer.

      Facteurs Prénatals et Péri-natals : L'environnement intra-utérin est déterminant. Les agressions subies par le fœtus peuvent avoir des conséquences durables :

      Polluants et toxiques : L'alcool est une cause majeure des troubles de l'alcoolisation fœtale, qui concernent 1% des naissances et sont "totalement évitables".   

      Infections virales ou bactériennes : L'inflammation chez la mère peut se propager au cerveau du fœtus.    ◦ Stress maternel : La précarité, la violence ou des conditions socio-économiques défavorables peuvent modifier le développement cérébral.   

      Complications à la naissance : Un manque d'oxygène, par exemple, peut attaquer le cerveau à un stade très précoce.

      L'Épigénétique : Le Pont entre Inné et Acquis

      L'épigénétique est le mécanisme biologique qui fait la "passerelle" entre la génétique et l'environnement.

      Comme l'explique Valérie Lallemand-Mesger, directrice de recherche au CNRS, l'épigénétique ne modifie pas la séquence d'ADN, mais l'accès à l'information génétique.

      Mécanisme : La molécule d'ADN s'enroule autour de protéines. L'environnement (stress, toxiques) peut influencer le degré de compaction de cet enroulement.

      Une portion très compactée ("un nœud") devient inaccessible et le gène correspondant ne peut pas s'exprimer. À l'inverse, une portion déroulée est lisible.

      Conséquence : Des signaux environnementaux peuvent perturber cet équilibre à des moments cruciaux du développement cérébral, conduisant à la sur-activation néfaste de certains gènes ou à l'inhibition inopportune d'autres.

      3. La Médecine de Précision : Vers des Traitements Personnalisés

      Un des principaux freins en psychiatrie est la grande variabilité de la réponse aux médicaments, entraînant de nombreux échecs thérapeutiques.

      Le Défi de l'Échec Thérapeutique

      La pratique actuelle fonctionne souvent par "essai-erreur" ou "tâtonnement". Un traitement est essayé ; s'il échoue, un autre est proposé.

      Pour le patient, cela représente "du temps perdu, des effets secondaires inutiles" et une source de découragement.

      Exemple : Dans la prévention des crises maniaques du trouble bipolaire, seul un tiers des patients répond correctement au traitement. Les deux autres tiers répondent partiellement ou pas du tout.

      L'Exemple du Lithium

      Le lithium, un traitement régulateur de l'humeur pour le trouble bipolaire, est "miraculeux chez certains patients et chez d'autres il ne produit aucun effet".

      La recherche vise à identifier des biomarqueurs prédictifs de la réponse pour éviter les prescriptions inefficaces.

      Pharmacologie : La première étape est le suivi thérapeutique pharmacologique, qui consiste à doser la concentration du médicament dans le sang pour l'ajuster dans la "zone thérapeutique" efficace mais non toxique. Ceci est crucial pour les médicaments à "marge thérapeutique étroite".

      Marqueurs Épigénétiques : Des études montrent que la réponse au lithium peut être prédite par certaines marques épigénétiques.

      Imagerie Cérébrale (IRM) : Des techniques avancées permettent de visualiser la distribution du lithium directement dans le cerveau. Deux découvertes majeures ont été faites :

      1. Le lithium se distribue de manière hétérogène, et non uniformément comme on le pensait.  

      2. Les schémas de distribution ("patterns") varient considérablement d'un patient à l'autre.  

      3. Les plus fortes concentrations sont observées dans l'hippocampe, une région clé pour la régulation des émotions.

      L'objectif est de combiner ces approches pour prédire rapidement les chances de réponse d'un patient, ajuster les doses et confirmer l'intérêt de poursuivre un traitement.

      4. Stratégie Nationale et Impulsion de la Recherche

      Pour que ces avancées se concrétisent, une mobilisation des moyens et une structuration de la recherche au niveau national sont indispensables.

      L'Oncologie comme Modèle

      Anne-Paul Rockplot, généticienne et vice-présidente recherche de l'Université Paris Cité, établit un parallèle direct avec la cancérologie, qui a fait des "progrès absolument considérables" grâce aux trois Plans Cancer successifs soutenus par l'État.

      Ces plans ont permis de créer des centres de recherche intégrés et de développer la médecine de précision (adapter le traitement à la mutation génétique de la tumeur).

      L'ambition est de répliquer ce modèle pour la psychiatrie.

      Le Rôle Moteur de l'Université Paris Cité

      L'Université Paris Cité est présentée comme le "vaisseau amiral de la recherche en santé pour la France".

      Envergure : Elle compte 113 unités de recherche, dont une quinzaine dédiée à la santé mentale, réparties dans ses facultés de Santé, de Sciences, et de Sociétés et Humanités.

      Projets Stratégiques : Elle pilote des projets d'envergure comme Metabobrain, qui réunit plus de 90 chercheurs sur les liens corps-cerveau.

      Instituts d'Excellence : Elle abrite des Instituts Hospitalo-Universitaires (IHU) prestigieux, dont l'IHU ICE (Institut du Cerveau des Enfants), qui favorise la collaboration étroite entre chercheurs, cliniciens et patients.

      Programmes d'Investissement : L'université est au cœur des grands programmes nationaux "France 2030" pour la psychiatrie, tels que le biocluster Brain and Mind et le PEPR ProPsy (Psychiatrie de Précision).

      Vers un Engagement Pluriannuel

      La désignation de la santé mentale comme "grande cause nationale 2025" est vue comme une opportunité pour lancer un engagement durable.

      Le Pr Franck Bélivier, délégué ministériel à la santé mentale, appelle à ce que 2025 soit "une année de programmation pour un engagement pluriannuel".

      Plusieurs initiatives de prévention et de prise en charge précoce sont déjà en place, comme le numéro national de prévention du suicide (3114), les Maisons des Adolescents, et la formation de secouristes en santé mentale.

      5. L'Évolution de la Relation Patient-Praticien

      La transformation de la psychiatrie s'accompagne d'une évolution cruciale de la relation thérapeutique.

      Fin du Paternalisme : On abandonne une vision où les diagnostics étaient cachés aux patients par crainte de la stigmatisation.

      Vers la Psychoéducation : La pratique moderne consiste à expliquer la maladie au patient, à le responsabiliser et à l'associer pleinement aux décisions thérapeutiques.

      Bâtir la Confiance : Ce dialogue est fondamental pour construire une relation de confiance solide, indispensable pour un suivi au long cours, et est facilité lorsque la science permet de trouver "très facilement et très rapidement le bon traitement".

    1. Dossier d'Information : La Santé Mentale des Jeunes

      Synthèse

      Ce document de synthèse analyse l'état de la santé mentale des jeunes en France, en s'appuyant sur les expertises de psychiatres, d'addictologues et de chercheurs.

      Le constat principal est une augmentation spectaculaire des troubles anxieux et dépressifs, particulièrement depuis la pandémie de COVID-19, qualifiée de "deuxième épidémie".

      Des études récentes, comme celle de l'Institut Montaigne, révèlent qu'un tiers des 15-29 ans déclarent souffrir de dépression.

      Cette crise se caractérise également par un rajeunissement de l'apparition de certains troubles, tels que les troubles du comportement alimentaire et le refus scolaire anxieux, qui se manifestent désormais dès l'école primaire.

      Parallèlement, un paradoxe émerge dans le domaine des addictions : alors que la consommation globale de substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis) est en baisse continue chez les jeunes depuis 2010, les usages se concentrent sur les populations les plus vulnérables, creusant les inégalités sociales et masquant une gravité accrue des cas individuels.

      La question des écrans est complexe ; si un lien de causalité direct avec les troubles mentaux est difficile à établir, leur impact sur la qualité du sommeil des adolescents est avéré.

      Une dimension de genre est fondamentale pour comprendre ces enjeux.

      Les jeunes femmes présentent une vulnérabilité deux fois plus élevée à la dépression et à l'anxiété, une différence qui apparaît à la puberté et qui est attribuée à des facteurs hormonaux, à une plus grande exposition aux traumatismes et aux pressions sociétales.

      Les symptômes eux-mêmes se manifestent différemment selon le genre.

      Enfin, le système de santé fait face à un "phénomène de ciseaux" : une demande de soins en forte hausse face à des ressources qui ne sont pas extensibles.

      Néanmoins, une tendance positive se dessine avec la déstigmatisation croissante des troubles psychiques, encourageant les jeunes à chercher de l'aide plus précocement.

      1. Un Constat Alarmant : L'Explosion des Troubles Psychiques chez les Jeunes

      Les experts s'accordent sur une détérioration significative de la santé mentale des jeunes, un phénomène qui s'est intensifié depuis la pandémie de COVID-19.

      Données Chiffrées : Une étude récente menée par l'Institut Montaigne, la Mutualité Française et l'Institut Teram auprès de 5 600 jeunes confirme cette tendance :

      un jeune de 15 à 29 ans sur trois déclare être atteint de dépression. D'autres données montrent que près de 10 % des enfants de 6 à 11 ans présentent déjà des signes de dépression.

      Impact du COVID-19 : La pandémie est décrite comme ayant provoqué une "deuxième épidémie" touchant la santé mentale.

      Le confinement et la rupture des liens sociaux ont été des facteurs de stress majeurs pour une jeunesse en quête de repères.

      Augmentation de la Prévalence : Le Dr Boris Chumet note qu'avant la pandémie, on estimait qu'environ 10 % de la population générale connaîtrait un épisode dépressif au cours de sa vie.

      Ce chiffre est désormais évalué à 20 %.

      Pression sur le Système de Soins : Les services d'urgence constatent un afflux récurrent de jeunes pour des motifs d'anxiété, une situation rare auparavant.

      Cette augmentation des besoins se heurte à des services non extensibles et à la longue durée de formation des psychiatres, créant un "phénomène de ciseaux".

      La réponse doit impliquer un réseau plus large de professionnels, incluant psychologues et médecins généralistes.

      1.1. Une Déstigmatisation en Marche

      Malgré ce tableau sombre, un changement positif est observé : la parole sur la santé mentale se libère.

      Fin d'un Tabou : Les jeunes générations sont plus enclines à parler de leur santé psychique et à chercher de l'aide, contrairement aux générations précédentes pour qui le sujet était tabou.

      Ce phénomène est comparé à la libération de la parole sur le cancer ou le sida.

      Consultation Précoce : Cette déstigmatisation favorise une meilleure reconnaissance des troubles et une réduction du retard au diagnostic.

      Le Dr Chumet insiste : "Il vaut mieux consulter pour rien juste pour se rassurer que consulter trop tard."

      Déculpabilisation : La reconnaissance des facteurs biologiques et génétiques dans les troubles psychiatriques contribue à déculpabiliser les individus, facilitant la démarche de consultation.

      2. Vulnérabilités Spécifiques et Rajeunissement des Troubles

      La période de l'adolescence et du jeune adulte est intrinsèquement une phase de vulnérabilité, le cerveau n'atteignant sa pleine maturité que vers 25 ans.

      Des tendances inquiétantes sont observées sur la précocité et la nature des troubles.

      Précocité des Pathologies : Le Pr Marie Rose Moro souligne que la majorité des pathologies psychiatriques (environ 90 %) apparaissent avant l'âge de 18 ou 21 ans.

      Le phénomène le plus marquant est le rajeunissement de l'apparition de certains troubles :

      Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) : Auparavant typiques de l'adolescence (14-15 ans), des TCA prépubères apparaissent désormais chez des enfants de 9-10 ans.  

      Refus Scolaire Anxieux : Autrefois observé au lycée, il touche maintenant des enfants dès le CM2.

      Le Rôle de l'Impulsivité : Le développement cérébral est hétérogène ; les zones liées au contrôle de l'impulsivité sont les dernières à maturer (vers 25 ans).

      Cela explique la fréquence des passages à l'acte impulsifs, comme les tentatives de suicide, qui peuvent survenir quelques minutes après un état d'humeur stable.

      Symptômes de la Dépression chez l'Adolescent : La dépression chez les jeunes ne se manifeste pas toujours par la tristesse classique.

      Il faut être attentif à des signes comme l'irritabilité, l'opposition, les troubles somatiques ou un changement de comportement brutal.

      Populations à Risque :

      Enfants placés en institution : Ils présentent des taux de dépression et d'anxiété presque deux fois supérieurs à la population générale.  

      Enfants de migrants : Une étude a montré un retard de diagnostic de la schizophrénie de 1,5 à 2 ans chez ces jeunes, représentant une perte de chance considérable.

      3. La Réponse Institutionnelle : L'Exemple de la Maison de Solen

      Face à cette crise, des structures spécialisées comme la Maison de Solen (Maison des Adolescents de l'hôpital Cochin, AP-HP) jouent un rôle central.

      Caractéristiques de la Maison de Solen

      Détails

      Ancienneté et Volume

      A fêté ses 20 ans ; accueille 5 500 nouveaux adolescents chaque année.

      Équipe

      150 professionnels, dont 25 médecins et 30 chercheurs.

      Concept Clé

      Réunir en un seul lieu de référence tous les moyens nécessaires à la santé des adolescents.

      Approche

      Pluridisciplinarité (psychiatres, pédiatres, psychologues, enseignants, etc.) et accessibilité (accueil sans rendez-vous du lundi 9h au vendredi 19h pour les jeunes, parents et professionnels).

      Scolarité

      Intègre l'école au sein de la structure pour éviter la double peine de la maladie et de la déscolarisation.

      4. Le Paradoxe des Addictions : Baisse Générale mais Gravité Accrue

      Le Dr Guillaume Eragne, psychiatre addictologue, présente une vision nuancée des conduites addictives chez les jeunes, qui va à l'encontre des idées reçues.

      Tendance Générale à la Baisse : Depuis les années 2010, on observe une baisse continue et spectaculaire de tous les usages de substances psychoactives (licites et illicites) chez les jeunes.

      Exemple du Tabagisme : Le tabagisme quotidien chez les lycéens est passé d'environ 30 % dans les années 2010 à 6 % en 2022.  

      Causes : Efficacité des programmes de prévention et de renforcement des compétences psychosociales (affirmation de soi, estime de soi), et changement des modes de sociabilisation (plus d'interactions via les écrans).

      Le Phénomène de Polarisation : Cette baisse globale masque un creusement des inégalités sociales.

      La consommation se concentre désormais chez les jeunes les plus fragiles et sortis du système scolaire, où les taux peuvent être 4 à 5 fois plus élevés.

      Stigmatisation persistante : Contrairement aux autres troubles mentaux, les addictions restent extrêmement stigmatisées.

      Le "treatment gap" (écart entre le nombre de personnes concernées et celles prises en charge) est le plus élevé pour ces troubles.

      Moins de 20 % des patients ayant un problème avec l'alcool sont soignés en France.

      Nouvelles Tendances et Exceptions :

      Le Vapotage (Puff) : L'expérimentation de la cigarette électronique dépasse désormais celle du tabac.

      Elle constitue une nouvelle porte d'entrée dans la dépendance à la nicotine pour des jeunes non-fumeurs.   

      Le Protoxyde d'Azote : L'usage de ce produit est en augmentation.

      Il est souvent associé à des profils de polyconsommateurs et peut causer des lésions neurologiques irréversibles.

      5. La Question des Écrans : Un Facteur Complexe

      Le rapport aux écrans et aux réseaux sociaux est un sujet central, mais son lien avec la santé mentale est moins direct qu'il n'y paraît.

      Un Lien de Causalité Faible : Selon le Pr Grégoire Borst, seul 1 % du bien-être adolescent serait directement lié au temps passé sur les smartphones.

      Il est difficile d'établir une causalité directe.

      L'Impact Majeur sur le Sommeil : Le domaine où les preuves sont les plus solides est l'effet négatif des écrans sur la qualité du sommeil.

      La lumière des écrans tenus près du visage perturbe le rythme circadien, alors que les adolescents souffrent déjà d'un déficit de sommeil structurel.

      Recommandations Concrètes :

      1. Ne pas utiliser d'écrans au moins une heure avant de se coucher.   

      2. Adapter les rythmes scolaires en commençant les cours au collège et au lycée une heure plus tard.

      Souffrance sans Addiction : La souffrance liée aux réseaux sociaux (sentiment de solitude, anxiété liée à l'attente de validation) peut exister indépendamment d'un diagnostic d'addiction, qui se définit par une perte de contrôle.

      6. La Perspective de Genre : Spécificités de la Santé Mentale Féminine

      Le Dr Sarah Tebeka, psychiatre, insiste sur la nécessité d'une approche différenciée de la santé mentale selon le genre, car les troubles ne se manifestent pas de la même manière chez les hommes et les femmes.

      Vulnérabilité Accrue à la Dépression et à l'Anxiété : Les femmes ont un risque deux fois plus important de développer ces troubles.

      Cette vulnérabilité apparaît à la puberté (ménarche) et s'estompe à la ménopause, suggérant un fort rôle des facteurs hormonaux.

      Causes Multifactorielles :

      Biologiques : Fluctuation des hormones sexuelles.  

      Environnementales : Exposition accrue aux traumatismes et aux violences sexuelles (90 % des victimes sont des filles).  

      Socioculturelles : Pression sur l'apparence, attentes sociétales et moindre incitation à la pratique d'une activité physique régulière.

      Différences de Symptômes (Exemple de la Dépression) :

      Chez la Femme

      Chez l'Homme

      Tristesse, perte de plaisir (anhédonie)

      Irritabilité, colère

      Culpabilité, dévalorisation

      Fuite, isolement

      Consommation de substances

      6.1. La Charge Mentale des Jeunes Aidants

      Une forme particulière de charge mentale touche de manière disproportionnée les jeunes femmes : le rôle d'aidant familial.

      Prévalence : L'étude "CampusCaire" révèle qu'environ un étudiant sur six (16 %) est en situation d'aidant auprès d'un proche malade ou en situation de handicap.

      Disparité de Genre : 80 % de ces jeunes aidants sont des jeunes femmes.

      Le Défi de la Reconnaissance : Beaucoup de ces étudiants n'ont pas conscience de leur statut d'aidant, considérant leur aide comme normale, et peinent à demander de l'aide pour eux-mêmes.

      Soutiens Existants : Les universités mettent en place des dispositifs d'aide (aménagements d'études, soutien psychologique, groupes de parole entre pairs).

    1. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/dossiers/effets_psychologiques_tiktok_mineurs

      Note d'Information : Synthèse du Rapport d'Enquête sur TikTok et les Mineurs

      Synthèse

      Ce document de synthèse présente les conclusions et recommandations du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les effets psychologiques de l'application TikTok sur les mineurs.

      Le rapport dresse un constat accablant : le modèle économique de TikTok, basé sur la captation de l'attention à des fins commerciales, expose les jeunes utilisateurs à des contenus dangereux et addictifs, avec des conséquences graves pour leur santé mentale et physique.

      L'algorithme de la plateforme, par sa conception même, tend à amplifier les contenus négatifs et à enfermer les jeunes vulnérables dans des spirales de souffrance psychologique.

      Face à ce diagnostic, la commission a formulé 43 recommandations articulées autour de plusieurs axes majeurs :

      1. Une régulation renforcée des plateformes à l'échelle européenne, en s'appuyant sur le Digital Services Act (DSA), et au niveau national, par des obligations de modération humaine et de transparence algorithmique.

      2. Des mesures de protection directes pour les mineurs, notamment la proposition phare d'interdire l'accès aux réseaux sociaux avant l'âge de 15 ans et de généraliser la "pause portable" dans les lycées.

      3. Une politique de sensibilisation et d'éducation massive de l'ensemble de la société, visant les enfants, les parents, les professionnels de santé et le corps enseignant.

      Le rapport met également en lumière des nuances d'approche entre ses co-auteurs, notamment sur la priorité à donner entre l'interdiction pour les moins de 15 ans (soutenue par la rapporteure Laure Miller) et une régulation prioritaire des plateformes pour créer des espaces sécurisés (privilégiée par le président Arthur de la Porte).

      Enfin, une action judiciaire a été engagée par le président de la commission, qui a saisi le parquet de Paris pour "négligence coupable" de la part de TikTok.

      I. Contexte et Genèse de la Commission d'Enquête

      Le Constat Alarmant de l'Exposition des Mineurs

      La commission d'enquête s'inscrit dans un contexte d'exposition précoce et intensive des mineurs aux écrans et aux réseaux sociaux, étayé par plusieurs études :

      Usage Précoce : Selon un rapport de l'ARCOM (septembre 2025), une majorité de jeunes de 10 à 14 ans utilise les réseaux sociaux avant l'âge minimal légal de 13 ans. L'âge moyen de la première utilisation est de 11 ans pour les plateformes vidéo et de 12 ans pour les réseaux sociaux.

      Exposition aux Contenus Choquants : Les trois quarts des 11-17 ans déclarent avoir déjà été exposés à des contenus qu'ils jugent choquants. TikTok joue un rôle particulièrement préoccupant, avec 38 % de ses utilisateurs gravement exposés à des contenus violents.

      Faiblesse de la Vérification de l'Âge : Seuls 10 % des utilisateurs de TikTok interrogés par l'ARCOM ont fait l'objet d'une demande de vérification d'âge ou ont vu leur compte bloqué.

      Temps d'Écran Élevé : Une étude de Santé publique France montre que les enfants de 9 à 11 ans passent en moyenne 2h33 par jour devant les écrans. Sur TikTok spécifiquement, le temps moyen pour les jeunes utilisateurs est de 1h43, pouvant atteindre 7 à 8 heures par jour selon les témoignages recueillis.

      La Démarche de la Commission

      Lancée en avril sur la base d'une proposition de résolution transpartisane, la commission a mené un travail intensif pour "ouvrir le capot de la machine TikTok".

      Périmètre : Le focus a été mis sur TikTok, considéré comme le réseau social le plus utilisé par les jeunes et dont le modèle (vidéos en plein écran défilant à l'infini) est imité par les autres plateformes.

      Méthodologie :

      67 réunions tenues en 84 jours.    ◦ 163 personnes auditionnées pendant 95 heures, incluant des pédopsychiatres, des sociologues, des associations familiales, des familles de victimes (regroupées dans le collectif Algos), des influenceurs (positifs comme Hugo Travers et d'autres plus controversés), ainsi que des représentants des plateformes, dont une audition de 8 heures pour TikTok.    ◦ Une consultation publique sur le site de l'Assemblée nationale ayant recueilli près de 30 000 participations, dont 19 000 lycéens.

      II. Diagnostic : Les Effets Psychologiques et les Mécanismes de TikTok

      Le constat de la commission est qualifié de "sans appel" et "accablant". Il met en cause directement le modèle économique et algorithmique de la plateforme.

      Un Algorithme Conçu pour l'Addiction et la Rétention

      L'algorithme et le design de TikTok sont décrits comme une "machine à sous de vidéo" ou des "sucreries mentales" conçues pour maximiser le temps passé sur l'application.

      Rétention d'Attention : L'algorithme est extrêmement efficace pour retenir l'attention des utilisateurs, ce qui a pour premier effet une privation du temps de sommeil, impactant la santé mentale, l'attention et la capacité de suivi scolaire.

      Logique Commerciale : L'objectif est un "business de la data et du temps de cerveau disponible", où les mineurs constituent une cible stratégique majeure.

      Renforcement de la Souffrance : L'algorithme détecte rapidement les vulnérabilités. Un jeune en situation de mal-être se verra proposer de plus en plus de contenus violents, choquants ou liés à sa souffrance (suicide, anorexie), l'enfermant dans un cercle vicieux.

      Responsabilité Quasi-Éditoriale : Bien que les plateformes n'aient pas de responsabilité éditoriale au sens juridique, la commission estime que par la sélection et la mise en avant des contenus ("curialisation"), elles ont une responsabilité de fait, qui les soumet à des obligations de protection des mineurs au titre du DSA.

      La Nature des Contenus Préjudiciables

      La commission a identifié une large gamme de contenus néfastes, bénéficiant d'une large audience car les émotions négatives retiennent davantage l'attention.

      • Promotion du suicide, de l'automutilation et des troubles du comportement alimentaire.

      • Conseils de santé dangereux.

      • Exposition à la violence sous toutes ses formes, au racisme, à l'antisémitisme et à la pédocriminalité.

      • Banalisation de contenus radicaux et extrémistes, menant à une fragmentation identitaire et à la création de "bulles" qui altèrent le rapport au monde et menacent la cohésion nationale.

      Impacts sur la Santé Physique et Mentale des Mineurs

      Les auditions de professionnels de santé ont confirmé que si un lien de causalité direct est difficile à prouver, l'utilisation des réseaux sociaux amplifie avec certitude les vulnérabilités et le mal-être préexistants.

      Catégorie d'Impact

      Description des Effets Observés

      Santé Physique

      Privation de sommeil.

      Développement Cognitif

      Réduction de la capacité de concentration et de la tolérance à l'ennui.

      Construction Sociale

      Pression sur l'image corporelle, notamment pour les jeunes filles, avec la promotion d'un idéal de corps féminin irréaliste.

      Rapport à la Violence

      Banalisation de la violence, cyberharcèlement.

      Santé Mentale

      Amplification des troubles anxieux, de la dépression et des idéations suicidaires chez les jeunes vulnérables.

      III. Les 43 Recommandations : Axes d'Action et Points de Débat

      Axe 1 : La Régulation des Plateformes (Niveau Européen et National)

      La commission préconise une double approche : poursuivre le combat à l'échelle de l'UE, tout en agissant rapidement au niveau national.

      Le Levier Européen : Huit recommandations visent à renforcer le rôle de l'Europe. Le Digital Services Act (DSA) est identifié comme l'outil principal, mais son application est lente. Les travaux de la commission ont déjà contribué à consolider la position française à Bruxelles.

      Régulation Algorithmique : Une proposition vise à imposer que le flux de contenus par défaut soit celui des abonnements de l'utilisateur ("suivi") et non le flux "Pour Toi", jugé plus dangereux car entièrement piloté par l'algorithme.

      Renforcement de la Modération : Le rapport souligne la réduction des moyens de modération humaine par TikTok et insiste sur la nécessité de les renforcer.

      Soutien aux Signaleurs de Confiance : Il est proposé de créer un fonds de dotation, financé par les plateformes sur le principe du "pollueur-payeur", pour garantir l'indépendance et les moyens des associations qui signalent les contenus illicites (ex: e-Enfance, Stop Fisha).

      Axe 2 : La Protection des Mineurs et la Sensibilisation de la Société

      L'Interdiction d'Accès avant 15 ans : C'est une des propositions les plus débattues. Elle vise à protéger les plus jeunes durant une période cruciale de leur développement, en attendant une régulation efficace des plateformes.

      La "Pause Portable" dans les Établissements Scolaires : Le rapport recommande d'étendre aux lycées l'interdiction du téléphone portable déjà en vigueur dans les collèges, soulignant les bénéfices observés sur la sérénité des élèves et la socialisation.

      Sensibilisation Massive : Le rapport insiste sur le fait qu'une interdiction seule est insuffisante. Il appelle à :

      ◦ Des campagnes d'information "choc" grand public.    ◦ Le renforcement des messages de prévention dans les carnets de santé.    ◦ La formation des professionnels de santé et du personnel de l'Éducation nationale, souvent démunis face à ces enjeux.    ◦ L'accompagnement des parents, en luttant contre l'injonction contradictoire entre le "tout numérique" scolaire et les appels à limiter les écrans.

      Axe 3 : Les Points de Divergence et de Nuance

      Le rapport reflète un consensus sur le diagnostic, mais des approches différentes sur certaines solutions.

      Débat sur l'Interdiction vs. la Régulation :

      Mme Laure Miller défend l'interdiction pour les moins de 15 ans comme une mesure de protection immédiate, arguant que les droits fondamentaux des enfants (santé, sécurité) sont actuellement bafoués.    ◦ M. Arthur de la Porte privilégie une approche axée sur la régulation des plateformes pour rendre les espaces numériques sécurisés, afin de permettre un accès contrôlé aux 13-15 ans dans l'esprit de la loi Marcangeli.

      La Question de la Responsabilité Parentale :

      ◦ Mme Miller a proposé de créer un "délit de négligence numérique" pour les cas d'exposition excessive et manifeste, après une période de sensibilisation de trois ans, afin d'inscrire la protection numérique dans les devoirs parentaux.    ◦ M. de la Porte exprime une nuance, considérant que l'enjeu principal est de combattre les plateformes et non de pénaliser les parents.

      IV. Enjeux Transversaux et Suites Envisagées

      La Vérification de l'Âge : Défis Techniques et Protection des Données

      La mise en œuvre de toute limite d'âge repose sur une vérification efficace. Des solutions respectueuses de la vie privée sont en développement, basées sur le principe du "double anonymat" où un tiers de confiance valide la majorité sans transmettre de données personnelles à la plateforme. La France participera à une expérimentation européenne d'un tel outil à partir du printemps 2025.

      Le Rôle des Autres Acteurs

      La discussion a souligné la nécessité d'impliquer l'ensemble de la chaîne de responsabilité, incluant non seulement les plateformes, mais aussi les opérateurs télécoms et les constructeurs de terminaux (smartphones).

      L'Action Judiciaire et la Pression sur les Plateformes

      En conclusion de ses travaux, le président Arthur de la Porte a saisi le parquet de Paris sur la "négligence coupable" de TikTok.

      Cette démarche vise à engager la responsabilité pénale de la plateforme, considérée comme un levier essentiel pour contraindre les géants du numérique à modifier leurs pratiques, en complément des sanctions administratives prévues par le DSA.

    1. Synthèse des Outils Numériques et des Procédures Associées au Lycée

      Résumé

      Ce document synthétise l'écosystème des outils numériques utilisés au sein de l'établissement, en se basant sur un tutoriel détaillé.

      L'objectif principal est de clarifier le rôle de chaque plateforme et de fournir un guide pratique pour les parents et les élèves. Le point d'entrée fondamental de cet écosystème est le compte EduConnect, qui sert de clé d'accès unique à la quasi-totalité des services.

      Sans un compte EduConnect fonctionnel, l'accès aux autres outils est impossible.

      Les plateformes principales sont :

      1. EduConnect et les Téléservices : Le portail national pour l'identité numérique, indispensable pour les démarches administratives telles que les demandes de bourses, le paiement de la cantine et la mise à jour des informations personnelles.

      2. Mon Bureau Numérique (MBN) : L'environnement de travail fourni par la Région Grand Est, servant de portail central pour la vie scolaire quotidienne, incluant le cahier de textes, la messagerie, l'agenda et l'accès aux ressources de la classe.

      3. Pronote : Accessible via MBN, cet outil est spécialisé dans le suivi pédagogique : consultation des notes, gestion des absences, emploi du temps mis à jour et prise de rendez-vous pour les rencontres parents-professeurs.

      4. Parcoursup : La plateforme nationale pour l'orientation post-bac, essentielle pour les élèves de Terminale et une ressource d'information cruciale pour les élèves de Seconde et Première.

      5. Outils Complémentaires : Un système de prise de rendez-vous en ligne pour les psychologues de l'Éducation Nationale (PsyEN) et la fourniture de licences Microsoft Office gratuites pour les élèves.

      Un support informatique est disponible en cas de difficulté via l'adresse e-mail X.

      Il est souligné qu'une part significative de parents (600) n'a pas encore activé son compte EduConnect, ce qui les prive d'accès à des services essentiels, notamment le vote pour les représentants des parents d'élèves.

      1. Le Portail EduConnect : La Clé d'Accès Universelle

      EduConnect est le portail d'authentification de l'Éducation Nationale. Il ne s'agit pas d'un outil utilisé au quotidien, mais de la porte d'entrée indispensable à tous les autres services.

      Rôle et Importance

      Identifiant Unique : Fournit un identifiant et un mot de passe uniques pour accéder à la majorité des outils numériques de l'établissement.

      Point de Départ Obligatoire : Si le compte EduConnect ne fonctionne pas, aucun autre service n'est accessible.

      Comptes Multiples : Chaque responsable légal (père, mère, responsable 1 et 2) dispose de son propre compte individuel.

      Activation et Dépannage

      Problème d'Activation : Un constat a été fait que 600 parents n'ont pas activé leur compte, souvent car un seul des deux parents gère le suivi scolaire.

      Cela pose problème, par exemple, pour le vote aux élections des parents d'élèves, où chaque parent peut voter.

      Procédure en cas de problème :

      1. Contacter le support informatique du lycée à l'adresse : X.   

      2. Vérifier le dossier "spam" de sa messagerie, car les e-mails de réinitialisation peuvent y atterrir.   

      3. En dernier recours, l'établissement peut imprimer un document papier avec des identifiants temporaires.

      Complexités Possibles : Des difficultés peuvent survenir en cas de :

      ◦ Plusieurs enfants scolarisés dans différents établissements.    ◦ Homonymes entre parents d'élèves.    ◦ Changement d'académie.

      Mise à jour des e-mails : Le bon fonctionnement du compte dépend de l'exactitude de l'adresse e-mail enregistrée dans la base de données de l'établissement (base Siècle), car c'est par ce biais que sont envoyés les liens de réinitialisation. Actuellement, une quarantaine d'adresses e-mail sont encore erronées sur environ 2800.

      2. Téléservices (Scolarité Services) : La Gestion Administrative

      Accessibles via le compte EduConnect, les Téléservices sont la plateforme pour toutes les démarches administratives numérisées.

      Fonctionnalités Principales

      Demandes de Bourse : Permet de soumettre une demande de bourse en ligne, sans document papier.

      Fiche de Renseignements : Consultation et demande de modification des coordonnées (adresse postale, e-mail, téléphone). Toute modification doit être validée par le secrétariat de l'établissement.

      Paiement de la Demi-Pension :

      ◦ Les factures sont publiées sur cette plateforme (la première vers mi-novembre).   

      ◦ Il est possible de payer chaque facture trimestrielle en deux fois, permettant ainsi un étalement sur six paiements dans l'année.

      La mensualisation complète est envisagée pour l'année suivante.

      Documents Officiels : Téléchargement du certificat de scolarité. Ce document est également disponible sur Pronote.

      Orientation : La plateforme sera utilisée pour les phases d'orientation, notamment pour les élèves de Seconde.

      3. Mon Bureau Numérique (MBN) : L'Espace de Travail Quotidien

      MBN est l'environnement numérique de travail (ENT) fourni par la Région Grand Est. Il s'agit du portail central pour la communication et les informations pédagogiques.

      Accès

      • La connexion s'effectue via les identifiants EduConnect.

      • Après connexion au portail académique, il est nécessaire de sélectionner "Lycée Louis-Vincent" pour accéder à l'espace de l'établissement.

      • Il est conseillé d'ajouter le site MBN aux favoris de son navigateur pour un accès plus rapide et écologique.

      Fonctionnalités Clés pour les Parents

      Cahier de Textes : Permet de consulter le travail à faire donné aux élèves jour par jour, ainsi que le contenu des séances passées.

      Messagerie (Zimbra) :

      ◦ Permet de contacter les enseignants de la classe de son enfant, la direction ou d'autres personnels via un assistant destinataire.   

      Note importante : Le Proviseur (Olivier Palaise) préfère être contacté sur son adresse académique (olivier.palaise@ac-nancy-metz.fr) plutôt que via la messagerie MBN pour des raisons de gestion de flux (recevant entre 100 et 200 e-mails par jour).

      Agenda de l'Établissement : Un calendrier complet des événements du lycée (Fête de la Science, vacances, sessions d'évaluation Pix, etc.).

      Espace Classe : Section où les enseignants peuvent partager des ressources spécifiques à une classe ou une spécialité (ex: règles pour le travail en mathématiques, liens vers des manuels).

      Accès à Pronote : MBN est le portail d'entrée pour se connecter à Pronote.

      Vue Élève : Le Médiacentre

      • Les élèves disposent d'un onglet supplémentaire, "Médiacentre", qui donne accès à l'ensemble des manuels scolaires numériques fournis par la Région Grand Est.

      Avantages : Gratuité pour les familles et allègement significatif du poids des cartables.

      Inconvénients : L'utilisation d'un manuel sur écran peut être moins pratique qu'un format papier.

      Autres ressources : Le Médiacentre donne également accès à des outils comme "Do you speak grand test", une plateforme gratuite d'apprentissage des langues.

      4. Pronote : Le Suivi Pédagogique Détaillé

      Pronote est le logiciel de vie scolaire utilisé pour le suivi précis des résultats et de l'assiduité des élèves.

      Accès et Fonctionnalités

      Accès : Se fait en cliquant sur l'icône Pronote depuis Mon Bureau Numérique (MBN).

      Suivi des Notes : Consultation de l'ensemble des notes obtenues. Les parents y ont accès quelques jours après les élèves, pour permettre aux professeurs d'expliquer d'abord les résultats en classe.

      Emploi du Temps : C'est la source la plus fiable et la plus à jour pour l'emploi du temps de l'élève, incluant les absences de professeurs et les modifications de salles.

      Élections des Parents d'Élèves : C'est via Pronote que les parents accèdent à la plateforme de vote électronique. Il est rappelé que les deux parents peuvent voter, et que le vote nécessite un compte EduConnect activé.

      https://youtu.be/b7gst-DjVd8?t=1979

      Réunions Parents-Professeurs : La prise de rendez-vous pour les rencontres se fera via cet espace (ex: à partir du 17-18 novembre pour la réunion des classes de Seconde du 29 novembre).

      5. Parcoursup : La Plateforme d'Orientation Post-Bac

      Parcoursup est l'outil national incontournable pour la gestion des vœux d'affectation dans l'enseignement supérieur.

      Utilisation et Calendrier

      Public concerné : Indispensable pour les élèves de Terminale, il est fortement conseillé aux élèves de Première et de Seconde de s'y familiariser pour préparer leurs choix de spécialités et de filières.

      Disponibilité : Même lorsque la plateforme est "fermée" (avant la mise à jour des formations de l'année en cours), elle reste une mine d'informations (vidéos, tutoriels, carte des formations de l'année précédente).

      Exploration des Formations

      • La recherche d'une formation donne accès à une fiche détaillée contenant des informations capitales.

      Exemple concret - PASS (Parcours d'Accès Spécifique Santé) à Nancy :

      Critères de Sélection (2025)

      Poids

      Détails

      Résultats Scolaires

      45%

      Notes de Première et de Terminale.

      Méthodes de Travail

      Évaluées via les remarques des enseignants.

      Savoir-être

      Motivation (lettre), comportement.

      Engagement

      Activités extra-scolaires valorisées (délégué, SNU, etc.).

      Chiffres Clés (2025) :

      Candidats : 2 990    ◦ Propositions d'admission reçues : 922   

      Admis finaux : 78    ◦ Profil des admis : 99% issus d'un bac général.

      Des émissions dédiées à Parcoursup seront proposées plus tard dans l'année pour approfondir son fonctionnement.

      6. Outils et Support Complémentaires

      Prise de Rendez-vous avec les Psychologues de l'Éducation Nationale (PsyEN)

      • Un site dédié, fonctionnant sur le modèle de Doctolib, a été mis en place pour prendre rendez-vous avec les deux PsyEN de l'établissement (Mme Morau et Mme Berdou).

      Adresse du site : orientation.lcer-luis-vincent.fr

      Fonctionnement : Les parents ou élèves choisissent un créneau disponible, remplissent leurs informations (nom, prénom, e-mail, classe) et reçoivent une confirmation et un rappel par e-mail.

      Recommandation : Il est conseillé de réserver deux créneaux successifs pour disposer d'une heure complète d'entretien.

      Licences Logicielles

      • Les élèves bénéficient de licences Microsoft Office (Word, Excel, Publisher) gratuites, fournies par le lycée et la Région Grand Est.

      • Chaque licence peut être installée sur 10 appareils (ordinateurs, tablettes, téléphones).

      • L'identifiant est de la forme `. Le mot de passe a été distribué en début d'année.

      Support Technique

      • Pour toute difficulté technique avec l'un de ces outils, l'adresse de contact unique .

    1. Élections au Conseil de la Vie Lycéenne 2025 : Analyse des Programmes

      Résumé

      Le présent document synthétise les professions de foi des candidats aux élections du Conseil de la Vie Lycéenne (CVL) du lycée Louis Vincent pour le mandat 2025.

      Les élections se dérouleront du 30 septembre au 2 octobre via la plateforme Pronote, où cinq binômes seront élus pour un mandat de deux ans.

      L'objectif commun déclaré par l'ensemble des candidats est d'améliorer les conditions et la qualité de vie au sein de l'établissement.

      L'analyse des programmes révèle plusieurs thèmes transversaux et récurrents :

      1. Convivialité et Événements : La quasi-totalité des candidats propose l'organisation de journées à thème (pyjama, sans sac, carnaval, maillot de foot), de ventes de nourriture et de boissons chaudes (notamment en hiver), et de grands événements fédérateurs comme un festival de fin d'année ouvert à tous les niveaux, des tournois sportifs interclasses ou un bal des terminales.

      2. Solidarité et Actions Caritatives : Un fort accent est mis sur la solidarité, avec des propositions de collectes (alimentaires, produits d'hygiène, fournitures scolaires) et de levées de fonds dont les bénéfices seraient reversés à des associations caritatives (Restos du cœur, un cahier un crayon) ou à des lycéens dans le besoin de manière anonyme.

      3. Culture et Pédagogie : De nombreux programmes ambitionnent de dynamiser la vie culturelle du lycée.

      Les idées incluent une meilleure utilisation de la salle de cinéma pour des projections pédagogiques ou des séances gratuites, l'organisation de sorties culturelles, la création de clubs (lecture, débat), et la mise en place de systèmes de tutorat et de parrainage entre élèves.

      4. Bien-être et Cadre de Vie : L'amélioration du bien-être des élèves est une priorité centrale.

      Les propositions visent à créer des espaces de détente et de travail plus calmes et accueillants, à aménager des espaces verts (potager, jardin partagé), à gérer le stress via des ateliers, et à améliorer les infrastructures pratiques comme l'ajout de casiers.

      5. Communication et Représentation : Plusieurs binômes souhaitent renforcer le lien entre le CVL et les élèves par la gestion active d'un compte Instagram, la mise en place d'une boîte à idées, la publication de comptes-rendus mensuels et une promesse générale d'écoute.

      Un candidat, Baptiste, fonde même l'intégralité de sa démarche sur l'absence de programme prédéfini afin de représenter directement les demandes des élèves.

      En somme, les candidatures de 2025 témoignent d'une volonté partagée de rendre le lycée Louis Vincent plus dynamique, solidaire, culturellement riche et attentif au bien-être de chaque élève.

      Présentation des Candidats et de Leurs Plateformes

      Le tableau suivant récapitule les différents binômes candidats, leur niveau de classe et les points saillants de leur programme.

      Candidats (Titulaires et Suppléants)

      Classe(s)

      Qualités Revendiquées

      Points Clés du Programme

      VM & CR

      Terminale 6 & Première 2

      Créatives, motivées, sérieuses, expérience et énergie

      Projet "H24" (camping au lycée), journées à thème (maillot de foot, sans sac, pyjama).

      SP et OP

      Seconde 12 & Seconde 13

      Bienveillants, honnêtes, altruistes, intègres, ouverts au dialogue

      Ventes de snacks/boissons chaudes, 2ème service à la cantine, création d'un lieu de travail/repos, tournois sportifs interclasses.

      MV et KM

      Non spécifié

      -

      4 axes : écologie (coin nature, potager), vie scolaire (journées à thème, menus spéciaux), culture (concours de talents, tutorat, sorties), bien-être (coin calme).

      MO et LO

      Première STL & Première 11

      Engagée, sympathique, responsable, réfléchi, à l'écoute, sérieux, ambitieux

      Récolte caritative, grande journée conviviale de fin d'année, vente de gourdes écoresponsables, communication améliorée (compte-rendu, boîte à idées).

      AI et IP

      Terminale 2 & Première 7

      Inspirés par les anciens CVL

      Vente de fournitures scolaires, vente de thé/chocolat chaud pour des associations, festival de fin d'année pour tous les niveaux.

      AP et GL

      Première 2 & Première 4

      Expérience (délégué, ancien CVC)

      Ventes de pâtisseries/boissons, gestion active du compte Instagram du CVL (sondages, menus), ajout de casiers pour tous, décorations du lycée.

      RS et LH

      Seconde 4 & Seconde 1

      À l'écoute

      Utilisation de la salle de cinéma à but pédagogique, organisation de goûters thématiques pour financer des associations ou des sorties, décorations festives.

      HS et JPM

      Terminale & Première 6

      -

      Optimisation des TV de l'accueil (horaires de bus, menus), dynamisation de la web TV, séances de cinéma gratuites, collecte de fournitures, vente de pulls du lycée, changement de la sonnerie via vote.

      RB et NL

      Seconde 4 & Seconde 6

      -

      Grand repas mensuel à la cantine, collecte de produits d'hygiène/vêtements pour les SDF, semaines à thème (cinéma), tutorat entre 15h et 18h.

      B

      Seconde

      -

      Absence de programme défini. Volonté de représenter directement les idées et besoins des 1600 élèves. Souhaite renouveler les initiatives type "Journées du Patrimoine".

      SV et LL

      Terminale 4 & Première 9

      Souriantes, à l'écoute, motivées

      Ateliers de gestion du stress, espaces de détente, tutorat Terminales/Secondes, création d'espaces verts (potager), sorties culturelles, amélioration des salles de travail.

      Analyse Détaillée des Thèmes de Campagne

      1. Convivialité, Événements et Vie Sociale

      Ce thème est le plus largement partagé par les candidats, qui souhaitent briser la routine et renforcer les liens entre les élèves.

      Journées à Thème : Une proposition quasi unanime.

      Journée pyjama : Proposée par Victorine & Capucine, et Mabine & Victoria.   

      Journée sans sac : Proposée par Victorine & Capucine, Mabine & Victoria, Henry & Maxime, et Sacha & Lili.  

      Journée en maillot de foot : Proposée par Victorine & Capucine. 

      Journée carnaval : Proposée par Mabine & Victoria, et Sacha & Lili.  

      Journée de l'élégance : Proposée par Sacha & Lili.

      Événements de Fin d'Année :

      Festival pour tous les niveaux : Avazov & Isaac proposent un événement avec stands de nourriture, concours de talents et concerts pour inclure les Secondes et Premières, souvent exclus du bal des terminales.  

      Grande journée conviviale : Méina & Lilian suggèrent une journée avec jeux, sport et musique pour élèves, professeurs et personnel.  

      Bal des terminales et "Perçant" : Arnaud & Grégoire s'engagent à organiser ces événements traditionnels.

      Ventes de Nourriture et Boissons :

      Ventes de snacks et boissons chaudes (hiver) : Proposées par Sacha & Oscar, Avazov & Isaac.    ◦ Ventes de pâtisseries : Proposées par Arnaud & Grégoire.  

      Goûters thématiques (Noël, Halloween) : Proposés par Roman & Louison.

      Événements Sportifs et Sociaux :

      Tournois sportifs interclasses : Proposés par Sacha & Oscar.  

      Grand repas mensuel à la cantine : Suggéré par Romain & Noa pour favoriser les rencontres.

      2. Solidarité, Écologie et Actions Caritatives

      De nombreux candidats placent l'engagement solidaire et écologique au cœur de leur projet.

      Collectes et Dons :

      Récoltes caritatives générales : Proposées par Méina & Lilian, avec une redistribution anonyme possible aux lycéens dans le besoin.  

      Collectes pour des associations (SDF, etc.) : Romain & Noa proposent de récolter des produits d'hygiène, de la nourriture et des vêtements chauds. Mabine & Victoria souhaitent organiser des collectes solidaires régulières.  

      Collecte de fournitures scolaires : Henry & Maxime suggèrent que les terminales fassent don de leur matériel (ex: calculatrices) aux nouveaux élèves.

      Financement d'Associations :

      ◦ Plusieurs binômes (Avazov & Isaac, Roman & Louison) proposent que les bénéfices des ventes de nourriture soient reversés à des associations comme les Restos du cœur ou Un cahier, un crayon.

      Écologie et Cadre de Vie :

      Espaces verts : Mabine & Victoria et Sacha & Lili veulent créer un "coin nature", un jardin partagé ou un potager pédagogique.  

      Gourdes écoresponsables : Méina & Lilian proposent de créer et vendre une gourde en matériaux recyclés.

      3. Culture, Éducation et Entraide

      L'accès à la culture et le soutien scolaire sont des axes de développement majeurs.

      Utilisation de la Salle de Cinéma : Un projet récurrent.

      Usage pédagogique : Roman & Louison souhaitent encourager les professeurs à utiliser la salle pour des projections en lien avec les cours.  

      Accès gratuit à la culture : Henry & Maxime et Mabine & Victoria veulent organiser des séances de cinéma gratuites et régulières pour tous.

      Tutorat et Parrainage :

      Aide aux devoirs : Romain & Noa suggèrent un système de tutorat entre 15h et 18h pour les élèves en difficulté.   

      Parrainage Secondes/Terminales : Sacha & Lili proposent un parrainage pour faciliter l'intégration des Secondes, une idée également mentionnée par Mabine & Victoria.

      Enrichissement Culturel :

      Sorties culturelles et sportives : Mabine & Victoria et Sacha & Lili souhaitent en organiser davantage.  

      Rencontres avec d'anciens élèves : Mabine & Victoria proposent d'inviter des anciens pour partager leur parcours.   

      Concours de talents : Mabine & Victoria veulent lancer un concours annuel (photo, écriture, musique, sport).  

      Clubs : L'idée de clubs (lecture, débat) est avancée par Mabine & Victoria.

      4. Améliorations Pratiques et Bien-être

      Les candidats sont attentifs aux aspects concrets de la vie lycéenne et à la santé mentale des élèves.

      Espaces de Vie et de Travail :

      Création d'un lieu de repos/travail : Sacha & Oscar constatent que la Maison des Lycéens est souvent encombrée et bruyante et proposent un nouvel espace.  

      Aménagement d'un coin calme et détente : Une priorité pour Mabine & Victoria et Sacha & Lili, qui souhaitent aussi mettre en place des ateliers de gestion du stress.

      Infrastructures et Services :

      Ajout de casiers : Arnaud & Grégoire insistent sur le manque de casiers, notamment pour les demi-pensionnaires aux journées longues.  

      Deuxième service à la cantine : Proposé par Sacha & Oscar.    ◦ Vente de fournitures scolaires : Avazov & Isaac suggèrent une vente au foyer pour les oublis avant une évaluation.

      Ambiance Sonore et Visuelle :

      Changement de la sonnerie : Henry & Maxime proposent un vote via Instagram pour changer la sonnerie plusieurs fois par an.  

      Décorations du lycée : Arnaud & Grégoire et Roman & Louison veulent décorer l'établissement pour les fêtes (Noël, Halloween).

      5. Communication et Démocratie Lycéenne

      Améliorer la transmission de l'information et l'écoute des élèves est un enjeu clé.

      Outils de Communication Numérique :

      Gestion du compte Instagram du CVL : Arnaud & Grégoire veulent le rendre plus actif avec des sondages et des informations pratiques (menus de la cantine).   

      Utilisation des télévisions de l'accueil : Henry & Maxime veulent y diffuser des informations utiles (horaires de bus, actualités du CVL).

      Mécanismes de Participation :

      Boîte à idées : Proposée par Méina & Lilian pour que chaque élève puisse soumettre des propositions.  

      Comptes-rendus mensuels : Également une idée de Méina & Lilian pour plus de transparence sur les actions du CVL.

      Philosophie de Représentation :

      ◦ La quasi-totalité des candidats se disent "à l'écoute".  

      Baptiste se distingue par une approche radicale, refusant un programme pour se faire le porte-parole direct et exclusif des demandes formulées par les élèves.

  2. Oct 2025
    1. Note de Synthèse : Rapport sur la Santé Mentale des Mineurs

      Le rapport: https://hyp.is/go?url=https%3A%2F%2Fwww.assemblee-nationale.fr%2Fdyn%2F17%2Frapports%2Fdde%2Fl17b1700_rapport-information.pdf&group=world

      Résumé

      Ce document de synthèse présente les conclusions et recommandations clés du rapport parlementaire sur la santé mentale des mineurs.

      Le constat principal est une dégradation alarmante de la santé psychique des enfants et adolescents en France, avec 1,6 million de mineurs souffrant d'un trouble psychique, et une augmentation particulièrement marquée de +70% chez les 10-14 ans entre 2017 et 2023.

      Le système de soins est totalement débordé, avec seulement un jeune sur deux ayant accès à un suivi et des délais d'attente atteignant 18 mois pour un premier rendez-vous en Centre Médico-Psychologique (CMP).

      Le rapport identifie deux crises interdépendantes : d'une part, une offre de soins illisible, sous-financée et en manque criant de personnel, et d'autre part, une prévention quasi inexistante, notamment dans le cadre scolaire.

      Une surreprésentation dramatique des enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) au sein des services de pédopsychiatrie (jusqu'à 40% des lits pour 2% de la population mineure) met en lumière la faillite du suivi de ces publics particulièrement vulnérables.

      Les 54 recommandations formulées visent à une refonte structurelle du système. Les priorités incluent :

      1. La réorganisation du parcours de soins via une "gradation" claire, renforçant le premier recours (médecins généralistes, pédiatres) pour désengorger les CMP.

      2. Le renforcement des CMP comme pivots du système, avec des budgets pérennes, un maillage territorial assurant un accès en 30 minutes, et une approche pluridisciplinaire.

      3. L'investissement massif dans la prévention, de la périnatalité (unités parents-bébés) à la santé scolaire (atteindre les ratios européens de médecins et psychologues).

      4. Une meilleure prise en charge des enfants de l'ASE avec un repérage systématique, un suivi de santé effectif et la création de structures mixtes soin-hébergement.

      5. La lutte contre la pénurie de professionnels par la revalorisation des salaires, la réforme de la tarification des actes et des mesures pour améliorer l'attractivité de la pédopsychiatrie.

      Enfin, le rapport souligne l'impact majeur de facteurs environnementaux comme la pression scolaire (Parcoursup), l'addiction aux écrans et les inégalités sociales, appelant à des réponses politiques plus larges.

      1. Le Constat Alarmant d'une Crise de Santé Publique

      Le rapport parlementaire, fruit de six mois de travail incluant 37 auditions et quatre déplacements, dresse un tableau sans équivoque de la détérioration de la santé mentale des mineurs en France.

      A. Chiffres Clés de la Dégradation

      Prévalence des troubles : Selon le rapport de la Cour des comptes de 2023, 1,6 million d'enfants et d'adolescents souffrent d'un trouble psychique.

      Augmentation significative : Entre 2017 et 2023, une forte augmentation des troubles a été observée, notamment :

      +70 % chez les 10-14 ans.    ◦ +46 % chez les 15-20 ans.

      Actes auto-infligés : La DREES note une augmentation des hospitalisations pour tentatives de suicide et gestes auto-infligés chez les 10-14 ans.

      Précocité des troubles : La moitié des troubles psychiatriques se déclarent avant l'âge de 15 ans, soulignant l'urgence d'une intervention précoce.

      B. La Vulnérabilité Extrême des Enfants Protégés

      Un des constats les plus marquants du rapport est la surreprésentation des enfants relevant de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) dans les services de pédopsychiatrie.

      Occupation des lits : Jusqu'à 40-50 % des lits d'hospitalisation à temps plein sont occupés par des enfants placés, alors qu'ils ne représentent que 2 % des mineurs en France.

      Facteurs de risque : La maltraitance subie par ces enfants multiplie par deux les risques de suicide et par quatre les risques de psychotrauma.

      Cercle vicieux : Le suivi médical défaillant de ces mineurs entraîne une prise en charge trop tardive, souvent via une hospitalisation prolongée qui se substitue à un lieu de vie, aggravant leur état.

      En parallèle, les foyers sont démunis face à des jeunes avec des troubles lourds non pris en charge.

      2. Un Système de Soins Débordé et Illisible

      Face à la hausse de la demande, l'offre de soins est criante de manque de moyens et d'organisation, laissant de nombreuses familles sans solution.

      A. La Saturation des Structures

      Accès aux soins limité : Sur les 1,6 million de jeunes présentant des troubles, seuls 750 000 à 850 000 sont suivis, soit environ un sur deux.

      Délais d'attente insoutenables : L'attente pour un premier rendez-vous en Centre Médico-Psychologique (CMP) peut atteindre 12 à 18 mois, parfois plus.

      Cette attente laisse le temps à la situation de s'aggraver, conduisant à une prise en charge aux urgences, elles-mêmes engorgées.

      B. Recommandation : Instaurer une Gradation des Soins

      Pour rendre l'offre plus lisible et efficiente, le rapport préconise une meilleure organisation du parcours de soins.

      Premier niveau : Les médecins généralistes et pédiatres devraient assurer la première consultation, la détection et l'orientation.

      Cela nécessite un renforcement de leur formation en psychiatrie infanto-juvénile.

      Ce niveau pourrait aussi inclure des psychologues et les Maisons des Adolescents.

      Deuxième niveau (pivot) : Les Centres Médico-Psychologiques (CMP) se concentreraient sur les cas nécessitant une expertise pluridisciplinaire, tout en conservant un accueil inconditionnel sans adressage obligatoire pour ne pas éloigner les plus fragiles.

      Troisième niveau : Des centres de gestion de crise de courte durée, adossés aux urgences pédiatriques ou hôpitaux psychiatriques, pour les situations les plus aiguës.

      C. Recommandation : Renforcer le Secteur de la Pédopsychiatrie

      Le rapport insiste sur la nécessité de renforcer l'existant plutôt que de disperser les moyens dans des dispositifs innovants non pérennes.

      Stabilité financière : Pérenniser et flécher les budgets de la pédopsychiatrie au sein des hôpitaux et privilégier les dotations pluriannuelles aux appels à projets.

      Priorité au soin : Réorienter les moyens financiers et humains vers le soin direct plutôt que vers des plateformes de diagnostic qui, malgré leurs avancées, peuvent favoriser une approche médicamenteuse au détriment de la relation thérapeutique.

      Maillage territorial : Revoir le maillage des CMP pour que chaque enfant puisse y accéder en moins de 30 minutes de son domicile, en adaptant le découpage des secteurs aux évolutions démographiques (un secteur couvre aujourd'hui jusqu'à 500 000 habitants contre 200 000 prévus initialement).

      3. L'Urgence d'une Prévention Efficace

      Le rapport souligne que la prévention est le parent pauvre de la politique de santé mentale, alors qu'elle est déterminante.

      A. La Période des 1000 Premiers Jours

      La période allant de la conception aux deux ans de l'enfant est fondamentale.

      Soutien à la parentalité : Les "Maisons des bébés" sont des dispositifs essentiels pour prévenir les troubles précoces du lien parent-enfant.

      Psychiatrie périnatale : Les unités d'hospitalisation conjointe mère-bébé, comme celle de Toulouse, permettent de détecter les signes de souffrance dès les premiers jours et de réparer le lien d'attachement. Il est recommandé de développer ces unités et de former les professionnels à la théorie de l'attachement.

      B. Le Rôle Fondamental de la Santé Scolaire

      L'Éducation Nationale est un lieu stratégique pour la détection précoce, mais ses moyens sont gravement fragilisés.

      Professionnel

      Ratio Actuel

      Ratio Recommandé (UE)

      Recommandation du Rapport

      Psychologue scolaire

      1 pour 1 600 élèves

      1 pour 800 élèves

      1 pour 800 élèves

      Médecin scolaire

      1 pour 13 000 élèves

      -

      1 pour 5 000 élèves

      Infirmier scolaire

      1 pour 9 établissements

      -

      1 par établissement

      Conséquence directe : Le bilan de santé obligatoire à 6 ans est réalisé à 12 ans dans 80 % des cas, entraînant une accumulation de difficultés non détectées à l'entrée au collège.

      Le rapport préconise une trajectoire de recrutement ambitieuse pour atteindre les ratios cibles.

      4. La Crise des Ressources Humaines et la Question de l'Attractivité

      La pénurie de professionnels qualifiés est au cœur de la crise du système.

      Pénurie de pédopsychiatres : La densité nationale est de 6,7 pédopsychiatres pour 100 000 jeunes, et la profession est vieillissante (moyenne d'âge de 60 ans).

      La discipline est peu attractive pour les internes (127 inscrits pour 157 postes ouverts en 2023) car jugée trop proche des sciences humaines et aux conditions de travail difficiles.

      Manque de valorisation : Les professions (psychologues, paramédicaux) sont peu valorisées et faiblement rémunérées.

      Une consultation en pédopsychiatrie est un acte long et complexe (minimum 1h) mais rémunéré seulement 67 € en moyenne, poussant les professionnels vers le secteur non conventionné ou la patientèle adulte.

      Recommandations :

      • Revaloriser la rémunération des psychologues et personnels paramédicaux en CMP.  

      • Augmenter significativement le tarif des consultations en pédopsychiatrie.  

      • Réformer le codage des actes pour valoriser le temps de concertation avec les familles et partenaires. 

      • Instaurer un quotient départemental pour les stages en internat afin de mieux répartir les futurs médecins sur le territoire.

      5. Facteurs Environnementaux et Sociétaux Aggravants

      Le rapport identifie plusieurs facteurs externes qui pèsent lourdement sur la santé mentale des jeunes.

      Médicalisation excessive : La consommation de psychotropes (type Ritaline) est en forte augmentation (490 000 enfants de 3 à 17 ans concernés).

      Ces médicaments sont souvent prescrits par des médecins généralistes peu formés, posant la question du bon usage.

      Le rapport recommande de privilégier les soins thérapeutiques à la prescription.

      Impact des écrans : L'addiction aux écrans et l'exposition à des contenus violents, pornographiques ou au cyberharcèlement sont unanimement citées comme aggravant les troubles anxio-dépressifs.

      Le rapport soutient la majorité numérique, la mise en place de "pauses numériques" dans les établissements scolaires et appelle à des campagnes de prévention massives.

      Pression scolaire : Le système d'orientation, et notamment Parcoursup, est décrit comme créant un "climat extrêmement anxiogène".

      Les rapporteurs proposent, avec des nuances, de réformer en profondeur (Nathalie Colin-Osterlé) ou de supprimer (autre rapporteure) ce dispositif et toute forme de sélection à l'université.

      Déterminants sociaux : Les enfants de familles défavorisées ont un risque trois fois plus important de développer un trouble mental et ont plus de difficultés d'accès aux soins.

      Le rapport appelle à investir dans les services publics et les politiques de lutte contre les inégalités sociales pour agir sur les causes profondes.

    1. Synthèse sur les Biais Cognitifs et le Raisonnement Humain

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les concepts clés relatifs aux biais cognitifs, au raisonnement humain et aux stratégies de "débiaisage", en s'appuyant sur l'expertise de Wim De Neys, chercheur au CNRS spécialisé en psychologie du raisonnement. Les principaux points à retenir sont les suivants :

      1. Nature des Biais Cognitifs : Loin d'être de simples "défauts de conception", les biais cognitifs sont avant tout des stratégies de pensée rapides et adaptatives (heuristiques) forgées par l'évolution.

      Elles permettent de prendre des décisions efficaces dans un monde complexe, bien qu'elles puissent conduire à des erreurs systématiques et prévisibles dans des contextes spécifiques.

      2. Le Modèle Système 1 / Système 2 : Le raisonnement humain est modélisé par l'interaction de deux systèmes.

      Le Système 1 est intuitif, rapide et automatique, gérant la grande majorité de nos tâches cognitives quotidiennes.

      Le Système 2 est délibéré, lent et coûteux en ressources cognitives, activé pour les tâches complexes.

      L'idée que le Système 1 est intrinsèquement "irrationnel" est une simplification excessive ; il est essentiel et souvent correct.

      3. La Détection des Conflits Cognitifs : Contrairement à l'idée classique selon laquelle les individus sont des "avares cognitifs" aveugles à leurs propres erreurs, les recherches de Wim De Neys démontrent que le cerveau détecte souvent un conflit lorsque la réponse intuitive (Système 1) contredit un principe logique ou probabiliste.

      Ce signal de "doute" se manifeste par des temps de réponse plus longs, une activation de zones cérébrales spécifiques (cortex cingulaire antérieur) et une baisse de la confiance, même lorsque l'individu donne la mauvaise réponse.

      4. L'Inefficacité du Débiaisage Général : Les tentatives de rendre les gens globalement "plus rationnels" en les incitant à activer plus souvent leur Système 2 se heurtent à un obstacle majeur : le problème du transfert.

      Les compétences acquises dans un domaine spécifique ne se généralisent que très difficilement à d'autres contextes.

      5. L'Efficacité de l'Entraînement Intuitif : La stratégie la plus prometteuse pour corriger les biais consiste à entraîner le Système 1 lui-même.

      En expliquant aux individus les principes logiques sous-jacents à une tâche spécifique, on peut modifier leurs intuitions.

      Après un tel entraînement, la première réponse générée devient souvent la bonne, sans nécessiter l'activation coûteuse du Système 2.

      6. Le Rôle de l'Argumentation et de l'IA : Le raisonnement n'est pas seulement une activité individuelle mais aussi une compétence sociale, utilisée pour argumenter et délibérer en groupe.

      Dans ce contexte, de nombreux biais (comme le biais de confirmation) peuvent être surmontés.

      L'intelligence artificielle (IA) émerge comme un outil potentiellement puissant, capable d'agir comme un partenaire de débat neutre et informé pour faciliter le débiaisage individuel, à condition d'être utilisée de manière interactive et critique plutôt que passive.

      1. La Nature Duplice des Biais Cognitifs

      Les biais cognitifs, identifiés depuis un demi-siècle par des psychologues et économistes comportementaux comme Daniel Kahneman et Amos Tversky, désignent les failles systématiques du raisonnement humain.

      Ils incluent des phénomènes tels que le biais d'ancrage, l'effet de cadrage, le biais de confirmation ou l'erreur de conjonction.

      Ces découvertes ont contribué à démanteler le mythe de l'homo economicus, l'agent parfaitement rationnel agissant toujours dans son meilleur intérêt.

      Cependant, les biais ne sont pas de simples "erreurs" ou "vices de conception".

      Ce sont avant tout des stratégies cognitives rapides et adaptatives, appelées heuristiques, façonnées par l'évolution.

      Elles permettent à l'esprit humain de naviguer et de prendre des décisions efficaces dans un environnement complexe, avec des contraintes de temps et d'information.

      Fonction Adaptative : Dans la grande majorité des situations quotidiennes, ces raccourcis mentaux sont "super efficaces" et produisent des réponses correctes.

      Source d'Erreur : Ils deviennent problématiques lorsqu'ils entrent en conflit avec des principes logiques ou probabilistes dans des situations spécifiques, conduisant à des erreurs de jugement.

      Risque de Sur-interprétation : L'omniprésence du concept de biais cognitif peut mener à une erreur de diagnostic, décrite par la "loi de l'instrument" :

      "lorsqu'on ne possède qu'un marteau, tout finit par ressembler à un clou".

      Attribuer toutes les divergences d'opinion à des biais cognitifs est une simplification abusive.

      2. Le Modèle du Double Processus : Système 1 et Système 2

      Le modèle le plus populaire pour décrire le fonctionnement du raisonnement humain est celui du duo Système 1 / Système 2, popularisé par Kahneman.

      Système 1 (Pensée Intuitive) :

      Caractéristiques : Rapide, automatique, ne nécessite pas d'effort ou de ressources cognitives.  

      Exemples : Répondre à "5 + 5", connaître le nom du président, conduire une voiture sur un trajet familier.   

      Rôle : Il gère l'écrasante majorité des tâches cognitives quotidiennes (estimé à 99,9%).

      Il est essentiel au fonctionnement humain.

      Système 2 (Pensée Délibérée) :

      Caractéristiques : Lent, contrôlé, demande de l'effort et charge les ressources cognitives (mémoire de travail).   

      Exemples : Calculer "22 x 54", apprendre une nouvelle compétence, analyser un argument complexe.   

      Rôle : Il est activé pour résoudre des problèmes qui dépassent les capacités du Système 1.

      L'idée commune que le Système 1 est la source de toutes les erreurs ("irrationnel") et le Système 2 le garant de la rationalité est une simplification.

      Le Système 1 génère très souvent des réponses correctes et valides.

      Les biais apparaissent principalement dans les situations où la réponse intuitive rapide du Système 1 entre en conflit avec la conclusion logique qui nécessiterait l'intervention du Système 2.

      Exemple Classique : La Négligence des Taux de Base Un problème typique illustrant ce conflit est présenté :

      1. Données : Un échantillon de 1000 personnes contient 995 hommes et 5 femmes.

      2. Description : On tire une personne au hasard qui "aime bien faire du shopping".

      3. Question : Est-il plus probable que cette personne soit un homme ou une femme ?

      La réponse intuitive (Système 1), activée par le stéréotype, est "une femme".

      La réponse logique (Système 2), basée sur les probabilités (taux de base), est "un homme".

      La majorité des gens se trompent en suivant leur intuition, illustrant un biais cognitif.

      3. La Détection des Conflits Cognitifs : Le Cœur de la Recherche de Wim De Neys

      La vision classique de Kahneman suggère que les gens se trompent car ils sont des "avares cognitifs" (cognitive misers), évitant l'effort du Système 2 et ne se rendant donc pas compte du conflit entre leur intuition et la logique.

      Les travaux de Wim De Neys remettent en cause cette idée.

      Ils montrent que, même lorsque les individus donnent une réponse incorrecte basée sur leur intuition, leur cerveau détecte souvent le conflit sous-jacent.

      Méthodologie et Preuves : Les expériences comparent des problèmes "conflictuels" (où intuition et logique divergent) à des problèmes "non conflictuels" (où elles convergent).

      Les résultats montrent que pour les problèmes conflictuels, même chez les personnes qui se trompent :

      1. Le Temps de Réponse Augmente : Les participants prennent plus de temps pour répondre, signe qu'un processus supplémentaire a lieu.

      2. Activation Cérébrale Spécifique : L'imagerie cérébrale (IRMf) montre une activation accrue du cortex cingulaire antérieur, une région connue pour son rôle dans la détection des conflits.

      3. Mouvements Oculaires (Eye-tracking) : Les participants ré-inspectent visuellement les informations conflictuelles (par exemple, les taux de base dans l'exemple précédent).

      4. Baisse de la Confiance : Les individus rapportent un niveau de confiance en leur réponse plus faible, ce qui est une manifestation comportementale du doute.

      Cette détection est un processus implicite et automatique.

      Des expériences où le Système 2 est délibérément surchargé (par une tâche de mémorisation simultanée) montrent que cette détection de conflit persiste.

      Cela suggère que nous ne sommes pas totalement aveugles à nos biais ; un signal d'alerte, un "doute", est généré, même si nous ne l'écoutons pas toujours.

      4. La Question du "Débiaisage" : Stratégies et Limites

      La question centrale est de savoir s'il est possible de "débiaiser" les gens, c'est-à-dire de les rendre plus rationnels et moins sujets aux erreurs de jugement.

      L'Approche "Système 2" et le Problème du Transfert :

      ◦ L'idée d'apprendre aux gens à simplement "activer leur Système 2 plus souvent" est largement considérée comme inefficace.   

      ◦ La raison principale est le problème du transfert : une compétence apprise pour résoudre un type de problème (par exemple, la négligence des taux de base) n'est pas spontanément appliquée à d'autres types de problèmes, même s'ils reposent sur des principes logiques similaires.

      Le "transfert" d'une compétence d'un domaine à un autre est extrêmement difficile à obtenir.

      L'Approche "Système 1" : Rééduquer l'Intuition :

      ◦ Une stratégie plus efficace consiste à se concentrer sur des biais spécifiques, tâche par tâche.    ◦

      L'intervention consiste à expliquer clairement à une personne pourquoi son intuition est incorrecte et quel est le principe logique à appliquer.   

      ◦ Des projets comme Kojitum proposent des exercices basés sur ce principe.   

      ◦ Fait crucial : cet entraînement ne fonctionne pas seulement en forçant l'usage du Système 2.

      Il modifie directement le Système 1. Après l'intervention, la première réponse générée intuitivement devient la bonne. On "crée de bonnes intuitions".

      En somme, l'espoir de rendre les gens globalement plus rationnels par une intervention unique est illusoire.

      La voie la plus prometteuse est une éducation ciblée qui vise à corriger et à affiner les intuitions du Système 1 sur des problèmes spécifiques et importants.

      5. Le Rôle du Contexte Social et de l'Argumentation

      La théorie argumentative du raisonnement, développée par Hugo Mercier et Dan Sperber, propose que la fonction première du raisonnement n'est pas la recherche de la vérité en solitaire, mais la capacité à argumenter et à interagir dans un contexte social.

      Le Biais de Confirmation Recontextualisé : Ce biais, qui nous pousse à chercher des informations confirmant nos croyances, semble être un défaut majeur du raisonnement individuel.

      Cependant, dans un contexte de débat, il devient un outil efficace pour défendre son point de vue.

      La Sagesse des Groupes : Lorsque les gens raisonnent en groupe, échangent des arguments et justifient leurs positions, de nombreux biais individuels ont tendance à disparaître.

      Le groupe parvient collectivement à une meilleure solution, car les arguments sont mis à l'épreuve.

      Justification et Système 2 : C'est principalement le Système 2 qui permet de générer des justifications et des arguments explicites pour convaincre les autres, une fonction sociale essentielle.

      6. Perspectives Futures : L'Intelligence Artificielle et le Raisonnement Humain

      L'émergence des intelligences artificielles (IA) génératives comme ChatGPT offre de nouvelles perspectives pour le raisonnement humain.

      Potentiel Positif :

      Débiaisage Ciblé : Des études montrent que l'IA peut être un outil efficace pour débiaiser les individus, y compris sur des sujets comme les théories du complot.

      L'IA est perçue comme neutre et peut fournir des contre-arguments très spécifiques et bien informés que des interlocuteurs humains n'ont pas toujours.  

      Partenaire de Débat : L'IA peut servir de partenaire dans un "contexte argumentatif".

      Interagir avec une IA, lui demander des justifications et la mettre au défi peut stimuler la réflexion critique, de la même manière qu'un débat en groupe.   

      Assistant Pédagogique : Utilisée intelligemment, l'IA peut devenir un "professeur personnel", aidant les apprenants à améliorer leur travail en fournissant des retours et des explications.

      Risques et Limites :

      Usage Passif : Si l'IA est utilisée comme un simple "moteur de réponse" pour obtenir des solutions sans effort, elle risque de ne pas stimuler, voire d'atrophier, les compétences de pensée critique et d'évaluation de l'information.   

      Biais de Complaisance : Les IA sont souvent conçues pour être complaisantes, ce qui peut renforcer les biais de l'utilisateur au lieu de les remettre en question.  

      L'Importance de l'Usage : L'impact de l'IA sur le raisonnement dépendra fondamentalement de la manière dont elle est utilisée.

      Un usage actif et dialogué est bénéfique, tandis qu'un usage passif est préjudiciable.

    1. Synthèse du Documentaire "Ça baigne"

      Résumé

      Ce document propose une analyse synthétique des thèmes et événements clés présentés dans le documentaire "Ça baigne", centré sur la vie d'un collège et les défis rencontrés par son équipe pédagogique.

      Le fil conducteur est le cas de Sarah, une élève en situation de décrochage scolaire et comportemental, dont le sort est examiné lors d'un conseil de discipline.

      Le documentaire met en lumière la tension entre la nécessité de sanctionner et la volonté de soutenir une élève en détresse, exacerbée par une situation familiale extrêmement difficile.

      Il explore les stratégies mises en place par l'établissement – exclusion avec sursis, changement de classe, tutorat par une pair – et les réactions contrastées du corps enseignant, oscillant entre lassitude et engagement.

      Malgré une mobilisation intense, le parcours de Sarah reste précaire, illustrant la complexité de la lutte contre l'échec scolaire.

      En parallèle, la découverte d'un message de détresse anonyme dans les toilettes de l'établissement souligne un malaise adolescent plus large, dépassant le seul cas de Sarah.

      Analyse Approfondie des Thèmes Principaux

      Le Cas de Sarah : Entre Crise Personnelle et Décrochage Scolaire

      Le documentaire s'articule autour du suivi de Sarah, une élève dont la situation a atteint un point critique, nécessitant la tenue d'un conseil de discipline.

      Le Conseil de Discipline

      Le conseil est convoqué en raison de la dégradation rapide et sévère de la situation scolaire de Sarah. Les faits marquants sont :

      Décrochage Académique : Sarah est décrite comme étant en "complet décrochage scolaire" avec des résultats en "chute libre".

      Le deuxième trimestre ne compte que cinq notes au-dessus de la moyenne, alors que le premier trimestre affichait "plusieurs 20/20".

      Problèmes Comportementaux : Elle est constamment qualifiée d'insolente et de perturbatrice. Un enseignant témoigne : "elle est toujours resté insolente et tu as perturbé les cours".

      Engagement de Sarah : Face au conseil, Sarah exprime son souhait de rester dans l'établissement ("j'ai pas envie de changer de collège moi je suis bien là") et s'engage à "repartir à zéro" et à présenter des excuses.

      La Situation Familiale Complexe

      Un élément central, bien que traité avec pudeur à la demande du père, est le contexte familial de Sarah.

      Le Refus du Père : Le père de Sarah refuse explicitement que la situation familiale soit utilisée pour excuser le comportement de sa fille : "non non je veux pas qu'elle joue en sa faveur (...) ça n'a rien à voir".

      Le Contexte Révélé par le Principal : En l'absence de la famille, le principal décrit la situation aux membres du conseil : le père est seul pour s'occuper de ses enfants et consacre une grande partie de ses journées et soirées à l'hôpital auprès de la petite sœur de Sarah.

      Sa routine est décrite comme suit : lever à 6h, visite à l'hôpital jusqu'à 10h30, travail de 11h à 18h/19h, puis retour à l'hôpital jusqu'à 22h ou 23h.

      La Décision : La "Dernière Perche"

      Le conseil de discipline opte pour une sanction visant à la fois la fermeté et l'accompagnement.

      Sanction : La décision est une "exclusion définitive" assortie d'un "surcis".

      Avertissement : Le principal est très clair avec Sarah : "sache que c'est la dernière perche il y en aura plus d'autres. Si tu dérapes il ne pourra plus rien".

      Mesures d'Accompagnement : Un plan est mis en place, incluant une nouvelle classe, une nouvelle équipe pédagogique et la désignation d'une tutrice.

      Tensions et Stratégies au Sein de l'Équipe Pédagogique

      Le cas de Sarah révèle les divergences d'approches et la fatigue de l'équipe éducative.

      Le Rôle du Principal

      Le principal agit en médiateur et en protecteur, cherchant activement une solution pour "sauver la peau" de Sarah. Il confronte directement les enseignants les plus réticents.

      Négociation avec les Enseignants : Il demande à une professeure sceptique : "augmentez votre seuil de tolérance".

      Il la met en garde contre une "ligue" contre l'élève, affirmant que "tout le monde est capable de lui faire péter un câble en 15 secondes".

      Volonté de Soutien : Il est le principal architecte de la solution de la dernière chance, malgré le scepticisme ambiant.

      La Frustration des Enseignants

      Les professeurs expriment une lassitude et un sentiment d'impuissance face au comportement de Sarah.

      Saturation : Une enseignante déclare : "j'ai fait au moins 15 rapports sur elle mais mais je sais maintenant j'en fais plus parce que bon ça sert plus à rien".

      Conflit d'Intérêts Pédagogiques : Une autre professeure résume le dilemme : Sarah est "une élève intelligente qui m'empêche de travailler avec les autres élèves".

      Hostilité Ouverte : Le principal mentionne qu'une collègue, Madame Petite, "veut sa peau, elle l'a dit clairement".

      Le Débat sur les Mesures de Suivi

      La mise en place du suivi de Sarah suscite des débats. La proposition d'une "fiche de suivi" est immédiatement rejetée par un membre de l'équipe : "elle a plus le droit tu viens travailler tu travailles pas tu fais le boxon tu prends la porte".

      Cela témoigne d'une volonté de ne plus accorder de marge de manœuvre à l'élève.

      La Mise en Œuvre du Dispositif de Soutien et ses Limites

      Le documentaire suit les premiers pas de Sarah dans son nouveau cadre, révélant à la fois des progrès et des rechutes.

      L'Altercation avec Marine

      Un incident dans le couloir avec une surveillante, Marine, sert de test.

      Le Conflit : Sarah, attendant un professeur sans justificatif, est sommée par Marine de sortir dans la cour. Le ton monte.

      Une Réaction Nouvelle : Au lieu d'exploser, Sarah se contient et va chercher de l'aide auprès du personnel encadrant.

      Ce changement est noté comme un progrès significatif. Le principal lui dit : "ce qui est positif tu t'es pas énervé.

      Ça aurait été il y a 8 jours tu aurais dit à Marine (...) va te faire foutre non peut-être pire que ça".

      Le Rappel aux Règles : Sa tutrice et le principal lui rappellent cependant son erreur initiale : sans justificatif, elle devait obéir à l'ordre de la surveillante.

      Le Tutorat par une Pair (Lydia)

      Le système de tutorat est un élément clé du dispositif.

      Rôle de Lydia : Lydia, une autre élève, est chargée de suivre Sarah.

      Elle se montre sérieuse dans sa mission, qui consiste à s'assurer que Sarah "se tienne correctement" et "rattrape son cours d'histoire".

      Bilan du Tutorat : Lydia juge que globalement "ça va", mais admet que sa présence constante agace Sarah : "ça la gasse un peu".

      Elle révèle vouloir devenir commissaire de police, ce qui éclaire son intérêt pour ce rôle d'encadrement.

      L'Échec Final

      Le documentaire se conclut sur une note pessimiste. Le personnel constate que Sarah a manqué son cours de SVT.

      La conclusion est abrupte : "elle est sortie elle est pas allé en cours de SVT mais elle était où dehors elle est partie donc bah donc donc".

      Cet événement suggère un retour aux anciens comportements et met en doute la réussite du dispositif.

      Le Mystère du Message de Détresse

      En parallèle du cas de Sarah, une intrigue secondaire met en évidence le mal-être potentiel d'autres élèves.

      La Découverte : Un message est trouvé dans les toilettes : "aide-moi s'il te plaît je souffre trop (...) je veux mourir si tu veux m'aider mets une croix".

      L'Enquête du Personnel : Le personnel tente de déchiffrer les initiales de l'auteur ("DK" ou "PK") et la signification d'une réponse ("pourquoi" suivi d'une croix), démontrant leur vigilance.

      Hypothèses : Ils émettent des hypothèses, évoquant le cas d'une autre élève "malheureuse que ses parents vont la mettre en foyer".

      Cet événement fonctionne comme un rappel que la détresse psychologique est une réalité plus large au sein de l'établissement.

      Citations Clés

      Intervenant

      Citation

      Contexte

      Le Principal

      "J'aimerais qu'on lui sauve la peau à cette petite."

      Exprimant sa volonté de ne pas abandonner Sarah avant le conseil de discipline.

      Un Enseignant

      "Personne n'a rien contre elle mais tout le monde veut la mettre dehors."

      Résumant le paradoxe de la situation de Sarah et la lassitude du corps professoral.

      Le Père de Sarah

      "Non non je veux pas qu'elle joue en sa faveur, non on veut pas qu'il prenne ça en considération."

      Au conseil de discipline, refusant que sa situation familiale serve d'excuse.

      Sarah

      "Bah déjà de repartir à zéro et s'il faut faire des lettres d'excuses aux profs à qui je fais des torts bah je le ferai."

      Son engagement pris lors du conseil de discipline.

      Le Principal

      "Sache que c'est la dernière perche il y en aura plus d'autres."

      Avertissement final à Sarah après la décision du sursis.

      Un Enseignant

      "Elle a plus le droit tu viens travailler tu travailles pas tu fais le boxon tu prends la porte."

      Réaction au sujet de la fiche de suivi, marquant un durcissement de la posture.

      Message Anonyme

      "aide-moi s'il te plaît je souffre trop s'il te plaît aide-moi je veux mourir"

      Message de détresse découvert dans les toilettes de l'établissement.

    1. Briefing détaillé : L'Endométriose – Vers de nouvelles thérapies

      Ce document présente une revue détaillée des thèmes principaux, des idées les plus importantes et des faits marquants concernant l'endométriose, basés sur les extraits audio fournis.

      Introduction : Une Maladie Complexe et Invalidante

      L'endométriose est une maladie complexe et insidieuse qui touche environ une femme sur 10, soit 200 millions de personnes dans le monde.

      Elle se caractérise par la présence de tissu semblable à l'endomètre (la muqueuse utérine) en dehors de l'utérus, pouvant se fixer sur divers organes comme les ovaires, la région pelvienne et abdominale, la vessie, l'intestin, et même les poumons.

      Ces lésions s'épaississent et saignent lors des règles, mais contrairement aux menstruations, le sang ne peut être évacué, entraînant des inflammations, des kystes, des cicatrices et des adhérences entre les organes.

      La douleur est un symptôme central, souvent décrite comme "transperçante, on dirait des lames" ou "un arrachement d'organe", et "pire que celle d'un accouchement".

      Elle peut être aiguë dans l'abdomen et le dos, lors des rapports sexuels et en allant aux toilettes.

      Cette douleur chronique peut également engendrer une "mémoire de la douleur", rendant les patientes encore plus sensibles.

      La maladie est évolutive et très invalidante, affectant profondément la qualité de vie des femmes, comme en témoigne Amandine Paul André : "On peut pas avoir une vie entre guillemets normale quoi. On est obligé de faire avec la forme du moment".

      Un Diagnostic Tardif et une Souffrance Ignorée L'un des problèmes majeurs de l'endométriose est le délai de diagnostic, qui est en moyenne de 7 à 10 ans.

      Cette latence est principalement due au fait que "la souffrance des patientes n'est pas prise au sérieux".

      De nombreuses femmes entendent des phrases comme "on me dit que je suis folle, mon IRM est normal, c'est dans ma tête". Historiquement, la médecine a longtemps négligé les douleurs féminines, les considérant comme normales, voire les associant à l'hystérie ou à des problèmes psychologiques. Jasmine Cando raconte : "j'en ai parlé à ma mère qui m'a dit 'Mais c'est normal, moi j'étais comme toi, ça va durer un certain temps.' Donc j'ai appris à me taire, à terre mes douleurs."

      Le manque de connaissances médicales sur la maladie a également contribué à ce retard.

      En France, l'endométriose n'a fait son entrée dans les programmes de médecine qu'en 2020, et en Allemagne en 2018 pour la spécialisation en gynécologie obstétrique.

      Causes Mal Connues, Traitements Non Curatifs mais en Évolution

      Les causes exactes de l'endométriose restent encore "mal connues".

      Cependant, la recherche progresse et suggère qu'il n'y a pas "un seul type d'endométriose, mais plusieurs", partageant des traits communs avec d'autres maladies chroniques complexes.

      Il n'existe actuellement aucun traitement curatif pour l'endométriose. Cependant, des options sont disponibles pour atténuer les symptômes et enrayer sa progression :

      Thérapies hormonales : Souvent recommandées en première intention (pilule contraceptive, traitement progestatif) pour limiter la production d'œstrogènes et les saignements, interrompant ainsi la prolifération des lésions.

      Cependant, cette solution "ne convient pas à tout le monde" et peut avoir des effets secondaires. Gestion multimodale de la douleur : Intègre des approches médicamenteuses (antalgiques, parfois morphine comme pour Yasmine, bien que cela puisse entraîner une dépendance) et non médicamenteuses.

      Parmi ces dernières, on trouve le yoga, les changements d'alimentation, l'ostéopathie, l'acupuncture et l'accompagnement psychologique.

      Maria Bambec a appris à "se composer comme un bouquet de fleurs de toutes les choses qui m'aident et je pioche dedans".

      Chirurgie : Vise à retirer ou détruire les lésions d'endométriose.

      Ces interventions peuvent être complexes, en particulier pour les formes sévères touchant plusieurs organes.

      Amandine a subi une intervention de 5 heures pour des lésions obstructives de l'intestin, utilisant la chirurgie robotique pour une "précision inégalée".

      Cependant, la maladie peut récidiver après la chirurgie, comme l'a expérimenté Yasmine, qui a subi neuf opérations.

      Avancées Prometteuses en Diagnostic et Traitement

      Malgré les défis, la recherche "rattrape peu à peu son retard" et les "dernières avancées en matière de diagnostic et de thérapie sont particulièrement prometteuses."

      Test salivaire (EndoTest) : Cette avancée est "absolument phénoménale". Développé par une entreprise lyonnaise de biotechnologie, ce test permettrait de diagnostiquer l'endométriose avec une "précision diagnostique de plus de 95 %" à partir d'un échantillon de 2 ml de salive, évitant ainsi des cœlioscopies diagnostiques. L'étude actuelle sur 25 000 femmes vise à évaluer son impact sur la prise en charge et le nombre d'opérations.

      Ultrasons focalisés à haute intensité (HIFU) : Cette nouvelle approche thérapeutique, testée à Lyon, permettrait d'éviter des chirurgies lourdes pour les lésions profondes, notamment celles infiltrant la paroi rectale.

      La sonde utilise des ultrasons à très haute énergie pour "brûler" et détruire les lésions, leur vascularisation et les fibres nerveuses responsables de la douleur.

      Les premiers résultats sont très encourageants : sur 60 femmes traitées, seules trois ont connu une récidive, et les patientes témoignent d'une réduction significative de la douleur. Gill du Bernard, le médecin menant l'essai, déclare : "C'est un rêve devenu réalité".

      Recherche génétique : Des études à Oxford, menées par Krina Zondervan, analysent l'ADN de dizaines de milliers de femmes pour identifier les "variants génétiques correspondant à un risque d'endométriose" (42 régions du génome identifiées).

      Ces recherches révèlent des recoupements avec d'autres comorbidités (douleurs dorsales, migraines, maladies inflammatoires auto-immunes, asthme).

      L'objectif est de développer des "médicaments adaptés aux différentes manifestations de l'endométriose" et d'individualiser le diagnostic et la prise en charge, à l'image de l'oncologie.

      Sensibilisation et Soutien : Un Enjeu Sociétal

      L'endométriose est de plus en plus reconnue comme un "problème de société", comme l'a souligné le président Macron en janvier 2022. En 2024, le gouvernement allemand a alloué 15 millions d'euros sur 3 ans à la recherche.

      Des actions de sensibilisation sont menées activement par des associations de patientes comme Endofrance, où Yasmine Cando intervient dans les collèges et lycées.

      Grâce aux réseaux sociaux et à des célébrités (Alexa Chung, Lena Dunham, Laetitia Milot), la parole se libère autour des règles et des douleurs gynécologiques. Yasmine constate une évolution positive, notamment chez les garçons, qui "posent les questions, qui interviennent", changeant la perception de cette maladie longtemps considérée comme strictement féminine.

      Le soutien des proches est également crucial. Lucas, le compagnon de Maria, a appris à être présent sans chercher à "soulager sa douleur" directement, mais en "communiquant", "juste une pression de la main ou le fait de dire 'Je suis là, je peux te réchauffer quelque chose, comment tu te sens ?'".

      Conséquences de la Maladie au-delà de la Santé Physique

      Les conséquences de l'endométriose s'étendent bien au-delà de la douleur physique :

      Infertilité : Plus d'une patiente sur trois a des difficultés à tomber enceinte naturellement.

      Souffrances psychiques : Dépression, anxiété, et sentiment de "flou en permanence" sont fréquents. Impact socio-économique :

      La maladie entraîne des arrêts de travail, une diminution de la productivité, et parfois l'incapacité de travailler.

      "Cette situation pèse sur l'économie, le système de santé et de sociale. Une maladie mal prise en charge a des conséquences pour toute la société."

      Conclusion : Un Espoir Renouvelé

      • Malgré le parcours souvent long et difficile des patientes, les avancées récentes en matière de diagnostic (test salivaire) et de traitements (ultrasons focalisés, recherche génétique pour des thérapies ciblées) offrent un immense espoir.

      L'amélioration de la prise en charge, à travers des structures comme les hôpitaux de jour proposant une approche pluridisciplinaire, permet un suivi plus rapide et plus global, essentiel pour améliorer le confort de vie des patientes.

      L'objectif est de tendre vers des "thérapies beaucoup plus ciblées, du sur-mesure grâce à la recherche génétique."

      La sensibilisation croissante et la reconnaissance de l'endométriose comme un problème de société sont également des pas importants vers un avenir où les femmes atteintes pourront vivre une vie plus apaisée.

    1. L'extrait du documentaire ARTE, intitulé « Premier de corvée », offre un aperçu poignant de la vie des travailleurs sans-papiers en France, se concentrant principalement sur ceux employés dans le secteur de la restauration.

      Les discussions mettent en lumière les défis quotidiens de ces individus, notamment la précarité de l'emploi, les longues heures de travail et la difficulté d'obtenir des papiers de régularisation, souvent via des syndicats ou des avocats.

      Les témoignages révèlent le sacrifice personnel impliqué dans l'exil, le manque de sommeil et l'exploitation, ainsi que l'importance cruciale de ces travailleurs pour le fonctionnement de certaines industries.

      Le texte souligne également les efforts collectifs de grève pour revendiquer leurs droits, illustrant leur lutte pour la dignité et l'unité des salariés.

      Premiers de corvée : Synthèse du documentaire

      Résumé

      Ce document synthétise les thèmes centraux du documentaire "Premier de corvée", qui explore la vie des travailleurs immigrés sans papiers en France, particulièrement dans le secteur de la restauration.

      Il met en lumière une réalité paradoxale : ces travailleurs, bien qu'essentiels au fonctionnement de pans entiers de l'économie, sont privés de droits fondamentaux et vivent dans une précarité constante.

      Le documentaire retrace leur parcours, depuis les motivations du départ et les périls du voyage jusqu'à la dure réalité du travail non déclaré, l'exploitation et la séparation familiale.

      La lutte pour la régularisation est au cœur du récit, illustrant le rôle crucial des employeurs, le soutien syndical et la nécessité de l'action collective, comme la grève, pour obtenir des droits.

      La régularisation est présentée comme une libération, un soulagement immense qui ouvre la voie à la liberté, à la dignité et à de nouvelles perspectives professionnelles et personnelles, soulignant en creux l'injustice d'un système qui dépend d'une main-d'œuvre qu'il maintient dans l'illégalité.

      1. Le Parcours de l'Immigration

      Le documentaire dépeint l'immigration non pas comme un choix facile, mais comme une nécessité dictée par des impératifs familiaux et économiques, un chemin semé d'embûches et de sacrifices profonds.

      Motivations du départ : L'exil est présenté comme une mission et une source de fierté pour la famille restée au pays. Les raisons sont multiples : "aller chercher ta vie", "tenter ma chance", et surtout "aider la famille".

      Un témoignage brutal résume cette pression : "ta famille est de la merde toi aussi tu es de la merde tu es venu pour aider la famille".

      Les risques du voyage : Le périple est marqué par un danger mortel, notamment la traversée de la Méditerranée.

      Ce sacrifice initial est une réalité incontournable : "Tu as traversé la Méditerranée tu as risqué ta vie pour ces pays tu pouvais mourir dans dans la mer".

      La réalité en France : L'arrivée en France est une désillusion. Loin d'être des touristes venus admirer la Tour Eiffel, les immigrés sont là pour une seule raison : le travail.

      "On n'est pas venu en vacances [...] on est venu ici pour bosser". Cette focalisation sur le travail et l'objectif de régularisation impose une vie recluse : "J'ai fait tout pour rester dans mon coin jusqu'à ce que je vais recevoir mes papiers".

      Le coût psychologique et familial : L'éloignement est une source de douleur constante.

      La nostalgie du "village" et la séparation d'avec les enfants sont des peines profondes ("ça me donne l'arme aux yeux", "ça fait mal très très mal").

      L'impossibilité de retourner au pays, même pour le décès d'un parent, est une des facettes les plus cruelles de leur condition.

      2. La Vie et le Travail en Situation Irrégulière

      La condition de "sans-papiers" est définie par l'absence de droits et une vulnérabilité extrême, qui se manifestent dans tous les aspects de la vie quotidienne et professionnelle.

      L'absence de droits : La conclusion est sans appel : "pour nous les sans papiers on n'a pas le droit". En France, tout est conditionné à la possession d'une pièce d'identité, rendant l'existence légale impossible.

      Le travail non déclaré : Pour survivre, les travailleurs ont recours à des subterfuges, comme l'utilisation des papiers d'un proche : "j'ai pris les papiers de mon frère pour [...] tenter ma chance".

      Ils travaillent "en extra", souvent avec des volumes horaires très élevés ("en extra à 200 heures par mois"), dans des secteurs comme la restauration ou le nettoyage.

      La précarité et la dévalorisation :

      Logement : Le logement est une difficulté majeure, nécessitant des arrangements précaires, comme la cohabitation pour économiser ("il faut des personnes dans la chambre") ou le recours à un tiers qui loue en son nom.  

      Épuisement : Les journées sont longues et le repos rare. Les transports tard dans la nuit, comme le VTC, sont une nécessité coûteuse après un service éreintant.  

      Injustice sociale : Les diplômes obtenus dans le pays d'origine n'ont aucune valeur. "Si tu as bac 5 ici on s'en fout des diplôme [...] vous Tous pareil".

      Cette dévalorisation est vécue comme une profonde "injustice".

      3. La Lutte pour la Régularisation

      Le processus de régularisation est un combat administratif et social complexe, où la volonté de l'employeur est déterminante et l'action collective souvent indispensable.

      Le rôle pivot de l'employeur : La régularisation est à la discrétion de l'employeur.

      "C'est le patron qui décide si vous serrez régularisé ou pas".

      Il doit accepter de remplir les documents nécessaires, notamment le formulaire CERFA 158603, mais n'a "pas d'obligation" légale de le faire.

      Le soutien syndical et associatif : Des organisations comme la CGT (mentionnée comme "CBT") et des personnes comme Marline Poulin jouent un rôle essentiel.

      Elles guident les travailleurs dans les démarches, vérifient l'éligibilité des dossiers (par exemple, la condition d'être entré en France depuis plus de 3 ans) et contactent les employeurs pour les convaincre de coopérer.

      L'action collective : La Grève : Face à des employeurs récalcitrants, "s'ils comprennent que le langage de la force", la grève devient le seul moyen de "créer un rapport de force".

      C'est une action risquée ("même si tu es un CD ou tu es un extra tu es viré tu es viré tu es fout tu as pas de papier tombe dans la galère"), mais elle est menée pour des objectifs clairs : "vos droits pour votre régularisation pour l'égalité pour l'unité du salarié et la solidarité de classe".

      Le contexte politique : Cette lutte s'inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par le débat sur les quotas d'immigration économique et "la montée des idées extrême droite", ce qui rend la visibilité de ces mouvements d'autant plus importante.

      4. L'Indispensable Main-d'œuvre Immigrée

      Le documentaire met en évidence la dépendance de l'économie française à cette main-d'œuvre, créant un paradoxe entre son utilité économique et son invisibilité juridique.

      Des secteurs dépendants : Un constat est partagé par les syndicats et certains employeurs : sans les travailleurs immigrés, de nombreux secteurs ne pourraient fonctionner.

      Les questions rhétoriques posées sont éloquentes : "S'il n'y avait pas l'immigration si vous n'étiez pas là qui irait à 5h du matin pour ramasser les poubelles qui permettrait aux gens d'aller manger au restaurant et du plus petit au plus cher qui est en cuisine qui est à la plonge".

      La perspective des employeurs :

      ◦ Certains chefs et managers reconnaissent cette réalité : "je pense que certaines cuisines ne tourneraient pas sans les immigrés" et admettent avoir du mal à recruter pour ces postes difficiles ("c'est des boulots vous avez du mal à recruter on va pas se mentir oui quand la plonge oui").   

      ◦ Beaucoup d'employeurs sont "assez conscients de la réalité" et accompagnent leurs salariés.

      D'autres, cependant, se déresponsabilisent : "j'avoue que moi je occupe pas on a des RH pour ça".

      5. La Vie Après la Régularisation

      L'obtention des papiers est une véritable renaissance, un moment de libération qui transforme radicalement la vie des travailleurs et leur ouvre de nouvelles perspectives.

      La libération d'un poids : Les témoignages après la régularisation expriment un immense soulagement.

      "Ils avaient beaucoup de poids maintenant on dirait ils avaient 100 kg sur moi".

      La fin du stress constant est palpable.

      La conquête de la liberté : La régularisation est synonyme de choix et d'autonomie.

      "Avec tes papier les choix tu es avec ton liberté fait ce que tu veux [...] tu peux changer où tu veux les métiers où tu veux faire l'information que tu veux".

      Le retour au pays et le statut retrouvé : Le voyage au pays natal, désormais possible, permet de renouer avec la famille et de changer de statut social.

      En France, l'immigré est un "salarié" ; au pays, il redevient un "chef de famille".

      Nouveaux horizons professionnels : La régularisation permet d'envisager un avenir au-delà des métiers précaires.

      Le documentaire se conclut sur des images de formation pour des métiers aéroportuaires (agent de piste, conduite de tracteur d'avion), symbolisant la possibilité d'acquérir de nouvelles qualifications et de construire une carrière.

      Le bonheur, comme le dit un témoin, "ça va venir après".

    1. Synthèse du Documentaire "Ceci est mon corps"

      Résumé

      Ce document analyse le parcours de Jérôme, une victime d'abus sexuels, alors qu'il navigue dans le complexe processus judiciaire contre son agresseur, le prêtre Olivier de Citivau.

      Le récit, que Jérôme décide de documenter lui-même, est déclenché par la découverte d'autres victimes, ce qui légitime sa propre démarche.

      Le documentaire explore en profondeur plusieurs thèmes centraux : la nature fragmentée et douloureuse de la mémoire traumatique, les dynamiques familiales complexes oscillant entre soutien et incompréhension, la faillite institutionnelle de l'Église face à des alertes répétées, et le parcours judiciaire éprouvant menant à une résolution inattendue.

      Le processus force Jérôme à affronter des souvenirs refoulés, des confrontations violentes et des doutes familiaux, culminant lors du procès aux assises où Olivier de Citivau fait des aveux complets, validant enfin l'expérience de sa victime et révélant l'ampleur systémique des abus.

      I. Le Point de Départ : La Plainte et la Décision de Documenter

      La démarche de Jérôme commence par une plainte déposée 20 ans après les faits pour des attouchements subis dans son enfance et adolescence.

      Cependant, la décision de transformer son histoire en documentaire est un tournant crucial, motivé par un facteur externe.

      Le Déclencheur : Jérôme explique sa décision de filmer : "pour être sincère j'ai pris la décision de filmer quand j'ai appris qu'il y avait d'autres histoires en fait".

      La découverte d'autres plaintes, notamment une plainte pour viol déposée par une victime nommée "Juillet", est l'élément qui a conduit à l'incarcération d'Olivier de Citivau.

      Légitimation de la Démarche : Cette révélation confère une nouvelle légitimité à son combat et à son projet. Il déclare : "c'est là où je me suis dit je délire pas je suis pas tout seul et la légitimité de ma plainte va avec ma légitimité de filmer".

      Le Contexte des Abus : Olivier de Citivau était une figure d'autorité omniprésente dans la vie de nombreux jeunes garçons, s'occupant de "la colo, du groupe scolaire, des scouts d'Europe, de l'aumônerie, des enfants de chœur".

      II. Le Labyrinthe de la Mémoire Traumatique

      Un thème central du documentaire est la lutte de Jérôme avec sa propre mémoire, qui est marquée par des lacunes importantes et des résurgences violentes.

      Amnésie Traumatique : Jérôme souffre de "trous dans la mémoire" concernant les abus.

      Il exprime ce vide : "J'aimerais qu'Olivier me dise tout ce qu'il m'a fait [...] dans mes souvenirs souvent je me vois sonner à sa porte ressortir par le jardin mais de ce qui s'est passé entre rien".

      Reconstitution du Passé : En consultant des archives familiales (photos, agendas) avec sa mère, Jérôme découvre que l'étendue des abus est bien plus grande qu'il ne s'en souvenait.

      Il réalise avoir passé six étés au camp du "Quinquis", et non deux comme il le pensait, ce qui le choque : "non c'est vénère ça veut dire que c'est passé 6 ans au quinqu et je me souviens que de deux".

      Résurgence des Souvenirs : La confrontation avec Olivier de Citivau agit comme un puissant catalyseur, provoquant des flashbacks et des symptômes post-traumatiques intenses. Jérôme décrit un "état de cauchemar éveillé", avec des sensations physiques violentes : "j'ai des sensations physiques très violentes en fait de [...] pénétration quoi mais de comme si vraiment on le faisait vraiment".

      Émergence de Faits Nouveaux : Le processus judiciaire fait émerger des souvenirs d'une gravité accrue, notamment une pénétration anale au "Quinquis" et une fellation forcée.

      Ces souvenirs sont si clairs qu'il déclare à son avocate : "c'est pas des simples souvenirs là vous avez une vous avez une scène".

      III. Le Parcours Judiciaire et ses Rebondissements

      Le documentaire détaille les étapes clés du processus judiciaire, marquées par des moments de tension, de revers et de révélations.

      La Confrontation

      La première rencontre avec Olivier de Citivau depuis les faits est une expérience "intense".

      L'accusé commence par nier, puis minimise ses actes.

      • Il "a commencé par nier tous les faits".

      • Face à Jérôme, il "nie l'intentionnalité et dit 'Oui j'ai eu des attouchements mais je voulais pas quoi c'était fort vie'". Pour un autre cas de viol avec pénétration, où il avait fait des aveux par messagerie, il ne peut nier.

      La Libération Provisoire et l'Appel aux Victimes

      La décision de remettre Olivier de Citivau en liberté sous contrôle judiciaire est un choc, perçu comme un "signe hyper mauvais". Cette décision pousse Jérôme et ses soutiens à agir.

      Création d'un Groupe Facebook : Ils décident de lancer un "appel à la victime" via un groupe Facebook nommé "appel aux victimes d'Olivier de Cittivo" et une adresse mail "appellevictimeorleans".

      La Requalification des Faits

      Avec l'émergence de souvenirs de pénétration, la question de requalifier les faits en "viol" devient centrale. Cette décision est lourde de conséquences et suscite la peur chez Jérôme.

      Hésitation et Crainte : "J'ai peur de relancer la machine à dossier j'ai peur de lui être confronté à nouveau j'ai peur d'être dépassé j'ai peur des assises".

      Décision Finale : Malgré ses craintes, il annonce à ses proches : "j'ai pris la décision tout tout seul et puis avec mes avocats de demander de de requalifier en viol".

      Le Procès aux Assises et l'Aveu Complet

      Le procès constitue le point culminant du documentaire. Olivier de Citivau, qui risque 20 ans de réclusion criminelle, surprend toute l'audience par des aveux complets et sans réserve dès le début.

      Déclaration Initiale : "Je reconnais l'ensemble des faits qui me sont reprochés à savoir attouchement pénétration fation reçu et forcé".

      Validation de la Victime : Face à l'avocate de Jérôme, il confirme la véracité des souvenirs de ce dernier. À sa demande, il déclare : "Oui Jérôme non Jérôme tu n'es pas fou".

      Ampleur des Actes : Le procès révèle une ampleur inimaginable des abus, avec une quantification estimée à "plusieurs centaines d'acte par victime".

      IV. Dynamiques Familiales : Entre Soutien et Incompréhension

      La relation de Jérôme avec ses parents est une source majeure de tension et de douleur, illustrant la difficulté pour l'entourage de comprendre et de répondre adéquatement au traumatisme.

      Le Rôle de la Mère

      La mère de Jérôme oscille entre un soutien apparent et une méfiance qui blesse profondément son fils.

      Doute sur la Sincérité : Lors de la décision de requalifier les faits en viol, elle émet un doute : "que tu sois pas complètement sincère [...] que tu ailles au-delà si tu veux pour donner plus de poids". Cette insinuation choque Jérôme : "Attends je rêve ou quoi elle a dit que j'étais en train de bidonner".

      Incompréhension de la Réparation : Elle ne comprend pas la demande de compensation financière de Jérôme, la qualifiant d'étrange : "C'est bizarre que tu demandes une [...] compensation financière à ta famille j'ai plus de mal même je comprends pas du tout".

      Le Père et la Faute

      Le père est perçu comme celui qui a failli à son devoir de protection.

      Connaissance des Faits : Il est révélé que le père a écrit une lettre à l'évêque de l'époque, Monseigneur Picandet, vers 1996 ou 1997, pour dénoncer les agissements d'Olivier de Citivau.

      Manque d'Action : Malgré cette connaissance, il a continué à envoyer Jérôme en colonie de vacances avec le prêtre. Jérôme le verbalise avec colère : "il a continué à m'envoyer à mes 13 ans 14 ans et 15 ans dans les bras d'un prêtre dont il savait qu'il était pédophile".

      Colère Déplacée : L'avocat de Jérôme observe que sa colère est plus intense envers son père qu'envers son agresseur, en raison de l'attente de protection inhérente au rôle parental.

      La Demande de Réparation

      Jérôme demande à ses parents une compensation financière, non par cupidité, mais pour "rétablir un peu l'inégalité de départ", arguant que les huit années d'abus ont constitué un "petit handicap dans la vie" qui l'a désavantagé par rapport à ses frères et sœurs.

      V. La Faillite Institutionnelle de l'Église

      Le documentaire met en lumière une série d'alertes et de signalements concernant Olivier de Citivau qui ont été ignorés ou mal gérés par la hiérarchie ecclésiastique pendant des décennies.

      Date

      Événement

      Source de l'Information

      Décembre 1983

      Premier signalement concernant les "comportements de Olivier Citivau".

      Documents du dossier judiciaire.

      Juillet 1984

      Naissance de Jérôme. Le premier signalement précède sa naissance.

      Documents du dossier judiciaire.

      ~1996-1997

      Le père de Jérôme écrit une lettre à l'évêque, Monseigneur Picandet (décédé en oct. 1997).

      Témoignage du père.

      1997

      Nathalie, responsable de l'aumônerie, avertit l'évêché des "plaintes" arrivant. Elle doit le "surveiller" pendant deux ans avant de démissionner.

      Témoignage de Nathalie.

      2007-2009

      La responsable de l'aumônerie écrit à l'évêché qu'un animateur a dénoncé les "gestes pédophiles" d'Olivier envers son fils.

      Témoignage de Nathalie.

      Cette chronologie prouve que les penchants d'Olivier de Citivau étaient un secret de polichinelle. Une connaissance le résume ainsi : "Les penchants d'Olivier de Citivau pour les jeunes garçons c'est quelque chose qui était connu comme la Loire qui coule sous le pont", ajoutant que "la moitié d'Orléan qui savait".

      VI. Citations Clés

      Sur le Traumatisme et la Mémoire :

      Jérôme : "J'ai des trous dans la mémoire. J'aimerais qu'Olivier me dise tout ce qu'il m'a fait."

      Jérôme (après la confrontation) : "Je pensais pas que ce serait aussi violent de le revoir. Depuis des flashes m'envahissent. Je suis comme dans un espèce d'état de cauchemar éveillé en fait."

      Jérôme (sur ses souvenirs de viol) : "Il y a une pénétration de aucun kiss [...] Il faudra qu'on qu'on retourne dans le juge là."

      Sur les Dynamiques Familiales :

      La mère (questionnant sa sincérité) : "Que tu ailles au-delà si tu veux pour donner plus de poids."

      Le père (admettant sa défaillance) : "On a sûrement été en dessous de tout à ce moment-là. Moi j'ai je suis complètement fautif à cet égard mais ça a pas été une volonté de cacher si tu veux."

      Jérôme (à sa mère) : "Tu considères pas que c'est un petit handicap dans la vie de se faire abuser pendant 8 ans ?"

      Jérôme (sur son père) : "Il a continué à m'envoyer [...] dans les bras d'un prêtre dont il savait qu'il était pédophile."

      Sur le Processus Judiciaire :

      Olivier de Citivau (lors de la confrontation) : "Oui j'ai eu des attouchements mais je voulais pas quoi c'était fort vie."

      Olivier de Citivau (au procès) : "Je reconnais tout sans réserve notamment l'effation et pénétration."

      Olivier de Citivau (s'adressant à Jérôme par l'intermédiaire de son avocate) : "Oui Jérôme non Jérôme tu n'es pas fou."

      L'avocat de Jérôme : "Il faut quand même vous préparer au fait qu'il niera les faits, qu'il ne les reconnaîtra jamais." (Une prédiction qui se révélera fausse).

      Sur la Connaissance des Faits par l'Institution :

      Une connaissance : "Mais ma pauvre amie mais il y a longtemps qu'on le sait [...] il y a la moitié d'Orléan qui savait."

      Jérôme (découvrant l'ancienneté des faits) : "Décembre 83, premier signalement sur les comportements de Olivier Citivau. Juillet 84, c'est ma naissance. Avant ma naissance il y a eu un signalement."

    1. L'Échec comme Moteur : Analyse et Perspectives

      Résumé

      L'analyse des contextes fournis révèle une vision contre-intuitive et multifacette de l'échec, le présentant non pas comme une finalité mais comme un processus fondamental, voire essentiel, au développement humain, artistique et social.

      Loin d'être une simple absence de succès, l'échec est dépeint comme une ressource active : il est le carburant de la créativité pour les artistes et les clowns, un catalyseur de transformation personnelle profonde pour l'individu confronté à l'effondrement de ses rêves, et une méthodologie d'innovation pour des projets communautaires.

      Les thèmes centraux qui émergent sont la capacité de l'échec à humaniser en brisant l'illusion de la perfection, son pouvoir de générer du lien social par le rire et l'empathie, et sa fonction libératrice qui, bien que douloureuse, peut ouvrir la voie à une existence plus authentique.

      Il est également souligné que la capacité à surmonter un échec majeur est un "luxe" qui dépend d'un soutien social et structurel, mettant en lumière une inégalité face à la possibilité même de "chuter".

      1. L'Échec comme Ressource Créative et Artistique

      Le document met en évidence comment plusieurs disciplines artistiques intègrent l'échec non seulement comme un risque inhérent mais comme une composante centrale de leur processus créatif et de leur message.

      L'Art du Clown : L'Échec Humanisant

      Pour les clowns du cirque Ronkali, l'échec est la matière première de leur art. Ils le décrivent comme un élément qui les "alimente" et le considèrent comme de "l'or". Cette approche repose sur plusieurs principes clés :

      Humanisation : L'échec est perçu comme ce qui rend l'être humain, en opposition à une quête de perfection jugée "inhumaine".

      En se "cassant la figure", le clown rappelle au public que l'erreur fait partie de la condition humaine.

      Thérapie et Lien Social : L'échec mis en scène a une fonction quasi thérapeutique pour le public et les artistes.

      Le rire qu'il provoque n'est pas moqueur mais un "nous ri" fondamental, créant une communauté et un sentiment de partage.

      Le clown invite le public à participer, créant "une atmosphère où l'échec n'est pas quelque chose de tragique".

      Improvisation et Transformation : Un échec technique, comme une fausse note de trompette, n'est pas une fin en soi. Il devient une opportunité de jeu, transformé en "blague" ou en "message". La solution est de "saisir ce diamant et le polir" pour en faire un effet comique.

      L'Artiste et la "Méditation sur l'Échec"

      L'artiste américaine Cassidi Toner a fait de l'échec le cœur de sa pratique artistique, qu'elle qualifie de "méditation sur l'échec".

      Figure Totémique : Elle s'inspire de la figure tragicomique de Vil Coyote, qui échoue sans cesse à attraper Bip Bip.

      Citant Mark Twain, elle décrit le coyote comme une "allégorie vivante du désir", toujours affamé mais jamais rassasié, incarnant cet échec constant.

      Valorisation du Ratage : Le titre de son exposition, "besides the point" (hors sujet), est une "invitation au ratage joyeux".

      Elle considère que si l'on accepte le ratage non comme un échec mais comme un "potentiel créatif", la réussite prend une tout autre signification.

      Le Paradoxe de la Maîtrise : Son succès à transformer l'échec en art l'a conduite à un paradoxe : "j'ai tellement récupéré l'échec que même si j'essaie d'échouer [...] je ne peux pas".

      Un véritable ratage de sa part serait interprété par le public comme une démarche intentionnelle.

      2. L'Échec comme Crise Personnelle et Voie de Reconstruction

      Le témoignage de l'auteur Alexander Crutfelt illustre la dimension dévastatrice de l'échec personnel et social, mais aussi son potentiel de reconstruction et de lucidité.

      Le Récit de l'Effondrement

      Le projet de rénovation d'une ferme familiale se transforme en cauchemar, menant à une cascade de faillites :

      Échec Matériel : Le toit de la maison s'effondre, le projet de rénovation est interdit, et la propriété finit par être une "maison hantée" qui "détruit une famille".

      Échec Financier : Il accumule une "dette à six chiffres" et doit déclarer une "faillite personnelle".

      Échec Familial : Le couple se sépare, et il décrit le moment où il a dû annoncer son départ à ses enfants comme la "pire horreur de [sa] vie" et le "moment culminant de l'échec".

      La Dimension Sociale et la Libération par la Parole

      L'échec de Crutfelt met en lumière la pression sociale et le pouvoir de la vulnérabilité.

      Le Poids du Regard Social : Il ressent l'échec "aux yeux de la société" axée sur la performance, qui le marginalise.

      Il prend conscience que, contrairement à ce qu'il pensait, il n'est pas indifférent à "ce que les autres pensaient de [lui]". Il critique l'illusion de perfection véhiculée par les réseaux sociaux comme Instagram.

      La Vertu du Partage : En écrivant sur son expérience et en en parlant publiquement, il découvre qu'il n'est pas seul. Son récit incite d'autres personnes à partager leurs propres échecs, créant un sentiment de connexion et de validation mutuelle.

      La Gratitude Paradoxale et le "Luxe d'Échouer"

      Malgré la douleur, l'échec a été une expérience profondément transformatrice pour Crutfelt.

      Libération du "Moi Antérieur" : Il se dit "reconnaissant à la maison de s'être écroulée", car "sans cet échec, je ne serai jamais sorti de mon ancien moi". Cela lui a permis de vivre dans le présent et de trouver le bonheur dans une vie plus simple.

      La Conscience du Privilège : Il reconnaît qu'échouer et se relever est un "immense luxe".

      Il a bénéficié du soutien de sa famille, d'un thérapeute et de l'État-providence, ce qui lui a permis "d'atterrir sur un doux édredon".

      Il oppose sa situation à celle des "personnes qui n'ont aucune chance de se retrouver dans la situation d'un possible échec parce qu'elles ne peuvent tout simplement pas tomber plus bas".

      3. L'Échec comme Méthodologie d'Innovation et de Cohésion Sociale

      Le projet du "Bosk" à Leeuwarden, mené par un duo de designers, illustre comment l'acceptation de l'échec et de l'imperfection peut devenir une méthode de travail productive et un vecteur de lien social.

      Un Projet Ancré dans un Échec Historique

      Le projet prend racine dans l'histoire de la ville, symbolisée par la tour Oldehove, une cathédrale dont la construction a "magnifiquement échoué" il y a 500 ans en s'enfonçant dans le sol.

      Le "Bosk" se propose de "finir la cathédrale" non pas architecturalement, mais comme un "projet social" temporaire de 100 jours.

      L'Acceptation de l'Imperfection dans le Processus

      Les designers critiquent la culture néerlandaise qui, par excès de planification, cherche à "se préserver de l'échec".

      Leur approche consiste à tester les projets publiquement, comme une "maquette grandeur nature", et à s'adapter aux imprévus.

      Problème / Échec Rencontré

      Solution / Adaptation

      Résultat

      Les voiles de bateau frison ne passent pas le test de sécurité incendie.

      Utilisation de toile de vieux ballons à air chaud.

      Le rendu est "plus coloré" et "convient bien mieux au projet".

      Les fragments de ballon ne pendent pas en triangles géométriques parfaits comme prévu.

      Ils décident de "continuer et on verra ce qui va se passer".

      L'imperfection est acceptée comme une part inévitable de la réalisation.

      Ils affirment : "quand on essaie de traduire [un plan] en une image réelle, on échoue forcément".

      Le Succès par le Lien Social

      Le véritable succès du projet ne réside pas dans la perfection de la structure, mais dans son impact humain.

      La maison communautaire est "vraiment devenue la maison des gens d'ici".

      Le plus beau retour qu'ils aient reçu est que des gens "se sont fait de nouveaux amis".

      La valeur du projet, qui sera démantelé, "restera dans le cœur et dans l'âme des gens".

    1. Analyse de l'Échec : De la Stigmatisation à l'Outil d'Apprentissage

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse la nature complexe de l'échec, en s'appuyant sur des perspectives neurobiologiques, sociologiques, scientifiques et pédagogiques.

      Bien que socialement stigmatisé et perçu comme une menace déclenchant une réponse de stress primitive, l'échec est présenté comme un mécanisme fondamental, inévitable et essentiel à l'apprentissage, à l'innovation et à l'évolution.

      L'analyse révèle que l'attitude adoptée face à un revers est plus déterminante que l'échec lui-même.

      Des stratégies comme la résilience, l'optimisme réaliste et l'acceptation des émotions sont cruciales pour transformer une déconvenue en une opportunité de croissance.

      Le concept d' "échec productif", développé par le chercheur Manu Kapour, propose même de provoquer délibérément l'échec dans un cadre contrôlé pour améliorer significativement la profondeur et la flexibilité de l'apprentissage.

      En définitive, l'échec n'est pas une fin en soi mais une négociation avec soi-même et le monde, un puissant moteur de changement dont la valeur dépend de notre capacité à l'analyser, à en tirer des leçons et à oser le regarder en face.

      1. La Perception Sociale et la Réponse Neurobiologique à l'Échec

      La société contemporaine, décrite comme une "société de performance", juge les individus à l'aune de leur succès, ce qui rend l'échec tabou et stigmatisé.

      Cette pression culturelle inculque l'idée que l'échec est intrinsèquement négatif, ce qui peut ébranler la confiance en soi et générer une panique à sa simple perspective.

      Réponse Cérébrale et Psychologique :

      Activation de l'Amygdale : Face à un échec, le cerveau déclenche une réaction de peur et de stress.

      L'amygdale, une structure cérébrale impliquée dans les émotions, s'active automatiquement, envoyant un signal de danger. Ce mécanisme est un héritage de l'évolution, datant de l'époque où une erreur pouvait être fatale.

      Court-circuit du Cortex Préfrontal : Dans un premier temps, le circuit neuronal menant à l'amygdale est plus rapide que celui qui achemine l'information au cortex préfrontal.

      Ce dernier, responsable de l'analyse cognitive et de la régulation des réactions, est donc "court-circuité". Il en résulte une réaction initiale souvent explosive et disproportionnée.

      Pensées Catastrophiques : La réaction émotionnelle (peur, angoisse) et la réaction cognitive s'influencent mutuellement.

      Après un revers, comme un entretien d'embauche raté, les peurs peuvent tourner en boucle, menant à des "pensées catastrophiques" (ex: "je suis un incapable", "je finirai à la rue"). Même le cortex préfrontal, censé modérer la peur, peut alors s'emballer.

      2. L'Échec comme Moteur d'Apprentissage et d'Adaptation

      Malgré la réaction négative qu'il provoque, l'échec est un mécanisme d'apprentissage fondamental. L'être humain est décrit comme une "machine conçue pour s'adapter et pour apprendre".

      Chaque échec pousse à un changement et ancre une expérience dans la mémoire.

      Stratégies d'Adaptation :

      Adaptatives : Stratégies utiles qui permettent de faire face activement au problème et d'en tirer des leçons.

      Maladaptatives : Mécanismes qui apportent un soulagement momentané mais sont nocifs sur le long terme. Exemples : détourner son attention par l'alcool ou la nicotine, se replier sur soi-même.

      L'attitude face à l'échec est donc aussi déterminante que l'échec lui-même, car les réactions répétées créent de nouveaux automatismes cérébraux.

      L'Inévitabilité de l'Échec dans la Nature :

      Prédateurs : Les super prédateurs échouent à attraper une proie dans 75% de leurs tentatives. L'échec est banal et fait partie intégrante de leur stratégie de survie.

      Évolution : Plus de 99,9% des espèces ayant existé sur Terre ont disparu. Ce processus, vu comme une succession d'échecs, est pourtant le mécanisme qui a permis de créer la diversité biologique actuelle.

      3. Le Rôle Fondamental de l'Échec dans la Science et l'Innovation

      Le progrès scientifique est rarement une avancée rectiligne. Il est le plus souvent le fruit d'un processus de tâtonnement, où l'échec joue un rôle primordial.

      Exemples de Découvertes Issues d'Échecs ou d'Accidents : | Découverte | Inventeur(s) | Contexte initial | | :--- | :--- | :--- | | Pénicilline | Alexander Fleming | Oubli de ranger son bureau, menant à la contamination d'une culture bactérienne. | | Porcelaine | Alchimistes allemands | Tentative infructueuse de fabriquer de l'or. | | Fond Diffus Cosmologique | Wilson et Penzias | Un "bruit de fond" persistant, d'abord considéré comme une interférence ou un défaut de leur radiotélescope, s'est révélé être la première preuve de la théorie du Big Bang, leur valant un prix Nobel. |

      Concepts Clés :

      Méthode Essai-Erreur : Cette approche est intégrante au progrès scientifique et apporte des enseignements précieux.

      L'Entropie comme Métaphore : Le deuxième principe de la thermodynamique stipule que l'entropie (le désordre) d'un système ne peut qu'augmenter.

      Ce chaos, cet "échec de l'ordre", est présenté comme une source d'innovation, car il offre un nombre infini de nouvelles possibilités qui n'existaient pas dans un état parfaitement ordonné.

      Publication des Résultats Négatifs : La non-publication des résultats négatifs en science est qualifiée de "terrible erreur".

      Un échec expérimental est productif car il permet de découvrir "quelque chose qu'on ignorait ignorer".

      Des initiatives comme le Journal of Unsolved Questions cherchent à valoriser ces expériences ratées.

      4. Stratégies pour Gérer l'Échec : Résilience et Optimisme Réaliste

      La manière de gérer l'échec est cruciale, car une mauvaise approche peut aggraver la situation.

      Le Danger de l'Optimisme Irréaliste : L'exemple du Fire Festival illustre les conséquences désastreuses d'un déni de la réalité.

      L'organisateur, Billy McFarland, a persisté malgré des problèmes insurmontables, transformant son projet en un fiasco et finissant en prison pour fraude.

      L'Importance de l'Optimisme Réaliste : Cette attitude consiste à prendre la situation au sérieux, à analyser les raisons de l'échec et à accepter sa part de responsabilité sans se décourager, afin d'entrevoir de meilleures solutions.

      La Résilience : La recherche sur la résilience étudie les stratégies permettant de mieux faire face aux revers. Inspirées des thérapies comportementales et cognitives, elles visent à remplacer les automatismes dysfonctionnels par des stratégies saines.

      Composantes Clés :

      1. Régulation des émotions : Accepter de ressentir le stress ou la peur aide paradoxalement à s'en délivrer.    

      1. Proactivité : Être convaincu de pouvoir surmonter l'adversité.    

      2. Appréciation Positive : Tendance à voir les situations menaçantes sous un angle plus positif, sans perdre le lien avec la réalité.

      Facteurs d'Influence : Des facteurs comme l'éducation, un environnement sûr et des liens sociaux forts favorisent la résilience.

      Cependant, des personnes ayant subi de nombreux coups durs peuvent développer une grande capacité d'adaptation, bien que cela puisse avoir un coût physiologique (stress chronique, vieillissement cellulaire accéléré).

      5. L'Échec Productif : Une Approche Pédagogique Révolutionnaire

      Le chercheur Manu Kapour a développé une approche pédagogique consistant à programmer l'échec dans un cadre sécurisé et à faible enjeu pour en faire un puissant outil d'apprentissage.

      Les "4 A" de l'Apprentissage par l'Échec Productif :

      1. Activation : L'échec active les connaissances préexistantes pertinentes de l'étudiant. Plus l'échec est important, plus le "filet de connaissances" s'agrandit.

      2. Acceptation : L'étudiant accepte l'écart entre ce qu'il sait et ce qu'il doit savoir.

      3. Affect : L'acceptation de cet écart crée une motivation, une envie de trouver la bonne solution.

      4. Assemblage : Un expert (professeur) intervient pour aider l'étudiant à assembler les connaissances et à comprendre comment elles s'articulent.

      Des études comparatives montrent que les étudiants formés avec cette méthode obtiennent de meilleurs résultats et développent une compréhension plus flexible et profonde des concepts que ceux ayant suivi un enseignement classique par instruction directe.

      6. La Revalorisation Culturelle de l'Échec et ses Limites

      Une tendance culturelle récente semble valoriser l'échec.

      Exemples : Le Musée de l'Échec, qui expose de grands flops commerciaux, ou les Fuck Up Nights, des soirées où des entrepreneurs racontent leurs ratages professionnels.

      Cette tendance crée cependant une nouvelle pression : celle de "réussir ses ratages".

      Il est rappelé qu'avant d'être une leçon ou une anecdote, un échec est d'abord une "blessure financière, émotionnelle, sociale" et un retour à une "dure et douloureuse réalité".

      Conclusion : Redéfinir l'Échec

      L'échec n'est pas une vérité absolue mais une "négociation avec soi et avec le monde".

      C'est l'individu qui détermine si une expérience constitue un échec, et cette évaluation peut évoluer.

      La question fondamentale n'est pas d'éviter l'échec, mais de savoir comment y réagir.

      Apprendre à "échouer correctement" est la clé pour ne pas "échouer à apprendre".

      En osant le regarder en face, l'échec, bien que rarement reluisant, se révèle être une expérience enrichissante et un puissant moteur de changement.

    1. Synthèse du Stream React : "Pédocriminalité, les failles d'Instagram"

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les points clés de la discussion tenue sur la chaîne Twitch d'ARTE, centrée sur le documentaire du magazine "Source" intitulé "Pédocriminalité, les failles d'Instagram".

      L'échange, réunissant les journalistes Maeva Poulet et Valentin Petit et la chargée de plaidoyer Églantine Camille de l'association Caméléon, révèle que des réseaux pédocriminels opèrent de manière visible et organisée sur des plateformes grand public comme Instagram, déconstruisant l'idée que ces activités sont confinées au Dark Web.

      L'enquête, menée via des techniques de journalisme en source ouverte (OSINT), a mis en lumière des failles critiques dans les mécanismes d'Instagram : une modération opaque et souvent inefficace, et un algorithme qui, au lieu de protéger, peut activement recommander des contenus dangereux, créant une boucle perverse pour les prédateurs.

      L'analyse démontre que les photos d'enfants, même les plus anodines partagées par les parents, sont systématiquement détournées.

      Face à ce phénomène, les associations insistent sur la prévention et la responsabilisation des plateformes, tandis que les journalistes et professionnels exposés à ces contenus doivent mettre en place des protocoles stricts pour leur protection psychologique.

      1. L'Enquête du Magazine "Source" : Méthodologie et Démarche

      L'investigation du magazine "Source" se distingue par son approche méthodologique rigoureuse et transparente, ancrée dans les techniques du journalisme en source ouverte.

      Le Journalisme d'Investigation en Source Ouverte (OSINT)

      L'OSINT, ou Open Source Intelligence, est au cœur de la méthode d'enquête.

      Valentin Petit la définit comme une "enquête qui est faite à partir de sources, donc de documents, de données, etc., qu'on peut trouver ouvertement sur les réseaux sociaux, sur Internet".

      Cette approche ne nécessite pas de sources confidentielles mais repose sur des compétences techniques pour exploiter les traces laissées en ligne.

      Les techniques employées incluent :

      • • La géolocalisation d'images.

      • • L'analyse de données de masse.

      • • L'exploration des réseaux sociaux et l'utilisation d'images satellites.

      • • La recherche d'image inversée pour identifier l'origine de photos de profil.

      • • L'analyse de réseaux sociaux (SNA) pour cartographier les connexions entre les comptes.

      L'émission "Source" a pour particularité d'expliquer sa méthode en même temps qu'elle expose les résultats de son investigation, offrant ainsi une double lecture sur le sujet traité et les techniques journalistiques.

      Origine et Mise en Place de l'Enquête

      L'enquête a été initiée suite à la découverte par les journalistes d'une série de "mise en accusation du groupe méta" aux États-Unis pour manquement à la protection des mineurs.

      Cette information a servi de point de départ pour vérifier si le problème était constatable par un utilisateur lambda sur la plateforme.

      Pour ce faire, les journalistes ont créé un "compte d'enquête" anonyme sur Instagram ("Max, 23 ans") sans publier aucun contenu.

      L'objectif était de répondre à plusieurs questions fondamentales :

      • • Peut-on trouver facilement des contenus problématiques ?

      • • La modération de la plateforme est-elle suffisante ?

      • • Comment l'algorithme réagit-il à un intérêt pour ce type de contenus ?

      2. Le Fonctionnement des Réseaux Pédocriminels sur Instagram

      L'enquête révèle que, loin d'être cachés, les réseaux pédocriminels prospèrent au vu et au su de tous sur Instagram, utilisant la plateforme comme une vitrine pour attirer des acheteurs et organiser leurs activités.

      Stratégies de Dissimulation et de Recrutement

      Les prédateurs emploient diverses tactiques pour contourner les filtres de modération et se retrouver entre eux :

      Mots-clés anodins : Ils utilisent des mots-clés apparemment inoffensifs comme "sport boys" pour trouver des comptes agrégeant des photos d'enfants, souvent dans des contextes sportifs (gymnastique, water-polo) où les tenues sont légères.

      Langage codé : Dans les hashtags et les commentaires, ils utilisent des codes spécifiques, comme le "leet speak" (remplacement de lettres par des chiffres), pour éviter la détection automatique.

      Comptes "vitrines" : Des comptes publics sont utilisés pour republier des photos et vidéos d'enfants, souvent volées sur les profils de leurs parents.

      Les commentaires laissés sous ces publications, d'une "incroyable obscénité" ("quelle petite délice", "une belle petite fente"), servent de signaux entre prédateurs pour se reconnaître et indiquer la disponibilité de contenus illégaux.

      Faux comptes de mineurs : Les journalistes ont identifié au moins 15 comptes francophones se faisant passer pour des adolescentes.

      Ces profils volent des photos et vidéos sur les comptes réels de mineurs (sur Instagram ou TikTok) pour se donner une apparence de crédibilité.

      D'Instagram à Telegram : Le Commerce d'Images Illégales

      Instagram sert de porte d'entrée vers des plateformes de messagerie cryptée comme Telegram, où le commerce d'images et de vidéos pédocriminelles a lieu.

      • Les "comptes vitrines" et les faux comptes de mineurs incluent des liens vers des groupes Telegram dans leur biographie, leurs publications ou leurs stories.

      • Dans ces groupes, des "packs" sont proposés à la vente, classés par âge ("un pack 4-12 ans").

      Les prix sont relativement bas (ex: "300 photos + 50 vidéos 50 €"), ce qui, selon les enquêteurs, "refléterait la grande quantité d'images existantes".

      • Les vendeurs partagent des "preuves de vente" (captures d'écran de transactions) pour attester de la fiabilité de leur commerce.

      3. Les Failles Critiques de la Plateforme Meta

      L'enquête met en évidence une défaillance systémique d'Instagram, tant au niveau de sa modération humaine et automatisée que de son algorithme de recommandation.

      Une Modération Opaque et Inefficace

      Le processus de modération d'Instagram apparaît défaillant et incohérent.

      Exemple du compte "Arba" : Ce compte, avec près de 40 000 abonnés, publiait des images de petites filles et se vantait de son impunité ("les rageux peuvent continuer à me signaler, je gagne à chaque fois").

      Un premier signalement des journalistes a été rejeté par Instagram, qui a conclu que le compte "ne va pas à l'encontre de nos règles de la communauté".

      Ce n'est qu'après une demande de réexamen que la plateforme a fait "volte-face" et supprimé le compte, invoquant une "erreur".

      Sentiment d'impunité : Les journalistes ont constaté que de nombreux commentaires obscènes étaient postés depuis des comptes personnels non anonymisés, où les auteurs se mettent en scène avec leurs propres enfants ou petits-enfants, illustrant un sentiment total d'impunité.

      Création continue de nouveaux comptes : Bien que Meta supprime certains comptes, de nouveaux profils "exactement similaires" et utilisant les "mêmes codes" sont créés quotidiennement, rendant les efforts de la plateforme "insuffisants".

      L'Algorithme : Un Puissant Facilitateur

      L'un des constats les plus alarmants de l'enquête est le rôle actif de l'algorithme d'Instagram dans la promotion de contenus dangereux.

      • Après deux mois d'enquête, le compte "Max, 23 ans" a commencé à recevoir des recommandations quasi-exclusivement composées de contenus problématiques.

      Onglet "Découverte" et "Reels" : L'algorithme ne proposait plus des photos de vie de famille, mais des vidéos "d'enfants qui dansent", "d'enfants dont on voit les sous-vêtements", ou "d'enfants qui sont en maillot de bain", des contenus jugés "très suggestifs".

      Onglet "Suggestions" : La plateforme a directement suggéré de suivre des comptes ouvertement pédocriminels, dont un publiant des images "camouflées de jeunes garçons en train de se masturber".

      Conséquence : Les prédateurs n'ont "même plus à faire l'effort de rechercher du contenu, le contenu est offert à eux", ce qu'Églantine Camille qualifie de "mise à disposition du corps des enfants" qui est "redoublée" et "servi sur un plateau".

      La Position de Meta et les Poursuites Judiciaires

      Interrogée par les journalistes, Meta a fourni une réponse vague, affirmant développer des technologies pour "débusquer ces prédateurs" et avoir supprimé "une grande majorité des comptes identifiés" avant même le signalement.

      Cependant, l'entreprise fait l'objet de poursuites judiciaires, notamment une plainte de l'État du Nouveau-Mexique en décembre 2023, l'accusant d'être un "vivier pour les prédateurs sexuels" et de faire passer "leur profit avant la sécurité des enfants".

      Un ancien ingénieur de Meta, Arturo Béjar, a également témoigné devant le Sénat américain des manquements de la plateforme.

      4. Prévention, Risques et Actions Citoyennes

      La discussion a largement porté sur les mesures de prévention et la responsabilité collective face à ce phénomène.

      Le Risque du Partage de Photos d'Enfants ("Sharenting")

      Églantine Camille de l'association Caméléon a souligné un fait crucial : toute photo d'enfant postée publiquement est susceptible d'être récupérée.

      Contenus "autoproduits" : En 2022, 50 % des contenus échangés sur les forums pédocriminels étaient "autoproduits", c'est-à-dire créés par l'enfant lui-même ou postés par son entourage.

      Détournement de photos anodines : Une simple photo de classe ou de vacances peut "devenir l'objet d'un fantasme".

      Risque en cercle privé : Partager des photos en privé n'élimine pas le risque, car "les premiers agresseurs c'est des membres de l'entourage".

      Conseils de prévention : L'association préconise de s'interroger sur la nécessité de partager, et d'utiliser des techniques comme l'ajout d'un émoji sur le visage ou la prise de vue de dos.

      Le Rôle des Associations et l'Appel à l'Action

      Les associations comme Caméléon jouent un rôle essentiel sur plusieurs fronts :

      Prévention : Elles interviennent directement auprès des enfants, des parents et des pouvoirs publics pour sensibiliser et faire évoluer les lois. Leur campagne "Merci" visait à choquer pour faire prendre conscience des risques du partage de photos.

      Plaidoyer : Elles militent pour que les plateformes deviennent "volontaires et proactives" dans la lutte, en intégrant la sécurité ("Trust and Safety") dès la conception de leurs produits et pas seulement en réaction.

      Signalement : Tous les intervenants ont insisté sur l'importance pour les citoyens de signaler systématiquement tout contenu illégal à la plateforme Pharos, le portail officiel du gouvernement français.

      5. L'Impact Psychologique sur les Enquêteurs et les Modérateurs

      La confrontation à des contenus d'une extrême violence a un coût psychologique important pour les professionnels qui y sont exposés.

      Protocoles de protection : Les journalistes ont mis en place une méthodologie pour se protéger :

      • ◦ Discussions régulières au sein de l'équipe.  
      • ◦ Consultation d'associations spécialisées.  
      • ◦ Signalement systématique des contenus à Pharos et Instagram pour agir concrètement.  
      • ◦ Mise en place de "sanctuaires" : horaires de travail limités, éviter de consulter ces contenus la nuit ou à domicile.  
      • ◦ Utilisation de techniques de distanciation (ex: mettre/retirer ses lunettes).

      Risque de normalisation : Un danger identifié est la "normalisation de ces contenus", qui peut mener à une désensibilisation ou, chez les plus jeunes, à une recherche de contenus de plus en plus violents.

      Ce risque concerne autant les journalistes que les équipes de modération des plateformes.

    1. Les Failles d'Instagram face à la Pédocriminalité : Synthèse d'Enquête

      Résumé

      Une enquête approfondie révèle de graves défaillances sur Instagram, qui permettent à des réseaux pédocriminels de prospérer sur la plateforme.

      Malgré des mesures de protection superficielles, le réseau social est utilisé comme une plaque tournante pour le vol d'images d'enfants, le réseautage entre prédateurs et la vente directe de contenus d'abus sexuels.

      L'enquête démontre que les systèmes de modération d'Instagram sont incohérents et facilement contournés.

      De manière plus alarmante, l'algorithme de recommandation de la plateforme, au lieu de protéger les utilisateurs, peut activement proposer des contenus pédocriminels aux profils manifestant un intérêt pour ce type de matériel.

      Face à ces révélations, la réponse de la société mère, Meta, est jugée insuffisante, alors même qu'elle fait l'objet de poursuites judiciaires aux États-Unis l'accusant de faire passer ses profits avant la sécurité des enfants.

      Principales Conclusions de l'Enquête

      1. Des Mécanismes de Protection Facilement Contournés

      L'enquête a débuté par la création d'un profil anonyme ("Max, 23 ans") pour explorer les mesures de sécurité de la plateforme.

      Blocage des mots-clés évidents : Instagram bloque les recherches explicites comme "sexy kids", affichant un avertissement sur l'abus sexuel d'enfants.

      Prolifération via des termes anodins : Cependant, en utilisant des mots-clés plus neutres comme "sport boys", les enquêteurs ont facilement trouvé une multitude de comptes problématiques.

      Ces comptes, aux noms évocateurs ("Hot Boys", "bikini young kids", "boys for you"), publient quotidiennement des photos et vidéos volées de mineurs, souvent dans des poses suggestives.

      Exemple du compte "Arba" : Un compte nommé "Arba", avec près de 40 000 abonnés, publiait exclusivement des images volées de petites filles. Il citait même les comptes sources et ses publications attiraient des commentaires ouvertement pédophiles comme : "absolument sexy j'aimerais bien la remplir" ou "délicieux je veux la bouffer".

      Le titulaire du compte se vantait de son impunité : "les haineux peuvent continuer à me signaler je gagne à chaque fois je ne publie rien d'inapproprié".

      2. Une Modération Inefficace et Incohérente

      Le système de signalement d'Instagram s'est avéré défaillant et contradictoire lors de tests pratiques.

      Premier signalement ignoré : Les enquêteurs ont signalé le compte "Arba" pour "nudité ou acte sexuel impliquant un enfant". Après 24 heures, la réponse d'Instagram a été que le compte "ne va pas à l'encontre de nos règles de la communauté".

      Volte-face après réexamen : Face à cette réponse, une demande de réexamen a été effectuée.

      De manière surprenante, Instagram a changé sa décision, supprimé le compte et admis son erreur : "nous avons réexaminé le compte de Arba et nous l'avons supprimé merci de nous avoir informé de notre erreur".

      Conséquences pour les victimes : Cette incohérence démontre une faille majeure dans les processus de modération, laissant des contenus dangereux en ligne et exposant les mineurs à des risques.

      3. Instagram comme Plaque Tournante pour les Réseaux Pédocriminels

      L'enquête révèle qu'au-delà de la simple exposition, Instagram est une plateforme active pour l'organisation et la commercialisation de contenus pédocriminels.

      Lieu de réseautage : Selon An Ggender, d'une organisation britannique de protection de l'enfance, ces comptes servent de point de ralliement pour les prédateurs.

      Ils y partagent des images pour "signaler à d'autres délinquants leur intérêt pour les enfants" et s'orienter mutuellement vers des plateformes où des contenus plus extrêmes sont accessibles.

      Vente directe sur la plateforme : Des comptes se présentant comme des adolescentes, tel que celui de "Nina" (prétendument 13 ans), proposent ouvertement des packs d'images et de vidéos à caractère sexuel : "300 photos plus 50 vidéos pour 50 €".

      L'enquête a révélé que les photos de "Nina" étaient volées à une véritable adolescente française de 14 ans. Au moins 15 comptes similaires francophones ont été identifiés.

      Utilisation de messageries cryptées : Ces comptes Instagram servent de vitrine et renvoient systématiquement vers des groupes sur l'application de messagerie cryptée Telegram pour finaliser les transactions.

      Organisation de la vente sur Telegram : Dans ces groupes Telegram, les contenus sont classés par âge ("pack 13-17 ans", "pack 4-12 ans") et vendus à bas prix (20 € pour plusieurs centaines de vidéos), ce qui suggère un volume très important de matériel disponible.

      Les vendeurs fournissent des aperçus montrant des vignettes de vidéos d'abus sexuels, parfois très violents.

      Identification des acheteurs : Certains vendeurs publient des preuves de vente, incluant les pseudonymes des acheteurs.

      Les enquêteurs ont retrouvé deux de ces acheteurs sur Instagram, confirmant qu'ils suivaient bien les comptes des vendeurs identifiés.

      Ampleur du phénomène

      L'enquête a permis de quantifier l'étendue de ces réseaux :

      Réseaux francophones : Au moins 15 comptes Instagram identifiés.

      Réseaux internationaux : Des centaines de profils anonymes, utilisant souvent l'acronyme "CP" ("Child Pornography"), ont été découverts lors de recherches en anglais.

      Analyse à grande échelle : L'analyse de 1000 de ces comptes "CP" a montré qu'ils renvoyaient vers près de 300 groupes Telegram distincts dédiés à la vente d'images illégales.

      4. Le Rôle Complice de l'Algorithme de Recommandation

      L'une des découvertes les plus inquiétantes est que l'algorithme d'Instagram, loin de contrer ces activités, les facilite activement.

      Après deux mois passés à suivre des comptes problématiques dans le cadre de l'enquête, l'algorithme a commencé à proposer de manière proactive des contenus similaires au profil "Max".

      Onglet "Découverte" : Cet onglet ne présentait presque plus que des contenus mettant en scène de très jeunes enfants.

      Onglet "Reels" : Le flux de vidéos proposait quasi exclusivement des mineurs qui dansent, s'embrassent ou se dénudent.

      Onglet "Suggestions" : L'algorithme a suggéré de suivre des comptes extrêmement problématiques, notamment :

      ◦ Un compte rassemblant des photos de jeunes garçons avec des commentaires tels que "je veux les violer".    ◦ Un autre compte publiant des images camouflées de jeunes garçons en train de se masturber.

      L'algorithme a donc cessé d'être un outil passif pour devenir un moteur de proposition actif, rendant la recherche de contenus pédocriminels superflue.

      Ce constat est corroboré par le témoignage d'Arturo Béjar, un lanceur d'alerte et ancien ingénieur de Meta, qui a dénoncé devant le Sénat américain les manquements de la plateforme en matière de protection des mineurs.

      5. Réponse d'Instagram et Contexte Juridique

      Interrogée sur les résultats de l'enquête, l'entreprise a fourni une réponse via son agence de communication.

      Déclaration officielle : _"L'exploitation des enfants est un crime terrible [...] c'est pourquoi nous développons des technologies pour débusquer ces prédateurs [...]

      Dans le cadre de nos efforts continus pour faire respecter la législation, nous avons supprimé une grande majorité des comptes identifiés par Arte avant même qu'ils ne nous soient signalés."_

      Une action insuffisante : La mention d'une "grande majorité" implique que certains comptes n'ont pas été supprimés.

      De plus, l'enquête a montré que bien que 30 des 32 comptes d'un réseau aient été supprimés par Instagram, les deux restants ont continué leurs activités pendant au moins deux semaines, et de nouveaux comptes sont créés quotidiennement.

      Poursuites judiciaires : Le groupe Meta fait face à des actions en justice aux États-Unis. En décembre 2023, l'État du Nouveau-Mexique a porté plainte, accusant l'entreprise d'être un "vivier pour les prédateurs sexuels" et de faire passer "leur profit avant la sécurité des enfants".

    1. Wednesdays : Synthèse et Analyse Approfondie

      Résumé Exécutif

      Ce document présente une analyse détaillée du jeu vidéo Wednesdays, coédité et coproduit par Arte, sorti le 26 mars 2025 sur PC (Steam et Itch.io).

      Conçu par l'auteur et directeur créatif Pierre et l'illustratrice Exaeva, ce jeu narratif aborde les thématiques complexes et sensibles de l'inceste, de la pédocriminalité et des violences intrafamiliales.

      Malgré la dureté des sujets, le jeu adopte un ton qualifié de "lumineux et bienveillant".

      D'une durée moyenne de deux heures, Wednesdays se distingue par une direction artistique unique, inspirée de la bande dessinée indépendante, où les personnages victimes sont représentés avec des têtes cubiques.

      Un pilier central du projet est son accessibilité, pensée à la fois pour les non-joueurs et les personnes en situation de handicap, avec un travail approfondi sur la lisibilité des couleurs et des mécaniques de jeu simplifiées.

      Le développement, mené par une petite équipe de sept personnes travaillant à distance, a été marqué par des choix créatifs forts, notamment la création de l'espace de décompression "Orcopark" et une conception sonore immersive qui pallie l'absence de doublage.

      Wednesdays se positionne comme une œuvre cherchant à libérer la parole et à utiliser le médium du jeu vidéo comme un outil de prise de conscience et d'écoute.

      I. Présentation du Jeu "Wednesdays"

      A. Concept et Thématiques Abordées

      Wednesdays est un jeu vidéo narratif qui plonge le joueur dans les souvenirs fragmentés de Timothé, un personnage victime d'inceste.

      Le but est de reconstituer son histoire en explorant différentes scènes de sa vie, de l'enfance à l'âge adulte. Le jeu traite frontalement de sujets difficiles comme la pédocriminalité et les violences intrafamiliales.

      Malgré la gravité de ces thèmes, la démarche des créateurs est de proposer une expérience "lumineuse et bienveillante".

      L'approche narrative et visuelle évite toute représentation graphique de la violence, privilégiant la suggestion, la pédagogie et l'émotion.

      Des avertissements de contenu (trigger warnings) sont intégrés directement dans le jeu pour permettre aux joueurs de se préserver.

      B. Équipe de Développement et Édition

      Le jeu est le fruit d'une collaboration entre plusieurs talents de la scène indépendante, sous l'égide d'Arte qui coproduit et coédite des jeux vidéo depuis plus de dix ans.

      Membre

      Rôle

      Contributions Notables

      Pierre

      Auteur et Directeur Créatif

      Conception du projet, écriture du scénario et des dialogues.

      Exaeva

      Illustratrice

      Création de toute la direction artistique, des personnages et des décors.

      Virginia

      Sound Designer

      Conception de l'univers sonore, incluant les gimmicks sonores des personnages.

      Florent Morin (The Pixel Hunt)

      Éditeur

      Accompagnement du projet, gestion administrative, conseils créatifs.

      Chris

      Programmeur

      Développement technique, lui-même concerné par le sujet du jeu.

      Nico Novac

      Artiste Pixel Art

      Création des visuels pour la section "Orcopark".

      Dianne

      Programmeuse (renfort)

      Aide à la programmation sur des aspects spécifiques du jeu.

      L'équipe principale de sept personnes a travaillé majoritairement à distance via Discord, sans réunions formelles, démontrant une grande autonomie de chaque membre.

      C. Données Clés

      Caractéristique

      Détail

      Date de sortie

      26 mars 2025

      Plateformes

      PC (via Steam et Itch.io)

      Durée de jeu moyenne

      Environ 2 heures à 2 heures 30

      Genre

      Jeu narratif, Bande dessinée interactive

      II. Direction Artistique et Conception Visuelle

      A. Un Style "Bande Dessinée Interactive"

      La direction artistique de Wednesdays est l'un de ses aspects les plus marquants. Elle s'inspire fortement de la bande dessinée indépendante franco-belge et américaine, avec des références citées comme Frédéric Peeters, Craig Thompson et Tillie Walden.

      Le processus de création est traditionnel et méticuleux :

      1. Dessin sur papier : Exaeva réalise tous les dessins des décors et des personnages sur papier, son support de prédilection. Les personnages sont dessinés sur des calques en papier "layout", un peu transparent, utilisé en animation traditionnelle.

      2. Numérisation : Tous les éléments graphiques sont ensuite scannés.

      3. Colorisation numérique : Les couleurs sont ajoutées digitalement, en respectant une technique de bichromie, qui consiste à utiliser principalement deux teintes dominantes par image pour créer des ambiances colorées et lumineuses spécifiques.

      Cette approche donne au jeu une texture unique, avec un aspect crayonné très personnel qui va à contre-courant des productions 3D ultra-réalistes.

      B. Le Symbolisme des "Têtes Cubiques"

      Un choix visuel central du jeu est la représentation des personnages victimes d'inceste avec des têtes cubiques. Cette idée, présente dès la genèse du projet, a plusieurs fonctions :

      Visibilité de l'invisible : Elle rend les victimes, souvent invisibles dans la société, immédiatement identifiables pour le joueur.

      Faciliter la projection : En s'appuyant sur les théories de Scott McCloud (L'Art invisible), un visage moins détaillé et réaliste permet au joueur de se projeter plus facilement dans le personnage.

      Défi artistique : Contrairement à l'idée initiale que cela simplifierait le travail, l'absence d'expressions faciales a représenté un défi majeur. Toute l'émotion des personnages doit être transmise par la corporalité, les postures et la gestuelle, ce qui a demandé un travail d'animation et de dessin très poussé.

      C. Processus Créatif et Influences

      La collaboration entre Pierre et Exaeva a été fondamentale. Pierre arrivait avec des idées de scènes, parfois sous forme de placeholders (visuels de substitution) très simples, et Exaeva les transformait en scènes complètes.

      De nombreuses décisions de mise en scène ont été prises lors de sessions de travail à Bruxelles, autour d'un verre. Le jeu alterne entre les scènes dessinées par Exaeva et l'univers en pixel art d'Orcopark, créant un contraste visuel fort.

      III. Conception Sonore et Narrative

      A. Sound Design sans Voice Acting

      Le jeu ne contient pas de dialogues parlés (voice acting), un choix justifié par le budget mais aussi par une volonté artistique.

      La sound designer Virginia a créé un univers sonore immersif basé sur des sons réalistes et des "gimmicks" sonores pour chaque personnage, tous liés à l'univers du papier et de l'écriture :

      Timothé : Bruit de machine à écrire.

      Les enfants : Bruits de Crayola ou de feutres.

      Joël (le père) : Son de stylo-plume.

      Fatia (l'institutrice) : Bruit de craie sur un tableau.

      Cette approche permet non seulement d'identifier auditivement qui parle, mais renforce aussi l'idée que l'histoire est en train de s'écrire ou de se reconstituer.

      B. La Libération de la Parole par le Gameplay

      La structure narrative et les mécaniques de jeu sont conçues pour servir le thème principal : la difficulté et les étapes de la libération de la parole.

      Souvenirs fragmentés : Le joueur peut choisir les souvenirs dans un ordre non linéaire, reflétant le processus non chronologique de la mémoire traumatique.

      Mécaniques de dialogue : Dans certaines scènes, comme celle de la voiture avec le personnage de Yeram, le gameplay joue avec les bulles de dialogue.

      Le joueur sélectionne une option, mais le personnage peine à la formuler, la phrase change ou est remplacée par des points de suspension.

      Cela représente la lutte interne pour verbaliser le trauma. Pierre note que près de 4% des bulles de dialogue du jeu sont des silences ("..."), soulignant l'importance de ce qui n'est pas dit.

      IV. L'Accessibilité : Un Pilier du Projet

      L'accessibilité a été une priorité dès le début du développement. L'objectif était double :

      1. Rendre le jeu jouable par des non-joueurs : Avec des contrôles simples et une interface claire.

      2. Inclure les personnes en situation de handicap.

      Pour y parvenir, l'équipe a collaboré avec Game Accessibility Hub, une société spécialisée. Des tests ont été menés avec des joueurs ayant différents handicaps.

      Un exemple marquant est celui d'un testeur achromate (qui ne voit aucune couleur).

      Il a trouvé le jeu parfaitement lisible et a même ressenti une différence dans la seule scène conçue en noir et blanc pur, validant ainsi l'efficacité des contrastes et de la direction artistique.

      Le travail sur les palettes de couleurs a été systématiquement testé à l'aide d'outils simulant différentes formes de daltonisme. Arte a soutenu cette démarche en allouant un budget supplémentaire dédié à l'accessibilité.

      V. Genèse et Coulisses de la Production

      A. D'un "One-Man Show" au Jeu Vidéo

      L'idée de Wednesdays est née de l'inspiration de Pierre après avoir vu L'Imposture, un spectacle de marionnettes de Lucie Arnodin.

      Fasciné par la capacité du spectacle à traiter de sujets graves avec légèreté et une narration éclatée, il a d'abord tenté d'écrire un one-man show sur le sujet.

      Après un retour mitigé d'un ami proche, il a abandonné cette idée pour se tourner vers un médium qu'il maîtrisait : le jeu vidéo, tout en conservant le ton et l'approche narrative du projet initial.

      B. Orcopark : L'Espace de Décompression

      L'interface de sélection des chapitres a connu une évolution significative. Le concept initial était un bureau sur lequel le joueur cliquait sur différents objets pour lancer les souvenirs. Jugée "un peu chiante" par Arte, cette idée a été remplacée par Orcopark, un parc d'attractions rétro en pixel art.

      Orcopark sert de hub central mais aussi d'espace "safe" pour le joueur.

      Entre des scènes émotionnellement intenses, il peut prendre le temps de se détendre, de ramasser des débris, de cliquer sur des éléments interactifs et de décorer son parc.

      Cet espace a été développé plus que prévu initialement, à l'encouragement d'Arte, pour renforcer son rôle de sas de décompression.

      C. Anecdotes de Développement

      Moustache le chat : Le chat Moustache a été ajouté dans une scène finale à la demande de Nil, le fils de Pierre.

      Joël, l'alter ego vieilli : Le design du personnage du père, Joël, est basé sur une version vieillie de l'auteur, Pierre.

      Figurine en argile : L'objet mystère de l'émission était une statuette en argile réalisée par la grand-mère de Pierre, qui a aussi servi de base pour une marionnette dans un autre de ses projets de jeu sur Game Boy Camera.

      VI. Réflexions sur l'Impact et la Réception

      A. Le Jeu Vidéo comme Média d'Écoute

      Les créateurs soulignent la position particulière de Wednesdays, un "OVNI" qui se situe à l'intersection du jeu vidéo et de l'œuvre culturelle. Cette position hybride pose des défis de réception :

      • Les journalistes spécialisés jeu vidéo peuvent être déroutés par un jeu qui ne correspond pas aux critères d'évaluation habituels (gameplay, durée de vie, etc.).

      • Les journalistes culturels généralistes peuvent être réticents en raison d'un mépris ou d'une méconnaissance du médium.

      Malgré cela, le jeu a reçu une bonne couverture en France et a trouvé son public.

      B. Un Outil pour la Prise de Conscience

      Le retour le plus gratifiant pour l'équipe vient des joueurs.

      De nombreux témoignages font état de l'impact positif du jeu, y compris de la part de personnes victimes qui se sont senties comprises ou qui ont eu des prises de conscience sur leur propre vécu en jouant.

      Le jeu semble ainsi atteindre son objectif : non seulement libérer la parole de son personnage, mais aussi potentiellement celle de ses joueurs, et sensibiliser l'entourage aux réalités de l'inceste.

    1. les principes fondamentaux des biais cognitifs, en s'appuyant sur des recherches clés en psychologie.

      Les biais cognitifs sont des erreurs systématiques de raisonnement, analogues aux illusions d'optique qui trompent notre perception visuelle.

      Leur étude a conduit à une remise en cause fondamentale du modèle de l' homo economicus — l'idée d'un être humain parfaitement rationnel — et à l'élaboration d'une nouvelle théorie de l'esprit.

      Les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky ont été les pionniers de ce domaine, proposant un modèle de la pensée humaine articulé autour de deux systèmes :

      1. Le Système 1 (Intuition) : Rapide, automatique et sans effort, il gère la majorité de nos décisions quotidiennes en utilisant des raccourcis mentaux appelés "heuristiques".

      2. Le Système 2 (Raisonnement) : Lent, contrôlé et demandant un effort conscient, il est mobilisé pour des problèmes complexes ou lorsque le Système 1 est mis en échec. Les biais cognitifs ne sont pas des défauts de notre cerveau, mais plutôt les conséquences prévisibles du fonctionnement du Système 1.

      Ses heuristiques, bien qu'extrêmement efficaces et économiques en énergie dans la plupart des situations, peuvent conduire à des erreurs de jugement prévisibles lorsqu'elles sont appliquées dans des contextes inappropriés.

      Des expériences comme le problème de Linda, le test de Stroop ou le Cognitive Reflection Test démontrent de manière tangible l'influence de ces deux systèmes et la puissance des biais sur nos décisions.

  3. Sep 2025
    1. Document d'information : Enjeux et Défis de la Santé Mentale en France

      Synthèse

      L'audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale met en lumière une crise profonde et multidimensionnelle du système de santé mentale en France.

      Les analyses des experts révèlent un fardeau économique et social colossal, estimé à 163 milliards d'euros, plaçant les maladies mentales au premier rang des dépenses de l'Assurance Maladie.

      Ce coût est principalement tiré par les hospitalisations, qui représentent jusqu'à 85 % des dépenses directes pour des pathologies comme la schizophrénie, tandis que les coûts des médicaments, majoritairement génériqués, restent faibles.

      Le système de soins psychiatriques est caractérisé par des défaillances systémiques majeures. La prévention est quasi inexistante, entraînant des retards de diagnostic dramatiques (plus de 10 ans pour les troubles bipolaires).

      L'organisation des soins, jugée obsolète, reste hospitalo-centrée, inégalitaire sur le territoire et cloisonnée, notamment entre les soins somatiques et psychiatriques.

      Ce cloisonnement a des conséquences mortelles, réduisant l'espérance de vie des patients de 15 à 20 ans, principalement à cause de maladies cardiovasculaires et de cancers non ou mal soignés.

      Malgré ce tableau sombre, des innovations organisationnelles et technologiques ont prouvé leur efficacité.

      Les "Centres Experts", par des bilans complets, réduisent significativement les hospitalisations et améliorent le pronostic des patients.

      De même, des projets pilotes utilisant des outils numériques (expérimentation "Article 51") ont divisé par deux les tentatives de suicide et généré des économies substantielles.

      Cependant, ces innovations peinent à être déployées à grande échelle en raison de freins structurels, d'un manque de vision stratégique et d'un sous-investissement chronique dans la recherche et le développement.

      La psychiatrie souffre en parallèle d'une grave crise d'attractivité, exacerbant les pénuries de personnel et la saturation du système.

      Enfin, la recherche et le pilotage des politiques publiques sont handicapés par un manque criant de données structurées, notamment sur le volet du handicap.

      1. Le Fardeau Économique et Social des Maladies Mentales

      L'analyse économique présentée par Isabelle Duranzaleski, professeur de médecine et docteur en économie, révèle l'empreinte considérable des pathologies psychiatriques sur la société française.

      L'étude, qui reproduit des méthodologies internationales pour permettre les comparaisons, agrège plusieurs types de coûts pour obtenir un chiffre global.

      1.1. Une Estimation Globale de 163 Milliards d'Euros

      En combinant l'ensemble des coûts, l'étude arrive à un total de 163 milliards d'euros.

      Ce chiffre, bien que sujet à des risques de double compte, a pour objectif principal d'alerter les décideurs publics sur l'ampleur du fardeau.

      Il se décompose en quatre catégories principales :

      1. Dépenses de l'Assurance Maladie : Les coûts directs des soins médicaux, qui placent les maladies mentales comme le premier ou deuxième poste de dépense avec le cancer.

      2. Dépenses du secteur médico-social : Les coûts réels engagés pour l'accompagnement.

      3. Pertes de production : Le "manque à gagner" pour la société lié à la morbidité et à la mortalité prématurée.

      4. Perte de santé valorisée : Une estimation monétaire de la perte d'années de vie en bonne santé, calculée selon des standards internationaux.

      1.2. La Prépondérance des Coûts d'Hospitalisation

      Une analyse détaillée des dépenses directes pour les patients atteints de schizophrénie et de troubles bipolaires, menée via les Centres Experts, démontre que l'hospitalisation constitue la source principale des coûts.

      Pour la schizophrénie, 85 % des coûts directs sont liés aux hospitalisations.

      Pour les troubles bipolaires, ce chiffre s'élève à 78 %.

      En comparaison, la part des médicaments est très faible, en raison de l'accès quasi-exclusif à des traitements génériqués et du manque d'accès aux innovations thérapeutiques.

      Pathologie

      Part des Hospitalisations

      Part des Médicaments

      Part des Consultations

      Schizophrénie

      85 %

      9 %

      6-7 %

      Troubles Bipolaires

      78 %

      18 %

      6-7 %

      1.3. Le Coût Spécifique du Suicide

      Une étude distincte, utilisant la même méthodologie, a évalué le coût du suicide et des tentatives de suicide, en incluant les coûts directs des soins, la perte de production et la perte d'années de vie valorisée.

      Coût du suicide : 18 milliards d'euros.

      Coût des tentatives de suicide : 5 milliards d'euros.

      2. Défaillances Systémiques et Organisation des Soins

      Les experts s'accordent sur un constat sévère : l'organisation actuelle des soins psychiatriques en France est en échec. Elle est marquée par un retard structurel, une inégalité d'accès et un cloisonnement préjudiciable.

      2.1. L'Échec de la Prévention

      Selon Marion Leboyer, professeur de psychiatrie, et Coralie Gandré, maîtresse de recherche à l'IRDES, le système de soins français présente des défaillances majeures aux trois niveaux de la prévention.

      Prévention primaire : Elle est quasi-inexistante, marquée par une méconnaissance profonde des maladies mentales dans la société et une méfiance envers la psychiatrie, ce qui entraîne une perte de chance considérable.

      La France accuse un retard de 20 ans par rapport aux pays anglo-saxons dans la mise en place de mesures de prévention et de lutte contre la stigmatisation.

      Prévention secondaire : Elle se traduit par un retard au diagnostic catastrophique.

      Troubles bipolaires : Plus de 10 ans en moyenne entre les premiers symptômes et le diagnostic.    ◦ Schizophrénie : Une "durée de psychose non traitée" de 2 à 5 ans, alors que les cinq premières années sont cruciales pour la réponse au traitement.

      Ce retard est attribué à un déficit de formation des médecins de première ligne et à un manque d'information du grand public.

      Prévention tertiaire : L'arrivée tardive dans le soin se fait majoritairement par les urgences, qui sont engorgées par des patients de plus en plus sévères, chroniques et polypathologiques.

      Un patient sur quatre hospitalisé en psychiatrie y entre via les urgences, un indicateur international de mauvaise qualité de l'accès aux soins.

      2.2. Un Modèle de Soins Obsolète, Inégal et Cloisonné

      Le système français est décrit comme :

      Hospitalo-centré : L'approche reste centrée sur l'hôpital, malgré un virage ambulatoire précoce (80 % des prises en charge).

      Un quart des lits en psychiatrie est occupé au long cours sans indication thérapeutique, souvent par défaut d'offre d'hébergement non médicalisé.

      Inégalitaire sur le territoire : L'accès aux soins varie considérablement d'une région à l'autre.

      La prévalence de la schizophrénie et des troubles bipolaires est deux fois plus élevée dans les villes, suggérant la nécessité de politiques de soins adaptées aux facteurs de risque environnementaux (urbanicité, pollution, stress).

      Peu lisible et insuffisamment spécialisé : L'offre de soins est confuse pour les usagers et manque de spécialisation par pathologie, contrairement aux pratiques internationales.

      Manquant de vision stratégique : Les experts déplorent une absence de stratégie claire et de politique d'évaluation de l'organisation des soins.

      2.3. La Fracture entre Soins Somatiques et Psychiatriques

      Un des points les plus critiques soulevés est le cloisonnement total entre la psychiatrie et les autres spécialités médicales.

      Les conséquences pour les patients sont dramatiques :

      Surmortalité massive : La première cause de mortalité n'est pas le suicide, mais les maladies cardiovasculaires et les cancers.

      L'espérance de vie est réduite de 20 ans pour les femmes et 15 ans pour les hommes (données de M. Leboyer) ou de 13 ans pour les femmes et 16 ans pour les hommes (étude IRDES).

      Le taux de mortalité est 2 à 3 fois supérieur à celui de la population générale.

      Sous-dépistage des comorbidités : Des pathologies comme le syndrome métabolique (hypertension, obésité, etc.) sont très fréquentes (24 % pour la schizophrénie, 38 % pour la dépression résistante, contre 10 % en population générale), mais 70 % à 90 % des patients ne sont ni dépistés, ni soignés.

      Moindre recours aux soins préventifs : Les patients ont moins accès au dépistage des cancers, à la vaccination, aux dentistes, ophtalmologues ou gynécologues.

      Retard au diagnostic pour le cancer : Les patients atteints de troubles psychiques sont diagnostiqués plus tardivement pour les cancers, reçoivent des prises en charge plus invasives mais moins intensives, ce qui augmente les pertes de chance.

      3. Innovations et Levier d'Amélioration : Un Potentiel Sous-exploité

      Face à ces défaillances, des innovations organisationnelles, numériques et thérapeutiques ont démontré leur efficacité, mais leur déploiement reste limité par de nombreux freins.

      3.1. Les Centres Experts : Un Modèle d'Évaluation Efficace

      Inspirés des modèles existants pour le cancer ou les maladies rares, les Centres Experts proposent un bilan complet (psychiatrique, cognitif, social, somatique) sur une journée en hôpital de jour.

      Impact démontré : Les études menées avant et après passage dans ces centres montrent une diminution significative du nombre de journées d'hospitalisation, une amélioration du pronostic, une meilleure adhérence au traitement et un meilleur dépistage des comorbidités somatiques.

      Objectif : L'objectif est de déployer ce dispositif sur tout le territoire national et de l'inscrire dans la liste des activités spécifiques nationales pour garantir un accès équitable à tous les patients.

      3.2. Le Numérique au Service du Suivi (Expérimentation Article 51)

      Un projet pilote a testé une innovation organisationnelle combinant un suivi par une infirmière de pratique avancée ("case manager") et des outils digitaux pour des patients bipolaires.

      Résultats positifs : L'évaluation par le ministère de la Santé a montré :

      • Tentatives de suicide divisées par deux (de 7,6 % à 3,9 %).  
      • Journées d'hospitalisation réduites (de 42 % à 24 %).  
      • Impact économique démontré : un gain estimé à 3 500 € par patient et par an, grâce à la baisse des hospitalisations.

      Déploiement en attente : Malgré ces résultats, la décision de généraliser le dispositif est toujours en attente, suscitant l'inquiétude des patients et des soignants.

      3.3. Freins à l'Innovation et à la Recherche

      Plusieurs obstacles entravent la modernisation de la psychiatrie :

      Sous-investissement dans la recherche : La France ne consacre que 2 à 4 % de son budget de recherche biomédicale à la psychiatrie, l'un des taux les plus faibles des pays développés.

      Faible translation des découvertes : De nombreuses innovations (biomarqueurs sanguins, imagerie cérébrale, outils numériques) issues de la recherche peinent à être appliquées dans les soins courants.

      Accès limité aux nouvelles thérapies : Les patients français ont un accès moindre aux innovations thérapeutiques, qu'elles soient médicamenteuses (ex: antipsychotiques de 2e génération disponibles ailleurs en Europe mais pas en France) ou psychosociales.

      4. Enjeux Transversaux et Difficultés Spécifiques

      4.1. Crise d'Attractivité et Pénurie de Personnel

      La psychiatrie fait face à une crise d'attractivité majeure, constituant un frein structurel à toute amélioration.

      Désaffection des jeunes médecins : La psychiatrie est choisie parmi les dernières disciplines par les internes, contrairement à des pays comme le Canada où elle est devenue un premier choix suite à des investissements massifs.

      Pénurie de personnel : La FHF (Fédération Hospitalière de France) estime qu'un quart des postes de psychiatres sont vacants dans plus de la moitié des établissements publics.

      Conséquences directes : Cette pénurie entraîne une fermeture massive de lits d'hospitalisation et une saturation de l'ensemble du système de soins (CMP surchargés, urgences engorgées).

      4.2. Les Pratiques Coercitives et les Droits des Patients

      La France se distingue par un recours élevé à des pratiques restrictives de liberté, avec des variations très importantes entre établissements qui interrogent l'équité des prises en charge.

      Soins sans consentement : Près de 100 000 personnes par an (soit 5% de la file active).

      Isolement : Près de 30 000 personnes par an.

      Contention mécanique : Près de 10 000 personnes par an. Ces chiffres placent la France dans une situation défavorable par rapport aux autres pays développés, avec une tendance à l'augmentation.

      4.3. Le Manque Crucial de Données sur le Handicap

      Maude Espagiac, spécialiste du handicap, souligne une difficulté majeure pour la recherche et le pilotage des politiques : l'accès aux données.

      Cloisonnement des données : Les systèmes d'information des secteurs médical, social et médico-social ne communiquent pas, ce qui empêche d'avoir une vision complète des parcours et des coûts.

      Identification des personnes : Il est très difficile d'identifier les personnes en situation de handicap dans les bases de données de santé existantes, et de mesurer les coûts non publics (reste à charge pour les familles, les aidants).

      Perspective d'amélioration : L'intégration annoncée des données des MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées) dans le Système National des Données de Santé (SNDS) d'ici 2026 est une avancée attendue depuis une décennie.

    1. Synthèse de l'Audition sur l'État de la Santé Mentale en France

      Résuméf

      L'audition à la commission d'enquête de l'Assemblée nationale a mis en lumière un consensus alarmant sur l'état désastreux de la psychiatrie en France, particulièrement en pédopsychiatrie, qualifiée de "désastre absolu".

      Les experts, un pédopsychiatre-épidémiologiste et un psychanalyste-chercheur, s'accordent sur plusieurs points critiques : une dégradation continue du bien-être psychique de la population depuis 20 ans, une inversion préoccupante de la tendance à la baisse des suicides chez les jeunes depuis 2017, et une offre de soins totalement inadaptée face à une demande croissante, créant un "effet ciseau" dévastateur.

      Les défaillances du système sont jugées systémiques et profondes, impliquant une responsabilité partagée entre les psychiatres (pour leurs certitudes passées), les administrations ("il nous flingue"), les directeurs d'hôpitaux (gestion par "tableau Excel") et des politiques publiques inadaptées.

      La critique vise particulièrement le "New Public Management", qui applique des logiques de rentabilité au soin, et l'hégémonie d'une approche "scientiste" de l'Evidence-Based Medicine, jugée inefficace et inconsistante dans le champ de la santé mentale de l'enfant.

      Des dispositifs comme "Mon Soutien Psy" sont cités comme des exemples de "leviers qu'il ne fallait pas activer".

      Face à ce constat, les experts appellent à une réorientation radicale. Les leviers d'action prioritaires incluent la prévention, notamment la lutte contre la maltraitance infantile qui explique 50% des troubles futurs, et le renforcement des dispositifs institutionnels existants (CMP, CMPP, hôpitaux) plutôt que la création de nouvelles structures complexes.

      La formation de thérapeutes qualifiés et la revalorisation des pratiques cliniques pluridisciplinaires sont essentielles.

      Enfin, bien que le coût de l'inaction se chiffre en milliards d'euros, les experts soulignent que la solution n'est pas uniquement budgétaire mais réside dans une meilleure organisation des ressources existantes et dans des choix politiques courageux qui replacent la relation humaine et la complexité clinique au cœur du système de soin.

      1. État des Lieux : Un Constat Alarmant

      Les deux intervenants dressent un tableau extrêmement sombre de la situation psychiatrique en France, soulignant la nécessité de distinguer le "vécu anxio-dépressif" des pathologies cliniques et de se méfier des chiffres de prévalence bruts qui, pour des troubles dimensionnels comme la dépression, "ne veulent rien dire".

      1.1. Tendances Épidémiologiques Inquiétantes

      Le professeur Falissard, épidémiologiste, identifie une "quadruple interaction entre le temps, l'âge, le genre et la pathologie".

      Suicide et tentatives de suicide : Si la tendance globale sur 30 ans est à l'amélioration, une rupture nette est observée depuis 2017 chez les jeunes.

      • ◦ L'amélioration s'est stoppée pour les suicides chez les jeunes.  
      • ◦ Les suicides augmentent légèrement chez les jeunes filles.  
      • ◦ Les tentatives de suicide montent de "façon spectaculaire" chez les jeunes filles depuis 2017.

      Vécu anxio-dépressif : Le ressenti subclinique mesuré par Santé publique France se dégrade "de façon homogène" depuis 20 ans, touchant toutes les tranches d'âge et tous les genres.

      Pédopsychiatrie : La situation est décrite comme un "désastre absolu". Certains départements n'ont plus de pédopsychiatres, rendant la permanence des soins impossible.

      1.2. L'Effet Ciseau : Une Offre de Soins Débordée

      M. Tonou met en évidence l'écart croissant entre l'augmentation de la demande et le déficit de l'offre de soins, créant un "effet ciseau" aux conséquences désastreuses.

      Délais d'attente : Les délais pour une consultation spécialisée sont "insupportables", allant de 6 à 18 mois.

      À l'échelle d'un enfant de 3 à 6 ans, cela équivaut à un délai de 5 à 10 ans pour un adulte.

      Conséquences cliniques :

      ◦ Augmentation des hospitalisations en urgence.    ◦ Augmentation des passages à l'acte suicidaire.     ◦ Consommation accrue de psychotropes en pédiatrie, souvent hors autorisation de mise sur le marché (AMM).     ◦ Substitution des psychothérapies recommandées par le seul médicament, faute de moyens.

      Selon les estimations, 13% de la population française serait concernée par un trouble mental, soit 1,5 million d'enfants et 9 millions de personnes au total.

      2. Défaillances Systémiques et Critiques de la Gouvernance

      Les experts s'accordent sur le fait que la crise actuelle est le résultat d'une série de défaillances à tous les niveaux du système. La responsabilité est "partagée" et les erreurs stratégiques des pouvoirs publics sont pointées du doigt.

      2.1. Une Responsabilité Partagée

      Le professeur Falissard insiste : "tout le monde est responsable du fait qu'aujourd'hui c'est une catastrophe".

      Acteur

      Critique

      Les psychiatres

      Ont eu le tort au 20e siècle de croire détenir une vérité unique (la psychanalyse), ce qui a nui aux patients, notamment dans l'autisme. Ce n'est plus le cas pour 90% des praticiens aujourd'hui.

      L'Administration et la Tutelle

      "Il ne nous aide pas, il nous flingue". Des réglementations absurdes (ex: conventions pour les orthophonistes en CMP) bloquent concrètement la prise en charge des enfants.

      Le Délégué Interministériel (TND)

      Est qualifié d'"antipsychiatre", accusé d'empêcher la construction de soins avec une "lubie scientiste" et une recherche de solutions simplistes à des problèmes complexes.

      Les Directeurs d'Hôpitaux

      Privilégient une gestion comptable ("Le tableau Excel il est bien rempli") au détriment de la qualité des soins, menant à des catastrophes (ex: aide-soignant d'orthopédie remplaçant une infirmière psy, conduisant à des abus sexuels).

      Les Parents

      Sont souvent "partie du problème", plaçant les soignants dans une situation complexe entre le devoir de protection de l'enfant et l'impératif d'inclure les parents dans le soin.

      2.2. Erreurs Stratégiques de Gouvernance

      M. Tonou identifie deux phénomènes majeurs qui ont sapé les fondements du soin psychique :

      1. Le New Public Management : La gestion des structures publiques comme des entreprises, substituant "la rentabilité et le profit au principe fondateur des missions de services publics".

      2. L'Evidence-Based Medicine (EBM) : Son déploiement pour évaluer la psychiatrie s'est révélé "tout à fait inconsistant dans le domaine de la santé mentale de l'enfant", avec "aucune avancée en terme de diagnostic, aucune avancée en terme de traitement".

      Plusieurs initiatives sont citées comme des "archétypes de ce qu'il ne faudrait pas faire" :

      • Le dispositif Mon Soutien Psy.

      • La stratégie TND 2023-2027.

      • Le cas des centres experts et de la Fondation FondaMental, critiqués pour leur approche qui dissocie le diagnostic du soin, leur absence de résultats concrets (zéro marqueur biologique trouvé) et les biais scientifiques de leurs études d'efficacité.

      3. Prévention et Pistes d'Amélioration

      Plutôt que de chercher des solutions simplistes, les experts appellent à revenir aux fondamentaux du soin, de la prévention et à mieux organiser les ressources existantes.

      3.1. La Prévention comme Levier Principal

      Lutte contre la maltraitance : La prévention primaire, c'est "éviter les abus sur les enfants".

      Cela "explique 50 % de la variance des problèmes psychiatriques des adolescents et des adultes après".

      L'Aide Sociale à l'Enfance (ASE), qui devrait être le bras armé de cette prévention, est elle-même "un désastre absolu".

      Facteurs de risque sociaux : La lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion est une politique de prévention en santé mentale.

      "Lorsque je propose une aide sociale à une famille en difficulté [...] je préviens aussi un risque de santé mentale".

      Milieu scolaire : Réduire le nombre d'élèves par classe (le seuil de 17 élèves est cité comme optimal pour l'apprentissage de la lecture) est un levier puissant pour la santé mentale des enfants.

      3.2. Renforcer l'Existant et Former les Acteurs

      La priorité n'est pas de créer de nouveaux dispositifs, mais de soutenir les institutions et les pratiques qui ont fait leurs preuves.

      Soutenir les institutions : "S'il y avait qu'une chose à retenir, c'est celle-là".

      Il faut "rouvrir des places, des lits à l'hôpital, dans les services spécialisés, les CMP, les CMPP". Il faut cesser de "déshabiller le CMP" pour "abonder les centres experts".

      Repenser la formation :

      ◦ La question centrale n'est pas "quelle est la bonne thérapie ?" mais "qui est un bon thérapeute ?".

      L'effet du clinicien est largement supérieur à l'effet spécifique de la thérapie.    *   ◦ Il n'existe pas de formation universitaire pour les psychothérapies en France.    *  ◦ Il faut recréer des formations intermédiaires pour les infirmiers, sur le modèle d'une spécialisation locale d'un an ("infirmiers plus un"), car le modèle des Infirmières en Pratique Avancée (IPA) est trop lourd et coûteux.

      Valoriser la diversité des approches : La spécificité française réside dans une grande diversité de pratiques (psychanalyse, thérapies familiales, psychothérapie institutionnelle) qui "font leur preuve dans la clinique". Toute tentative de réduire cette diversité "va se payer par du moins de soins".

      4. Enjeux Économiques et Budgétaires

      Le débat sur les moyens financiers révèle une tension entre la nécessité de prouver l'efficacité économique des investissements et la conviction que le soin aux plus vulnérables relève d'un "pacte démocratique" non quantifiable.

      4.1. Le Coût de l'Inaction

      M. Tonou propose une méthode pour chiffrer le "coût de l'inaction", qui se calculerait en milliards d'euros.

      Exemple de calcul : Pour un coût moyen estimé de 10 000 € par an et par patient, une meilleure prise en charge permettant de réduire ces coûts de 20% générerait une économie de 3,9 milliards d'euros en population pédiatrique et de 18 milliards d'euros en population générale.

      Finalité : Démontrer que "le coût de l'inaction est beaucoup plus élevé que des politiques volontaires et cohérentes".

      4.2. Une Question d'Organisation plus que de Moyens ?

      Le professeur Falissard adopte une posture provocatrice : "Ça n'est pas une question de moyen".

      Gains d'efficience : "Nous pourrions faire beaucoup mieux avec la même quantité d'argent". Il pointe l'argent alloué à des dispositifs coûteux et peu efficaces (ex: hospitalisations de semaine pour bilans TDAH) alors que les urgences ne sont pas financées.

      Inefficacité des études médico-économiques : Il affirme que les études prouvant le sous-financement de la psychiatrie "n'ont servi à rien".

      Injustice de l'allocation des ressources : Il dénonce une inégalité fondamentale : "On n'a pas le même argent selon les maladies qu'on a en France".

      Des traitements à 2 millions d'euros sont remboursés pour certaines maladies rares, tandis qu'il n'y a "pas 3000 € pour une tentative de suicide chez une adolescente".

      La rationalité économique ne s'applique pas à la psychiatrie en France.

      La conclusion partagée est que la priorité absolue est de mieux organiser le système, en se basant sur les acteurs de terrain ("pas des gens en costard-cravate") pour redéfinir les priorités et optimiser les dépenses.

    1. Synthèse de l'Audition sur la Santé Mentale des Jeunes

      Résumé Exécutif

      L'audition met en lumière une crise sans précédent dans la prise en charge de la santé mentale des jeunes en France, une situation préexistante mais exacerbée de manière exponentielle par la pandémie de COVID-19.

      Les experts s'accordent sur un diagnostic alarmant marqué par une pénurie critique de personnels soignants, des délais d'attente pour les soins qui engendrent des "pertes de chance" dramatiques, et une fragmentation systémique qui handicape la continuité des parcours.

      Les défaillances identifiées ont des coûts individuels, familiaux et sociétaux massifs. Sur le plan individuel, elles se traduisent par une augmentation du risque suicidaire et une péjoration de la santé physique.

      Pour les familles, elles représentent un fardeau émotionnel et financier considérable. À l'échelle de la société, l'absence de prise en charge précoce compromet l'avenir d'une génération et engendre des coûts à long terme bien supérieurs à ceux d'un investissement préventif.

      Un goulot d'étranglement majeur est identifié entre les structures sanitaires et le secteur médico-social, où un manque criant de places d'aval conduit à une saturation des lits d'hospitalisation psychiatrique.

      Face à ce constat, plusieurs axes stratégiques émergent : la nécessité absolue * d'investir dans la détection et l'intervention précoces, notamment en périnatalité et en milieu scolaire ; * l'urgence de former massivement tous les professionnels (médecins généralistes, personnels paramédicaux) et de * décloisonner les pratiques entre santé somatique et psychiatrique ; * et l'impératif d'instaurer une culture de l'évaluation systématique des dispositifs de soins pour allouer les ressources de manière plus efficiente et ciblée.

      I. Diagnostic d'une Crise Systémique et Humaine

      Les experts auditionnés décrivent unanimement une situation de crise aiguë dans le secteur de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, caractérisée par une inadéquation profonde entre les besoins de la population jeune et l'offre de soins disponible.

      A. Une Pénurie Critique de Personnels Soignants

      Un problème central et quotidien est le "manque criant de soignant". Il ne s'agit pas seulement d'un manque de postes budgétés, mais d'une incapacité à pourvoir les postes existants en raison d'un défaut d'attractivité majeur de l'hôpital public.

      Postes Vacants : Un service de psychiatrie adulte parisien rapporte 50 postes d'infirmiers vacants sur 200, conduisant à des unités d'hospitalisation fonctionnant avec un ou deux infirmiers titulaires, ce qui "altère de façon dramatique la qualité des soins".

      Crise des Vocations : Ce manque d'attractivité, observé dans tous les pays occidentaux, touche les infirmiers comme les médecins, y compris dans des régions autrefois préservées comme Paris intra-muros. Les écoles d'infirmières sont décrites comme "vides".

      Hétérogénéité des Ressources : Si certains services manquent de personnel pour remplir les postes, d'autres, notamment en pédopsychiatrie, manquent de postes autorisés, illustrant une rigidité dans l'allocation des ressources par les Agences Régionales de Santé (ARS).

      B. Des Délais de Prise en Charge aux Conséquences Lourdes

      La pénurie de soignants et la désorganisation des filières entraînent des retards de prise en charge aux conséquences graves pour les jeunes.

      Retards au Diagnostic : L'allongement des délais de consultation retarde le diagnostic.

      Or, la "durée de maladie non traitée" est le facteur pronostique majeur : plus ce temps est long, plus le handicap généré sera important et la maladie difficile à soigner.

      Perte de Chance : Des jeunes en situation de risque vital, comme ceux souffrant d'anorexie mentale, peuvent attendre de trois à six mois pour une hospitalisation.

      Ce retard constitue une "perte de chance" majeure, compromettant leur santé physique, psychique et leur avenir scolaire et social.

      Impact sur le Développement : Pour les enfants et adolescents, qui sont des "êtres en développement", une prise en charge tardive a des conséquences non seulement sur leur souffrance immédiate mais aussi sur leur trajectoire de vie future en tant qu'adulte.

      C. L'Impact du COVID-19 comme Révélateur et Accélérateur

      Bien que les difficultés soient antérieures à 2020, la crise sanitaire a agi comme un puissant accélérateur, provoquant une "décompensation" du système et une augmentation exponentielle des demandes de soins. Les experts affirment n'avoir "jamais vécu une situation comme celle-ci".

      Les conséquences de cette période, notamment la perturbation du lien social et scolaire, se font encore sentir aujourd'hui sur la santé mentale de la jeune génération.

      II. Les Coûts Multiples des Défaillances du Système

      L'incapacité du système à répondre aux besoins génère des coûts importants et mesurables à trois niveaux : individuel, familial et sociétal.

      L'objet de la commission d'enquête est précisément de démontrer que les "coûts évités" par une meilleure prise en charge sont insuffisamment appréhendés.

      Niveau d'Impact

      Description des Coûts

      Individuel

        • Risque suicidaire augmenté et suicides effectifs. <br>
        • Santé physique menacée : les troubles mentaux péjorent la santé globale et l'espérance de vie. <br>
        • Désinsertion sociale et scolaire à un âge clé du développement.

      Familial

        • Fardeau émotionnel et temporel pour les parents et la fratrie. <br>
        • Coût financier direct pour les soins non pris en charge par l'Assurance Maladie. <br>
        • Impact sur la santé et l'insertion professionnelle des parents, contraints d'accompagner leur enfant.

      Sociétal

      • - Perte de potentiel humain et économique pour la société. <br>
        • Augmentation des coûts à long terme liés aux complications et au handicap. <br>
        • Saturation du système de soins : des études montrent que les troubles mentaux représentent l'une des principales causes de coût pour les sociétés (mesuré par les indicateurs DALYs).

      La Saturation du Système par le "Défaut d'Aval"

      Une défaillance structurelle majeure est le lien entre les structures sanitaires et médico-sociales.

      Occupation Inadéquate des Lits : Il est estimé que 20 à 30 % des lits en hôpital psychiatrique sont occupés par des patients qui n'y ont "rien à faire" et devraient être dans des structures d'aval (Foyers d'Accueil Médicalisés, Maisons d'Accueil Spécialisées).

      Pénurie de Places : Le nombre de places dans ces structures est "bien trop insuffisant". Ces patients, qui ont besoin d'un accompagnement au long cours, bloquent des lits de soins aigus.

      Échec des Politiques Publiques : La décision de fermer l'accès aux structures en Belgique pour les patients français n'a pas été suivie de la création de places équivalentes en France. Aucun chantier de FAM ou de MAS n'aurait été lancé en Île-de-France depuis cinq ans.

      III. Axes Stratégiques pour une Réponse Efficace

      Face à ce diagnostic, les experts proposent des solutions articulées autour de la prévention, de la formation, de la coordination et de l'évaluation.

      A. La Prévention et la Détection Précoce : Une Priorité Absolue

      Il est crucial d'intervenir le plus tôt possible pour réduire la "durée de maladie non traitée".

      Périmètre d'Action :

      Prévention primaire : Agir sur les conditions de développement (bien-être familial, scolaire, lutte contre les toxiques).     ◦ Prévention secondaire : Repérer et soigner précocement les troubles émergents.     ◦ Prévention tertiaire : Éviter les rechutes par un suivi adapté et des lieux de vie protégés.

      Champs d'Intervention Clés :

      Périnatalité : Mieux détecter et traiter la dépression maternelle (qui touche jusqu'à 25 % des mères) pour le bien-être de la mère et du bébé.     ◦ Milieu Scolaire : Le milieu scolaire est un lieu central d'expression de la souffrance.

      Il est impératif de renforcer la médecine scolaire et de créer des liens structurés (cellules mixtes, lignes téléphoniques dédiées) entre l'Éducation Nationale et les services de pédopsychiatrie.

      Le Défi : Le système a progressé sur le "repérage" mais échoue souvent à assurer la "prise en charge" intensive et pluridisciplinaire qui doit suivre.

      B. Formation et Coordination : Décloisonner les Pratiques

      La complexité des situations exige un partage des compétences et un décloisonnement des institutions.

      Formation des Professionnels :

      Médecins Généralistes : Ils sont en première ligne (25-30 % de leur patientèle concerne la santé mentale) mais manquent de formation spécifique.

      La proposition d'un semestre obligatoire de psychiatrie pour les internes en médecine générale est rappelée.     *  ◦ Personnels Paramédicaux : Il est nécessaire de former plus largement à la psychiatrie (infirmiers, psychologues) et de revaloriser leurs compétences, par exemple via la supervision.   *   ◦ Pédopsychiatres : La France est en sous-dotation par rapport à ses voisins européens. Il faut créer plus de postes universitaires pour former la relève.

      Décloisonnement des Soins :

      Somatique et Psychiatrique : Développer une double culture et une approche globale de la santé, en intégrant le soin psychique dans les maladies chroniques et inversement.    ◦ Lisibilité de l'Offre : L'organisation de l'offre de soins est "complètement opaque" pour les usagers et même pour les professionnels. La création d'un répertoire accessible (par exemple, adossé à Pronote) est suggérée.

      C. L'Innovation et l'Évaluation : Piloter par la Donnée

      Le système ne pourra s'améliorer sans une culture de l'innovation et de l'évaluation rigoureuse.

      Innovation Thérapeutique : Les traitements actuels ont des limites (un tiers des patients ne répondent pas aux traitements conventionnels).

      Il est essentiel de soutenir la recherche et l'innovation (neuromodulation, nouvelles molécules).

      Réforme du Financement : Le mode de financement par "enveloppe globale" en psychiatrie est jugé "illisible", rigide et un frein à l'innovation, car il ne permet pas de financer les nouvelles thérapeutiques coûteuses et ne s'adapte pas aux évolutions démographiques des secteurs.

      Culture de l'Évaluation : C'est une lacune majeure du système français. Les dispositifs de soins, notamment les initiatives innovantes comme les "équipes mobiles", sont lancés sans que leur efficacité ne soit évaluée de manière rigoureuse.

      Il est impératif d'intégrer et de financer l'évaluation dès la conception de tout nouveau projet.

      IV. Enjeux Spécifiques et Populations Vulnérables

      Les Addictions : Les experts alertent sur l'enjeu majeur des addictions aux toxiques (cannabis, molécules de synthèse), qui inondent le pays et constituent un facteur de risque majeur pour les troubles mentaux, un sujet jugé "un peu abandonné".

      Le Milieu Carcéral : Qualifié d' "aveu d'échec monstrueux", les prisons regorgent de malades mentaux qui échappent souvent à une prise en charge adaptée.

      Les Populations Précaires : Un effort particulier doit être fait pour assurer une continuité des soins auprès des jeunes les plus défavorisés (pris en charge par l'ASE ou la PJJ, familles migrantes), qui sont souvent les plus éloignés du système de santé.

      Le Transfert vers le Privé : Une part importante des lits de psychiatrie a été transférée du secteur public vers le secteur privé.

      Or, les cliniques privées n'ont pas les mêmes missions de service public, sélectionnent leurs patients et pratiquent des tarifs qui limitent leur accessibilité.

    1. Analyse de la Politique de Santé Mentale et de Psychiatrie en France

      Synthèse

      Ce document de synthèse analyse l'état actuel et les perspectives d'évolution des politiques publiques de santé mentale et de psychiatrie en France, en se basant sur les auditions de la délégation ministérielle dédiée.

      Il en ressort un constat central : après plus de trente ans de négligence, où la santé mentale a été le "parent pauvre des politiques publiques", un tournant majeur a été amorcé en 2018 avec la "Feuille de route santé mentale et psychiatrie".

      Cette initiative marque une rupture, symbolisant un engagement politique et financier inédit pour rattraper des décennies de défaillances structurelles.

      La crise Covid-19 a agi comme un révélateur, exacerbant les vulnérabilités préexistantes du système de soins (pénurie de soignants, hospitalo-centrisme, manque de prévention) et de la population (dégradation de la santé mentale des jeunes, des femmes et des précaires).

      Le système actuel est décrit comme largement "illisible", constitué d'une "multitude de particularismes" et freiné par un modèle de financement "anesthésiant" qui décourage l'innovation.

      Face à ces défis, une stratégie de transformation profonde est proposée, articulée autour de plusieurs axes fondamentaux :

      1. Une gouvernance refondée et interministérielle : Inspirée du modèle du handicap, elle vise à coordonner l'ensemble des politiques publiques ayant un impact sur la santé mentale, en impliquant tous les ministères concernés.

      2. Une programmation pluriannuelle : Pour sortir de la logique budgétaire annuelle (PLFSS) et donner de la visibilité financière et stratégique aux réformes sur le moyen et long terme.

      3. Une organisation graduée des soins : Renforcer les premières lignes (médecine générale, psychologues, Maisons des adolescents) pour mieux orienter les patients et réserver les services de psychiatrie hautement spécialisés aux cas les plus complexes.

      4. Des réformes structurelles du financement et des autorisations : Introduire des mécanismes incitatifs pour encourager l'innovation, les soins ambulatoires et la coopération entre tous les acteurs d'un territoire (public, privé, associatif).

      L'enjeu humain reste crucial, avec une crise d'attractivité des métiers liée non seulement à la pénurie mais aussi à une "blessure morale" des soignants due à la perte de sens.

      La dynamique actuelle, portée par une mobilisation politique et sociétale sans précédent, représente un "momentum" unique pour amplifier et accélérer ces réformes.

      Analyse Détaillée

      Un Héritage de Négligence Structurelle

      Pendant plus de 30 ans, la santé mentale a été marginalisée dans les politiques publiques, une situation illustrée par plusieurs facteurs structurels :

      Le "parent pauvre" des politiques de santé : Ce statut s'est traduit par une considération "à part" des patients, des familles et des professionnels, tant dans le système de santé que dans la société.

      Une sous-valorisation financière : L'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) pour la psychiatrie a systématiquement progressé moins vite que l'Ondam pour la médecine, la chirurgie et l'obstétrique (MCO).

      Un pilotage financier "anesthésiant" : Le modèle de la dotation annuelle de fonctionnement (DAF) a largement contribué à freiner l'innovation et l'adaptation de l'offre de soins face à des besoins populationnels croissants.

      Une offre de soins illisible : L'absence de pilotage stratégique fort a conduit à une "multitude de particularismes" territoriaux, rendant le système complexe et difficile à naviguer pour les usagers, les familles et même les professionnels.

      Des familles en sont réduites à déménager pour accéder à un secteur de psychiatrie jugé plus performant.

      Une faible culture des données probantes : Malgré l'existence de nombreuses études validées sur les prises en charge efficaces, le secteur a peu intégré ces "données probantes" dans ses pratiques.

      La Feuille de Route de 2018 : Une Rupture et un Nouvel Élan

      La "Feuille de route santé mentale et psychiatrie", lancée en 2018, est présentée comme une "rupture par rapport à une aboulie de plus de 30 ans".

      Elle constitue le point de départ d'une politique de rattrapage, marquée par un engagement politique et financier inédit.

      Qualité et alignement international : La feuille de route est jugée de qualité et conforme aux standards internationaux.

      Enrichissements successifs : Elle a été constamment renforcée par des jalons importants comme le Ségur de la santé, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, les Assises de la pédiatrie, et les annonces dans le cadre de la grande cause nationale.

      Continuité politique : Malgré une forte instabilité ministérielle (le délégué ministériel a "survécu à 10 ministres de la santé"), la feuille de route a été systématiquement reconduite et enrichie, assurant une forme de continuité dans l'action publique.

      Premiers effets visibles : Les réformes structurelles engagées commencent à porter leurs fruits, bien que leur plein impact ne soit attendu qu'à moyen terme.

      Les Vulnérabilités Révélées par la Crise Sanitaire

      La crise du Covid-19 a amplifié des fragilités structurelles anciennes, sans pour autant en être la cause première.

      Vulnérabilités du système de soins :

      ◦ Manque de soignants et départs de l'hôpital public.    ◦ Débits de formation insuffisants.    ◦ Un "hospitalo-centrisme" persistant.    ◦ Pauvreté de la santé primaire et des politiques de prévention.    ◦ Fortes hétérogénéités territoriales.

      Vulnérabilités de la population :

      ◦ Une dégradation de la santé mentale des jeunes, des femmes et des personnes en situation de précarité, un phénomène observé à l'échelle européenne et mondiale.

      Vers un Changement de Paradigme : Stratégie et Réformes Proposées

      Pour répondre à ces défis systémiques, un changement de paradigme est préconisé, s'appuyant sur des réformes profondes de la gouvernance, de la planification et de l'organisation des soins.

      Refonder la Gouvernance sur un Modèle Interministériel

      L'action sur les déterminants de la santé mentale (logement, emploi, lutte contre les violences, addictions) ne relève pas du seul ministère de la Santé. Une gouvernance interministérielle est donc jugée indispensable.

      Structure Proposée

      Fréquence

      Objectif

      Comité Interministériel

      Annuelle

      Définir, coordonner et évaluer les politiques publiques en faveur de la santé mentale, sur le modèle du Comité Interministériel du Handicap (CIH).

      Conférence Nationale

      Triennale

      Débattre des orientations et des moyens des politiques de santé mentale, en réunissant l'ensemble des parties prenantes.

      Comité des Parties Prenantes

      À définir

      Formaliser un organe consultatif pour assurer la participation active des usagers, familles, professionnels et autres acteurs.

      Délégation Ministérielle

      Renforcée

      Renforcer ses moyens (objectif de 8 agents) pour lui confier la coordination et le pilotage de la feuille de route devenue interministérielle.

      Instaurer une Programmation Pluriannuelle

      Le cycle budgétaire annuel du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) est un obstacle à la mise en œuvre de réformes structurelles.

      La nécessité d'une vision à long terme est soulignée, avec un plaidoyer pour une loi de programmation qui garantirait une visibilité financière et stratégique sur plusieurs années.

      Cette approche permettrait d'investir dans des actions de prévention dont les bénéfices, notamment en termes de "coût évité", ne sont mesurables que sur la durée.

      Organiser l'Offre de Soins : Gradation et Coordination

      Le système actuel est marqué par un héritage où "tout allait à la psychiatrie". La stratégie proposée vise à structurer une offre de soins graduée :

      1. Renforcer les premières lignes : La médecine générale, les dispositifs comme "MonSoutienPsy" et les Maisons des adolescents doivent jouer un rôle de filtre pour les troubles légers à modérés et "refroidir" un certain nombre de situations.

      2. Réserver la psychiatrie spécialisée : Le secteur de psychiatrie, avec ses équipes hautement spécialisées (psychiatres, psychologues, IPA, psychomotriciens), doit se concentrer sur les cas les plus complexes et graves.

      3. Coordonner tous les acteurs : La réforme des autorisations vise à obliger les différents offreurs de soins d'un territoire (public sectorisé, public non sectorisé, privé) à sortir de leurs "couloirs de nage" pour s'articuler fonctionnellement et se répartir la charge des besoins.

      4. Inciter à l'innovation : La réforme du mode de financement introduit des compartiments financiers incitatifs pour encourager les pratiques orientées vers le rétablissement, l'ambulatoire et les alternatives à l'hospitalisation, notamment sans consentement.

      La Nécessité d'un "Grand Texte" Clarificateur

      Un texte de loi est jugé crucial pour clarifier la politique de santé mentale, remettre de l'ordre dans les "particularismes" et définir des standards de prise en charge basés sur les données probantes.

      Enjeux Cruciaux : Ressources Humaines et Évaluation

      L'Attractivité des Métiers : Au-delà de la Pénurie

      La crise de l'attractivité en psychiatrie est multifactorielle :

      Pénurie et burnout : La pénurie de personnel génère une surcharge de travail pour les équipes en place, créant un cercle vicieux.

      "Blessure morale" : Plus profondément, les soignants expriment une perte de sens. Ils sont confrontés à des situations qui violent leur éthique professionnelle (ex: maintenir un patient attaché pendant plusieurs jours sur un brancard faute de lit), ce qui génère une "blessure morale".

      Redonner du sens : Les dispositifs innovants (ex: équipes mobiles de crise financées par le Fonds d'Innovation Organisationnelle en Psychiatrie - FIOP) rencontrent moins de difficultés de recrutement car ils s'inscrivent dans un projet clair et porteur de sens.

      Formation : La réforme du DES de psychiatrie, en instaurant un passage obligatoire en pédopsychiatrie plus tôt dans le cursus, vise à améliorer l'attractivité de cette spécialité. Pour les infirmières, un renforcement des modules de santé mentale dans la formation initiale et un meilleur accompagnement à la prise de poste ("onboarding") sont des pistes explorées.

      Développer une Culture de l'Évaluation

      La France est jugée en retard sur l'évaluation de ses politiques publiques.

      Le coût de l'inaction : Des études, notamment anglo-saxonnes, démontrent les coûts socio-économiques phénoménaux de la non-prise en charge des troubles mentaux (estimés à 163 milliards d'euros par an en France par la Fondation FondaMental).

      L'argument du "coût évité" : Investir dans la prévention est économiquement vertueux. Par exemple, il est démontré qu'1€ investi dans des soins psychologiques de première ligne permet d'économiser entre 1,4€ et 1,6€. Cet argument peine cependant à être pris en compte dans les arbitrages budgétaires annuels.

      Évaluation des politiques publiques : Un ensemble d'indicateurs a été mis au point pour suivre les effets de la feuille de route, ce qui constitue une exception. Il reste à développer cette culture au niveau local pour évaluer l'efficacité des dispositifs innovants financés par appels à projets.

    1. Synthèse de l'audition de Santé publique France sur la santé mentale et le handicap

      Résumé

      L'audition de Santé publique France devant la commission d'enquête met en lumière une dégradation persistante de la santé mentale de la population française depuis la pandémie de Covid-19, touchant particulièrement les jeunes de 18 à 24 ans et les femmes.

      Les données de surveillance révèlent une prévalence élevée des troubles dépressifs et anxieux, avec un décalage majeur entre les besoins et le recours effectif aux soins.

      Près de la moitié des adultes ayant connu un épisode dépressif caractérisé n'ont eu aucun recours thérapeutique.

      Les principaux freins identifiés sont le coût des consultations, la difficulté à se confier et le manque d'information.

      Concernant les personnes en situation de handicap, l'agence souligne une lacune importante dans les données de surveillance, rendant difficile la caractérisation fiable de leur état de santé et de leur prise en charge.

      L'accès aux données des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) est identifié comme un levier majeur d'amélioration.

      Face à ces constats, Santé publique France insiste sur l'importance cruciale de la prévention.

      Les stratégies préconisées incluent le renforcement des compétences psychosociales dès l'enfance, la lutte contre la stigmatisation via des campagnes d'information et la promotion de la santé mentale positive. Des dispositifs comme le programme "Vigilance", qui a démontré un retour sur investissement positif (€1 investi pour €2 économisés en coûts de santé), sont mis en avant comme des modèles à généraliser pour une approche économiquement vertueuse de la santé publique.

      1. Rôle et Méthodes de Surveillance de Santé publique France

      Santé publique France, agence de santé publique créée en 2016, fonde ses missions sur un triple objectif :

      1. Anticiper et répondre aux crises sanitaires, notamment par la gestion des stocks stratégiques de produits de santé et la mobilisation de la réserve sanitaire.

      2. Surveiller l'état de santé de la population sur l'ensemble du territoire, y compris ultramarin, en couvrant les maladies infectieuses, chroniques et les expositions environnementales.

      3. Développer la prévention et promouvoir la santé.

      Pour la surveillance de la santé mentale, l'agence s'appuie sur plusieurs sources de données complémentaires :

      Les enquêtes en population générale :

      • ◦ Réalisées sur des échantillons aléatoires, elles utilisent des questionnaires et des échelles de santé mentale pour évaluer l'état de la population sans poser de diagnostic individuel.  

      • ◦ Exemples notables : le Baromètre de Santé publique France (adultes), l'enquête ENABI (enfants de 3 à 11 ans, réalisée en milieu scolaire en 2022), et l'enquête EnCLASS (collégiens).   

      • ◦ Pendant la crise sanitaire, l'enquête Coviprêve a permis un suivi plus rapide, bien que moins détaillé.

      Les bases de données médico-administratives :

      ◦ Le Système National des Données de Santé (SNDS) est une source majeure d'informations.  

      ◦ Les données des services d'urgence (motifs de passage) et de SOS Médecins permettent un suivi en temps réel de certains indicateurs comme les troubles anxieux ou les tentatives de suicide.

      L'ensemble de ces données permet d'obtenir une "photographie en vie réelle" de la santé mentale des Français, contribuant à l'élaboration de stratégies de prévention et de campagnes d'information.

      2. État des Lieux de la Santé Mentale en France

      2.1. Une Dégradation Post-Covid Durable

      La surveillance épidémiologique confirme une dégradation nette de la santé mentale de la population française par rapport à la période pré-Covid.

      Populations les plus touchées : Les jeunes adultes de 18 à 24 ans, les jeunes filles et les femmes en général présentent les indicateurs les plus dégradés.

      Persistance : Les différents indicateurs de santé mentale se maintiennent à un niveau élevé, sans retour aux niveaux d'avant la crise sanitaire. Les causes sont multifactorielles (éco-anxiété, système économique, mais aussi une plus grande déclaration due à une libération de la parole).

      2.2. Données Clés sur la Prévalence des Troubles

      Les enquêtes récentes fournissent des chiffres préoccupants :

      Population Cible

      Indicateur

      Donnée Chiffrée

      Source (Année)

      Adultes (18-79 ans)

      Épisode dépressif caractérisé (12 derniers mois)

      1 adulte sur 6

      Baromètre SPF (2024)

      Adultes (18-79 ans)

      Trouble anxieux (12 derniers mois)

      6 % de la population

      Baromètre SPF (2024)

      Enfants (6-11 ans)

      Trouble probable de la santé mentale

      Plus d'1 enfant sur 10

      ENABI (2022)

      Enfants (tous âges)

      Consultation d'un professionnel pour des raisons psychologiques/d'apprentissage

      1 enfant sur 5

      ENABI (2022)

      Collégiens

      Consultation d'un psychiatre au cours de leur vie

      1 tiers des collégiens

      EnCLASS

      2.3. Le Non-Recours aux Soins : Un Enjeu Majeur

      Un décalage important est observé entre les besoins exprimés ou mesurés et le recours effectif à une prise en charge.

      Épisodes dépressifs : Près de la moitié (50 %) des personnes déclarant un épisode dépressif n'ont eu "aucun recours thérapeutique" (ni professionnel, ni traitement).

      Troubles anxieux : Cette proportion est de 1 personne sur 3.

      Profils concernés : Le non-recours aux soins est plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

      Situations critiques : Près de 40 % des personnes déclarant une tentative de suicide ne se sont pas présentées à l'hôpital et n'ont pas consulté de professionnel de santé par la suite.

      2.4. Les Freins à la Consultation

      L'enquête Coviprêve a permis d'identifier les principaux obstacles au recours aux soins en santé mentale :

      • 1. Le prix de la consultation (cité par près de la moitié des répondants).

      • 2. La difficulté à se confier ou la peur de ce qu'ils pourraient découvrir sur eux-mêmes.

      • 3. Le manque d'information sur les professionnels et leur rôle.

      • 4. La difficulté à obtenir un rendez-vous.

      • 5. La peur que l'entourage l'apprenne (stigmatisation).

      • 3. La Situation Spécifique des Personnes en Situation de Handicap

      Santé publique France reconnaît un manque de données structurées concernant l'état de santé des personnes en situation de handicap.

      Limites de la surveillance : La surveillance de cette population n'entre pas "strictement" dans les missions de l'agence, bien qu'elle soit incluse dans les enquêtes générales.

      Difficultés de caractérisation : Il est difficile d'identifier et de caractériser de manière fiable ces personnes dans les bases de données. L'Allocation Adulte Handicapé (AAH) est le principal repère, mais elle ne couvre que les adultes en âge de travailler avec des handicaps reconnus comme sévères.

      Besoin crucial de données : L'agence attend avec impatience la remontée des données des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) dans le SNDS, ce qui constituerait un "saut qualitatif et quantitatif" pour mieux orienter les politiques publiques.

      Vulnérabilités observées : Les données existantes montrent que les bénéficiaires de l'AAH sont "proportionnellement plus concernés par des événements cardiovasculaires graves".

      4. Stratégies de Prévention et Pistes d'Amélioration

      Face à ces constats, Santé publique France place la prévention au cœur de sa stratégie.

      4.1. Axes de Prévention

      Prévention primaire :

      Compétences psychosociales (CPS) : Développer dès le plus jeune âge (école, associations sportives) des capacités à gérer le stress, communiquer, résoudre des problèmes.

      Cette approche, inspirée des modèles anglo-saxons, est de plus en plus acceptée et intégrée, notamment par l'Éducation Nationale.  

      Promotion de la santé mentale positive : Informer sur les comportements protecteurs (activité physique, sommeil, altruisme, pensée positive) au même titre que la santé physique.

      Lutte contre la stigmatisation :

      • ◦ Mener des campagnes d'information pour dédramatiser les troubles psychiques.  

      • ◦ Mettre à disposition des ressources grand public comme le site santémentaleinfoservice.fr.

      Prévention tertiaire (prévention de la récidive) :

      ◦ Le dispositif Vigilance, qui consiste à rappeler les personnes ayant fait une tentative de suicide six mois après leur passage aux urgences, a fait l'objet d'une évaluation médico-économique très positive. Il est en cours de déploiement dans toutes les régions.

      4.2. Pistes d'Amélioration

      Santé publique France identifie plusieurs axes pour améliorer la connaissance et l'action :

      • Mieux caractériser les personnes en situation de handicap dans les bases médico-administratives et médico-sociales.

      • Mieux documenter la santé et le rôle des aidants.

      • Poursuivre et développer les enquêtes en milieu scolaire pour un dépistage précoce.

      • Renforcer l'information sur les signes de souffrance psychique et les parcours de soins gradués.

      5. Enjeux Économiques et Décisionnels

      L'audition a souligné la dimension économique de la santé mentale et l'importance de convaincre les décideurs publics d'investir dans la prévention.

      Coût des troubles psychiques : Estimé à 109 milliards d'euros pour la société française, dont près de la moitié en perte de productivité.

      Retour sur investissement de la prévention :

      • ◦ L'évaluation du dispositif Vigilance montre que 1 € investi permet d'économiser 2 € de coûts de santé, avec un coût moyen évité de 248 € par patient.  
      • ◦ Santé publique France s'engage à évaluer de plus en plus le retour sur investissement de ses actions.

      Nécessité d'un plaidoyer : L'agence travaille au développement d'indicateurs sur le "fardeau de la maladie" (Global Burden of Disease) pour objectiver le poids des troubles sur la société et justifier les investissements en prévention.

      Le manque de données fiables, notamment à un niveau territorial fin, reste un obstacle pour convaincre les acteurs locaux.

    1. Briefing : Prise en Charge de la Santé Mentale et du Handicap en France

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les enjeux majeurs de la prise en charge de la santé mentale en France, en se basant sur les échanges tenus à l'Assemblée nationale.

      Il en ressort un paradoxe central : malgré des efforts budgétaires significatifs et le déploiement de dispositifs structurants, le secteur de la psychiatrie est en proie à une crise profonde, principalement due à une pénurie critique de ressources humaines.

      Les points à retenir sont les suivants :

      1. Crise d'Attractivité Sévère : La psychiatrie souffre d'un déficit majeur d'attractivité, avec plus de 23 % de postes de praticiens hospitaliers vacants dans le secteur public et 30 % des postes d'internes non pourvus.

      Cette pénurie, qualifiée de "cercle vicieux", entrave la capacité du système à répondre à la demande croissante.

      2. Dissonance entre Investissements et Réalité de Terrain : Des financements conséquents ont été alloués via des programmes comme le Fonds d'Innovation Organisationnelle en Psychiatrie (FIOP) et des appels à projets pour la pédopsychiatrie.

      Le dispositif "Mon Soutien Psy" a également permis de réaliser plus de 2,5 millions de séances.

      Cependant, ces efforts se heurtent à une réalité marquée par des délais d'attente, des défauts de prise en charge et un manque de diagnostics.

      3. Impératif du Repérage Précoce : Un consensus se dégage sur la nécessité de basculer d'une approche majoritairement curative vers une stratégie axée sur la prévention et le repérage précoce des troubles.

      Les médecins généralistes, la santé scolaire et les maisons des adolescents sont identifiés comme des acteurs clés de cette stratégie, qui est perçue comme un levier de "coûts évités" majeur.

      4. Angle Mort sur les Données et l'Évaluation :

      Il existe un manque critique de données médico-économiques sur l'impact du non-dépistage précoce et des hospitalisations évitées.

      Ce déficit de modélisation affaiblit les plaidoyers pour un investissement accru dans la prévention et le suivi post-hospitalisation.

      5. Structuration des Parcours et Coordination Territoriale :

      Les Projets Territoriaux de Santé Mentale (PTSM) sont considérés comme un outil essentiel pour améliorer la coordination des acteurs.

      Leur renforcement et leur évaluation sont des priorités, tout comme le développement de pratiques innovantes pour fluidifier les parcours entre la ville et l'hôpital.

      Analyse Détaillée des Thématiques

      1. La Crise d'Attractivité des Métiers en Psychiatrie

      Le principal frein à l'amélioration de l'offre de soins en santé mentale est la pénurie de personnel qualifié, en particulier de psychiatres.

      Constat d'une Pénurie Sévère :

      • ◦ La ressource humaine en psychiatrie est qualifiée de "denrée rare".   
      • Postes vacants : Plus de 23 % des postes de psychiatres dans les hôpitaux publics ne sont pas pourvus.  
      • Déficit de formation : Chaque année, 30 % des postes d'internes en psychiatrie restent vacants.  
      • Recours aux praticiens étrangers (Padu) : Même en doublant les postes offerts aux praticiens à diplôme hors Union européenne, le taux de vacance reste extrêmement élevé, atteignant 30 % à 50 % selon les régions.

      Un Cercle Vicieux : Cette crise d'attractivité crée un "cercle vicieux" : les étudiants en médecine réalisant leurs stages dans des services en sous-effectif sont peu enclins à choisir cette spécialité, ce qui perpétue la pénurie.

      Pistes de Solution Évoquées :

      Valoriser les stages : Mettre l'accent sur la qualité de l'encadrement des stagiaires pour améliorer l'image de la profession.  

      Flexibiliser l'exercice : Encourager et faciliter l'exercice mixte (ville-hôpital, public-privé) et le temps partagé, qui correspondent aux aspirations des jeunes médecins ne souhaitant plus un exercice unique et à temps plein.

      Des verrous réglementaires ont été levés depuis 2020 pour faciliter l'exercice mixte ville-hôpital.  

      Formation des paramédicaux : La réforme du métier d'infirmier intègre une obligation de stage en psychiatrie d'une durée minimale.

      Par ailleurs, plus de 540 infirmiers en pratique avancée (IPA) en santé mentale ont déjà été formés.

      2. Dissonance entre Efforts Budgétaires et Réalité de Terrain

      Des investissements financiers importants ont été réalisés, mais leurs effets sont encore insuffisants pour répondre à l'ampleur des besoins.

      Investissements Financiers Conséquents :

      • Fonds d'Innovation Organisationnelle en Psychiatrie (FIOP) : Depuis 2019, 288 millions d'euros ont été mobilisés pour accompagner 268 projets innovants. Le fonds a été reconduit en 2025.  
      • Pédopsychiatrie et Psychiatrie Périnatale : Un appel à projets a permis de financer 435 projets, avec des crédits annuels compris entre 20 et 35 millions d'euros. 
      • Dispositif "Mon Soutien Psy" : Fin 2024, le dispositif comptait plus de 4 100 psychologues conventionnés et avait bénéficié à près de 480 000 patients (dont 26 % de mineurs), pour un total de 2,5 millions de séances réalisées.

      Difficultés Persistantes sur le Terrain :

      ◦ Malgré ces chiffres, une "dissonance" est constatée entre les efforts budgétaires et la réalité vécue par les usagers et les professionnels : délais d'attente prolongés, défauts de prise en charge et manque de diagnostics.  

      ◦ Il est souligné que le système reste trop focalisé sur le "curatif" au détriment du "préventif".

      3. L'Impératif de la Prévention et du Repérage Précoce

      Le repérage précoce est identifié comme un axe stratégique majeur pour éviter l'aggravation des troubles et les conséquences sociales et familiales associées.

      Un Axe Prioritaire : Le dépistage est considéré comme "un des axes forts qu'il nous faut développer". Une mission a été confiée à trois personnalités qualifiées pour formuler des recommandations sur ce sujet.

      Les Acteurs Clés du Repérage :

      Médecins généralistes : Ils sont en première ligne, assurant 76 % des premières consultations pour troubles psychiatriques et traitant 73 % des dépressions.

      L'enjeu est de mieux les "outiller" et de renforcer le lien avec les spécialistes.  

      Santé scolaire : Une circulaire conjointe (Santé/Éducation Nationale) est en cours de rédaction pour formaliser des "circuits courts" entre les établissements scolaires et les Centres Médico-Psychologiques (CMP).  

      Maisons des Adolescents : Leur cahier des charges est en cours de rénovation pour y intégrer pleinement la dimension de repérage. Leurs moyens financiers seront renforcés de façon "considérable".

      L'Enjeu des "Coûts Évités" : L'investissement dans la prévention et le diagnostic précoce est présenté non seulement comme une plus-value pour les personnes concernées, mais aussi comme une source d'économies "majeures" pour la collectivité en évitant des prises en charge plus lourdes à long terme.

      4. Structuration de l'Offre et Coordination des Parcours

      L'organisation des soins sur les territoires et la fluidité des parcours patients sont des défis centraux.

      Projets Territoriaux de Santé Mentale (PTSM) :

      ◦ Considérés comme un "outil intéressant", ils mobilisent les acteurs du sanitaire, du social et du médico-social.  

      ◦ Chaque PTSM bénéficie d'un poste de coordinateur financé.  

      ◦ Une "deuxième génération" de PTSM est en préparation pour aller plus loin dans la structuration des parcours.  

      ◦ Une carte interactive des PTSM sera mise en ligne sur le site du ministère pour améliorer la lisibilité et le partage de bonnes pratiques.

      Défis de la Coordination :

      Post-hospitalisation : L'organisation des sorties d'hospitalisation psychiatrique présente des "vraies difficultés", entraînant des réhospitalisations au coût "relativement conséquent", un point déjà soulevé par la Cour des comptes en 2021. 

      Innovation organisationnelle : Le FIOP vise précisément à soutenir des projets qui testent de nouvelles organisations pour améliorer la coordination ville-hôpital et la graduation des soins.

      5. Manque de Données et Nécessité d'Évaluation

      Un "angle mort" important subsiste concernant les données chiffrées, ce qui freine l'optimisation de l'allocation des ressources.

      Absence de Modélisation Médico-Économique :

      ◦ Il y a un manque de données sur le "coût médico-économique du non-dépistage précoce" et sur les hospitalisations potentiellement évitées.  

      ◦ L'approche culturelle française est perçue comme moins avancée que dans les pays anglo-saxons sur l'utilisation d'outils comme les QALY/DALY pour prioriser les investissements.

      Évaluation des Politiques Publiques :

      Le FIOP comme modèle : Ce fonds est cité en exemple pour son processus d'évaluation "extrêmement rigoureuse", menée par des experts indépendants après trois ans de financement, pouvant mener à la pérennisation, la généralisation ou l'arrêt du projet.  

      L'évaluation des PTSM : Si une évaluation qualitative a été menée (le "Tour de France" de Franck Bélivier), un besoin d'évaluation plus systématique et comparative des performances est exprimé pour mieux identifier et diffuser les bonnes pratiques.

      6. Enjeux Spécifiques à Certaines Populations

      Pédopsychiatrie :

      ◦ Le secteur est "assez dépourvu" en lits, ce qui conduit à des hospitalisations d'enfants dans des services pour adultes.  

      ◦ Une inquiétude est soulevée quant au risque de "surdiagnostic", en référence à un rapport de la Cour des comptes, appelant à une vision plus globale de l'accompagnement.

      Santé Mentale en Milieu Carcéral :

      Prévalence élevée : Environ 30 % des détenus présentent des troubles psychiatriques.

      Pour beaucoup, l'incarcération représente le "premier contact avec le soin". 

      Crise d'attractivité aggravée : Les difficultés de recrutement sont "probablement pires" dans ce milieu. L'exemple du centre pénitentiaire de Fresnes, passé de 19 à 6 psychiatres, est emblématique. 

      Solutions : Le développement de postes à temps partagé est crucial pour attirer des praticiens. Une "feuille de route santé des personnes placées sous main de justice" co-pilotée par les ministères de la Santé et de la Justice vise à travailler sur cet enjeu.

    1. Note de Synthèse : La Politique de Santé Mentale en France selon la Direction Générale de la Santé

      Synthèse

      Cette note synthétise les perspectives et les actions de la Direction Générale de la Santé (DGS) concernant la santé mentale en France, telles que présentées lors d'une audition parlementaire.

      Le constat principal est une dégradation "nette et durable" de la santé mentale de la population depuis la crise du Covid-19, se manifestant par une hausse significative des troubles anxieux, dépressifs et des idées suicidaires, particulièrement chez les jeunes.

      En 2023, 23 % des adultes déclaraient un niveau d'anxiété élevé et 16 % se disaient déprimés, des chiffres en nette augmentation depuis 2019.

      Le rôle de la DGS se concentre sur la prévention et la promotion de la santé mentale, en amont de la prise en charge psychiatrique. Son action repose sur quatre leviers stratégiques :

      1. Améliorer les connaissances et lutter contre la stigmatisation via des campagnes de communication et des actions locales.

      2. Promouvoir les comportements bénéfiques, notamment par le développement des compétences psychosociales, l'amélioration du sommeil et la prévention de l'usage problématique des écrans.

      3. Renforcer le repérage précoce à travers des programmes comme les "Premiers secours en santé mentale".

      4. Déployer une stratégie nationale de prévention du suicide, s'appuyant sur des dispositifs éprouvés comme le numéro national 3114 et le programme de recontact Vigilance, qui réduit de 38 % le risque de récidive.

      Malgré ces efforts, des défis majeurs persistent.

      La commission parlementaire souligne le décalage entre un diagnostic largement partagé et la mise en œuvre concrète sur le terrain, due notamment à un manque de professionnels (médecins scolaires, psychologues).

      Un débat central porte sur la faible culture de la prévention en France, qui privilégie historiquement le curatif, et sur la difficulté à sécuriser des financements pluriannuels pour des actions dont les bénéfices ne sont visibles qu'à long terme.

      La "Grande Cause Nationale 2025" est perçue comme une opportunité importante mais dont le démarrage a été freiné par le contexte politique.

      1. Rôle de la DGS et Contexte

      La Direction Générale de la Santé (DGS) positionne la santé mentale au cœur de ses priorités, avec un bureau dédié.

      Son action se distingue de celle de la Direction Générale de l'Offre de Soins (DGOS), qui gère la prise en charge psychiatrique.

      La DGS se concentre exclusivement sur les politiques de prévention et de promotion de la santé mentale.

      L'approche de la DGS est double :

      Intersectorielle : La santé mentale étant multifactorielle, elle est prise en compte dans tous les milieux de vie (école, travail, loisirs) en lien avec les ministères concernés.

      Populationnelle : Une attention particulière est portée aux publics les plus vulnérables, incluant les jeunes, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, en situation de précarité ou détenues.

      Il est précisé que la prise en charge globale du handicap relève de la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS).

      2. Diagnostic de la Santé Mentale en France : Un Constat Préoccupant

      L'Impact "Net et Durable" de la Crise Sanitaire

      La crise du Covid-19 a marqué un "véritable tournant", provoquant une dégradation significative et persistante de la santé mentale de la population française.

      Chez les adultes : Selon l'enquête CoviPrev de Santé publique France, en 2023 :

      23 % des personnes interrogées déclaraient un niveau d'anxiété élevé (+6 points par rapport à 2019).    ◦ 16 % se disaient déprimées (+5 points par rapport à 2019).

      Populations vulnérables : Les femmes, les jeunes adultes, les personnes précaires et celles ayant des antécédents de troubles psychiques présentent des indicateurs de santé mentale durablement dégradés.

      Le Suicide : Une Préoccupation Majeure

      Le suicide demeure un indicateur alarmant en France.

      • En 2022, le taux de suicide était de 13,3 pour 100 000 habitants, l'un des plus élevés d'Europe.

      • Ce taux est trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

      • Après une baisse depuis les années 80, le taux a atteint un plateau sur lequel il est devenu difficile d'agir.

      La Vulnérabilité Particulière des Jeunes et des Personnes en Situation de Handicap

      Les jeunes : Les indicateurs sont "particulièrement préoccupants".

      Le nombre de passages aux urgences pour gestes suicidaires chez les 11-17 ans est en hausse.

      En 2023, 86 femmes de 15 à 19 ans sur 100 000 ont été hospitalisées pour gestes auto-infligés, une hausse de 46 % par rapport à 2017.

      Personnes en situation de handicap : Elles présentent un risque suicidaire majoré.

      Des études montrent un risque 7 à 10 fois plus important pour les personnes présentant des troubles du spectre autistique.

      Des Causes Multifactorielles

      Ces évolutions sont attribuées à une combinaison de facteurs :

      Environnementaux : L'éco-anxiété est une réalité, notamment chez les jeunes.

      Géopolitiques et économiques : Les conflits, les attentats et l'instabilité économique.

      Sociétaux : La pression scolaire, les usages numériques et l'exposition aux réseaux sociaux sont corrélés à une dégradation de la santé mentale des plus jeunes.

      3. Les Levier d'Action de la Direction Générale de la Santé

      Face à ces constats, la DGS déploie une stratégie de prévention et de promotion articulée autour de quatre axes principaux.

      Axe 1 : Amélioration des Connaissances et Lutte contre la Stigmatisation

      L'objectif est de lever les freins à l'accès aux soins, notamment l'auto-stigmatisation.

      Campagnes de communication : Santé publique France déploie des campagnes grand public et ciblées, avec un site internet dédié.

      Actions territorialisées : Les "Semaines d'information en santé mentale" (SISM) et les "Conseils locaux de santé mentale" (CLSM) sont déployés pour réunir localement élus, citoyens, associations et professionnels.

      Axe 2 : Promotion des Comportements Bénéfiques à la Santé Mentale

      Développement des compétences psychosociales (CPS) : Une stratégie interministérielle (portée par 7 ministères) vise à développer dès le plus jeune âge des compétences comme l'estime de soi, la relation à l'autre et l'esprit critique pour renforcer la résilience.

      Qualité du sommeil : Une feuille de route interministérielle a été lancée, rappelant qu'un sommeil altéré double le risque de développer une dépression.

      Prévention de l'usage excessif des écrans : Des actions sont menées pour contrer la corrélation observée entre le temps d'écran, l'exposition à des contenus inadaptés et les troubles dépressifs chez les jeunes.

      Axe 3 : Repérage Précoce des Troubles

      Premiers secours en santé mentale : Inspiré d'un programme australien, ce dispositif vise à former plus de 200 000 secouristes capables de repérer les situations de détresse dans leur entourage. Le ministre a annoncé un objectif porté à 300 000 formés d'ici 2027.

      Mon bilan prévention : Mis en place en 2023, ce dispositif invite les citoyens à des âges clés de la vie à faire un bilan global de leurs comportements en santé, incluant la santé mentale.

      Axe 4 : Stratégie Nationale de Prévention du Suicide

      Cette stratégie, pilotée par la DGS, a permis de mettre en place des dispositifs clés qui ont démontré leur efficacité.

      Dispositif

      Description

      Données Clés et Résultats

      3114

      Numéro national d'appel pour la prévention du suicide, accessible 24/7.

      Plus de 1000 appels par jour. Un budget de 23 millions d'euros.

      Vigilance

      Dispositif de recontact des personnes passées aux urgences pour une tentative de suicide.

      Réduit de 38 % le risque de réitération suicidaire. Retour sur investissement de 2 € pour 1 € investi. Aujourd'hui généralisé à 17 régions.

      Prévention de la contagion suicidaire

      Plans d'action locaux menés avec les Agences Régionales de Santé (ARS) et les élus pour prévenir les phénomènes de contagion après un suicide.

      Efficacité démontrée par des retours d'expérience qualitatifs.

      4. Enjeux, Débats et Perspectives

      La "Grande Cause Nationale 2025" : Une Opportunité Mitigée

      Reconnue comme une opportunité indéniable, la mise en œuvre de la "Grande Cause" a subi un "retard à l'embrayage" en raison du contexte politique (changement de gouvernement). Cependant, elle a permis de :

      Relancer la mobilisation interministérielle sur des thématiques transversales.

      Prioriser et concrétiser des projets, comme la campagne grand public de Santé publique France.

      Labelliser plus de 750 projets locaux, démontrant une appropriation territoriale.

      Le Défi des Moyens Humains et de la Mise en Œuvre Locale

      Un consensus émerge sur le fait que le diagnostic est connu, mais que l'action sur le terrain manque cruellement de moyens.

      • La prévention et le repérage précoce se heurtent à une pénurie de professionnels (infirmières scolaires, médecins scolaires, psychologues).

      • Les dispositifs comme les Conseils Locaux de Santé Mentale (CLSM) et les Projets Territoriaux de Santé Mentale (PTSM) visent à améliorer la coordination locale, mais la marche reste haute.

      Le Modèle Économique de la Prévention

      Le débat met en lumière une tension structurelle dans le système de santé français.

      Faiblesse de l'investissement : Les dépenses de prévention en France représentent 2 à 3 % des dépenses de santé, un niveau bas comparé aux standards de l'OCDE. La France a historiquement privilégié une culture du soin curatif.

      Logique de court terme : Les décideurs politiques sont contraints par des arbitrages budgétaires annuels, alors que les retours sur investissement de la prévention s'étalent sur plusieurs années. Le coût sociétal total des suicides et tentatives de suicide a été estimé à 24 milliards d'euros en 2019.

      Débat sur la pluriannualité : La proposition d'une loi de programmation pluriannuelle pour la santé mentale est avancée pour garantir des investissements à long terme. La DGS exprime une réserve, soulignant que la multiplication de telles lois rigidifie la dépense publique.

      Le Dispositif "Mon Soutien Psi"

      Ce dispositif, qui permet une prise en charge de séances de psychologue, est reconnu comme un progrès pour lever les freins financiers.

      Il est cependant noté qu'il a pu contribuer à une "fuite" des psychologues du secteur public (hôpitaux, Centres Médico-Psychologiques) vers le secteur libéral, affaiblissant la prise en charge des troubles plus lourds qui nécessitent une approche pluridisciplinaire.

      5. Focus sur des Populations Spécifiques

      Personnes âgées : Le taux de suicide chez les 85-94 ans est de 35 pour 100 000, soit près du triple du taux de la population générale, un chiffre largement attribué à l'isolement.

      Jeunes : Le harcèlement scolaire est identifié comme un facteur de risque majeur. La DGS collabore étroitement avec l'Éducation Nationale pour déployer les programmes de compétences psychosociales afin de mieux armer les élèves.

      Agriculteurs : Cette population connaît des taux de suicide extrêmement élevés. Des dispositifs spécifiques comme les "sentinelles" sont déployés par la MSA dans le cadre du suivi du mal-être agricole.

    1. Synthèse de l'Audition de la Défenseure des droits sur la Santé Mentale et le Handicap

      Résumé

      L'audition de la Défenseure des droits devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale dresse un tableau alarmant des défaillances systémiques dans la prise en charge de la santé mentale et du handicap en France.

      Le handicap constitue le premier motif de saisine pour discrimination (22 % des réclamations en 2024), soulignant un écart persistant entre les droits annoncés et leur effectivité.

      Les politiques de santé mentale sont jugées gravement insuffisantes, tant pour les majeurs que pour les mineurs.

      La situation est particulièrement critique en milieu carcéral, où la surreprésentation des troubles mentaux, conjuguée à la surpopulation et au manque de soins, conduit à des traitements qualifiés d'inhumains.

      Pour les jeunes, les données sont alarmantes (25 % souffrent de dépression), mais les services de pédopsychiatrie sont saturés, avec des délais d'attente dépassant un an, et un manque criant de données fiables pour piloter les politiques publiques.

      Le recours abusif à l'isolement et à la contention, notamment sur des mineurs hospitalisés en services pour adultes sans contrôle judiciaire, constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux.

      Concernant le handicap, la loi de 2005, bien qu'ayant permis des avancées, est loin d'être intégralement appliquée.

      L'éducation inclusive reste un défi majeur, marqué par un manque d'AESH, des difficultés d'aménagement des examens et une absence de données précises sur le temps de scolarisation réel.

      L'emploi demeure le premier domaine de discrimination, et l'accessibilité (transports, logement, numérique) accuse un retard considérable. Les aides à l'autonomie sont insuffisantes et inégalitaires, notamment en raison du maintien d'une barrière d'âge à 60 ans.

      La Défenseure des droits insiste sur le fait que le non-respect des droits fondamentaux représente un coût social et économique élevé à terme, bien supérieur à celui d'un investissement dans la prévention et une prise en charge effective.

      L'urgence est de commencer par appliquer les textes existants et de prendre conscience de la détresse de la jeunesse.

      Introduction : Rôle et Observations du Défenseur des droits

      L'institution du Défenseur des droits est un observateur privilégié des carences des politiques publiques, car la question des droits des personnes handicapées traverse l'intégralité de ses cinq missions :

      • 1. Droits des usagers des services publics

      • 2. Lutte contre les discriminations

      • 3. Protection des droits des enfants

      • 4. Déontologie des forces de sécurité

      • 5. Protection des lanceurs d'alerte

      L'institution est également chargée du suivi de l'application de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH), ratifiée par la France en 2019.

      Le Handicap : Premier Motif de Discrimination

      Depuis plusieurs années, le handicap est le premier motif de saisine en matière de discrimination. Cette constance révèle une problématique structurelle profonde.

      Année

      Nombre total de saisines (Discrimination)

      Part relative au handicap

      Nombre de réclamations (Handicap)

      2024

      5 679

      22%

      1 249

      Ces discriminations s'exercent dans de multiples domaines, incluant l'emploi, la scolarisation, la santé, la justice, les loisirs, le sport et la culture. L'institution se positionne comme un "très bon observatoire de ce qui ne va pas", mettant en lumière l'écart entre le droit annoncé et son effectivité sur le terrain.

      L'Argument Central : Le Coût du Non-Respect des Droits

      La Défenseure des droits conteste fermement l'idée que l'application des droits fondamentaux représenterait un coût financier trop important.

      Elle soutient au contraire que "c'est le non-respect des droits fondamentaux qui entraînera à terme un coût élevé pour la société", un argument particulièrement pertinent en période d'incertitude budgétaire.

      Les Défaillances dans la Prise en Charge de la Santé Mentale

      La Situation des Personnes Majeures

      La réponse des pouvoirs publics à la crise de la santé mentale, aggravée par la pandémie de Covid-19, reste insuffisante. Un Français sur trois sera confronté à un trouble psychiatrique au cours de sa vie. Les défaillances sont multiples :

      Quantitatives : Offres de soins trop faibles, capacités d'hospitalisation limitées, déserts médicaux.

      Organisationnelles : Système mal organisé et cloisonné entre le sanitaire et le médico-social.

      Humaines : Le secteur de la psychiatrie peine à recruter alors que les besoins augmentent.

      Ces carences entraînent des atteintes graves et répétées aux droits fondamentaux, notamment le droit à la santé, avec des délais d'attente excessifs, des ruptures de soins et des inégalités territoriales criantes qui pénalisent les plus précaires.

      Cas Spécifique : La Santé Mentale des Personnes Détenues

      La santé mentale des personnes détenues se dégrade faute d'un accompagnement adapté.

      Statistiques : Entre juillet 2024 et juillet 2025, la plateforme d'appel pour les détenus (3141) a reçu 1 065 appels (7,6%) pour des difficultés d'accès aux soins et 106 appels spécifiques pour un risque suicidaire.

      Causes de la surreprésentation des troubles mentaux :

      • 1. Une politique de désinstitutionnalisation qui a réduit les lits en psychiatrie sans développer de services de proximité en relais.  
      • 2. Une diminution du nombre de personnes déclarées pénalement irresponsables, qui se retrouvent de ce fait en prison.

      Conséquence juridique : Maintenir en détention une personne nécessitant une prise en charge médicale revient à lui infliger des "traitements inhumains", comme l'a souligné la Cour européenne des droits de l'homme (arrêt GC c. France, 2012).

      Facteurs aggravants : La surpopulation carcérale et l'absence de continuité des soins à la sortie, qui augmente le risque de récidive.

      La Situation des Mineurs

      Les résultats d'une étude de 2025 (Institut Montaigne, Mutualité française, Institut Teram) sont jugés alarmants :

      25% des jeunes (15-29 ans) souffrent de dépression.

      • Ce chiffre atteint 39% dans les outre-mer, avec des pics à plus de 50% en Guyane, 44% en Martinique et 43% à Mayotte.

      Problèmes Structurels Identifiés

      1. Manque de données fiables : L'absence de données agrégées au niveau national sur le nombre d'enfants en attente de prise en charge fragilise le pilotage des politiques publiques.

      Le rapport de la Cour des comptes de 2023 sur la pédopsychiatrie estime que sur 1,6 million d'enfants avec un trouble psychique, seuls 50 à 53% bénéficient de soins.

      2. Inégalités territoriales et pénurie de médecins : La politique du "virage ambulatoire" a renforcé le rôle des Centres Médico-Psychologiques (CMP), mais leur répartition est inégale (10 par département en moyenne, avec de fortes disparités).

      Les délais pour obtenir un premier rendez-vous dépassent souvent un an, ce qui est incompatible avec la nécessité d'une intervention rapide.

      3. Prise en charge inadaptée : Une source d'inquiétude majeure est l'hospitalisation d'enfants et d'adolescents au sein de services psychiatriques pour adultes, souvent par défaut de solutions dans le secteur médico-social ou en protection de l'enfance.

      Mesures d'Isolement et de Contention : Des Pratiques Abusives

      Le manque d'effectifs conduit trop souvent à des restrictions injustifiées des libertés, telles que des mesures d'isolement et de contention.

      Pour les majeurs : Le contrôle systématique par un juge des libertés et de la détention (JLD) pour les hospitalisations sans consentement est jugé peu efficace.

      Il repose principalement sur l'avis médical, et seules 10% des décisions aboutissent à une levée de la mesure. De plus, aucun contrôle judiciaire n'est prévu pour les soins ambulatoires sans consentement.

      Pour les mineurs : La situation est encore plus préoccupante. Un mineur hospitalisé à la demande de ses parents est placé sous le régime de "soins libres" et ne bénéficie d'aucun contrôle du JLD, même en cas d'isolement ou de contention.

      Ce vide juridique constitue une atteinte grave à leurs droits fondamentaux.

      Cas emblématique

      Une adolescente de 15 ans, atteinte d'autisme sévère, a été hospitalisée pendant plus de deux ans dans un service psychiatrique pour adultes, faute de place en structure médico-sociale. Durant cette période, elle a été :

      • Confinée dans une chambre d'isolement verrouillée plus de 20 heures par jour.

      • Déscolarisée.

      • Privée de soins somatiques essentiels (ex: soins dentaires). Cette situation, loin d'être un cas isolé, illustre les conséquences dramatiques du manque de solutions adaptées.

      Les Lacunes des Politiques Publiques Relatives au Handicap

      Éducation : Un Droit Garanti mais un Accès Difficile

      La loi de 2005 a permis une impulsion mais n'est toujours pas intégralement appliquée.

      Statistiques : 30% des saisines relatives aux droits de l'enfant concernent la scolarisation d'enfants en situation de handicap.

      Obstacles persistants : Inadaptation des locaux et du matériel, rigidité des programmes, formation insuffisante des professionnels.

      Accompagnement (AESH) : Malgré la création de postes, le manque persiste. La loi du 27 mai 2024 prévoyant la prise en charge de l'accompagnement sur le temps méridien par l'État est "très loin d'être effective" en raison de blocages entre les collectivités et les académies.

      Aménagements des examens : Une augmentation inquiétante des réclamations a été constatée en 2024 concernant des refus d'aménagement pour des élèves ou étudiants, parfois au prétexte paradoxal que leurs résultats scolaires étaient bons.

      Emploi : Premier Domaine de Discrimination

      L'emploi est le domaine où s'exercent le plus de discriminations liées au handicap. Sur les 1 249 réclamations de 2024, 21% concernent l'emploi privé et 24% l'emploi public. L'obligation d'emploi de 6% ne suffit pas à garantir l'égalité de traitement.

      Difficultés récurrentes :

      ◦ Aménagement tardif du poste de travail.    ◦ Non-respect par l'employeur des préconisations du médecin du travail.    ◦ Difficultés de maintien dans l'emploi, menant à des licenciements ou des démissions forcées.

      Accessibilité : Un Retard Important et Persistant

      L'accessibilité est une condition essentielle à la participation sociale et à la jouissance des droits.

      Transports : La loi a été modifiée pour ne concerner que les "points d'arrêt prioritaires", ce qui est jugé insuffisant.

      Logement : L'assouplissement des règles via la loi ELAN est une source d'inquiétude.

      Accessibilité numérique : La dématérialisation a des effets ambivalents. Selon l'ARCOM, peu de sites publics atteignent 50% d'accessibilité et seulement 5% sont totalement conformes. L'ordonnance de septembre 2023 renforçant les sanctions est saluée, mais elle doit s'accompagner du maintien d'accueils physiques accessibles.

      Aides à l'Autonomie : Insuffisantes et Inégales

      Vingt ans après la loi de 2005, le droit à la compensation du handicap présente des limites flagrantes.

      Barrière de l'âge : Une différence de traitement persiste selon que le handicap survient avant ou après 60 ans. La fusion des régimes, prévue pour 2010, n'a pas eu lieu.

      Prestation de Compensation du Handicap (PCH) :

      ◦ L'aide humaine est limitée aux besoins essentiels, excluant la vie sociale.    ◦ Les aides techniques sont sous-financées.    ◦ La PCH parentalité (2021) est critiquée pour ses critères restrictifs et son forfait inadapté.

      Conclusion et Recommandations Principales

      La Défenseure des droits conclut en réaffirmant l'engagement de son institution et formule plusieurs pistes d'action prioritaires :

      1. Application des textes existants : La première urgence, notamment pour le handicap, est "l'application pure et simple des textes votés par le parlement" et la publication des décrets d'application en attente.

      2. Priorité à la jeunesse : La santé mentale, grande cause nationale en 2025, doit se traduire par une "véritable prise de conscience collective", en particulier pour les jeunes qui ne peuvent être laissés sans réponse. L'investissement dans les CMP et le dépistage précoce est essentiel.

      3. Nécessité de données fiables : Il est impératif de collecter et d'agréger des données précises (ex: nombre d'heures de scolarisation effectives, nombre d'enfants en attente de place en IME) pour permettre un pilotage éclairé des politiques publiques.

      4. Formation des acteurs : Une meilleure formation des employeurs sur "l'aménagement raisonnable", des enseignants et des professionnels de santé est indispensable pour faire évoluer les pratiques.

      5. Abaisser la barrière d'âge de 60 ans : Il est nécessaire de mettre fin à cette distinction qui crée des inégalités de traitement injustifiées.

      6. Décloisonner les systèmes : Améliorer l'articulation entre les secteurs sanitaire, médico-social et éducatif est crucial pour assurer une fluidité des parcours et éviter les ruptures de prise en charge.

    1. Synthèse de l'Audition de la CNAF sur la Santé Mentale et le Handicap

      Résumé

      L'audition de la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF) devant la commission d'enquête a mis en lumière son rôle substantiel, bien que souvent discret, dans la prise en charge du handicap et de la santé mentale en France.

      L'intervention de la CNAF s'articule autour de deux axes majeurs : le versement de prestations financières (légales et pour le compte de tiers) et le financement de services aux familles via sa politique d'action sociale.

      Les points critiques à retenir sont les suivants :

      1. Gestion de Prestations Financières Clés : La CNAF gère des allocations majeures telles que l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), représentant 13,8 milliards d'euros pour 1,3 million de bénéficiaires en 2024, et l'Allocation d'Éducation de l'Enfant Handicapé (AEEH), s'élevant à 1,6 milliard d'euros pour 500 000 bénéficiaires.

      2. Impact de la Déconjugalisation de l'AAH : La réforme de la déconjugalisation, effective depuis novembre 2023, est un succès opérationnel.

      Elle a bénéficié à 66 000 allocataires avec une hausse moyenne de 400 € par mois, incluant 22 300 nouveaux bénéficiaires. Un système parallèle est maintenu pour 31 000 personnes afin d'éviter toute perte de droits.

      3. Promotion de l'Inclusion en Milieu Ordinaire : La CNAF promeut activement l'inclusion des enfants en situation de handicap dans les structures de droit commun (crèches, accueils de loisirs) via des "bonus inclusion handicap".

      Le succès de ce dispositif pour les accueils de loisirs est notable, avec des dépenses en 2024 ( 53 millions d'euros) dépassant déjà plus du double de l'objectif initial pour 2027.

      4. Santé Mentale des Jeunes : La CNAF finance 200 Points Accueil Écoute Jeunes (PAEJ), des structures de première ligne pour les adolescents en difficulté, et travaille à un accord-cadre avec le ministère de la Santé pour mieux articuler ces dispositifs au sein de l'écosystème de santé mentale.

      5. Relation avec les MDPH : Bien que des progrès significatifs aient été réalisés grâce à la dématérialisation des flux, les délais de traitement des dossiers par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) demeurent un enjeu majeur, obligeant les CAF à mettre en place des procédures de prolongation de droits pour éviter les ruptures de versement.

      6. Complexité de l'AAH : Un axe d'amélioration majeur identifié est la simplification de l'AAH. Sa complexité actuelle, notamment pour les bénéficiaires qui travaillent, peut créer des freins à l'emploi et générer des situations d'incompréhension.

      La CNAF suggère d'intégrer cette prestation dans le mouvement global de modernisation et de simplification des aides sociales.

      Interventions de la CNAF : Un Double Axe d'Action

      La CNAF structure son action en faveur des personnes en situation de handicap et de leurs familles autour de deux piliers fondamentaux, inscrits dans sa Convention d'Objectifs et de Gestion (COG) 2023-2027 avec l'État.

      1. Versement de Prestations Légales

      La CNAF est l'opérateur de versement pour plusieurs prestations essentielles, certaines financées par la branche Famille, d'autres gérées pour le compte de l'État ou de la branche Autonomie. Ce rôle s'effectue en partenariat étroit avec les MDPH, qui sont en charge de l'évaluation médicale et de la détermination des taux d'incapacité.

      Prestation

      Description

      Chiffres Clés (2024)

      Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)

      Assurer un revenu minimal aux personnes en situation de handicap de plus de 20 ans.

      13,8 milliards € versés à 1,3 million de bénéficiaires.

      Allocation d'Éducation de l'Enfant Handicapé (AEEH)

      Compenser les dépenses liées au handicap d'un enfant de moins de 20 ans.

      1,6 milliard € versés à 500 000 bénéficiaires.

      Allocation Journalière de Présence Parentale (AJPP)

      Compenser la perte de revenus pour un parent cessant son activité pour s'occuper d'un enfant malade ou handicapé.

      2 848 bénéficiaires (au 30 juin), coût de 261 millions €.

      Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA)

      Compenser la perte de revenus pour un proche aidant cessant son activité ponctuellement.

      1 652 bénéficiaires (au 30 juin), coût de 11 millions €.

      2. Financement de Services aux Familles via l'Action Sociale

      Le second pilier est financé par le Fonds National d'Action Sociale (FNAS) et vise à rendre les services de droit commun accessibles aux familles concernées par le handicap, promouvant ainsi une politique d'inclusion active.

      Inclusion dans la Petite Enfance (Crèches) :

      • ◦ Un bonus "inclusion handicap" majore le financement des crèches qui accueillent des enfants en situation de handicap.   
      • ◦ En 2023, 25 millions d'euros ont été dépensés à ce titre.  
      • ◦ Près de 50 % des crèches en France bénéficient de ce bonus, témoignant de son adoption massive.

      L'objectif est de favoriser une inclusion précoce pour fluidifier le parcours ultérieur, notamment la scolarisation.

      Inclusion dans les Accueils de Loisirs (Périscolaire et Extrascolaire) :

      • ◦ Généralisé en 2024, un bonus similaire existe pour les Accueils de Loisirs Sans Hébergement (ALSH).  
      • ◦ Le dispositif a rencontré un succès immédiat et supérieur aux prévisions : 53 millions d'euros ont été engagés en 2024, soit plus du double de l'estimation pour toute la durée de la COG (jusqu'en 2027).  
      • ◦ Cela indique une forte mobilisation des collectivités pour adapter leurs offres et garantir une continuité de prise en charge après l'école.

      Soutien au Répit Familial et aux Vacances :

      ◦ Les CAF mènent une politique active de soutien au départ en vacances, avec des dispositifs et financements spécifiques pour les familles concernées par le handicap (enfants ou parents).    ◦ Le dispositif VACAF permet de faire partir environ 500 000 personnes chaque année.    ◦ Des offres spécifiques (séjours passerelles) existent pour les familles nécessitant un accompagnement renforcé.

      Pôles de Ressources Handicap :

      ◦ La CNAF finance, à l'échelle départementale, des pôles de ressources visant à faciliter la connexion entre les familles et les structures d'accueil de droit commun (crèches, ALSH), levant ainsi les obstacles pratiques et informationnels.

      Enjeux et Réformes Clés

      La Déconjugalisation de l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)

      Mise en œuvre le 1er novembre 2023, cette réforme très attendue visait à individualiser l'AAH sans tenir compte des revenus du conjoint.

      Un bilan quantitatif significatif :

      • 66 000 allocataires ont bénéficié de la réforme, avec une hausse moyenne de 400 € par mois.   
      • ◦ Parmi eux, 44 000 étaient déjà allocataires et ont vu leur AAH augmenter de 327 €/mois en moyenne. 
      • 22 300 nouvelles personnes, auparavant inéligibles à cause des revenus de leur conjoint, sont entrées dans le dispositif avec un gain mensuel moyen de 554 €.

      Une réforme "sans perdant" :

      • ◦ Pour les 31 000 personnes pour qui le nouveau mode de calcul aurait été désavantageux, l'ancien système est maintenu.  
      • ◦ Cela conduit à la coexistence de deux systèmes de calcul de l'AAH, qui perdurera plusieurs décennies.

      Articulation avec les MDPH : Fluidité et Prévention des Ruptures

      La qualité des échanges d'information avec les MDPH est cruciale pour le versement des prestations.

      Progrès et défis : La dématérialisation des flux a considérablement amélioré et sécurisé les échanges par rapport à la situation d'il y a cinq ans, où les flux papier étaient encore nombreux.

      Gestion des délais : Les délais d'instruction longs au sein des MDPH restent une difficulté majeure.

      Pour éviter les ruptures de droits, notamment lors des renouvellements, les CAF pratiquent la prolongation des droits en attendant la décision de la MDPH.

      Cette pratique, bien que créant un risque financier (génération d'indus si le droit n'est pas renouvelé), est jugée préférable pour ne pas précariser les familles.

      La Santé Mentale des Jeunes : Le Rôle des Points Accueil Écoute Jeunes (PAEJ)

      La CNAF a repris le financement des PAEJ, qui constituent une offre de première ligne pour les jeunes en difficulté psychologique.

      Un maillage territorial : 200 structures ont été financées en 2023 sur tout le territoire.

      Un rôle de pivot : Les PAEJ travaillent en réseau, en amont avec le milieu scolaire pour le repérage, et en aval en orientant vers des structures de soin (CMP, Maisons des Adolescents) lorsque nécessaire.

      Vers un cadre national : Des discussions sont en cours avec le ministère de la Santé pour établir un accord-cadre national afin de clarifier les rôles et d'assurer la complémentarité des dispositifs, notamment face au risque de désengagement de certains co-financeurs comme les Agences Régionales de Santé (ARS).

      Lutte contre les Erreurs et Gestion des Indûs

      La CNAF utilise un algorithme de "datamining" depuis 2011 pour cibler ses contrôles, non pas sur des populations, mais sur des risques d'erreur pouvant générer des versements indus.

      Logique du ciblage : Le système identifie les situations où le risque d'erreur déclarative est le plus élevé.

      Il s'agit principalement des prestations sensibles aux variations de revenus déclarées trimestriellement (RSA, Prime d'activité).

      Cas de l'AAH : Les bénéficiaires de l'AAH ne sont pas plus contrôlés en tant que tels. Le risque est plus élevé pour la population spécifique des bénéficiaires de l'AAH qui travaillent, en raison de la complexité des règles de cumul et de la variabilité des revenus à déclarer.

      Solution à la source : La réforme de la "solidarité à la source" est présentée comme la solution principale.

      En instaurant des déclarations pré-remplies pour le RSA et la Prime d'activité, elle vise à réduire drastiquement les erreurs à la base et, par conséquent, les contrôles a posteriori et les indus.

      L'extension de ce principe à la partie "activité" de l'AAH est une piste de réflexion.

      Perspectives et Axes d'Amélioration

      Interrogée sur les pistes d'amélioration du système, la CNAF a souligné plusieurs points :

      1. Moderniser et Simplifier l'AAH : L'AAH est décrite comme une prestation d'une "grande complexité", qui s'est "hybridée" avec la déconjugalisation (à la fois minimum social et prestation plus large).

      Cette complexité peut être un frein à l'emploi et fragiliser les bénéficiaires.

      La CNAF plaide pour que l'AAH soit intégrée au mouvement global de simplification des prestations sociales, afin d'améliorer la lisibilité et de ne pas décourager le travail.

      2. Reconnaître les Coûts de l'Inclusion : Une étude financée par la CNAF a mis en évidence les "coûts très importants de l'inclusion" scolaire, largement portés par les mères, avec des conséquences parfois lourdes sur leur vie professionnelle (jusqu'à l'arrêt de l'activité).

      Cet enjeu justifie les efforts financiers importants des CAF pour soutenir la prise en charge périscolaire.

      3. Renforcer le Soutien sur les Temps Périscolaires : La CNAF a intensifié son soutien financier aux ALSH et a étendu depuis 2024 son financement à la pause méridienne.

      L'effort financier est considérable : un enfant en situation de handicap en ALSH est financé par la CAF à hauteur de 4,50 € de l'heure, contre 0,60 € pour un autre enfant.

      Ce soutien est essentiel pour permettre le maintien dans l'emploi des parents.

    1. Synthèse du webinaire : Le programme EVARS, un outil indispensable pour la protection des enfants

      Résumé

      Ce document de synthèse résume les points clés du webinaire organisé par la FCPE nationale le 23 septembre 2025, consacré au programme d'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS).

      Entré en vigueur à la rentrée 2025, ce programme vise à garantir l'application effective de la loi Aubry de 2001, qui rendait obligatoire trois séances annuelles d'éducation à la sexualité, mais qui n'était appliquée que pour 15 % des élèves en 2024.

      Les intervenants — Marc Pelletier du Ministère de l'Éducation nationale, Sarah Durocher du Planning familial et l'animateur Didier Valentin — ont unanimement présenté le programme comme un enjeu nécessaire et indispensable pour la protection de l'enfance.

      Il répond aux missions fondamentales de l'École : promouvoir l'égalité, lutter contre les discriminations, enseigner le consentement et prévenir toutes les formes de violence.

      Le programme est également une réponse directe aux défis contemporains auxquels la jeunesse est confrontée, notamment l'exposition précoce à la pornographie, le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles.

      Élaboré suite à un vaste processus consultatif et validé par le Conseil d'État, le programme repose sur trois principes directeurs : l'unité thématique, la progressivité stricte des contenus adaptés à l'âge, et la complémentarité avec les autres enseignements. Il est obligatoire et les parents ne peuvent y soustraire leurs enfants.

      La mise en œuvre s'appuie sur une formation massive des personnels de l'Éducation nationale et, dans le second degré, sur des interventions complémentaires d'associations agréées, toujours dans le cadre de projets co-construits avec les équipes pédagogiques.

      Face aux campagnes de désinformation, les intervenants ont insisté sur la nécessité d'une communication claire auprès des familles pour dissiper les malentendus et réaffirmer que l'objectif n'est pas d'enseigner des pratiques sexuelles, mais de construire une culture du respect, de l'égalité et du bien-être.

      Contexte et Justification du Programme EVARS

      Un Impératif Légal et une Nécessité Sociale

      Le programme EVARS a été conçu pour répondre à un déficit majeur dans l'application de la législation française.

      Bien que la loi Aubry de 2001 ait rendu l'éducation à la sexualité obligatoire à raison de trois séances par an, un constat alarmant a été dressé en 2024 : seuls 15 % des élèves en avaient réellement bénéficié.

      L'objectif principal du nouveau programme est donc de garantir l'effectivité de cette loi sur tout le territoire.

      Marc Pelletier, de la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO), a souligné que l'EVARS s'inscrit pleinement dans les missions fondamentales que la Nation confie à l'École, telles que définies dans le Code de l'éducation :

      Promouvoir l'égalité, notamment entre les femmes et les hommes.

      Lutter contre toutes les formes de discrimination, y compris celles fondées sur le sexe, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle.

      Éduquer au principe du consentement et au respect du corps humain.

      Prévenir toutes les formes de violence, en particulier les violences sexistes et sexuelles, et contribuer au repérage des situations de violences intrafamiliales, y compris l'inceste.

      Répondre aux Enjeux Contemporains de la Jeunesse

      Le programme a été jugé indispensable pour outiller les enfants et les adolescents face aux réalités et aux risques de leur époque. Plusieurs statistiques alarmantes ont été citées pour justifier son déploiement :

      Enjeu

      Donnée Clé

      Exposition à la pornographie

      23 millions de mineurs y sont exposés chaque mois.

      Agressions sexuelles

      Un enfant est victime toutes les trois minutes en France.

      Violences sexuelles sur mineurs

      80 % des victimes sont des filles.

      Harcèlement scolaire

      Concerne 5 % des écoliers, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité.

      Inceste

      160 000 enfants en sont victimes en France.

      Pour Sarah Durocher, présidente du Planning familial, l'un des principaux leviers pour contrer la désinformation massive à laquelle les jeunes sont exposés via Internet est une éducation structurée et fiable dispensée à l'école.

      Le Soutien des Fédérations de Parents et des Associations

      La FCPE, organisatrice du webinaire, a exprimé son soutien "avec force et convictions" au programme.

      Pour la fédération, l'EVARS est essentiel pour informer, prévenir, construire une société plus égalitaire, libérer la parole, donner des repères clairs, apprendre à dire non et comprendre la notion de consentement.

      La FCPE fait également partie du Collectif pour une véritable éducation à la sexualité, aux côtés du Planning familial et d'autres organisations, afin de parler d'une même voix et de fournir des outils concrets aux familles et aux établissements pour contrer la désinformation.

      Élaboration, Contenu et Principes Directeurs

      Un Processus de Création Consultatif et Validé

      Le programme EVARS n'a pas été créé de manière arbitraire. Son élaboration a suivi un processus rigoureux et consultatif :

      1. Groupe de travail (2023) : Mis en place pour analyser les raisons de la faible application de la loi de 2001.

      2. Saisine du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) : Le ministre Pap Ndiaye a mandaté le CSP pour élaborer un projet de programme, avec une attention particulière à la distinction entre le premier et le second degré.

      3. Consultations : La DGESCO a mené de larges consultations sur la base du projet du CSP, incluant des professionnels de l'éducation, des organisations syndicales, des partenaires institutionnels et une consultation publique.

      4. Adoption (Janvier 2025) : Le projet a été adopté à l'unanimité des votants au sein des instances consultatives.

      5. Validation Juridique (Juin 2025) : Le Conseil d'État a rejeté deux recours administratifs demandant son annulation, confirmant ainsi sa conformité légale et son caractère "neutre et objectif".

      Trois Principes Fondamentaux

      Le programme est structuré autour de trois principes essentiels pour garantir sa cohérence et son adéquation.

      1. Unité : À tous les niveaux, l'enseignement s'articule autour de trois questions structurantes :

      • ◦ Comment se connaître, vivre et grandir ?  
      • ◦ Comment rencontrer les autres, construire avec eux des relations respectueuses et s'y épanouir ?  
      • ◦ Comment trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ?

      2. Progressivité : Le principe le plus fondamental est l'adaptation stricte des contenus et des modalités à l'âge et à la maturité des élèves. Le nom même du programme change pour marquer cette distinction :

      • Premier degré (école) : Éducation à la Vie Affective et Relationnelle (EVAR).  
      • Second degré (collège/lycée) : Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS).

      Le mot "sexualité" n'apparaît dans le programme qu'à partir de la classe de quatrième.

      3. Complémentarité : Les trois séances annuelles forment un parcours cohérent.

      L'EVARS est conçu pour compléter les enseignements disciplinaires (SVT, Enseignement Moral et Civique) et les actions éducatives globales de l'établissement (ex: programme de lutte contre le harcèlement).

      Une Approche Progressive et Adaptée à Chaque Âge

      Niveau

      Dénomination

      Thèmes Abordés

      Maternelle

      EVAR

      Émotions, identification des parties du corps, notion d'intimité, reconnaissance des adultes de confiance.

      Élémentaire (CP-CM2)

      EVAR

      Sentiments, stéréotypes de sexe, lutte contre les discriminations, consentement (abordé sans forcément nommer le terme), dangers d'Internet, harcèlement.

      Collège

      EVARS

      Changements liés à la puberté, vie privée, respect de l'intimité, sentiments amoureux, respect des différences, prévention des violences (sexuelles, emprise).

      Lycée

      EVARS

      Engagement dans une relation, droit d'être soi, acceptation et pression sociales, construction de relations saines à soi et aux autres.

      Il est crucial de noter que le terme "sexualité" est entendu dans un sens global, incluant les dimensions psychologiques, affectives, juridiques et sociales, et non comme un cours sur les pratiques sexuelles.

      Mise en Œuvre Pratique et Pédagogie

      Le Rôle Central des Personnels de l'Éducation Nationale

      Un effort de formation massif est en cours pour accompagner les équipes. Cela inclut des séminaires nationaux, des formateurs académiques, et des parcours de formation en ligne ("parcours magister") accessibles à tous les professeurs.

      N'importe quel professeur volontaire peut animer ces séances, pas uniquement les enseignants de SVT.

      Les personnels de santé scolaire (infirmières, psychologues) sont des acteurs clés.

      Leur connaissance des élèves permet d'adapter les séances aux problématiques locales.

      Des protocoles clairs existent pour l'accueil de la parole des enfants en cas de révélation de violences, garantissant que l'enseignant n'est jamais seul face à ces situations.

      L'Intervention des Associations Agréées

      Le recours à des partenaires extérieurs est encadré :

      Recommandé dans le second degré : Les interventions d'associations sont encouragées au collège et au lycée pour leur expertise complémentaire.

      Non prioritaire dans le premier degré : Le ministère préconise que les séances soient menées par les professeurs des écoles, intégrées au quotidien de la classe.

      Conditions strictes :

      ◦ L'association doit être agréée par le Ministère, un label garantissant son respect des valeurs de la République et la pertinence de son approche pédagogique.    ◦ L'intervention doit s'inscrire dans un projet pédagogique co-construit avec l'équipe de l'établissement.    ◦ Un professionnel de l'établissement doit toujours être présent pendant la séance.

      Le Planning familial, qui intervient auprès de 3600 établissements, a précisé refuser autant de demandes qu'il en accepte, illustrant la forte demande du terrain.

      Déroulement Type d'une Séance : L'Approche de Didier Valentin

      Didier Valentin a illustré la pédagogie active et non-jugeante utilisée lors des séances.

      Philosophie : "N'essayons pas de convaincre, tentons de faire réfléchir." L'objectif est la réduction des risques et le développement de l'esprit critique.

      Focus sur le "Relationnel" : Une grande partie du travail porte sur la manière dont les jeunes interagissent, se parlent et vivent ensemble, bien avant d'aborder la sexualité.

      Outils interactifs : Les séances ne sont pas des cours magistraux. Elles s'appuient sur des outils participatifs qui partent du vécu des jeunes :

      • Exemple 1 : Un tableau où les élèves collent des post-it sur les "avantages et inconvénients" d'être une fille, un garçon ou une personne non-binaire, pour lancer un débat sur les stéréotypes et l'empowerment.  
      • Exemple 2 : Diffusion de courtes vidéos vues sur les réseaux sociaux (TikTok) pour lancer un débat contradictoire et analyser les discours (ex: masculinistes).

      Questions des Parents et Lutte Contre la Désinformation

      Cadre Réglementaire et Communication

      Caractère obligatoire : Il a été rappelé que l'EVARS est un enseignement obligatoire. Un parent ne peut pas demander une dispense pour son enfant.

      Information des familles : Le Ministère recommande fortement que les établissements communiquent de manière transparente sur les objectifs du programme, par exemple lors des réunions de rentrée, afin de "dissiper les malentendus".

      Rôle des parents d'élèves : Les représentants des parents ont un rôle à jouer dans les instances comme le Comité d'Éducation à la Santé, à la Citoyenneté et à l'Environnement (CESCE) pour participer à l'élaboration du projet d'établissement.

      Répondre aux Inquiétudes et aux "Infox"

      Les intervenants ont reconnu l'existence d'une "panique morale" et de campagnes de désinformation actives. Sarah Durocher a mentionné que certains groupes tentent de se faire élire comme représentants de parents d'élèves dans le but de faire barrage au programme.

      Pour rassurer les familles, plusieurs points ont été martelés :

      Formation des intervenants : Les professionnels des associations sont formés (ex: 160 à 400 heures pour le Planning familial) et leur casier judiciaire est vérifié.

      Développement des compétences psycho-sociales : Le programme vise à renforcer les compétences émotionnelles, cognitives et relationnelles des élèves, qui sont des vecteurs de réussite scolaire et de bien-être.

      Une éducation féministe pour tous : Didier Valentin a résumé l'objectif comme une "éducation féministe" visant à déconstruire les stéréotypes de genre pour créer des relations plus égalitaires et, in fine, faire baisser les violences.

    1. Synthèse de l'Audition sur le Service Civique

      Résumé

      L'audition de la présidente de l'Agence du service civique met en lumière la dualité d'un dispositif de 15 ans, largement salué comme un "vrai succès" par la Cour des Comptes et plébiscité par les jeunes et les structures d'accueil, mais aujourd'hui menacé par des restrictions budgétaires drastiques.

      Avec plus de 868 000 participants depuis sa création, le Service Civique s'est imposé comme un outil majeur de cohésion sociale, de mixité et un tremplin d'insertion pour la jeunesse.

      Cependant, l'annulation de crédits pour 2025 réduit la cible de 150 000 à 135 000 jeunes, supprimant de fait 15 000 missions et fragilisant un écosystème associatif déjà sous tension.

      Les débats ont révélé un large consensus sur la pertinence du dispositif, mais aussi des inquiétudes profondes concernant son financement, les risques de substitution à l'emploi, les allégations de dévoiement idéologique et la tension structurelle entre sa vocation d'engagement citoyen et son rôle de facto dans l'insertion professionnelle.

      1. Le Service Civique : Bilan et Impact en Chiffres

      Créé par la loi du 10 mars 2010, le Service Civique est un dispositif d'engagement volontaire qui a démontré un impact significatif en 15 ans d'existence.

      Fondamentaux du Dispositif

      Public : Jeunes de 16 à 25 ans (jusqu'à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap).

      Mission : Mission d'intérêt général auprès d'associations ou d'institutions publiques.

      Durée : Environ 6 mois, avec un maximum de 12 mois.

      Intensité : En 2023, la durée moyenne était de 7 mois avec une intensité hebdomadaire de 27 heures.

      Indemnisation : 620 € par mois.

      Bénéfices : Accompagnement, formation civique et citoyenne (incluant les premiers secours), couverture sociale complète et validation de trimestres de retraite de base.

      Bilan Quantitatif

      Total de participants : 868 000 jeunes ont réalisé une mission depuis 2010.

      Missions à l'étranger : 15 000 jeunes ont effectué leur mission à l'international.

      Volume annuel : Près de 90 000 nouvelles missions ont été engagées en 2023.

      Pour 2024, le chiffre s'élève à 86 431 entrées en mission, correspondant à l'atteinte de la cible annuelle (avant réduction) de 150 000 jeunes en service civique sur l'année.

      Taux d'occupation : 100 % des places disponibles sont occupées depuis 2023.

      Profil des Volontaires et Structures d'Accueil

      Le dispositif se caractérise par une forte mixité sociale et de parcours.

      Catégorie

      Données Clés

      Profil à l'entrée

      1/3 étudiants, 1/3 demandeurs d'emploi, 1/3 inactifs.

      Publics spécifiques

      3,3 % de jeunes en situation de handicap.

      14 % de jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV).

      31 % de jeunes issus de la ruralité.

      Structures d'accueil

      62 % en associations.

      28 % dans l'État et ses opérateurs (ex: Ministère de l'Éducation Nationale).

      9 000 organismes d'accueil différents au total.

      Taux de Satisfaction et Impact

      Le Service Civique est un dispositif très connu et apprécié, tant par les volontaires que par les recruteurs.

      Notoriété : Plus de 9 jeunes sur 10 connaissent le dispositif.

      Satisfaction des volontaires : 85 % des jeunes ayant effectué une mission se déclarent satisfaits.

      Satisfaction des recruteurs : Près de 70 % portent un avis favorable.

      Impact sur le parcours :

      Professionnel : 73 % des jeunes déclarent avoir mobilisé leur expérience pour leur parcours professionnel un an après leur sortie.    ◦ Orientation : 63 % l'ont utilisée pour leur orientation ou réorientation.    ◦ Insertion : 80 % des jeunes sont en emploi ou en formation 6 mois après la fin de leur mission.

      Impact sur l'engagement : 56 % des jeunes poursuivent une activité bénévole après leur mission, contre 36 % avant d'y entrer.

      2. La Crise Budgétaire : Un Tournant pour le Dispositif

      La principale menace pesant sur le Service Civique est d'ordre budgétaire, remettant en cause le consensus politique et la trajectoire de croissance du dispositif.

      La Cible Historique de 150 000 Jeunes

      Depuis 2017, un consensus national s'est établi autour d'une cible de 150 000 jeunes en service civique sur l'année, ce qui correspond à environ 85 000 nouvelles entrées en mission par an, soit un peu plus de 10 % d'une classe d'âge.

      La loi de finances initiale pour 2025 prévoyait les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif.

      L'Impact des Annulations de Crédits

      Annulation pour 2024 : Plus de 70 millions d'euros ont été annulés.

      Décret d'annulation pour 2025 : Un décret a ramené la cible à 135 000 jeunes sur l'année, supprimant de fait 15 000 missions.

      Conséquences sur la trésorerie : La trésorerie de l'Agence a été réduite d'une norme prudentielle d'un mois à 15 jours, puis à une hypothèse de 6 jours (9 millions d'euros) pour 2025.

      Gel supplémentaire ("surgel") : Un surgel a été appliqué, dont le dégel partiel est espéré par la ministre.

      Conséquences sur l'Écosystème

      La réduction du nombre de missions a un double effet :

      1. Pour les jeunes : 15 000 jeunes seront privés de cette opportunité, alors que la demande est déjà très forte (3 candidatures enregistrées pour 1 mission disponible).

      2. Pour les associations : Cette réduction fragilise le tissu associatif, qui accueille la majorité des volontaires et dépend de leur contribution.

      Plusieurs intervenants ont souligné que les associations, déjà confrontées à des baisses de subventions, verront leur capacité d'action et d'accueil diminuée.

      3. Thèmes Stratégiques et Initiatives Clés

      Malgré les difficultés budgétaires, l'Agence du service civique développe des axes stratégiques pour répondre aux priorités nationales et aux aspirations de la jeunesse.

      Les Nouvelles Priorités Thématiques

      Service Civique Écologique : Lancé en avril 2024 avec un objectif de 50 000 missions d'ici 2027. La première étape de 1 000 missions supplémentaires a été dépassée, témoignant d'un "réel engouement" de la part des jeunes et de l'écosystème.

      Service Civique Solidarité Senior : Développé dans le cadre du plan "bien vieillir" pour répondre aux enjeux de société liés au vieillissement.

      Lutte contre le harcèlement scolaire : 1 000 missions ont été dédiées à la prévention et à la lutte contre ce fléau en milieu scolaire, un exemple jugé "archétypal" d'une mission réussie où les jeunes complètent l'action des agents publics sans s'y substituer.

      Le Lien avec le Service National Universel (SNU)

      L'abandon de la généralisation du SNU a eu un impact. Il était anticipé qu'une généralisation aurait massivement augmenté la demande de Service Civique, portant la cible théorique à 25 % d'une classe d'âge.

      L'abandon de ce projet évite une amplification de la tension actuelle entre l'offre et la demande, mais la question du décalage reste "posée de manière cruelle".

      Le Déploiement dans les Collectivités Territoriales

      Le développement du Service Civique s'est historiquement appuyé sur des partenariats avec de grandes associations nationales.

      Le déploiement dans les collectivités territoriales reste un axe de progression : seules 192 intercommunalités sur 1254 disposent d'un agrément.

      Un travail a été engagé avec Intercommunalité de France pour faciliter l'accueil de volontaires au niveau local, notamment dans les petites communes.

      4. Controverses et Préoccupations Soulevées

      L'audition a été l'occasion pour les députés d'exprimer plusieurs critiques et inquiétudes majeures concernant le fonctionnement et la finalité du dispositif.

      Le Risque de Substitution à l'Emploi

      Préoccupation : Des députés (notamment du groupe Écologiste) craignent que le Service Civique ne soit utilisé pour remplacer de "vrais emplois", notamment dans les services publics (ex: missions d'accueil).

      Réponse de l'Agence : C'est une "préoccupation constante" et essentielle. Le Code du service national l'interdit. L'Agence contrôle en amont (agrément) et en aval (signalements). La présidente note que le risque de substitution est plus élevé dans le secteur sportif associatif que dans les services publics, où la satisfaction des jeunes est par ailleurs plus élevée.

      Allégations de Dévoiement et Questions de Neutralité

      Préoccupation : Le Rassemblement National, s'appuyant sur un article du Journal du Dimanche, a soulevé le risque de "dévoiement" du dispositif au profit de "structures exclusivement tournées vers l'aide aux migrants" ou d'"écoles privées musulmanes", questionnant le respect de la neutralité républicaine.

      Réponse de l'Agence : La présidente a fermement réfuté ces allégations, qualifiant l'article de "mal documenté". Elle précise que l'association La SIMAD n'a accueilli que deux volontaires depuis 2020 et que l'association La Plume Bleue n'en a jamais accueilli. Elle a rappelé que l'Agence travaille avec les cellules préfectorales de lutte contre l'islamisme radical (CLIR) pour renforcer les contrôles.

      Un Outil d'Insertion Professionnelle plutôt que d'Engagement Citoyen ?

      Préoccupation : Un député (groupe UDR) a avancé que le dispositif s'est transformé en "simple contrat jeune", servant davantage l'insertion professionnelle que l'engagement citoyen.

      Il s'appuie sur une étude de l'INJEP montrant une corrélation entre le taux de chômage des jeunes et le recours au Service Civique, ainsi que sur les fortes disparités territoriales (27,4 % de participation dans les DROM contre 9,5 % dans l'Hexagone).

      Réponse de l'Agence : La présidente reconnaît que les motivations professionnelles sont une évidence et que le dispositif est un "tremplin vers l'emploi".

      Elle insiste cependant sur le fait qu'il s'agit d'une expérience allant au-delà d'un "simple contrat", car elle offre une "expérience concrète des valeurs de la République" et vise à "humaniser le service public".

      Inclusivité et Accessibilité

      Préoccupation : Le faible taux de participation des jeunes en situation de handicap (3,3 %) a été souligné (groupe Liot).

      Réponse de l'Agence : Ce chiffre est jugé "certainement insuffisant" mais en progression (+1,5 point en 4 ans).

      La principale réponse pour améliorer l'accessibilité de tous les publics est de développer une offre "d'ultra-proximité" sur tout le territoire, afin de ne pas rendre un déménagement nécessaire.

      5. Citations Marquantes

      Sur le succès et la menace (Présidente de la commission) : "La Cour des comptes a souligné, je cite, que le service civique est un vrai succès malgré quelques fragilités.

      Ce constat est donc favorable aujourd'hui et menacé par certaines interrogations pour ne pas dire inquiétude sur le devenir de ce dispositif."

      Sur l'essence du dispositif (Priska Tevenot, Ensemble) : "S'engager et apprendre de soi, c'est ce qui distingue le volontariat en service civique du simple job étudiant. [...] Le service civique, c'est une école de l'engagement, une école de la vie."

      Sur la rigueur budgétaire (Florence Joubert, Rassemblement National) : "Ce dispositif mérite d'être soutenu à condition qu'il ne soit pas dévoyé.

      Car nous parlons tout de même d'un financement public de près de 600 millions d'euros par an."

      Sur la substitution à l'emploi (Sophie Tailler Paulian, Écologiste) : "Comment éviter que le service civique ne vienne finalement remplacer de vrais emplois et ne soit pas finalement aussi une sorte de sas [...] avant d'entrer dans un vrai emploi ?"

      Sur le sacrifice du Service Civique (Florence Erouin Léotet, Socialiste) : "C'est pourtant pour tenter de sauver ce dispositif [le SNU] en échec que l'on choisirait de sacrifier le service civique, un outil d'émancipation et de fraternité républicaine."

      Sur la confusion des genres (Maxime Michelet, UDR) : "Le service civique semble être parfois davantage un outil d'insertion professionnelle que d'engagement citoyen."

      Sur la finalité du dispositif (Présidente de l'Agence) : "La promesse [du Service Civique] n'est autre encore une fois que de faire l'expérience de l'intérêt général et de la cohésion républicaine, de la mixité sociale. Donc c'est une promesse effectivement supérieure à celle d'un simple contrat jeune."

      Sur la valeur ajoutée (Présidente de l'Agence) : "Il [le Service Civique] ne se substitue pas à l'emploi, aux agents publics, mais il humanise le service public. [...]

      C'est vraiment un des moteurs qui fait la différence entre l'engagement de service civique et une simple expérience professionnelle."

    1. Synthèse des Auditions de la Cour des Comptes : Enseignement Primaire et CVEC

      Résumé

      L'audition de la Cour des comptes à l'Assemblée nationale a mis en lumière des diagnostics critiques concernant deux piliers du système éducatif français : * l'enseignement primaire et * la Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC).

      Concernant l'enseignement primaire, le rapport dresse un "constat d'échec" de la politique publique.

      Malgré une dépense croissante (55 milliards d'euros en 2023, soit 2% du PIB), le niveau des élèves français est alarmant, se classant dernier de l'Union européenne en mathématiques en CM1.

      Le système aggrave les inégalités sociales et territoriales, avec une organisation du temps scolaire jugée "en décalage avec les besoins de l'enfant", notamment la semaine de 4 jours.

      La Cour préconise une refonte du modèle scolaire, incluant la systématisation des regroupements d'écoles, la réforme du statut des directeurs pour leur accorder plus d'autonomie, l'amélioration de l'attractivité du métier d'enseignant et une meilleure association des collectivités territoriales via des conventions triennales.

      Pour la CVEC, le bilan est contrasté. Depuis 2018, près de 900 millions d'euros ont été collectés, finançant des actions bénéfiques pour la vie étudiante (santé, culture, social).

      Cependant, le dispositif souffre d'un manque de transparence, d'une gestion complexe et d'une sous-utilisation notable des fonds, avec un reliquat de 100 millions d'euros. Le nombre d'étudiants assujettis n'est même pas connu précisément par le ministère.

      La Cour recommande de résorber les crédits inutilisés, de renforcer l'information et l'association des étudiants, de clarifier les règles de calcul de la contribution et d'assurer un suivi rigoureux de son utilisation, notamment par un rapport annuel au Parlement.

      I. Rapport sur l'Enseignement Primaire : Un Modèle à Réinventer

      Le rapport de la Cour des comptes sur les 6,3 millions d'élèves des 48 000 écoles françaises est le fruit d'une analyse nationale et territoriale approfondie.

      Il s'articule autour de quatre constats majeurs qui appellent à une refonte structurelle du système.

      1. Constat d'Échec : Baisse de Niveau et Aggravation des Inégalités

      La Cour qualifie sans équivoque la politique publique d'enseignement primaire d'« échec ». Les indicateurs de performance sont particulièrement préoccupants :

      Niveau Scolaire en Chute Libre : Malgré une dépense par élève en hausse, le niveau suit une tendance inverse.

      Mathématiques (CM1) : La France se classe dernière des 21 pays de l'Union européenne participant à l'enquête.    ◦ Français :

      Après une baisse continue depuis 2001, le niveau stagne, plaçant la France à l'antépénultième place des 18 pays de l'UE évalués.

      Explosion des Inégalités : L'école primaire non seulement reproduit mais "creuse les inégalités".

      Déterminisme Social : Une corrélation "très nette" existe entre les difficultés scolaires et l'origine sociale des parents.

      Les enfants de cadres améliorent leurs résultats, tandis que ceux des ouvriers voient les leurs diminuer.    ◦ Disparités Territoriales :

      Des inégalités aigües sont observées, notamment dans les académies ultramarines où, malgré un coût par écolier supérieur de 30%, le niveau des élèves est particulièrement bas.

      2. Organisation Inadaptée et Crise d'Attractivité du Métier

      L'organisation même de l'école est pointée du doigt comme étant déconnectée des besoins fondamentaux des élèves.

      Rythmes Scolaires : S'appuyant sur l'avis de l'Académie nationale de médecine, la Cour souligne que "l'organisation du temps scolaire n'apparaît pas prioritairement conçu en fonction des élèves".

      Le rapport met en évidence le "rôle néfaste de la semaine dite de 4 jours", une spécificité française au sein des pays de l'OCDE où le modèle dominant est la semaine de 5 jours.

      Crise du Recrutement des Enseignants : Le manque d'attractivité du métier est devenu structurel.

      Postes non pourvus : En 2024, 1 350 postes de professeurs des écoles n'ont pas été pourvus sur 10 270 offerts (près de 13%).

      Dans certaines académies comme Créteil et Versailles, il y a moins d'un candidat par poste.  

      Facteurs Multiples : Faible reconnaissance sociale, rémunération peu attractive en début de carrière, conditions de travail dégradées et carrières peu évolutives.

      3. Le Paradoxe d'une Dépense Croissante pour des Résultats Décevants

      Alors que les effectifs sont en forte baisse (prévision de 350 000 élèves en moins entre 2023 et 2028), la dépense publique pour l'école primaire ne cesse d'augmenter.

      Indicateur

      Données Clés

      Dépense Totale (2023)

      55 milliards d'euros (2% du PIB)

      Part de la Dépense Nationale d'Éducation

      29 %

      Croissance (2013-2022)

      +12 % (+6 milliards d'euros hors inflation)

      Répartition du Financement (hors pensions)

      État : ~20 milliards d'euros (2022)

      Collectivités territoriales : 19 milliards d'euros (2022)

      Cette augmentation continue, couplée à la dégradation des résultats, impose selon la Cour de s'interroger sur "l'efficience de la politique éducative".

      4. Recommandations pour une Refondation

      Face à ce diagnostic, la Cour formule plusieurs recommandations structurelles pour "repenser le modèle actuel de l'école" :

      Gouvernance :

      Statut du Directeur d'École : Engager une réforme pour généraliser progressivement la fonction de directeur à temps complet, en commençant par les écoles regroupées, afin de leur donner les leviers pour piloter le projet pédagogique.     ◦ Regroupement d'Écoles : Systématiser les regroupements pédagogiques dans les territoires en déclin démographique (18% des écoles comptent déjà une ou deux classes).     ◦ Partenariat avec les Collectivités : Établir des conventions triennales entre les services de l'Éducation nationale et les collectivités pour objectiver la politique éducative locale (carte scolaire, bâti, périscolaire).

      Attractivité et Formation des Enseignants :

      • Recrutement : Diversifier les viviers en ouvrant plus de postes au 3ème concours et permettre des recrutements sur contrats de moyen terme dans les académies en tension. 

      • Formation Continue : Assurer le remplacement systématique des enseignants en formation, favoriser les formations en équipe de proximité et mieux utiliser les crédits budgétaires alloués (60% non consommés en 2022).

      Pédagogie et Bien-être :

      • Centrer sur l'Élève : Faire du bien-être une priorité, en améliorant la cohérence entre les temps scolaire, périscolaire et extrascolaire.  
      • Numérique : Mieux intégrer le numérique comme outil pédagogique, en renforçant la formation des enseignants.  
      • Transition Écologique : Adapter le bâti scolaire, dont 52% présente des risques climatiques de grande ampleur (canicules, inondations).

      II. Rapport sur la Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC) : Entre Utilité et Opacité

      Issu d'une saisine citoyenne, le rapport sur la CVEC analyse l'utilisation d'une contribution qui a généré près de 900 millions d'euros depuis sa création en 2018.

      1. Un Dispositif Utile mais Perfectible

      La CVEC a permis de financer des actions diversifiées qui ont contribué à améliorer la vie étudiante : services d'écoute psychologique, épiceries solidaires, ateliers sportifs et culturels, aide à l'équipement numérique. Paradoxalement, sa création s'est accompagnée d'un gain de pouvoir d'achat pour la majorité des étudiants, car elle a remplacé la cotisation à la sécurité sociale étudiante, bien plus élevée (217 € en 2017-2018).

      2. Principaux Enseignements et Dysfonctionnements

      L'enquête de la Cour met en évidence six points critiques :

      1. Sous-utilisation des Fonds : Environ 100 millions d'euros sur les 900 millions collectés entre 2018 et 2024 n'avaient pas été dépensés à la date de l'enquête.

      2. Gestion Complexe : Le dispositif est jugé complexe, avec une redistribution par péréquation.

      De plus, une sous-évaluation des plafonds a conduit à des reversements de 14 millions d'euros au budget général de l'État.

      3. Augmentation du Montant : Le montant est passé de 90 € en 2018 à 105 € pour la rentrée 2024, soit une hausse de plus de 16%, sans que les modalités de calcul soient clairement définies pour en maîtriser la progression.

      4. Recouvrement Imprécis : Ni le ministère, ni le réseau des œuvres universitaires ne connaissent le nombre précis d'étudiants assujettis, empêchant de vérifier que tous ceux qui le doivent paient la contribution.

      5. Manque de Cadrage : Il n'existe pas de définition claire de la "vie étudiante", ce qui nuit à la cohérence des dépenses.

      Les seuils d'affectation (30% pour les projets étudiants et le social, 15% pour la médecine préventive) ne sont pas uniformément appliqués.

      6. Manque de Transparence : Les étudiants ont une connaissance "extrêmement limitée" de l'utilisation de la CVEC.

      L'information du Parlement est également jugée insuffisante.

      3. Recommandations de la Cour des Comptes

      Pour remédier à ces faiblesses, la Cour émet cinq recommandations principales :

      1. Résorber les reliquats de crédits inutilisés d'ici 2026.

      2. Préciser la méthode d'indexation de la CVEC sur l'inflation, en prévoyant un mécanisme de plafonnement de la hausse.

      3. Mettre en place des outils pour s'assurer du complet recouvrement de la taxe.

      4. Accroître le financement des projets pour les étudiants inscrits dans des établissements non bénéficiaires.

      5. Renforcer l'information des étudiants et transmettre au Parlement un rapport annuel détaillé sur l'utilisation de la CVEC.

      La Cour souligne enfin que la CVEC "ne pouvait à elle seule répondre à tous les besoins des étudiants", qui relèvent de politiques publiques de plus grande ampleur (logement, santé, précarité).

      III. Perspectives et Débats Parlementaires

      Les interventions des députés ont reflété une large adhésion aux constats de la Cour, tout en soulignant des points de divergence sur les solutions et des préoccupations politiques spécifiques.

      Sur l'enseignement primaire, un consensus s'est dégagé sur la gravité de la situation.

      Les députés ont interrogé la Cour sur les leviers prioritaires à actionner, le bien-fondé du retour à la semaine de 4,5 jours, la nécessité de se concentrer sur les savoirs fondamentaux, et le besoin d'une plus grande autonomie pour les établissements.

      Sur la CVEC, les critiques ont été vives concernant le manque de transparence, les fonds non utilisés et l'augmentation de son montant.

      Plusieurs groupes (Écologiste, LFI-NFP, GDR) ont qualifié la CVEC de "taxe injuste" et appelé à sa suppression au profit d'un financement direct par l'État.

      Le groupe RN a également dénoncé le financement présumé "d'événements à caractère politique et communautaire".

      En réponse, la Cour a insisté sur quatre pistes pour améliorer la transparence de la CVEC : une meilleure association des étudiants aux commissions de décision (en visant un quota de 50%), une communication plus large sur les projets financés (via des portails en ligne, des "ambassadeurs CVEC"), une harmonisation des bilans financiers des établissements, et une clarification des dispositifs pour éviter les doublons.

    1. Synthèse de la Mission Flash sur l'Accompagnement à l'Orientation des Élèves

      Synthèse

      Ce document de synthèse présente les conclusions de la mission flash sur l'évaluation de l'accompagnement des élèves à la découverte des métiers et à l'orientation, menée par les rapporteurs Arnaud Bonet et Laurent Croisier.

      Après quatre mois de travaux et plus de 24 auditions, le rapport dresse le constat d'un système d'orientation perçu comme un "chantier perpétuel" et un "chemin escarpé", source d'angoisse pour les élèves, les familles et les équipes éducatives, en raison de l'absence d'une stratégie nationale claire et de la succession de réformes.

      Les conclusions s'articulent autour de cinq axes majeurs :

      1. Un parcours d'orientation continu : L'orientation doit être un processus de long terme, débutant dès l'école primaire pour déconstruire les stéréotypes et s'étendant tout au long de la scolarité, en impliquant étroitement les familles.

      2. Un accompagnement individualisé : La mise en place d'un référent orientation issu du corps enseignant dans chaque établissement est jugée indispensable, tout comme la création d'un droit effectif à la réorientation et la valorisation des compétences non académiques.

      3. La lutte contre les inégalités : Le rapport souligne que l'orientation reste fortement déterminée socialement et propose des mesures pour combattre l'autocensure, revaloriser la voie professionnelle et mieux accompagner les élèves en situation de handicap et ultramarins.

      4. La mobilisation des moyens : Des investissements significatifs sont nécessaires, notamment pour la formation certifiante des enseignants, le financement d'heures dédiées à l'orientation et la révision de la carte des Centres d'Information et d'Orientation (CIO).

      5. Une coordination renforcée des acteurs : Face aux tensions et à la confusion nées du partage de compétences entre l'État et les Régions depuis 2018, le rapport préconise une clarification des rôles et une meilleure articulation des actions pour offrir un parcours plus cohérent aux élèves.

      Au total, 45 pistes d'amélioration sont proposées pour transformer l'orientation d'un parcours subi en un levier d'égalité des chances et d'émancipation, permettant à chaque jeune de construire un avenir choisi.

      Analyse Détaillée des Conclusions du Rapport

      1. Constat Général : Un Parcours d'Orientation Fragmenté et Anxiogène

      Les rapporteurs ouvrent leur analyse en qualifiant l'orientation de "chantier perpétuel" et de "chemin escarpé et redouté".

      Ce système est marqué par une succession de réformes qui, faute d'une véritable stratégie nationale, ont abouti à une fragmentation des actions.

      L'orientation est trop souvent vécue comme une série de décisions ponctuelles et anxiogènes plutôt que comme un processus continu et réfléchi.

      2. Axe 1 : Pour un Continuum d'Orientation de l'École Primaire au Lycée

      Pour remédier à cette fragmentation, le rapport insiste sur la nécessité de concevoir l'orientation comme un processus s'inscrivant dans la durée.

      Découverte des métiers dès le primaire : Il est proposé d'anticiper la démarche de découverte des métiers dès l'école primaire.

      L'objectif n'est pas d'orienter précocement les élèves, mais d'élargir leurs horizons et de "déconstruire les représentations conduisant à l'autocensure", car "la construction des stéréotypes n'attend pas la classe de 5e".

      Implication des familles : Considérant que les parents sont les "premiers prescripteurs de l'orientation", le rapport préconise d'instaurer un dialogue régulier entre les familles et les équipes éducatives, avec un premier temps d'échange formel dès la classe de 5e.

      Transparence de l'information :

      ◦ Face à une information abondante mais parfois "paralysante", le rôle de l'ONISEP comme acteur de référence est salué.

      La nouvelle plateforme "Avenir(s)", déployée depuis décembre 2023, a vocation à devenir l'outil central pour l'accompagnement de la 5e à la terminale.

      Son adoption reste cependant un défi, avec 86 000 élèves connectés au 30 mai 2024, pour un objectif initial de 200 000.    *  ◦ Une alerte est lancée sur les intitulés des diplômes et des formations, jugés souvent sources de confusion.

      Parcoursup : La plateforme est décrite comme "complexe, opaque et anxiogène". Les rapporteurs recommandent :

      • ◦ D'inscrire dans la loi l'obligation de transparence des algorithmes (déjà publics).  

      • ◦ De rendre publics et clairement formulés les critères de sélection des commissions de vœux.  

      • ◦ L'un des rapporteurs recommande de "rechercher une alternative crédible à Parcoursup" pour garantir un accueil inconditionnel dans les filières universitaires non sélectives.

      Réforme des stages :

      • ◦ Pour le stage de 3e, il est proposé de permettre de le scinder en plusieurs expériences courtes pour découvrir un panel de métiers plus varié et lutter contre la reproduction des inégalités sociales.  

      • ◦ Pour le stage de 2de, il est proposé de supprimer son caractère obligatoire pour en faire un "espace de découverte et d'approfondissement d'un projet personnel".  

      • ◦ La diffusion du "job shadowing" (suivi d'un professionnel pendant une journée) est également recommandée.

      3. Axe 2 : La Nécessité d'un Accompagnement Personnalisé

      L'aide individualisée à l'orientation, bien que prévue dans les textes, n'est pas toujours effective.

      Trois pistes sont avancées :

      Un référent orientation dans chaque établissement : La nomination d'un "référent pour l'orientation et la découverte des métiers" est préconisée dans chaque établissement, y compris dans les lycées généraux et technologiques.

      Ce rôle devrait être confié à un personnel enseignant, et non à un psychologue de l'Éducation nationale (Psy-EN), pour plusieurs raisons :

      • ◦ Les enseignants sont au contact quotidien de l'ensemble des élèves.  

      • ◦ Les Psy-EN sont en nombre insuffisant (ratio estimé à 1 pour 1200 à 1300 élèves).    ◦

      Les Psy-EN partagent leur temps entre plusieurs établissements et leurs missions sont désormais majoritairement centrées sur le suivi psychologique.

      Un droit effectif à la réorientation : Les parcours scolaires sont jugés "trop rigides".

      Le rapport appelle à un "véritable droit à la réorientation", perçu non comme un échec mais comme une opportunité, en créant des passerelles effectives entre les différentes voies.

      Valorisation des compétences non académiques : Le rapport insiste sur la nécessité de repérer et de mettre en valeur les compétences et ressources des élèves, y compris ceux en difficulté scolaire.

      4. Axe 3 : Lutter Contre les Déterminismes et les Inégalités

      L'orientation scolaire reste "très largement socialement déterminée". Le rapport cible cinq champs d'action :

      Combattre l'autocensure : Encourager les mécanismes d'inspiration par les pairs ("rôles modèles") en mobilisant d'anciens élèves, des étudiants ou de jeunes professionnels.

      Impliquer toutes les familles : Organiser des événements sur l'orientation dans des tiers-lieux (maisons de quartier, mairies) pour toucher les familles les plus éloignées de l'école.

      Revaloriser la voie professionnelle : Pour lutter contre la perception de la voie professionnelle comme un "choix par défaut" et une "orientation subie", il est proposé d'inciter à la création de lycées polyvalents et d'expérimenter des classes mixtes en seconde (générale, technologique et professionnelle) autour d'un tronc commun.

      Élèves en situation de handicap :

      • ◦ Garantir un accès prioritaire à l'internat. 
      • ◦ Automatiser la transmission des informations sur les aménagements de scolarité entre établissements (avec accord de la famille).

      Néobacheliers ultramarins :

      • ◦ Augmenter le montant de l'aide "Parcours" (actuellement 500 €).  
      • ◦ Rehausser le plafond fiscal (actuellement environ 27 000 €) du "Passeport pour la mobilité des études".

      5. Axe 4 : Moyens Humains et Budgétaires à Mobiliser

      L'atteinte des objectifs nécessite des moyens concrets.

      Formation des personnels : Mettre en place une formation obligatoire et certifiante à l'orientation pour les enseignants, tant en formation initiale (INSPÉ) que continue.

      Financement des heures dédiées : Les volumes horaires prévus (12h en 4e, 36h en 3e, 54h au lycée) sont souvent indicatifs et non financés.

      Le rapport demande que ces heures soient intégrées à l'emploi du temps et que le référent orientation bénéficie d'une décharge horaire sur ses obligations de service, plutôt qu'une simple indemnité via le "Pacte enseignant".

      Rôle des Psy-EN et carte des CIO :

      • ◦ Mettre à jour le Code de l'éducation qui mentionne encore les "conseillers d'orientation-psychologues", un corps abrogé en 2017.  
      • ◦ Formaliser par convention la mission d'appui des Psy-EN aux enseignants.   
      • ◦ Revoir la carte des 411 CIO, dont le nombre a été réduit d'un quart en dix ans, afin de garantir qu'aucun élève ne soit à plus de 45 minutes en transport en commun d'un centre.

      6. Axe 5 : Améliorer la Coordination entre les Acteurs

      La loi de 2018 confiant l'information sur les métiers aux Régions a créé une source de "confusion" et de "tension" avec l'État, responsable du conseil.

      Un partage de compétences flou : Un consensus se dégage sur la nécessité de clarifier les missions de chacun, sans pour autant opérer un nouveau transfert de compétences vers les Régions.

      Une offre régionale méconnue : L'action des Régions est mal connue des établissements.

      Selon la Cour des comptes (2022), seuls 22 % des établissements déclarent avoir recours aux ressources régionales documentaires et 12 % aux dispositifs régionaux.

      Des outils de coordination inopérants : Le programme annuel d'orientation, qui doit articuler les actions de la Région et le projet de l'établissement, n'est que très rarement mis en place.

      Recommandations de coordination :

      • ◦ Améliorer la communication sur l'offre de services des Régions.  
      • ◦ S'assurer de la mise en place du programme annuel d'orientation dans chaque établissement.  
      • ◦ Cartographier les actions régionales pour identifier les zones non couvertes.  
      • ◦ Garantir que la plateforme "Avenir(s)" de l'ONISEP valorise les informations régionales pour éviter la concurrence.
    1. Synthèse du Rapport sur les Impacts des Réformes du Baccalauréat Professionnel

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les conclusions d'un rapport parlementaire sur les réformes successives du baccalauréat professionnel.

      Le diagnostic central est sans appel : malgré un discours politique constant valorisant la voie professionnelle comme une filière d'excellence, celle-ci demeure une "voie de garage" perçue négativement, marquée par une forte ségrégation sociale et scolaire.

      Les réformes successives depuis 2009, notamment le passage du bac en trois ans, sont identifiées comme la source d'une baisse continue du niveau des élèves. Cette érosion est principalement due à une réduction drastique du volume horaire des enseignements, en particulier généraux, ce qui affaiblit les savoirs fondamentaux des bacheliers.

      En conséquence, leur insertion professionnelle se dégrade (taux d'emploi à 6 mois passé de 50% en 2011 à 45% en 2022) et leur poursuite d'études, bien que croissante, se solde par un taux d'échec élevé (41% en BTS), qualifié de "gâchis humain" et de "trahison".

      Les dispositifs récents, tels que le "parcours différencié" en terminale, sont jugés contre-productifs, générant un absentéisme massif et des difficultés d'organisation insolubles.

      Le rapport préconise des mesures correctrices, dont la possibilité d'une quatrième année de formation pour les élèves en difficulté, et critique le manque de vision stratégique et de concertation qui caractérise les politiques menées.

      1. Diagnostic d'une Voie Dévalorisée et Ségrégative

      Le rapport dresse un portrait sombre de la perception et de la composition sociologique du baccalauréat professionnel, soulignant une hypocrisie politique persistante.

      1.1. Une Perception Négative et une Hypocrisie Institutionnelle

      Bien qu'un bachelier sur trois soit titulaire d'un baccalauréat professionnel (173 000 lauréats en 2024), le diplôme souffre d'un déficit d'image majeur.

      Absence de Célébration : Le rapport note que "l'on ne fête que rarement la réussite au baccalauréat professionnel", un détail révélateur du regard porté sur ce diplôme par les élèves eux-mêmes et la société.

      Discours Politique Contredit par les Faits : Les responsables politiques de tous bords promeuvent la voie professionnelle comme une "voie d'excellence", mais cette rhétorique masque une réalité de relégation et de promesses non tenues.

      Le rapport dénonce une "forme d'hypocrisie consistant à porter au Pinacle cette voie de formation tout en tolérant la relégation".

      Double Discours Interne : L'institution scolaire elle-même entretient une ambiguïté, certaines autorités académiques reprochant aux collèges d'orienter "en trop grand nombre" des élèves vers le bac pro, leur "manquant d'ambition".

      1.2. Un Concentré de Difficultés et une Ségrégation Sociale Massive

      Les lycées professionnels concentrent les difficultés du système éducatif et fonctionnent comme une zone de ségrégation sociale.

      Surreprésentation des Milieux Populaires : 70 % des élèves ont des parents employés, ouvriers ou inactifs, contre moins de 40 % dans les voies générale et technologique.

      Poids de l'Éducation Prioritaire : 29 % des élèves de REP+ et 26 % des élèves de REP s'orientent en seconde professionnelle, contre 18 % hors éducation prioritaire et seulement 10 % issus du privé.

      Concentration des Élèves à Besoins Éducatifs Particuliers :

      ◦ Les jeunes en situation de handicap sont cinq fois plus nombreux en lycée professionnel qu'en filière générale.    ◦ 42 % des élèves allophones scolarisés en lycée le sont en formation professionnelle.

      Orientation Subie : La voie professionnelle est majoritairement une orientation par défaut pour les élèves au niveau scolaire jugé insuffisant. Près de 80 % des élèves du décile le plus faible en 6ème rejoignent un CAP ou une seconde professionnelle, contre seulement 1,8 % des élèves du décile le plus élevé.

      2. L'Érosion du Niveau : Causes et Conséquences

      Le rapport conteste fermement la thèse ministérielle d'une élévation du niveau et identifie la réduction du temps de formation comme la cause principale de la baisse des compétences des bacheliers.

      2.1. Le Passage au Bac en 3 ans : "La Mère de Toutes les Contre-réformes"

      La réforme de 2009, passant le cursus de 4 à 3 ans, est considérée comme la décision fondatrice de la dégradation de la filière.

      Logique Erronée d'Égalité : La réforme visait "l'égale dignité" avec les filières générales en alignant la durée des études.

      Le rapport critique cette approche, arguant que "le principe d'égalité impose de traiter de façon identique des situations identiques mais n'impose nullement de traiter de façon identique des situations différentes".

      Les élèves de la voie professionnelle, ayant des acquis scolaires plus faibles, nécessitaient au contraire un soutien renforcé.

      Avertissements Ignorés : Dès 2005, un rapport de l'Inspection Générale prévenait qu'une "grande majorité d'élèves ne peut pas suivre un parcours vers un baccalauréat professionnel en 3 ans".

      2.2. Une Diminution Continue du Volume d'Enseignement

      Les réformes successives ont entraîné une baisse constante du temps de formation, affectant particulièrement les savoirs fondamentaux.

      Année de Réforme

      Volume Horaire Total (sur 3 ans)

      Volume des Enseignements Généraux (sur 3 ans)

      2009

      2900 heures

      1218 heures

      2018

      2520 heures

      -

      2023

      2350 heures

      1070 heures

      Cette réduction a eu pour conséquence une "perte de connaissance générale et de compétences professionnelles", un "déficit de maturité et de savoir-être" unanimement dénoncés par les syndicats, organisations patronales et experts entendus.

      3. Insertion Professionnelle et Poursuite d'Études : Un Double Échec

      La dévalorisation du diplôme se traduit par une insertion sur le marché du travail plus difficile et un parcours du combattant pour ceux qui poursuivent des études supérieures.

      3.1. Une Insertion Professionnelle en Déclin

      Taux d'emploi à 6 mois : Pour les bacheliers professionnels ne poursuivant pas leurs études, ce taux est passé de plus de 50 % en 2011 à 45 % en 2022.

      L'insertion des titulaires de CAP a diminué dans des proportions similaires.

      Comparaison avec le BTS : Le taux d'emploi à 6 mois pour les titulaires d'un BTS atteint 64 %, ce qui explique l'attrait pour la poursuite d'études.

      3.2. Une Poursuite d'Études Risquée et Coûteuse

      Face à une insertion dégradée, de plus en plus d'élèves se tournent vers l'enseignement supérieur, souvent sans y être préparés.

      Augmentation de la Poursuite d'Études : 47 % des bacheliers professionnels poursuivent leurs études, contre 34 % en 2010, majoritairement en BTS.

      Un Taux d'Échec Massif : 41 % des bacheliers professionnels engagés en BTS échouent à obtenir leur diplôme. Leur taux de réussite est inférieur de 15 à 25 points à celui des bacheliers généraux ou technologiques.

      Un "Gâchis Humain" : Le rapport dénonce "les illusions perdues, un incroyable gâchi humain et osons le mot une forme de trahison" envers des élèves encouragés à continuer sans avoir les bases nécessaires ("fossé parfois infranchissable").

      4. Analyse Critique des Dispositifs des Réformes de 2018 et 2023

      Les réformes les plus récentes sont décrites comme une accumulation de dispositifs "cosmétiques" ou "contre-productifs", mis en œuvre sans vision cohérente.

      4.1. Dispositifs Jugés Inefficaces

      Familles de Métiers : Censées permettre une orientation progressive, elles ont en réalité "contribué à complexifier les parcours" et entraînent une "confiscation du choix de la spécialité" en fin de seconde.

      Co-intervention et Chef-d'œuvre : Qualifiés de "simples gadgets" par Daniel Bloc, le créateur du bac pro, ces dispositifs sont jugés inefficaces. Leur mise en œuvre a demandé une énergie considérable aux équipes pour des résultats décevants. Le rapport propose leur suppression.

      4.2. Le "Parcours Différencié" en Terminale : Une Aberration

      La réorganisation de l'année de terminale (réforme de 2023), avec un parcours en "Y" (stage de 6 semaines pour l'insertion ou cours de 6 semaines pour la poursuite d'études), est un échec retentissant.

      Calendrier Intenable : L'avancement des épreuves en mai pour libérer le mois de juin est qualifié d'"aberration" par tous les acteurs auditionnés, contraignant les élèves à un rythme d'apprentissage trop soutenu.

      Surcharge pour les Entreprises : L'augmentation des semaines de stage (PFMP) s'est faite sans concertation avec les organisations patronales, qui n'étaient pas demandeuses. Une "lassitude des structures hôtes" est constatée face à la multiplication des demandes de stage.

      Absentéisme Massif : Le parcours "poursuite d'études" est marqué par un absentéisme dépassant 60 %, voire 95 % dans certains établissements, et une "démobilisation complète".

      Dérives et Difficultés d'Organisation : La mise en place est un casse-tête pour les établissements, et de nombreux stages se déroulent dans des secteurs sans rapport avec la spécialité de l'élève.

      5. Recommandations Principales

      Face à ce constat, le rapport formule plusieurs propositions structurantes.

      1. Instaurer une 4ème Année Optionnelle : Permettre aux élèves les plus en difficulté de suivre une année de formation supplémentaire, en effectif réduit, centrée sur les savoirs fondamentaux.

      2. Supprimer les Dispositifs Inefficaces : Mettre fin à la co-intervention et au chef-d'œuvre.

      3. Réformer l'Organisation de la Terminale : Revenir sur le "parcours différencié".

      4. Développer les Certificats de Spécialisation : En l'absence de retour au bac en 4 ans, développer massivement ces formations de niveau 4 pour faciliter l'insertion, bien que cela soit une "manière détournée de réintroduire une 4e année".

      5. Lancer une Campagne Nationale de Promotion : Travailler sur le long terme pour changer les mentalités et valoriser réellement la voie professionnelle.

      6. Réactions et Perspectives des Groupes Politiques

      Rassemblement National (Roger Chudo) : Partage le diagnostic du "lycée des pauvres" et des "formations parking". Critique une réforme sans "vision prospective". Propose de confier la formation professionnelle aux régions et de rétablir les 4ème et 3ème technologiques.

      Ensemble (Céline Calvez) : Défend l'engagement présidentiel et les dispositifs comme la co-intervention et le chef-d'œuvre, arguant que "ce n'est pas tant le niveau des savoirs fondamentaux qui est en cause que le sens donné à ses savoirs". S'interroge sur les raisons de leur échec (principe ou manque de moyens).

      LFI-NUPES (Rodrigo Arenas) : Dénonce une vision qui considère les élèves comme une "main d'œuvre en devenir... si possible à bas prix", par opposition aux lycéens de la voie générale "éduqués pour devenir des citoyens".

      Plaide pour un lycée unifié où apprentissages manuels et intellectuels sont accessibles à tous.

      Socialistes et apparentés (Aida Adizadet) : Souligne que le premier métier des enseignants en LP est de "redonner confiance".

      Critique la "logique faussement élitiste" qui divise la jeunesse et rappelle le taux d'absentéisme de 95 % dans le parcours "poursuite d'études".

      Les Républicains (Alexandre Portier) : Affirme que le lycée pro devrait être la "voie royale" et la "clé de voûte de notre souveraineté nationale".

      Note que le LP est le seul segment à avoir gagné des élèves. Prône la stabilité : "le plus urgent c'est surtout d'arrêter de changer tout le temps".

      Écologiste - NUPES (Arnaud Bonet) : Déplore l'instabilité créée par les réformes qui s'enchaînent. Voit les difficultés du lycée pro comme "le reflet" des échecs en amont, au primaire et au collège.

      Démocrate (MoDem et indépendants) (Delphine Lingeman) : Pointe l'hypocrisie générale ("y compris parmi nous") et les problèmes cruciaux de mobilité dans les zones rurales qui entravent le libre choix de l'orientation.

      LIOT (Salvator Castiglioni) : Partage les recommandations et le constat d'un "décalage entre les propos ministériels décrivant une voix d'excellence mais vue par les élèves comme une filière par défaut".

      GDR - NUPES (Jean-Hugues Maillot) : Regrette le traitement marginal de l'Outre-mer, où le décrochage et le chômage des jeunes sont très élevés.

      Utilise la métaphore du poisson et du singe pour critiquer un système qui ne reconnaît qu'un type d'intelligence.

      Interventions additionnelles : D'autres interventions ont souligné le "manque criant d'enseignants qualifiés" (RN), la situation aggravée en Seine-Saint-Denis (LFI), et la nécessité de former des "citoyens dotés d'un véritable esprit critique, pas des simples exécutants" (GDR).

    1. Synthèse du Rapport sur la Loi Handicap de 2005

      Résumé Exécutif

      Vingt ans après sa promulgation, la loi fondatrice du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées reste une promesse largement non tenue.

      Le rapport d'évaluation de l'Assemblée nationale, fruit de six mois de travaux intensifs, dresse un bilan lucide et sévère de son application.

      Malgré des avancées quantitatives, notamment dans la scolarisation, la réalité sur le terrain révèle des échecs qualitatifs profonds et une distance critique entre les droits théoriques et leur effectivité.

      Le rapport identifie une divergence fondamentale entre l'approche "biomédicale" de la loi française, qui centre le handicap sur une déficience individuelle à compenser, et le "modèle social" fondé sur les droits humains de la Convention de l'ONU, qui stipule que c'est à la société de s'adapter.

      Cette divergence est au cœur des critiques "particulièrement sévères" formulées par les Nations Unies à l'encontre de la France.

      Les piliers de la loi de 2005 sont aujourd'hui en crise. La Prestation de Compensation du Handicap (PCH), initialement une avancée majeure, est devenue un dispositif d'une "complexité inouïe" qui ne tient pas sa promesse de compensation intégrale.

      Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), conçues comme des guichets uniques, sont "à bout de souffle", marquées par des délais interminables et des disparités territoriales inacceptables.

      Enfin, le chantier de la désinstitutionnalisation, exigé par l'ONU, n'a jamais été véritablement engagé, perpétuant une forme de "ségrégation" pour de nombreuses personnes.

      Sur les fronts de l'école, de l'emploi et de l'accessibilité, le constat est similaire : les retards sont criants.

      L'école inclusive se résume trop souvent à un accompagnement précaire, l'accès à l'emploi reste deux fois plus difficile, et l'accessibilité du cadre de vie (logements, bâtiments publics, transports, numérique) est un échec patent, aggravé par des reculs législatifs comme la loi Élan de 2018.

      Le rapport, à travers ses 86 recommandations, n'appelle pas à une nouvelle grande loi, mais à un "mouvement de transformation profonde" pour rendre les droits existants enfin effectifs.

      Il insiste sur la nécessité d'une refonte philosophique, d'une planification de la désinstitutionnalisation et de la mise en œuvre du principe "Rien sans nous", afin de placer la parole et l'autodétermination des personnes handicapées au centre de toutes les politiques publiques.

      Introduction

      À l'occasion du vingtième anniversaire de la loi du 11 février 2005, une mission d'évaluation parlementaire a été menée pour mesurer l'impact de ce texte fondateur.

      Dirigée par les rapporteurs Christine Lenabour et Sébastien Petavi, la mission a conduit pendant six mois un travail approfondi, incluant près de 80 auditions d'acteurs variés et une consultation en ligne intitulée "Rien sans nous", qui a recueilli des centaines de témoignages de personnes handicapées et de leurs proches.

      Ce rapport, qui formule 86 recommandations, dresse un bilan sans complaisance des politiques du handicap en France depuis 2005, structuré autour de quatre axes :

      • les droits et prestations,
      • l'accès à l'école et à l'emploi,
      • l'accessibilité du cadre de vie, et
      • la gouvernance.

      I. Une Révolution Philosophique Inachevée

      A. Le Décalage avec les Normes Internationales

      Le rapport souligne une dissonance fondamentale entre la législation française et le contexte international.

      La loi de 2005, bien que novatrice, reste ancrée dans une approche biomédicale du handicap, le considérant principalement comme une déficience individuelle à compenser.

      À l'inverse, la Convention internationale des droits des personnes handicapées (CIDPH) de l'ONU, ratifiée par la France en 2010, promeut un modèle social fondé sur les droits humains.

      Selon ce modèle, "c'est avant tout à la société de s'adapter pour inclure les personnes handicapées, car c'est l'environnement qui génère des handicaps."

      En 2021, l'ONU a rendu un constat "particulièrement sévère", pointant que la France "porte atteinte à de nombreux droits fondamentaux des personnes handicapées".

      B. La Nécessité d'une Nouvelle Définition

      La définition actuelle du handicap en droit français est jugée inadaptée.

      Les rapporteurs insistent sur le fait qu'une modification n'est pas une "question sémantique ou théorique", car toute la législation en découle.

      Une nouvelle définition, alignée sur les principes de la CIDPH, est la première étape pour initier un véritable "effort collectif" visant à garantir la pleine participation des personnes handicapées à la société.

      II. La Crise du Droit à la Compensation et de l'Accompagnement

      A. La PCH : Une Promesse de Compensation Trahie

      La Prestation de Compensation du Handicap (PCH), conçue comme une avancée majeure de 2005, est aujourd'hui une "promesse non tenue".

      Complexité extrême : Le dispositif est devenu d'une "complexité inouïe", avec une portée fortement restreinte par la voie réglementaire.

      Logique bureaucratique : La vie quotidienne est "découpée en actes minutés", chacun avec un tarif et un plafond, loin du soutien à l'autodétermination promis.

      Recommandation phare : Une "refonte globale de la PCH en une prestation unique" visant à soutenir les aspirations et projets de vie des bénéficiaires. La suppression de la barrière d'âge de 60 ans est également préconisée.

      B. Les MDPH : Un Guichet Unique à Bout de Souffle

      Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) sont confrontées à des dysfonctionnements systémiques :

      • Délais de traitement des dossiers "interminables".

      • "Disparités territoriales majeures" dans l'attribution des droits.

      • Complexité des démarches administratives, constituant un "parcours du combattant".

      • Évaluations jugées "trop médicalisées".

      Les rapporteurs appellent à une réforme de la gouvernance territoriale, en recentrant les missions des MDPH sur l'accueil, l'accompagnement et l'évaluation des situations les plus complexes.

      C. La Désinstitutionnalisation : Le Chantier Ignoré

      La France fait l'objet d'une critique majeure de l'ONU pour ne pas avoir engagé de processus de désinstitutionnalisation.

      Ségrégation de fait : Faute d'alternatives (logements adaptés, services d'aide à domicile de qualité), de nombreuses personnes sont "contraintes de résider dans des établissements d'hébergement qui les coupent du monde extérieur".

      Violation des droits : Cette situation viole leur "droit à l'autonomie de vie et à l'inclusion dans la société".

      Recommandation : Planifier sur le long terme la désinstitutionnalisation, en développant des solutions alternatives comme l'accès au logement et le bénéfice d'assistants personnels choisis par les personnes elles-mêmes.

      III. Une Inclusion Sectorielle en Trompe-l'œil

      A. L'École Inclusive : Un Droit Loin d'être Effectif

      Malgré un triplement du nombre d'élèves handicapés scolarisés en 20 ans (près de 470 000 en 2023), ce "succès quantitatif ne doit pas masquer un tableau plus contrasté".

      Indicateur

      Constat

      Orientation

      Le nombre d'enfants orientés par défaut vers le secteur médico-social n'a pas diminué en 20 ans.

      Scolarisation

      8 % des enfants en médico-social ne sont "pas du tout scolarisés". La scolarisation partielle est une réalité massive mais non mesurée.

      Accompagnement

      Le système repose sur les AESH, des professionnelles "trop précaires et insuffisamment formées".

      Formation

      Les enseignants sont "très insuffisamment formés", générant parfois un "rejet préoccupant de l'école inclusive".

      La conviction forte du rapport est que "ce n'est pas aux élèves de s'adapter à l'école, c'est à l'école de s'adapter à eux". Il préconise de dépasser l'approche compensatoire pour promouvoir une conception universelle de l'école, du bâti scolaire aux contenus pédagogiques.

      B. Emploi : Une Insertion Toujours Difficile

      Bien que le taux de chômage des personnes handicapées ait diminué, il reste deux fois plus élevé que celui de la population générale (12 % contre 7,3 %).

      • Les travailleurs handicapés représentent moins de 6 % de la population active occupée.

      • Le fait d'être handicapé multiplie par trois le risque de discrimination au travail.

      • Les passerelles entre le secteur protégé (ESAT) et le milieu ordinaire sont quasi inexistantes (seulement 1 % des travailleurs par an).

      Les recommandations visent à développer l'emploi accompagné, autoriser le cumul entre l'AAH et un emploi au-delà du mi-temps, et poursuivre la transformation des ESAT pour garantir de meilleurs droits aux travailleurs.

      IV. L'Accessibilité Universelle : Le Pilier Oublié

      L'accessibilité, second pilier de la loi de 2005 avec la compensation, fait l'objet d'un "constat sévère".

      Domaine

      État des Lieux

      Logement

      Les retards sont "criants". La loi Élan de 2018 a porté un "coût d'arrêt" en réduisant l'obligation d'accessibilité dans le neuf.

      Bâtiments Publics (ERP)

      À minima, un tiers des ERP demeurent inaccessibles. La situation est critique pour les petits commerces, dont 90 % ne seraient pas aux normes.

      Transports Publics

      L'obligation d'accessibilité a été restreinte en 2014 aux seuls "arrêts prioritaires" (moins de 40 % du réseau).

      Numérique

      En 2024, seuls 3 % des démarches essentielles de l'État sont pleinement accessibles.

      Le rapport appelle à revenir sur les reculs de la loi Élan, à refonder la stratégie d'accessibilité des ERP en renforçant les contrôles et les sanctions, et à mettre fin aux "trop nombreuses dérogations injustifiées".

      V. Gouvernance et Citoyenneté : Le Principe "Rien Sans Nous"

      Un thème central du rapport est l'impératif de cesser d'élaborer des politiques du handicap "sans les personnes handicapées".

      Manque de représentation : Le rapport constate qu'il faut écouter la voix des personnes concernées elles-mêmes, et non uniquement celle "des proches, parents, aidants, professionnels" qui parlent en leur nom.

      La représentation politique est quasi nulle (0,002 % d'élus en situation de handicap pour 16 % de la population).

      Autodétermination : Le rapport insiste sur la nécessité de présumer que les personnes handicapées "peuvent s'exprimer" et "décider pour elles-mêmes".

      Il propose de remplacer la notion de "projet de vie" par celle de "projet d'autodétermination".

      Action en justice : Pour redonner du pouvoir aux personnes concernées, le rapport suggère de permettre les actions de groupe en matière de non-respect des obligations d'accessibilité.

      En conclusion, le rapport parlementaire n'est ni un point final ni un appel à tout effacer.

      C'est une feuille de route exigeante pour que, vingt ans après, la France honore enfin ses promesses et construise une société véritablement inclusive où "l'heure n'est plus aux promesses mais aux actes".

    1. Note de Synthèse : L'instrumentalisation des associations et les voies de la coconstruction

      Synthèse

      Ce document de synthèse analyse les conclusions du webinaire "Face à l'instrumentalisation des associations", quatrième épisode du cycle "Renforcement du monde associatif".

      Il met en lumière la menace croissante de l'instrumentalisation, identifiée comme un des quatre facteurs majeurs d'affaiblissement du secteur associatif, aux côtés de la répression des libertés, de la marchandisation et de la managérialisation.

      Cette instrumentalisation se manifeste par une pression exercée sur les associations pour qu'elles s'alignent sur les politiques publiques, une tendance exacerbée par une transformation structurelle des financements publics qui privilégient la commande publique au détriment des subventions.

      Des exemples récents aux niveaux local, national et européen illustrent une stratégie de discrédit visant les associations qui conservent une parole politique critique, résumée par l'injonction :

      "dès lors que les associations reçoivent de l'argent public, elles ont intérêt à se tenir sages".

      Face à ce scénario d'affaiblissement, le webinaire explore en profondeur l'antidote principal : la coconstruction des politiques publiques.

      Loin d'une simple consultation, la coconstruction est présentée dans sa définition la plus exigeante, impliquant un partage du pouvoir et des éléments de codécision.

      Pour être efficace, elle doit s'appuyer sur une méthodologie rigoureuse, commençant par un diagnostic partagé et se poursuivant jusqu'à l'évaluation commune des actions.

      Deux modèles d'action concrets sont examinés :

      1. Les schémas d'orientation (Solima) du secteur culturel, qui offrent un retour d'expérience de près de vingt ans sur des processus de concertation structurés.

      Bien qu'ils aient prouvé leur efficacité pour améliorer l'interconnaissance et la coopération, ils révèlent des limites quant à leur capacité à faire évoluer durablement les politiques publiques et à surmonter la culture du "qui paie, décide".

      2. La démocratie d'interpellation, qui apparaît comme un prérequis essentiel.

      Ce concept vise à doter les citoyens, et notamment les plus marginalisés, des outils (pétitions à seuils, fonds de soutien) leur permettant d'inscrire leurs préoccupations à l'agenda politique, créant ainsi les conditions initiales d'une future coconstruction.

      En conclusion, si la coconstruction représente une voie prometteuse pour renforcer la vitalité démocratique et l'autonomie du monde associatif, sa mise en œuvre reste un défi majeur.

      Elle se heurte à un contexte politique et économique défavorable et nécessite de surmonter des obstacles culturels profonds pour passer d'une logique de prestation de service à un partenariat authentique fondé sur le partage du pouvoir.

      1. Le Scénario de l'Affaiblissement : L'Instrumentalisation comme Menace Centrale

      Le webinaire identifie l'instrumentalisation comme une composante clé d'un "scénario d'affaiblissement" qui pèse sur le monde associatif.

      Ce processus vise à réduire les associations à un rôle d'exécutantes des politiques publiques, les privant de leur capacité d'initiative, de critique et de participation à la vie de la cité.

      Définition et Manifestations

      L'instrumentalisation est un processus par lequel les pouvoirs publics tendent à considérer les associations non plus comme des partenaires autonomes porteurs de projets d'intérêt général, mais comme de simples prestataires de services.

      Marianne Langlais (Collectif des associations citoyennes - CAC) la définit comme une attente que les associations, dès lors qu'elles sont financées par de l'argent public, "se tiennent sages".

      Cela implique :

      • • S'inscrire sans contester dans la ligne politique dominante, qualifiée de "néolibérale et autoritaire".

      • • Ne pas porter un message politique différent de celui attendu par les financeurs.

      • • Rester "politiquement neutre" dans un contexte qui ne l'est pas.

      Exemples Concrets de Discrédit Politique

      Cette pression s'accompagne de campagnes de discrédit visant à délégitimer les associations qui conservent une parole politique. Plusieurs exemples récents ont été cités : Niveau Acteur Cible Discours / Action Objectif Local Christelle Morançais (Présidente, Pays de la Loire)

      Associations culturelles

      Les accuse d'être le "monopole d'associations très politisées qui vivent d'argent public" pour justifier des coupes budgétaires massives. Justifier des coupes budgétaires.

      National

      Bruno Retailleau (Ministre de l'Intérieur)

      La Cimade et autres associations d'aide aux étrangers

      Affirme qu'elles doivent "agir en cohérence avec l'État", remettant en cause leur travail en centre de rétention.

      Aligner les actions des associations sur la politique gouvernementale.

      Européen

      Droite et extrême droite européenne

      Associations environnementales

      Lancement d'une "fake news" les accusant d'être payées par la Commission pour faire du lobbying pro-pacte vert.

      Les priver de financements européens, notamment du programme LIFE (budget de 5,4 milliards d'euros).

      Le Levier Financier : De la Subvention à la Commande Publique

      Au cœur du processus d'instrumentalisation se trouve une transformation profonde des modes de financement public.

      On observe un recul structurel de la subvention de fonctionnement au profit de la commande publique (marchés publics, appels à projets).

      • Contexte Européen : La création du marché unique en 1987 et sa règle d'or d'une "concurrence libre et non faussée" ont conduit à considérer la subvention comme une potentielle aide d'État illicite.

      • Impact en France : La part des subventions dans les recettes associatives a chuté de 41 % entre 2005 et 2017.

      • Conséquences : Le rapport Suxe ("Renforcer le financement des associations :

      une urgence démocratique", mai 2023) souligne que cette évolution entraîne une "fragilisation de leur équilibre financier, mais aussi et surtout par une perte de sens et une invisibilisation de ce qui caractérise l'association".

      Ce changement modifie radicalement le rapport de force :

      • La subvention reconnaît l'association comme étant à l'origine de l'initiative, sans attente de contrepartie directe.

      Elle favorise une politique ascendante ("bottom-up") où les associations agissent en "vigies citoyennes".

      • La commande publique positionne l'État ou la collectivité comme acheteur d'un service, fixant un cadre strict.

      Elle impose une politique descendante ("top-down") où les associations deviennent des prestataires.

      2. L'Antidote : La Coconstruction des Politiques Publiques

      Face à l'instrumentalisation, la coconstruction est présentée comme le principal antidote, permettant de restaurer un dialogue équilibré et de renforcer la vitalité démocratique.

      Fondamentaux et Définition Exigeante

      La coconstruction est définie non pas comme une simple consultation ou concertation – démarches souvent sources de "effets déceptifs" – mais comme un processus exigeant de partage du pouvoir.

      Selon Jean-Baptiste (CAC), on peut parler de coconstruction "à partir du moment où il y a des éléments de codécision".

      Cette approche s'ancre dans une vision de la démocratie en acte, illustrée par la définition de Paul Ricœur :

      "Est démocratique une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt, et qui se fixe comme modalité d’associer à part égale chaque citoyen dans l'expression, l'analyse, la délibération et l'arbitrage de ces contradictions."

      Une Méthodologie Structurée

      L'expérience montre que la coconstruction est un "chemin escarpé" et ne peut réussir sans méthode.

      Les travaux menés notamment par Laurent Fress dans le cadre d'une recherche-action (2017-2018) ont permis d'identifier cinq étapes clés pour un processus rigoureux :

      1. État des lieux et diagnostic partagé : Coproduire le savoir sur un territoire.

      Cette phase est fondamentale car "savoir, c'est pouvoir". Les Observatoires Locaux de la Vie Associative (OLVA) portés par le Rnma sont des outils privilégiés pour cette étape.

      2. Débat public et priorisation : Dégager collectivement les enjeux prioritaires et définir les modalités de la coconstruction.

      3. Validation des objectifs et plan d'action : Décider d'un plan d'action concret et, point crucial, en déterminer les moyens. C'est souvent à cette étape que les démarches échouent.

      4. Suivi de la mise en œuvre : Piloter conjointement la réalisation du plan d'action.

      5. Bilan commun et évaluation partenariale : Mesurer collectivement les effets et ajuster les priorités.

      Contexte et Obstacles

      La mise en œuvre de la coconstruction se heurte à un contexte général peu favorable :

      • • Une culture politique historiquement jacobine et décisionniste en France.

      • • L'imposition du New Public Management qui cantonne les associations à un rôle de gestionnaires.

      • • Un contexte économique de coupes budgétaires qui fragilise les partenaires associatifs et réduit les marges de manœuvre.

      3. Études de Cas et Modèles d'Action

      Le webinaire a mis en avant deux approches concrètes qui illustrent les potentiels et les défis de la coconstruction.

      L'Expérience du Secteur Culturel : Les Schémas d'Orientation (Solima)

      Présenté par Grégoire Patau (Ufisc), le Schéma d'Orientation des Lieux de Musiques Actuelles (Solima) est une méthode de coconstruction expérimentée depuis près de 20 ans.

      • Principes : Horizontalité (pas de hiérarchie entre les parties prenantes – État, collectivités, acteurs), démarche ascendante, inscription dans la durée.

      • Méthodologie : Un processus cyclique d'observation, conception, mise en œuvre et évaluation.

      • Bilan de l'expérience :

      • ◦ Succès : A systématiquement permis une meilleure connaissance des acteurs du territoire, renforcé les réseaux et généré de nouvelles coopérations.

      • ◦ Limites : A eu un impact plus limité sur la redéfinition concrète des politiques publiques ou l'allocation de nouveaux moyens.

      La posture des pouvoirs publics reste souvent "surplombante" et le principe du "qui paie, décide" difficile à dépasser.

      Le manque de moyens dédiés à l'animation et le risque d'essoufflement sont également des freins majeurs.

      La Démocratie d'Interpellation : Poser les Sujets à l'Agenda

      Léa Galois (Institut Alinski) a introduit le concept de démocratie d'interpellation comme une condition préalable à la coconstruction.

      Il s'agit de permettre aux citoyens, collectifs et associations de faire émerger un sujet et de l'inscrire à l'agenda politique, en particulier pour les voix habituellement "inaudibles".

      • Mécanismes proposés :

      • ◦ Paliers de pétition : Atteindre un certain nombre de signatures déclencherait de nouveaux droits (ex: un droit au dialogue avec les élus, un droit à une contre-expertise, le déclenchement d'un référendum d'initiative citoyenne).
      • ◦ Droit à la ressource : Création d'un "fonds d'interpellation" pour rembourser les frais de campagne et permettre aux groupes disposant de peu de moyens de se mobiliser efficacement.

      • Enjeux : L'un des défis majeurs, observé à Grenoble, est d'éviter que ces dispositifs ne reproduisent les inégalités politiques en étant principalement saisis par les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées (CSP+).

      4. Perspectives et Recommandations Stratégiques

      Pour sortir du scénario de l'affaiblissement, plusieurs pistes d'action sont envisagées.

      • Traduire les Rapports en Actions : Il est jugé crucial d'éviter que le rapport Suxe ne reste lettre morte.

      La préconisation 16 est particulièrement mise en avant : abroger le Contrat d'Engagement Républicain (CER), jugé liberticide, et lui substituer la Charte des engagements réciproques, dont une évaluation nationale des déclinaisons locales est appelée de vœux.

      • L'Enjeu Crucial des Ressources : Un constat traverse toutes les interventions : la coconstruction et l'interpellation requièrent des moyens.

      Il est essentiel de faire reconnaître et financer la fonction "d'ingénierie et d'animation des coopérations" pour garantir un équilibre des pouvoirs dans le dialogue.

      • Vers un "Soulèvement Associatif" : Face au durcissement du contexte, le CAC lance un appel à une mobilisation pour un "soulèvement associatif", visant à reprendre une parole politique forte.

      Cette initiative est soutenue par la nécessité de documenter la situation, notamment via l'enquête nationale sur la santé financière des associations lancée par le Rnma, le Mouvement associatif et Hexopée.

      • S'outiller Méthodologiquement : La suite des travaux de la recherche participative ESCAPE devrait se concentrer sur la production d'outils méthodologiques, voire de manuels et de formations, pour aider les acteurs associatifs et les collectivités à mettre en œuvre des démarches de coconstruction rigoureuses et efficaces.

    1. Résumé de la vidéo [00:00:06][^1^][1] - [00:24:15][^2^][2]:

      Cette vidéo présente la 8ème Journée Départementale de la Parentalité à Agde en 2022, avec une conférence d'Isabelle Roskam. Elle aborde le burn-out parental et les défis de la parentalité au 21e siècle, en mettant l'accent sur les pressions sociétales et les attentes envers les parents.

      Points forts: + [00:00:06][^3^][3] Introduction d'Isabelle Roskam * Présentation de son parcours professionnel * Expérience en psychologie du développement et recherche sur le burn-out parental * Auteur d'ouvrages sur la parentalité + [00:01:47][^4^][4] La parentalité et les émotions positives * La perception culturelle de la parentalité associée au bonheur * Les défis et le stress liés à l'éducation des enfants * La difficulté d'exprimer les aspects négatifs de la parentalité + [00:07:05][^5^][5] Parentalité comme un travail exigeant * Comparaison de la parentalité à un emploi sans possibilité de démission * L'évolution des rôles de genre et les défis de la coparentalité * L'impact des valeurs individualistes sur la parentalité + [00:10:38][^6^][6] Changements sociétaux affectant la parentalité * L'influence de la contraception et le concept de l'enfant choisi * L'évolution du statut de l'enfant et les droits de l'enfant * Les responsabilités parentales décrites dans la Convention internationale des droits de l'enfant + [00:16:57][^7^][7] Développement des sciences psychologiques et éducation * Pression sur les parents à travers les médias et les professionnels * L'importance de l'engagement parental et les recommandations sur la bonne parentalité * La nouvelle pression historique sur les parents et leurs responsabilités + [00:19:02][^8^][8] Le glissement vers le burn-out parental * La différence entre la pression sociétale et le burn-out parental * Description du burn-out parental et ses symptômes * L'importance de l'investissement parental et le contraste avec le burn-out Résumé de la vidéo [00:24:17][^1^][1] - [00:44:58][^2^][2]:

      La conférence aborde le burn-out parental, ses symptômes, ses causes et ses conséquences sur les parents et les enfants. Elle souligne l'importance de l'équilibre entre les stresseurs et les ressources disponibles pour les parents, et propose des solutions pour prévenir et traiter le burn-out parental.

      Points forts: + [00:24:17][^3^][3] Symptômes du burn-out parental * Témoignage d'une mère épuisée par les demandes constantes de ses enfants * Différenciation entre burn-out parental et dépression + [00:26:39][^4^][4] Causes du stress parental * Impact du stress sur la santé physique des parents * Comparaison des niveaux de cortisol chez les parents en burn-out et d'autres groupes stressés + [00:30:00][^5^][5] Prévalence du burn-out parental * Statistiques montrant une prévalence élevée dans les pays occidentaux * Discussion sur l'importance de s'occuper du burn-out parental comme un problème de santé publique + [00:38:01][^6^][6] Conséquences et traitement * Effets néfastes sur la santé des parents et le bien-être des enfants * Approches de prévention et de traitement efficaces pour réduire le stress parental Résumé de la vidéo [00:45:00][^1^][1] - [01:06:42][^2^][2]:

      La conférence d'Isabelle Roskam aborde les défis de la parentalité moderne, contrastant avec les pratiques des années 80. Elle souligne la pression sur les parents pour répondre aux besoins académiques, émotionnels, nutritionnels et sociaux des enfants, tout en évitant la surstimulation et en favorisant une alimentation saine. Roskam discute de l'isolement croissant des parents dans une société individualiste et plaide pour un retour à la solidarité communautaire, rappelant le proverbe africain selon lequel il faut tout un village pour élever un enfant.

      Points forts: + [00:45:00][^3^][3] Contraste entre la parentalité en 1982 et 2019 * Pression pour répondre à tous les besoins des enfants * Différences dans les attentes et les pratiques éducatives * Humour pour souligner les changements sociétaux + [00:46:25][^4^][4] Parentalité solitaire dans la société moderne * Individualisme et réticence à demander de l'aide * Importance de partager les responsabilités parentales * Nécessité de soutien communautaire et informel + [00:50:11][^5^][5] Réflexion sur les sociétés collectivistes * Comparaison avec les modèles éducatifs où l'enfant est élevé par la communauté * Discussion sur l'adaptation des sociétés occidentales à ces modèles * Soutien formel et informel et leur impact sur la parentalité + [00:59:31][^6^][6] Équilibre personnel et parentalité * Gestion du stress parental et importance de maintenir une identité diversifiée * Rôle du travail et de la carrière dans la prévention de l'épuisement parental * Influence du nombre d'enfants et de la dynamique familiale sur le bien-être parental

    2. Le Burnout Parental : Synthèse de la Conférence d'Isabelle Roskam

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les points clés de la conférence d'Isabelle Roskam, Professeure de psychologie du développement, sur le phénomène du burnout parental.

      La parentalité au 21e siècle est soumise à des pressions sociétales intenses et inédites, transformant une expérience traditionnellement perçue comme joyeuse en une source potentielle de souffrance profonde.

      Le burnout parental est un syndrome clinique spécifique, distinct de la dépression et du burnout professionnel, caractérisé par un épuisement physique et émotionnel extrême, une distanciation affective avec ses enfants, et une perte de plaisir dans le rôle parental.

      Il est la conséquence d'un déséquilibre prolongé entre les stresseurs (personnels, familiaux, situationnels) et les ressources disponibles pour y faire face.

      Avec une prévalence touchant jusqu'à 8 % des parents dans des pays comme la France et la Belgique, ce trouble constitue un problème de santé publique majeur.

      Ses conséquences sont graves, incluant des problèmes de santé pour le parent, des idées suicidaires, ainsi que des actes de négligence et de violence envers les enfants.

      Les solutions proposées sont à la fois individuelles et collectives.

      Au niveau individuel, il s'agit de restaurer l'équilibre en réduisant les stresseurs et en augmentant les ressources, via l'écoute, la prévention et des thérapies ciblées.

      Au niveau collectif, une prise de conscience est nécessaire pour relâcher la pression vers une parentalité parfaite, mieux soutenir les parents et recréer un "village" solidaire pour briser l'isolement parental.

      1. Le Contexte Moderne : Pourquoi Être Parent Est Devenu si Exigeant

      Isabelle Roskam postule que la parentalité contemporaine est fondamentalement différente de celle des générations précédentes. Plusieurs changements sociétaux majeurs survenus dans la seconde moitié du 20e siècle ont intensifié la pression sur les parents.

      Évolution des rôles de genre : Le modèle traditionnel (mère au foyer, père pourvoyeur de ressources) a laissé place à une attente de double performance pour les femmes et à une redéfinition du rôle des pères.

      Cela a introduit de nouveaux défis, notamment celui de la coparentalité, qui exige un ajustement constant entre les parents sur les valeurs et méthodes éducatives.

      Montée de l'individualisme : Les sociétés occidentales valorisent l'épanouissement personnel, les désirs et les aspirations individuelles.

      Devenir parent crée une injonction contradictoire : il faut faire passer les besoins de l'enfant avant les siens.

      Cela génère un conflit interne permanent entre la culpabilité de prendre du temps pour soi et la frustration de se dédier entièrement à ses enfants.

      L'avènement de la contraception : Le concept de l'enfant choisi a transformé la parentalité en un projet de vie conscient.

      Cet engagement volontaire augmente la valeur attribuée à l'enfant et au rôle parental, mais induit aussi une pression sociale forte : "tu les as voulus, tu dois assumer", rendant difficile l'expression de la souffrance.

      Changement du statut de l'enfant : En un siècle, la société est passée d'une relative indifférence envers l'enfant (considéré parfois comme une force de travail) à une préoccupation intense pour l'optimisation de son développement (cognitif, émotionnel, social). Rien n'est trop beau ou trop cher pour l'enfant, qui est devenu une valeur centrale.

      La Convention internationale des droits de l'enfant (1989) : Ce texte a formalisé ce nouveau statut en définissant l'enfant comme un sujet de droits. Cela a bouleversé les dynamiques familiales :

      • ◦ L'enfant a désormais droit au chapitre, peut négocier et décider pour sa vie.

      • ◦ Les parents ont le devoir de lui offrir tout le nécessaire pour atteindre son plein potentiel.

      • ◦ L'État a le rôle d'aider les parents (crèches, allocations) mais aussi de surveiller les familles, mettant fin au "règne du pater familias" et instaurant un monitoring social pouvant aller jusqu'au retrait de l'enfant.

      Développement des sciences psychologiques : La diffusion massive de connaissances sur l'éducation, via la littérature de vulgarisation et les réseaux sociaux, a créé une pression immense pour devenir un "bon parent" et appliquer les principes de la parentalité positive, générant une anxiété de performance et une peur de l'erreur.

      2. Le Burnout Parental : Définition, Symptômes et Marqueurs Biologiques

      Le burnout parental est un syndrome spécifique qui ne doit pas être confondu avec la dépression ou un simple état de fatigue.

      Les Symptômes Clés

      1. Épuisement intense : Un épuisement physique et émotionnel qui se manifeste exclusivement dans la sphère parentale. Le parent n'a plus aucune énergie pour s'occuper de ses enfants, mais peut en conserver pour d'autres activités (travail, amis).

      2. Distanciation émotionnelle : Le parent fonctionne en "pilotage automatique". Il assure les tâches essentielles (conduire à l'école, nourrir) mais n'a plus les ressources pour se connecter émotionnellement à ses enfants.

      3. Perte de plaisir dans le rôle parental : Les interactions avec les enfants, autrefois sources de joie, deviennent une corvée.

      4. Contraste avec le "parent d'avant" : Le parent en burnout a conscience de ce changement radical. Il était souvent un parent très investi, voire perfectionniste, avant de s'effondrer.

      Témoignage marquant : "Ce mot 'maman' je ne le supporte plus. La première fois que votre bébé vous dit maman, c’est le plus beau jour de votre vie et aujourd’hui, ce n’est plus un mot que je suis heureuse d’entendre. Vraiment, c’est devenu un mot de torture."

      Distinction avec la Dépression et le Burnout Professionnel

      • • Contextualisation : Le burnout parental est spécifique à la sphère familiale. Une personne peut être en burnout parental et trouver refuge dans son travail, et inversement.

      • • Transversalité : La dépression est un trouble transversal qui affecte toutes les sphères de la vie. Une personne déprimée n'aura ni l'envie ni l'énergie pour ses enfants, son travail ou ses loisirs.

      La Preuve Biologique : Le Cortisol Des études scientifiques ont mesuré le taux de cortisol (l'hormone du stress) accumulé dans les cheveux des parents. Les résultats démontrent une souffrance physiologique réelle et mesurable.

      Groupe de personnes

      Niveau de stress (mesuré par le cortisol capillaire)

      Parents en burnout

      Très élevé

      Victimes de violences conjugales

      Élevé

      Patients souffrant de douleurs chroniques sévères

      Élevé

      Parents épanouis

      Modéré (plus élevé qu'un non-parent)

      Étudiant en période d'examens

      Modéré

      Cette hiérarchie montre que le stress chronique subi par les parents en burnout est physiologiquement supérieur à celui de populations connues pour leur détresse extrême.

      L'excès de cortisol est toxique et explique de nombreux problèmes de santé physique (migraines, troubles digestifs, douleurs) rapportés par ces parents.

      3. Le Mécanisme du Burnout : Le Modèle de la Balance

      Le burnout parental est le résultat d'un déséquilibre chronique entre les stresseurs et les ressources.

      Il survient lorsque les stresseurs sont trop nombreux ou trop intenses, pendant trop longtemps, sans ressources suffisantes pour les compenser.

      • Stresseurs Parentaux : Tout ce qui augmente la charge et la difficulté d'être parent.

      • Socio-démographiques : Nombre d'enfants, faibles revenus, logement exigu.
      • Situationnels : Avoir un enfant malade ou avec des difficultés particulières.
      • Personnels : Traits de perfectionnisme, histoire personnelle, mode de gestion éducative (ex: inconsistance qui multiplie les sollicitations).
      • Familiaux : Mauvaise coparentalité, conflits conjugaux, absence de routines familiales.

      Ressources Parentales : Tout ce qui aide à faire face aux stresseurs.

      • ◦ Soutien du conjoint, compétences parentales, temps pour soi, soutien social (famille, amis), satisfaction professionnelle, etc.

      Le burnout n'est pas nécessairement causé par un seul gros stresseur, mais souvent par une accumulation de petits stresseurs quotidiens qui font pencher la balance du mauvais côté.

      4. Prévalence et Conséquences Graves

      Le burnout parental doit être pris au sérieux pour deux raisons majeures : sa prévalence élevée et la gravité de ses conséquences.

      Prévalence : Un Problème de Santé Publique

      Une étude menée dans 42 pays révèle que les pays occidentaux sont les plus touchés.

      France et Belgique : Des taux de prévalence de 6 à 8 %.

      À l'échelle de la France : Cela représente environ 900 000 parents en souffrance.

      Conséquences

      Le burnout parental a des répercussions dévastatrices sur l'ensemble de l'écosystème familial.

      • Pour le parent :

      • ◦ Problèmes de santé physique exacerbés par le cortisol.

      • ◦ Idées suicidaires très fréquentes. Contrairement au burnout professionnel où l'on peut démissionner ou se mettre en arrêt maladie, il n'y a pas de porte de sortie à la parentalité. Le suicide est parfois perçu comme la seule issue.

      • Pour l'enfant :

      • Négligence : Le parent n'a plus l'énergie de s'occuper adéquatement de l'enfant (aide aux devoirs, surveillance).

      • Violence : La violence peut être verbale ("ma vie serait tellement plus simple si tu n'étais pas là") ou physique. Le parent, à bout, peut avoir des pulsions violentes qu'il peine à contrôler.

      • Pour le couple :

      • ◦ Flambée des conflits conjugaux.

      • ◦ Idées de divorce ou de séparation. La garde alternée peut être envisagée non pas à cause de la fin de l'amour, mais comme une stratégie de survie pour pouvoir "souffler une semaine sur deux".

      5. Pistes de Solution : Agir à l'Échelle Individuelle et Collective

      Solutions Individuelles

      • 1. Écouter et valider la souffrance : La première étape est de briser le tabou et de permettre au parent d'exprimer sa souffrance sans jugement.

      • 2. Prévention : Des programmes comme "Parents sur le fil" visent à aider les parents à relâcher la pression qu'ils s'imposent.

      • 3. Restaurer l'équilibre de la balance : Identifier les stresseurs pour les réduire et identifier/activer des ressources pour les augmenter.

      • 4. Traitement spécialisé : Pour les cas avancés, des thérapies de groupe ont prouvé leur efficacité, réduisant le taux de cortisol de 52 % en huit semaines et le ramenant à un niveau proche de celui des parents épanouis.

      • Solutions Collectives

      Le burnout parental étant en partie un phénomène de société, la réponse doit aussi être collective.

      • 1. Prendre garde aux pressions normatives : Il faut questionner les injonctions à la perfection véhiculées par les réseaux sociaux et certains professionnels.

      • 2. Adopter la bienveillance envers les parents : Les professionnels (pédiatres, enseignants) doivent considérer le bien-être du parent autant que celui de l'enfant.

      L'analogie de l'avion est parlante : "mettre son propre masque à oxygène avant d'aider son enfant". Un parent qui s'épuise ne peut plus prendre soin de son enfant.

      3. Repenser la parentalité positive : Ce concept doit être vu comme un "phare" qui donne une direction, et non comme un but inatteignable.

      Une parentalité "suffisamment bonne" est plus saine pour le parent et pour l'enfant, qui a besoin de se construire face à des adultes imparfaits.

      4. Combattre l'isolement parental : La parentalité est devenue une activité solitaire. Il est crucial de recréer du lien et de la solidarité.

      • Distinguer le soutien formel et informel : Les pays occidentaux offrent beaucoup de soutien formel (services de l'État, associations), mais ont perdu le soutien informel (famille élargie, voisinage). Or, ce dernier est essentiel pour le soutien émotionnel.

      • Retrouver l'esprit du village : Il faut réhabiliter l'idée qu'il est normal et nécessaire de partager les tâches et les responsabilités parentales au sein d'une communauté.

      Comme le dit le proverbe africain : "Pour élever un enfant, il faut tout un village".

    3. https://www.youtube.com/watch?v=r_cQsQ49uHk

      Résumé de la vidéo [00:00:06][^1^][1] - [00:24:15][^2^][2]:

      Cette vidéo présente la 8ème Journée Départementale de la Parentalité à Agde en 2022, avec une conférence d'Isabelle Roskam. Elle aborde le burn-out parental et les défis de la parentalité au 21e siècle, en mettant l'accent sur les pressions sociétales et les attentes envers les parents.

      Points forts: + [00:00:06][^3^][3] Introduction d'Isabelle Roskam * Présentation de son parcours professionnel * Expérience en psychologie du développement et recherche sur le burn-out parental * Auteur d'ouvrages sur la parentalité + [00:01:47][^4^][4] La parentalité et les émotions positives * La perception culturelle de la parentalité associée au bonheur * Les défis et le stress liés à l'éducation des enfants * La difficulté d'exprimer les aspects négatifs de la parentalité + [00:07:05][^5^][5] Parentalité comme un travail exigeant * Comparaison de la parentalité à un emploi sans possibilité de démission * L'évolution des rôles de genre et les défis de la coparentalité * L'impact des valeurs individualistes sur la parentalité + [00:10:38][^6^][6] Changements sociétaux affectant la parentalité * L'influence de la contraception et le concept de l'enfant choisi * L'évolution du statut de l'enfant et les droits de l'enfant * Les responsabilités parentales décrites dans la Convention internationale des droits de l'enfant + [00:16:57][^7^][7] Développement des sciences psychologiques et éducation * Pression sur les parents à travers les médias et les professionnels * L'importance de l'engagement parental et les recommandations sur la bonne parentalité * La nouvelle pression historique sur les parents et leurs responsabilités + [00:19:02][^8^][8] Le glissement vers le burn-out parental * La différence entre la pression sociétale et le burn-out parental * Description du burn-out parental et ses symptômes * L'importance de l'investissement parental et le contraste avec le burn-out Résumé de la vidéo [00:24:17][^1^][1] - [00:44:58][^2^][2]:

      La conférence aborde le burn-out parental, ses symptômes, ses causes et ses conséquences sur les parents et les enfants. Elle souligne l'importance de l'équilibre entre les stresseurs et les ressources disponibles pour les parents, et propose des solutions pour prévenir et traiter le burn-out parental.

      Points forts: + [00:24:17][^3^][3] Symptômes du burn-out parental * Témoignage d'une mère épuisée par les demandes constantes de ses enfants * Différenciation entre burn-out parental et dépression + [00:26:39][^4^][4] Causes du stress parental * Impact du stress sur la santé physique des parents * Comparaison des niveaux de cortisol chez les parents en burn-out et d'autres groupes stressés + [00:30:00][^5^][5] Prévalence du burn-out parental * Statistiques montrant une prévalence élevée dans les pays occidentaux * Discussion sur l'importance de s'occuper du burn-out parental comme un problème de santé publique + [00:38:01][^6^][6] Conséquences et traitement * Effets néfastes sur la santé des parents et le bien-être des enfants * Approches de prévention et de traitement efficaces pour réduire le stress parental Résumé de la vidéo [00:45:00][^1^][1] - [01:06:42][^2^][2]:

      La conférence d'Isabelle Roskam aborde les défis de la parentalité moderne, contrastant avec les pratiques des années 80. Elle souligne la pression sur les parents pour répondre aux besoins académiques, émotionnels, nutritionnels et sociaux des enfants, tout en évitant la surstimulation et en favorisant une alimentation saine. Roskam discute de l'isolement croissant des parents dans une société individualiste et plaide pour un retour à la solidarité communautaire, rappelant le proverbe africain selon lequel il faut tout un village pour élever un enfant.

      Points forts: + [00:45:00][^3^][3] Contraste entre la parentalité en 1982 et 2019 * Pression pour répondre à tous les besoins des enfants * Différences dans les attentes et les pratiques éducatives * Humour pour souligner les changements sociétaux + [00:46:25][^4^][4] Parentalité solitaire dans la société moderne * Individualisme et réticence à demander de l'aide * Importance de partager les responsabilités parentales * Nécessité de soutien communautaire et informel + [00:50:11][^5^][5] Réflexion sur les sociétés collectivistes * Comparaison avec les modèles éducatifs où l'enfant est élevé par la communauté * Discussion sur l'adaptation des sociétés occidentales à ces modèles * Soutien formel et informel et leur impact sur la parentalité + [00:59:31][^6^][6] Équilibre personnel et parentalité * Gestion du stress parental et importance de maintenir une identité diversifiée * Rôle du travail et de la carrière dans la prévention de l'épuisement parental * Influence du nombre d'enfants et de la dynamique familiale sur le bien-être parental

    1. Synthèse du webinaire : "Créer une communauté d'action : comment se lancer ?"

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les principaux enseignements du webinaire organisé par le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) et La Fonda, centré sur la création et l'animation de "communautés d'action".

      Fondée sur la méthodologie de la stratégie d'impact collectif, cette approche vise à structurer la coopération entre divers acteurs territoriaux pour répondre de manière concertée et transversale à des enjeux complexes.

      Les points clés sont les suivants :

      1. Une Méthodologie Structurante :

      La démarche s'appuie sur des phases claires (impulsion, structuration, pérennisation) et cinq conditions de réussite, dont la plus cruciale est l'existence d'une "fonction de soutien".

      Cette fonction, véritable colonne vertébrale de la coopération, est chargée d'animer, de coordonner et de faciliter le travail collectif.

      2. Deux Expérimentations Riches d'Enseignements :

      Pendant deux ans, des expérimentations ont été menées à Morlaix (portée par le Résam sur la transition écologique et alimentaire) et à Mulhouse (portée par le Carré des associations sur la jeunesse).

      Ces deux cas pratiques démontrent la capacité de la méthode à fédérer des acteurs hétérogènes (associations, citoyens, collectivités, institutions) et à produire des résultats concrets, allant de l'amélioration des parcours pour les jeunes à la création de projets sur la sécurité sociale de l'alimentation.

      3. Des Résultats Tangibles au-delà des Projets :

      L'impact majeur réside dans la transformation des modes de collaboration.

      Les expérimentations ont permis de renforcer l'interconnaissance, d'instaurer des relations plus horizontales, et d'ancrer la méthode au sein de politiques publiques locales (Contrat de Ville, Contrat Territorial Global de la CAF à Mulhouse).

      4. Le Défi Central du Financement : La pérennisation de ces dynamiques se heurte à un obstacle majeur : le financement de la fonction de soutien.

      Les financeurs publics privilégient traditionnellement les "actions concrètes" au détriment du temps d'animation et de coordination, pourtant essentiel à la réussite et à la durabilité des coopérations.

      5. Des Perspectives d'Essaimage :

      Le webinaire a confirmé un fort intérêt pour la méthode. Les participants ont exprimé des besoins clairs en matière d'outils, de formation et d'échanges entre pairs.

      Le RNMA et La Fonda envisagent la création d'une "communauté d'apprentissage" pour accompagner les territoires désireux de se lancer.

      En conclusion, la création de communautés d'action représente une voie prometteuse pour renforcer l'impact des initiatives locales.

      Sa réussite dépend cependant d'un changement de paradigme, notamment de la part des financeurs, pour reconnaître et soutenir le travail indispensable de mise en lien et d'animation territoriale.

      I. Le Cadre Méthodologique : La Stratégie d'Impact Collectif

      La démarche de création de communautés d'action s'ancre dans l'approche de la stratégie d'impact collectif, présentée comme un cadre permettant de structurer et de pérenniser la coopération sur un territoire.

      A. Définition et Promesse

      L'impact collectif est défini comme la capacité à mettre en cohérence des actions et à favoriser des dynamiques concertées pour apporter des réponses adaptées et transversales à des enjeux complexes et partagés.

      La promesse de cette approche est de générer des réponses de meilleure qualité, car elles sont construites en commun autour d'objectifs partagés.

      Le postulat de départ est que les enjeux territoriaux (du quartier à l'international) sont multifactoriels et appellent à la coopération.

      L'objectif n'est pas de multiplier les projets, mais de relier ce qui existe déjà pour aligner les actions vers un changement souhaité, défini collectivement.

      B. Les Étapes et Conditions de Réussite

      La mise en œuvre d'une stratégie d'impact collectif suit trois grandes phases :

      • 1. Impulsion : Définition et partage de l'enjeu.

      • 2. Structuration : Mise en commun et coordination des moyens et des ressources.

      • 3. Pérennisation : Ancrage de la dynamique dans la durée.

      Cinq conditions sont identifiées comme nécessaires à la réussite de la démarche :

      • • Une vision partagée des enjeux.

      • • Des actions qui se complètent mutuellement autour d'un plan d'action partagé.

      • • Une approche de l'évaluation pensée dès le début et conduite en commun.

      • • Une communication continue entre les acteurs.

      • • L'existence d'une "fonction de soutien" dédiée.

      C. La "Fonction de Soutien" : Clé de Voûte de la Coopération

      La "fonction de soutien" est l'acteur ou la structure en charge d'animer et de faire vivre la coopération.

      Elle est décrite comme la colonne vertébrale de la démarche.

      Missions Clés :

      • Coordonner les engagements des partenaires.
      • Faciliter le dialogue et l'interconnaissance.
      • Assurer la fluidité et la circulation des informations.
      • • Recueillir et analyser les données du terrain (notamment pour l'évaluation).
      • • Proposer des orientations stratégiques à construire collectivement.
      • Rechercher des financements pour la communauté d'action.

      Postures et Rôles :

      • • Écoute : Pour comprendre les besoins et favoriser l'inclusion.

      • • Coordinateur : Pour structurer les échanges et veiller au bon déroulement des actions.

      • • Animateur : Adopter une "posture haute" pour affirmer une position dans certaines décisions, ou une "posture basse" pour favoriser la prise d'initiative des membres.

      Cette fonction assure également un important travail "caché" entre les réunions : préparation des ordres du jour, rédaction des comptes-rendus et des documents stratégiques.

      II. Retours d'Expérience : Les Communautés d'Action de Morlaix et Mulhouse

      Deux territoires ont expérimenté cette méthode pendant deux ans, avec l'accompagnement du RNMA et de La Fonda.

      A. L'Expérimentation de Morlaix (Résam) : La Transition Alimentaire

      • Structure porteuse : Le Résam (Réseau d'échange et de service aux associations du Pays de Morlaix), une maison des associations associative à gouvernance partagée.

      • Genèse du Projet : Le projet est né d'une demande des associations locales autour des transitions écologiques et d'un besoin de l'équipe du Résam de renouveler ses pratiques d'animation territoriale. Le contexte local, marqué par une pénurie d'eau inédite, a renforcé la pertinence du sujet.

      • Déroulement et Acteurs : Sur une thématique large des "transitions écologiques", la communauté d'action a progressivement affiné son objet pour se concentrer sur l'autonomisation alimentaire du territoire respectueuse du vivant.

      La dynamique a rassemblé un groupe hétérogène de citoyens, associations, entrepreneurs, techniciens de collectivités et élus, animé via des journées complètes de travail tous les deux mois. Un comité de pilotage a été formé avec le Résam, le Pôle ESS local et l'Ulamir CPIE.

      • Difficultés Rencontrées :

      • ◦ La gestion d'un groupe très hétérogène, avec des attentes et des capacités d'agir différentes.

      ◦ Le décalage de temporalité avec les politiques publiques locales, notamment le Plan Alimentaire Territorial en cours d'élaboration.

      • Réussites et Résultats :

      • ◦ Une forte coordination et des habitudes de travail communes installées entre les trois structures de la fonction de soutien.

      • ◦ Une démarche perçue comme novatrice sur le territoire, réussissant à structurer un dialogue entre des acteurs variés.

      • ◦ Une forte dimension humaine, avec un plaisir partagé des participants à se retrouver.

      • ◦ La validation d'une charte commune après un travail collectif approfondi.

      • ◦ Le lancement d'une expérimentation sur la sécurité sociale de l'alimentation.

      • ◦ Une reconnaissance croissante de la "communauté d'action" sur le territoire.

      B. L'Expérimentation de Mulhouse (Carré des associations) : L'Accompagnement de la Jeunesse

      Structure porteuse : Le Carré des associations, une maison des associations municipale, intégrée à la Direction cohésion sociale et vie des quartiers de la Ville de Mulhouse.

      Genèse du Projet : Le constat d'un territoire très dynamique mais peinant à pérenniser ses expérimentations et à faire travailler ses acteurs ensemble.

      La ville de Mulhouse, très jeune et marquée par de fortes disparités sociales, a vu dans la méthode un moyen de créer du lien et d'améliorer l'accompagnement des initiatives.

      • Déroulement et Acteurs : Partie d'un enjeu général d'accompagnement de projet, la communauté d'action s'est rapidement focalisée sur la jeunesse.

      Elle a rassemblé des partenaires institutionnels variés : services de la Ville, État (politique de la ville), CAF, Alsace Active, Unicité, Mission Locale, etc.

      Un principe clé a été l'adoption d'une posture horizontale, où la Ville n'est pas un décideur mais un partenaire égal aux autres.

      • Difficultés Rencontrées :

      • ◦ Le départ de certains partenaires (État, France Active) par manque de temps ou d'alignement avec la thématique.

      • ◦ L'émergence récente de la question de la rémunération du temps de travail investi par les partenaires associatifs, posant un défi pour la pérennisation.

      • Réussites et Résultats :

      • ◦ L'amélioration de la connaissance mutuelle et la transformation des relations hiérarchiques en coopération horizontale.

      • ◦ La méthode a nourri les pratiques de chaque structure partenaire (projets sociaux des centres sociaux, par exemple).

      • ◦ Des passerelles concrètes ont été créées, fluidifiant les parcours des jeunes entre les différentes structures (ex: lien entre le budget participatif de la ville et les jeunes suivis par Unicité).

      • ◦ La méthode a été inscrite dans des cadres structurants comme le nouveau Contrat de Ville et le Contrat Territorial Global (CTG) de la CAF.

      • ◦ Un poste pour la fonction de soutien est envisagé dans le cadre du CTG, offrant une voie de pérennisation.

      III. Outils et Méthodes Clés

      Deux outils structurants utilisés lors des expérimentations ont été présentés.

      A. Le Scénario Idéal : Construire une Vision Partagée

      Cet outil de prospective a été utilisé en phase d'impulsion pour définir une vision et une problématique communes.

      • Objectif : Aider le groupe à se projeter dans un futur souhaitable pour identifier les enjeux prioritaires et se mettre d'accord sur un vocabulaire commun.

      • Processus :

      • 1. Identifier des tendances prospectives sur le territoire (ex: érosion de la biodiversité).
      • 2. Prioriser ces tendances en fonction de leur impact et de la capacité du groupe à agir.
      • 3. Formuler des scénarios idéaux à un horizon donné (ex: "En 2035, grâce à nos actions, le territoire est exemplaire...").
      • 4. Décrire ce qui se passe concrètement dans ce futur souhaitable.
      • 5. Formuler des problématiques sous forme de questions ("Comment faire pour...?").
      • 6. Prioriser une "question essentielle" qui devient la problématique centrale de la communauté d'action.

      B. La Cartographie des Acteurs : Rendre Visible et Relier l'Existant

      Cet outil, utilisé en phase de structuration, vise à capitaliser sur l'existant plutôt qu'à créer de nouveaux dispositifs.

      • Objectif : Rendre lisible comment les acteurs présents répondent déjà à l'enjeu partagé, identifier les complémentarités et les "trous dans la raquette".

      • Processus :

        1. Recenser les actions existantes menées par les membres de la communauté.
        1. Catégoriser ces actions en fonction des objectifs intermédiaires et globaux de la communauté (ex: à Mulhouse, les actions ont été classées selon qu'elles relevaient de l'insertion, de l'appui à l'engagement, de l'appui aux initiatives, etc.).
        1. Visualiser sur un schéma qui fait quoi et à quelle étape d'un parcours (ex: le parcours d'engagement d'un jeune).

      • Utilité : La cartographie devient une boussole pour les professionnels, facilitant l'orientation des publics entre les différentes structures et renforçant la coopération opérationnelle.

      IV. Enjeux et Perspectives pour l'Essaimage

      La fin du webinaire a ouvert une discussion sur la transférabilité de la démarche.

      A. Les Besoins des Acteurs de Terrain

      Les participants ont exprimé un vif intérêt et ont formulé plusieurs besoins pour se lancer :

      • Accès aux outils : Le site ressource en préparation par le RNMA est attendu.

      • Formation : Des temps dédiés pour s'approprier la méthode de manière plus approfondie.

      • Échange entre pairs et codéveloppement : Un espace pour partager les expériences, les difficultés et les réussites dans la durée.

      B. Le Défi du Financement de la "Fonction de Soutien" C'est l'enjeu principal qui a émergé. Les financements publics sont souvent fléchés vers des actions visibles et quantifiables, rendant difficile la valorisation du temps d'ingénierie, de coordination et d'animation.

      Or, sans ce temps dédié, les dynamiques coopératives peinent à se maintenir.

      Les intervenants ont qualifié la reconnaissance de ce travail de "combat politique" à mener, tant par les associations que par les collectivités, pour démontrer que l'animation territoriale est une condition essentielle de l'impact des politiques publiques.

      C. Vers une Communauté d'Apprentissage

      En réponse aux besoins exprimés, le RNMA et La Fonda proposent de lancer une communauté d'apprentissage.

      L'objectif serait de créer un espace d'échange de pratiques et de soutien pour les structures souhaitant impulser des communautés d'action sur leur territoire, que ce soit dans le cadre de Guide'Asso, de politiques alimentaires ou d'autres thématiques.

      Des rencontres futures, notamment avec des acteurs de la philanthropie comme la Fondation de France, sont envisagées pour faire avancer la réflexion sur le financement de ces transformations systémiques.

    1. La Démarche d'Observation Locale de la Vie Associative (OLVA)

      Résumé

      La démarche d'Observation Locale de la Vie Associative (OLVA), pilotée par le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA), est une initiative structurée visant à combler le manque de données sur le tissu associatif à l'échelle territoriale.

      Face à une statistique publique jugée insuffisante et mal adaptée aux réalités associatives, l'OLVA propose une méthodologie rigoureuse pour objectiver les réalités, mesurer les évolutions et permettre des comparaisons entre territoires.

      La finalité est de "connaître pour agir" : transformer la connaissance produite en actions concrètes, en politiques publiques éclairées et en un accompagnement plus pertinent pour les associations.

      La démarche repose sur deux piliers :

      • une enquête quantitative (l'observation) via un questionnaire standardisé d'une cinquantaine de questions, et

      • la création d'une dynamique partenariale (l'observatoire) associant acteurs associatifs et publics.

      Ce processus se décline en trois phases : la préparation (définition des enjeux locaux, formation), la diffusion de l'enquête (mobilisation des partenaires), et l'analyse des données suivie d'actions post-enquête.

      Le RNMA fournit un accompagnement complet incluant des formations, des outils (questionnaire, plateforme en ligne), l'analyse statistique et la mise en réseau des quelque 50 observatoires actifs.

      Les livrables finaux incluent une infographie synthétique, une analyse des associations employeuses et un rapport d'enquête détaillé, conçus pour aider à la décision, renforcer la reconnaissance du secteur et mettre en débat les enjeux de la vie associative.

      1. Contexte et Origine de la Démarche

      1.1. Le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA)

      Le RNMA est une tête de réseau regroupant un peu plus de 100 structures membres réparties sur le territoire français.

      Sa spécificité réside dans l'hybridité de ses membres, qui incluent des Maisons des Associations sous statut associatif et des services "Vie Associative" de collectivités publiques.

      Cette diversité est considérée comme une richesse pour le réseau.

      Les missions principales du RNMA sont :

      • Faire réseau : Créer des synergies entre les membres via des rencontres nationales et des projets communs. • Coordonner des projets : L'OLVA est un exemple de projet né d'un enjeu commun identifié : le besoin de connaissance de la vie associative locale. D'autres chantiers portent sur l'engagement ou le métier d'accompagnateur. • Être un relais : Porter les enjeux et problématiques des membres et des associations qu'ils accompagnent auprès des partenaires publics et privés.

      1.2. La Genèse de l'OLVA

      La démarche OLVA est née d'un constat fondamental : la méconnaissance de la vie associative à l'échelle d'un territoire. La statistique publique est jugée "assez faible" pour décrire ce secteur, étant principalement conçue pour le monde économique.

      Pour répondre à ce besoin, le RNMA s'est inspiré dès 2006 des travaux de Viviane Chardononog, chercheuse au CNRS qui produit régulièrement des "paysages associatifs français".

      La méthodologie d'observation nationale a été adaptée et déclinée à l'échelle locale de manière progressive, par des tests puis la création d'outils.

      Depuis 2021, une évolution majeure a été la mise en place d'un système de lancement d'observations synchronisées, créant des "vagues" d'observatoires. Cette approche facilite l'accompagnement et génère une dynamique d'échange et de partage entre les territoires participants.

      2. Les Objectifs Stratégiques de l'OLVA

      La démarche poursuit un objectif principal : "Connaître pour agir". La connaissance n'est pas une fin en soi, mais un levier pour transformer les réalités et répondre aux besoins identifiés.

      2.1. Objectifs Liés à l'Observation

      1. Objectiver les réalités : Dépasser les "ressentis" sur la structuration du tissu associatif en produisant des chiffres et des données factuelles.

      2. Mesurer les évolutions : Après une première enquête qui établit une "photo statique", les observations suivantes permettent de comparer les "millésimes" et de suivre les dynamiques sur le long terme.

      3. Se comparer : La méthodologie commune appliquée sur une cinquantaine de territoires permet de situer les réalités locales par rapport à d'autres territoires et aux tendances nationales décrites par Viviane Chardononog.

      2.2. Objectifs Liés à l'Action

      • Aider à la décision : Fournir des données pour orienter les politiques publiques des collectivités et les stratégies d'accompagnement des structures d'appui associatives.

      • Communiquer sur le secteur : Lutter contre les préjugés sur le monde associatif en partageant des réalités objectivées.

      • Favoriser la reconnaissance : Mettre en lumière la transversalité et la globalité de la vie associative, souvent cloisonnée par secteurs (sport, culture, etc.) au sein des collectivités. L'enquête permet d'aborder les enjeux de manière transversale.

      • Créer du commun : Les temps de restitution de l'enquête sont des occasions pour des associations de secteurs différents de se rencontrer, de partager des difficultés communes et de créer une "espèce de commun de la vie associative".

      • Mettre en débat : Utiliser les résultats de l'enquête pour identifier les difficultés, se poser les bonnes questions et rassembler les acteurs autour de la table.

      3. Méthodologie et Déroulement

      La démarche OLVA s'articule autour de deux axes complémentaires : l'observation (l'enquête elle-même) et l'observatoire (la dynamique partenariale).

      3.1. L'Enquête (L'Observation) Il s'agit d'une enquête principalement quantitative, avec la possibilité d'y associer un volet qualitatif (par exemple, via un partenariat universitaire).

      Le Questionnaire : * • Format : Environ 50 questions. * • Temps de remplissage : Environ 20 minutes.

      • Structure en 4 parties :

        1. Profil de l'association : Secteur d'activité, âge, périmètre d'action.
        1. Membres de l'association : Profil des dirigeants, bénévoles, volontaires.
        1. Moyens de fonctionnement : Ressources, régime de financement, locaux.
        1. Besoins et perspectives.

      Ce questionnaire "tronc commun" peut être complété par des questions spécifiques définies en fonction des enjeux du territoire.

      3.2. La Dynamique Partenariale (L'Observatoire)

      C'est un aspect essentiel qui consiste à associer d'autres acteurs du territoire concernés par l'enquête (fédérations associatives, acteurs publics, etc.). Cette collaboration vise à : • Garantir une large diffusion du questionnaire au-delà des contacts habituels. • Permettre une action post-enquête en impliquant dès le départ ceux qui pourront répondre aux besoins exprimés. • Favoriser l'interconnexion des acteurs du territoire.

      3.3. Les Trois Phases de la Démarche

      Phase

      Description des Actions

      1. Préparation de l'enquête

        • Définition des objectifs et enjeux spécifiques au territoire.<br>
        • Formulation des questions complémentaires au tronc commun.<br>
        • Mobilisation des données existantes (notamment INSEE pour les associations employeuses).<br>
        • Organisation de formations par le RNMA.

      2. Diffusion et recueil

        • Mobilisation de l'observatoire et des partenaires pour une diffusion large (en ligne, questionnaire papier).<br>
        • Association possible avec des événements forts (ex: Forum des associations).<br>
        • Animation de la collecte : phoning, relances ciblées par secteur pour assurer un échantillon cohérent.<br>
        • Accompagnement du RNMA pour le suivi de la qualité de l'échantillon.

      3. Analyse et post-enquête

        • Analyse statistique des données réalisée par le RNMA (vérification de cohérence, croisements de variables).<br>
        • Partage des premiers résultats avec le porteur de projet pour identifier des axes d'approfondissement.<br>
        • Organisation du travail post-enquête pour répondre aux besoins identifiés et dialoguer avec les pouvoirs publics.

      4. Moyens et Accompagnement du RNMA

      4.1. Moyens Humains Requis

      Le RNMA identifie trois fonctions clés à mobiliser pour mener à bien une démarche OLVA :

      • 1. Pilotage : Gestion de projet (planification, suivi, moyens).

      • 2. Animation : Mobilisation des partenaires, diffusion de l'enquête, communication. Cette fonction peut être assurée en interne ou via des stagiaires ou services civiques.

      • 3. Analyse : Assurée par le RNMA, avec une possibilité de transfert de compétences ("formation-action") vers la structure porteuse pour de futures observations.

      4.2. Appuis Fournis par le RNMA

      • Accompagnement et Formations :

      • ◦ Structurer une démarche d'observation (2 jours) : en amont du projet.
      • ◦ Analyse de données (1 jour) : en fin d'enquête, pour maîtriser les résultats.
      • ◦ Mener une enquête éclair : formation pour des enquêtes plus simples et rapides sur des sujets spécifiques.

      • Outillage : Fourniture du questionnaire tronc commun, mise en ligne, plateforme de collecte de données et outils issus de l'expérience des autres territoires.

      • Analyse de données : Exploitation des données existantes (créations d'associations, associations employeuses) et analyse complète des données collectées.

      • Mise en réseau et valorisation : ◦ Organisation de journées d'échange de pratiques deux fois par an pour les 50 observatoires. ◦ Valorisation des travaux locaux via des colloques, articles, etc.

      4.3. Livrables

      Trois types de documents sont produits à l'issue de l'analyse :

        1. Infographie "Les chiffres clés de la vie associative" : Un document synthétique et visuel de 4 pages, facile à diffuser.
        1. Document sur les associations employeuses : Une analyse courte basée sur les dernières données INSEE Flores.
        1. Rapport d'enquête complet : Un document d'environ 40 pages traitant toutes les questions avec graphiques, commentaires et détail de la méthodologie.

      5. Partenariats et Enjeux Territoriaux (Synthèse des échanges)

      5.1. Articulation avec Guid'Asso

      • • Le RNMA est membre du comité de pilotage national de Guid'Asso et accompagne son déploiement sur les territoires.
      • • Les questions posées par les observatoires (structuration de la vie associative, besoins, articulation des appuis) sont jugées "très connexes" à la structuration de cette politique publique.
      • • L'articulation se fait de manière variable selon les territoires, mais il est noté un développement d'observatoires régionaux (ex: Hauts-de-France) qui permettent une approche différente.

      5.2. Relations avec les Collectivités et la Charte des Engagements Réciproques

      • • Le RNMA et ses membres connaissent et travaillent sur la déclinaison de la Charte des engagements réciproques entre l'État, les associations et les collectivités.
      • • Il est souligné que l'enjeu réside moins dans le document lui-même que dans le processus de co-construction.
      • • La mise en place d'une telle charte peut être une des conséquences concrètes d'une démarche d'observation, en réponse aux défis identifiés.

      5.3. Échelle d'Action et Compétences * • L'observation se fait souvent à l'échelle d'une commune ou d'une communauté de communes. * • Une difficulté est identifiée à l'échelle des communautés de communes : la "vie associative" reste souvent une compétence communale, ce qui peut limiter la capacité des intercommunalités à porter de tels projets. * • Cependant, lorsque le portage est associatif (par une Maison des Associations), le bassin de vie ou la communauté de communes est plus régulièrement l'échelle privilégiée.

      6. Considérations Pratiques

      • • Coût de la démarche : Le coût varie en fonction de la taille du territoire, mais se situe généralement entre 8 000 et 12 000 €. Ce montant est ajustable en fonction du niveau d'analyse et de transfert de compétences souhaité.
      • • Format des formations : Elles sont privilégiées en présentiel pour faciliter les échanges et la connaissance mutuelle.
    1. Synthèse du webinaire : Face à la marchandisation des associations

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les conclusions du webinaire intitulé "Face à la marchandisation des associations", deuxième épisode du cycle "Écrire collectivement le scénario de renforcement du monde associatif".

      Il met en lumière une transformation profonde du secteur associatif français, caractérisée par un glissement d'un modèle de partenariat avec la puissance publique vers une logique de marché concurrentiel.

      Les principaux moteurs de cette "marchandisation" sont doubles : * l'adoption du New Public Management depuis les années 1980, qui impose une culture du résultat et de l'évaluation quantitative, et * les règles de concurrence du marché unique européen, qui considèrent par défaut les associations comme des entreprises.

      Cette dynamique se matérialise par le recul de la subvention de fonctionnement au profit de la commande publique (appels à projet, marchés publics), transformant les associations en prestataires de services et les privant de leur capacité d'initiative et d'interpellation politique.

      Ce phénomène est exacerbé par l'essor de l'entrepreneuriat social, qui brouille les frontières entre lucrativité et non-lucrativité, et par la financiarisation du secteur via des outils comme l'investissement et les contrats à impact social.

      Le cas du secteur de la petite enfance illustre concrètement comment des acteurs lucratifs pénètrent des champs historiquement associatifs, utilisant des montages complexes ("associations écran") pour capter des fonds publics.

      Face à ce constat, plusieurs pistes de "démarchandisation" sont proposées.

      Elles incluent la nécessité de redonner un pouvoir politique à la subvention, d'explorer des modèles de financement alternatifs inspirés de la Sécurité Sociale de l'Alimentation ou du modèle belge de l'éducation permanente, et de "reconscientiser" les élus et techniciens des collectivités à la spécificité du fait associatif.

      La reconquête sémantique, notamment sur la notion d'évaluation (utilité sociale contre mesure d'impact), et le renforcement des réseaux et du plaidoyer collectif apparaissent comme des stratégies cruciales pour défendre un modèle associatif fondé sur l'intérêt général, la citoyenneté et la démocratie.

      1. Introduction et Contexte du Webinaire

      Le webinaire s'inscrit dans un cycle de réflexion organisé en partenariat par le Réseau National des Maisons des Associations (Rnma) et le Collectif des associations citoyennes (CAC).

      Il vise à explorer collectivement les scénarios de renforcement du monde associatif face aux dynamiques d'affaiblissement actuelles.

      Cet épisode se concentre spécifiquement sur le phénomène de marchandisation, ses constats, ses réalités de terrain et les pistes pour y faire face.

      Intervenants principaux :

      • Marianne Langlais : Coordinatrice de l'Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (CAC).

      • Frédéric Bilde : Président de l'ACEPP Sud-Ouest (Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels).

      • Thomas Lowers : Administrateur du Rnma et Directeur de la Maison des Associations de Roubaix.

      Le webinaire s'est articulé autour de deux temps forts : une analyse du processus de marchandisation et une exploration des pistes de "démarchandisation".

      2. Analyse Approfondie du Phénomène de Marchandisation

      A. Un Cadre Théorique : Les Quatre Vecteurs d'Affaiblissement

      Marianne Langlais a introduit l'analyse en présentant quatre vecteurs interdépendants qui affaiblissent le monde associatif, identifiés par le CAC :

      1. La Marchandisation : La transformation des modes de financement, avec le passage de la subvention à la commande publique et l'augmentation des ressources marchandes.

      2. La Managérialisation : L'adoption de techniques de management issues de l'entreprise lucrative, perçues comme le seul modèle légitime, au détriment des formes d'organisation collective propres aux associations.

      3. L'Instrumentalisation : Les associations sont de plus en plus vues comme de simples prestataires de services chargés de mettre en œuvre des politiques publiques pensées sans elles, perdant leur rôle d'initiative et de création de droits.

      4. La Mise à Mal des Libertés Associatives :

      Conséquence des trois autres vecteurs, le financement public est de plus en plus perçu comme devant s'accompagner d'une "soumission à la politique gouvernementale", rendant illégitime toute parole politique critique de la part d'une association vue comme prestataire.

      B. Origines et Mécanismes de la Marchandisation

      La marchandisation est le résultat de deux tendances de fond :

      • Le New Public Management (années 1980) : Cette approche a introduit dans les services publics, et par ricochet dans les associations, une "culture du résultat, de la performance, de l'évaluation quantitative et du management par objectif", en important les outils du secteur privé lucratif.

      • Les Règles du Marché Unique Européen : Elles imposent le marché comme règle générale. Dans ce cadre, les associations sont considérées comme des entreprises et les subventions comme des aides d'État susceptibles de fausser la concurrence. Bien que des exemptions existent, elles restent l'exception.

      Ce cadre a engendré un mécanisme central : le recul de la subvention au profit de la commande publique. Cette mutation modifie radicalement le rapport aux pouvoirs publics :

      Mode de Financement

      Caractéristiques Clés

      Subvention

        • L'association est à l'origine de l'initiative. <br>
        • Pas de contrepartie directe attendue par le financeur. <br>
        • Logique de partenariat, politique ascendante (partant des besoins).

      Commande Publique

        • Achat d'un service par la puissance publique. <br>
        • L'association doit s'inscrire dans un cadre prédéfini. <br>
        • Logique de prestation, politique descendante (l'État commande).

      C. L'Entrepreneuriat Social et la Financiarisation

      Le tournant néolibéral est également accompagné et nourri par des concepts qui brouillent les frontières entre lucrativité et non-lucrativité. • L'Entrepreneuriat Social : Terme importé du monde anglo-saxon dans les années 1980, il promeut l'utilisation de compétences entrepreneuriales et de techniques de management du privé pour résoudre des problèmes sociaux.

      Marianne Langlais souligne que ce concept, sans statut juridique propre, "invisibilise les associations" et "affaiblit la portée politique que peuvent représenter les associations".

      Elle cite Jean-Marc Borello (Groupe SOS) pour qui le modèle associatif, "arquebouté sur le principe non lucratif apparaît à présent inadapté".

      • La Financiarisation : Ce flou favorise l'arrivée de l'investissement à impact social, qui promet de "faire du bien et du profit en même temps". * ◦ Le Contrat à Impact Social (CIS) est un exemple frappant. Ce mécanisme financier engage un investisseur privé, une association et la puissance publique.

      L'investisseur finance un programme associatif, et la puissance publique le rembourse avec intérêts en fonction de l'atteinte d'indicateurs de performance prédéfinis. * ◦ Conséquence : Les actions associatives sont transformées en produits financiers, et la mesure d'impact social, souvent monétarisée (coûts évités), devient le nouveau mode d'évaluation, supplantant la notion d'utilité sociale.

      D. Illustration Sectorielle : Le Cas de la Petite Enfance Frédéric Bilde a illustré concrètement ce processus dans le secteur de la petite enfance.

      • Historique : Le secteur s'est initialement développé sur un modèle associatif et citoyen, avec des crèches parentales (ACEPP) fondées sur une démarche ascendante, partant des besoins locaux. • Le tournant : Les directives européennes (Bolkestein, 2006) ont ouvert le secteur à la concurrence et aux acteurs privés lucratifs. L'État français a choisi de maintenir les services à la petite enfance dans ce champ concurrentiel.

      • Conséquences directes :

      • Nouveau langage : Les notions de "rentabilité", "taux de remplissage", "optimisation" et "coût de revient" priment sur le "bien-être de l'enfant" et le "soutien aux parents".

      • Pervertissement du modèle associatif : Des groupes privés lucratifs créent des "associations écran" pour rassurer les municipalités et remporter des délégations de service public (DSP).

      Ces structures sont ensuite vidées de leur substance, les bénéfices étant "aspirés" vers le groupe via des centrales d'achat, des frais de gestion ou des loyers versés à des sociétés civiles immobilières (SCI) appartenant au même groupe.

      • Usage de fonds publics : Ces montages bénéficient à la fois des financements de la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) et d'une défiscalisation massive via le Crédit Impôt Famille (CIF), créant une "redondance" entre fonds publics et fonds privés défiscalisés.

      3. Pistes de "Démarchandisation" et Stratégies de Renforcement

      Face à ce diagnostic, les intervenants ont proposé plusieurs axes d'action pour inverser la tendance.

      A. Redonner un Pouvoir Politique à la Subvention

      La piste principale est de réaffirmer la légitimité de la subvention de fonctionnement comme mode de financement principal des associations.

      Il est jugé indispensable qu'une partie de l'impôt finance les associations qui contribuent à l'intérêt général. Toutefois, cette subvention doit être repensée pour la "sortir du discrétionnaire politique" afin de garantir la fonction d'interpellation des associations.

      B. Explorer des Modèles de Financement Alternatifs

      Plusieurs modèles inspirants sont explorés :

      1. La Sécurité Sociale de l'Alimentation : Ce projet propose un accès universel à une alimentation de qualité via une allocation et un conventionnement de producteurs, le tout géré par des caisses locales démocratiques. Transposé aux associations, ce modèle pourrait permettre de repenser la redistribution de l'argent public en dehors des logiques de marché.

      2. Le Modèle Belge de l'Éducation Permanente : Un décret en Wallonie garantit un financement pérenne et à long terme pour les associations de ce secteur.

      Crucialement, l'article 1 de ce décret "garantit la fonction d'interpellation des associations". Ce modèle promeut également l'auto-évaluation, une alternative à l'évaluation par la mesure d'impact.

      C. Renforcer le Dialogue et la Coconstruction Une stratégie clé consiste à "reconscientiser" la puissance publique, notamment les élus locaux.

      • Changement de regard : Thomas Lowers observe que beaucoup d'élus locaux récents, issus d'un monde où la logique de marché est une "évidence", n'envisagent plus d'alternative.

      Il est donc crucial de démontrer la valeur et le sérieux du monde associatif, qui n'est pas "un coût à gérer" mais un partenaire.

      • Formation : L'utilisation de dispositifs comme le Certificat de Formation à la Gestion Associative (CFGA) pour former également les élus est une piste pour créer une culture commune.

      • Défendre l'interpellation : Léa Gallois (Institut Alinsky) a insisté sur la nécessité de faire reconnaître la fonction d'interpellation comme "riche pour la démocratie locale" et de créer des "fonds d'interpellation" pour la soutenir matériellement.

      D. S'Organiser Collectivement et Mener la "Bataille des Mots"

      • Force du collectif : Frédéric Bilde a souligné que "seul, on n'y arrivera pas". La mobilisation au sein de fédérations et de réseaux est essentielle pour peser dans les décisions politiques.

      • Bataille sémantique : La discussion a mis en exergue l'importance de déconstruire le langage de la marchandisation. L'évaluation est un terrain de lutte central.

      Il s'agit de défendre une évaluation de l'utilité sociale (qui montre la spécificité associative) contre la mesure de l'impact social (qui réduit l'action à une valeur monétaire et est le "cheval de Troie de la financiarisation").

      4. Points Clés de la Discussion

      • Le Mécénat : Il n'est pas vu comme une solution miracle. Il est souvent ponctuel, orienté vers des "pépites" médiatiques et peut lui-même s'inscrire dans une logique d'investissement ("venture philanthropy") qui s'éloigne du don.

      • Règles Européennes : Le rapport du CESE sur le financement des associations est cité comme une ressource clé pour argumenter en faveur d'une sortie des associations du cadre concurrentiel du marché unique.

      • Statuts et Agréments : La discussion a montré comment les exigences administratives et la standardisation des projets (via les agréments) peuvent dénaturer des initiatives de terrain innovantes, transformant une logique ascendante en une logique descendante.

    1. Synthèse du Soutien de l'État à la Vie Associative : Du National au Local

      Résumé

      Cette note de synthèse analyse les formes et les logiques du soutien de l'État à la vie associative en France, en se basant sur une recherche menée par Mathilde Rtinassi et Emmanuel Porte.

      L'étude révèle une action publique éclatée et peu coordonnée, dépourvue d'une politique unifiée.

      Le soutien financier, bien que stable en volume global de subventions (environ 8,5 milliards d'euros), est perçu comme étant en baisse en raison de sa répartition sur un nombre croissant d'associations, ce qui diminue le montant moyen par structure.

      La recherche identifie quatre grands objectifs poursuivis par l'État : la consolidation des structures, l'articulation du secteur, l'observation du monde associatif, et la reconnaissance de sa légitimité. Ces objectifs sont inégalement poursuivis selon les ministères, menant à une typologie de quatre formes de soutien distinctes :

      • 1. Soutien partiel et institué : Une relation de compagnonnage de longue date, mais ne couvrant qu'une partie des objectifs.

      • 2. Soutien multiforme : Le modèle le plus complet, couvrant les quatre objectifs, porté par des acteurs comme la CNAF ou la DJEPVA.

      • 3. Soutien par la reconnaissance : Limité aux procédures réglementaires (agréments, labels), avec une relation distante.

      • 4. Soutien par relation intéressée : Le modèle le plus répandu, où l'association est principalement un instrument pour le déploiement des politiques publiques, souvent via des appels d'offres.

      Un constat majeur est la corrélation directe entre la qualité du dialogue entre les acteurs publics et les associations et la richesse des formes de soutien.

      Enfin, la production de connaissance sur le secteur associatif reste le "parent pauvre" de l'action publique nationale, et les "têtes de réseau" jouent un rôle opérationnel indispensable que l'État ne peut assumer seul.

      1. Contexte et Méthodologie de la Recherche

      La recherche intitulée "Les soutiens national à la vie associative : enquête exploratoire sur une action publique éclatée" a été initiée mi-2019 pour répondre à deux constats principaux :

      • • L'illisibilité du soutien à la vie associative : Des rapports antérieurs (Inspection Générale, 2009 et 2016) soulignaient la complexité et la confusion des dispositifs, labels et acronymes (CRIB, PAVA, PIVA), rendant l'écosystème difficile à naviguer pour les associations. Une citation d'un rapport illustre ce point : "il existe des crib (...) qui sont des Pavas (...), des cribes non Pava, des Pavas non crib..."

      • • Une connaissance parcellaire des soutiens ministériels : Au-delà du rôle historique du ministère de la Jeunesse, la manière dont les autres ministères soutiennent le secteur associatif restait mal connue, alors que chacun interagit avec lui (ex: fiscalité pour le ministère de l'Économie, gestion du greffe pour l'Intérieur). Méthodologie

      L'étude repose sur une approche purement qualitative :

      • • 42 entretiens semi-directifs ont été réalisés avec :

      • ◦ Des agents de 15 ministères et organismes d'État.

      • ◦ 19 têtes de réseau associatives.

      • ◦ 4 acteurs de l'accompagnement privé.
      • ◦ 3 personnalités qualifiées.
      • ◦ 1 responsable politique.

      • • Une analyse documentaire approfondie (doctrines de financement, appels à projets, rapports d'activité) a été menée pour aller au-delà du discours officiel.

      Le terrain de recherche a été complexe, marqué par des difficultés d'accès aux ministères et une interruption de 14 mois due à la crise du Covid-19.

      2. Analyse du Soutien Financier : Nuances et Réalités

      Contrairement à l'idée reçue d'une baisse généralisée des financements, l'analyse des données (notamment le "Jaune" budgétaire associatif) apporte des nuances importantes :

      • Stabilité des subventions : Le montant global des subventions versées par l'État aux associations est relativement stable, s'élevant à environ 8,5 milliards d'euros.

      • Augmentation du volume global des moyens : Le volume financier total attribué aux associations augmente, mais une part croissante de ces moyens n'est pas versée sous forme de subventions (ex: marchés publics).

      • Étalement sur le tissu associatif : L'État finance un nombre croissant d'associations.

      Par conséquent, même avec un budget global stable, le montant moyen et médian par association est en baisse.

      Ce phénomène d'étalement est le principal facteur expliquant la perception d'une diminution des financements et de la part des subventions.

      3. Les Quatre Grands Objectifs du Soutien de l'État

      L'analyse des entretiens et des documents a permis d'identifier quatre objectifs principaux que l'État poursuit, de manière plus ou moins explicite, à travers son soutien au monde associatif.

      Objectif Description Exemples d'Actions Consolidation

      Vise à pérenniser la structure associative en la rendant robuste sur le long terme pour qu'elle puisse répondre aux besoins sociaux et aux politiques publiques. * - Soutien financier (subventions, etc.)<br>- Accompagnement à la professionnalisation<br>- Renforcement du modèle socio-économique et de la gouvernance<br>- Accueil, information et orientation<br>-

      Formation des membres et salariés

      Articulation / Maillage Concerne la circulation de l'information, le partage de bonnes pratiques et la facilitation des coopérations entre associations, et avec d'autres acteurs (publics, privés). * - Mise en réseau des acteurs<br> * - Organisation d'échanges de pratiques entre pairs<br> * - Facilitation de l'essaimage d'expérimentations

      Observation / Objectivation

      Recouvre la production de connaissances sur le secteur associatif pour éclairer l'action publique. Cet objectif est souvent le moins prioritaire.

        • Financement d'études et de recherches (réalisées par des cabinets, des chercheurs, des têtes de réseau)<br>
        • Création d'espaces de réflexion collective (ex: le COJ pour la jeunesse)

      Reconnaissance / Légitimation Englobe toutes les procédures de reconnaissance officielle des structures, de leurs projets ou de leurs activités, leur conférant une légitimité à agir au nom de l'intérêt général.

        • Délivrance d'agréments<br>
        • Reconnaissance d'utilité publique (RUP)<br>
        • Attribution de labels et de prix

      Ces objectifs sont souvent interconnectés. Par exemple, la reconnaissance (via un agrément) facilite l'accès aux financements, contribuant ainsi à la consolidation de l'association.

      4. Typologie des Formes de Soutien National

      En croisant les objectifs poursuivis, la nature du dialogue et le type de relation entre l'État et les associations, la recherche a établi une typologie de quatre modèles de soutien. Type de Soutien Description et Relation Objectifs Couverts

      Exemples et Caractéristiques

      1. Soutien partiel et institué Relation de "compagnonnage" : Historique, structurante et de longue durée.

      La politique publique est fortement adossée aux têtes de réseau, qui deviennent des partenaires incontournables.

      Consolidation (financière) et Articulation/Maillage.

      • Ministère de la Culture (pratiques amateurs) : Les fédérations sont des "coquilles vides" potentielles sans le soutien de l'État, et l'État ne peut agir sans elles.<br>

      • Délégation à la Sécurité Routière avec l'association Prévention Routière.<br>

      • Tendance à créer un "monopole" d'interlocuteurs.

      2. Soutien multiforme

      Le "champion" du soutien : Le modèle le plus complet et diversifié.

      La relation est basée sur la co-construction et un dialogue riche.

      Il existe une culture "militante" en faveur du monde associatif au sein de ces administrations.

      Les 4 objectifs sont couverts, y compris l'Observation.

      • CNAF, DJEPVA, ANCT (ex-CGET).<br>
      • Utilise une palette d'outils : subventions, CPO, appels à projets (rarement des appels d'offres).<br>
      • Production d'outils, de kits, de formations.<br>
      • Agence Française de Développement (AFD) avec le dispositif "Initiative OSC" qui reconnaît le droit à l'initiative des associations.

      3. Soutien par la reconnaissance

      Relation procédurale et distante : Le soutien est quasi-exclusivement articulé autour d'une procédure réglementaire (agrément, label).

      Principalement la Reconnaissance/Légitimation.

      • Direction Générale de la Santé pour l'agrément des associations représentant les usagers du système de santé.<br>
      • L'administration connaît mal le secteur et a peu de dialogue avec lui.<br>
      • L'objectif est de s'assurer que les associations remplissent les conditions réglementaires, pas de les accompagner dans leur développement.

      4. Soutien par relation intéressée

      Relation instrumentale : Le soutien est secondaire par rapport à l'objectif principal du ministère, qui est le déploiement de sa politique publique. Les associations sont vues comme des prestataires.

      Principalement la Consolidation (uniquement pour qu'elles puissent "tenir" et mettre en œuvre la politique).

        • Le modèle le plus fréquent (près de la moitié des directions rencontrées).<br>
        • Recours massif aux marchés publics (appels d'offres) et appels à projets.<br>
        • Mise en concurrence des associations avec des entreprises lucratives ou des établissements scolaires (ex: Ministère de la Défense).<br>
        • Les dispositifs généraux d'accompagnement (DLA, FDVA) sont méconnus et peu mobilisés par ces directions.

      5. Le Rôle Crucial des Têtes de Réseau

      La recherche souligne que le soutien de l'État ne pourrait exister sans le rôle opérationnel des têtes de réseau, qui agissent comme le bras armé d'un "État stratège" mais souvent démuni de capacités d'action directe.

      Leurs contributions principales sont :

      • Représentation et Plaidoyer : Faire remonter les besoins des territoires et défendre les intérêts du secteur.

      • Identification des problématiques : Aider à l'émergence de nouvelles questions sociales ou d'innovations.

      • Mutualisation d'expertise : Produire de la connaissance utile pour leurs membres et non-membres.

      Les têtes de réseau sont traversées par un débat sur leur approche territoriale :

      • Logique d'équité : Viser un soutien équitable pour toutes les structures membres, souvent via une centralité budgétaire.

      • Logique d'adaptation : Soutenir les structures de manière "ad hoc" en fonction des spécificités territoriales, ce qui implique une gouvernance moins pyramidale mais pose des défis de connaissance des contextes locaux et de risque de concurrence interne.

      6. Perspectives Locales et Divergences

      L'intervention de Luciana complète la perspective nationale en soulignant l'importance du contexte territorial, souvent absent des discours ministériels (à l'exception de l'ANCT et de la DJEPVA).

      • Le territoire comme construction sociale : Au-delà de l'espace administratif, le territoire est façonné par les relations entre les acteurs. Les politiques nationales sont appropriées différemment selon les spécificités locales.

      • Lisibilité des politiques publiques locales : La multiplication des dispositifs et le traitement en silo par secteur d'activité créent un manque de transversalité.

      La présence d'un élu référent, d'un service dédié ou d'un observatoire local de la vie associative (OLVA) peut renforcer le dialogue et la cohérence de l'action publique locale.

      • Rôle des réseaux locaux : Comme au niveau national, les réseaux locaux sont perçus par leurs membres comme des représentants de leurs intérêts, influençant l'appropriation des politiques publiques sur le territoire.

      7. Conclusions et Points Soulevés en Discussion

      Constats Clés

      1. Absence d'une politique unifiée : Il n'existe pas de politique de soutien à la vie associative intégrée au niveau de l'État. La coordination est faible, y compris au sein d'un même ministère.

      2. La qualité du dialogue est déterminante : Plus le dialogue est riche et orienté vers la co-construction, plus le soutien est diversifié et complet.

      3. L'Observation, parent pauvre de l'action publique :

      La production de connaissance sur le secteur associatif est souvent considérée comme secondaire ou un "impensé" au niveau national, alors qu'elle est un levier puissant au niveau local.

      Discussion avec les Participants

      Financements et clientélisme : Les participants ont évoqué un ressenti de clientélisme.

      La recherche met plutôt en évidence un "effet de monopole", où les ministères préfèrent dialoguer avec un interlocuteur unique ou principal.

      La charge administrative : Il a été souligné que les associations passent un temps considérable à remplir des dossiers pour des dispositifs multiples et chronophages, au détriment de l'action de terrain.

      Cela renvoie à la nécessité de simplifier les procédures et de privilégier des financements pluriannuels (CPO) plutôt que des appels à projets annuels.

    1. Document de Synthèse : Webinaire "Décrypter la recherche - Épisode 1"

      Synthèse

      Ce document de synthèse résume les points clés du webinaire "Décrypter la recherche - Épisode 1", organisé par le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA).

      La discussion centrale a exploré la dichotomie conceptuelle de l'association, vue soit comme une "entreprise sociale", soit comme une "action collective", dans le contexte des débats actuels sur une potentielle révision de la loi française sur l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) de 2014.

      La présentation principale, assurée par Luciana Riero, doctorante au sein du RNMA, a exposé les résultats d'une cartographie scientifique ("science mapping") de la recherche internationale.

      Cette analyse révèle la structuration du champ académique autour de deux traditions dominantes :

      1. L'approche de l'entrepreneuriat social, prédominante dans le monde anglo-saxon, qui valorise l'activité entrepreneuriale et une vision plus individualiste, centrée sur le profil de l'entrepreneur social.

      2. L'approche du secteur à but non lucratif ("non-profit"), plus proche de la tradition européenne et française, qui analyse les associations dans leur relation avec l'action publique et en tant qu'expression de l'action collective.

      Le choix entre ces deux prismes d'analyse n'est pas neutre et a des conséquences directes sur la perception des associations, notamment en matière de gouvernance démocratique, d'économisation du social et de la dimension politique de l'ESS.

      Le débat sur la révision de la loi ESS française cristallise ces tensions, opposant une vision d'une ESS palliative et isomorphique aux modèles d'entreprises capitalistes, à une vision d'une ESS alternative et émancipatrice.

      Enfin, la position du RNMA est de défendre la spécificité de l'association comme action collective et de plaider pour que toute évolution législative renforce de manière opérationnelle la coopération et la co-construction sur les territoires.

      1. Introduction au Webinaire et à la Démarche de Recherche

      Contexte et Objectifs

      Le webinaire constitue le premier épisode d'un cycle intitulé "Décrypter la recherche", visant à créer un dialogue semestriel (tous les 4 à 6 mois) entre le monde de la recherche et les acteurs associatifs.

      L'objectif n'est pas de prendre position pour ou contre la révision de la loi ESS, mais d'utiliser les apports de la recherche pour fournir des "clés de lecture" sur les conséquences des évolutions en cours pour les associations et les territoires.

      Le RNMA et la Recherche

      Le RNMA entretient des liens historiques avec le monde de la recherche, notamment depuis les années 2000 avec des collaborations sur les observatoires locaux de la vie associative (avec des chercheurs comme Vivian Tchernonog ou Lionel Prouto).

      Cette démarche vise à rendre la recherche opérationnelle pour aider les associations à mieux comprendre leur fonctionnement et à faire évoluer leurs pratiques.

      La Thèse de Luciana Riero

      Luciana Riero est doctorante au sein du RNMA via un dispositif CIFRE. Sa thèse s'intitule "La qualification et interprétation des relations entre les associations et le territoire".

      Son objectif est d'identifier, de qualifier et de mesurer ces relations, ainsi que de démontrer les liens de causalité entre les caractéristiques socio-économiques des territoires et les caractéristiques organisationnelles des associations.

      2. Cartographie de la Recherche Internationale sur les Associations et le Territoire

      Méthodologie du "Science Mapping"

      La présentation s'appuie sur une cartographie scientifique, une méthode d'analyse bibliométrique quantitative qui permet de visualiser l'état des connaissances sur un sujet. La démarche est inductive, sans hypothèses a priori.

      • Corpus : 2 857 articles scientifiques issus de la base de données Web of Science.

      • Mots-clés de recherche : Croisement de termes liés aux associations ("nonprofit organization", "social enterprise", "voluntary sector") et de termes liés au territoire ("spatial", "urban", "local", "development").

      • Constat initial : Une augmentation des publications sur ce thème est observée depuis 2011. Les couples de mots-clés les plus fréquents sont "social enterprise + development" et "nonprofit organization + development", suggérant que la notion de développement est plus prégnante dans la littérature internationale que celle de territoire.

      Résultats Clés de la Cartographie L'analyse révèle une structuration de la recherche mondiale autour de deux grands pôles intellectuels :

      Cluster Thématique

      Description

      Pôle 1 : L'Entreprise Sociale Ce courant est centré sur l'entreprise sociale et l'activité entrepreneuriale. Il analyse l'émergence de ce concept, souvent dans une perspective internationale comparative (Europe vs. États-Unis), et son ancrage dans la théorie des organisations hybrides.

      Pôle 2 : Le Secteur à But Non Lucratif Ce courant est centré sur les organisations à but non lucratif, la philanthropie et le bénévolat. L'analyse porte principalement sur les relations entre ces organisations et l'État (l'action publique), questionnant les phénomènes d'institutionnalisation, de banalisation ou de marchandisation du secteur.

      Opposition Conceptuelle : Approches Américaine et Européenne de l'Entreprise Sociale

      • Aux États-Unis, deux écoles de pensée coexistent :

      1. L'école de la recette marchande : Considère comme entreprise sociale toute organisation, quel que soit son statut, qui déploie une activité économique marchande au profit d'une finalité sociale.

      2. L'école de l'innovation sociale : Met l'accent sur la figure de l'entrepreneur social (son dynamisme, sa créativité, son leadership) comme facteur déterminant. * ◦ Conclusion : Une approche à dominante

      • En Europe, les travaux du réseau EMES (Emergence of Social Enterprise) ont fondé le concept sur un idéal-type reposant sur trois dimensions clés : 1. Un projet économique : Activité continue de production de biens ou services. 2. Une mission sociale : Objectif explicite de service à la communauté et distribution limitée des profits. 3. Une gouvernance participative : Association des différentes parties prenantes. * ◦ Conclusion : Une approche à dominante

      3. Conséquences et Enjeux des Approches Théoriques

      Le choix d'analyser les associations par le prisme de l'entreprise sociale ou de l'action collective a des implications profondes.

      • Gouvernance Démocratique : L'économie sociale repose sur le principe "une personne, une voix" et la double qualité des membres (bénéficiaires et sociétaires).

      L'approche par l'entreprise sociale, notamment dans ses formes comme le "social business", rend ces frontières plus floues, le critère de démocratie interne n'étant pas toujours explicite.

      La gouvernance participative constitue une "dimension cruciale des ruptures possibles" entre les deux modèles.

      • Économisation du Social : L'approche par l'entreprise sociale peut accentuer la lecture d'un "déplacement d'une production publique vers une production privée".

      • Lien avec l'Action Publique : La recherche sur le secteur non lucratif met en débat la relation avec la puissance publique, oscillant entre des perspectives d'isomorphisme (tendance des associations à adopter les modes d'organisation des entreprises capitalistes) et de co-construction des politiques publiques.

      Positionnement de la Thèse : Face à ces constats, la recherche de Luciana Riero s'inscrira dans la continuité des approches francophones en termes d'action collective et d'auto-organisation.

      Elle renforcera une vision du territoire comme une construction sociale, en interaction avec l'action collective, se démarquant ainsi d'une vision internationale qui le perçoit souvent comme une simple donnée administrative (urbain/rural).

      4. Mise en Perspective : La Loi ESS et ses Débats

      Avertissement : Les points suivants sont basés sur les travaux d'acteurs comme ESS France, le RTES ou des chercheurs comme Timothée Duverger, et non sur l'expertise directe de la présentatrice.

      La Loi de 2014 : Un Double Projet

      L'article 1 de la loi de 2014 définit l'ESS non seulement comme un "mode d'entreprendre", mais aussi comme un "mode de développement économique", ce qui le distingue d'un simple projet d'entreprise pour en faire un projet politique de société.

      Ce développement est précisé comme étant local et durable (via les PTCE, article 9).

      Points Clés du Débat sur la Révision

      À l'approche des 10 ans de la loi, plusieurs enjeux sont débattus :

      • Agrément ESUS (Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale) : Des acteurs proposent de le réviser pour imposer un meilleur partage de la valeur, renforcer le contrôle et ajouter une obligation de reporting d'utilité sociale et environnementale.

      • Moyens financiers : Les fonds créés sont jugés souvent "faibles et mêlés à une politique de soutien de l'économie d'impact aux contours un peu flous".

      • Rapprochement avec la RSE : La loi PACTE de 2019 a créé les "sociétés à mission", invitant les entreprises conventionnelles à se doter d'une "raison d'être". Ce mouvement, auquel des structures de l'ESS ont participé, questionne les frontières et les spécificités de l'ESS.

      • Lien ESS et Territoire : Un axe de développement serait d'assumer pleinement le rôle des régions comme "chefs de file" de l'ESS et de reconnaître celui des départements comme premiers financeurs.

      Enjeux Théoriques du Débat Français

      Le débat académique français gravite autour d'une tension fondamentale :

      • Une ESS alternative et émancipatrice vs. une ESS palliative et d'isomorphisme.

      • La montée en puissance des thématiques de l'entreprise sociale, de l'entrepreneuriat social, voire du "social business", tend à masquer l'hétérogénéité de l'ESS et à réduire son projet politique à une simple finalité sociale.

      Conclusion : L'approche adoptée pour analyser les associations (entreprise sociale ou action collective) influence directement la dimension politique du débat sur l'avenir de l'ESS.

      5. Contributions des Participants et Conclusion

      Précisions Techniques et conceptuelles

      • Distinction entre activité économique et marchande (Colin Blard, avocat) : Une spécificité française cruciale est que toute activité économique n'est pas marchande.

      La "plus-value sociale ajoutée" (liée à la notion d'utilité sociale) permet à une association de développer une activité économique tout en conservant son statut non lucratif et sa non-sujétion aux impôts commerciaux. Cette notion d'utilité sociale est intrinsèquement liée au territoire, notamment via l'analyse de la concurrence.

      • Évolution historique du secteur : Un participant avec 20 ans d'expérience dans l'ESS a rappelé que la raréfaction des financements publics depuis les années 1980 a poussé les associations vers une hybridation de leurs ressources et une professionnalisation, avec l'émergence de compétences issues du monde de l'entreprise.

      Ce mouvement a renforcé leur autonomie économique mais a aussi instauré une logique de mise en concurrence via les appels à projets.

      Positionnement et Plaidoyer du RNMA

      En conclusion, Thomas (RNMA) a exposé la position du réseau :

      • La loi de 2014 a été positive pour la reconnaissance de l'ESS, mais ses effets transformateurs sur les territoires sont restés limités.

      • Le RNMA défend la spécificité de l'association comme "action collective" au sein de l'ESS.

      • Plaidoyer : Si une révision de la loi a lieu, le RNMA plaidera pour qu'elle intègre une traduction opérationnelle forte des principes de coopération et de co-construction multi-acteurs.

      L'enjeu est de reconnaître et d'outiller l'apport des associations aux transitions des territoires et de la société.

    1. La Faculté de Punir : Analyse des Transformations du Châtiment des Enfants

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse l'évolution de la "faculté de punir" appliquée aux enfants, en s'appuyant sur les travaux de Didier Fassin.

      Il met en lumière un paradoxe central : alors que les sociétés occidentales sont devenues de plus en plus punitives envers les adultes depuis la seconde moitié du XXe siècle, elles se sont montrées de plus en plus protectrices à l'égard des enfants.

      Cette protection a évolué à travers une série de redéfinitions successives des mauvais traitements, passant d'un cadre légal et familial (la "correction modérée") à des cadres médical (le "syndrome de l'enfant battu"), de santé publique (la "maltraitance infantile") et enfin psychologique et sexuel (les "abus sexuels").

      Cette tendance globale à la protection a conduit à une prohibition croissante des châtiments corporels, bien que de manière inégale à travers le monde, avec des exceptions notables comme les États-Unis.

      Cependant, l'analyse révèle que cette protection est elle-même vulnérable.

      L'État, en revendiquant le monopole de la faculté de punir, restreint le droit de correction dans la sphère privée tout en se réservant le droit de châtier les mineurs dans des cadres spécifiques.

      Cette vulnérabilité se manifeste de deux manières principales :

        1. Dans la justice pénale des mineurs, où le principe de protection établi par l'ordonnance de 1945 en France est progressivement érodé par un durcissement législatif visant à rapprocher le traitement des mineurs de celui des adultes.
        1. Dans le traitement administratif des mineurs étrangers, où l'enjeu devient de leur refuser le statut de minorité pour les soustraire à la protection et les exposer à la répression.

      En définitive, bien que la punition des enfants ait reculé dans la sphère privée, la protection qui leur est accordée par la loi reste fragile et soumise aux pressions politiques qui associent délinquance et immigration, remettant ainsi en cause le statut d'exception du mineur.

      1. La Nature et la Légitimité de la Punition

      Punir, dans son acception la plus générale, consiste à infliger une forme de souffrance (physique ou psychique) à une personne supposée avoir violé une loi, une morale ou une norme.

      Cette action est réputée légitime socialement car elle vise à corriger une infraction et à rétablir l'ordre. La légitimité du châtiment peut revêtir plusieurs dimensions :

      Légale : Lorsqu'elle est prononcée par une autorité judiciaire au terme d'un procès.

      Ce système formel est lui-même historiquement, culturellement et politiquement déterminé.

      Sociale : En dehors du cadre légal, dans des "mondes sociaux" qui définissent leurs propres règles (ex: institution scolaire, milieux mafieux).

      L'analyse se concentre principalement sur une évolution paradoxale : alors que l'appareil punitif de l'État est devenu plus sévère ("punitif"), la sphère familiale l'est devenue de moins en moins.

      La légitimité du châtiment s'est renforcée dans l'espace public tout en se restreignant dans l'espace privé, notamment concernant les enfants.

      2. La Généalogie du Châtiment de l'Enfant : De la Puissance Paternelle à la Protection

      2.1. De la "Patria Potestas" à la "Correction Modérée" L'histoire du châtiment des enfants est marquée par une longue évolution depuis le pouvoir quasi absolu du père dans l'Empire romain.

      La Patria Potestas : Ce pouvoir du père sur ses enfants, allant jusqu'au droit de vie et de mort, était quasi absolu dans le cadre légal romain.

      Il était cependant limité en pratique par des facteurs sociaux (mariage tardif, espérance de vie réduite) et une évolution progressive du droit romain lui-même.

      L'Évolution vers la Protection : Au fil des époques (médiévale, classique, Lumières), une obligation de protection de l'enfant s'est associée à la puissance paternelle, qui a également été étendue à la mère.

      La "Correction Modérée" : Au XIXe siècle, comme le note Philippe Antoine Merlin en 1813, le "droit de vie et de mort fut réduit à une simple correction, à un châtiment modéré".

      Toutefois, les critères de cette modération n'étant pas définis, la législation protégeait peu l'enfant contre la violence parentale.

      2.2. L'Intervention de l'État : Les Lois de la Fin du XIXe Siècle

      La fin du XIXe siècle en France marque un tournant avec l'intervention de l'État dans la sphère familiale pour protéger les enfants.

      Loi du 24 juillet 1889 ("sur la protection des enfants maltraités et abandonnés") :

      Elle prévoit la déchéance de la puissance paternelle pour les parents condamnés pour des crimes ou délits sur leurs enfants, ou dont le comportement (ivrognerie, mauvais traitements) compromet la santé, la sécurité ou la moralité des enfants.

      Loi du 19 avril 1898 ("sur la répression des violences...") :

      Elle précise les infractions (coups, privation d'aliments) et alourdit les peines si les auteurs sont les parents ou une personne ayant autorité sur l'enfant, pouvant aller jusqu'aux travaux forcés à perpétuité.

      Selon l'historien Georges Vigarello, ces lois s'inscrivent dans une triple transformation de la société :

        1. Un recul général de la violence.
        1. Une sensibilité nouvelle à la souffrance et à l'image de l'enfant.
        1. La contestation de l'autorité absolue du père, couplée à une volonté de moraliser les classes pauvres.

      Ces lois participaient ainsi à une double logique : la disciplinarisation des pauvres et la moralisation des enfants perçus comme de potentiels futurs délinquants.

      2.3. La Reconfiguration des Mauvais Traitements : Une Triple Redéfinition

      Au XXe siècle, les mauvais traitements ont connu trois redéfinitions successives, les inscrivant dans de nouveaux champs de savoir et d'action.

      2.3.1. Le Cadre Médical : Le "Syndrome de l'Enfant Battu"

      La médecine a joué un rôle crucial dans l'identification des violences familiales.

      Ambroise Tardieu (1860) : Ce médecin légiste français fut le premier à décrire le tableau clinique de sévices et mauvais traitements (hématomes multiples, séquelles de fractures), mais son travail eut peu d'écho à l'époque.

      Frederic Silverman (1953) : Ce radiologue pédiatrique américain identifie l'association de fractures multiples comme un signe de traumatismes.

      En 1962, avec des collègues, il nomme ce tableau le Battered child syndrome ("syndrome de l'enfant battu"), ce qui initiera des lois imposant le signalement des mauvais traitements.

      Aujourd'hui : Le terme de "traumatisme non accidentel" (non-accidental trauma) est préféré pour inclure d'autres formes comme le "syndrome du bébé secoué".

      2.3.2. Le Cadre de la Santé Publique : La "Maltraitance Infantile"

      Le passage à la santé publique a changé l'échelle d'analyse : du cas individuel à la population, du diagnostic à la prévention.

      Nouveau concept : Le terme "maltraitance infantile" (child maltreatment) apparaît en France dans le dernier quart du XXe siècle, porté par la pédiatrie sociale.

      Changement d'échelle : Les médias se focalisent sur les cas extrêmes (infanticides), invisibilisant la "banalité des mauvais traitements".

      Les données épidémiologiques révèlent une prévalence bien plus élevée que ce que les hospitalisations suggèrent.

      Indicateur de Maltraitance Infantile

      Données (États-Unis)

      Données (France)

      Enfants référés pour suspicion (avant 5 ans)

      13,9 % (enquête en Californie)

      Proportion d'enfants victimes (violence/négligence) 19,2 % (enquête nationale 2010) - Taux basé sur les hospitalisations (formes graves) - 0,11 % (fortement sous-estimé) Taux de violence physique (enquêtes pop.) - Entre 4 % et 16 % (travaux internationaux) Taux de violence psychologique (enquêtes pop.) - Entre 4 % et 10 % (travaux internationaux)

      2.3.3. La Reconnaissance Tardive : Les Abus Sexuels

      Les abus sexuels sur enfants ont été occultés ou niés pendant la majeure partie du XXe siècle par différentes sphères :

      La médecine : A longtemps interprété les infections génitales chez les enfants comme des conséquences de la promiscuité ou du manque d'hygiène, désexualisant les pratiques.

      Le politique : Des parlementaires masculins se sont opposés aux réformes féministes.

      Le judiciaire : Le traitement dubitatif et inquisiteur des plaintes était dissuasif pour les victimes.

      La psychanalyse : A pu être instrumentalisée pour conforter le "négationnisme ambiant" en réduisant les accusations à des fantasmes.

      Ce n'est qu'au début du XXIe siècle que le sujet entre dans l'espace public, révélant une ampleur considérable.

      Données sur les Abus Sexuels

      Méta-analyse (Europe/Amérique du Nord)

      Rapport CIIVISE 2023 (France)

      Garçons/Hommes

      2,6% (sans contact) / 4% (avec contact)

      1,5 million d'hommes victimes (6,4%)

      Filles/Femmes

      6,7% (sans contact) / 12,7% (avec contact)

      3,9 millions de femmes victimes (14,5%)

      Total

      Plus d'un adulte sur 10

      Contexte

      8% des cas avant 5 ans

      Inceste dans plus de 8 cas sur 10

      Âge de début

      8,5 ans en moyenne

      3. La Prohibition Mondiale des Châtiments Corporels : Une Progression Inégale

      Parallèlement à la reconfiguration des violences en mauvais traitements, un mouvement mondial d'interdiction des châtiments corporels a émergé.

      3.1. L'Interdiction dans la Sphère Familiale

      Pionnière : La Suède a été le premier pays au monde à inscrire cette interdiction dans sa législation en 1979.

      Progression : En 2000, 11 pays avaient suivi. En 2022, on en comptait 66.

      La France : Condamnée par le Conseil de l'Europe en 2015, la France est devenue le 56e pays à adopter une telle législation le 2 juillet 2019 avec la loi "relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires".

      Pays Réfractaires : En 2022, 133 pays ne l'avaient pas fait, parmi lesquels les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Russie, l'Inde et le Royaume-Uni.

      3.2. L'Exceptionnalisme Américain : La Persistance des Punitions à l'École

      L'interdiction des châtiments corporels en milieu scolaire est plus répandue : 136 pays l'avaient adoptée en 2022. L'exception la plus marquante est celle des États-Unis.

      Légalité : La pratique reste autorisée dans les établissements privés (sauf 4 États) et dans les établissements publics de 17 États, principalement dans le Sud.

      Validation par la Cour Suprême : L'affaire Ingraham v. Wright (1977) a validé cette pratique.

      La Cour a jugé que le 8e amendement de la Constitution (interdisant les "punitions cruelles et inhabituelles") ne s'appliquait pas aux élèves car il avait été conçu pour les criminels.

      La Dimension Raciale Invisibilisée : L'analyse souligne que cette affaire présente une dimension raciale cruciale mais ignorée :

        1. La victime était un élève noir.
        1. La scène se déroule dans un État du Sud marqué par l'héritage des lois de ségrégation Jim Crow.
        1. Le mode de sanction (humiliation physique) rappelle celui utilisé pour punir les esclaves.

      "malgré un corpus considérable de recherche en sciences sociales établissant à la fois l'inefficacité des châtiments corporels et les dommages sociaux très graves qui peuvent en résulter, le système judiciaire s'obstine à récuser toute mise en cause de la constitutionnalité de cette forme de punition." - Dina PoKempner Sacks

      3.3. Au-delà du Châtiment Corporel : Les Nouvelles Formes de Discipline Scolaire

      La suppression des punitions physiques ne doit pas occulter la persistance d'autres formes de sanctions, qui affectent de manière disproportionnée les élèves des catégories défavorisées et des minorités ethnoraciales.

      Sanctions classiques : Heures de retenue, exclusions définitives.

      Sanctions moins visibles : Humiliations, stigmatisations.

      Nouveaux motifs : En France, le principe de laïcité tel que défini par la loi du 15 mars 2004 a créé de nouveaux motifs de sanction.

      Pour l'année 2022-2023, 3 881 signalements ont été transmis, dont la moitié pour des tenues comme des jupes ou robes longues.

      4. La Vulnérabilité de la Protection : Le Mineur face à l'État Punitif

      4.1. Le Double Principe : L'Enfant comme Objet de Protection et Sujet de Droit

      La protection accrue des mineurs repose sur une double argumentation, en apparence contradictoire mais qui se renforce mutuellement :

      1. L'enfant comme objet de protection : En raison de son "manque de maturité physique et intellectuelle", il a besoin d'une protection spéciale (Déclaration des Droits de l'Enfant, 1959).

      2. L'enfant comme sujet de droit : Il possède des droits fondamentaux au même titre qu'un adulte, en vertu de sa "dignité et de la valeur de la personne humaine" (Charte des Nations-Unies, 1945).

      Ce double principe fonde l'abolition des châtiments corporels.

      Cependant, il révèle surtout que l'État devient le maître du jeu, revendiquant le monopole de la faculté de punir et s'autorisant lui-même à infliger des châtiments aux enfants dans des cas précis (ex: tribunaux militaires israéliens jugeant des enfants palestiniens dès 12 ans).

      4.2. La Justice Pénale des Mineurs en France : Du Souci de Protection au Durcissement Sécuritaire

      L'histoire de la justice des mineurs en France illustre une tension permanente entre protection et punition.

      L'Ordonnance du 2 février 1945 : Marque un "âge presque révolu" où la protection primait sur la punition.

      Le Durcissement depuis les années 1990 : Sous l'effet du populisme pénal et de l'instrumentalisation de faits divers, la tendance s'est inversée.

      • Érosion des principes de 1945 : Le législateur a progressivement restreint la présomption de non-discernement (avant 13 ans) et l'excuse de minorité, multiplié les lieux d'enfermement et rapproché la justice des mineurs de celle des adultes.

      • ◦ Exemples de mesures : Création de la rétention judiciaire pour les moins de 13 ans (1994), création des centres éducatifs fermés (2002), abaissement temporaire de l'âge de responsabilité pénale à 10 ans.

      La Réponse des Magistrats : Les données statistiques sur la période 2000-2019 montrent un tableau contrasté.

      • ◦ La délinquance juvénile est stable, voire en diminution.

      • ◦ Le taux de réponse pénale augmente fortement (de 78% à 93%).

      • ◦ Les magistrats privilégient les alternatives aux poursuites.

      • ◦ Lorsqu'ils condamnent à la prison, les peines sont plus longues (quantum moyen passant de 5,5 à 9 mois) et les détentions provisoires également (de 3,4 à 7,1 mois).

      • ◦ Les mesures éducatives sont en recul d'un quart, tandis que les sanctions éducatives sont multipliées par six.

      En somme, les magistrats semblent vouloir moins condamner, mais le faire plus lourdement, tout en privilégiant des sanctions à vocation éducative plutôt que des mesures de pur accompagnement.

      4.3. Les Mineurs Non Accompagnés (MNA) : Entre Protection et Répression

      Le cas des mineurs étrangers non accompagnés (MNA) illustre une autre forme de mise en cause de la protection. Ici, la tension n'est pas entre protection et punition, mais entre protection et répression.

      Cadre Juridique : En principe, les MNA ne peuvent se voir opposer leur absence de titre de séjour et doivent être pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE), relevant de la protection.

      L'évaluation de leur minorité par les conseils départementaux est donc cruciale.

      Réalité de Terrain (Enquête dans les Hautes-Alpes) :

      L'enquête montre que le protocole légal n'est souvent pas respecté.

      ◦ Refoulements illégaux à la frontière.

      ◦ Politique de "déminorisation" par les services départementaux, soumise à la pression politique sur les coûts. Dans le département étudié, le taux de reconnaissance est passé de 46% en 2017 à 4% en 2019.

      ◦ Logique de suspicion systématique durant les entretiens d'évaluation, où tout élément du récit peut être retourné contre le jeune pour contester sa minorité.

      • Conséquences : Le rejet de leur minorité condamne ces jeunes à la précarité, l'errance et l'exposition à de multiples violences, voire les pousse vers des activités illicites pour survivre.

      5. Conclusion : La Vulnérabilité de l'Exception Mineure

      L'analyse des transformations du châtiment des enfants révèle une dynamique complexe.

      Si la société a évolué vers une plus grande protection des mineurs dans la sphère privée, cette protection est loin d'être absolue et reste éminemment vulnérable.

      Deux logiques distinctes mais convergentes sont à l'œuvre :

        1. Pour les jeunes délinquants : L'enjeu est de réduire la protection accordée par la minorité pénale (en levant l'excuse de minorité, en avançant la capacité de discernement) pour pouvoir appliquer la punition.
        1. Pour les jeunes étrangers : L'enjeu est de refuser la protection en rejetant la déclaration de minorité pour pouvoir appliquer la répression (obligation de quitter le territoire, placement en centre de rétention).

      Dans les deux cas, l'exception dont les mineurs peuvent théoriquement se prévaloir est remise en cause par des politiques exigeant plus de sévérité.

      Le rapprochement opéré dans le débat public entre criminalité et immigration ne fait que renforcer cette tendance, menaçant de faire converger le traitement des mineurs délinquants et des mineurs étrangers vers un même horizon répressif et punitif.

    2. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:25:06][^2^][2]:

      Cette vidéo présente une conférence de Didier Fassin sur la faculté de punir, explorant les aspects légaux, sociaux et historiques de la punition. Fassin discute de la légitimité de la punition dans différents contextes, y compris la justice formelle, l'éducation et la famille.

      Points forts: + [00:00:29][^3^][3] Définition de la punition * Infliger une souffrance pour violation de la loi, morale ou norme * Peut être physique ou psychique, légale ou informelle + [00:04:00][^4^][4] Évolution de la punition des enfants * Tendance vers moins de punition dans la famille malgré un État plus punitif * La légitimité du châtiment parental diminue + [00:07:12][^5^][5] Protection légale des enfants en France * Lois de 1889 et 1898 pour protéger les enfants maltraités et abandonnés * Introduction de la déchéance de la puissance paternelle + [00:12:00][^6^][6] Redéfinitions des mauvais traitements * Inclusion dans la chaîne pénale et reconnaissance médicale et publique * Évolution vers la prévention et la sensibilisation aux abus sexuels Résumé de la vidéo [00:25:08][^1^][1] - [00:49:11][^2^][2]:

      Cette partie de la vidéo aborde l'évolution de la législation sur les châtiments corporels, en particulier dans le contexte familial et scolaire. Elle met en lumière les changements dans les lois et les attitudes envers la discipline physique des enfants, en soulignant les différences entre les pays et les évolutions au fil du temps.

      Points forts: + [00:25:08][^3^][3] L'histoire des châtiments corporels * Suppression progressive des châtiments corporels dans de nombreux pays * La France a adopté une législation interdisant les violences éducatives ordinaires en 2019 * Évolution des attitudes et des lois concernant la discipline physique des enfants + [00:28:00][^4^][4] La situation aux États-Unis et au Royaume-Uni * Les États-Unis maintiennent le droit de corriger physiquement les enfants * Le Royaume-Uni a été condamné pour ne pas avoir respecté les droits de l'homme en matière de châtiments corporels * Discussion sur la dimension raciale de la violence scolaire aux États-Unis + [00:33:04][^5^][5] L'exceptionnalisme américain dans la discipline scolaire * Les punitions physiques restent autorisées dans certains États américains * La Cour suprême des États-Unis a validé ces pratiques en 1977 * Analyse de la persistance de ces pratiques malgré leur inefficacité et leurs dommages sociaux + [00:39:01][^6^][6] Le monopole de l'État sur la faculté de punir * L'État revendique le monopole de l'usage légitime de la faculté de punir * Discussion sur la protection des enfants et la responsabilité pénale des mineurs * Évolution de la justice pénale des mineurs vers plus de sévérité depuis les années 1990 Résumé de la vidéo [00:49:13][^1^][1] - [01:01:00][^2^][2]:

      Cette partie de la vidéo aborde la justice pénale des mineurs en France, en mettant l'accent sur la tension entre protection et punition. Didier Fassin discute de l'augmentation des réponses pénales dans un contexte de délinquance juvénile stable ou en baisse, et de la pression politique et policière sur les magistrats. Il souligne également la situation particulière des mineurs non accompagnés (MNA) et les défis liés à leur évaluation et protection.

      Points forts: + [00:49:13][^3^][3] Justice pénale des mineurs * Augmentation des réponses pénales malgré la stabilité de la délinquance * Préférence pour les alternatives aux poursuites plutôt que l'emprisonnement * Pressions politiques et policières influençant les décisions judiciaires + [00:50:53][^4^][4] Mineurs non accompagnés (MNA) * Difficultés d'évaluation de l'âge et de la minorité * Protection offerte par la convention internationale des droits de l'enfant * Enjeux politiques et administratifs liés à la prise en charge des MNA + [00:52:57][^5^][5] Enquête sur le traitement des MNA * Protocole souvent non suivi pour l'évaluation des MNA * Pression politique sur les personnels évaluant la minorité * Conséquences graves du rejet de la minorité pour les jeunes + [00:59:47][^6^][6] Protection des mineurs et politiques de sévérité * Vulnérabilité de la protection accordée aux mineurs * Tension entre protection et répression pour les MNA * Impact des politiques sur la vie des jeunes rejetés

    1. L'École et les Valeurs de la République : Synthèse de la Journée d'Études

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les thèmes, arguments et données clés présentés lors de la journée d'études intitulée "L'École, un territoire vivant au cœur des valeurs de la République".

      Organisée par l'INSPÉ de l'Académie de Lille, cette journée s'est déroulée dans un contexte marqué par l'attentat d'Arras, conférant une acuité particulière aux débats.

      Les interventions soulignent unanimement la mission première de l'École, inscrite dans le Code de l'éducation, de faire partager les valeurs de la République.

      Cette mission s'ancre dans un héritage historique profond, allant des Lumières aux lois Jules Ferry, et vise à former des citoyens émancipés par la raison et le savoir.

      Une analyse sémantique et juridique révèle que la notion de "valeurs de la République" est d'usage récent, tant dans le discours public que dans les textes de loi, avec une augmentation significative depuis les années 1980.

      Ces valeurs ne sont pas figées ; elles évoluent et s'enrichissent, comme en témoigne l'intégration de la lutte contre les discriminations.

      Le droit ne leur donne pas de définition constitutionnelle, et leur mention prédomine dans le Code de l'éducation et le droit des étrangers.

      Sur le plan pédagogique, un consensus émerge sur la nécessité de dépasser une "pédagogie de la prescription" pour atteindre une "pédagogie de la conviction".

      Cette "approche citoyenne" refuse l'inculcation et promeut la pensée critique, l'expérimentation des valeurs au quotidien et la coopération.

      L'objectif est de permettre aux élèves non seulement de connaître les valeurs, mais de les "éprouver" et d'en ressentir le bénéfice, transformant l'école en un "écosystème de valeurs".

      Enfin, les discussions mettent en lumière les défis contemporains : le poids croissant qui pèse sur l'institution scolaire, le communautarisme, le relativisme et la nécessité de ne pas nier le réel tout en présentant les valeurs comme un idéal à conquérir.

      L'écart entre la valeur et le réel est présenté non comme un échec, mais comme l'espace même de l'engagement citoyen.

      1. La Mission Fondamentale de l'École dans un Contexte de Crise

      Les propos introductifs des différents intervenants ont unanimement rappelé le rôle central et fondateur de l'École dans la transmission des valeurs républicaines, une mission rendue encore plus cruciale par le contexte contemporain.

      1.1 Un Fondement Juridique et Historique

      La mission de l'École est clairement définie par l'article L111-1 du Code de l'éducation, cité à plusieurs reprises, qui stipule que "la nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République".

      Cette mission n'est pas un simple "supplément d'âme" mais une obligation professionnelle qui constitue l'armature du projet républicain.

      Les intervenants ont inscrit cette mission dans une profondeur historique :

      Les Lumières et la Révolution : Alain Frugère a évoqué l'esprit des Lumières (Molière), le projet d'instruction publique de Condorcet (1792) qui établit la primauté des savoirs issus de la recherche sur les opinions et les croyances, et le "pari de la raison émancipatrice".

      Le 19ème siècle : Madame Looher a rappelé le projet des républicains de la Troisième République (Gambetta, Ferdinand Buisson) de stabiliser le régime grâce à l'éducation, aboutissant aux lois Jules Ferry de 1881-82 qui instaurent un enseignement fondé sur la gratuité, l'obligation et la laïcité.

      1.2 Le Poids du Contexte Actuel

      La journée d'études, bien que planifiée de longue date, a été profondément marquée par l'assassinat de Dominique Bernard à Arras.

      Cet événement a donné une "coloration tout à fait particulière" aux réflexions, comme l'a souligné Sébastien Jaibovski.

      Ce contexte met en lumière plusieurs tensions :

      Le Poids sur l'Institution : Sébastien Jaibovski a soulevé la question du "poids qui aujourd'hui est très important, peut-être trop important" que la société fait peser sur l'École et ses enseignants.

      La Conquête Permanente : Il a également insisté sur le fait que "les valeurs ne sont jamais acquises mais elles sont toujours à être conquises et à conquérir".

      Les Défis Sociétaux : Alain Frugère a mentionné "le repli sur soi, le communautarisme, l'intolérance voire la haine" comme des défis quotidiens, tandis que Mathieu Clouet a listé les inégalités sociales, les effets de l'économie médiatique et le relativisme.

      2. Analyse de la Notion de "Valeurs de la République"

      L'intervention d'Ismaël Ferrat, professeur des universités, a offert une analyse lexicale et juridique détaillée, démontrant que la notion de "valeurs de la République" est à la fois complexe, évolutive et d'émergence récente.

      2.1 Une Apparition Récente dans le Discours Public et Juridique

      Contrairement à une idée reçue, l'usage du syntagme "valeurs de la République" est un phénomène récent.

      Dans les publications : Une analyse des corpus de textes numérisés (Google Books) et des archives du journal Le Monde montre une quasi-absence du terme jusqu'aux années 1980, suivie d'une "explosion" de son usage à partir de 1989.

      • Dans le droit : L'occurrence du terme dans les codes juridiques français est très faible au début des années 2000 et connaît une forte poussée à partir de 2016.

      Cette augmentation est principalement due à deux codes :

        1. Le Code de l'éducation.
        1. Le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.

      2.2 Une Définition Juridique Absente et Évolutive

      L'analyse juridique révèle un paradoxe : bien que la notion soit de plus en plus utilisée, elle reste juridiquement insaisissable.

      Absence de définition constitutionnelle : Aucun texte constitutionnel ne définit précisément ce que sont les valeurs de la République. Le Conseil constitutionnel n'a produit aucune étude sur le sujet.

      L'avis du Conseil d'État : Saisi lors du projet de loi "séparatisme", le Conseil d'État a jugé la notion de "valeurs" trop large pour être un principe de droit généralisable, lui préférant celle de "principes républicains".

      Des valeurs évolutives : La liste des valeurs n'est pas figée. La lutte contre les discriminations, par exemple, est une valeur aujourd'hui considérée comme une évidence, alors que le premier article du Code pénal sur ce sujet ne date que de 1994.

      3. L'Approche Pédagogique : De la Prescription à la Conviction

      Mathieu Clouet, représentant l'équipe académique Valeurs de la République, a développé le concept d'une "approche citoyenne des valeurs à l'école", qui se distingue par son refus de l'inculcation au profit d'une adhésion réfléchie.

      3.1 Refuser l'Inculcation, Viser la Conviction

      L'objectif n'est pas seulement de faire connaître les valeurs, mais de les "faire partager".

      Pédagogie de la conviction : "Nous ne pouvons pas nous contenter d'une pédagogie de la prescription, il nous faut trouver la voix d'une pédagogie de la conviction."

      Appel à la raison : Cette approche repose sur l'éducation à la liberté, fait appel à la pensée critique et apprend aux élèves à interroger les valeurs elles-mêmes.

      Les trois dimensions de la valeur : Elle doit prendre en compte les dimensions

      • intellectuelle (contenus),

      • psycho-affective (ressenti) et

      • conative (action).

      3.2 L'École comme "Écosystème de Valeurs"

      Pour que les valeurs aient du prix aux yeux des élèves, ils doivent les "éprouver", c'est-à-dire en ressentir le bénéfice et en tester la réalité.

      Le rôle des savoirs : La transmission des connaissances participe à l'éducation aux valeurs. Citant Catherine Kintzler, Mathieu Clouet parle de la "puissance libératrice des enseignements" : maîtriser un savoir est une expérience concrète de la liberté.

      L'expérience vécue : L'éducation aux valeurs passe aussi par la coopération, la prise de responsabilité et les pratiques participatives. L'école doit être un lieu où les valeurs sont incarnées au quotidien pour éviter les écarts entre le discours et la réalité.

      Inverser la focale : Il est suggéré de replacer les faits négatifs (discriminations, racisme) dans la perspective plus large de la lutte pour l'égalité.

      L'exemple de l'affaire Dreyfus est utilisé pour montrer que la France de l'époque n'était pas seulement celle de l'antisémitisme, mais aussi le seul pays d'Europe où des intellectuels se sont levés pour défendre un Juif.

      4. Étude de Cas : l'Enseignement de la Laïcité

      Ismaël Ferrat a illustré les enjeux de la transmission des valeurs à travers l'exemple de la laïcité, en analysant son traitement dans les programmes scolaires.

      Période

      Occurrence du mot "Laïcité" dans les programmes (élémentaire/collège)

      Contexte et Enjeux

      Années 1970-1980

      Quasiment absente La laïcité est considérée comme une évidence, une "non-notion" sur le plan pédagogique.

      Années 1990-2000

      Forte augmentation

      L'émergence est liée à la nécessité d'expliquer les règles, notamment suite à l'affaire du voile de Creil (1989) et la circulaire Bayrou (1994) sur les signes religieux ostensibles.

      Depuis 2013 (Loi Peillon) Présence stabilisée à un niveau élevé

      Un élève scolarisé aujourd'hui rencontre la notion environ 13 fois entre le primaire et le collège.

      L'enjeu pédagogique est double :

        1. Expliquer le principe : Donner les clés de compréhension d'une valeur fondamentale.
        1. "Déconflictualiser" : Éviter que le principe soit perçu par certains élèves, notamment de culture musulmane, comme étant dirigé "contre l'islam".

      Les résultats sont probants : une étude du Knesco montre que 90 % des élèves de 3e et 80 % des lycéens en terminale ont déjà abordé la laïcité en cours et maîtrisent globalement bien la notion. Cela démontre l'efficacité du travail mené en classe.

      5. Conclusion : La Valeur comme Engagement et "Refus du Réel" La journée d'études se conclut sur une vision exigeante mais volontariste de la mission de l'École.

      La transmission des valeurs de la République n'est pas l'imposition d'un dogme, mais une invitation à participer à un projet collectif de "perpétuelle réinvention démocratique".

      Comme l'a formulé Mathieu Clouet, il faut se souvenir qu'"une valeur ça n'est pas seulement un reflet du réel, une valeur c'est aussi un refus du réel".

      L'écart entre l'idéal prôné par la valeur (l'égalité, la fraternité) et les imperfections de la société n'est pas un signe d'échec.

      Au contraire, "c'est précisément dans cet écart que nous pouvons trouver les moyens d'apporter aux élèves que nous encadrons la volonté d'agir et de s'engager dans la République française".

      L'approche citoyenne des valeurs est donc, en définitive, une preuve de l'engagement citoyen de l'ensemble de la communauté éducative.

    1. Note de synthèse : Réunion des parents d'élèves des filières technologiques (Première et Terminale)

      À : L'ensemble du personnel enseignant et administratif du Lycée Louis Vincent De : Olivier Palaise, Proviseur Date : 29 septembre 2025 Objet : Alignement stratégique suite à la réunion des parents des filières technologiques

      1. Introduction : Alignement sur notre Vision et nos Exigences Communes

      L'objectif de cette note est de garantir que l'ensemble du personnel, enseignant comme administratif, partage une compréhension unifiée et cohérente des messages clés que nous avons communiqués aux parents d'élèves des classes de Première et Terminale technologiques (STI2D et STL).

      Cet alignement est fondamental : notre crédibilité et l'efficacité de notre accompagnement reposent sur notre capacité à porter une parole collective forte et univoque.

      La réussite de nos élèves dépend directement de cette cohérence entre nos exigences, nos discours et nos actions quotidiennes.

      2. Les Filières Technologiques : Fer de Lance de l'Établissement et Cadre d'Exigence

      J'ai tenu à réaffirmer auprès des parents ma vision stratégique : nos filières technologiques sont le "fer de lance de l'établissement".

      Cette valorisation n'est pas un vain mot ; elle justifie le niveau d'exigence particulièrement élevé que nous appliquons.

      Nous offrons des parcours d'exception qui se méritent par un engagement sans faille. Les règles fondamentales de la vie au lycée, rappelées avec fermeté, constituent le socle de cette ambition.

      Voici les points sur lesquels nous devons maintenir une vigilance collective et absolue :

      • Assiduité et ponctualité : Le respect des horaires est non négociable, y compris lors des interclasses. Nous avons expliqué aux parents que la justification rigoureuse des absences et la ponctualité sont les conditions premières de la réussite.

      L'exemple de l'élève habitant Montini, à qui il a été clairement conseillé de "prendre le bus d'avant", illustre notre refus de la complaisance face aux retards évitables.

      C'est une préparation directe aux exigences du monde supérieur et professionnel.

      • Comportement et tenue : L'anecdote de l'élève reçu dans mon bureau en "claquet de chaussette" a servi à illustrer un point crucial : l'image de soi.

      Dans des filières qui préparent à des carrières d'ingénieur, d'architecte ou de technicien supérieur, une tenue et une posture professionnelles sont indispensables. Le premier regard compte, et nous devons les y former.

      • Usage du téléphone portable : La règle est simple et doit être appliquée par tous : interdiction totale dans les bâtiments, sauf autorisation explicite d'un membre du personnel pour un usage pédagogique.

      Pour garantir le respect de cette règle, la sanction dissuasive de "4 heures de col le samedi" a été rappelée.

      C'est un outil à notre disposition pour maintenir un environnement de travail serein et concentré.

      Cette rigueur n'est pas une fin en soi. Elle est le cadre qui permet à nos élèves de saisir les opportunités exceptionnelles offertes par nos filières et de construire les parcours d'avenir ambitieux que nous leur promettons.

      3. Le Parcours vers la Réussite : Calendrier, Enjeux et Stratégie

      Nous avons insisté sur le fait que les années de Première et de Terminale constituent une période charnière, un véritable sprint où deux objectifs doivent être menés de front : l'obtention du baccalauréat avec la meilleure mention possible et la préparation stratégique du dossier d'orientation post-bac sur Parcoursup.

      3.1. Les Enjeux dès la Classe de Première

      Il a été expliqué aux parents que les élèves de Première doivent "courir deux lièvres à la fois" :

      1. Préparation au Baccalauréat : Au-delà des épreuves anticipées de français, nous avons souligné la nouveauté de l'épreuve de mathématiques qui s'ajoute au calendrier.

      2. Anticipation de l'Orientation : La réflexion sur le projet post-bac n'est plus une option.

      Elle doit commencer dès maintenant, car les trois bulletins de Première pèseront d'un poids considérable dans l'examen de leur dossier Parcoursup l'année suivante.

      3.2. La Double Échéance de la Classe de Terminale

      Pour les élèves de Terminale, l'enjeu est immédiat, car ils sont "de plein fouet dans les deux parties".

      Le calendrier Parcoursup est extrêmement serré, et les vœux doivent être formulés et validés dès mi-janvier.

      L'importance stratégique du Grand Oral a été particulièrement mise en lumière.

      L'exemple de l'élève dont la note est passée de 5/20 à 16/20 après une préparation encadrée de quelques heures est la preuve tangible que le travail et la méthode priment sur le "talent" seul.

      Le coefficient (14 pour les Terminales de cette année, qui passera à 12 pour la promotion suivante) en fait une épreuve décisive qu'il est impératif de préparer avec le plus grand sérieux.

      3.3. Le Dossier Scolaire : Le Facteur Humain dans la Sélection Parcoursup

      Nous avons démystifié Parcoursup : ce n'est pas un algorithme froid.

      Derrière l'interface, des commissions composées d'enseignants examinent les dossiers. Certains éléments, que nous devons tous avoir à l'esprit, entraînent un rejet quasi-systématique :

      1. Absences régulières : La simple mention "élève régulièrement absent" sur un bulletin place immédiatement le dossier sur une "pile d'à côté".

      2. Comportement problématique : De même, une appréciation telle que "comportement inadmissible" disqualifie un candidat avant même l'examen de ses notes.

      3. Appréciations des professeurs : L'arbitrage est clair.

      Entre un élève à 12 de moyenne "au talent" et un autre à 12 dont l'appréciation souligne les efforts ("fait vraiment des efforts"), le second sera toujours préféré.

      Notre rôle, en tant qu'enseignants et membres de l'équipe pédagogique, est donc crucial.

      Les appréciations que nous rédigeons ne sont pas de simples commentaires ; ce sont des facteurs décisifs qui peuvent ouvrir ou fermer les portes de l'avenir de nos élèves. La précision et la justesse de nos mots sont une responsabilité majeure.

      4. L'Excellence des Filières Technologiques : Pédagogie et Débouchés

      Les filières STI2D et STL ont été présentées comme des voies d'excellence, caractérisées par une pédagogie concrète, une forte proportion de travaux pratiques et des perspectives de poursuites d'études ambitieuses, y compris vers les plus grandes écoles.

      4.1. Baccalauréat STI2D : Le concret au service de la polyvalence

      La philosophie de la filière STI2D est de donner du sens aux sciences par le concret, de permettre aux élèves de "comprendre pourquoi ils font des sciences". Ses points forts résident dans :

      • Un volume conséquent de 12 heures d'enseignement scientifique dès la Première.

      • Une approche pédagogique basée sur l'expérimentation et la simulation.

      • Un profil qui reste "généraliste", assurant un "large éventail sur le choix des formations postbac".

      • La nouveauté d'une épreuve pratique au baccalauréat, qui valorise enfin leur cœur de formation.

      4.2. Baccalauréat STL : La pratique en laboratoire comme tremplin

      La spécificité du bac STL repose sur une forte coloration physique-chimie, avec une partie expérimentale "extrêmement importante".

      Les élèves passent plus d'un tiers de leur temps en travaux pratiques, en groupes à effectif réduit. Les débouchés sont réels et attractifs :

      • Les BTS internes de haut niveau (SIRA, Métiers de la chimie).
      • Surtout, la possibilité d'intégrer notre classe préparatoire TSI pour viser des écoles d'ingénieur, une voie royale qui concrétise notre promesse d'excellence.

      Le succès de ces filières, validé par des taux de réussite remarquables (plus de 96 % en STI2D et 93 % en STL), est le fruit direct de cette approche pédagogique exigeante.

      5. Calendrier des Temps Forts de l'Orientation

      Pour accompagner nos élèves dans la construction de leur projet, plusieurs rendez-vous majeurs jalonneront l'année. Il est essentiel que nous les encouragions tous à y participer activement.

      Événement Date(s) Clé(s) Public Cible

      Un Jour à l'Université (Ujalu) Inscriptions dès le 29 sept. Élèves de Terminale

      Forum "Aux réaction" 20, 21 et 22 novembre Première et Terminale (transport non organisé par le lycée cette année)

      Forum des Formations (au lycée) 6 février 2026 Première et Terminale Journée Portes Ouvertes (au lycée) 12 février Première et Terminale

      Ces événements sont des opportunités précieuses que les élèves doivent saisir pour affiner leurs choix.

      6. Conclusion : Notre Responsabilité Collective

      Je compte sur chacun de vous pour porter et incarner ce message de rigueur, d'ambition et d'accompagnement.

      La réussite de nos élèves des filières technologiques est une fierté pour notre établissement, mais elle est avant tout le résultat d'un effort collectif.

      Notre vigilance constante, notre communication cohérente et notre exigence bienveillante sont les clés qui leur permettront de réaliser leur plein potentiel et de transformer leurs ambitions en succès.

    1. Ce transcript d’une table ronde organisée par l’INSPÉ Lille HdF explore la manière dont les valeurs républicaines (égalité, mixité sociale, épanouissement, réussite) sont vécues au sein des établissements scolaires.

      Trois intervenants, une conseillère technique, un proviseur et une chercheuse en psychologie sociale, partagent leurs expériences et réflexions.

      Leurs témoignages mettent en lumière l’importance du collectif, de la bienveillance, et de la nécessité d’articuler des politiques éducatives cohérentes pour favoriser la réussite de tous les élèves, notamment ceux issus de milieux défavorisés.

      Enfin, le rôle crucial du CESCE (Comité d’Éducation à la Santé, à la Citoyenneté et à l’Environnement) est souligné comme outil pour une démarche systémique et globale de promotion des valeurs républicaines.

    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:19:25][^2^][2]:

      La vidéo présente une avocate spécialisée dans la défense des enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux.

      Elle explique son approche flexible en droit pour s'adapter aux besoins spécifiques de ses clients, souvent confrontés à des diagnostics erronés et à des prises en charge inadaptées.

      Elle souligne l'importance de lutter contre la stigmatisation et de promouvoir des soins adaptés, en mettant l'accent sur la formation des professionnels et l'écoute des parents.

      Points forts: + [00:00:11][^3^][3] Défense des enfants atypiques * Troubles TDAH, TSA * Syndrome d'alcoolisation fœtale + [00:01:00][^4^][4] Flexibilité en droit * Droit diversifié * Centré sur le neurodéveloppement + [00:02:01][^5^][5] Lutte contre les diagnostics erronés * Responsabilité médicale * Prises en charge inadaptées + [00:03:02][^6^][6] Droits des handicapés * Allocations via MDPH * Prise en charge adaptée + [00:04:01][^7^][7] Importance de l'accompagnement humain * AESH individuels * Besoin d'attention soutenue + [00:05:03][^8^][8] Contentieux en droit administratif * Éducation nationale * Conseils de discipline + [00:07:00][^9^][9] Responsabilité pénale des jeunes * Discernement * Alternatives à la prison + [00:09:01][^10^][10] Protection de l'enfance * Formations obsolètes * Importance du diagnostic + [00:11:01][^11^][11] Rôle des parents * Observations parentales * Collaboration avec professionnels + [00:12:01][^12^][12] Risques de placement abusif * Informations préoccupantes * Mesures administratives + [00:15:46][^13^][13] Assistance éducative * Évaluations sociales et psychologiques * Importance des soins adaptés + [00:17:00][^14^][14] Départ des CMP * Risque d'IP pour défaut de soins * Importance de la prise en charge en libéral + [00:19:00][^15^][15] Écoute des parents * Non-toxicité * Besoin de répit, pas de retrait Video summary [00:20:00][^1^][1] - [00:39:54][^2^][2]:

      La vidéo présente une avocate spécialisée dans la défense des enfants avec des troubles neurodéveloppementaux.

      Elle explique son approche flexible en droit pour s'adapter aux besoins spécifiques de ses clients et aborde les défis liés à la responsabilité médicale, les droits des handicapés, et la protection de l'enfance.

      Highlights: + [00:20:00][^3^][3] Défense des enfants * Troubles neurodéveloppementaux * Flexibilité en droit + [00:21:01][^4^][4] Responsabilité médicale * Diagnostics inadaptés * Culpabilisation des parents + [00:22:26][^5^][5] Droits des handicapés * Allocations via MDPH * Prise en charge adaptée + [00:24:02][^6^][6] Protection de l'enfance * Évaluation des besoins * Formations pour professionnels + [00:27:44][^7^][7] Enjeux du placement * Impact sur les familles * Importance du diagnostic + [00:30:03][^8^][8] Rôle du juge des enfants * Lien entre services et familles * Compréhension des troubles

    1. Document d'Information : Synthèse de la 18ème Journée du Refus de l'Échec Scolaire

      Résumé

      La 18ème Journée du Refus de l'Échec Scolaire (JRES), organisée par l'AFEV, a porté sur le thème "Jeunesses populaires rurales et urbaines : même combat face aux inégalités éducatives ?".

      L'événement a mis en lumière les convergences et les divergences entre ces deux jeunesses, souvent opposées dans le discours public via la formule "jeunesse des tours, jeunesse des bourgs".

      Les débats ont révélé que, bien que confrontées à des défis spécifiques liés à leur territoire (mobilité pour les ruraux, discriminations pour les urbains), ces jeunesses partagent des problématiques communes profondément ancrées dans les inégalités sociales.

      Une enquête exclusive de Trajectoires Réflex, menée auprès de 1500 lycéens, a démontré la prépondérance du milieu social sur le lieu de vie dans la détermination des parcours scolaires et des aspirations.

      Les jeunes des classes populaires, qu'ils soient ruraux ou urbains, s'orientent davantage vers des filières courtes, tandis que les jeunes de classes supérieures visent des études longues. L'étude souligne également une anxiété partagée face à l'orientation, notamment à cause de Parcoursup.

      Les intervenants, incluant le sociologue Benoît Coquard, des élus locaux, des acteurs associatifs et des chercheurs, ont unanimement appelé à dépasser les oppositions stériles.

      Ils ont souligné l'importance de reconnaître les réalités diverses des territoires, les dynamiques d'autocensure, la complexité de la mobilité (partir, rester, revenir) et l'impact de l'isolement.

      Un consensus s'est dégagé sur l'urgence de refonder des politiques publiques décloisonnées, de repenser le modèle de la méritocratie et de valoriser toutes les formes de réussite et d'engagement pour reconstruire un "destin commun" et garantir une véritable égalité des chances pour tous les jeunes.

      1. Thématique Centrale : Dépasser l'Opposition "Tours vs. Bourgs"

      La 18ème JRES a été initiée pour analyser l'articulation entre les jeunesses populaires rurales et urbaines, un parallèle popularisé par la formule "jeunesse des tours, jeunesse des bourgs".

      Les intervenants ont largement critiqué l'instrumentalisation politique et médiatique de cette opposition.

      Origine de la réflexion (Eunice Mangado-Lunetta, AFEV) : L'AFEV, historiquement ancrée dans les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV), a constaté que "la France qui va mal, on la retrouve partout".

      L'association a remis en question le discours opposant un "bloc métropolitain" riche à un "bloc périphérique" en difficulté, discours souvent utilisé pour critiquer l'investissement public dans les QPV au détriment d'une "France qui souffre silencieusement dans les campagnes".

      Perspective sociologique (Benoît Coquard) : Le sociologue, parrain de l'événement, a souligné que cette formule est un slogan efficace mais "en partie trompeur".

      Il a expliqué que l'enjeu politique actuel est de se réclamer de la ruralité, devenue un "faire-valoir" et un "écran de fumée" masquant les questions sociales.

      Il insiste sur la nécessité de parler des "ruralités" au pluriel, car il existe des écarts de richesse et des dynamiques démographiques très variés entre les campagnes, tout comme dans les villes.

      Objectif de la journée : L'objectif n'était pas d'opposer ces jeunesses ni de mettre un signe égal entre elles, mais de "chercher du commun" tout en reconnaissant ce qui diffère, afin d'éviter les "oppositions stériles". L'enquête présentée visait spécifiquement à superposer le filtre territorial et le filtre social pour une analyse plus juste.

      2. Enquête Trajectoires Réflex : Données Clés sur les Lycéens

      Une enquête a été réalisée de mai à juillet 2025 auprès de plus de 1500 lycéens de filières générales, technologiques et professionnelles.

      L'échantillon comprenait 41% de jeunes de communes rurales et 26% de jeunes de petites villes. L'analyse croise le lieu de vie avec le milieu social (défini par le diplôme et la CSP des parents).

      2.1 Orientation et Projections d'Études Le milieu social apparaît comme le facteur prépondérant dans les choix d'orientation, plus que le lieu de vie.

      Rapport au lycée :

      ◦ 94% des jeunes disent avoir choisi leur filière.

      ◦ 70% ressentent de la pression liée aux cours et aux résultats.

      ◦ Plus d'un tiers déclare avoir des difficultés d'apprentissage, une part plus importante chez les jeunes de classes populaires.

      Orientation post-bac : ◦ 61% se sentent bien informés, mais 58% sont inquiets.

      ◦ Le stress est principalement causé par les démarches Parcoursup et le flou du projet d'orientation.

      Aspirations :

      ◦ 80% souhaitent poursuivre des études supérieures.

      ◦ L'influence du milieu social est nette : les jeunes urbains de classe supérieure privilégient les études longues (Master, Grande École), tandis que les jeunes ruraux de classe populaire ciblent davantage les filières courtes pour une insertion plus rapide sur le marché du travail.

      Type d'études Jeunes de classe populaire RURALE Jeunes de classe populaire URBAINE Filière courte (BTS/BUT) 32% 16% Niveau Master 38% 55%

      Sens donné aux études : Pour les jeunes de classe supérieure, la "réussite personnelle" prime. Pour ceux des milieux populaires, c'est avant tout le fait de "gagner de l'argent".

      2.2 Mobilité, Attachement et Avenir

      Attachement au territoire : 82% des jeunes partagent un fort attachement à leur lieu de vie. Cet attachement est plus marqué chez les jeunes ruraux (85%) et encore plus chez les jeunes ruraux de classe populaire (90%).

      Projet de départ : ◦ 69% se préparent à partir de chez leurs parents pour leurs études.

      ◦ Ce sont les jeunes de milieux favorisés et les jeunes ruraux qui sont les plus nombreux à se préparer à partir.

      ◦ Cependant, le départ est plus souvent subi par les ruraux : 17% des jeunes ruraux parlent d'une "contrainte à quitter le domicile familial", contre seulement 9% des jeunes citadins.

      Bien-être et difficultés :

      ◦ 84% se sentent bien au quotidien, mais 64% témoignent de leur anxiété.
      

      ◦ 1 jeune sur 5 se sent isolé. Ce sentiment est plus prononcé chez les jeunes de classe populaire rurale (21%) que chez les urbains (15%).

      ◦ Les difficultés financières sont plus fréquentes chez les jeunes de milieu populaire (40% vs 14% chez les enfants de Bac+5).

      • Projection sociale :

      ◦ Seuls 36% des citadins et 25% des ruraux pensent avoir une meilleure vie que leurs parents. 45% ne savent pas.

      ◦ Les jeunes de milieu populaire semblent plus optimistes, espérant une ascension sociale. Cependant, un clivage territorial existe : 42% des citadins de milieu populaire ont une image positive de leur avenir, contre 31% des ruraux de milieu populaire.

      2.3 Mobilité Quotidienne et Déplacements Les difficultés de déplacement sont significativement plus marquées pour les jeunes ruraux.

      • Seule la moitié (50%) des jeunes de classe populaire rurale déclare qu'il est facile pour eux de se déplacer, contre 90% des jeunes de classe populaire urbaine.

      Dépendance à la voiture : 53% des jeunes ruraux utilisent la voiture au quotidien (contre 12% des citadins). Le permis est jugé indispensable pour 80% des ruraux (contre 55% des citadins).

      2.4 Rapport aux Institutions et à l'Engagement

      Discriminations :

      ◦ 36% des jeunes déclarent en avoir été victimes, principalement à l'école (94% des cas).

      ◦ Le sentiment est plus marqué chez les jeunes urbains (43% vs 31% des ruraux).

      ◦ Les motifs varient : pour les citadins de classe populaire, les discriminations sont liées à l'origine, l'apparence et les convictions. Pour les ruraux de classe populaire, elles sont liées à l'apparence, la classe sociale et l'état de santé.

      Confiance dans les institutions : La confiance est plus forte chez les jeunes de classe supérieure et les jeunes ruraux.

      ◦ Police : 83% des jeunes ruraux de milieu modeste font confiance à la police, contre 58% des jeunes urbains de milieu modeste.

      ◦ Une méfiance généralisée est partagée envers les médias (42% de confiance), les réseaux sociaux (21%) et surtout la classe politique (16%).

      Rapport au vote et à l'engagement : ◦ Le rapport au vote est socialement inégal : 60% des jeunes de milieu favorisé pensent voter, contre 46% des enfants de non-diplômés.

      ◦ 44% des jeunes ne savent pas s'ils comptent s'engager plus tard. Ce doute est plus fort chez les jeunes ruraux.

      3. Parcours de Vie et Analyses Croisées

      3.1 Le Témoignage de Benoît Coquard : Du Rural à la Sociologie

      Le sociologue Benoît Coquard a partagé son parcours personnel, emblématique des barrières et des aléas qui façonnent les destins.

      Origines : Vient d'un village de Haute-Marne, un département avec très peu de cadres. Ses parents, "petits fonctionnaires", ont quitté l'école à 14-15 ans. Il n'avait "pas de modèle estudiantin".

      Bifurcation : Doit sa mobilité sociale à "l'intervention un peu divine, un peu aléatoire" de sa sœur qui l'a poussé vers les études supérieures.

      Il souligne que sans l'inexistence de Parcoursup à l'époque, il n'aurait pas pu s'inscrire à l'université avec son "mauvais dossier scolaire".

      Rapport à l'école : Mauvais élève, il a raté son bac. L'école était pour lui "la seule scène sociale sur laquelle [il était] parfois dévalorisé". Il décrit la construction d'une "culture anti-école" où l'on développe des modèles de reconnaissance alternatifs (sport, sociabilité locale).

      Analyse sociologique : Son travail de recherche, notamment Ceux qui restent, l'a amené à étudier son propre milieu.

      Il met en évidence que les jeunes ruraux croient davantage en leurs "ressources d'autochtonie" (réseau local, piston) pour s'en sortir, ce qui peut les détourner de l'école.

      À l'inverse, les jeunes des quartiers, souvent issus de l'immigration, surinvestissent l'école car leurs parents n'ont pas ce capital d'autochtonie.

      3.2 Le Témoignage d'Yvon Atonga : Destins Divergents en Banlieue

      Yvon Atonga, co-auteur de Petit frère, a raconté son histoire et celle de son frère Wilfried, qui a grandi dans le même environnement à Villiers-le-Bel mais a connu un destin tragique.

      Points de bifurcation : Il identifie plusieurs moments clés qui ont séparé leurs trajectoires :

      1. L'intervention de sa mère : Un jour, alors que ses amis venaient le chercher, sa mère leur a dit qu'il n'était pas là car il faisait ses devoirs. Ses amis sont partis commettre un braquage et ont été condamnés à de lourdes peines.

      2. Un voyage au Congo : À 15 ans, un voyage dans son pays d'origine a été un "électrochoc", lui faisant prendre conscience des opportunités qu'il avait en France.

      La loyauté au quartier : Il décrit une "loyauté indiscutable" au groupe d'amis et au quartier, qui représente une "deuxième famille". Partir est souvent perçu comme une "trahison".

      Il insiste sur le fait qu'il revient aujourd'hui au quartier via son association pour "ne pas trahir" et "transmettre aux petits frères et aux petites sœurs".

      3.3 Regards des Acteurs de Terrain

      Élus locaux (Fabrice Bossui, Driss Étaoui) : Ils dénoncent le manque de concertation sur des sujets cruciaux comme la carte scolaire, qui impose des temps de transport démesurés aux jeunes ruraux.

      Ils soulignent l'évitement scolaire massif vers le privé qui accentue la ségrégation et la concentration de la pauvreté dans certains établissements publics.

      • ANCT (Corine de la Maîtrise) : Rappelle que si le milieu social reste un "déterminant majeur", le territoire module les trajectoires.

      L'objectif est de "lutter contre les inégalités de destin territorial".

      Elle souligne que 30% des QPV se situent aujourd'hui dans des petites ou moyennes villes, brouillant la frontière traditionnelle entre politique de la ville et ruralité.

      Elle alerte sur le fait qu'il faut "12 générations pour sortir de la pauvreté quand on vient d'un QPV", contre 9 en moyenne en France.

      Acteurs associatifs (Salomé Berlou, Ashraf Manar) : Ils appellent à dépasser une vision "victimaire" des jeunes des territoires populaires.

      Ces jeunes sont des acteurs engagés dans leurs localités, même si cet engagement n'est pas toujours formalisé ou reconnu.

      Leurs associations (Rura, Destins Liés) visent à outiller ces jeunes pour qu'ils aient le "choix" de leur parcours, en luttant contre l'autocensure et en créant des ponts entre les territoires.

      4. Conclusions et Perspectives • Le primat du social : La journée a réaffirmé que la question sociale est le fil rouge qui relie les difficultés des différentes jeunesses populaires, bien au-delà des spécificités territoriales.

      La complexité du "partir/rester" : Le départ n'est pas toujours un choix émancipateur mais souvent une contrainte, notamment pour les ruraux.

      Rester n'est pas forcément un échec mais peut correspondre à un attachement profond, tout en étant parfois synonyme d'assignation à résidence.

      L'isolement et la santé mentale : La solitude, que ce soit dans un village éloigné ou dans une cité universitaire après le départ, est une problématique centrale et croissante qui impacte lourdement les parcours.

      La crise de la méritocratie : Les intervenants ont critiqué le modèle méritocratique qui invisibilise les déterminismes sociaux et territoriaux, et qui génère de la frustration.

      La promesse "travaille bien à l'école et tu réussiras" n'est plus tenue.

      L'urgence de refonder du commun : La conclusion, portée par Benoît Coquard et Christophe Paris (AFEV), est un appel à dépasser l'individualisme et la concurrence entre territoires.

      Il est crucial de reconstruire des "consciences collectives" et un "sentiment du nous" pour s'attaquer collectivement aux inégalités systémiques.

      Cela passe par des politiques publiques qui valorisent toutes les formes de contribution au bien commun et qui garantissent à chaque jeune les moyens d'une "vraie autodétermination de son parcours".

    1. Synthèse sur la Sexualité et la Contraception

      Résumé

      Ce document de synthèse résume les points clés d'une discussion sur la sexualité et la contraception, menée par des intervenantes du Planning Familial d'Indre-et-Loire.

      Les thèmes centraux incluent l'importance d'une éducation sexuelle et affective précoce et progressive, fondée sur les connaissances des jeunes pour déconstruire les idées reçues.

      Un accent particulier est mis sur la notion de consentement, détaillée à travers l'acronyme "REELS" (Réversible, Éclairé, Enthousiaste, Libre, Spécifique), qui sert de guide pratique pour des relations respectueuses.

      Le document présente un panorama exhaustif des méthodes de contraception existantes, classées en cinq catégories (hormonales, mécaniques, naturelles, définitives, d'urgence), en soulignant la responsabilité partagée et la possibilité de changer de méthode au cours de la vie.

      Enfin, il aborde la prévention des Infections Sexuellement Transmissibles (IST), l'importance cruciale du dépistage, et les modalités de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France, tout en listant les structures ressources locales pour les jeunes et les parents.

      1. L'Approche du Planning Familial en Matière d'Éducation Sexuelle

      Le Planning Familial d'Indre-et-Loire, une association loi 1901 fondée en 1967 localement, a pour mission la prévention, l'information et l'orientation sur la vie affective, relationnelle et la santé sexuelle. Ses interventions sont gratuites, anonymes, confidentielles et basées sur un accueil inconditionnel.

      1.1. Méthodologie : L'Éducation Populaire

      L'approche de l'association repose sur le principe de l'éducation populaire, qui considère que chaque individu possède des savoirs. Les interventions partent des représentations et des connaissances du public pour ensuite apporter des informations complémentaires.

      Outils utilisés : Le "brainstorming" est un outil central pour recueillir les mots et les idées des participants sur un thème donné (ex: la puberté).

      Objectifs :

      ◦ Déconstruire les idées reçues et les fausses informations, notamment celles issues d'internet.

      ◦ Rassurer les jeunes sur les changements corporels et les différences de développement, luttant ainsi contre les complexes. ◦ Adapter le contenu à l'âge des participants.

      1.2. Le Programme National d'Éducation à la Sexualité

      Un programme gouvernemental, en accord avec une loi de 2002 prévoyant trois séances annuelles de la maternelle au lycée (bien que peu appliquée), structure l'éducation à la vie affective et sexuelle. Ce programme, jugé pertinent par le Planning Familial, propose une approche progressive :

      Maternelle et Primaire : Aborde les émotions, le consentement non-sexuel ("je ne veux pas jouer avec toi"), les stéréotypes de genre et les relations aux autres.

      Collège (à partir de la 4ème) et Lycée : Introduction de la thématique de la sexualité au sens large. L'école est considérée comme le lieu idéal pour une information égalitaire.

      2. Puberté et Connaissance du Corps

      La puberté est une période de transition majeure, marquée par une "tempête hormonale" qui influence à la fois le corps et les émotions.

      2.1. Changements Physiques et Émotionnels

      Émotionnels : Humeur changeante (colère, tristesse), fatigue, susceptibilité. C'est une période de découverte de soi, de ses goûts et de ses limites.

      Physiques : Pilosité, développement des seins, mue de la voix, acné, croissance. Les intervenantes soulignent l'importance de rassurer sur le fait que chaque corps se développe à son propre rythme. La puberté survient en moyenne entre 11 et 16 ans, mais peut être plus précoce (dès 9-10 ans) ou plus tardive.

      2.2. Le Cycle Menstruel

      Le cycle menstruel est un sujet essentiel abordé avec tous les jeunes, garçons et filles.

      Fonctionnement : Un cycle moyen dure 28 jours, avec une ovulation survenant 14 jours avant le début du cycle suivant.

      Période de Fertilité : Un ovule est viable 24 à 48 heures, tandis qu'un spermatozoïde peut survivre jusqu'à 5 jours dans l'utérus, ce qui définit une fenêtre de fertilité de plusieurs jours.

      Idées Reçues : Il est possible de tomber enceinte dès les premières règles. Des ovulations spontanées peuvent survenir en dehors de la période théorique de fertilité.

      Douleurs : Il est rappelé que des douleurs de règles invalidantes ne sont pas normales et doivent motiver une consultation médicale.

      2.3. Ressources Pédagogiques pour les Parents et les Jeunes

      Une sélection d'ouvrages est présentée comme support pour aborder ces sujets en famille.

      Titre de l'Ouvrage

      Public Cible

      Thèmes Abordés

      Le petit illustré de l'intimité (4 tomes)

      Enfants, Adolescents, Parents

      Anatomie (pénis, vulve), famille, contraception, genre, orientation sexuelle.

      Le petit guide de la foufoune sexuelle

      Tous publics

      Sexualité, consentement, anatomie, puberté, fausses idées.

      Le parcours de Polo Jeunes enfants

      Reproduction (comment on fait les bébés) sous forme d'album jeunesse.

      Comment on fait les bébés

      Jeunes enfants

      Reproduction, avec un point de vue humoristique sur les non-dits des parents.

      Les règles, Quelle aventure

      Adolescents

      Les menstruations, sous forme d'histoire.

      Rouge

      Jeunes enfants

      Les émotions (la timidité, le fait de rougir).

      Corps, amour et sexualité Parents (Guide)

      Encyclopédie par tranche d'âge (5-12 ans) pour répondre aux questions des enfants.

      3. Le Consentement : Un Pilier des Relations

      Le consentement est un sujet de plus en plus évoqué par les jeunes. Le Planning Familial utilise un moyen mnémotechnique pour en définir les composantes essentielles.

      R - Réversible : Un "oui" peut être retiré à tout moment. L'absence de participation active équivaut à un retrait du consentement.

      E - Éclairé : La personne doit être en pleine capacité de comprendre ce qui est proposé. Le consentement n'est pas valide si la personne est endormie, sous l'influence de l'alcool ou de drogues.

      E - Enthousiaste : Le consentement doit être actif et joyeux, exprimé verbalement et non-verbalement. Une participation passive ou hésitante n'est pas un consentement enthousiaste.

      L - Libre : Le "oui" doit être donné sans pression, chantage, menace ou rapport de hiérarchie.

      S - Spécifique : Le consentement est donné pour un acte précis, à un moment précis. Il n'est pas valable pour d'autres actes ou pour d'autres moments.

      4. Panorama des Moyens de Contraception La contraception est présentée comme une responsabilité partagée, les hommes étant fertiles toute l'année. Aucune méthode n'est efficace à 100% et il est possible d'en changer tout au long de sa vie.

      4.1. Contraceptions Hormonales

      Elles agissent en faisant croire au corps qu'une grossesse est en cours, bloquant ainsi l'ovulation.

      • La Pilule : Comprimé quotidien à heure fixe. Efficace à 99%. Peut ne pas convenir à un mode de vie irrégulier.

      • L'Implant : Bâtonnet inséré sous la peau du bras, efficace 3 ans.

      • Le Patch : À coller sur la peau et à changer chaque semaine. Non remboursé.

      • Le Dispositif Intra-Utérin (DIU) Hormonal : Placé dans l'utérus, diffuse des hormones localement. Efficace 5 ans.

      • L'Anneau Vaginal : Anneau flexible placé dans le vagin pour 3 semaines. Non remboursé.

      • Les Injections d'Hormones : Tous les 3 mois pour les femmes, toutes les semaines pour les hommes.

      4.2. Contraceptions Mécaniques

      Elles créent une barrière physique pour empêcher la rencontre des spermatozoïdes et de l'ovule.

      • Préservatifs (Externe et Interne) : Seul moyen de contraception protégeant également des IST. Le préservatif interne peut être mis jusqu'à 8 heures avant le rapport.

      • Le Diaphragme / La Cape Cervicale : Dômes en silicone placés au fond du vagin. Efficacité renforcée avec des spermicides.

      • Le DIU au Cuivre : Le cuivre crée une inflammation qui rend l'utérus "hostile" à la nidation. Efficace 5 ans, sans hormones.

      • L'Andro-Switch (Anneau) / Le Slip Thermique : Méthodes masculines qui remontent les testicules contre le corps.

      La chaleur annule le pouvoir fécondant des spermatozoïdes. Nécessite d'être porté 15h/jour et un suivi médical (spermogrammes).

      4.3. Méthodes Naturelles (Contrôle des Naissances)

      Leur efficacité est jugée relative et moins fiable.

      • Le Retrait : Efficacité limitée car le liquide pré-séminal peut contenir des spermatozoïdes.

      • Méthode des Températures : Suivi de la température corporelle pour détecter l'ovulation.

      • Méthode de l'Allaitement : L'allaitement peut bloquer le retour de couches, mais reste très peu fiable.

      • Méthode Ogino (Calendrier) : Calcul de la période de fertilité, peu fiable en raison des ovulations spontanées.

      4.4. Contraceptions Définitives

      Elles sont accessibles dès 18 ans, après un délai de réflexion légal.

      • La Vasectomie (Homme) : Opération sous anesthésie locale pour sectionner les canaux déférents. L'éjaculation persiste mais sans spermatozoïdes. Considérée comme irréversible.

      • La Ligature des Trompes (Femme) : Opération plus lourde, sous anesthésie générale, pour bloquer le passage des ovules.

      4.5. Contraception d'Urgence • "Pilule du lendemain" : Comprimé à prendre le plus tôt possible après un rapport à risque (efficace jusqu'à 3-5 jours). Gratuite pour les mineurs et accessible en pharmacie sans avancer de frais pour les majeurs. Un homme peut aller la chercher pour sa partenaire.

      5. Infections Sexuellement Transmissibles (IST)

      • Protection : Le préservatif est le seul moyen de s'en protéger.

      • Dépistage : C'est un acte de responsabilité essentiel pour se protéger soi-même et ses partenaires. La plupart des IST sont asymptomatiques.

      ◦ Il est possible de se faire dépister sans ordonnance en laboratoire.

      ◦ Un délai (généralement 6 semaines à 3 mois après le rapport à risque) est nécessaire pour que le test soit fiable.

      • Traitement : La majorité des IST se soignent bien si elles sont prises à temps. Le VIH, bien qu'incurable, se traite efficacement, permettant une vie normale et une charge virale indétectable (et donc intransmissible).

      6. L'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG)

      L'IVG est un droit en France, encadré par la loi. • Deux méthodes : 1. IVG médicamenteuse : Jusqu'à 7 semaines de grossesse (9 semaines d'aménorrhée). 2. IVG chirurgicale : Jusqu'à 14 semaines de grossesse (16 semaines d'aménorrhée). • Accompagnement : ◦ Pour une personne mineure, l'accompagnement par une personne majeure de confiance (pas obligatoirement un parent) est obligatoire. ◦ La démarche inclut des entretiens d'information pour permettre un choix éclairé. ◦ Les centres spécialisés (centres d'orthogénie) disposent d'équipes pluridisciplinaires (médecins, psychologues) pour accompagner les personnes.

      7. Lieux et Structures Ressources

      Plusieurs structures offrent information, accompagnement et soins de manière gratuite et confidentielle en Indre-et-Loire. • Le Planning Familial : Pour l'information, l'écoute et l'orientation. • Le CEGIDD (Centre Gratuit d'Information, de Dépistage et de Diagnostic) : Pour le dépistage des IST. • Les Centres de Santé Sexuelle : Pour le suivi gynécologique, la contraception, le dépistage et l'accompagnement global. • L'Espace Santé Jeunes (ESJ) : Pour les jeunes et les parents sur des questions de santé globale, y compris les addictions. • La Maison des Adolescents : Lieu ressource avec des professionnels variés (psychologues, pédiatres, etc.).

    1. La Cohérence Éducative : Synthèse et Analyse

      Résumé

      La cohérence éducative constitue le socle d'un développement sain pour l'enfant, en lui offrant un cadre stable, prévisible et sécurisant.

      Elle se définit par l'harmonisation des discours, des pratiques et des valeurs entre les différents adultes qui entourent l'enfant.

      Cette cohérence ne se limite pas au couple parental, mais s'étend sur cinq sphères interdépendantes : la cohérence interne de chaque adulte avec ses propres valeurs, le couple parental, la famille élargie et l'entourage, les professionnels (école, crèche), et la société dans son ensemble.

      Le principal risque de l'incohérence chronique est l'insécurité affective, qui peut entraver la construction de la confiance en soi et pousser l'enfant à tester constamment les limites.

      Il est crucial de distinguer la simple différence, qui peut être une source de richesse et d'ouverture d'esprit lorsqu'elle est expliquée, de l'incohérence conflictuelle et de la disqualification d'un adulte par un autre devant l'enfant, qui sont particulièrement préjudiciables.

      Les stratégies fondamentales pour cultiver cette cohérence reposent sur la communication, la souplesse et le respect mutuel.

      Il s'agit de dialoguer sur les désaccords, de comprendre les besoins sous-jacents aux positions de chacun, de chercher des compromis et d'expliquer les règles à l'enfant.

      L'objectif n'est pas une rigidité absolue, mais la construction d'un cadre général fiable qui prépare l'enfant à naviguer sereinement dans un monde où les incohérences font partie de la vie.

      1. Le Concept de Cohérence et ses Fondements

      1.1. Définition de la Cohérence

      La cohérence est définie comme l'adéquation et la logique entre les pensées, les paroles et les actes d'un individu.

      Cette harmonie interne est un besoin fondamental ; son absence génère un inconfort psychologique.

      1.2. La Dissonance Cognitive

      Théorisée par le psychologue Leon Festinger, la dissonance cognitive décrit l'état d'inconfort ressenti lorsqu'il y a un décalage entre les croyances et les comportements.

      Pour réduire cette tension, les individus ont tendance à modifier leurs pensées ou à trouver des justifications plutôt que de changer un comportement ancré.

      Exemples concrets :

      ◦ Un parent qui passe beaucoup de temps sur son écran tout en limitant celui de son enfant.

      ◦ Un parent qui fume tout en interdisant à son adolescent de le faire.

      Perception par l'enfant : Les enfants sont particulièrement habiles à détecter ces incohérences, ce qui peut miner la crédibilité des règles et des adultes qui les édictent.

      2. Les Cinq Sphères de la Cohérence Éducative Le document source structure l'analyse de la cohérence éducative autour d'un schéma central représentant cinq sphères d'influence concentriques, allant de l'individu à la société.

      2.1. La Cohérence Interne : La Base Individuelle

      Avant de pouvoir être cohérent avec d'autres adultes, il est nécessaire de l'être avec soi-même.

      Cette cohérence personnelle est un alignement entre les comportements visibles et les niveaux plus profonds que sont les règles, les croyances et les valeurs fondamentales, souvent héritées de sa propre éducation, de sa culture et de son histoire familiale.

      • Questionnement personnel : Il est essentiel pour un adulte de s'interroger sur l'origine de ses valeurs ("Est-ce que finir son assiette est une valeur qui me correspond vraiment ou est-ce un héritage familial que je transmets sans y réfléchir ?").

      • Gestion de ses propres incohérences : Nul n'est parfait.

      Lorsqu'un parent agit de manière incohérente (par exemple, crier alors que la règle est de ne pas crier), il est bénéfique de le reconnaître devant l'enfant.

      Nommer l'incohérence ("Je suis désolé, je me suis emporté") permet de donner du sens, de valider le ressenti de l'enfant et de renforcer la sécurité affective en montrant que les adultes peuvent admettre leurs erreurs.

      2.2. Le Couple Parental : Le Premier Cercle de Cohérence

      Qu'ils soient ensemble ou séparés, les parents forment le premier duo d'adultes dont la cohérence est primordiale.

      L'objectif commun est de protéger l'enfant et de lui offrir un cadre propice à son développement.

      • Métaphore de "L'oiseau à deux becs" : Cet album jeunesse illustre deux parents (les deux becs) qui nourrissent un même enfant (le ventre).

      Si les becs se disputent, le ventre en pâtit et peut même être "empoisonné". La coopération est donc vitale.

      • Sources de conflit : Les désaccords peuvent provenir de modèles éducatifs différents, de tensions conjugales ou de simples divergences de points de vue.

      • Stratégies de résolution :

      ◦ Identifier les besoins : Derrière une émotion comme la colère ou une position rigide se cache souvent un besoin non satisfait (besoin de respect, de sécurité, d'être écouté).

      Comprendre le besoin de l'autre permet de dépasser le conflit de surface.

      ◦ La disqualification : Le risque majeur est de disqualifier l'autre parent devant l'enfant ("De toute façon, toi, tu laisses tout faire").

      Cela consiste à nier sa compétence et place l'enfant dans une position intenable de loyauté.

      2.3. La Famille et l'Entourage : L'Élargissement du Cadre

      Cette sphère inclut les grands-parents, oncles, tantes, amis et voisins. L'enfant évolue dans différents lieux avec des règles potentiellement différentes.

      Différence vs. Incohérence : Avoir des règles différentes chez les grands-parents (plus de bonbons, par exemple) n'est pas une incohérence en soi et peut enrichir l'enfant.

      Cela devient problématique lorsque ces différences vont à l'encontre de valeurs fondamentales ou de règles de sécurité non négociables pour les parents.

      • Conflit et Clivage de Loyauté :

      Conflit de loyauté : L'enfant est partagé entre deux attentes différentes. C'est une situation courante et gérable.

      ◦ Clivage de loyauté : Situation plus grave où choisir un camp signifie être contre l'autre.

      Cela se produit lorsque des adultes dénigrent les autres, forçant l'enfant à prendre parti.

      Exemple : un enfant n'ose pas dire qu'il a passé un bon week-end chez un parent par peur de blesser l'autre.

      2.4. Les Professionnels : La Collaboration Éducative

      Cette sphère concerne les acteurs de la crèche, de l'école, des loisirs ou du secteur médical.

      • Légitimité parentale : Les parents sont les premiers éducateurs de leur enfant.

      Même face à des experts, ils ont la légitimité de questionner les pratiques qui ne leur semblent pas cohérentes avec leurs valeurs.

      • Importance du dialogue : Il est essentiel d'oser interroger les professionnels pour comprendre le sens de leurs pratiques (ex: la "motricité libre" en crèche qui autorise les enfants à monter sur des meubles sécurisés).

      Cet échange permet de créer une continuité éducative et de rassurer les parents.

      L'enfant est capable de comprendre que les règles peuvent varier selon le contexte (maison vs. crèche), à condition que ce contexte soit clair.

      2.5. La Société : Le Contexte Global

      C'est la sphère la plus diffuse et la plus difficile à influencer. Elle englobe les codes sociaux, les injonctions médiatiques, les évolutions culturelles et le cadre législatif.

      • Pression sociale : Le regard des autres peut pousser un parent à agir contre ses propres principes (ex: gérer une crise de colère d'un enfant dans un magasin).

      • Évolution des normes : Des concepts comme "l'éducation bienveillante" ou les apports des neurosciences modifient les attentes sociales envers les parents.

      • Le cadre légal : La loi impose un cadre non négociable, comme l'interdiction de la fessée en France depuis 2019, qui s'impose à toutes les pratiques éducatives.

      3. Les Risques de l'Incohérence et le Cadre Sécurisant

      3.1. L'Impact sur la Sécurité Affective de l'Enfant

      La cohérence est un pilier de la sécurité affective. Le chercheur québécois Georges Tarabulsy identifie trois facteurs clés de la sécurité de l'attachement : la chaleur, la prévisibilité et la cohérence.

      • La "jauge à sécurité" : Une métaphore est utilisée pour décrire la sécurité interne de l'enfant comme un réservoir.

      Des pratiques cohérentes, stables et harmonieuses remplissent cette jauge. Des incohérences chroniques la vident, ce qui peut affecter durablement le développement de l'enfant.

      3.2. Conséquences Comportementales et Psychologiques

      Un manque de cohérence peut entraîner :

      • Une recherche constante des limites pour comprendre un cadre flou.

      • Une perte de sens et une atteinte à la confiance en soi.

      • Des difficultés à construire son propre système de valeurs, car il n'y a pas eu de base stable à partir de laquelle se différencier.

      4. Stratégies Pratiques pour Cultiver la Cohérence

      Stratégie Description Exemple

      Adapter le cadre à l'enfant Ajuster les règles et les consignes à l'âge, au rythme de développement, aux compétences et aux besoins de l'enfant.

      Ne pas proposer à un enfant de 3 ans de sortir seul de l'école. Offrir un choix limité ("le pantalon bleu ou le rouge ?") plutôt qu'un choix trop vaste et insécurisant.

      Préciser les consignes

      Donner des instructions claires et s'assurer de leur compréhension. Expliquer le "pourquoi" derrière une règle.

      Au lieu de "ne dessine pas sur les murs", expliquer : "Je ne veux pas que tu abîmes la peinture. Si tu veux décorer, utilisons des post-it".

      Communiquer entre adultes

      Dialoguer ouvertement sur les désaccords, loin de la présence de l'enfant si le ton monte. Viser la compréhension mutuelle et le compromis.

      Un parent veut que l'enfant marche pieds nus pour sa motricité, l'autre s'inquiète de l'hygiène. Le compromis : pieds nus dans la maison, mais chaussons dans le garage.

      Faire preuve de souplesse

      Accepter que l'autre puisse avoir un point de vue différent sans que cela ne constitue une attaque personnelle.

      Métaphore du livre Quatre petits coins de rien du tout : parfois, il ne faut pas chercher à changer l'enfant (le carré) mais à adapter le cadre (la porte ronde).

      Pratiquer la "métacommunication"

      Communiquer sur la manière de communiquer : "Quand tu me parles sur ce ton, j'ai l'impression que tu penses que je suis une mauvaise mère."

      Permet de clarifier les malentendus et de comprendre l'impact de ses paroles sur l'autre.

      5. Conclusion : Viser un Équilibre Dynamique

      L'incohérence fait partie de la vie ; l'objectif n'est pas de l'éradiquer, mais de la minimiser et de la gérer.

      La clé est de construire un cadre éducatif globalement stable et sécurisant.

      Comme le disait le pédagogue Célestin Freinet, il s'agit moins d'éviter les incohérences que de "préparer l'enfant à pouvoir les vivre sereinement".

      En dialoguant, en s'ajustant et en faisant preuve de souplesse, les adultes peuvent transformer les différences en une richesse et offrir à l'enfant les repères solides dont il a besoin pour grandir et construire sa propre cohérence.

    1. Dossier d'Information : Consommation et Addiction à l'Adolescence

      Résumé

      Ce document synthétise les perspectives et données clés issues d'une discussion entre expertes sur la consommation de substances et l'addiction durant l'adolescence. Les points essentiels à retenir sont les suivants :

      1. Baisse de la Consommation : Contrairement à une perception médiatique souvent anxiogène, les données épidémiologiques (enquêtes ESCAPAD) montrent une baisse constante et significative de l'expérimentation et de la consommation régulière de tabac, d'alcool et de cannabis chez les adolescents en France depuis plus de dix ans.

      2. Distinction Cruciale : Il est impératif de ne pas confondre consommation, expérimentation et addiction.

      L'expérimentation est un comportement exploratoire fréquent et même jugé "presque nécessaire" au développement de l'adolescent pour tester ses limites.

      L'addiction, caractérisée par une perte de contrôle, reste un phénomène rare à cet âge. Le terme "conduite à risque" est souvent plus approprié.

      3. Signaux d'Alerte : L'inquiétude doit naître non pas d'une consommation isolée, mais d'un cumul de plusieurs facteurs : précocité de l'usage, cumul de produits, consommation à visée "autothérapeutique" (pour s'apaiser), recherche systématique d'excès et répétition fréquente. L'évaluation doit être globale, incluant le contexte scolaire, social et familial.

      4. Prévention Efficace : Les stratégies de prévention modernes ont abandonné l'approche basée sur la peur et l'information brute, jugée contre-productive. L'accent est désormais mis sur le renforcement des compétences psychosociales (CPS) : estime de soi, gestion des émotions, esprit critique et capacité à dire non.

      5. Rôle Parental Fondamental : Les parents sont des acteurs de prévention de premier plan. Leur rôle est de maintenir un dialogue ouvert, d'éviter les jugements hâtifs, de poser un cadre clair sans fermer la communication, et d'être une ressource fiable en cas de difficulté. Discuter des sensations et des limites est plus constructif que la seule répression.

      6. Ressources Disponibles : Des structures gratuites, confidentielles et accessibles existent pour les jeunes (12-25 ans) et leur entourage. Les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC), hébergées par des entités comme le CSAPA 37 ou l'Espace Santé Jeune, offrent un lieu d'écoute et d'évaluation sans jugement.

      1. Définitions Clés : De la Substance Psychoactive à l'Addiction

      Selon les intervenantes, il est essentiel de clarifier les termes employés pour aborder sereinement le sujet.

      • Drogue / Substance Psychoactive : Une drogue est définie comme tout produit, licite ou illicite, qui modifie le fonctionnement du cerveau et du psychisme. Cette définition inclut donc l'alcool et le tabac, qui sont les substances les plus consommées et les principaux enjeux de santé publique.

      • Mécanismes Cérébraux : Le corps humain produit naturellement des substances psychoactives (endogènes) comme la dopamine ou les endorphines, qui génèrent du plaisir suite à des actions comme manger ou faire du sport.

      Les substances externes (exogènes) stimulent ces mêmes circuits de récompense de manière beaucoup plus rapide et intense, ce qui peut inciter le cerveau à privilégier cette voie pour obtenir une satisfaction immédiate.

      • Consommation vs. Addiction : Toute consommation n'est pas une addiction. L'addiction est un processus qui s'installe dans le temps et se caractérise par une "perte de la liberté de s'abstenir". Pour les adolescents, les professionnelles préfèrent parler de conduites à risque plutôt que d'addiction, cette dernière étant rare dans cette tranche d'âge.

      2. La Réalité de la Consommation chez les Adolescents : Données et Tendances

      Les intervenantes insistent sur la nécessité de dédramatiser le phénomène en s'appuyant sur des données objectives issues d'enquêtes nationales (ESCAPAD, menée par l'OFDT).

      Tendance Observée Détails

      Baisse Générale

      Une baisse constante des expérimentations et des consommations régulières de tabac, d'alcool et de cannabis est observée chez les collégiens et lycéens depuis plus de 10 ans.

      Recul de l'Âge

      Contrairement aux idées reçues, l'âge des premières consommations ne baisse pas ; il a même tendance à reculer.

      Les premières expérimentations ont souvent lieu vers 16-17 ans.

      Exemple du Tabac

      Le pourcentage de fumeurs réguliers à 17 ans est passé de 40% en 2002 à moins de 16% en 2022.

      Hiérarchie des Produits

      Les produits les plus consommés restent, de loin, le tabac et l'alcool, suivis par le cannabis. Les autres substances illicites ne représentent qu'une part mineure des consommations (environ 5%).

      Première Initiation

      L'initiation à l'alcool, produit très normalisé et culturellement ancré en France, se fait très souvent dans le cadre familial lors d'événements festifs.

      Cette perspective factuelle est cruciale pour éviter deux écueils : l'inquiétude parentale excessive et l'incitation paradoxale des jeunes qui, se croyant en décalage, pourraient être tentés d'expérimenter pour se conformer à une norme perçue.

      3. Identifier les Signes d'Alerte : Quand Faut-il s'Inquiéter ?

      Une consommation devient une conduite à risque préoccupante non pas à cause d'un seul acte, mais lorsque plusieurs signaux s'accumulent et indiquent un changement de comportement global. L'évaluation se base sur un faisceau d'indices.

      Les cinq indicateurs principaux à surveiller :

      1. La Précocité des Consommations : Un usage commencé très jeune (collège) est un facteur de risque majeur en raison de l'immaturité du cerveau.

      2. Le Cumul des Consommations : L'utilisation simultanée ou alternée de plusieurs produits (alcool, tabac, cannabis...).

      3. Les Consommations Autothérapeutiques : L'usage d'un produit pour s'apaiser, gérer une angoisse ou fuir une difficulté. Le produit devient alors une sorte de "médicament".

      4. La Recherche d'Excès : La volonté systématique d'atteindre des états extrêmes.

      5. La Répétition des Consommations : Une fréquence élevée qui peut entraîner une accoutumance et un besoin d'augmenter les doses.

      En parallèle, il faut observer le contexte général de l'adolescent :

      • Scolarité : Y a-t-il un désintérêt, un décrochage ?

      • Vie Sociale : L'adolescent s'isole-t-il ? Change-t-il de cercle d'amis ?

      • Centres d'Intérêt : Abandonne-t-il des activités qui lui procuraient du plaisir auparavant ?

      • Communication Familiale : Le dialogue est-il rompu ? Le comportement de consommation est souvent le symptôme d'un mal-être sous-jacent. L'analyse doit donc être systémique, en prenant en compte l'individu, la substance et son environnement.

      4. Le Processus Addictif Illustré : L'Allégorie "Nuggets" Le court-métrage d'animation "Nuggets" (Andreas Hykade, 2014) est utilisé pour décomposer le cheminement qui peut mener d'une expérimentation à une addiction.

      1. La Lune de Miel : La première rencontre avec le produit est une expérience positive, une recherche de plaisir pur. Il n'y a pas encore d'envie irrépressible de consommer (craving).

      2. L'Apparition des Dommages : La consommation apporte toujours du plaisir, mais les premières conséquences négatives apparaissent (physiques, sociales, financières). La tonalité devient plus sombre.

      3. La Compulsion et la Tolérance : L'envie devient pressante, compulsive. Les effets positifs durent moins longtemps et sont moins intenses. Une tolérance s'installe, obligeant à augmenter les doses pour retrouver les effets initiaux. C'est l'étape de la "perte de la liberté de s'abstenir".

      4. La Perte de Contrôle : Le comportement devient obsessionnel. La consommation se poursuit de manière frénétique malgré la dégradation de l'état du sujet et l'absence quasi totale de plaisir. Le but n'est plus de ressentir du plaisir, mais de soulager la souffrance du manque.

      Ce processus montre que l'addiction ne s'installe pas du jour au lendemain et que la continuité de la consommation est un facteur déterminant.

      5. L'Adolescence : Une Période de Vulnérabilité et d'Expérimentation La consommation de produits doit être comprise dans le contexte unique de l'adolescence, une période de profonds bouleversements.

      • Une Quête Nécessaire : L'expérimentation, y compris avec des produits, fait partie du processus normal de construction de l'identité. C'est une manière pour l'adolescent de tester ses limites, de se connaître, de développer son estime de soi et de s'autonomiser (processus d'individuation).

      • Fonctions Sociales : La consommation peut être un rite de passage, un moyen d'intégration dans un groupe de pairs, ou un acte d'imitation.

      • Vulnérabilité Psychique : Pour les adolescents plus fragiles, la substance peut devenir un "support" pour gérer des difficultés, notamment le détachement des parents ou un mal-être profond.

      • Le Danger de l'Identification : Le discours ambiant qui associe systématiquement adolescence et consommation problématique peut créer une identification négative. L'adolescent, en quête de modèles, peut se conformer à cette image et adopter le comportement attendu.

      6. Stratégies de Prévention Efficaces L'approche de la prévention a radicalement évolué, s'éloignant des méthodes jugées inefficaces pour se concentrer sur l'outillage de l'adolescent.

      Ce qui ne fonctionne pas :

      • Le Discours de Peur : Agiter les menaces ("tu vas mourir", "tu iras en prison") génère du stress (cortisol) et peut avoir un effet inverse, incitant l'adolescent à chercher une substance pour apaiser cette angoisse.

      • L'Apport de Connaissances Brutes : Le cerveau adolescent est dominé par l'impulsivité et le système émotionnel. La connaissance des risques ne suffit pas à empêcher le passage à l'acte.

      Ce qui fonctionne : le Renforcement des Compétences Psychosociales (CPS)

      L'objectif est de donner à l'adolescent les outils pour faire des choix éclairés et se protéger.

      Cela inclut le travail sur :

      • • L'estime de soi.
      • • La gestion des émotions et du stress.
      • • L'esprit critique et la prise de distance.
      • • La capacité à s'affirmer et à dire non.
      • • La connaissance de ses propres limites.

      Le rôle des parents et de l'entourage est central : • Maintenir la Communication : Laisser la porte du dialogue ouverte est la clé.

      L'adolescent doit savoir qu'il peut appeler un parent en cas de difficulté, même après une consommation excessive, sans craindre une punition disproportionnée.

      • Accueillir et Discuter : Face à une première ivresse, il est plus constructif d'ouvrir une discussion sur les sensations ressenties (positives et négatives) plutôt que de réprimer uniquement.

      • Poser un Cadre : L'échange ne signifie pas la permission. Il est du rôle du parent de rappeler les règles et la loi (ex: le cannabis est illégal).

      • Prévention Collective : La prévention est l'affaire de tous (parents, enseignants, éducateurs). Créer un environnement bienveillant et sécurisant, où le jeune se sent bien, est un facteur de protection puissant.

      Les adolescents eux-mêmes développent des stratégies de réduction des risques, comme le "capitaine de soirée" (celui qui ne boit pas) ou le fait de dormir sur place après une fête, montrant une prise de conscience des dangers.

      7. Ressources et Soutien Disponibles Un réseau de structures professionnelles existe pour accompagner les jeunes et leur entourage.

      • Les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) :

      Public : Jeunes de 12 à 25 ans, mais aussi leur entourage (parents, amis, grands-parents).

      Principes : Accueil gratuit, confidentiel et potentiellement anonyme. Il n'est pas nécessaire d'être en situation d'addiction ; toute question sur la consommation est légitime.

      Mission : Offrir un lieu d'écoute pour faire le point, évaluer une situation, obtenir de l'information, apprendre à réduire les risques et, si besoin, être orienté.

      Lieux : Elles sont implantées dans des structures spécialisées (comme le CSAPA - Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie) et des lieux plus généralistes pour éviter la stigmatisation (Espace Santé Jeune, Maison des Adolescents).

      • Programmes de Prévention : ◦ En Milieu Scolaire : Des programmes probants comme "Unplugged" sont déployés dans les établissements pour travailler sur les compétences psychosociales en co-animation avec les enseignants. ◦ Soutien à la Parentalité : Des groupes de parole pour parents, comme "Mon Ado et Moi", permettent d'échanger sur les inquiétudes et de dédramatiser les situations.

      8. Nouvelles Tendances de Consommation

      Bien que la consommation des produits "classiques" soit en baisse, de nouveaux produits émergent et suscitent des inquiétudes :

      La "Puff" : Une cigarette électronique jetable, très attractive pour les jeunes par son design coloré et ses goûts sucrés. Elle constitue une nouvelle porte d'entrée vers la consommation de nicotine pour des jeunes qui n'auraient pas commencé à fumer autrement.

      Le Protoxyde d'Azote : Gaz hilarant contenu dans des cartouches. Sa consommation, perçue à tort comme inoffensive, peut entraîner des dommages neurologiques et physiques importants.

      La Chicha : Narguilé dont l'usage reste populaire et qui est également nocif.

    1. Briefing : Les Violences Éducatives Ordinaires (VEO)

      Résumé

      Ce document de synthèse analyse les Violences Éducatives Ordinaires (VEO) en s'appuyant sur l'expertise de professionnels de l'enfance.

      Il met en lumière le contexte historique, la définition, les impacts neuroscientifiques et les défis sociétaux liés à ces pratiques.

      Les VEO, héritage d'une histoire millénaire de domination patriarcale, englobent non seulement les violences physiques (gifles, fessées) mais aussi des formes psychologiques et verbales (humiliations, chantage, cris) qui sont banalisées et profondément ancrées dans les schémas éducatifs.

      La législation française n'a que très récemment, en 2019, interdit explicitement ces pratiques, marquant une rupture avec un passé où le "droit de correction" était légitimé.

      L'impact des VEO sur l'enfant est désormais documenté par les neurosciences : loin de favoriser l'obéissance, le stress généré active les circuits cérébraux de la peur, inhibant les capacités de raisonnement et de coopération.

      Cela compromet le "méta-besoin" fondamental de sécurité de l'enfant, essentiel à son développement.

      Les parents actuels se trouvent dans une "période de transition éducative" complexe, cherchant à abandonner des modèles transmis sur des générations.

      Il est crucial de distinguer l'éducation sans violence du laxisme : l'enjeu est de poser un cadre clair, prévisible et contenant, tout en instaurant un dialogue basé sur la confiance et le respect.

      Ce document détaille ces concepts et recense les ressources disponibles pour accompagner les familles dans cette transition.

      I. Contexte Historique et Sociétal : De la Domination aux Droits de l'Enfant

      La notion de violences éducatives ordinaires est intrinsèquement liée à une longue histoire de domination et à l'évolution du statut de l'enfant dans la société.

      A. L'Héritage Patriarcal

      Antiquité Romaine : Le concept du pater familias donnait au chef de famille un pouvoir absolu, y compris un droit de vie et de mort sur ses enfants et ses esclaves, afin de maintenir un ordre social fondé sur la domination.

      Code Civil Napoléonien (1804) : Cet héritage a été formalisé dans la loi française, qui a réaffirmé la "puissance paternelle" et le "droit de correction" du père sur ses enfants.

      L'article 375 permettait même au père de faire enfermer sa progéniture au titre de la correction. Bien que datant de plus de deux siècles, ce code constitue encore la base du droit civil actuel.

      XIXe et début du XXe siècle : Le père conservait un pouvoir coercitif majeur, pouvant décider de l'enfermement d'un enfant jugé "rebelle" ou désobéissant dans des "maisons de correction" ou des "colonies pénitentiaires agricoles" (comme celle de Mettray en Indre-et-Loire), qui s'apparentaient davantage à des bagnes qu'à des lieux d'éducation.

      B. L'Émergence Lente des Droits de l'Enfant

      Le XXe siècle a vu une évolution progressive de la perception de l'enfant, qui passe d'un objet de correction à un sujet de droits.

      1935 : Abolition de la "correction paternelle", mettant fin au droit d'enfermement parental.

      1945 : L'ordonnance de 1945, dans le contexte de l'après-guerre, crée les juges pour enfants et pose les fondements d'une justice moderne pour les mineurs, axée sur la protection et l'éducation plutôt que sur la seule coercition.

      1970 : La "puissance paternelle" est définitivement abolie et remplacée par l'autorité parentale, qui instaure des droits et devoirs égaux entre la mère et le père. C'est une étape majeure mais le droit de correction reste toléré dans la pratique.

      En 1982, un juge en cour d'appel pouvait encore statuer que fessées et coups de règle ne constituaient pas une "brutalité excessive" s'ils ne laissaient pas de traces.

      1989 : La Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE), ratifiée par la France en 1990, reconnaît enfin l'enfant comme un sujet de droit à part entière, devant être protégé de toute forme de violence.

      C. La Loi de 2019 : Une Reconnaissance Tardive

      Malgré la CIDE, la France a mis près de 30 ans à légiférer spécifiquement sur les VEO.

      2015 : La France est condamnée par le Conseil de l'Europe pour l'absence d'une loi "suffisamment claire" interdisant les châtiments corporels.

      Juillet 2019 : Adoption de la loi, souvent surnommée péjorativement "loi anti-fessée". Cette loi, proposée par la députée Maud Petit, a fait l'objet de nombreuses moqueries et d'une forte résistance, illustrée par l'argument "j'ai pris des claques et je n'en suis pas mort".

      Contenu de la loi : Elle stipule de manière concise que "l'autorité parentale s'exerce sans violence physique ou psychologique".

      L'introduction de la notion de violence psychologique est une avancée fondamentale, car elle reconnaît les impacts invisibles mais profonds de certaines pratiques éducatives.

      II. Définition et Formes des Violences Éducatives Ordinaires (VEO)

      Les VEO sont définies comme des pratiques punitives et coercitives, banalisées et courantes ("ordinaires"), utilisées au nom de l'éducation mais qui n'ont aucune valeur éducative et portent atteinte à la dignité et à l'intégrité de l'enfant.

      Elles se classifient en trois grandes catégories.

      Type de Violence Exemples Concrets Citées Violence Physique Gifles, fessées, tapes sur les mains, tirage de cheveux, pincements, secousses, jet d'objets, destruction de jouets, privation de nourriture, isolement forcé dans une pièce. Violence Psychologique Menaces ("tu vas voir..."), culpabilisation, chantage affectif, éducation par la peur, indifférence (ignorer l'enfant, notamment quand il pleure), créer un climat d'insécurité. Violence Verbale Humiliations, insultes, cris, dévalorisation ("tu es nul", "tu n'y arriveras jamais"), comparaisons (entre frères et sœurs ou avec d'autres enfants), moqueries.

      Ces pratiques sont souvent des réactions automatiques de l'adulte face à un sentiment de débordement ou d'impuissance, et peuvent être la reproduction de schémas éducatifs subis durant sa propre enfance.

      III. L'État des Lieux Actuel et la Perception Sociétale

      Une enquête IFOP réalisée pour la Fondation pour l'enfance en 2024 révèle une évolution contrastée des mentalités depuis la loi de 2019. • Baisse des violences physiques : La loi "anti-fessée" semble avoir eu un impact positif, avec une diminution déclarée du recours aux châtiments corporels.

      Stagnation des violences psychologiques : Les violences psychologiques et verbales peinent à diminuer, voire augmentent pour certaines.

      Cela traduit une difficulté à prendre conscience de la portée de ces actes et à modifier des modèles de communication profondément ancrés.

      Résistance parentale : Une part significative des parents interrogés exprime encore une réticence face à la loi, la percevant comme une ingérence de l'État dans la sphère privée ("de quoi se mêle l'État").

      Cet argument de "l'intimité familiale" a historiquement freiné l'avancée de la législation.

      IV. L'Impact des VEO sur le Développement de l'Enfant

      Les neurosciences permettent de comprendre pourquoi les VEO sont non seulement néfastes, mais aussi contre-productives.

      A. La Réponse Cérébrale à la Peur

      Face à un adulte perçu comme menaçant (cris, gestes brusques), le cerveau de l'enfant active un mécanisme de survie.

      1. Perception d'un danger : L'adulte devient une source de frayeur.

      2. Court-circuit du raisonnement : Le signal de peur est traité directement par les zones archaïques du cerveau (système limbique), qui gèrent les émotions et le danger, en contournant le cortex préfrontal, siège de la réflexion et de l'apprentissage.

      3. Réactions instinctives : Le cerveau déclenche l'une des trois réponses primaires au danger :

      ◦ L'attaque (Fight) : Rare envers un parent.

      ◦ La fuite (Flight) : Évitement.

      ◦ La sidération (Freeze) : L'enfant est "tétanisé", incapable d'agir ou de réagir.

      C'est souvent interprété à tort par le parent comme de la provocation.

      Ce processus s'accompagne d'une surproduction d'hormones de stress comme le cortisol, qui, en excès, est néfaste pour le développement cérébral.

      B. L'Atteinte au Besoin Fondamental de Sécurité

      Le "méta-besoin" de sécurité est le pilier du développement de l'enfant, comme l'a reconnu la loi de protection de l'enfance de mars 2016.

      Ce besoin inclut :

      • Les besoins physiologiques (sommeil, alimentation).

      • La nécessité de relations affectives stables et prévisibles.

      Les VEO créent une insécurité fondamentale : l'enfant perd confiance en son environnement et en les figures qui sont censées le protéger.

      C. Les Risques à Long Terme

      Bien qu'il n'y ait pas de causalité automatique, un enfant exposé de manière répétée aux VEO présente une vulnérabilité accrue à :

      Des difficultés scolaires et d'apprentissage : Un enfant en état d'alerte permanent n'est pas disponible pour apprendre.

      Une faible estime de soi : Les messages dévalorisants sont intériorisés.

      La reproduction des schémas de violence : Il peut devenir lui-même auteur de violences ou se retrouver en situation de victime à l'âge adulte (auto-maltraitance ou maltraitance subie).

      V. Le Défi de la "Transition Éducative" pour les Parents

      Les parents d'aujourd'hui sont à la charnière de deux modèles, ce qui crée une période de "transition éducative".

      Sortir de la reproduction : La plupart des adultes ont été éduqués avec des VEO. En situation de stress, la tendance est de reproduire inconsciemment ces schémas. Prendre conscience de cela est la première étape du changement.

      Réparer la relation : Il n'est jamais trop tard pour revenir sur un incident. Reconnaître son erreur devant l'enfant ("ma réaction était disproportionnée"), lui expliquer le contexte sans se défausser, permet de restaurer le lien de confiance et de lui montrer un modèle de gestion de conflit non-violent.

      Éduquer sans violence n'est pas du laxisme : C'est une confusion fréquente. L'enfant a un besoin essentiel de cadre.

      Ce cadre doit être :

      ◦ **Clair et prévisible** : Les règles sont connues et cohérentes.
      

      Contenant : Il offre une sécurité affective qui permet à l'enfant d'explorer le monde.

      Adapté et évolutif : Il change avec l'âge et les compétences de l'enfant, et peut être discuté, notamment avec un adolescent.

      Sanction vs. Punition : La sanction, si elle est proportionnée à l'acte et à l'âge, peut être éducative si elle n'a pas pour but d'humilier ou de dominer, mais de poser une limite et de permettre une réparation.

      VI. Cas Pratiques et Lignes Directrices

      Obliger à embrasser un proche : Cette pratique est une VEO car elle ne respecte pas le corps et le consentement de l'enfant.

      C'est une occasion manquée d'enseigner le droit de dire "non", une compétence cruciale pour la prévention des abus. Il est préférable de proposer des alternatives ("tu peux dire bonjour d'une autre façon").

      Forcer à manger ou à goûter : Le forçage alimentaire peut générer des troubles du comportement alimentaire.

      L'utilisation de la nourriture comme chantage (notamment le sucre comme récompense) crée une relation malsaine à l'alimentation.

      Le rôle du parent est de proposer une alimentation variée, mais l'enfant doit rester maître de ce qu'il ingère.

      Refus de soins (médicaments, brossage de dents) :

      La santé de l'enfant n'est pas négociable, et l'adulte doit poser un cadre ferme. Cependant, l'approche est essentielle : expliquer l'importance du soin, rester calme et convaincu, et utiliser des stratégies ludiques pour obtenir l'adhésion plutôt que de recourir à la force.

      VII. Ressources et Soutien Disponibles

      Il est essentiel pour les parents de ne pas rester isolés face à leurs difficultés. De nombreuses structures, gratuites et confidentielles, existent pour offrir écoute et accompagnement.

      Protection Maternelle Infantile (PMI) : Pour les parents d'enfants de 0 à 6 ans, dans les Maisons Départementales de la Solidarité.

      Lieux d'Accueil Enfants-Parents (LAEP) : Espaces de rencontre et de jeu pour les parents et enfants de 0 à 3 ans.

      Maison des Adolescents : Lieu dédié aux jeunes et à leurs parents.

      Espace Santé Jeune : Ligne d'écoute et accueil pour les 7-25 ans.

      Espaces Parents : Nouveaux lieux d'accueil, d'écoute et d'activités pour tous les parents.

      Associations spécialisées : Comme Les Établis, qui proposent prévention, écoute et orientation.

      Ressources en ligne : Le site stopveo.fr (Violences Éducatives Ordinaires) offre des articles, vidéos et témoignages.

    1. L'Orientation Scolaire : Parcours, Psychologie et Stratégies

      Synthèse Exécutive

      L'orientation scolaire est présentée non pas comme une série de décisions ponctuelles et anxiogènes, mais comme un cheminement progressif et continu, un parcours singulier qui se construit tout au long de la vie.

      Les psychologues de l'Éducation Nationale (PsyEN) jouent un rôle central dans cet accompagnement, en s'appuyant sur leur expertise en psychologie du développement de l'enfant et de l'adolescent pour aider les jeunes et leurs familles à naviguer dans ce processus.

      Les points critiques qui émergent sont :

      La primauté de l'épanouissement : La réussite scolaire et professionnelle est directement conditionnée par l'épanouissement du jeune dans la voie choisie.

      Le choix doit être en phase avec sa manière d'apprendre (théorique, pratique, par projet) et ses centres d'intérêt.

      La déconstruction des mythes : Il n'existe pas de "métier idéal" unique ni de trajectoire linéaire.

      La voie professionnelle n'est pas une impasse et peut mener à des études supérieures.

      L'apprentissage est une modalité d'excellence accessible à tous les niveaux, du CAP au diplôme d'ingénieur.

      La notion de "maturité vocationnelle" : La capacité à se projeter dans un avenir professionnel est une compétence cognitive qui mûrit progressivement, atteignant un pic vers 18 ans.

      Il est donc normal pour un adolescent de ne pas avoir de projet défini. Le rôle des adultes est de rassurer, d'encourager et d'ouvrir des horizons.

      L'importance des expériences multiples : La construction du projet d'orientation se nourrit autant des temps formels (stages, séances en classe) que des expériences informelles (discussions en famille, loisirs, voyages).

      "Se tromper" n'est pas un échec, mais une expérience qui affine la connaissance de soi.

      Parcoursup comme outil : Loin d'être un juge, Parcoursup est une plateforme de mise en relation entre les candidats et les établissements d'enseignement supérieur, qui conservent leurs propres critères de recrutement.

      C'est également une ressource d'information précieuse, utilisable bien avant la classe de Terminale pour explorer les possibilités via sa "carte des formations".

      En somme, l'approche préconisée est de dédramatiser l'orientation en la considérant comme un processus d'exploration, où la connaissance de soi, la flexibilité et l'ouverture aux opportunités sont les clés d'un parcours réussi et épanouissant.

      Le Rôle Central du Psychologue de l'Éducation Nationale (PsyEN)

      De Conseiller à Psychologue : Une Approche Globale

      Le métier a évolué de "conseiller d'orientation" à "psychologue de l'Éducation Nationale" pour refléter un changement fondamental d'approche.

      L'accompagnement proposé dépasse le simple conseil pour s'ancrer dans une compréhension profonde de la psychologie de l'enfant et de l'adolescent.

      Fondements psychologiques : Les entretiens s'appuient sur la connaissance du développement psychosocial, cognitif et affectif du jeune.

      Objectif : Aider le jeune à construire son projet d'orientation et à faire des choix éclairés lors des moments clés de sa scolarité.

      Citation clé : Géraldine Mignier précise : "Ce sont toutes ces notions sur lesquelles nous on appuie nos entretiens pour travailler avec le jeune son projet d'orientation, l'aider à faire des choix au moment où il doit prendre des décisions."

      Formation : Les PsyEN sont des psychologues de formation ayant suivi une année de spécialisation supplémentaire pour exercer au sein de l'Éducation Nationale.

      Deux Spécialités pour un Accompagnement Adapté

      Les PsyEN se divisent en deux spécialités pour couvrir l'ensemble du parcours scolaire :

      1. EDA (Éducation, Développement, Apprentissage) :

      Interviennent dans le premier degré, de l'école maternelle au CM2.

      2. EDO (Éducation, Développement et Conseil en Orientation Scolaire et Professionnelle) :

      Interviennent dans l'enseignement secondaire (collège, lycée) et supérieur. Ce sont ces professionnels qui sont au cœur du sujet de l'orientation.

      Mission : Rassurer, Accompagner et Servir de Médiateur

      Le PsyEN agit souvent comme une tierce personne neutre entre le jeune et ses parents, surtout lorsque les désirs de l'un ne correspondent pas aux attentes des autres.

      Leur rôle est d'apaiser les angoisses, d'expliquer le fonctionnement du système et de permettre des prises de décision plus sereines.

      Ils reçoivent les élèves, mais aussi les parents, que ce soit au sein des établissements scolaires ou dans les Centres d'Information et d'Orientation (CIO).

      Les Parcours d'Orientation : Un Paysage aux Multiples Voies

      L'orientation n'est pas limitée aux classes de 3ème et de Terminale. Elle est jalonnée de plusieurs moments de choix tout au long de la scolarité.

      Au-delà de la 3ème et de la Terminale : Les Premiers Paliers

      La question de l'orientation peut se poser bien avant les grandes échéances connues :

      • Dès la 6ème : Des orientations adaptées peuvent être envisagées (SEGPA, dispositif ULIS).

      • En 4ème ou 3ème : Des choix vers l'enseignement agricole ou une 3ème "prépa-métiers" sont possibles pour découvrir le monde professionnel plus tôt.

      Après la 3ème : Choisir sa Modalité d'Apprentissage

      Le choix post-3ème doit avant tout se fonder sur la manière dont l'élève apprend et s'épanouit.

      L'épanouissement conditionne la réussite.

      Voie Description Profil d'Apprenant Débouchés

      Générale et Technologique (Seconde GT) Classe commune menant soit à un Bac Général (enseignements théoriques et généraux), soit à un Bac Technologique (apprentissage par projets).

      Bac Général : À l'aise avec les apports théoriques. <br> Bac Technologique : Apprécie l'apprentissage par le biais de projets.

      Nécessite une poursuite d'études supérieures.

      Professionnelle

      Prépare à deux diplômes : le CAP (en 2 ans) ou le Bac Pro (en 3 ans). Peut se faire sous statut scolaire (lycée professionnel) ou en apprentissage (entreprise).

      Apprend de manière concrète, avec plus de pratique et d'expérience.

      Permet une insertion professionnelle directe mais aussi une poursuite d'études supérieures. La voie pro n'est pas synonyme d'études courtes.

      Focus sur l'Apprentissage : L'apprentissage n'est pas réservé aux filières courtes.

      Il est possible de suivre un parcours complet en apprentissage, du CAP jusqu'au Bac+5 (Master, titre d'ingénieur), en alternant formation en école et en entreprise.

      L'Enseignement Supérieur après le Baccalauréat

      Le schéma des études supérieures n'est pas linéaire ni figé.

      • Flexibilité des parcours : Il existe de nombreuses passerelles entre les filières (ex: de BTS/BUT vers une grande école ou un master universitaire).

      • Trajectoires singulières : Les parcours sont propres à chacun et peuvent inclure des pauses (année de césure, service civique), des réorientations ou des reprises d'études.

      • Diversité des diplômes : L'offre va du Bac+2 (BTS) au Bac+5 (Master) et au-delà (Doctorat), avec des durées et des modalités variées (alternance, etc.).

      La Construction du Projet : Un Cheminement Personnel et Expérientiel

      Le projet d'orientation s'élabore progressivement grâce à une multitude d'expériences qui nourrissent la réflexion.

      • Expériences formelles : Visites d'entreprises, forums, stages (obligatoire en 3ème, puis en 2nde GT), mini-stages en lycée professionnel.

      • Expériences informelles : Discussions sur le travail à la maison, voyages, loisirs, rencontres.

      Il est crucial de permettre aux jeunes de se forger des représentations variées du monde du travail.

      • Le stage : Il s'agit d'une étape de découverte du monde de l'entreprise (codes, fonctionnement, assiduité) et de soi-même, plus que d'une validation d'un choix de métier.

      • La psychologie de l'adolescent et la "Maturité Vocationnelle" :

      La capacité à définir un projet professionnel, appelée "maturité vocationnelle", se développe avec la maturation cognitive du cerveau, qui se poursuit bien après 18 ans.

      Il est donc contre-productif de mettre la pression sur un jeune adolescent pour un choix de métier définitif.

      Démystifier l'Orientation et Gérer l'Anxiété Une part importante de l'accompagnement consiste à rassurer les familles et à déconstruire certaines idées reçues.

      Le droit à l'erreur : Une réorientation n'est pas un échec mais une expérience enrichissante qui permet d'affiner son projet et d'acquérir de nouvelles compétences.

      Comme le souligne une intervenante : "Ce ne sont que des expériences qui permettent d'alimenter la connaissance de soi."

      Le mythe du "métier idéal" : L'idée d'un métier unique et parfait pour une personne n'est pas réaliste. Les parcours professionnels sont aujourd'hui marqués par la reconversion et l'évolution.

      Un monde du travail en évolution : Avec l'émergence de l'IA et de l'écologie, de nombreux métiers de demain n'existent pas encore.

      Il est donc plus pertinent de faire des choix basés sur ses intérêts actuels que de tenter de prédire l'avenir du marché du travail.

      Analyse Statistique : Environ 50% des jeunes n'exercent pas un emploi directement lié à leur formation initiale.

      Cela ne signifie pas une erreur d'orientation, mais illustre la transférabilité des compétences (méthodologie, savoir-faire) acquises et l'évolution naturelle des trajectoires professionnelles.

      Outils et Plateformes Clés : Le Cas de Parcoursup

      Parcoursup : Une Plateforme de Candidature, pas de Décision

      Parcoursup est souvent une source de stress, mais son rôle doit être bien compris :

      Mise en relation : C'est une plateforme qui met en relation les candidats avec les formations post-bac.

      Le recrutement par les écoles : Ce sont les établissements d'enseignement supérieur qui examinent les dossiers et effectuent le recrutement selon leurs propres critères (dossier scolaire, concours, entretiens, etc.).

      Calendrier et Fonctionnement

      Période clé : La saisie des vœux se déroule généralement du 15 janvier au 13 mars.

      Importance de l'information : Il est essentiel que le jeune se renseigne en amont sur les "attendus" et les modalités de recrutement de chaque filière qui l'intéresse pour formuler des vœux ajustés à son profil.

      Un Outil de Recherche Précieux dès le Collège

      La plateforme n'est pas réservée aux élèves de Terminale. Sa "carte des formations" est un moteur de recherche accessible à tous, qui permet de :

      • Explorer les formations par mots-clés ou diplômes au niveau national.

      • Visualiser géographiquement les établissements.

      • Consulter les spécificités de chaque formation, les critères de recrutement et les statistiques des années précédentes.

      Lieux et Ressources pour S'orienter

      Les Centres d'Information et d'Orientation (CIO)

      Les CIO offrent des entretiens gratuits sur rendez-vous (environ 1 heure) avec des PsyEN, pour les jeunes seuls ou accompagnés de leur famille. Ils sont ouverts pendant les vacances scolaires.

      Sites en Indre-et-Loire : Tours (sur le site de Joué-lès-Tours), Joué-lès-Tours, Loches, Amboise, Chinon. Ressources Numériques de Référence Ces sites sont recommandés pour la fiabilité et l'actualisation de leurs informations :

      ONISEP : Informations sur les diplômes et filières. Propose un guide pour les parents sur l'onglet "Avenir(s)".

      Parcoursup.fr : Pour la carte des formations et les informations sur l'enseignement supérieur.

      Eduscol : Ressources pédagogiques de l'Éducation Nationale.

      Cléor : Informations sur les métiers et le monde économique régional.

      orientation.centre-valdeloire.fr : Calendrier des journées portes ouvertes et recherche de formations.

      CIDJ (Centre d'Information et de Documentation Jeunesse) : Fiches métiers détaillées avec les parcours d'études associés.

      Acteurs Locaux en Indre-et-Loire

      Bureau Information Jeunesse (BIJ) : Situé à Tours, il propose accueil, écoute et ateliers. Des Points Information Jeunesse (PIJ) existent aussi en milieu rural.

      Maison de l'Orientation et de l'Insertion Professionnelle (MOIP) : Rattachée à l'Université, elle s'adresse principalement aux étudiants mais reçoit aussi des lycéens.

    1. Document d'Information : Synthèse sur le TDAH et l'Anxiété

      Résumé Analytique

      • Ce document synthétise les liens complexes entre le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et l'anxiété, en se basant sur l'idée que de nombreux symptômes anxieux peuvent être mieux expliqués par des déficits sous-jacents de la fonction exécutive liés au TDAH. Jusqu'à 50 % des personnes atteintes de TDAH souffrent également d'un trouble anxieux, et le chevauchement des symptômes, tels que les pensées rapides, les troubles du sommeil et les problèmes de concentration, rend le diagnostic complexe.
      • La distinction fondamentale réside dans la cause première des symptômes.

      L'anxiété est généralement enracinée dans une réponse de peur exacerbée et des comportements d'évitement habituels, souvent liés à une suractivité de l'amygdale.

      En revanche, lorsque les symptômes de type anxieux proviennent du TDAH, ils découlent principalement d'un déficit prédisposé de la fonction exécutive — la capacité du cerveau à planifier, organiser, réguler les émotions et contrôler les impulsions. Ce déficit est souvent lié à des différences dans le cortex préfrontal. * Un concept neurologique clé, la "dispersion du profil cognitif", illustre cette différence. Les personnes atteintes de TDAH présentent souvent des écarts importants entre leurs différentes capacités cognitives, comme une vitesse de traitement très élevée associée à une mémoire de travail faible.

      Cette disparité, décrite comme un "moteur de voiture de course avec des freins de vélo", crée des difficultés de régulation émotionnelle qui alimentent l'anxiété. * Par conséquent, une approche efficace pour traiter l'anxiété chez les personnes atteintes de TDAH consiste à soutenir et à renforcer la fonction exécutive. Cela implique des stratégies pratiques visant à "ralentir la voiture de course" (améliorer l'inhibition), "renforcer les freins" (soutenir la mémoire de travail) et "obtenir une équipe de soutien" (utiliser des ressources externes), offrant ainsi une voie pour gérer l'anxiété en s'attaquant à sa racine neurodéveloppementale.


      1. Le Chevauchement Symptomatique entre TDAH et Anxiété

      • La relation entre le TDAH et l'anxiété peut être illustrée par la métaphore d'un arbre qui semble unique mais possède en réalité deux systèmes racinaires distincts. Bien que les "feuilles" — les symptômes visibles — soient identiques (inquiétude, surmenage, troubles du sommeil), les "racines" — les causes sous-jacentes — diffèrent. Une racine représente l'anxiété découlant d'une réponse de peur, tandis que l'autre représente des symptômes de type anxieux alimentés par un déficit de la fonction exécutive lié au TDAH.

      De nombreux symptômes sont communs aux deux conditions, mais leur origine et leur mécanisme diffèrent.

      • Symptôme
      • Origine dans l'Anxiété
      • Origine dans le TDAH
      • Inquiétude
      • Une habitude inadaptée visant à prévenir les événements négatifs, renforçant un cycle où l'anxiété mène à l'inquiétude, qui prévient (par coïncidence) le résultat redouté, ce qui renforce l'anxiété.
      • Le cerveau active son "réseau du mode par défaut" en l'absence de stimulation, se tournant vers l'inquiétude. L'hyperfocalisation rend difficile le désengagement des pensées anxiogènes.

      Hyperactivité * Une manifestation de la réponse combat-fuite-figer (fight/flight/freeze). Le corps est inondé d'hormones de stress, le préparant à fuir un danger perçu (par exemple, des e-mails). * Décrite comme être "propulsé par un moteur", résultant d'un surplus d'énergie physique combiné à une faible inhibition.

      Difficulté de Concentration

      • Le cerveau est constamment en état d'alerte, balayant l'environnement à la recherche de dangers. Il est difficile de se concentrer sur des tâches (par exemple, les devoirs) lorsqu'on se sent menacé.
      • Une difficulté inhérente à maintenir l'attention sur des tâches qui ne fournissent pas le niveau de stimulation adéquat pour le cerveau TDAH.

      Troubles du Sommeil

      • Les pensées anxieuses et l'inquiétude préventive maintiennent le système nerveux sympathique actif (état d'alerte élevé), empêchant le corps et l'esprit de se détendre.
      • Le cerveau a des difficultés avec le contrôle des impulsions et la régulation comportementale. Il déteste l'ennui et génère donc un flot d'idées aléatoires au moment de s'endormir pour se stimuler.

      2. La Différence Fondamentale : La Fonction Exécutive

      • La distinction la plus cruciale entre l'anxiété et les symptômes de type anxieux liés au TDAH réside dans le rôle de la fonction exécutive. Il s'agit de la capacité du cerveau à gérer les pensées, les émotions et les actions pour atteindre un objectif, englobant des compétences comme la planification, la concentration, la mémorisation et la régulation des impulses.
      • • Racine du TDAH : Déficit de la Fonction Exécutive
      • ◦ Le TDAH est caractérisé par un déficit prédisposé de la fonction exécutive, localisée principalement dans le cortex préfrontal.
      • ◦ Ce déficit rend difficile le traitement des émotions. Par exemple, face à une grande quantité de devoirs, une faible fonction exécutive entrave la priorisation des tâches, diminue la motivation et rend difficile l'initiation du travail. Ce cycle peut mener au stress, au manque de sommeil, à l'anxiété concernant les notes et à un sentiment de surmenage.
      • • Racine de l'Anxiété : Réponse de Peur et Évitement
      • ◦ Les troubles anxieux sont souvent associés à une amygdale ou un axe HPA (hypothalamo-hypophyso-surrénalien) suractif, créant une réponse de peur accrue face à un danger perçu.
      • ◦ Lorsque le cerveau est en mode survie, il détourne l'énergie du cortex préfrontal (la pensée rationnelle) vers des réponses réactives. Cela mène à des comportements d'évitement (par exemple, éviter les devoirs par peur de l'échec ou, à l'inverse, viser la perfection pour éviter l'échec), qui alimentent et renforcent le cycle de l'anxiété.
      • Ce lien crée un cercle vicieux : la faible fonction exécutive (TDAH) alimente la dérégulation émotionnelle et l'anxiété. En retour, l'état émotionnel intense de l'anxiété inhibe davantage la fonction exécutive, rendant la pensée claire encore plus difficile.

      3. Les Bases Neurologiques : La "Dispersion du Profil Cognitif"

      • La "dispersion du profil cognitif" est un phénomène fréquemment observé chez les personnes atteintes de TDAH qui explique la déconnexion entre l'intelligence apparente et les difficultés fonctionnelles.
      • Un score de QI est une moyenne de plusieurs sous-tests mesurant différentes compétences (par exemple, raisonnement verbal, mémoire de travail, vitesse de traitement). Chez une personne neurotypique, ces scores sont généralement groupés. Chez une personne atteinte de TDAH, il peut y avoir un écart significatif entre les scores.
      • • L'Analogie de la Voiture de Course : Le Dr Russell Barkley décrit un schéma courant dans le TDAH comme ayant "un moteur de voiture de course avec des freins de vélo".
      • ◦ Moteur de voiture de course : Vitesse de traitement élevée. Le cerveau génère des idées et des émotions à un rythme extrêmement rapide.
      • ◦ Freins de vélo : Faible mémoire de travail. La mémoire de travail est la capacité de retenir et de manipuler plusieurs informations simultanément. Elle est essentielle pour la régulation émotionnelle, car elle permet de comparer l'expérience actuelle à des souvenirs passés ("J'ai déjà traversé cela, ça va aller") et de se calmer.
      • Lorsque la vitesse de traitement dépasse de loin la capacité de la mémoire de travail, le cerveau est inondé d'émotions et de pensées catastrophiques sans avoir les outils internes pour ralentir, organiser ou apaiser ces sentiments. Cela peut entraîner des explosions émotionnelles impulsives, un sentiment de surmenage et une anxiété chronique.
      • Cette disparité conduit souvent à des malentendus. Un enfant ou un adulte peut paraître "très intelligent" en raison de sa fluidité verbale (vitesse de traitement élevée), mais avoir du mal à initier des tâches ou à se réguler (faible mémoire de travail). Ils sont alors perçus à tort comme "non motivés" ou "paresseux", ce qui peut entraîner des punitions, une faible estime de soi et une peur de l'échec.

      4. Stratégies Pratiques : Aborder l'Anxiété via la Fonction Exécutive

      Si l'anxiété est alimentée par un déficit de la fonction exécutive, la solution consiste à construire des systèmes de soutien ("échafaudages") pour ces fonctions. L'objectif n'est pas d'appliquer plus de "discipline", mais de fournir des outils adaptés.

      Stratégie 1 : Ralentir la Voiture de Course (Améliorer l'Inhibition)

      • • Exercice physique : Soutient directement la fonction exécutive et l'inhibition.
      • • Méditation : Considérée comme une compétence d'entraînement pour le cerveau afin de ralentir et d'améliorer l'attention, plutôt qu'une simple technique de relaxation.
      • • Médicaments : Les stimulants pour le TDAH activent les parties du cerveau responsables de la fonction exécutive, aidant à ralentir les processus de pensée.
      • • Écriture : Journaliser ou simplement écrire ses sentiments est un moyen efficace de ralentir le cerveau, de clarifier le chaos mental et d'activer les parties organisatrices du cerveau.
      • ◦ Exemple : Le témoignage de Sean, coach en fonction exécutive, qui gère le surmenage en écrivant chaque jour : "Si je ne faisais qu'une seule chose aujourd'hui, quelle serait-elle ?" Cette approche minimise la pression et définit un critère de réussite unique et réalisable.
      • • Faire une Pause : Pour contrer l'impulsivité, il est utile de s'entraîner à faire une pause avant de réagir.
      • ◦ Exemple : Mettre en place une "règle de 48 heures" avant de prendre des décisions importantes (par exemple, démissionner, faire un achat coûteux).
      • • Faire Moins de Choses : Le surbooking est une cause majeure de désorganisation et d'anxiété. Il est essentiel de planifier activement du temps pour le repos et l'organisation.

      Stratégie 2 : Renforcer les Freins (Soutenir la Mémoire de Travail et l'Organisation)

      • Rappels Visuels : Pour les personnes atteintes de TDAH, "loin des yeux, loin du cœur" est une réalité. Utiliser des post-it, des tableaux blancs et des listes visibles pour les routines, les stratégies d'adaptation et les objectifs.
      • Systèmes et Routines : Les systèmes de planification (calendriers visuels, listes de contrôle) sont souvent plus efficaces que les approches cognitives comme la TCC pour gérer l'anxiété liée au TDAH.
      • Rappels Numériques : Utiliser des alarmes et des rappels sur son téléphone pour les tâches importantes, les pauses ou même les gestes relationnels (par exemple, "faire un câlin à son conjoint").
      • Traitement Physique des Émotions : Au lieu de traiter les émotions uniquement mentalement, utiliser des supports physiques comme dessiner un schéma de ses sentiments, faire un "brain dump" (décharge mentale) ou une carte mentale.

      Stratégie 3 : Obtenir une Équipe de Soutien (Support Externe)

      • Aide Professionnelle : Un thérapeute ou un coach spécialisé en fonction exécutive peut aider à ralentir, à être moins impulsif et à renforcer les stratégies de régulation.
      • "Body Doubling" : Accomplir des tâches difficiles en présence d'une autre personne. La présence d'un ami peut fournir la structure et la motivation nécessaires.
      • Verbaliser ses Pensées : Exprimer ses pensées à voix haute — que ce soit à un ami, dans un mémo vocal ou même à une IA — les empêche de tourner en boucle et les rend plus faciles à analyser.

      En conclusion, lorsque l'anxiété et le TDAH sont liés, soutenir la fonction exécutive en premier lieu permet de mieux résoudre les problèmes et d'apaiser les émotions.

      Cette approche permet de construire les fondations nécessaires pour que la pensée claire et les choix alignés avec ses valeurs deviennent plus accessibles.

    1. Document de Synthèse : L'Emprise du Numérique et les Dangers des Réseaux Sociaux

      Introduction : Une Lutte "David contre Goliath"

      Ce briefing expose la problématique alarmante de l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale et la sécurité des enfants et adolescents.

      Il met en lumière les témoignages poignants de victimes et de leurs familles, les actions en justice, le manque de régulation et les tactiques des géants de la technologie.

      La lutte est présentée comme un combat "David contre Goliath" entre des familles endeuillées et des entreprises multimillionnaires.

      Thèmes Principaux et Faits Importants :

      1. Addiction et Impact sur la Santé Mentale des Adolescents :

      Témoignage d'Alexis Spence : Alexis a développé de l'anorexie, de la dépression et s'est scarifiée à partir de 11 ans après avoir téléchargé Instagram.

      L'algorithme l'a submergée de contenus sur la minceur, puis de photos de personnes anorexiques, de contenus tristes et déprimants.

      Elle décrit comment elle s'est enfermée dans sa souffrance, devenant "une personne qu'on ne reconnaissait plus".

      Citation : "J'avais 11 ans quand j'ai téléchargé Instagram pour la première fois et c'est là que tout a commencé. [...]

      À force de regarder de la fitness, l'application a commencé à me montrer des mannequins. [...] Les mannequins étaient de plus en plus minces jusqu'à ce que ce ne soient plus des mannequins mais des personnes anorexiques."

      Citation : "Mon compte est devenu rempli de ces contenus. C'était des photos tristes en noir et blanc avec des textes déprimants."

      Citation : "Je pense vraiment qu'Instagram a une grande part de responsabilité dans les problèmes de santé mentale dont j'ai souffert, surtout si on prend en compte mon Je n'avais que 13 ans."

      Idées Suicidaires et Automutilation : Plusieurs témoignages de parents évoquent les scarifications et les tentatives de suicide de leurs enfants, directement liées aux contenus diffusés par les algorithmes.

      Citation : "J'ai posté une photo qui disait que j'avais l'intention de me suicider ce soir-là. [...] J'ai reçu un appel de l'assistante sociale. Vous devez venir à l'école immédiatement. Votre fille a tenté de se suicider."

      Citation : "On avait mis en place des scarifications un peu contrôlées. Donc lorsqu'il allait pas bien, il me demandait ses lames. J'attendais derrière la porte de sa chambre et voir se scarifier."

      Déni des Plateformes : Les dirigeants des Big Tech ont longtemps nié le lien entre leurs plateformes et les problèmes de santé mentale.

      Citation d’un sénateur interrogeant Mark Zuckerberg : "everyone knows that kids who spend a lot of time too much time on your platforms are at risk and it's not just the mental health issues. I mean let me ask you a question is your platform safe for kids I believe it is but there's a difference between country if we don't start honest."

      2. Cyberpédocriminalité et Manque de Sécurité :

      Prolifération de Contenus Dangereux : Les plateformes sont des vecteurs de cyberpédocriminalité, avec des prédateurs sexuels qui exploitent les algorithmes et les fonctionnalités pour cibler les enfants. Interpol Europe est "débordé par la cyberpédocriminalité".

      Citation : "on est quand même un moment assez crucial où Interpol Europe on est débordé par la cyberpédocriminalité et les plateformes elles sont vraiment utilisées par les prédateurs sexuels."

      Citation : "Plus de 80 % des cas de sextorsion, c'est sur Instagram et Snapchat. Urgence à ce qu'elles fassent le ménage."

      Algorithmes Complices : Une expérience avec un avatar de 13 ans, "Lili", démontre que les algorithmes proposent très rapidement des contenus sombres, des scènes d'automutilation, du vampirisme, des scènes sexualisées, et même l'apologie du suicide, même sans recherche préalable de l'utilisateur.

      Citation : "Sur TikTok, l'algorithme est encore plus rapide. En moins de 5 minutes, la plateforme met en avant des vidéos faisant l'apologie du suicide."

      Citation : "En quelques clics, la petite Lili se retrouve témoin de plusieurs viols sur mineurs."

      Techniques de Manipulation des Prédateurs : Des modes d'emploi pour piéger les enfants sont disponibles en ligne. Les prédateurs utilisent des tactiques psychologiques comme le "love bombing" et la sexualisation progressive des conversations, détournant des codes familiers (personnages de dessins animés) pour normaliser des comportements abusifs.

      Citation : "Ils vont vraiment jouer sur plein de ressorts psychologiques différents au niveau des enfants."

      Citation : "Le fait de reprendre des codes par exemple de la Reine des Neiges, enfin des des différents personnages comme ça, il y a il y a des choses qui sont familières qui font pas forcément heurté comme un cohite frontal de de pornographie."

      Réponse Insuffisante des Plateformes : Malgré les signalements, les plateformes ne suppriment pas toujours les contenus illicites et les comptes de prédateurs. Leurs efforts de sécurité sont jugés insuffisants.

      Citation d’un sénateur : "Mr. Zuckerberg, what the hell were you thinking? [...] In what I understand get resources in what saying universe is there a link for se results anyway?" (concernant un message d'avertissement offrant l'option "voir les résultats quand même" pour des contenus problématiques).

      Citation d’un représentant de l’office de lutte contre la cyberpédocriminalité : "On a très très peu de signalement qui parviennent par exemple WhatsApp."

      3. Le Rôle des Entreprises de Technologie et leur Responsabilité :

      Le "Business Model" des Big Tech : Les documents internes de Meta révélés par Frances Haugen (une lanceuse d'alerte) montrent que l'entreprise était consciente des vulnérabilités des enfants et des impacts négatifs, mais a privilégié les profits.

      Citation : "Ces documents montrent que depuis 20 ans mett à enquête sur les vulnérabilités des enfants."

      Citation : "Facebook repeatedly encounter conflicts between its own profits and our safety."

      Citation d’un sénateur : "Children are not your priority. Children are your product. Children you see as a way to make money."

      L'Article 230 comme Bouclier : Les entreprises se cachent derrière l'article 230 du droit américain, qui leur confère une immunité en tant qu'hébergeurs de contenu, les protégeant des poursuites judiciaires pour le contenu publié par leurs utilisateurs.

      Citation : "Ces entreprises se cachent derrière l'article 230 qui est vraiment archaïque. Ils utilisent cette loi comme bouclier pour dire vous ne pouvez pas nous attaquer."

      Citation d’un sénateur : "It's an astonishing benefit that your industry has that no other industry has. They just don't have to worry about being held in court if they're negligent."

      Lobbying Intense : Pour contrer les projets de loi visant à lever leur immunité et à les responsabiliser, les Big Five ont dépensé près de 100 millions de dollars en lobbying, plus de la moitié provenant du groupe Meta.

      Citation : "Ils ont dépensé près de 100 millions de dollars pour faire renoncer les députés et les sénateur, plus de la moitié de cette somme provient du seul groupe métablill."

      4. Mobilisation Collective et Actions en Justice :

      Mouvement Mondial des Parents : Des parents et des familles du monde entier se mobilisent pour exiger des changements et une meilleure protection des enfants.

      Citation d’un père : "Nous en tant que père Tant que mer nous ne faisons rien, personne ne le fera à notre place. C'est notre lutte."

      Citation d’une mère : "Nous sommes des milliers de pères et de mères qui pensons que les smartphones et les réseaux sociaux ne sont pas bons pour nos fils et nos filles."

      Collectif Algos Victima : Fondé par l'avocate Maître Laure Bouttron Marmion, ce collectif rassemble des familles d'adolescents dont le suicide est lié aux réseaux sociaux, notamment l'affaire de Marie, une jeune fille décédée en 2021.

      Le collectif vise à faire reconnaître la responsabilité des entreprises.

      Citation de Maître Bouttron Marmion : "On souhaite la régulation cette plateforme qui aujourd'hui est au degré zéro de la régulation."

      Citation de Maître Bouttron Marmion : "On ne peut pas ne pas considérer que le réseau social n'a pas sa part de responsabilité dans le suicide de Marie."

      Actions Judiciaires aux États-Unis et en Europe : Plus de 1000 familles et 44 États américains sur 50 poursuivent les géants de la technologie. Des avocats cherchent des bases juridiques solides pour les attaquer.

      Citation d’Alexis : "Depuis, plus de 1000 familles nous ont rejoint et maintenant 44 États américains sur 50 attaquent en justice les grandes entreprises technologiques pour qu'ils soient tenu responsable." Initiatives de Réglementation : Des projets de loi comme le "Kids Online Safety Act", le "EARN IT Act" et le "STOP CSAM Act" visent à rendre les entreprises responsables de l'exploitation des enfants et à supprimer leur immunité.

      Citation d’un sénateur : "We have bills that have passed through this incredibly diverse committee when it comes to our political views. Kids online safety act earned act stopam act."

      5. Solutions et Espoirs :

      Interdiction des Smartphones avant un certain âge : En Espagne, un mouvement de parents a réussi à réglementer l'utilisation des téléphones portables dans les collèges et milite pour une interdiction totale avant 16 ans.

      Citation d’une mère : "Nous souhaitons que les smartphones ne puissent pas être utilisés avant 16 ans."

      Citation : "Maintenant, dans les classes et dans la cour, ils ne peuvent plus utiliser leur téléphone portable, sauf si le professeur le demande à un moment précis."

      Désactivation des Algorithmes pour les Mineurs : Une demande clé est la désactivation des algorithmes pour les mineurs afin de les protéger des contenus inappropriés.

      Citation : "Nous devons veiller à ce que l'algorithme soit désactivé pour les mineurs."

      Espoir dans la Lutte "d'en bas" : L'espoir réside dans la mobilisation des familles et des citoyens face à l'inaction des entreprises et des législateurs.

      Citation : "J'ai beaucoup plus d'espoir dans les familles, dans la lutte qui vient d'en bas plutôt que d'en haut."

      L'excuse de Zuckerberg : Lors d'une audition au Sénat, Mark Zuckerberg a été contraint de s'excuser devant les victimes, bien que ses excuses aient été perçues comme insincères et non liées à la nature de son produit.

      Citation de Mark Zuckerberg : "I'm sorry for everything that you all gone through terrible. No one should have to go through the things that your families have have suffered."

      Citation d’Alexis : "Ses excuses n'étaient pas sincères. Il s'est excusé mais il ne s'est pas excusé à cause de son produit qu'il appelle lui-même un produit et qui fait du mal."

      Conclusion : Un Monde Post-Écran pour les Enfants ?

      Le briefing souligne que le consensus sur la menace profonde que représentent les réseaux sociaux pour la santé mentale et la sécurité des enfants est désormais établi.

      La persévérance des victimes et des familles est cruciale pour obliger les entreprises et les législateurs à agir, avec l'espoir qu'un jour, "ça nous semblera tout aussi horrible qu'un enfant possède un téléphone portable et soit déconnecté de la vie".

    1. Briefing : L'Alcoolisme au Féminin – Briser le Tabou

      Objectif : Ce briefing vise à synthétiser les principaux thèmes, idées et faits marquants concernant l'alcoolisme au féminin, tels qu'abordés dans les extraits sonores de "Alcool au féminin, elles brisent le tabou".

      Résumé Exécutif

      L'alcoolisme au féminin est une maladie complexe, souvent invisible et entourée d'une honte et d'une culpabilité profondes, rendant sa détection et sa prise en charge plus difficiles que chez les hommes.

      Les femmes sont physiologiquement plus vulnérables à l'alcool et l'utilisent souvent comme une "béquille" pour gérer un mal-être, une anxiété, une dépression, ou des traumatismes passés, notamment des violences sexuelles.

      L'industrie de l'alcool cible activement les femmes avec des produits et des stratégies marketing spécifiques.

      Le chemin vers la sobriété est long, marqué par des rechutes possibles, et nécessite un soutien indispensable de l'entourage, des groupes de parole, et des structures spécialisées.

      Briser le tabou et reconnaître l'alcoolisme comme une maladie est crucial pour aider les femmes à s'en sortir.

      Thèmes et Idées Principales

      1. L'Alcoolisme Féminin : Une Réalité Invisible et Sous-Estimée

      Prévalence incertaine : Le nombre de femmes dépendantes à l'alcool est difficile à estimer, oscillant entre 100 000 et 1,5 million, en raison du silence imposé par la honte et la culpabilité.

      Honte et Culpabilité Accrues pour les Femmes : "Une femme qui boit tout d'un coup, c'est une honte. C'est deux fois plus dur qu'un homme.

      Une femme alcoolique, c'est vraiment on nous le pardonne pas." Ce jugement social conduit à l'isolement et au déni, retardant la consultation de 10 ans en moyenne par rapport aux hommes.

      Stratégies de Dissimulation : Les femmes mettent souvent en place des stratagèmes pour cacher leur consommation, comme planquer des bouteilles dans des endroits inattendus (ex: "planquer la bouteille dans le landau de ma fille").

      2. Vulnérabilité Physiologique et Conséquences Spécifiques

      Métabolisme et Dilution : "Quand on donne la même quantité d'alcool à un homme et une femme du même poids, l'alcoolémie sera plus élevée chez la femme."

      Cela est dû à un métabolisme plus lent et une moindre proportion d'eau dans le corps féminin.

      Impacts Accrus sur la Santé : Les maladies (cirrhose, maladies cardiovasculaires, troubles cognitifs comme la mémoire et la concentration) se développent plus rapidement et sont plus violentes chez les femmes.

      Un lien fort existe avec le risque de cancer du sein, "quelque chose qui est très peu connu".

      Signes Visibles : L'alcool "abîme énormément et chez les femmes, ça se voit. Une femme alcoolique, ça se voit au visage, aux yeux. Les yeux sont tristes souvent. La peau est abîmée."

      3. Les Racines Psychologiques de l'Addiction chez les Femmes

      Alcool comme Béquille ou Auto-Médication : Contrairement aux hommes dont la consommation "part d'une consommation plus festive qui dérape", les femmes "le plus souvent consomment pour traiter quelque chose, pour traiter un mal-être, une dépression, une anxiété."

      Noémilovski témoigne : "j'ai bu de l'alcool comme j'aurais pris des médicaments pour pour apaiser et l'angoisse et la dépression."

      Traumatismes d'Enfance et Violences Sexuelles : Derrière l'addiction se cachent souvent des "traumatismes d'enfance, des drames intimes".

      Le vécu d'une agression sexuelle peut multiplier "jusqu'à 36 le risque de développer une addiction".

      L'alcool permet "d'économiser, d'avoir à se confronter à ces horreurs". Laurence, par exemple, a découvert que son alcoolisme masquait un inceste.

      Sentiment de Solitude et Différence : Muriel Robin a ressenti : "je me sentais tellement différente que j'étais très seule. Donc j'étais en souffrance."

      L'alcool est alors apparu comme une solution pour "masquer tout", "penser à rien" et "se perdre".

      L'Illusion du Plaisir et du "Soi-Même" : Beaucoup croient que l'alcool est une source de plaisir ou qu'il permet d'être "soi-même".

      Noémilovski réfute cette idée : "on n'est pas soi-même. On est l'alcool, on est l'effet de l'alcool."

      L'alcool crée une "chaleur, une douceur, un calme", mais mène à un "cercle vicieux" où l'on est "encore plus déprimé que la veille, encore plus angoissé".

      4. L'Influence de la Société et du Marketing de l'Alcool

      Normalisation de la Consommation Féminine : Boire est devenu "courant" pour les femmes, une manière de "s'intégrer", de décompresser, ou de faire la fête.

      Lucille Woodward souligne : "on a toujours eu l'impression que c'était cool de boire et normal et plutôt une démonstration de force de la femme et on se rend pas compte en fait que finalement ça nous affaiblit."

      Ciblage Marketing Spécifique : L'industrie de l'alcool cible les femmes avec des produits et des packagings "ultra girly" (ex: "tube de rouge à lèvres géant qui en fait contient une bouteille de champagne") et des saveurs aromatisées (mangue, litchi, cerise, pamplemousse) pour des alcools "moins forts".

      Ces stratégies "associent un univers positif à un produit qui est quand même problématique pour la santé."

      La "Zone Grise" : De nombreuses femmes se situent dans une "zone grise" où elles dépassent les limites recommandées (10 verres/semaine) sans se considérer comme dépendantes.

      Le critère n'est pas le nombre de verres, mais "quand on ne peut pas s'en séparer et quand on a le sentiment d'avoir perdu la liberté de s'abstenir" et l'impact sur la santé et l'environnement.

      5. Le Chemin vers la Sobriété : Un Combat Difficile mais Possible

      Reconnaître la Maladie : L'alcoolisme est une maladie, non un manque de volonté.

      C'est "une maladie que l'on peut soigner à condition d'oser la regarder en face."

      L'Importance du Soutien : "L'alcool, on ne peut pas s'en sortir seul. Il faut demander de l'aide."

      Groupes de parole : Les Alcooliques Anonymes ont été une "révélation" pour Noémilovski grâce à l'absence de jugement.

      Des groupes spécifiques aux femmes permettent de reconnaître une "consommation autothérapeutique" commune.

      Entraide et Témoignages : Des initiatives comme celle de Sylvie, qui aide d'autres femmes via internet, sont cruciales. "À force d'en parler, de déculpabiliser, d'avoir moins honte, j'ai pu tomber le masque en fait."

      L'Entourage Aimant : Le soutien du conjoint est fondamental, comme pour Fiona Géin et Muriel Robin. Leurs partenaires ont cessé de boire et ont posé des limites claires pour leur relation.

      La Reconstruction Personnelle :Deuil de l'Alcool :

      L'arrêt peut être vécu comme un deuil, "comme si ma meilleure amie était morte", laissant un sentiment de vide.

      Accepter les Rechutes : Les rechutes sont fréquentes et "ne remettent pas tout en cause". La mémoire de l'alcool reste présente ("l'image de Pac-Man dans mon cerveau").

      Se Réconcilier avec Soi-Même : Le processus de reconstruction inclut la réappropriation de son image, de son corps, et de son estime de soi, souvent perdus pendant l'addiction.

      Des ateliers d'art-thérapie ou de socio-esthétique aident à "se redonner une dignité" et à "adoucir le regard sur soi-même".

      Trouver de Nouveaux Plaisirs : Remplacer l'alcool par d'autres sources de joie, comme le thé pour Sylvie, est une stratégie efficace.

      6. L'Impact sur l'Entourage, en Particulier les Enfants

      Souffrance Familiale : Pour chaque personne alcoolique, "en moyenne sept personnes qui souffrent autour d'elle", les enfants étant souvent en première ligne.

      Les Enfants Observateurs : Charlotte, fille d'une mère alcoolique, mesurait le niveau des bouteilles et comprenait l'ambiance "sordide" de la maison.

      Le Paradoxe de l'Amour et de la Haine : Les enfants d'alcooliques doivent gérer un paradoxe : "Je pouvais beaucoup l'aimer mais je pouvais la haïr en même temps parce que je ne la reconnaissais pas quand elle était ivre."

      Nécessité de se Sauver Soi-Même : Malgré les tentatives de "réparer" le parent, le chemin est souvent de "sauver notre peau" et "abandonner cette famille dysfonctionnelle".

      Citations Clés

      "J'ai senti que dans mon disque dur, il y avait quelque chose qui était là et que et boire était normal." – Muriel Robin, sur l'installation de sa dépendance.

      "Moi je buvais je buvais un litre de champagne quand je quand j'étais dehors. Je buvais un litre de champagne tous les soirs minimum." – Muriel Robin, sur la quantité consommée.

      "L'alcool, j'allais dire c'est la récompense. Ce n'est pas une récompense. C'est quelque c'est c'est quelque chose qui qui vous veut du mal." – Muriel Robin, sur la nature trompeuse de l'alcool.

      "Oui, j'étais alcoolique. Ouais, j'étais alcoolique pendant 30 ans." – Muriel Robin, sur la durée de son addiction. "L'alcool dérobe des années de vie de manière insidieuse et pour les femmes en particulier de façon invisible. C'est un poison qui s'instille à l'abri des regards." – Narratrice.

      "Une femme qui boit tout d'un coup, c'est une honte. C'est deux fois plus dur qu'un homme. Une femme alcoolique, c'est vraiment on nous le pardonne pas." – Témoignage.

      "Les hommes, ça part d'une consommation plus festive qui dérape. Les femmes le plus souvent consomment pour traiter quelque chose, pour traiter un mal-être, une dépression, une anxiété." – Experte.

      "J'ai commencé à boire suite à un viol." – Anaïs. "Mon engagement, j'ai un problème avec l'alcool. Je bois, je bois trop." – Lucille Woodward, brisant le tabou en ligne.

      "On a un problème d'alcool lorsqu'on ne peut pas s'en séparer et quand on a le sentiment d'avoir perdu la liberté de s'abstenir." – Définition de l'addiction.

      "J'ai pris de l'alcool comme on prendrait des anxiolytiques." – Noémilovski.

      "Tu n'es pas toi-même quand tu bois et moi je veux être avec toi quand tu es toi-même." – Proche de Noémilovski. "L'alcool, c'est sans faim. Vous voyez le matin, vous vous dites, je vais arrêter de boire et puis le soir, vous remettez ça." – Sylvie.

      "Le pire que j'ai fait, je crois que c'était dans le landau de ma fille. J'avais planqué la bouteille dans le landau de ma fille." – Sylvie, sur la dissimulation.

      "Il y a un gros pourcentage de risque de cancer du sein lié à l'alcool et ça vraiment c'est quelque chose qui est très peu connu." – Dr. Sarah Coscas, psychiatre addictologue. "Ma petite me disait : 'Maman, tu sens la bière ?'" – Témoignage d'une mère.

      "Le vécu d'une agression sexuelle par une femme pouvait multiplier jusqu'à 36 le risque de développer une addiction." – Dr. Sarah Coscas.

      "La personne, elle préfère préfère dire non, j'ai pas bu pour ne pas passer la soirée à se disputer avec son conjoint ou sa conjointe alors que elle peut pas aligner trois mots parce que elle a passé sa soirée ou sa journée à à boire." – Richard Baudouin, compagnon de Fiona Géin.

      "Écoute moi si tu veux boire une bouteille de champagne tous les soirs c'est ta vie mais moi je j'ai trop peur de te perdre et entre la cigarette et l'alcool je peux pas voir quelqu'un qui se détruit donc on arrête l'histoire." – Anne Le Nen à Muriel Robin, un ultimatum salvateur.

      Conclusion

      Le document met en lumière la spécificité de l'alcoolisme au féminin, caractérisé par une invisibilité sociale, une vulnérabilité physiologique accrue, et des origines souvent liées à des traumatismes ou un mal-être profond.

      Il souligne l'importance cruciale de la reconnaissance de cette maladie, de la brisure du tabou, et du soutien collectif pour permettre aux femmes de se reconstruire et de retrouver une vie digne et sobre.

      Le chemin est long, mais le témoignage de ces femmes courageuses montre que la sortie est possible.

    1. Briefing Détaillé : La Relation des Français à l'Alcool – Entre Héritage Culturel et Lutte Personnelle

      Ce document de briefing explore la relation complexe et souvent paradoxale des Français à l'alcool, à partir d'un enregistrement audio riche en témoignages et analyses.

      Il met en lumière comment l'alcool est profondément ancré dans la culture française, ses différentes fonctions sociales et personnelles, les dangers sous-estimés, les défis de la sobriété et l'influence des lobbies.

      Thèmes Principaux

      L'Alcool comme Héritage Culturel et Art de Vivre Français : L'alcool est présenté comme une tradition séculaire, un "art de vivre" fait de rituels et de moments de convivialité.

      L'Alcool, Rite de Passage et Quête d'Identité : De l'enfance à l'âge adulte, l'alcool marque les étapes de la vie, offrant un sentiment de liberté, de socialisation et de performance.

      Les Illusions et Dangers de l'Alcool : Malgré sa valorisation, l'alcool est une drogue qui masque les problèmes, conduit à des comportements risqués (violences, blackouts) et a des conséquences dévastatrices sur la santé et les relations.

      La Lutte pour la Sobriété : Le parcours vers l'abstinence est semé d'embûches, confronté à la pression sociale, au déni et à la nécessité d'une reconstruction profonde.

      L'Influence des Lobbies et les Croyances Tenaces : Les campagnes de santé publique se heurtent à la puissante influence des lobbies de l'alcool et à des mythes persistants comme le "French Paradoxe".

      Idées et Faits Importants

      1. L'Alcool comme Héritage Culturel et Art de Vivre Français

      Ancrage Profond : L'alcool est "une histoire profondément ancrée dans nos mémoires. C'est la France, une bonne bouteille." Il est omniprésent lors des rencontres entre amis ("on va boire un coup"), symbolisant la convivialité.

      Rituels Sociaux : L'expression "il y a toujours une bonne bouteille sur la table" souligne l'aspect ritualisé de la consommation.

      Initiation Précoce : De nombreux témoignages révèlent une initiation à l'alcool dès la petite enfance, souvent en famille.

      Charlotte se souvient d'avoir "fini la soupe avec le vin" avec son grand-père à 6 ans, et David d'un "fond de Sauternes" à un repas de Noël. Cette initiation est vécue avec fierté, comme un partage du "patrimoine".

      Traditions Institutionnelles : Jusqu'en novembre 1956, les écoles primaires servaient de l'eau coupée au vin à la cantine, ce qui témoigne de la normalisation de l'alcool dès le jeune âge.

      2. L'Alcool, Rite de Passage et Quête d'Identité

      Adolescence et Transgression : Pour les adolescents, "boire est alors un rite de passage pour rentrer dans l'âge adulte." C'est une manière de "faire comme les grands", de "faire partie d'un groupe", même si le goût n'est pas apprécié au début.

      Libération et Communication : Le premier verre est un "déclic" qui permet de "vivre différemment", de "se libérer de quelque chose", de "communiquer avec les autres et avec soi-même".

      Sentiment de Puissance et de Liberté : Baptiste décrit l'alcool comme des "super pouvoirs", de "l'essence dans [son] moteur", le "breuvage magique qui va [lui] permettre d'être pleinement [lui]-même".

      Il procure un sentiment de "liberté" et de "rébellion", où "la nuit nous appartient, on est les rois du monde."

      Performance et Compétition : L'ivresse est associée à des notions de "performance" et de "compète" : "bien tenir l'alcool", "accepter les défis", "pas savoir dire non". Le "binge drinking" (cinq verres en moins de deux heures) est courant chez les jeunes.

      Séduction et Désirabilité : L'alcool est perçu comme un moyen de devenir "quelqu'un", de "plaire", d'avoir des "premières expériences avec les filles". Charlotte buvait "pour me sentir désirable.

      Draguer sans alcool me paraissait inconcevable." Près d'un jeune sur trois confie avoir besoin de boire avant un rapport sexuel.

      Valorisation de l'Excès : "Boire c'est rentrer dans la norme, boire c'est s'émanciper." La "valorisation de l'ivresse et de la transgression et des excès" est perçue comme faisant "partie de la jeunesse."

      Désinhibition et Faux Courage : L'alcool "désinhibe les timides", "décoince les coincés" et sert de "petite dose de courage liquide" pour Charlotte, qui a du mal à aborder des inconnus sobre.

      3. Les Illusions et Dangers de l'Alcool

      Une "Drogue Plaisir" aux Conséquences Néfastes : L'alcool est une "molécule plaisir qui va dès le premier verre agir dans le cerveau et puis euh donner un petit peu d'effets euphorisant, plaisant, relaxant", mais il conduit à l'illusion. Perte de Mémoire et Blackouts :

      L'alcool peut "détruire mes souvenirs" ("Je sais où je suis allé mais je me rappelle plus de ce que j'y ai fait"). Marie décrit des "trous noirs" fréquents où elle ne se souvenait de rien, y compris comment elle était rentrée chez elle.

      Violences et Agressions Sexuelles : L'alcool est impliqué dans 40% des condamnations pour violence familiale en France. Plus d'un jeune sur cinq (18-24 ans) déclare avoir eu un rapport sexuel non consenti à cause de l'alcool.

      Le témoignage de Marie, violée par un ami de son père pendant un confinement alcoolisé, est particulièrement frappant.

      Elle affirme : "pour moi, le problème c'est pas l'alcool, c'est qu'il faut éduquer les garçons". Son père, dévasté, reconnaît : "Et l'alcool a une part de une part de responsabilité là-dedans".

      Baptiste raconte son propre viol, "J'aurais aussi aimé qu'on me dise que qu'on peut me faire du mal quand je suis bourré. On peut aussi me faire du mal parce que je suis bourré."

      La discussion met en évidence la culture du viol persistante : "encore aujourd'hui, si une femme a bu trop, qu'elle a perdu le contrôle, qu'en plus elle avait mis une mini jupe, bah s'il lui arrive quelque chose, elle a un petit peu cherché." Le responsable est l'agresseur.

      Impact sur la Santé : L'alcool multiplie les risques de cancer, d'AVC hémorragique et de troubles du rythme cardiaque.

      Il cause 41 000 décès par an en France, étant la deuxième cause de mort évitable après le tabac.

      Détérioration des Relations : David explique comment l'alcool a détruit son couple et son lien avec ses enfants. Sa femme décrit son regard "dans le vide, fuyant, vitreux" et le sentiment qu'il ne faisait "pas d'efforts pour moi."

      L'alcool le rend agressif et manipulateur verbalement, au point d'une altercation physique avec sa femme devant leurs enfants.

      L'Alcool comme Béquille face à l'Ennui et l'Angoisse : Jean-François a commencé à boire seul après sa carrière sportive, pour combler "la petite mort du sportif" et "accompagner l'ennui".

      Il buvait ses "émotions", son "salaire", "tout". Rose utilisait l'alcool pour "tuer l'ennui et défier la mort".

      4. La Lutte pour la Sobriété Pression Sociale et Jugement : Refuser de boire, surtout jeune, expose à des jugements : "tu te crains", "celle qui l'emmerdeuse", "celle qui n'est pas marrante".

      Pour Lou, qui ne boit pas du tout à 21 ans, la pression sociale est "quasiment en permanence sur [ses] épaules". Arrêter de boire suscite la réaction "Ah, vous êtes devenu chiant", ou "tu es malade".

      Le Déni : Les personnes dépendantes sont souvent dans le déni, se croyant capables de contrôler leur consommation. Jean-François et Baptiste décrivent des "pauses" pour se rassurer, avant de reprendre de plus belle.

      L'addiction est une "pathologie de la liberté", la "perte de la liberté de s'abstenir."

      Le Chemin Difficile de la Reconstruction : La sobriété n'est pas un "glamour instantané". C'est un processus long et douloureux, car le système de plaisir est "endormi". Il faut "apprendre à vivre sans cette béquille là".

      Le Rôle du Soutien : Le soutien des proches est crucial. La lettre des amis de Baptiste l'a aidé à "ouvrir les yeux". Coluche soulignait l'importance d'"avoir des copains qui vous aident".

      Bénéfices de la Sobriété : Pour David, la sobriété lui a permis de "redevenir acteur de [sa] vie", d'"être présent" pour ses enfants et sa femme, de "répondre au téléphone quand les gens [l']appellent".

      C'est une source de fierté et de bonheur retrouvé.

      5. L'Influence des Lobbies et les Croyances Tenaces Publicités et Mythes : Pendant des décennies, l'alcool a été promu comme un bienfait, voire un médicament ("le bon grog picon chaud tue la grippe", "soignez-vous par le vin"). Un livre de 1974 "Soignez-vous par le vin" a connu un immense succès.

      Le "French Paradoxe" : La croyance que le vin rouge protège des maladies cardiaques, popularisée par le "French Paradoxe" dans les années 90, a "fait du mal" car elle est "restée très ancrée".

      Cette "corrélation" n'a jamais été réellement prouvée comme un lien de causalité.

      Le slogan "consommer avec modération" a été judicieusement introduit par les lobbies pour atténuer les messages de prévention.

      Loi Evain (1991) : Cette loi a marqué un tournant en interdisant la publicité à la télévision et au cinéma et en imposant un message de prévention. Cependant, elle a été rapidement "attaquée" par les lobbies.

      Influence Politique : Le président de la République est "sous influence des lobbies de l'alcool", ce qui se traduit par des annulations de campagnes de prévention jugées trop "prohibitionnistes" par l'industrie.

      La campagne de 2023 "C'est pas un peu absurde de se souhaiter une bonne santé avec de l'alcool ?" a provoqué une réaction virulente des lobbies.

      L'attitude des hommes politiques, comme le président qui "va boire une bière avec les joueurs", "brouille vraiment tous les messages."

      En conclusion, l'alcool en France est un phénomène culturel complexe, intriqué dans l'histoire, les rituels sociaux et les parcours individuels.

      Si son rôle dans la convivialité et la libération est souvent mis en avant, les témoignages révèlent les dangers profonds sur la santé physique et mentale, les relations humaines, et la dignité individuelle.

      La lutte pour la sobriété est un combat personnel et collectif, exacerbé par la pression sociale et la puissante influence des lobbies qui perpétuent des mythes favorables à la consommation.

      Le défi est de reconsidérer une culture où "boire était aussi naturel que respirer" pour une société plus consciente et en meilleure santé.

    1. Document de synthèse détaillé : Les parcours des jeunes décrocheurs scolaires et leur transition vers l'âge adulte

      Introduction

      Ce document de synthèse s'appuie sur la conférence d'Antoine Querrec, docteur en sociologie et chercheur, présentant les résultats de sa thèse sur les transitions vers l'âge adulte des jeunes anciens décrocheurs scolaires.

      L'étude, menée principalement dans le Mantois (Val Fourré), explore la subjectivité de ces jeunes, la façon dont ils vivent et composent avec le décrochage, et ses conséquences sur leur parcours d'insertion.

      L'objectif est de comprendre non pas "ce que ces jeunes sont devenus", mais plutôt "par quel chemin ils sont passés, quel cheminement ils ont vécu".

      Thème principal : Le décrochage scolaire comme expérience sociale structurante

      Antoine Querrec affirme que le décrochage scolaire n'est pas seulement un fait éducatif, mais une expérience sociale profonde qui structure la transition vers l'âge adulte de manière singulière pour les jeunes concernés.

      Cette expérience "dépasse le seul fait d'être bien souvent peu ou pas diplômé", car elle "va structurer un contexte qui détermine leur place au sein des relations sociales familiales, au sein du monde du travail, au sein du monde de l'insertion et plus largement les situe dans le monde social".

      Ce contexte rend leur transition vers l'âge adulte "assurément plus compliquée".

      Idées et faits importants :

      Une transition vers l'âge adulte singulière : "Réparer le passé pour avancer vers la vie adulte"

      Les jeunes décrocheurs abordent l'âge adulte différemment des autres jeunesses françaises.

      Leur parcours est marqué par la nécessité de "réparer le passé" et de prendre progressivement distance avec les héritages scolaires.

      Contraintes objectives et décalage des seuils statutaires Le manque de diplôme ou la faiblesse des qualifications compliquent l'insertion professionnelle (chômage, conditions d'emploi).

      Cela allonge considérablement les temps d'insertion et décale les "seuils statutaires" de l'âge adulte (construction d'une famille, décohabitation), car le travail est "la pierre angulaire du devenir adulte".

      L'expérience singulière du "temps du rien"

      Après la déscolarisation, les jeunes entrent dans une période de "carrefour biographique", un temps "flottant, indéterminé, intermédiaire" entre la fin de l'école et l'établissement d'un projet pérenne.

      Les jeunes décrivent souvent cette période comme le "temps du rien", "qui n'aurait servi à rien ou qui aurait été vécu dans l'absence de quelque chose".

      Ce "temps du rien" est paradoxal : il est raconté comme une inactivité, mais "recouvre beaucoup d'engagements, beaucoup de pratiques". Séquences du "temps du rien" :Temps de l'événement : choc de la déscolarisation, intensification de pratiques antérieures (illicites, solidarités domestiques, associatives).

      Temps de flottement : caractérisé par un "flottement statutaire", entre la fin du statut d'élève et l'attente d'un nouveau statut qui "n'arrive pas". "Ils sont ni en scolarité, ni au travail, ni en formation. Ils sont finalement dans un entre-deux, une indétermination".

      Ce flottement souligne l'importance du statut d'élève qui, même pour les décrocheurs, "leur permettait avant tout de se situer dans l'espace social et d'afficher une certaine normalité".

      La persistance du "statut de décrocheur" et ses conséquences familiales

      Le statut de décrocheur ne s'annule pas avec la fin de l'école ; il est "suspendu tout au long du temps du rien" et prend le devant de la scène, notamment au sein de la famille.

      "Une émergence assez flagrante de nombreux conflits, tensions avec les parents qui vont s'organiser sur leur responsabilité dans leur décrochage".

      La "passivité" perçue par les parents devient inacceptable (sortir avec des amis, rentrer tard, rester à la maison).

      Des responsabilités domestiques peuvent être imposées, principalement aux femmes.

      Le statut de décrocheur "va coloniser leur quotidien et reconfigurer leurs relations sociales et familiales". Les stratégies de résistance et de maturation pendant le "temps du rien"

      Loin de la résignation, les jeunes "vont œuvrer progressivement et tout au long de leur jeunesse pour composer, réagir, résister à ce destin de décrocheur". Ils mettent en place des "stratégies souvent peu audibles [par la famille et les institutions] mais non moins importantes" pour "réagir aux effets de leur décrochage et reprendre en quelque sorte la main sur leur devenir".

      Raisons de ces stratégies :Sortir de l'inactivité et de l'ennui : "Ces jeunes vont vivre après la scolarité l'ennui et parfois la solitude".

      Échapper au risque d'enfermement social et de marginalisation : une "inertie de leur situation sociale qui progressivement devient de plus en plus difficile à gérer".

      La marginalisation est particulièrement présente pour les femmes soumises aux responsabilités domestiques et pour les jeunes engagés dans des activités illicites.

      Répondre aux pressions familiales : souvent, l'objectif premier de la mobilisation des structures d'insertion est de "répondre à l'injonction des parents".

      Le rapport au travail : entre espoir et déception Malgré les difficultés, la plupart des jeunes font "le pari... du travail" très précocement.

      Cependant, ils rencontrent un marché du travail "inaccessible" ou "précaire, non satisfaisant et surtout qui n'est pas à même de rompre avec leur situation de décrochage".

      La précarité de l'emploi "réactive, ravive leur sentiment d'échec et leur responsabilité dans cette situation".

      La "respectabilité de l'emploi" est essentielle pour ces jeunes. Le travail "doit être... une source d'épanouissement", pas seulement une source de revenu.

      Le travail est perçu comme "la possibilité d'une revanche sur leur passé".

      Le retour en formation : un nouvel élan malgré les "contraintes résiduelles"

      La formation est souvent une "deuxième option" et un "nouvel élan" pour rompre avec l'inactivité.

      Cependant, le décrochage pèse encore : "contraintes résiduelles" liées au "sentiment d'incertitude", à la "crainte de ne pas réussir", de ne pas "gérer la relation aux autres".

      L'expérience de l'échec scolaire marque une "projection instable".

      "S'inscrire en formation revient réellement à engager un nouveau pari vis-à-vis de soi et surtout vis-à-vis des autres".

      Il faut "des ressources pour pouvoir miser pleinement sur la formation", ce qui est plus difficile pour les jeunes les plus précaires.

      Certains jeunes s'engagent en formation "alors qu'ils n'ont pas engagé encore le deuil de leur décrochage".

      Le "deuil du décrochage" : un processus nécessaire pour devenir adulte

      Devenir adulte implique de "se mettre à distance et résister aux conséquences de leur décrochage passé", un processus appelé le "deuil du décrochage".

      Ce deuil s'élabore par un "travail réflexif", une "posture réflexive" sur soi et son passé, qui "produit un discours d'individualisation vis-à-vis de leur avenir".

      Il implique "une mise en ordre de leur passé, d'une mise en sens de ce passé", pour "assumer leur passé de décrochage et leur responsabilité dans ce qu'ils considèrent... comme un échec scolaire puis un échec social".

      Assumer le passé permet "d'exercer un contrôle sur leur existence".

      Le deuil est aussi "sous le regard des autres" : les jeunes doivent "se donner à voir... comme des jeunes qui auraient vécu une transition identitaire".

      L'objectif est de s'extraire d'une "identité homogène colonisée par le statut de décrocheur" pour "donner à voir une identité plurielle" et accéder à la "reconnaissance sociale" et à la "respectabilité".

      Cela passe par la gestion des relations (tri des amis), l'entraide, l'engagement associatif ou religieux, la posture entrepreneuriale.

      La jeunesse : un temps paradoxal d'angoisse et de réassurance

      La jeunesse est vécue comme une temporalité qui "rassure" (elle "leur autorise justement à mener les paris de l'avenir") et qui "angoisse" (crainte que la fin de la jeunesse "peut entériner à vie leur situation sociale jugée comme précaire ou renvoyant à un échec social").

      Il s'ouvre pour eux une "course contre le temps".

      L'âge adulte est perçu comme une rupture avec "l'absence de contrôle, la précarité, l'instabilité".

      Ces jeunes désirent "une vie qui n'est pas non seulement stable mais une vie avant tout heureuse et épanouie", pour devenir "acteur finalement de leur existence".

      Cette "recherche de respectabilité" met en lumière "le poids prégnant du jugement scolaire sur soi, pour soi et pour les autres", et "les formes de domination culturelle dont ils ont fait l'objet".

      Elle traduit également les "craintes toujours présentes pour ces jeunes... d'une marginalisation, d'une inertie sociale, d'une petite place disqualifiée qui leur serait réservée".

      Implications pour l'accompagnement des jeunes :

      Prendre en compte la dimension subjective et identitaire :

      L'insertion est une question d'identité, de transition non linéaire.

      Il est crucial d'écouter les récits des jeunes et de comprendre leur parcours personnel, au-delà des indicateurs de diplôme ou d'emploi.

      Créer des espaces d'écoute approfondis : Les institutions doivent s'autoriser à s'intéresser aux dimensions "plus personnelles, plus intimes" de l'expérience des jeunes, qui construisent leur rapport à l'insertion.

      Questionner les logiques d'individualisation : L'approche actuelle qui fait du jeune "l'entrepreneur de [lui-même]" renforce leur sentiment qu'ils doivent "se débrouiller seul". Il est important de "recréer du lien et des groupes" pour ces jeunes.

      Adapter les temporalités d'accompagnement : Les jeunes décrocheurs ont besoin d'un "autre cheminement", d'une "autre temporalité" que celle souvent proposée par les dispositifs standards.

      Valoriser la "posture décloisonnée" : S'inspirer des approches de la prévention spécialisée ou des professionnels qui établissent un lien de "connaissance interpersonnelle" et de "libre adhésion".

      Reconnaître le rôle des "séjours de rupture" : Ces dispositifs peuvent être intéressants pour créer du collectif, offrir un cadre d'écoute différent et une rupture avec les contraintes de l'environnement quotidien.

      S'intéresser à la santé mentale : Le décrochage et ses conséquences "travaillent très largement la santé mentale de ces jeunes", qui tentent d'y réagir avec leurs propres moyens, souvent en dehors des institutions.

      L'accompagnement doit intégrer cette dimension.

      En conclusion :

      Le travail d'Antoine Querrec souligne l'importance de considérer le décrochage scolaire comme une épreuve marquante qui façonne profondément l'identité et le parcours de vie des jeunes.

      Leur cheminement vers l'âge adulte est un processus complexe de "travail identitaire et subjectif" pour surmonter le stigmate, réparer le passé et construire une vie respectée et épanouie.

      Les institutions d'accompagnement doivent donc adopter une approche plus humaine, réflexive et collective, en phase avec la complexité des expériences vécues par ces jeunes.

    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:35:42][^2^][2] :

      Cette vidéo est une conférence de Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l'INSERM et spécialiste du système attentionnel, sur l'attention et la concentration à l'école. Il présente les principes de base de l'attention, ses enjeux pour l'apprentissage, et les moyens de la développer chez les élèves. Il propose également des exemples d'activités et de programmes d'éducation de l'attention, comme Atol et Adolesc.

      Points forts : + [00:01:13][^3^][3] L'attention est sélective et limitée * Elle permet de choisir ce qui est important parmi les informations disponibles * Elle nécessite d'identifier la cible de son attention et de s'y connecter activement * Elle peut être perturbée par des distracteurs internes ou externes + [00:10:10][^4^][4] La concentration est différente de l'attention * Elle implique une intention claire et une seule à la fois * Elle demande de coupler la perception et l'action * Elle peut être facilitée par des stratégies mentales adaptées + [00:21:00][^5^][5] L'attention s'apprend et se développe * Elle peut être entraînée par des exercices spécifiques * Elle peut être renforcée par des habitudes de vie saines * Elle peut être stimulée par des situations pédagogiques variées et motivantes + [00:29:00][^6^][6] L'attention est au cœur de l'apprentissage * Elle permet de se connecter à son objet d'étude et d'en extraire le sens * Elle favorise la mémorisation et la compréhension * Elle contribue à la motivation et à la confiance en soi

    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:07:06][^2^][2]:

      Cette vidéo explique comment améliorer l'apprentissage en utilisant des stratégies d'étude efficaces, en mettant l'accent sur la récupération en mémoire plutôt que sur la relecture passive.

      Points forts: + [00:00:00][^3^][3] Importance de la récupération en mémoire * Active les neurones * Renforce les connaissances + [00:01:22][^4^][4] Stratégies d'étude courantes * Lecture et relecture dominent * Peu utilisent la récupération en mémoire + [00:02:09][^5^][5] Inefficacité de la relecture * Stratégie la moins efficace * La récupération en mémoire est préférable + [00:04:00][^6^][6] Méthodes de récupération en mémoire * Poser des questions * Utiliser des fiches d'études * Refaire des problèmes + [00:05:29][^7^][7] Reformulation des contenus * Aide à la récupération en mémoire * Intégrer dans l'étude régulière

    1. Document de Synthèse : Effets d'Espacement et de Répétition dans l'Apprentissage

      Introduction

      Ce document de synthèse présente les principaux thèmes, idées et faits clés issus de la conférence "Effets d’espacement et de répétition".

      L'objectif est de définir l'apprentissage d'un point de vue édimétrique, d'explorer les effets liés à l'espacement et la répétition, et de proposer des applications concrètes pour optimiser l'enseignement.

      1. Définition Édimétrique de l'Apprentissage

      L'apprentissage est souvent mal évalué en milieu scolaire, où l'on se concentre davantage sur la performance que sur l'apprentissage lui-même.

      La psychométrie mesure des choses de manière rigoureuse, tandis que l'édimétrie, concept plus récent (première mention en français en 1988), est

      "l'étude quantitative des variables relatives aux apprentissages justement suscités par l'éducation."

      Pour observer minimalement un apprentissage d'un point de vue édimétrique, trois éléments sont nécessaires :

      • Une première observation.
      • Une activité positive visant l'apprentissage.
      • Une seconde observation.

      Cette nécessité d'une seconde observation implique que "la notion d’apprentissage est donc pratiquement indissociable de la notion de répétition."

      En effet, l'apprentissage n'est utile que si une situation identique ou équivalente se présente à nouveau dans le futur, ce qui constitue la motivation fondamentale de l'apprentissage.

      L'apprentissage peut être vu comme "une réaction adaptative à la répétition," permettant de s'adapter à son milieu.

      2. Les Effets Clés de l'Espacement et de la Répétition

      Plusieurs effets ont été identifiés par la recherche :

      2.1. Effet de l'Entraînement

      "Plus on s'entraîne, plus on réussit" et "plus on réussit rapidement."

      Cet effet est constaté dans diverses tâches, de l'apprentissage du piano à la lecture d'un nouvel alphabet ou la résolution de preuves en géométrie.

      La courbe de performance (temps pour effectuer une tâche) diminue avec l'entraînement, tandis que la courbe d'apprentissage (taux de réussite) augmente, prenant souvent une forme sigmoïdale avec des paliers aux extrémités (0% et 100%).

      2.2. Rétention (Courbe de l'Oubli)

      "Après un premier entraînement, plus le temps passe et moins on réussit."

      Cette observation, étudiée dès les années 1800, montre que la performance diminue avec le temps si l'apprentissage n'est pas réactivé.

      La forme exacte de cette courbe est toujours un sujet de recherche.

      2.3. Effet d'Espacement

      L'espacement des entraînements a un impact significatif :

      • Activation Cérébrale : Le cerveau est "plus activé lorsque les périodes sont espacées."

      Des recherches en neurosciences montrent que des entraînements massés (regroupés) peuvent entraîner une saturation de l'activité cérébrale, tandis que des entraînements espacés maintiennent une activité régulière et productive.

      • Mémoire à Long Terme : Des entraînements trop rapprochés sollicitent davantage la mémoire de travail (mémoire à court terme) plutôt que la mémoire à long terme, ce qui réduit l'efficacité de l'apprentissage durable.

      • Rôle du Sommeil : Le sommeil est un facteur important.

      Il peut "consolider l'apprentissage en réactivant les mêmes réseaux de neurones."

      Des expériences ont montré que des stimuli sonores pendant le sommeil peuvent renforcer l'apprentissage d'une tâche, et même sans stimuli, le simple fait de dormir entre deux périodes d'étude améliore la rétention à long terme.

      • Mécanismes Cellulaires et Moléculaires : Le renforcement des connexions synaptiques (l'apprentissage au niveau cellulaire) "demande du temps."

      Il existe différents mécanismes qui se déroulent sur des échelles de temps variées (secondes, minutes, heures, jours), ce qui limite l'efficacité d'entraînements trop rapprochés.

      2.4. Espacement Optimal

      "Il existe un espacement optimal" pour l'apprentissage, qui n'est "ni trop court ni trop long."

      Cet espacement optimal est souvent progressif, augmentant avec le temps. Les recherches montrent que l'utilisation de séquences d'espacement optimales peut "produire jusqu'à 150% plus d'apprentissage."

      L'espacement optimal dépend du délai jusqu'au test final, mais une proportion courante est de 10% à 30% du délai total (par exemple, pour un test dans 10 jours, un espacement d'un jour serait optimal ; pour un test dans 168 jours, 28 jours).

      Cet effet est généralisable à différents âges, sujets (vocabulaire, histoire, sciences, etc.) et types d'apprentissage (simples ou complexes), et même chez les animaux, suggérant un mécanisme fondamental du fonctionnement cérébral.

      2.5. Séquences Progressives d'Espacement

      "Les séquences progressives d'espacement semblent préférables."

      Plutôt que des intervalles réguliers, espacer progressivement les entraînements (par exemple, 1 jour, 4 jours, 9 jours, 16 jours – correspondant aux carrés des nombres naturels) permet non seulement de maintenir la performance au-dessus d'un seuil désiré à long terme, mais aussi de faire vivre aux apprenants "plus de succès" tout au long du chemin, renforçant leur sentiment de compétence.

      3. Applications Pédagogiques

      Les connaissances sur l'espacement et la répétition offrent des pistes concrètes pour améliorer les pratiques éducatives :

      3.1. Maintenir la Performance au-dessus d'un Seuil

      En espaçant progressivement les entraînements selon une règle (par exemple, les nombres carrés), il est possible de garantir que la performance des élèves reste au-dessus d'un seuil de réussite prédéfini sur une longue période.

      Cela permet d'introduire de nouveaux contenus sans sacrifier la rétention des précédents.

      3.2. Espacement Régulier pour Augmenter la Réussite

      Un espacement régulier peut être utilisé pour augmenter le taux de réussite jusqu'à un niveau désiré, avant de passer à un espacement progressif pour maintenir cette performance.

      3.3. Planification des Séquences Conceptuelles

      Il est crucial de "planifier les séquences conceptuelles" en tenant compte de l'espacement.

      Cela signifie organiser le contenu non pas en blocs isolés, mais en intégrant des rappels et des réactivations des notions antérieures.

      Rappels Réguliers : Intégrer des moments de révision au début des cours, en rappelant non seulement ce qui a été vu la veille, mais aussi des notions plus anciennes.

      Manuels Scolaires : Privilégier des manuels qui intègrent des retours sur les chapitres précédents plutôt que des chapitres distincts et isolés.

      Séquençage au niveau Ministériel : À terme, il serait bénéfique de "scénariser des séquences scolaires" au niveau systémique pour optimiser l'apprentissage.

      3.4. Éviter les Cours Intensifs

      Les cours intensifs produisent une bonne performance temporaire mais ne favorisent pas l'apprentissage à long terme. "Éviter les cours intensifs" est recommandé pour des objectifs d'apprentissage durable.

      3.5. Comparaison Massé vs. Espacé

      "L'idée de travailler avec un espacement qui est plus grand produit un effet plus grand à long terme."

      Un étudiant qui "bourre" son crâne juste avant un examen peut réussir, mais sa rétention à long terme sera bien inférieure à celle d'un étudiant qui a étudié la même quantité de matière de manière espacée.

      3.6. Stratégies Générales pour l'Apprentissage Durable

      Utiliser les Expériences des Élèves : Rendre l'apprentissage pertinent en se référant aux expériences passées des élèves, faisant en sorte que le nouveau contenu apparaisse comme la suite de quelque chose et non comme une nouveauté isolée.

      Contextes Pertinents et Authentiques : Choisir des contextes d'apprentissage qui ressemblent à ce que les élèves utiliseront ou ont déjà utilisé, renforçant la motivation intrinsèque et la perception de l'utilité future.

      Varier les Contextes et Situations : Exposer les élèves à des contextes variés élargit l'apprentissage et leur permet de mieux cerner les invariants conceptuels.

      Entremêler les Éléments (Interleaving) : Plutôt que d'étudier un sujet à la fois de manière exhaustive (par exemple, toute la géométrie, puis tout le numérique), entremêler les sujets permet d'augmenter l'espacement entre les révisions de chaque sujet et développe des "habiletés de plus haut niveau" en obligeant les élèves à choisir la bonne stratégie.

      Devoirs pour la Réactivation : Utiliser les devoirs comme une occasion de "réactiver les choses" déjà apprises, plutôt que d'introduire de nouvelles notions complexes. Le but est un "exercice qui est positif."

      Examens Cumulatifs : Bien que source de pression, les examens cumulatifs forcent la révision des notions antérieures, contribuant à un apprentissage plus durable.

      Nommer et Structurer : Donner des noms spécifiques aux catégories, regroupements ou étapes d'une méthode permet de créer un "pouvoir d'évocation" qui facilite la réactivation rapide et l'accès à l'information.

      Conclusion

      La conférence souligne l'importance capitale de la répétition et de l'espacement pour un apprentissage efficace et durable.

      En comprenant les mécanismes sous-jacents (activation cérébrale, consolidation synaptique, rôle du sommeil) et en appliquant des stratégies d'espacement progressif et d'entremêlement des contenus, les éducateurs peuvent significativement améliorer la rétention à long terme et la réussite de leurs élèves.

      La clé réside dans une planification consciente et systématique des interventions pédagogiques, transformant la répétition en un levier puissant d'apprentissage.

    2. Résumé de la vidéo [00:00:05][^1^][1] - [00:20:13][^2^][2]:

      La vidéo présente une conférence sur l'association pour la recherche en neuroéducation, mettant l'accent sur l'importance de l'espacement et de la répétition dans l'apprentissage. Elle explore les effets de l'espacement sur le cerveau et la rétention, et propose des applications pratiques pour améliorer l'efficacité de l'apprentissage.

      Points forts: + [00:00:17][^3^][3] Introduction de la conférence * Importance de petits changements + [00:01:27][^4^][4] Définition de l'apprentissage * Apprentissage comme adaptation + [00:03:09][^5^][5] Effets de l'entraînement * Plus d'entraînement, meilleure réussite + [00:11:00][^6^][6] Effets de la rétention * Diminution de la performance avec le temps + [00:17:19][^7^][7] Effet d'espacement sur le cerveau * Plus d'activité cérébrale avec espacement + [00:19:41][^8^][8] Applications pratiques * Recommandations pour l'espacement dans l'éducation Résumé de la vidéo [00:20:15][^1^][1] - [00:42:16][^2^][2]:

      La vidéo présente une conférence sur l'optimisation de l'apprentissage en neuroéducation. Elle aborde les effets de l'espacement des séances d'étude, le rôle du sommeil dans la consolidation de l'apprentissage, et propose des stratégies pour améliorer l'efficacité éducative.

      Points forts: + [00:20:15][^3^][3] L'espacement optimal * Importance de l'espacement * Impact sur l'activité cérébrale + [00:21:55][^4^][4] Le sommeil et l'apprentissage * Le sommeil consolide l'apprentissage * Réactivation des réseaux de neurones + [00:31:00][^5^][5] Mesure de l'espacement * Identification de l'espacement idéal * Influence sur la rétention à long terme + [00:36:54][^6^][6] Application en contexte éducatif * Adaptation des horaires scolaires * Optimisation de l'apprentissage Résumé de la vidéo [00:42:18][^1^][1] - [01:03:08][^2^][2]:

      La vidéo présente une conférence sur l'application des principes de neuroéducation dans l'enseignement, en mettant l'accent sur l'espacement progressif des séances d'apprentissage pour améliorer la rétention à long terme.

      Points forts: + [00:42:18][^3^][3] L'importance de l'espacement * L'espacement progressif favorise le succès en cours d'apprentissage + [00:45:00][^4^][4] Les séquences optimales * Des séquences d'apprentissage bien planifiées améliorent la rétention + [00:47:24][^5^][5] Maintenir la performance * Garder la performance au-dessus d'un seuil défini pour assurer le succès + [00:49:03][^6^][6] Planification des séquences * Utiliser des modèles pour espacer les séances et maintenir la rétention + [00:52:05][^7^][7] Éviter les cours intensifs * Les cours intensifs ne favorisent pas l'apprentissage à long terme + [00:57:00][^8^][8] Varier les contextes * Varier les contextes d'apprentissage pour créer des classes plus générales Résumé de la vidéo [01:03:11][^1^][1] - [01:05:26][^2^][2]:

      La partie 4 de la vidéo aborde l'utilisation des devoirs comme moyen d'apprentissage positif, en soulignant l'importance de nommer et de systématiser les méthodes d'enseignement pour faciliter la rétention et l'évocation des informations par les étudiants.

      Points forts: + [01:03:11][^3^][3] Les devoirs comme outil d'apprentissage * Vue comme une chance d'apprendre + [01:03:22][^4^][4] L'importance de la systématisation * Créer des catégories et les nommer * Utiliser ces noms systématiquement + [01:03:49][^5^][5] L'évocation par un seul mot * Évoque toute la situation * Aide les étudiants à se rappeler + [01:04:00][^6^][6] L'impact de la méthode d'enseignement * Les étudiants se souviennent des étapes * Ils entendent la voix de l'enseignant + [01:04:45][^7^][7] La révision progressive * Produit un effet à long terme * Favorise un apprentissage durable

    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:04:28][^2^][2]:

      Cette vidéo présente des conseils sur l'apprentissage et l'éducation des enfants, en mettant l'accent sur l'importance de l'attention, de l'environnement enrichi, du sommeil et de la répétition. Elle souligne l'impact de la parole des parents et des activités stimulantes sur le développement cognitif des enfants.

      Points forts: + [00:00:00][^3^][3] L'importance de l'attention * Apprendre à se concentrer est crucial * Utiliser la tension exécutive pour sélectionner les pensées * La pratique quotidienne est essentielle + [00:01:00][^4^][4] Enrichir l'environnement cognitif * Le cerveau de l'enfant est une machine à apprendre * Utiliser un vocabulaire élevé et parler aux enfants * Fournir des jouets et des défis stimulants + [00:02:15][^5^][5] Encourager la curiosité naturelle * Les enfants explorent ce qu'ils peuvent apprendre * Éviter les sujets trop difficiles ou déjà connus * Le sommeil consolide les apprentissages + [00:03:08][^6^][6] Techniques d'enseignement efficaces * Captiver et canaliser l'attention des enfants * Alterner enseignement et mise à l'épreuve * Accepter les erreurs comme partie de l'apprentissage

    1. Briefing : Comprendre et Agir Face à l'Échec Scolaire : L'Approche par le "Point Nodal"

      Ce document de briefing synthétise les idées clés et les méthodologies présentées dans l'entretien "Échec scolaire : qu’est-ce qui empêche certains de réussir ?".

      Il met en lumière une approche solutionniste et systémique de la difficulté scolaire, rompant avec la focalisation exclusive sur les diagnostics de troubles et le rattrapage.

      1. Rejet de la Focalisation Exclusive sur la Cause et le Diagnostic

      L'expert, enseignant-chercheur et spécialiste de l'échec scolaire, met en garde contre la recherche prolongée des causes de la difficulté scolaire et une dépendance excessive aux diagnostics de troubles.

      • Approche solutionniste : Plutôt que de s'attarder sur les causes, l'accent doit être mis sur l'évaluation des besoins et des difficultés de l'élève pour "rapidement tendre vers des solutions possibles". La question "est-il crucial de trouver la cause de la difficulté scolaire ?" est jugée "plutôt faux" car elle peut immobiliser l'action.

      • Danger du sur-diagnostic : Il existe un "réel danger" à se reposer uniquement sur un diagnostic. Bien qu'il fournisse "un élément d'information", il ne doit pas être une fin en soi ni une "excuse". Le diagnostic, comme la dyslexie, peut même conduire l'élève à se "réfugier derrière l'étiquette", justifiant un abaissement des exigences et un décrochage.

      • Approche globale vs. "médicale" : L'expert prône une approche "un peu plus globale", critiquant la tendance à vouloir "identifier la maladie et puis avoir automatiquement le traitement".

      Les enseignants de classe régulière, n'étant pas des experts des troubles, ne devraient pas être exclus de l'aide aux élèves en difficulté.

      2. Le Principe d'Éducabilité et la Responsabilité de l'École

      Un principe fondamental est réaffirmé : "il y a toujours une solution pour aider un élève en difficulté, il faut chercher".

      Ce postulat, qualifié d' "absolument vrai, 100 % vrai", repose sur le "principe d'éducabilité".

      L'échec scolaire est l'échec de l'école : L'expert insiste sur la responsabilité de l'institution scolaire : "l'échec est scolaire donc c'est l'école qui crée de l'échec donc nécessairement l'école a des solutions par rapport à cet échec puisque c'est l'école qui crée de l'échec".

      Cette perspective vise à redonner du "pouvoir d'action" aux enseignants.

      Le rôle de la pédagogie : La plupart des situations (95 à 98%) relèvent du domaine pédagogique :

      "l'élève est en échec parce qu'il est en échec dans l'apprendre et et la question de l'apprendre c'est une question éminemment pédagogique".

      3. La Pyramide de Fox et la Nécessité d'Approches Alternatives

      S'appuyant sur l'approche de Fox, l'expert décrit une répartition des élèves face à la difficulté scolaire :

      • 80% réussissent normalement.
      • 15% nécessitent une différenciation de l'enseignant de classe régulière (ré-explication, exercices adaptés, etc.).

      Ces mesures relèvent du "bon sens".

      5-8% "bloquent" et nécessitent des "approches alternatives".

      Pour ces élèves, il ne suffit plus de "faire plus de la même chose". C'est pour eux que le concept de "point nodal" est particulièrement pertinent.

      4. Le Concept du "Point Nodal" et la Démarche d'Enquête

      Le "point nodal" est défini comme "l'identification d'un point d'appui qui est très rarement la discipline scolaire [elle-même]... mais qui est un point d'appui qu'on va trouver en faisant justement ce pas de côté et en prenant du temps pour une évaluation globale". Ce point permet de "débloquer la situation".

      • Rupture avec le rattrapage : L'expert a lui-même constaté l'inefficacité du "rattrapage scolaire" ("je faisais plus de lecture jusqu'au jour je me suis rendu compte que je me fatiguais beaucoup sans beaucoup de résultat").

      • La démarche "à la Colombo" : S'inspirant des sciences forensiques, la démarche d'enquête se décompose en quatre étapes :

      • Arriver sur le "lieu de l'échec" et prendre des traces (observation factuelle) : Recueillir des informations objectives sur l'élève, son comportement, ses difficultés, ses interactions.

      • Identifier le point nodal (clarification) : Cette étape est la plus délicate.

      Il s'agit de "poser les pièces [du puzzle], voir celles qui s'ajustent et puis progressivement se dessine l'image de la situation de l'élève et le point nodal".

      L'exemple de Léo, élève en difficulté de lecture avec une situation familiale complexe et des retards, a révélé que son point nodal était sa "disponibilité pour les apprentissages" et sa compréhension de son "métier d'élève".

      Le retard, initialement anecdotique, devient un "indice d'un manque d'investissement dans les apprentissages scolaires" une fois replacé dans le puzzle.

      • Mettre en œuvre le projet (intervention) : Une fois le point nodal et l'hypothèse explicative identifiés, un plan d'action est mis en place.

      Cela peut impliquer une collaboration avec les parents, d'autres professionnels (psychologue scolaire), ou un travail direct avec l'enfant sur la signification des apprentissages.

      • Faire le bilan : L'évaluation porte spécifiquement sur le point nodal et l'hypothèse explicative :

      "est-ce que c'était bien la bonne hypothèse ?".

      Cette étape doit être ouverte à la remise en question.

      • Confiance dans l'intuition et l'expérience de l'enseignant : Les enseignants de classe, par leur temps passé avec les élèves, disposent de nombreuses informations.

      Ce qui leur manque parfois est la "confiance qu'on peut avoir en ses capacités à faire ce pas de côté et à dire OK... quelle hypothèse explicative quel point de date je peux identifier". La formation doit cultiver cette confiance.

      • Choix d'un seul point d'appui : Bien que plusieurs hypothèses soient possibles, "il me paraît méthodologiquement indispensable de faire le choix d'une hypothèse".

      L'important est que "tout le monde soit d'accord d'appuyer aussi là", c'est-à-dire que l'hypothèse soit partagée par l'élève, les parents et les enseignants.

      La force de l'intervention vient alors de cet "appui collectif" sur le même levier.

      5. Implications et Bénéfices

      Décomplexer l'enseignant : L'approche permet à l'enseignant de "se décomplexer sur le fait d'aller chercher ailleurs que sur ce que je vois, c'est-à-dire mon élève qui n'entre pas dans la lecture" pour investiguer le "symptôme".

      Optimisme et pouvoir d'action : La démarche est fondamentalement optimiste, reposant sur le principe d'éducabilité et redonnant aux acteurs éducatifs, et notamment à l'enseignant, un "pouvoir d'action" face à la difficulté scolaire.

      Vision holistique de l'élève : Il s'agit de s'intéresser à la "globalité de la personne" et pas seulement aux symptômes, à l'image des "médecines qui prennent en compte la globalité de la personne".

      L'observation du comportement en classe ou à la récréation fournit des informations précieuses.

      Efficacité prouvée : Les progrès de Léo, par exemple, sont "spectaculaires".

      L'expert est "chaque fois impressionné à quel point certaines situations se débloquent en quelques semaines".

      L'école comme tiers et espace d'apprentissage : L'école a pour mission d'offrir un espace d'apprentissage (y compris comportemental) que certains élèves n'ont pas forcément à la maison.

      L'approche aide à surmonter l'excuse facile de la "famille" ("oui mais avec la famille qu'il a") en se concentrant sur ce que l'école peut faire en prenant en compte ces difficultés.

      En somme, cette approche invite à un changement de paradigme, passant d'une logique de diagnostic et de rattrapage à une démarche d'enquête collaborative et centrée sur l'identification d'un levier unique – le point nodal – pour catalyser le progrès de l'élève.

    1. Briefing détaillé : L'Endométriose – Vers de nouvelles thérapies

      Ce document présente une revue détaillée des thèmes principaux, des idées les plus importantes et des faits marquants concernant l'endométriose, basés sur les extraits audio fournis.

      Introduction : Une Maladie Complexe et Invalidante

      L'endométriose est une maladie complexe et insidieuse qui touche environ une femme sur 10, soit 200 millions de personnes dans le monde.

      Elle se caractérise par la présence de tissu semblable à l'endomètre (la muqueuse utérine) en dehors de l'utérus, pouvant se fixer sur divers organes comme les ovaires, la région pelvienne et abdominale, la vessie, l'intestin, et même les poumons.

      Ces lésions s'épaississent et saignent lors des règles, mais contrairement aux menstruations, le sang ne peut être évacué, entraînant des inflammations, des kystes, des cicatrices et des adhérences entre les organes.

      La douleur est un symptôme central, souvent décrite comme "transperçante, on dirait des lames" ou "un arrachement d'organe", et "pire que celle d'un accouchement".

      Elle peut être aiguë dans l'abdomen et le dos, lors des rapports sexuels et en allant aux toilettes.

      Cette douleur chronique peut également engendrer une "mémoire de la douleur", rendant les patientes encore plus sensibles.

      La maladie est évolutive et très invalidante, affectant profondément la qualité de vie des femmes, comme en témoigne Amandine Paul André : "On peut pas avoir une vie entre guillemets normale quoi. On est obligé de faire avec la forme du moment".

      Un Diagnostic Tardif et une Souffrance Ignorée L'un des problèmes majeurs de l'endométriose est le délai de diagnostic, qui est en moyenne de 7 à 10 ans.

      Cette latence est principalement due au fait que "la souffrance des patientes n'est pas prise au sérieux".

      De nombreuses femmes entendent des phrases comme "on me dit que je suis folle, mon IRM est normal, c'est dans ma tête". Historiquement, la médecine a longtemps négligé les douleurs féminines, les considérant comme normales, voire les associant à l'hystérie ou à des problèmes psychologiques. Jasmine Cando raconte : "j'en ai parlé à ma mère qui m'a dit 'Mais c'est normal, moi j'étais comme toi, ça va durer un certain temps.' Donc j'ai appris à me taire, à terre mes douleurs."

      Le manque de connaissances médicales sur la maladie a également contribué à ce retard.

      En France, l'endométriose n'a fait son entrée dans les programmes de médecine qu'en 2020, et en Allemagne en 2018 pour la spécialisation en gynécologie obstétrique.

      Causes Mal Connues, Traitements Non Curatifs mais en Évolution

      Les causes exactes de l'endométriose restent encore "mal connues".

      Cependant, la recherche progresse et suggère qu'il n'y a pas "un seul type d'endométriose, mais plusieurs", partageant des traits communs avec d'autres maladies chroniques complexes.

      Il n'existe actuellement aucun traitement curatif pour l'endométriose. Cependant, des options sont disponibles pour atténuer les symptômes et enrayer sa progression :

      Thérapies hormonales : Souvent recommandées en première intention (pilule contraceptive, traitement progestatif) pour limiter la production d'œstrogènes et les saignements, interrompant ainsi la prolifération des lésions.

      Cependant, cette solution "ne convient pas à tout le monde" et peut avoir des effets secondaires. Gestion multimodale de la douleur : Intègre des approches médicamenteuses (antalgiques, parfois morphine comme pour Yasmine, bien que cela puisse entraîner une dépendance) et non médicamenteuses.

      Parmi ces dernières, on trouve le yoga, les changements d'alimentation, l'ostéopathie, l'acupuncture et l'accompagnement psychologique.

      Maria Bambec a appris à "se composer comme un bouquet de fleurs de toutes les choses qui m'aident et je pioche dedans".

      Chirurgie : Vise à retirer ou détruire les lésions d'endométriose.

      Ces interventions peuvent être complexes, en particulier pour les formes sévères touchant plusieurs organes.

      Amandine a subi une intervention de 5 heures pour des lésions obstructives de l'intestin, utilisant la chirurgie robotique pour une "précision inégalée".

      Cependant, la maladie peut récidiver après la chirurgie, comme l'a expérimenté Yasmine, qui a subi neuf opérations.

      Avancées Prometteuses en Diagnostic et Traitement

      Malgré les défis, la recherche "rattrape peu à peu son retard" et les "dernières avancées en matière de diagnostic et de thérapie sont particulièrement prometteuses."

      Test salivaire (EndoTest) : Cette avancée est "absolument phénoménale". Développé par une entreprise lyonnaise de biotechnologie, ce test permettrait de diagnostiquer l'endométriose avec une "précision diagnostique de plus de 95 %" à partir d'un échantillon de 2 ml de salive, évitant ainsi des cœlioscopies diagnostiques. L'étude actuelle sur 25 000 femmes vise à évaluer son impact sur la prise en charge et le nombre d'opérations.

      Ultrasons focalisés à haute intensité (HIFU) : Cette nouvelle approche thérapeutique, testée à Lyon, permettrait d'éviter des chirurgies lourdes pour les lésions profondes, notamment celles infiltrant la paroi rectale.

      La sonde utilise des ultrasons à très haute énergie pour "brûler" et détruire les lésions, leur vascularisation et les fibres nerveuses responsables de la douleur.

      Les premiers résultats sont très encourageants : sur 60 femmes traitées, seules trois ont connu une récidive, et les patientes témoignent d'une réduction significative de la douleur. Gill du Bernard, le médecin menant l'essai, déclare : "C'est un rêve devenu réalité".

      Recherche génétique : Des études à Oxford, menées par Krina Zondervan, analysent l'ADN de dizaines de milliers de femmes pour identifier les "variants génétiques correspondant à un risque d'endométriose" (42 régions du génome identifiées).

      Ces recherches révèlent des recoupements avec d'autres comorbidités (douleurs dorsales, migraines, maladies inflammatoires auto-immunes, asthme).

      L'objectif est de développer des "médicaments adaptés aux différentes manifestations de l'endométriose" et d'individualiser le diagnostic et la prise en charge, à l'image de l'oncologie.

      Sensibilisation et Soutien : Un Enjeu Sociétal

      L'endométriose est de plus en plus reconnue comme un "problème de société", comme l'a souligné le président Macron en janvier 2022. En 2024, le gouvernement allemand a alloué 15 millions d'euros sur 3 ans à la recherche.

      Des actions de sensibilisation sont menées activement par des associations de patientes comme Endofrance, où Yasmine Cando intervient dans les collèges et lycées.

      Grâce aux réseaux sociaux et à des célébrités (Alexa Chung, Lena Dunham, Laetitia Milot), la parole se libère autour des règles et des douleurs gynécologiques. Yasmine constate une évolution positive, notamment chez les garçons, qui "posent les questions, qui interviennent", changeant la perception de cette maladie longtemps considérée comme strictement féminine.

      Le soutien des proches est également crucial. Lucas, le compagnon de Maria, a appris à être présent sans chercher à "soulager sa douleur" directement, mais en "communiquant", "juste une pression de la main ou le fait de dire 'Je suis là, je peux te réchauffer quelque chose, comment tu te sens ?'".

      Conséquences de la Maladie au-delà de la Santé Physique

      Les conséquences de l'endométriose s'étendent bien au-delà de la douleur physique :

      Infertilité : Plus d'une patiente sur trois a des difficultés à tomber enceinte naturellement.

      Souffrances psychiques : Dépression, anxiété, et sentiment de "flou en permanence" sont fréquents. Impact socio-économique :

      La maladie entraîne des arrêts de travail, une diminution de la productivité, et parfois l'incapacité de travailler.

      "Cette situation pèse sur l'économie, le système de santé et de sociale. Une maladie mal prise en charge a des conséquences pour toute la société."

      Conclusion : Un Espoir Renouvelé

      • Malgré le parcours souvent long et difficile des patientes, les avancées récentes en matière de diagnostic (test salivaire) et de traitements (ultrasons focalisés, recherche génétique pour des thérapies ciblées) offrent un immense espoir.

      L'amélioration de la prise en charge, à travers des structures comme les hôpitaux de jour proposant une approche pluridisciplinaire, permet un suivi plus rapide et plus global, essentiel pour améliorer le confort de vie des patientes.

      L'objectif est de tendre vers des "thérapies beaucoup plus ciblées, du sur-mesure grâce à la recherche génétique."

      La sensibilisation croissante et la reconnaissance de l'endométriose comme un problème de société sont également des pas importants vers un avenir où les femmes atteintes pourront vivre une vie plus apaisée.

    1. Note de synthèse : Le numérique à l'école – Révolution ou danger ?

      Ce document de synthèse présente les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits marquants des sources fournies concernant l'intégration du numérique dans l'éducation.

      Il met en lumière les opportunités, les défis et les préoccupations soulevés par cette transformation.

      I. Le numérique comme vecteur de transformation pédagogique et d'amélioration des apprentissages

      Les sources mettent en avant plusieurs exemples où le numérique révolutionne les pratiques pédagogiques et semble améliorer l'engagement et les résultats des élèves :

      Pédagogies innovantes et personnalisées :À l'école du Berceau, l'utilisation de tablettes permet aux élèves de CE2 d'apprendre à écrire et compter, tandis que le professeur "peut même faire travailler ses élèves en petits groupes séparés, de façon autonome."

      Les tableaux numériques interactifs rendent les leçons plus dynamiques et permettent aux élèves d'être "un peu plus acteurs, en fait, finalement, de leurs apprentissages."

      Les cours d'anglais en visioconférence avec une enseignante en Angleterre ou les dictées préenregistrées sur tablette offrent de nouvelles modalités d'apprentissage.

      L'enregistrement vocal sur tablette aide les élèves timides à "se lancer" et permet de "bien correctement comment on a prononcé les mots."

      Motivation et plaisir d'apprendre :Les enfants d'Elancourt préfèrent "Le tableau numérique" et "La tablette" au "tableau à la craie" et au "cahier". Cette adhésion augmente "ce fameux plaisir d'apprendre et donc, a priori, les résultats scolaires."

      Réduction des inégalités et soutien aux élèves en difficulté :En Corrèze, François Hollande a équipé les collégiens d'ordinateurs portables et de tablettes, convaincu que le numérique "peut faire évoluer les pédagogies [et est] probablement un des meilleurs instruments... pour réduire les inégalités."

      À Mooresville, aux États-Unis, le numérique a permis de réduire la "fracture numérique" et l'"inégalité des chances", transformant des écoles où "La moitié des élèves étaient en échec scolaire" en "classes d'excellence" avec un taux de réussite scolaire passé "de 50 à 98%".

      Les logiciels éducatifs à Mooresville analysent les comportements des élèves et "envoie un bilan de ses progrès à l'institutrice", permettant de "lui donner des exercices supplémentaires en classe."

      L'enseignante affirme que cela "me rend meilleure" et lui permet de "me concentrer sur leurs vrais besoins."

      Nouvelle posture de l'enseignant :À Mooresville, "Le prof n'est plus au centre, c'est la connaissance qui est au centre."

      Les professeurs deviennent des "guides pour les élèves", dirigeant "un orchestre" plutôt que de tout contrôler.

      Flexibilité de l'apprentissage :La "pédagogie inversée" avec des vidéos préenregistrées permet aux élèves de "regarder la vidéo à ton rythme, tu peux faire des pauses pour être sûr de bien comprendre."

      II. Les enjeux économiques et l'influence des acteurs industriels

      L'intégration du numérique dans l'éducation représente un marché colossal et suscite l'intérêt des multinationales :

      Un marché en pleine croissance :Le marché mondial du numérique éducatif est estimé à "environ 100 milliards d'euros" et prévoit "Plus de 1500% pour les 10 ans à venir."

      Apple et Microsoft sont des acteurs majeurs cherchant à équiper les écoles avec leurs produits et logiciels.

      Stratégies de pénétration des entreprises :Apple se concentre sur ses partenaires fournisseurs de contenu, estimant ne plus avoir besoin "d'expliquer ce qu'est un iPad."

      Microsoft utilise des "showrooms" comme "La classe Immersive" à Paris pour "séduire les élèves et leurs profs pour vendre aux établissements scolaires une classe du futur, clé en main."

      Microsoft finance discrètement le "Forum des enseignants innovants", un événement parrainé par l'Éducation nationale, avec une contribution pouvant aller "dans l'ordre de 50%" du budget.

      Des invitations sont envoyées à des fonctionnaires de l'Éducation nationale pour des événements au siège de Microsoft, ce qui soulève des questions sur la "neutralité de l'école" et les "conflits d'intérêts", comme le souligne la Directrice du numérique éducatif qui estime qu'il y a "une confusion des genres" et qu'elle "n'y serais pas allée."

      Microsoft offre des équipements, comme "10 tablettes" à une classe, pour tenter "d'emporter le marché."

      Lobbying contre les logiciels libres :Les multinationales ont exercé une forte pression ("un lobby et une pression incroyable") pour s'opposer à un amendement proposant l'utilisation prioritaire de "logiciels libres" à l'école, qui sont "presque toujours gratuits."

      Le syndicat des entreprises du numérique, le Syntec, a émis un communiqué alarmiste, entraînant le recul du ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Vincent Péillon.

      L'évolution des manuels scolaires :Les manuels numériques proposés par les éditeurs sont souvent critiqués pour leur manque d'interactivité et de valeur ajoutée pédagogique ("pas d'interactivité, seulement quelques bonus. Et souvent sans intérêt.").

      Certains professeurs, comme Giselin Dominé, créent leurs propres manuels numériques personnalisés, intégrant des ressources libres et gratuites ("Wikimedia," banques nationales de photos et vidéos).

      Les éditeurs traditionnels sont accusés de freiner la transition numérique en raison de la rentabilité du papier (jusqu'à "8%" de marge).

      Ils pratiquent des prix dissuasifs pour les versions numériques vendues seules (ex: 600 euros pour un manuel numérique seul contre 59 euros avec la version papier).

      La PDG d'Hatier justifie ces prix par les investissements dans les "ressources enrichies" et les "droits d'auteur supplémentaires."

      III. Défis et préoccupations

      Malgré les avantages, l'intégration du numérique soulève également des inquiétudes importantes :

      Risque de repli sur soi et d'isolement :Certains professeurs craignent "qu'il y ait un repli sur soi de l'enfant, où le rapport au savoir ne se ferait pas par la communication avec les autres, mais simplement par la communication à travers un support."

      Question du rôle de l'enseignant et du contenu pédagogique :Le numérique "modifie le rôle de l'enseignant", "transforme les savoirs et affecte les pédagogies."

      Il y a une interrogation sur "A quoi ressemblera l'école du futur ? Les programmes pédagogiques tomberont-ils aux mains de multinationales, sans lien direct avec l'éducation ? L'arrivée du numérique annonce-t-elle La fin des professeurs ?"

      Manque de préparation en France :En France, "Moins de 10% des élèves bénéficient d'un matériel informatique en classe." Le pays fait face à un "problème technique" (vidéoprojecteurs difficiles à installer) et un "manque de formation" des enseignants, qui ne sauraient "quoi en faire" avec des iPads.

      Il y a un manque de "logiciels éducatifs quasiment inexistants dans l'Hexagone", contrairement au "marché anglo-saxon."

      Dérives des écoles virtuelles (modèle américain) :En Floride, l'école virtuelle, rendue obligatoire dans certains États, externalise les cours à des organismes d'enseignement à distance.

      Les élèves se sentent parfois "livrés à eux-mêmes" et regrettent le manque d'interaction avec les professeurs ("on avait plus d'échanges avec les profs. Moi, je préférais quand on les avait face à nous.").

      L'entreprise K12, la plus grande école virtuelle aux États-Unis, est confrontée à de vives critiques : une ancienne professeure décrit une expérience "traumatisante" avec des élèves "complètement démotivés" et des tentatives de suicide.

      L'entreprise a même demandé de "faire passer les élèves dans la classe supérieure en ne tenant pas compte de certaines notes" pour "remonter artificiellement leurs moyennes."

      IV. La stratégie française

      La France, bien que tardive, s'engage dans le virage numérique :

      Engagement politique :François Hollande, d'abord en Corrèze puis au niveau national, a fait du numérique un "pilier de sa réforme scolaire", affirmant "Je ne veux pas céder à l'illusion du tout numérique.

      Mais il est clair que cette nouvelle donne modifie le rôle de l'enseignant."

      Le ministre de l'Éducation nationale, Benoît Hamon, a annoncé un plan de "5 millions d'euros" pour équiper "9 000 écoles en haut débit" dès la rentrée 2014.

      Il vise à ce que "70% des élèves français soient équipés d'outils numériques à l'horizon 2020."

      Création d'une direction dédiée :En avril 2014, la "Direction du numérique éducatif" a été créée pour "mettre en place une nouvelle organisation" et faire en sorte que "L'école entre dans l'ère du numérique."

      Cette direction doit "cadrer clairement nos partenariats avec les entreprises" et mettre en synergie les compétences des enseignants, des académies, des collectivités et des "partenaires industriels."

      Conclusion

      Le numérique à l'école se présente comme une véritable révolution avec un potentiel immense pour moderniser les méthodes d'enseignement, personnaliser les apprentissages et réduire les inégalités.

      Cependant, cette transformation est également porteuse de dangers, notamment l'emprise des multinationales sur les contenus pédagogiques, le risque d'isolement des élèves, et les dérives potentielles d'une numérisation excessive, comme en témoigne l'expérience des écoles virtuelles américaines.

      La France s'engage dans cette voie avec la volonté de maîtriser le déploiement et d'éviter les pièges, en investissant dans les infrastructures, la formation des enseignants et en cherchant à définir des partenariats éthiques avec les acteurs industriels.

      Le défi est de taille : conjuguer innovation technologique et excellence pédagogique tout en préservant les valeurs fondamentales de l'éducation.

    1. Briefing : Réunion des Parents d'Élèves de Première Générale au Lycée Louis Vincent

      Résumé

      • Cette note de synthèse résume les points clés de la réunion destinée aux parents des 308 élèves de première générale du lycée Louis Vincent.

      L'objectif était de présenter le déroulement de l'année, les enjeux du baccalauréat et l'importance de l'anticipation pour l'orientation post-bac.

      Les principaux points à retenir sont :

      • Une année charnière pour l'orientation : Bien que l'unique choix d'orientation de l'année consiste à abandonner l'une des trois spécialités pour la terminale, la classe de première est identifiée comme un moment crucial pour entamer la réflexion sur le projet post-bac et Parcoursup.
      • Rigueur sur l'assiduité : Une politique très stricte sera appliquée concernant les absences et les retards.

      En raison du poids du contrôle continu (40 % de la note finale du baccalauréat), l'assiduité est primordiale et l'établissement n'hésitera pas à contacter les familles de manière insistante pour garantir la présence des élèves.

      • Nouveauté au baccalauréat : Une épreuve anticipée de mathématiques, d'un coefficient 2 et se déroulant sans calculatrice, est introduite dès la fin de l'année de première.

      Elle s'ajoute à la traditionnelle épreuve anticipée de français.

      • Excellence académique et accompagnement : Le lycée affiche des résultats supérieurs à la moyenne académique, avec 98,44 % de réussite au baccalauréat général et 74 % de mentions.

      L'accompagnement pour Parcoursup est également un point fort, avec 100 % des élèves de terminale ayant reçu une proposition d'affectation l'année précédente.

      • Cadre scolaire et pédagogique : L'accent est mis sur le bien-être des élèves face à la pression scolaire, la nécessité d'un usage raisonné des outils numériques (téléphones, IA) et le maintien de méthodes de travail fondamentales comme la prise de notes manuscrite et la lecture.

      1. L'Année de Première : Une Année Stratégique

      L'année de première générale est présentée comme "relativement cool" en termes de décisions d'orientation immédiates, contrastant avec les choix de filières en seconde et les choix de formations supérieures en terminale. Cependant, son importance stratégique est fortement soulignée.

      Objectif Principal et Calendrier

      • Choix de Spécialités : Le seul choix d'orientation de l'année interviendra au troisième trimestre, lorsque les élèves devront indiquer laquelle de leurs trois spécialités ils souhaitent abandonner pour la classe de terminale.

      Calendrier de l'Orientation :

      Dès octobre : Des bilans de mi-trimestre seront organisés pour faire des points d'étape avec les équipes pédagogiques et proposer des rendez-vous pour affiner le projet de l'élève.

      Novembre : Participation à la Semaine Nationale de l'Orientation.

      Troisième trimestre : Accélération du processus avec le choix final de la spécialité à abandonner.

      L'Importance de l'Anticipation pour Parcoursup

      L'année de première est le moment idéal pour commencer à préparer les choix de l'enseignement supérieur.

      Il est rappelé qu'en terminale, le temps pour choisir parmi les 60 000 formations supérieures (dont 24 000 sur Parcoursup) est très court.

      Il est donc conseillé aux familles d'initier la discussion sur l'avenir, même si les élèves n'ont pas de projet précis.

      Une approche suggérée est d'identifier ce que les élèves ne veulent pas faire pour affiner progressivement leurs centres d'intérêt.

      2. Organisation et Vie Scolaire

      • Équipe Pédagogique et Administrative

      • L'encadrement des neuf classes de première (601 à 609) est assuré par une équipe de référents dédiés.

      Rôle

      Personnes en charge

      • Proviseur Adjoint
      • Proviseur
      • Professeurs Principaux
      • Un professeur principal par classe
      • CPE Référentes
      • Psychologues de l'Éducation Nationale
      • Disponibles sur rendez-vous pour affiner les choix d'orientation
      • Secrétariat Pédagogique
      • Mme x, pour les dossiers scolaires et les demandes d'aménagements
      • Règlement Intérieur et Discipline
      • Deux points du règlement intérieur sont particulièrement mis en avant.
      • Assiduité (Absences et Retards) :
      • ◦ Enjeu majeur : Le contrôle continu compte pour 40 % de la note du bac. Chaque note obtenue en cours est donc importante.
      • Politique stricte : L'établissement sera très vigilant, contactant les parents par téléphone, mail ou SMS ("on va vous harceler"). Le caractère justifié ou non des motifs d'absence sera évalué par l'administration et pourra figurer sur le bulletin, document essentiel pour Parcoursup.
      • Lutte contre les stratégies d'évitement : Les absences stratégiques lors des devoirs seront combattues.

      Un système de rattrapage des devoirs sera mis en place sur 24 samedis dans l'année.

      Si les notes ne sont pas représentatives du niveau de l'élève, une épreuve ponctuelle au baccalauréat pourra être imposée. * • Usage du Numérique : * ◦ Téléphones portables : Interdits dans tous les bâtiments, sauf autorisation explicite d'un adulte. La dépendance et la distraction causées par les notifications sont considérées comme des freins majeurs à l'apprentissage. * ◦ Intelligence Artificielle et Triche : L'équipe pédagogique est consciente des difficultés posées par des outils comme ChatGPT pour les travaux à la maison (rédactions).

      La copie entre élèves est également surveillée.

      L'accent est mis sur la nécessité d'un travail personnel.

      Santé et Bien-être des Élèves

      • L'année de première peut être une source d'angoisse pour les élèves en raison de la pression des notes, du baccalauréat et de l'orientation future.

      Les parents sont encouragés à contacter l'établissement (CPE, professeurs) s'ils observent un changement de comportement ou un mal-être chez leur enfant.

      Il est rappelé qu'un travail régulier est plus productif et moins anxiogène que des révisions de dernière minute.

      3. Le Baccalauréat : Modalités et Épreuves

      Structure et Coefficients

      • La note finale du baccalauréat est composée à 40 % du contrôle continu et à 60 % des épreuves terminales. Des ajustements de coefficients ont été annoncés.

      Épreuve

      Voie Générale - Coefficient * Moment * Contrôle Continu (ensemble des matières du tronc commun) * 40 % * Première et Terminale * Enseignement de Spécialité 1 * 16 * Terminale * Enseignement de Spécialité 2 * 16 * Terminale * Philosophie * 8 * Terminale * Grand Oral * 8 (anciennement 10) * Terminale * Épreuve Anticipée de Français (Écrit + Oral) * 5 * Première * Épreuve Anticipée de Mathématiques (Nouveau) * 2 * Première

      Les Épreuves Anticipées en Fin de Première * • Français : * ◦ Écrit : 4 heures (commentaire ou dissertation). * ◦ Oral : Basé sur les textes étudiés pendant l'année. * ◦ Préparation : La lecture des quatre œuvres au programme (et des lectures cursives) est indispensable. L'établissement organise un bac blanc écrit et un bac blanc oral. * • Mathématiques (Nouveauté) : * ◦ Format : Épreuve sur 20 points (6 points d'automatismes, 14 points sur le programme de l'année). * ◦ Contrainte majeure : La calculatrice est interdite. L'objectif est de redonner du sens au calcul et au raisonnement. * ◦ Sujets : Trois sujets distincts seront proposés (voie technologique, voie générale sans spécialité maths, voie générale avec spécialité maths). * ◦ Préparation : Une épreuve blanche sera organisée en avril ou mai.

      Résultats et Enjeux exemple au Lycée Louis Vincent

      • Taux de réussite : 98,44 % au bac général (session 2025).
      • Taux de mentions : 74 % des élèves ont obtenu une mention. Ces résultats, supérieurs aux attendus académiques, montrent que l'obtention du baccalauréat est à la portée des élèves qui travaillent régulièrement.

      Le véritable enjeu est donc de bien réussir son baccalauréat afin d'obtenir une mention.

      4. Parcoursup : Préparer l'Avenir dès la Première

      • Une Réflexion à Long Terme
      • Les bulletins de la classe de première ont une importance capitale dans le dossier Parcoursup.

      Une réflexion précoce permet aux élèves de se motiver et de cibler les matières dans lesquelles ils doivent obtenir de bons résultats pour accéder aux formations souhaitées.

      Des outils comme le site Parcoursup lui-même ou le site Suptracker (pour les statistiques d'admission) sont recommandés. * Un Accompagnement Efficace * L'année dernière, 100 % des élèves de terminale du lycée ont reçu une affectation via Parcoursup, témoignant de la qualité de l'accompagnement des équipes.

      Le système est défendu comme une opportunité pour les élèves de postuler à des formations diverses sans hiérarchiser leurs vœux initialement, ce qui ouvre le champ des possibles.

      5. Outils de Communication et Questions Pratiques

      Plateformes Numériques : * ◦ Mon Bureau Numérique (MBN) : Principal outil pour la communication par mail avec les enseignants (via EduConnect) et pour consulter le cahier de textes. * ◦ Pronote : Outil de référence pour l'emploi du temps et la consultation des notes. Il est synchronisé et accessible via MBN. * • La "Pause Numérique" : Une directive ministérielle prévoit de bloquer l'accès aux environnements numériques après 20h et le week-end.

      La Région Grand Est a suspendu cette mesure jusqu'en décembre 2023, notamment en raison de l'accès aux manuels scolaires numériques.

      L'avenir de cette mesure est incertain.

      • Accompagnement Personnalisé (AP) : En français et en mathématiques, les enseignants décident quels élèves doivent y assister en fonction des besoins.

      Si un élève est convoqué, le cours d'AP apparaît directement dans son emploi du temps sur Pronote.

      • Absences des Professeurs : Le lycée a réalisé sa rentrée avec un effectif complet, une situation favorable qui limite le risque de non-remplacement en cas d'absence, contrairement à d'autres académies.

      • Activités Sportives (UNSS) : Les compétitions ont lieu le mercredi après-midi. Les élèves participants sont excusés mais doivent rattraper les cours manqués.

      L'établissement obtient d'excellents résultats, participant régulièrement aux championnats de France.

      • Complexité des Emplois du Temps : La réforme et le système de spécialités génèrent une grande complexité, avec 12 à 14 emplois du temps différents au sein d'une même classe de 35 élèves.

      Les élèves sont invités à consulter Pronote chaque matin pour vérifier les éventuelles modifications (salles, absences).

    1. Feuille de Route Stratégique pour l'Année de Terminale : Un Modèle pour la Réussite

      1.0 Introduction : Les Enjeux Stratégiques de l'Année de Terminale

      • L'année de Terminale constitue une année charnière, un véritable pivot dans le parcours d'un élève, marquée par un double enjeu stratégique.

      D'une part, elle représente l'aboutissement des années lycée avec l'objectif tangible d'obtenir le baccalauréat.

      D'autre part, elle est le théâtre d'une préparation active et décisive de l'avenir, matérialisée par les choix d'orientation vers l'enseignement supérieur via la plateforme Parcoursup.

      Cette feuille de route est conçue comme un guide généraliste, synthétisant les meilleures pratiques et les informations clés pour structurer l'accompagnement des élèves et de leurs familles tout au long de cette année dense et déterminante.

      Le premier pilier de cette réussite est la maîtrise du cadre d'évaluation du baccalauréat.

      2.0 Le Baccalauréat : Structure, Préparation et Évaluation

      • La réussite au baccalauréat repose sur une compréhension claire de sa structure d'évaluation et sur une préparation méthodique tout au long de l'année.

      Il ne s'agit plus seulement de viser un succès lors des examens finaux, mais de construire sa réussite de manière continue.

      La performance globale de l'élève est le fruit d'un équilibre entre le travail régulier, validé par le contrôle continu, et la capacité à se mobiliser pour les épreuves terminales.

      2.1 Analyse de la Structure d'Évaluation

      • La note finale du baccalauréat général est une somme pondérée qui reflète à la fois le parcours de l'élève et sa performance lors des examens finaux.

      La répartition des coefficients est la suivante : 40 % pour le contrôle continu et 60 % pour les épreuves terminales.

      • Les épreuves terminales constituent le poids le plus important de la note finale. Leur structure en voie générale se décompose comme suit :

      Épreuve Terminale Coefficient en Voie Générale * Philosophie= 8 * Enseignement de Spécialité 1= 16 * Enseignement de Spécialité 2= 16 * Grand Oral= 10

      À ces épreuves s'ajoutent les notes des épreuves anticipées de français (écrit, coefficient 5, et oral, coefficient 5), passées en fin de Première, qui complètent la note des épreuves terminales pour atteindre le total de 60%.

      • Le contrôle continu, quant à lui, est basé sur les moyennes annuelles de l'ensemble des disciplines du cycle terminal (Première et Terminale), qui sont officiellement validées lors des conseils de classe de fin d'année.

      2.2 Le Grand Oral : Un Levier de Réussite à Fort Potentiel

      • L'une des épreuves les plus stratégiques du nouveau baccalauréat est sans conteste le Grand Oral.

      Avec son coefficient élevé de 10 en voie générale, il représente un levier majeur pour la note finale.

      Il s'agit d'une épreuve à "rendement de notes" particulièrement intéressant ;

      il est en effet plus courant pour un élève bien préparé d'y obtenir une note maximale que dans certaines disciplines écrites traditionnelles.

      Les compétences évaluées lors du Grand Oral sont fondamentales :

      • • Apprendre à s'exprimer en public de manière claire et convaincante.
      • • Démontrer des capacités d'argumentation et un esprit critique.
      • • Faire preuve de clarté dans son expression et de maîtrise de ses connaissances.
      • L'épreuve se déroule en 20 minutes face à un jury. L'élève prépare en amont deux questions en lien avec ses enseignements de spécialité.

      Le jour de l'épreuve, il dispose de 10 minutes pour présenter sa réponse à l'une des questions, suivies de 10 minutes d'échange et d'approfondissement avec le jury.

      Au-delà de son poids dans l'examen, cette épreuve est essentielle car elle développe des compétences oratoires cruciales pour la poursuite d'études (entretiens d'admission) et pour l'ensemble de la vie professionnelle.

      2.3 Garantir l'Intégrité du Contrôle Continu : Stratégies et Cadre

      • Pour assurer un contrôle continu juste et représentatif du niveau réel des élèves, les établissements mettent en place des mécanismes de régulation précis.

      Chaque lycée dispose d'un "projet d'évaluation" qui vise à garantir une égalité de traitement entre tous les candidats.

      • Face à la tentation de l'absentéisme stratégique (éviter un devoir après avoir obtenu une bonne note pour préserver sa moyenne), une politique claire est appliquée.

      L'établissement offre systématiquement la possibilité de rattraper une évaluation manquée, souvent lors de sessions organisées le samedi matin.

      Cette mesure a pour but de contrecarrer ces tactiques et d'assurer que la moyenne reflète un travail régulier.

      • Si, malgré tout, les notes d'un élève ne sont pas jugées "robustes" – c'est-à-dire non représentatives de son niveau réel en raison d'un nombre insuffisant d'évaluations –, l'établissement peut organiser une épreuve ponctuelle individuelle pour valider ses compétences.

      2.4 Un Calendrier de Préparation Structuré

      • La préparation aux épreuves finales est rythmée par des dispositifs d'entraînement organisés par l'établissement tout au long de l'année.

      Ces moments sont cruciaux pour familiariser les élèves avec les conditions d'examen.

      • Devoirs communs : Des sessions d'évaluation sont organisées, fréquemment le samedi matin, pour simuler les conditions réelles des épreuves écrites (durée, format, environnement).
      • Épreuves blanches : Des examens blancs complets sont mis en place, incluant des journées banalisées (par exemple en avril) pour les épreuves de spécialité, permettant une immersion totale.

      • Oral blanc : Un entraînement spécifique au Grand Oral est organisé. Il permet aux élèves de se tester et de bénéficier de retours constructifs de la part des évaluateurs pour affiner leur prestation.

      • S'exercer en conditions réelles est indispensable. Cela permet aux élèves d'apprendre à gérer leur temps sur une épreuve de 4 heures, à maîtriser leur stress dans l'environnement d'une grande salle d'examen, et à se familiariser avec le format officiel.

      Cette préparation met en confiance et réduit l'imprévu le jour J.

      • L'obtention du baccalauréat est la première étape vers la réussite.

      La seconde, tout aussi cruciale, consiste à préparer activement son avenir et à concrétiser son projet d'orientation via Parcoursup.

      3.0 Parcoursup : Naviguer Stratégiquement vers l'Enseignement Supérieur

      • Parcoursup est l'outil central et incontournable de l'orientation post-bac en France.

      Loin d'être une simple plateforme d'inscription, son utilisation efficace requiert de l'anticipation, une recherche approfondie et une stratégie réfléchie.

      Une démarche bien menée permet aux élèves de choisir leur avenir plutôt que de le subir, en alignant leurs aspirations avec les réalités et les attendus de l'enseignement supérieur.

      3.1 Le Calendrier en Trois Étapes Clés

      • Le processus Parcoursup se déroule selon un calendrier national précis, articulé en trois grandes phases.

      • 1. Phase 1 (Décembre - Janvier) : Découverte des Formations. Le site Parcoursup ouvre pour consultation.

      À partir de la mi-décembre, les informations sur les milliers de formations disponibles sont mises à jour pour la rentrée suivante. C'est la période de recherche, d'exploration et de première sélection.

      • 2. Phase 2 (Mi-Janvier - Début Avril) : Inscription et Formulation des Vœux. Cette phase est consacrée à la création du dossier de candidature et à la formulation des vœux (et sous-vœux).

      Une date butoir est fixée mi-mars pour ajouter des vœux, et une seconde début avril pour finaliser chaque dossier avec les éléments requis (projets de formation motivés, etc.).

      • 3. Phase 3 (Début Juin - Début Juillet) : Réception et Gestion des Propositions. C'est la phase des résultats.

      Les élèves reçoivent les réponses des formations et doivent gérer les propositions d'admission en y répondant dans les délais impartis.

      3.2 Le Dossier : Un Portrait Complet du Candidat

      • Le dossier Parcoursup est bien plus qu'un simple relevé de notes.

      Les commissions d'examen, composées d'équipes pédagogiques et non d'intelligences artificielles, analysent les dossiers pour identifier des profils d'élèves investis, sérieux et motivés.

      Les appréciations des professeurs sur les bulletins scolaires sont d'une importance capitale.

      Elles fournissent un contexte qualitatif aux notes et donnent des indications précieuses sur le sérieux de l'élève, son implication en classe, sa progression et son potentiel de réussite dans le supérieur.

      Il est crucial de noter qu'obtenir des appréciations positives est à la portée de tout élève : l'implication, l'attention en classe et la démonstration d'efforts sont des qualités que les professeurs valorisent et signalent systématiquement.

      À l'inverse, les absences, les retards et les remarques sur le comportement sont des facteurs rédhibitoires pour de nombreuses formations.

      Comme l'expliquent les évaluateurs, face à des milliers de dossiers, un bulletin affichant "régulièrement absent" est souvent immédiatement mis de côté.

      Entre deux candidats aux résultats similaires, le choix se portera toujours sur celui qui a démontré son assiduité et son sérieux.

      3.3 Outils d'Orientation et d'Aide à la Décision

      • Plusieurs ressources sont à la disposition des élèves et de leurs familles pour éclairer leurs choix et construire un projet solide.
      • Les PsyEN (Psychologues de l'Éducation Nationale) : Il est vivement recommandé de prendre rendez-vous avec un PsyEN dès le premier trimestre.

      Leurs plannings se saturent rapidement, et une consultation précoce permet d'engager une réflexion accompagnée avant les échéances de Parcoursup.

      • Les Salons et Forums : Des événements comme le salon "Réaction", qui présente près de 5000 formations, ou le forum des formations organisé au sein même du lycée, sont des moments clés.

      Ils permettent de rencontrer des représentants d'écoles, des étudiants et des professionnels pour poser des questions concrètes.

      • SupTracker : Cet outil en ligne est indispensable pour consulter des statistiques détaillées sur les profils des candidats admis dans chaque formation les années précédentes.

      Par exemple, il permet de voir quelles combinaisons de spécialités sont les plus représentées parmi les admis en PASS (parcours d'accès spécifique santé), aidant ainsi l'élève à évaluer la cohérence de son profil avec les formations visées.

      • • Parcoursup : La plateforme elle-même est une mine d'informations.

      Chaque fiche de formation détaille les "attendus" (compétences et connaissances requises), les critères d'analyse des candidatures, et souvent les statistiques de l'année précédente, comme la moyenne du dernier admis.

      3.4 Élaborer une Stratégie de Vœux Intelligente

      • Une stratégie de vœux réussie est une stratégie anticipée et bien construite.

      • 1. Commencer la réflexion tôt : Il est impératif de ne pas attendre les dernières semaines pour réfléchir à son orientation. La recherche doit commencer dès le début de l'année pour éviter des décisions prises dans l'urgence.

      • 2. Diversifier et sécuriser ses vœux : Il est stratégique de formuler un nombre suffisant de vœux pour couvrir plusieurs scénarios, des plus ambitieux aux plus sécurisés.

      Après la date butoir de mi-mars, aucun ajout n'est possible. Il est donc préférable d'inclure des formations "de sécurité" ou des alternatives en cas d'incertitude, plutôt que de risquer de limiter ses options.

      • 3. Faire des choix cohérents : Les vœux doivent être en adéquation avec le profil académique de l'élève (spécialités suivies, résultats scolaires, compétences). Consulter les statistiques sur Parcoursup et SupTracker permet d'ajuster sa stratégie.

      • 4. Comprendre les listes d'attente : Il ne faut pas se décourager face à une position lointaine sur une liste d'attente.

      Celles-ci évoluent très rapidement. Consulter le rang du dernier admis de l'année précédente donne une indication précieuse, bien que non garantie, sur ses chances d'être finalement accepté.

      • Le succès de ce parcours complexe ne repose pas uniquement sur l'élève, mais sur la mobilisation de tout l'écosystème qui l'entoure.

      4.0 L'Écosystème de la Réussite : Le Rôle des Équipes, des Élèves et des Familles

      • La réussite en Terminale est une entreprise collective.

      Elle dépend d'une collaboration étroite et d'un engagement partagé entre l'établissement scolaire, qui fournit le cadre et l'accompagnement, l'élève, qui est l'acteur principal de son parcours, et sa famille, qui offre un soutien indispensable.

      4.1 L'Accompagnement par l'Équipe Éducative

      • Au sein du lycée, un réseau de soutien est spécifiquement structuré pour accompagner les élèves de Terminale.

      Le système de double professeur principal par classe est une des clés de cet accompagnement. Généralement, l'un est désigné "professeur référent", plus spécifiquement axé sur les questions d'orientation et Parcoursup, tandis que l'autre se concentre davantage sur la gestion de la vie de la classe et le suivi scolaire global.

      • Ces professeurs sont les premiers interlocuteurs des élèves et des familles.

      Ils sont les mieux placés pour répondre aux questions, conseiller et orienter tout au long de l'année. À leurs côtés, les CPE (Conseillers Principaux d'Éducation) et l'équipe de direction assurent un suivi global et interviennent en appui.

      4.2 L'Engagement Indispensable des Familles

      • Le rôle des parents est crucial pour accompagner l'élève avec bienveillance et efficacité. Voici quelques conseils pratiques pour les familles :

      • Engager le dialogue sur l'orientation : Il est souvent plus productif d'aborder le sujet non seulement par la question "Que veux-tu faire plus tard ?" mais aussi par son inverse : "Qu'est-ce que tu ne veux absolument pas faire ?".

      Cette approche par élimination permet de cerner plus facilement les centres d'intérêt et les rejets.

      • Accompagner sans décider à la place : Les parents peuvent jouer un rôle de facilitateur en se familiarisant avec les outils comme Parcoursup et SupTracker.

      Ils peuvent ainsi aider leur enfant dans ses recherches, discuter des options et l'aider à structurer sa réflexion, sans imposer leurs propres choix.

      • Assurer un suivi de l'assiduité : Une vigilance particulière est recommandée concernant les absences, notamment les jours de devoir.

      Il est important de dialoguer avec son enfant pour comprendre les raisons d'une éventuelle démotivation et de soutenir les politiques de l'établissement visant à garantir un travail régulier.

      • Anticiper la tension des résultats : La première semaine de juin, lors de la publication des réponses de Parcoursup, est une période de stress intense et inévitable.

      Les listes d'attente peuvent être source d'angoisse. Les parents doivent se préparer à cette phase, comprendre que c'est une étape normale du processus, et être prêts à soutenir leur enfant dans un contexte qui, comme le souligne l'équipe du lycée, peut rendre "l'ambiance en famille... chaude".

      5.0 Conclusion : Une Année de Préparation et de Transition

      En définitive, l'année de Terminale doit être envisagée moins comme une fin en soi que comme une transition activement préparée vers l'avenir.

      Le double objectif de l'obtention du baccalauréat et de la réussite de son orientation est parfaitement atteignable lorsque la démarche est structurée.

      Une compréhension claire des attentes, une communication ouverte entre l'élève, sa famille et l'équipe éducative, ainsi qu'un travail régulier et une préparation sérieuse sont les garants d'une double réussite : un diplôme obtenu avec succès et une orientation post-bac choisie, ambitieuse et épanouissante.

    1. À partir du document fourni, voici une liste des types d'informations transmises, généralisées à tout type de lycée, ainsi que des informations potentiellement manquantes qui pourraient être ajoutées pour une rentrée plus complète et sereine.

      Informations Transmises (Généralisées à tout type de Lycée) : Présentation de l'établissement et de son identité : Histoire du lycée, son évolution (ex: de technique à général et technologique), sa taille (nombre d'élèves, de niveaux et de filières comme les BTS et prépas), et ses valeurs (ex: rigueur). Informations logistiques et calendrier de rentrée : Horaires spécifiques de rentrée pour chaque niveau (seconde, première, terminale, post-bac). Modalités d'accueil (pas de pression le premier jour pour les secondes, accueil des internes). Procédure pour connaître les classes (affichage, accompagnement par les professeurs principaux). Règles d'accès et de sortie de l'établissement (portail spécifique, contrôle des sacs, vérification d'identité avec livret d'accueil et photo). Déroulement des journées de cours (après-midi de cours standard). Communication avec les familles et réunions importantes : Dates et lieux des réunions de rentrée par niveau (avec des spécificités pour les secondes). Envoi régulier d'informations par courriel ("Info Parents"). Invitation aux réunions d'information générales sur le fonctionnement du lycée et sur l'engagement parental. Environnement numérique et ressources pédagogiques : Distribution d'ordinateurs portables gratuits par la région (pour les nouveaux élèves) avec explications sur leur usage, entretien et conditions de prêt. Accès WiFi dans l'établissement. Fourniture de manuels scolaires numériques (dispense d'achat). Utilisation de plateformes numériques (Mon Bureau Numérique, EduConnect, Pronote, Scolen Go) pour les emplois du temps, cahiers de texte, notes, bourses, etc. Mise à disposition gratuite de logiciels (Microsoft Office). Support pour l'utilisation des outils numériques et tests de positionnement. Absence de liste de fournitures scolaires extraordinaires (cahiers ou classeurs selon les enseignants). Résultats académiques et exigences scolaires : Présentation des taux de réussite aux examens (BTS, Baccalauréat général et technologique) et des mentions obtenues. Objectif de réussite et d'exigence de l'établissement. Règlement intérieur et vie scolaire : Attentes en matière de comportement (respect, calme dans les couloirs). Règles concernant l'utilisation du téléphone portable (interdit dans les bâtiments sauf permission). Politique stricte sur les retards et les absences, nécessité de les justifier de manière rigoureuse. Horaires d'ouverture de l'établissement et heures de cours. Ouverture du lycée certains samedis matins pour devoirs, rattrapages ou sanctions (colles). Orientation et préparation aux examens : Information sur les calculatrices spécifiques exigées au Baccalauréat et procédure de commande groupée. Nouveautés comme l'Épreuve Anticipée de Mathématiques en première. Accompagnement personnalisé et aide aux examens (ex: Grand Oral). Présentation des dispositifs comme Pix (certification numérique) et SNU (Service National Universel). Présentation détaillée de Parcoursup, avec l'encouragement à rencontrer les psychologues de l'éducation nationale (PsyEN) tôt dans l'année. Soutien à l'orientation par les professeurs principaux. Stages de seconde (dates, modalités de recherche, aide de l'établissement). Services de restauration et aides financières : Accès à la cantine pour les demi-pensionnaires et modalités pour les externes. Tarifs de la restauration scolaire et de l'internat (avec les aides régionales). Dispositifs d'aides financières (fonds sociaux, aide à la restauration scolaire) et contacts pour les solliciter. Implication des parents dans la vie du lycée : Importance de la participation des parents délégués aux conseils de classe et au conseil d'administration. Présentation des associations de parents d'élèves (FCPE, PEEP) et invitation à leurs réunions. Explication du rôle des parents élus et des formations proposées. Infrastructure et aménagements spécifiques : Visite virtuelle des locaux (bureaux, salles de classe, CDI, salle de permanence, salle d'honneur). Accessibilité de l'établissement (ascenseurs). Description des abords du lycée (arrêts de bus, carrefour, parvis de l'église, futurs travaux du métis). Nouveaux aménagements (abri vélo autonome et connecté) et équipements spécifiques (casiers pour besoins particuliers). Bureaux des personnels (vie scolaire, secrétariat, direction, PsyEN, informatique). Informations Potentiellement Manquantes : Pour une information encore plus complète et généralisable à d'autres lycées, les éléments suivants pourraient être ajoutés :

      Calendrier scolaire détaillé et événements clés : Une vision plus exhaustive des dates importantes, y compris les vacances scolaires, les jours fériés, les journées pédagogiques, les périodes d'évaluation communes, les conseils de classe, et les éventuelles journées portes ouvertes ou événements culturels du lycée. Offre d'activités périscolaires : Une présentation des clubs, associations sportives (UNSS), ateliers culturels, projets (théâtre, musique, etc.) et voyages scolaires qui enrichissent la vie de l'élève en dehors des cours. Cela aiderait les élèves à s'intégrer et à trouver des centres d'intérêt. Services de santé et d'aide psychologique : Bien que les PsyEN soient mentionnés pour Parcoursup et l'infirmerie pour le mal de ventre, des détails sur les services de santé disponibles, le rôle de l'infirmière scolaire, les programmes de prévention (harcèlement, addictions) et le soutien psychologique plus général (au-delà de l'orientation) seraient précieux. Consignes de sécurité détaillées : Au-delà du contrôle des sacs et de la vérification d'identité, une explication des plans d'évacuation en cas d'incendie ou d'autres urgences, des points de rassemblement, et des procédures en cas de confinement ou d'alerte intrusion. Détails sur l'offre pédagogique et les options : Une vue d'ensemble plus précise des enseignements de spécialité et des options facultatives disponibles pour les premières et terminales, avec des informations sur les programmes et les débouchés. Cela est crucial pour les choix d'orientation des élèves. Transports scolaires spécifiques : Des informations plus complètes sur les lignes de bus desservant le lycée, les cartes de transport, les horaires des bus scolaires (si différents des bus de ville), et les possibilités de stationnement pour les parents accompagnants ou les élèves motorisés. Conseils méthodologiques pour le lycée : Des recommandations pour les élèves de seconde en particulier sur la gestion du travail personnel, l'organisation, les méthodes d'apprentissage, et l'autonomie requise au lycée, qui diffère souvent du collège. Guide de connexion aux outils numériques : Un tutoriel simple et détaillé pour la première connexion aux plateformes clés (EduConnect, Mon Bureau Numérique, Pronote) pour les élèves et les familles qui n'auraient jamais utilisé ces outils ou rencontreraient des difficultés. Informations pratiques pour les internes : Des détails sur la vie quotidienne à l'internat (règles de vie, horaires d'étude, activités, menus, équipements disponibles, encadrement) au-delà de la simple invitation à une réunion. Détails sur la restauration scolaire : Des informations sur les menus proposés, la prise en compte des régimes alimentaires spécifiques (allergies, végétarisme), les modes de paiement pour les repas occasionnels et les règles de fonctionnement du réfectoire. Informations sur l'équipe éducative (au-delà des responsables) : Une brève présentation des coordinateurs de niveau, des professeurs principaux (même si les détails sont donnés par classe), ou d'autres personnels clés (comme le documentaliste du CDI).

    1. Briefing Document: Prise de Décision Collective et Intelligence de la Foule

      Ce document récapitule les thèmes principaux et les faits marquants des extraits de la vidéo "120 personnes jouent à 'Qui veut gagner des millions'… EN VOTANT ! [Feat.@patrick_baud ]", qui explore différentes méthodes de décision collective et l'efficacité de l'intelligence de la foule à travers une série de quiz.

      I. Introduction à l'Expérience et aux Règles

      Objectif Scientifique: L'expérience vise à comprendre comment un groupe de 120 personnes peut s'organiser pour prendre la meilleure décision possible face à des questions de culture générale de difficulté croissante. C'est "un problème de décision collective".

      Participants: 120 participants.

      • Format du Quiz: 12 questions de culture générale de plus en plus difficiles.
      • Méthodes de Vote Testées:Vote Simple (Majorité): Première série.
      • Vote Pondéré par Degré de Confiance: Deuxième série.
      • Vote Majoritaire avec Communication (Rumeur) et Joker Patrick: Troisième série.
      • Vote Majoritaire avec Joker Patrick Permanent: Quatrième série.
      • Récompense: Si les participants réussissent les 12 questions sans erreur, le présentateur prononcera un mot de leur choix dans sa prochaine vidéo. Le mot choisi fut "Hexacosiohexacontahexaphobie".
      • Jokers Disponibles:Le 50/50 (élimine deux mauvaises réponses).

      Le changement de question.

      L'avis de l'invité Patrick Baud.

      • Activation Joker: La moitié des participants doivent en faire la demande via leur système de vote.
      • Rôle de Patrick Baud: Invité et "joker" pour donner son avis sur les questions. Il souligne la "pression monumentale" que représente ce rôle.
      • Durée de Réponse: 60 secondes par question, sans influence extérieure pendant ce temps.

      II. Série 1: Le Vote Majoritaire Simple

      • Principe Théorique: Le vote majoritaire repose sur un "mécanisme de dilution des erreurs". Les participants ne connaissant pas la réponse votent au hasard et leurs votes se dispersent, tandis que ceux qui savent concentrent leurs votes sur la bonne option, créant ainsi une majorité pour la bonne réponse. Ce système est "vieux comme le monde", remontant aux démocraties athéniennes et observé chez des animaux sociaux.
      • Observations et Limites:Questions Faciles: Le vote majoritaire fonctionne très bien pour les questions faciles (ex: "Bichon frisé", "Inox tague", "MII" pour 2002, "Mouche" comme mot sans masculin).
      • Excès de Prudence: Pour la 6ème question ("Quel événement s'est produit en premier?"), les participants ont utilisé un 50/50 alors que leur vote "penchait déjà vers la bonne réponse".

      Le présentateur le qualifie de "petit excès de prudence qui pourrait leur coûter cher".

      La bonne réponse (Assassinat de Martin Luther King en 1968) était très proche du premier homme sur la lune (1969).

      • Pièges et Fausses Connaissances: Le vote majoritaire est vulnérable aux pièges où les gens "pensent connaître la bonne réponse mais qui se trompent". C'est le cas pour la question sur le prénom féminin désignant une couleur de robe de cheval. "Claris" a attiré des votes, mais la bonne réponse était "Isabelle".
      • Perception Erratique des Capitales: La 10ème question sur les capitales (Johannesburg, Dodoma, Abidjan, Rangoun) a révélé une faiblesse majeure. De nombreux participants ont voté pour Abidjan, pensant que c'était la capitale de la Côte d'Ivoire, alors que c'est Yamoussoukro. "Oh, c'est Dodoma ! Waouh ! Et oui, dans ce domaine, c'est presque trop facile de faire chuter la majorité."
      • Résultat: La première série s'arrête à la 10ème question. "Désolé, vous étiez à la 10e question mais on va devoir redescendre... tout en bas !"

      III. Série 2: Le Vote Pondéré par Degré de Confiance

      • Nouvelle Méthode: Les participants indiquent leur réponse et leur "degré de confiance" (de 1 à 5). Les votes sont pondérés par cette confiance. "Si vous mettez confiance 5, c'est comme si vous aviez voté cinq fois."
      • Fiabilité de l'Indice de Confiance: Un nouvel indicateur est introduit pour mesurer "à quel point une personne plus confiante qu'une autre aura plus souvent raison".
      • Pour la question facile "Martine à la mer", la fiabilité était de 96%.
      • Pour la question orthographique "Toboggan", la fiabilité a chuté à 72%, car "une part considérable de gens qui se trompent tout en étant sur d'eux".
      • Modèle Mathématique: Des modèles prédisent l'efficacité de cette méthode basée sur le pourcentage de bonnes réponses et la fiabilité de la confiance.
      • Conditions Idéales (haut à droite): Majorité correcte et confiance fiable.
      • Conditions Difficiles (bas à gauche): Majorité incorrecte et confiance non fiable (échec).
      • Bonus (haut à gauche): Majorité incorrecte mais confiance fiable (compense les erreurs).
      • Malus (bas à droite): Majorité correcte mais confiance non fiable (perd de la performance par rapport au vote simple).
      • Observations: "Plus les questions deviennent difficiles, plus on s'approche de la frontière où cette méthode ne marche plus."
      • Résultat: Le vote avec confiance est "un tout petit peu meilleur" que le vote simple (environ 70% de bonnes réponses contre 65%), mais le bénéfice est "assez marginal".

      La série s'arrête à la 10ème question ("Qui devient le premier secrétaire du parti communiste du RSS ?"), où la confiance a "fait basculer" le vote vers la bonne orthographe (Nikita Khrouchtchev). Pour la 11ème question ("Lequel de ces pays n'est pas traversé par l'Équateur?"), l'intuition de Patrick sur la Thaïlande s'avère correcte.

      La 12ème question sur la pièce de Tennessee Williams est changée.

      Finalement, la dernière question sur la Pierre de Rosette ("Quelle système d'écriture n'apparaît pas?") échoue, la fiabilité de l'indice de confiance n'étant plus qu'à 30%.

      IV. Série 3: La Communication entre Participants (Esprit de Ruche) et Joker Patrick Permanent

      • Nouvelle Méthode: Les participants ont le droit de se parler avec leurs voisins ("créer une sorte de rumeur qui circule de proche en proche"). Le joker Patrick est permanent pour chaque question, il peut s'exprimer librement.
      • Impact de la Communication:Amplification des Réponses: Pour la question sur "Mille Bornes" ("Quelle carte n'existe pas?"), la "rumeur a tendance à amplifier la réponse collective". La bonne réponse (station service) est trouvée à une très grande majorité, alors que le groupe contrôle n'avait que 58% de bonnes réponses.
      • Consensus Fort: Pour "Talking to me" de Robert de Niro, "seul 60% des gens trouvent la bonne réponse dans le groupe contrôle, l'effet de la rumeur pousse l'intégralité des participants vers la bonne réponse."
      • Impact de l'Influenceur (Patrick):Confirmation: Pour des questions où il est sûr (ex: "Mandela" n'a pas été assassiné, "Campbell's" pour Andy Warhol), Patrick renforce considérablement le vote collectif. "L'influence de Patrick se fait clairement ressentir puisqu'il a convaincu 19 personnes de suivre son avis."
      • Risque de l'Erreur de l'Influenceur: Pour la question sur l'accord de "petit suisse" ("Si vous mangez un petit suisse et un autre petit suisse, on dit que vous aurez donc mangé..."), Patrick donne une réponse incorrecte, reflétant une erreur commune. "Si la majorité a tendance à se tromper comme ici, et bien l'influenceur se trompera généralement de la même façon et ça ne résout donc pas notre problème."
      • Stratégie de l'Influenceur Non-Sachant: Pour la dernière question ("Lequel de ces animaux n'existe pas?"), Patrick ne connaît pas la réponse et décide de ne pas influencer, recommandant de faire "confiance à la puissance de votre esprit de ruche". Cette stratégie est jugée "parfaitement bien joué" par le présentateur.
      • Résultat: Cette méthode s'avère "extrêmement efficace". Les participants atteignent la 12ème question et la réussissent, même si la difficulté est élevée.
      • La question sur Babar/Bob l'éponge (cravate rouge) est résolue avec un 50/50, avec un équilibre parfait 50/50 initial entre les deux bonnes options.
      • La question sur Trondheim (Norvège) est réussie.
      • La question sur 77° Fahrenheit en Celsius est changée.
      • La question sur la divinité hindoue à plusieurs têtes (Brahma) est réussie.
      • La dernière question sur l'animal qui n'existe pas (le serpent hibou) est réussie, malgré l'hésitation.

      V. Conclusions Générales

      • L'Esprit de Ruche: Patrick Baud est "assez ému" par la performance de la dernière série, constatant que l'esprit de ruche rend les participants "quasiment incollable". "Quand vous mettez en commun toutes vos connaissances c'est quasiment impossible de vous piéger quoi et c'est fascinant à voir."
      • Limites du Vote de Confiance: Bien que légèrement supérieur au vote simple, le vote pondéré par la confiance a un "bénéfice assez marginal" et sa fiabilité diminue avec la difficulté des questions.
      • Bénéfices de la Communication: La discussion entre les participants s'est avérée être la méthode la plus efficace, permettant d'atteindre le succès final.
      • Rôle de l'Influenceur: L'influenceur peut être très utile s'il est sûr de la bonne réponse, mais peut induire en erreur s'il se trompe. Sa meilleure stratégie lorsqu'il ne sait pas est de ne pas influencer.
      • Application dans le Monde Réel: EDF, partenaire de la vidéo, développe des "méthodes d'intelligence collective dans l'entreprise directement inspiré de ce qu'on fait au labo".
    1. Briefing Document: "Supersens | Le génie caché des plantes (1/2) | ARTE"

      Ce document de briefing vise à synthétiser les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits importants présentés dans l'extrait "Supersens | Le génie caché des plantes (1/2) | ARTE".

      La vidéo révolutionne notre perception des plantes, révélant une complexité sensorielle et une intelligence collective insoupçonnées.

      Thèmes Majeurs et Idées Clés:

      Redéfinition de la Perception Sensorielle des Plantes:

      • Multiplicité des sens: Les recherches récentes démontrent que les plantes possèdent une gamme de sens bien plus étendue que ce que l'on croyait. Elles "sentent, touchent, goûtent", ont "l'oreille fine", "la mémoire" et "perçoivent les formes".

      Elles sont sensibles non seulement à la température, l'ensoleillement et l'humidité, mais aussi à des stimuli inattendus.

      • Sensibilité supérieure aux animaux: Stefano Mancuso, professeur à l'université de Florence et fondateur du premier laboratoire international de neurobiologie végétale, affirme que les plantes sont "beaucoup plus sensibles que les animaux et elles ont besoin de l'être car elles ne peuvent pas fuir le danger en courant".

      • Absence de cerveau centralisé: La sensibilité n'est pas liée à un cerveau unique. Comme le souligne Mancuso, "le cerveau en lui-même est un organe stupide, c'est simplement un tas de cellules... vous n'avez pas besoin de neurones pour faire marcher tout ça". Les plantes ont développé des solutions originales pour la transmission des signaux.

      • Systèmes de communication internes: Elles possèdent un "système vasculaire comparable à nos veines et à nos artères" et un "réseau électrique ressemblant à nos nerfs par lesquels circulent les informations". Cependant, la vitesse de propagation des signaux électriques est plus lente (6 à 8 cm par minute), ce qui est "cohérente avec leur vie sédentaire".

      L'Ouïe et la Réponse aux Sons:

      • Perception des fréquences: Les plantes sont "capables de détecter des fréquences spécifiques et de réagir en conséquence". Elles sont particulièrement sensibles aux fréquences entre 100 et 1000 Hz, vers lesquelles les racines s'orientent. Des fréquences supérieures à 5000 Hz les font s'éloigner.

      • Gènes de l'ouïe et adaptation: Des chercheurs comme Daniel Chamovitz ont découvert que les plantes possèdent des gènes similaires à ceux responsables des cils vibratiles de l'oreille interne humaine.

      Chez les plantes, ces gènes sont "nécessaires à la formation des poils au bout des racines", indispensables à l'absorption de l'eau.

      • Détection des pollinisateurs: Les travaux de Lilach Hadany en Israël montrent que les plantes identifient les sons émis par les pollinisateurs (abeilles et papillons).

      Les fleurs, par leur forme concave agissant comme une "antenne satellite", "vibrent en réponse au son des abeilles" et "incitent la fleur à produire du nectar sucré".

      Elles distinguent les pollinisateurs des non-pollinisateurs pour optimiser leurs dépenses énergétiques.

      • Émission de sons en réponse au stress: Les plantes émettent des "claquements" audibles dans des registres très aigus (20 à 100 kHz), bien au-delà de l'audition humaine. Ces sons, similaires à du "popcorn qui éclate", fournissent des informations sur le stress de la plante (sécheresse, blessures). "Les claquements ont culminé vers le 5e jour sans eau puis ils ont commencé à diminuer".

      L'Odorat et la Communication Chimique:

      • Signatures olfactives: "Chaque espèce de plante possède une signature olfactive qui lui est propre".
      • Interaction parasite-hôte: La cuscute, une plante parasite, "sent son odeur" pour localiser et sélectionner une plante hôte saine et robuste. Elle est capable de "distinguer une plante saine d'une plante malade", faisant preuve de "sens incroyables".
      • Détection des phéromones d'insectes: Les plantes peuvent "percevoir les phéromones d'insectes", signalant une menace imminente. Par exemple, la plante Althima perçoit les phéromones de la mouche Eurosta et élabore une défense, comme "différer sa floraison".

      La Vision et la Lumière:

      • Perception diffuse et étendue: Contrairement aux humains, les plantes "perçoivent la lumière avec chacune de leurs cellules". Elles ne voient pas des images, mais traduisent les signaux lumineux en actions (germination, croissance, floraison).
      • Spectre lumineux étendu: Les plantes sont "malvoyantes" par rapport aux humains. Elles "réagissent à toute la lumière visuelle que nous voyons mais elles perçoivent en plus les ultraviolets et les lumières rouges lointaines". Ces longueurs d'onde sont cruciales pour la photosynthèse et la croissance.
      • Communication infrarouge: Elsbieta Frac à l'INRA étudie la "communication lumineuse des plantes" en infrarouge. Les plantes "communiquent en infrarouge" et "échangent des signaux entre elles à travers la lumière notamment dans le proche infrarouge". Elles utilisent ces signaux pour se "repérer dans l'espace", localiser leurs voisines et "adapter sa croissance en conséquence pour ne pas gaspiller d'énergie".

      La Proprioception et la Mémoire:

      • Sensibilité à la gravité: Les plantes sont sensibles à la gravité. Des "grains d'amidon" dans leurs cellules se déplacent et indiquent l'inclinaison, permettant à la plante de se redresser, même en l'absence de repères lumineux.
      • Perception de la position du corps: L'expérience avec le gravitron démontre que les plantes "perçoivent leur situation dans l'espace comme les humains et les animaux", possédant un "6e sens qu'on appelle proprioception".
      • Mémoire des événements physiques: Bruno Moulia à l'INRA de Clermont-Ferrand a prouvé que les plantes ont une mémoire.

      Face à des "coups de vent successifs, la réponse électrique... va diminuer... la plante s'habitue".

      Elles sont "capable de mémoriser pendant plus d'une semaine". Les arbres "répondent surtout au forts coups de vent, au vent inhabituel" et peuvent "faire deux fois plus de bois" pour se renforcer, nécessitant une "certaine mémoire pour pouvoir comparer ce qui est habituel de ce qui ne l'est pas".

      Ils peuvent même "réussir à remonter et à se rectifier jusqu'à de revenir parfaitement droit" après avoir été inclinés.

      L'Intelligence Collective et le "Root Wide Web":

      • Coordination des racines: Les "apex" (pointes des racines) "coordonnent leurs activités de croissance comme un essaim chez les insectes ou les oiseaux".
      • Réseau d'information souterrain: Les informations recueillies par les apex sont traitées par toutes les cellules de la plante, formant une "intelligence collective qui désigne les tâches à exécuter et coordonne les actions". Il n'y a "pas d'organisateur central", permettant une "auto-organisation très efficace". Ils sont "similaires aux réseaux internet, on pourrait les appeler The Root Wide Web, la toile web des racines".
      • Symbiose mycorhizienne: Les racines des plantes s'unissent à un réseau souterrain de champignons pour former la "mycorhize", un "réseau d'échange intense" d'informations, de minéraux rares et de sucres. Dans une forêt, les champignons "démultiplient par 10 000 l'étendue et les capacités originelles du réseau racinaire de chacun d'eux".
      • Partage des ressources: Les cartographies souterraines montrent que les arbres "partagent du carbone (du sucre) avec leurs voisins de même espèce mais aussi avec des arbres d'espèces différentes". Jusqu'à "40 % de la biomasse des racines fines de ce pin peut provenir du carbone d'un chêne voisin".

      Cet échange est contrôlé, un arbre pouvant "cesser de donner du carbone à un champignon qui ne fournit ni eau ni nutriments".

      Résilience des écosystèmes: Les réseaux mycorhiziens sont essentiels à la survie des arbres en conditions extrêmes, comme la sécheresse ou l'absence de lumière.

      La diversité des espèces d'arbres et de mycorhizes crée des "réseaux denses complexes qui rendront la forêt plus résiliente et plus durable".

      Conclusion Principale:

      Les découvertes scientifiques récentes bousculent profondément notre compréhension du règne végétal.

      Les plantes sont des organismes dotés de multiples sens étonnants, d'une capacité de communication complexe, de mémoire et d'une intelligence collective, particulièrement visible dans leurs réseaux souterrains.

      Elles ont développé des solutions originales et efficaces pour survivre et interagir avec leur environnement.

      Cette remise en question de l'image du vivant, où les frontières entre humains, animaux et végétaux sont de moins en moins nettes, ouvre des perspectives immenses pour la science, l'agriculture écologique et notre rapport à la nature.

      Comme le souligne le document, "si demain les humains disparaissaient... les plantes prendraient le contrôle de tout", mais "si demain les plantes commençaient à disparaître... toute la vie terrestre disparaîtrait".

      Ces révélations incitent à une "révolution de la pensée" et à un respect accru pour la "dignité et la valeur morale" des plantes.

  4. Aug 2025
    1. Briefing Document: "La Rentrée 2025 pour les élèves de seconde, première et terminale" au Lycée Louis Vincent Ce document synthétise les informations clés et les thèmes principaux abordés lors du YouTube live de rentrée scolaire 2025-2026 du Lycée Louis Vincent.

      Date de l'événement: YouTube live de la rentrée scolaire 2025-2026 Intervenants Principaux:

      Olivier Palaise, Proviseur du Lycée Louis Vincent Alexianne Bonasso, Proviseure adjointe (BTS et 1ère) Lauren Fortini, Proviseure adjointe (Terminales et examens) Véronique Lefèvre, CPE (Internat) Janny Deico, Président du Conseil des Parents d'Élèves de Moselle (FCPE Moselle) Lionel René, Directeur Délégué sur les formations technologiques et industrielles Sylvie Bontempli, Secrétariat pédagogique 1. Présentation Générale du Lycée Louis Vincent Le Lycée Louis Vincent est un établissement historique, ouvert en 1920, construit par les Allemands, et qualifié d' "impérial" en raison de son envergure. Initialement un lycée technique avec 80% de formations industrielles, il est aujourd'hui un lycée général et technologique, majoritairement général (80% d'enseignement général).

      Effectifs: Le lycée compte entre 1500 et 1600 élèves chaque année, avec environ 1580 élèves cette année. 485-486 élèves de seconde Environ 450 élèves de première Environ 450 élèves de terminale Formations BTS et Classes Préparatoires (TSI1, TSI2) Spécificité: Le lycée est réputé pour sa rigueur dans son fonctionnement. Accès: L'entrée principale pour les élèves se fait par le portail métallique bleu de la rue Toule. Les entrées et sorties sont contrôlées, les sacs vérifiés, et les élèves doivent présenter leur livret d'accueil avec photo. Historique Technologique: Le lycée célèbre les 200 ans des formations industrielles de Metz cette année, soulignant son héritage technique et son adaptation aux enjeux actuels (STI2D, STL). 2. Organisation de la Rentrée et Informations Pratiques La rentrée est échelonnée pour les différents niveaux afin de faciliter l'accueil:

      Horaires de Rentrée:Secondes: 8h00 Premières: 9h00 Terminales: 9h30 Techniciens supérieurs / Classes prépa TSI1, TSI2: 10h00 / 8h30 Internat: Les internes sont attendus le dimanche soir (sauf rares exceptions le lundi matin). Une réunion pour les parents d'internes est prévue le dimanche soir à 20h30 en salle d'honneur. Pour l'internat d'excellence, l'accueil des parents est à partir de 16h, avec une réunion à 16h30 en présence de l'adjoint du commandant de la caserne CRS. Affichage des classes: Les classes seront affichées dans la cour. Il est noté que des "fuites" informatiques permettent parfois aux élèves et parents de connaître les classes à l'avance. Premières Réunions de Parents:Terminales: 8 septembre à 18h en salle d'honneur Premières Générales: Mercredi 10 septembre à 18h en salle d'honneur Premières et Terminales Technologiques: Vendredi 12 septembre à 18h en salle d'honneur Secondes: Réunion générale en salle d'honneur à 18h, suivie d'une répartition par classe avec les professeurs principaux à 18h30 pour discuter des attentes du lycée. Réunion d'explication de fonctionnement du lycée (ouverte à tous les parents): Vendredi 5 septembre à 18h en salle d'honneur. Emplois du temps: Les emplois du temps standard sont opérationnels dès le lundi 14h. Les parents sont invités à les consulter régulièrement via Pronote. Casiers: Attribution limitée, réservée aux demandes particulières (difficultés à porter des charges lourdes, problèmes médicaux). 3. Le Projet Lycée 4.0 et le Numérique La Région Grand Est met en œuvre le projet "Lycée 4.0", un projet pédagogique sur l'informatique et le numérique.

      Distribution d'ordinateurs: Tous les nouveaux élèves (secondes, et autres classes s'ils ne proviennent pas d'un lycée de la région) recevront un ordinateur portable offert par la Région. La distribution aura lieu dès le lundi de la rentrée pour les secondes. Il est recommandé de ne pas ouvrir l'ordinateur immédiatement pour éviter tout dommage et de conserver le carton d'emballage pour la garantie. L'ordinateur est prêté pour les trois années (seconde, première, terminale) et pourra être conservé à l'issue de la 3ème année, sauf si l'élève quitte la Région Grand Est. Usage de l'ordinateur:Le lycée est entièrement équipé de Wifi. Les manuels scolaires sont numériques et fournis gratuitement par la Région (licences incluses). L'installation des logiciels et manuels sera encadrée par les professeurs de SNT (Sciences Numériques et Technologiques) durant la première semaine. Mise en garde: Il est fortement déconseillé d'installer des jeux sur l'ordinateur, car "c'est pas un ordinateur qui est prévu pour jouer, c'est un ordinateur qui est prévu pour les manuels scolaires pour aller faire des recherches pour internet et cetera". Tests de Positionnement: Les ordinateurs devront être opérationnels dès la deuxième semaine pour les tests de positionnement. Autres ressources numériques:Compte EduConnect: Permet l'accès à "Mon Bureau Numérique", aux notes (Pronote), au cahier de texte, aux procédures d'orientation et aux bourses. Les comptes EduConnect sont les mêmes que ceux utilisés au collège. Il est annoncé que les classes et emplois du temps seront accessibles via "Mon Bureau Numérique" dès le lendemain de la réunion. Compte Wifi Grand Est: Sera distribué aux élèves à la rentrée. Office de Microsoft: Fourni gratuitement avec des comptes spécifiques. Application Pronote et ScolenGo: Pronote sera la référence pour les emplois du temps. Les informations du cahier de texte seront sur Mon Bureau Numérique (ScolenGo). Les notes seront également sur Pronote. 4. Résultats Scolaires et Exigences Le lycée affiche de "très bons voire excellents" résultats, fruit du travail des élèves et des équipes éducatives.

      Résultats BTS (session 2025):Métiers de la Chimie: 100% de réussite (en augmentation constante depuis 4 ans). SIRA: 67% CPI: 91% CPRP: 80% CRSA: 90% Moyenne des BTS: environ 88% de réussite. La classe prépa technologique (STI2D, STL SPCL) permet l'intégration en écoles d'ingénieurs. Résultats Baccalauréat (session juin 2025):Baccalauréat Général: Supérieur à 95% de réussite, 74% de mentions. Filières Technologiques (STI2D, STL): Supérieur à 95% de réussite. STI2D: 57% de mentions. STL: 66% de mentions. Parcoursup: Tous les élèves ont obtenu une réponse sur Parcoursup. Calculatrices: Une calculatrice spécifique et programmable est requise pour les épreuves de baccalauréat (mathématiques, physique). Une procédure de commande groupée est mise en place via les professeurs de mathématiques, avec un lien disponible sur le site du lycée jusqu'au 10 septembre. Épreuve Anticipée de Mathématiques (EAM) en Première: Nouveauté cette année, cette épreuve aura lieu en juin (2h écrite, avec une partie orale). Les sujets sont adaptés selon que l'élève suit la spécialité mathématiques ou l'enseignement mathématique obligatoire. Exigence et Bienveillance: Le lycée insiste sur la "certaine exigence au niveau travail [et] au niveau cadre de vie scolaire". Respect des adultes, pas de cris dans les couloirs. Téléphones portables: Interdits d'utilisation dans les bâtiments, sauf autorisation d'un adulte. L'ordinateur portable sera privilégié en classe. Absences et Retards: Une rigueur est demandée. Les retards dus aux transports scolaires sont à anticiper. Les absences doivent être justifiées, mais une vigilance est demandée aux parents sur les motifs réels. "on est exigeant tout en étant bienveillant". Ouverture du Lycée: Du lundi au vendredi de 7h30 à 18h30. Les cours commencent à 8h. Samedi Matin: Le lycée est ouvert 24 samedis par an pour "devoirs de rattrapage, rattrapage de devoirs, colle, etc." En cas de non-respect du règlement (ex: utilisation du portable dans les couloirs), des "colles" de 3h le samedi matin sont appliquées. 5. Soutien Scolaire et Orientation Accompagnement Personnalisé (AP): Des séances (environ 27 par an) sont proposées en mathématiques, physique et français (ou philosophie en terminale) en seconde, première et terminale. Ces aides ciblent des groupes d'environ 5 élèves. Préparation aux examens: Des exercices de simulation, notamment pour le "Grand Oral" (avec sollicitation des parents pour faire partie des jurys, ex: avocats). Accompagnement à l'Orientation: Réalisé par les professeurs principaux en seconde, première et terminale, axé sur la méthodologie et les informations Parcoursup. Psy-EN: Il est fortement recommandé aux élèves de terminale de prendre rendez-vous avec les psychologues de l'Éducation Nationale ("psy-EN") dès le premier trimestre, car leur planning est très chargé en fin d'année. Parcoursup: Présenté comme un "outil" et non comme la source de la complexité de l'orientation. Les élèves sont encouragés à créer leurs comptes Parcoursup dès la seconde et à explorer les formations. Pix: Certification d'usage du numérique, obligatoire pour toutes les terminales avant le baccalauréat, utile pour Parcoursup. SNU (Service National Universel): Les élèves de seconde peuvent y participer et cela peut remplacer les stages de seconde. 6. Restauration Scolaire et Aides Financières Accès Cantine: Possible dès la rentrée pour les demi-pensionnaires inscrits. Les élèves externes pourront également manger, mais la procédure administrative sera "un peu plus complexe". Tarifs: Complexité des tarifs en raison des aides régionales. Internat: L'hébergement est "gratuit" (coût de 10€, mais équivaut à une aide de 1200€), mais les repas sont payants (environ 1400€ pour l'internat complet). Demi-pension: Coût global d'environ 650€ à l'année pour un élève standard. Aides Régionales (ARS): Une aide de 20 centimes par repas est proposée aux familles non boursières mais dont les revenus sont juste au-dessus du seuil, ce qui représente environ 100€ de réduction annuelle. Fonds Sociaux: Disponibles pour les familles en difficulté (pré-bac). S'adresser aux professeurs, CPE, proviseures adjointes, gestionnaires, ou au secrétariat élève. Une adresse mail dédiée: fondsocial@ellvmes.fr. 7. Communication et Événements Info Parents: Toutes les informations sont régulièrement envoyées par mail via ce canal. Projet d'établissement et Plan d'évaluation: Documents communiqués aux parents pour présenter les objectifs et le fonctionnement des évaluations. Journée du Patrimoine: 20 septembre, occasion de visiter l'établissement (ateliers, vue depuis le clocher). Fête de la Science: Octobre. 8. Représentants de Parents d'Élèves L'importance de la participation des parents est fortement soulignée, à tous les niveaux: conseils de classe et conseil d'administration. Les élections se feront par voie numérique (Pronote).

      Deux associations présentes: FCPE et PEEP. Réunions d'information pour les associations:PEEP: Mardi 9 septembre à 18h30 en salle d'honneur. FCPE: Jeudi 11 septembre à 18h30 en salle d'honneur. Rôle des Parents Élus:Accompagner les enfants dans leur parcours scolaire. Faire valoir les droits et représenter les parents et les enfants. Donner un avis sur les décisions pédagogiques et financières. Rôle de médiateur. FCPE (Janny Deico, Président FCPE Moselle): Association de 75 ans, défend les valeurs d'une "école publique gratuite, inclusive et laïque". Propose des formations aux parents élus pour les aider à intervenir efficacement. Participation aux Conseils de Classe: Il est essentiel d'avoir des parents formés et de représenter tous les enfants. Deux parents par conseil de classe sont nécessaires (84 parents pour 42 classes). 9. Infrastructures et Projets Abri Vélo Connecté: Un nouvel abri vélo autonome et connecté a été installé, équipé de panneaux solaires photovoltaïques pour recharger les vélos électriques et trottinettes. Il s'intègre à l'architecture en bois et permet de suivre la production et consommation d'énergie, promouvant la mobilité douce et le développement durable (STID2D). Il comprend également un espace personnel pour les élèves avec tables en bois pour recharger téléphones et ordinateurs. Travaux futurs: Des travaux sont prévus devant l'établissement dans le cadre du projet "Métis", visant à créer un espace piéton plus grand, moins de parkings et de voitures. L'ancien site de l'hôpital Bonsecours a déjà été transformé en appartements. Dangérosité du carrefour: Vigilance demandée aux élèves concernant le carrefour devant le lycée, très fréquenté. Interdiction de fumer: Il est interdit de fumer aux abords de l'établissement, y compris sur la placette de la rue Toule. Visite virtuelle: Une vidéo montre les locaux intérieurs (escalier monumental, loge, bureaux de la vie scolaire, CPE, secrétariat élèves, proviseures adjointes, salle des professeurs, CDI, salle de permanence, salle d'honneur, couloirs des salles de classe, bureau des Psy-EN, service informatique). Il est précisé que le lycée est entièrement accessible aux PMR (ascenseur). 10. Conclusion Le Lycée Louis Vincent se présente comme un établissement à la fois historique et moderne, axé sur la réussite de chaque élève, l'exigence bienveillante, l'innovation numérique et la collaboration avec les familles. Les équipes se tiennent à disposition pour accompagner les élèves et les parents tout au long de l'année scolaire.

    1. Document de Synthèse : Réflexions sur l'Éducation, le Savoir et l'Intelligence selon Bernard Lahire

      • Ce document de synthèse présente les idées principales et les faits marquants des extraits de l'interview de Bernard Lahire, sociologue et directeur de recherche au CNRS, à l'occasion de la publication de son livre "Savoir ou périr".

      L'entretien explore la nature de l'apprentissage, le rôle de l'école et de l'évaluation, la définition de l'intelligence, la recherche scientifique et la transmission du savoir dans nos sociétés contemporaines.

      1. Le Savoir comme Condition de Survie et l'Origine de l'École

      Bernard Lahire insiste sur une perspective fondamentale : l'apprentissage et la transmission des savoirs sont intrinsèquement liés à la survie de toute espèce vivante, y compris l'espèce humaine.

      • Survie et Adaptation : "Nos sociétés ne fonctionneraient pas, ne survivraient pas si elle n'organisait pas cet apprentissage."

      L'apprentissage est une capacité d'adaptation essentielle, présente chez toutes les espèces. Un animal qui n'apprend pas à reconnaître ses prédateurs ne survit pas.

      • L'Apprentissage Humain : Chez l'homme, l'apprentissage est extrêmement développé, allant de l'apprentissage social par imitation à l'enseignement organisé, complété par le langage.

      • L'Émergence de l'École : L'école, en tant qu'institution dédiée à l'apprentissage, est une invention relativement tardive dans l'histoire de l'humanité (XVIe siècle au sens moderne).

      Avant, la transmission se faisait "par voir faire et ouï-dire", via la culture orale.

      L'écriture, apparue il y a environ 5000 ans, a permis d'objectiver et d'accumuler le savoir, rendant possible son organisation pédagogique et l'institutionnalisation de l'école.

      • La Sophistication du Savoir : La complexification et la division des savoirs dans nos sociétés modernes ont rendu l'école indispensable et allongé les parcours scolaires.

      La survie collective repose sur une masse considérable de savoirs sophistiqués, gérés par des corps de professionnels divers.

      2. La Recherche de la Vérité et la Vulnérabilité du Savoir

      Lahire aborde la nécessité de la vérité et les dangers de l'affaiblissement des institutions du savoir.

      • La Vérité comme Nécessité Vitale : La vérité n'est pas qu'une question philosophique, c'est une condition de survie.

      "Si nos savoirs d'ailleurs avant même les savoirs scientifiques… avaient été faux… ça fait longtemps qu'on aurait disparu."

      Même les savoirs empiriques anciens devaient avoir un rapport minimal à la vérité pour permettre aux sociétés de survivre face aux fléaux naturels et aux maladies.

      • Le Suprême Pouvoir et la Vulnérabilité : La division du travail et des connaissances a rendu l'humanité "surpuissante" en permettant des réalisations complexes comme le téléphone portable.

      Cependant, attaquer les lieux de transmission et de création culturelle (recherche, éducation) est une forme de "suicide collectif".

      • L'Attaque contre la Recherche : Des coupes budgétaires dans la recherche, la limitation du nombre de chercheurs ou l'exigence de rentabilité immédiate sont des freins à la production de nouveaux savoirs.

      "À chaque fois qu'on affaiblit ces secteurs bah on se rend pas compte de tout ce qui serait possible."

      La recherche, par nature, est imprévisible et ses applications ne peuvent pas toujours être anticipées à court terme.

      3. L'École et la Destruction de la Curiosité et de l'Intelligence

      Lahire critique vivement le système scolaire actuel, qui, selon lui, entrave les dispositions naturelles des enfants.

      • La Curiosité Innée : Les enfants sont naturellement curieux, testant et explorant leur environnement par l'expérimentation et les questions.

      Cette "pulsion exploratrice" est une disposition naturelle.

      • L'École, Frein à la Curiosité : Le système scolaire, avec sa discipline collective, ses programmes surchargés et surtout l'évaluation constante, tend à étouffer cette curiosité.

      "L'évaluation devient quelque chose qui bloque en fait la curiosité des enfants."

      • Le Piège de l'Évaluation : L'évaluation est censée vérifier l'apprentissage, mais elle est devenue un objectif en soi, inversant la logique.

      Les élèves apprennent "pour pouvoir passer un contrôle", ce qui nuit à un apprentissage profond et désintéressé.

      • Les Mathématiques, Instrument de Sélection : Les mathématiques, une discipline intrinsèquement incroyable, sont devenues un "instrument de torture", un "perfouettard" pour la sélection scolaire, ce qui génère de l'aversion chez les élèves.

      • Nuire à la Créativité : L'école, en privilégiant la reproduction des connaissances transmises, laisse peu de place à l'imagination et à la créativité.

      Les artistes, par exemple, ont souvent un rapport "très contrarié à l'école", perçue comme un lieu de mémorisation rigide plutôt que de stimulation créative.

      • La Docilité des Bons Élèves : Le système sélectionne des élèves qui sont de bons reproducteurs des savoirs scolaires, mais paradoxalement, ils ne sont pas toujours les mieux placés pour la recherche qui demande de la rébellion intellectuelle.

      "Quand on a été trop bon élève, on est aussi très docile."

      4. L'Intelligence au-delà du QI et les Voies de la Recherche

      Lahire propose une vision plus large de l'intelligence et met en lumière les qualités du "vrai chercheur".

      • L'Intelligence comme Capacité d'Adaptation : L'intelligence n'est "certainement pas ce que mesure un quotient intellectuel".

      C'est avant tout "des capacités d'adaptation, c'est résoudre des problèmes".

      Cette forme d'intelligence est présente "un peu partout dans le vivant", des plantes aux unicellulaires.

      • L'Intelligence Créatrice : L'intelligence créatrice, notamment artistique, implique d'inventer des formes et des regards nouveaux, ce qui ne correspond pas aux critères d'évaluation académiques standards.

      • Le Vrai Chercheur : Un vrai chercheur est "un sale gosse", "un peu rebelle", qui ose poser des questions "stupides" et aller au-delà des demandes.

      Il faut "retrouver l'enfant qui est en nous" et ne pas se laisser impressionner, comme le souligne le mathématicien Alexandre Grothendieck.

      • Exemples Notables : Des figures comme Einstein ou Grothendieck, malgré leur génie, ont eu un rapport difficile avec l'école ou le système académique, qui pouvait freiner leur curiosité et leur capacité à prendre du recul.

      Grothendieck distinguait les mathématiciens "caseurs" (qui travaillent à l'intérieur d'une maison déjà faite) des "bâtisseurs" (qui reconstruisent les fondations).

      5. Une Éducation Rationnelle et Collective : Propositions et Défis

      Lahire esquisse des pistes pour une réforme de l'éducation.

      • Respecter la Curiosité : Il faut s'appuyer sur la curiosité naturelle des enfants, l'accompagner et l'alimenter, plutôt que de la briser.

      Des pédagogies comme celle de Freinet, avec des "leçons de choses" concrètes, sont des exemples positifs.

      • Alléger les Programmes et Donner du Temps : Les programmes scolaires sont surchargés, rendant impossible un apprentissage approfondi.

      Il est crucial de donner "le temps" aux enseignants et aux élèves pour l'approfondissement, car l'assimilation des connaissances demande du temps. "Terminer un programme ça n'a aucun sens."

      • Lutter contre les Inégalités Sociales : Les enfants ne sont pas égaux devant l'école, car les "déterminismes sociaux" jouent un rôle majeur.

      Les enfants de milieux favorisés bénéficient d'interactions culturelles et pédagogiques précoces qui les avantagent considérablement.

      Il faut des politiques de compensation, donner "plus à ceux qui ont moins", en réduisant par exemple la taille des groupes pour les élèves en difficulté.

      • Recherche de Synthèse : La spécialisation excessive des sciences, notamment sociales, rend difficile une vision systémique.

      Il est nécessaire de développer des pôles de "synthétisation" et de faire des liens entre les différentes branches du savoir, à l'image des grands "synthétiseurs" comme Newton, Einstein ou Darwin.

      • Critique des Classements : Les classements comme PISA ou Shanghai sont jugés peu pertinents.

      Ils alimentent une "concurrence internationale" mais "n'ont jamais servi à améliorer en de quelque manière que ce soit le système éducatif", car ils ne s'attaquent pas aux causes profondes des problèmes.

      6. L'Altricialité Secondaire et le Développement Culturel

      Lahire fait le lien entre la biologie humaine et la nécessité de l'apprentissage.

      • Dépendance Prolongée : L'espèce humaine se caractérise par une "altricialité dite secondaire", c'est-à-dire une longue période de dépendance des petits envers les parents. Cette vulnérabilité prolongée a accru la durée de l'apprentissage.

      • Entrelacement Biologique et Culturel : Le développement physiologique de l'enfant est intimement lié à son développement culturel et social.

      Apprendre à grandir dans une société humaine ne se limite pas à la maturité biologique, mais englobe l'acquisition d'une grande quantité de savoirs, notamment la lecture, l'écriture et le calcul, bases essentielles de la scolarisation précoce.

      • En conclusion, Bernard Lahire dresse un tableau critique mais lucide du système éducatif actuel, en le replaçant dans une perspective biologique et historique.

      Il plaide pour une réorientation profonde, qui remette la curiosité, l'approfondissement et la justice sociale au cœur des processus d'apprentissage et de création du savoir, conditions essentielles à la survie et à l'épanouissement collectif de l'humanité.

    1. https://www.youtube.com/watch?v=trdxrBVknXg

      Synthèse : Le Malaise de l'Éducation Nationale Française Ce dossier de briefing examine les multiples facettes du malaise qui ronge l'Éducation Nationale française, révélant une institution en crise, tiraillée entre violence, surcharge de travail, manque de reconnaissance, inégalités et un rôle éducatif élargi qui dépasse largement sa mission d'instruction.

      Le suicide tragique de Christine Renon, directrice d'école, sert de catalyseur pour explorer ces problèmes systémiques.

      I. Une Institution Ébranlée : Violence, Incivilités et Perte de Repères

      L'éducation nationale, pilier de la République française, est confrontée à une perte de repères.

      La violence et les incivilités, bien que rares en leur forme extrême (comme l'incident filmé dans un lycée de Seine-et-Marne), contribuent à ce sentiment.

      Violences et Incivilités : Le document s'ouvre sur l'image choc d'un élève violentant un personnel enseignant, un "geste rare mais pas isolé". Ce phénomène n'est pas la seule raison du malaise, mais il est significatif.

      Au collège Côrousse en REP (Réseau d'Éducation Prioritaire) à Chambéry, les mesures de sécurité sont renforcées : "ils doivent présenter leur carnet à chaque entrée et à chaque sortie, enlever capuche et tout ce qui pourrait couvrir leur visage".

      Perception du Public : Un sondage Ipsos révèle que "94 % des parents souhaitent le retour de l'autorité à l'école", illustrant une inquiétude généralisée.

      Compréhension des Codes : Les enseignants en REP se heurtent à la difficulté que "les élèves ici n'ont pas les codes", conduisant à des malentendus profonds.

      Isabelle Dumet, professeure d'histoire-géographie, cite un élève lui ayant dit "Madame tu me casses les couilles", et un autre qui a explosé de colère après qu'elle lui ait dit "arrête de m'aboyer dessus", l'interprétant comme une insulte grave : "Vous me dites que je suis un chien mais qu'est-ce que c'est ça ?".

      II. Surcharge de Travail, Isolement et Souffrance des Directeurs d'École

      Le suicide de Christine Renon, directrice d'école primaire à Pantin en septembre 2019, est l'illustration la plus tragique de la surcharge et de l'isolement des directeurs.

      Sa lettre, envoyée à ses collègues, dépeint un tableau accablant : "je n'ai pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution et pour finir je me demande si je ne ferai pas une petite déprime".

      Un "Geste Politique" : Sabine, syndicaliste, affirme que le suicide de Christine est "un geste politique, il est marqué par la lourdeur de ses conditions de travail, par son épuisement général lié à son à son travail".

      Poste "d'Hommes et de Femmes à Tout Faire" : Les directeurs d'école primaire sont décrits comme des "hommes et des femmes à tout faire sans équipe pour les épauler comme dans le secondaire", ce qui génère un profond "isolement".

      Missions Débordantes : La fonction de directeur dépasse largement la seule mission d'instruction. L'école devient un "point de ressources pour les familles" qui viennent chercher de l'aide pour "remplir des papiers", résoudre des "problèmes de logement". Sandrine Delmas, directrice à Pantin, confirme : "tout ça ça fait partie aussi des choses en plus des questions de l'école qu'on retrouve dans ce quartier".

      L'Effet Miroir de la Lettre : La lettre de Christine a eu un "effet miroir" pour de nombreux collègues, les aidant à prendre conscience de la surcharge de travail et de la solitude.

      Sandrine exprime ce sentiment : "notre métier c'est tout ça c'est tout ça et c'est pas tout à fait normal que tout ça pèse sur les épaules d'une seule personne".

      Réponse Insuffisante de l'Institution : Deux ans après le suicide de Christine, "peu de choses ont changé" selon Sabine.

      Le rectorat a tenté d'"étouffer l'affaire" et les "améliorations" promises pour alléger les tâches administratives ne se sont pas concrétisées.

      III. Inégalités Territoriales et de Moyens

      Le système éducatif français est paradoxal : il revendique l'égalité des chances tout en présentant de profondes inégalités de moyens.

      Pantin, Ville à Deux Vitesses : Pantin, en Seine-Saint-Denis (93), est coupée en deux : d'un côté "les quartiers pauvres, parfois insalubres" où "les 3/4 des familles sont au chômage, certaines parlent à peine le français", et de l'autre "les quartiers bobo" en pleine expansion. Sur 11 écoles primaires, six sont en REP, "c'est énorme".

      L'Origine Sociale : "La France est l'un des pays développés où l'origine sociale pèse le plus sur les trajectoires scolaires", résumant la situation par "dis-moi quel est le salaire de tes parents et je te dirai si tu réussiras".

      Budgets Inégaux : Annabelle, ancienne directrice d'école, dénonce les "inégalités au niveau des territoires" et les budgets "qui varient du simple au double au triple" par enfant.

      Elle souligne : "l'égalité des chances elle passe aussi parce qu'on va apporter en terme de moyen à l'école".

      "Mixité Sociale" : Cédric Pusser, jeune directeur à Saint-Paul (Haute-Vienne), dans une école privilégiée, s'interroge sur la préparation de ses élèves à la vie en dehors de leur "environnement tellement protégé" et souligne l'importance d'une "mixité sociale".

      IV. Désenchantement de la Profession Enseignante

      Les conditions de travail et la faible reconnaissance salariale contribuent à un désenchantement croissant et à une crise des vocations.

      Salaires Insuffisants : Avec un Bac+5, un instituteur débutant gagne en moyenne 1800 € net par mois, comparé au SMIC à 1200 € net. La France est en "20e position des pays développés" pour la revalorisation des salaires. Les témoignages révèlent une stagnation, voire une baisse du pouvoir d'achat : "j'ai pas vu bouger mon salaire du tout j'ai vu mon pouvoir d'achat baisser".

      Crise des Vocations et Démissions : "Qui veut être enseignant aujourd'hui en France ? Je crois ceux qui ont la foi, ceux qui ont la vocation". Cependant, de plus en plus de personnes "rentrent dans le métier qui n'y restent pas, qui démissionnent, qui s'en vont parce que les conditions de travail ne sont pas forcément celle auxquelles ils s'attendaient".

      En 2018, "1400 enseignants ont démissionné, c'est quatre fois plus qu'il y a 10 ans".

      Non-Remplacement des Enseignants : Le document pointe un problème grave : "entre la rentrée des vacances des grandes vacances [...] jusqu'aux vacances d'automne, on a quand même 107 jours de classes qui n'ont pas été remplacés", ce qui représente "au moins un jour sans enseignant dans la classe".

      Manque de Reconnaissance : Sandrine exprime le sentiment que les parents ne voient pas les enseignants comme des "professionnels de l'enseignement", attribuant cette perception aux "politiques éducatives" et aux clichés sur les fonctionnaires "toujours en vacances".

      Elle insiste sur le "travail qu'on ne voit pas mais qui se fait à la maison".

      V. Entre Instruire et Éduquer : Un Débat Central

      Le débat entre "instruire ou éduquer" est au cœur des préoccupations et de la campagne présidentielle. Si la droite insiste sur le "retour au savoirs fondamentaux", la réalité du terrain est plus complexe.

      La Priorité en REP : La directrice du collège Côrousse affirme que "quand on travaille en collège en REP la priorité c'est l'éducation".

      Elle va plus loin en disant : "l'éducation nationale n'a jamais été aussi bien nommée que maintenant éducation nationale".

      Pour elle, l'instruction n'est qu'un "prétexte" pour "poser les fondamentaux d'un citoyen éclairé autonome".

      Former le Futur Citoyen : La mission du collège est de former "un futur citoyen", de lui donner un "esprit critique, une liberté" et de lui "remplir leur besace" pour qu'il puisse "choisir ce qu'ils en font ou pas".

      Le Conseil de Discipline comme Acte Éducatif : Le conseil de discipline de Karim, un élève ayant dégradé une porte, est présenté comme un "acte éducatif" plutôt qu'une simple sanction.

      La directrice explique à l'élève : "l'objectif du jour c'est de poser un acte éducatif c'est pas de sanctionner pour sanctionner c'est que tu comprennes ce que tu as fait".

      Elle insiste sur la gravité de l'acte en comparant la situation à un "début de tribunal".

      VI. L'Omerta et le Déni des Responsables Politiques

      Le document met en lumière une résistance des autorités à aborder les problèmes de front.

      Refus de Coopération : Le rectorat de Créteil a "refusé d'entrer dans les écoles de Pantin", le ministre de l'Éducation nationale a "décommandé une interview à la dernière minute", et la mairie de Pantin n'a "jamais répondu à nos sollicitations".

      Sandrine Delmas pense que c'est lié à "la peur de d'encore étiqueter le 93 comme un département compliqué" et au "suicide de Christine" qui a suscité des "paroles qui ont dérangé l'institution".

      Promesses Électorales Récurrentes : Les candidats à la présidentielle s'emparent de la question de l'éducation nationale avec des promesses de réformes, mais le document souligne que c'est une constante "à chaque élection présidentielle depuis 20 ans".

      Conclusion

      Le système éducatif français est à un point de rupture. Entre la violence en milieu scolaire, la détresse des personnels due à la surcharge et au manque de reconnaissance, les inégalités criantes entre territoires et la crise des vocations, l'urgence est réelle.

      L'école, traditionnellement un lieu d'instruction, est devenue un acteur social et éducatif majeur, souvent sans les moyens nécessaires.

      Le silence et le déni des autorités face à ces problématiques exacerbent le sentiment d'abandon des acteurs de terrain.

      Le suicide de Christine Renon n'est pas un cas isolé, mais le symbole d'un "malaise bien plus répandu qu'on l'imagine".

      Si "l'institution n'est pas encore en danger, il y a urgence".

    1. Synthèse des Injustices Épistémiques en Santé

      Cette table ronde aborde le concept d'injustice épistémique, le définissant comme des injustices dans le domaine de la connaissance, et explore comment ces injustices se manifestent spécifiquement dans le secteur de la santé.

      Les intervenants soulignent le caractère systémique de ces injustices et leur rôle dans la perpétuation des inégalités sociales.

      1. Qu'est-ce que l'Injustice Épistémique ?

      Le terme "épistémique" désigne ce qui a trait à la connaissance. Ainsi, l'injustice épistémique est une injustice qui se produit dans le domaine de la connaissance.

      Elle ne relève pas du hasard mais "reflète les intérêts de certains groupes sociaux par opposition à d'autres groupes sociaux qui auraient d'autres intérêts", entraînant "une surreprésentation des intérêts des groupes dominants et une sous-représentation des intérêts des groupes dominés".

      Plus grave encore, ces inégalités ne sont pas qu'un reflet mais "contribuent également à les perpétuer et à les renforcer".

      Les injustices épistémiques sont profondément ancrées dans des phénomènes sociaux structurants, notamment ceux qui organisent le monde social selon des relations de pouvoir, désavantageant ou marginalisant certains groupes.

      Deux types principaux d'injustices épistémiques sont discutés :

      Injustices testimoniales : Elles concernent la crédibilité accordée au discours d'une personne.

      Un déficit de crédibilité systémique se produit lorsque "on appartient à un groupe social auquel sont associés des stéréotypes négatifs" (préjudices identitaires), ce qui affecte la perception de son discours.

      Par exemple, les femmes sont souvent perçues comme plus émotives ou moins rationnelles, ce qui peut entraîner une minimisation de leurs symptômes médicaux ou de leur témoignage en justice.

      Injustices herméneutiques : Elles désignent la marginalisation d'un sujet dans sa capacité à produire, recevoir ou s'inscrire dans un champ de connaissance.

      Le sujet est "diminué dans sa capacité à recevoir de la connaissance à produire de la connaissance et de manière générale à s'inscrire dans un champ de production et de réception de connaissances".

      Cela se traduit par une difficulté à "comprendre sa propre expérience", notamment face à la maladie.

      Cependant, il est souligné que "au sein de petites communautés de petits groupes par exemple des groupes de paroles des groupes de réunion des groupes même familiaux que le sujet va être le plus à même de produire des connaissances vis-à-vis de son expérience."

      Le concept d'injustice épistémique est présenté comme un "concept vivant extrêmement fertile" qui peut aider à comprendre l'expérience de la maladie et à "se mobiliser face à ça".

      2. Exemples d'Injustices Épistémiques en Santé

      Plusieurs exemples concrets sont fournis pour illustrer ces injustices :

      L'Endométriose : Cette maladie, qui touche environ 10% des femmes, est un cas d'école. Les patientes atteintes d'endométriose subissent des injustices testimoniales et herméneutiques tout au long de leur parcours de soins.

      Déficit de crédibilité : Les douleurs sont souvent "minimisées" ou attribuées à des "causes psychologiques" en raison de préjugés sexistes ("trop douillettes", "tendance à exagérer"). Cela conduit à un délai diagnostique moyen de 7 ans.

      Impact sur la patiente : La patiente peut normaliser ses symptômes ou modifier son comportement (ex: mentir sur des symptômes psychologiques ou des violences sexuelles) pour ne pas perdre en crédibilité.

      Manque de reconnaissance : L'absence de diagnostic spécifique empêche les patientes de "faire sens à partir de leur expérience" et de communiquer sur ce qu'elles vivent.

      Conséquences systémiques : Le manque de recherche sur l'endométriose (qualifiée d' "undone science" car "l'ignorance qu'on a vis-à-vis de l'endométriose bah c'est le résultat de processus structurel culturel politique") est perpétué par la minimisation des témoignages.

      Cela crée un cercle vicieux où "comme il y a pas de recherche sur cette maladie bah c'est une maladie qui est mal connue des médecins qui est mal comprise et du coup les patientes continuent à ne pas être diagnostiqué".

      Scandales sanitaires : La découverte tardive de risques liés à certaines pilules progestatives (méningiomes) illustre comment des témoignages de patientes sur des effets secondaires ont pu être ignorés ou minimisés.

      L'Amiante et les maladies professionnelles : Cet exemple met en lumière les stéréotypes de classe et la difficulté pour les ouvriers de faire entendre leur voix.

      Asymétrie de pouvoir : La reconnaissance d'une maladie professionnelle (ex: cancer broncho-pulmonaire lié à l'amiante) implique une négociation complexe entre patients, médecins et entrepreneurs.

      La loi de 1919 instaure un système de tableaux qui doit prouver le lien entre l'exposition et la pathologie dans un délai donné, ce qui est particulièrement difficile pour des maladies à longue latence comme le mésothéliome (30-35 ans).

      Préjudices identitaires de classe : Les victimes issues de la classe ouvrière manquent souvent du "capital culturel du langage de l'expertise" et des connaissances sur le "bon échiquier" politique pour se faire entendre face aux médecins et entrepreneurs.

      Importance des mobilisations : La reconnaissance de ces maladies a été obtenue grâce à des mobilisations syndicales (comme l'Andeva avec la CGT), démontrant que "toutes les voies ne se valent pas et l'idée c'est de savoir que faire de savoir avec qui les associ avec qui l'associer et comment se situer dans un champ politique".

      Le VIH/SIDA dans les années 90 aux États-Unis : Cet exemple illustre la capacité des patients à se positionner dans un débat épistémique sur les essais cliniques.

      Conflit d'objectifs : Alors que les chercheurs visaient des essais cliniques solides (aveugles, randomisés) pour des résultats fiables, les patients, confrontés à la mort, cherchaient avant tout un accès aux médicaments et à prolonger leur vie.

      Le rôle des "patients experts" : Conscients des réalités du terrain (non-observance des traitements, recours à des médicaments illégaux, participation à plusieurs essais), les patients experts ont démontré l'inefficacité des essais classiques et ont milité pour des méthodes alternatives ("science sale ou impure") qui, bien que produisant des résultats hétérogènes, étaient plus fiables et permettaient aux patients d'accéder aux traitements.

      Reconnaissance des connaissances situées : Cette période a vu la légitimation des "connaissances de terrain" des patients comme "épistémiquement valables" et leur intégration légitime dans le champ épistémique général. Toutefois, il est noté que ces "patients experts" étaient initialement majoritairement "des mecs blancs, joie, gay avec un fort capital économique culturel", excluant de fait d'autres catégories de personnes (femmes, personnes racisées).

      3. Esprit Critique et Résistance aux Injustices Épistémiques

      Le concept d'injustice épistémique est pertinent pour développer un esprit critique et mieux analyser les questions de santé publique.

      Le système de soins et ses tensions : Le système de soins est un "système distribué de connaissances" traversé par des relations de pouvoir.

      Il est marqué par une tension entre son objectif de soin et le fait qu'il est aussi un lieu de "production et de reproduction de validisme et de psychophobie", ainsi que d'autres discriminations (sexisme, racisme, homophobie, transphobie, grossophobie).

      Questions pour l'individu et la société :

      À l'échelle des dispositifs sociaux : Quelles réformes entreprendre pour réduire ces injustices dans le soin ?

      Pour l'individu :

      Comment résister aux injustices épistémiques subies, particulièrement en tant que membre d'une catégorie minorisée ?

      Comment se défendre contre le sexisme, le racisme, le validisme médical, etc. ?

      Attitude personnelle : Comment éviter de reproduire ces injustices envers autrui, sachant que "on contribue tous à ce type d'injustice dans nos interactions avec les autres et ce même lorsqu'on est soi-même dominé socialement" ?

      La défiance envers les institutions de santé : Les injustices épistémiques peuvent expliquer la défiance envers la médecine conventionnelle ou le recours aux thérapies alternatives.

      Raisonnement légitime de la patiente : L'exemple de la femme atteinte d'endométriose montre qu'il est rationnel pour elle de rejeter la parole d'un médecin qui minimise sa douleur, car son expérience directe lui indique le contraire.

      Perte de confiance progressive : Les injustices testimoniales répétées peuvent conduire à une perte de confiance "d'abord probablement concerner un médecin puis les médecins de façon générale puis voir la médecine conventionnelle sur sa maladie voire sur la santé en général".

      Les scandales sanitaires et l'errance diagnostique/thérapeutique renforcent cette défiance.

      Recherche d'alternatives : Les patientes se tournent alors vers des thérapies alternatives ou des communautés de patients en ligne qui offrent "de l'écoute, de l'empathie, une compréhension de son vécu qui ne va pas être minimisée mais qui va être accepté et écouté et pris en compte", ainsi qu'un "partage de savoir" et une "grande crédibilité".

      4. Conclusion et Perspectives

      Les injustices épistémiques sont des "affaires de relations structurelles de pouvoir, de configuration sociale et notamment institutionnelle".

      Il est crucial de dépasser une lecture uniquement individuelle pour comprendre et corriger ces phénomènes.

      Avoir cette "compréhension sociale peut quand même changer des choses à l'échelle individuelle et aussi à l'échelle collective et c'est notamment se donner les moyens de mettre en place des stratégies de résistance épistémique et de justice épistémique".

      Il est souligné que la médecine n'est pas un bloc monolithique d'injustice ; des efforts sont faits (ex: implication des patients experts, initiatives de journaux scientifiques), mais ils restent "minoritaires et beaucoup trop faibles".

      Enfin, la question posée par le public, "des connaissances peuvent-elles être injustes ?", est nuancée par la suggestion que ce sont plutôt les "méconnaissances qui seraient sources d'injustice".

      La réponse insiste sur la nécessité de considérer "ce qui compte socialement comme connaissance à un instant donné" et comment les "savoirs experts qui n'ont pas été produits" ou l'expertise des personnes concernées sont souvent exclus du discours dominant.

    1. Jacques Rancière : L'Émancipation Intellectuelle Aujourd'hui - Synthèse et Analyse Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les idées essentielles développées par Jacques Rancière dans son exposé sur "L'émancipation intellectuelle aujourd'hui", en s'appuyant sur des citations directes pour éclairer ses propos.

      Introduction à la Conférence : La Schizophrénie du Formateur et le Lien au Travail Social L'introduction de la conférence par Élisabeth Lefort établit d'emblée un pont entre la théorie universitaire et la pratique concrète du travail social, notamment en évoquant la difficulté d'allier sa formation universitaire et ses fonctions de cadre de formation. Elle utilise deux "vignettes cliniques" pour illustrer les problématiques de l'inégalité intellectuelle et de la domination pédagogique.

      Vignette Clinique 1 : Madame P et la Langue Maternelle (1990) Madame P, immigrée vietnamienne, est convoquée à l'école de sa fille de 3 ans, qui ne parle pas en classe. La directrice insiste sur la nécessité de parler français à la maison pour éviter un retard scolaire, malgré le fait que Madame P exprime ses sentiments en vietnamien. Cette vignette met en lumière la pression institutionnelle à l'uniformisation linguistique et la négation d'une identité et d'un savoir situés.

      Vignette Clinique 2 : Madame T et le Multilinguisme (2010) Madame T, postdoctorante turque maîtrisant cinq langues, est confrontée à une situation similaire concernant son fils de 3 ans à Bruxelles. La directrice de l'école s'inquiète de son isolement et du fait qu'il ne parle que le turc à la maison. Cependant, Madame T réfute les arguments de la directrice en citant des études scientifiques prouvant les avantages du multilinguisme. Cette vignette illustre la persistance de la "relation pédagogique écrasante" malgré l'évolution des contextes sociaux et des niveaux d'éducation des mères.

      Ces deux situations, séparées par vingt ans, sont présentées comme des manifestations d'une même "relation pédagogique écrasante qui s'exprime et qui nie des identités et des savoirs situés". Elles servent de point de départ pour introduire la pensée de Jacques Rancière, et plus particulièrement sa thèse de "l'égalité des intelligences" tirée de son œuvre "Le Maître ignorant".

      La Pensée de Joseph Jacotot et la Subversion de l'Ordre Éducatif Jacques Rancière, en réponse à l'introduction, souligne la nature paradoxale de sa conférence au sein d'une institution éducative, lui qui a toujours affirmé que "aucune institution n'émancipe jamais personne". Il se propose d'éclaircir la pensée de Joseph Jacotot (années 1820-1830), souvent perçu comme un pédagogue excentrique, mais dont les idées sont une "provocation radicale à l'égard de tout un ordre des choses et des pensées, un ordre à la fois intellectuel et politique".

      La Logique Pédagogique comme Instrument d'Ordre Social Jacotot s'inscrit dans un contexte post-révolutionnaire où l'instruction est envisagée comme un moyen de "achever la révolution", c'est-à-dire de mettre fin au désordre tout en accompagnant le progrès. La pédagogie devient un modèle pour la société : "l'exercice de l'autorité des maîtres et la soumission des élèves n'a pas d'autre but en principe que la progression des élèves aussi loin qu'ils peuvent aller". L'instruction est vue comme un moyen de former les élites et de "gouverner la société par les gens instruits", tout en offrant au peuple les connaissances "nécessaires et suffisantes" pour s'intégrer pacifiquement. Cette approche présuppose une progression sage et adaptée au "niveau d'intelligence supposé un peu primitive ou un peu frustre" du peuple.

      La Thèse Jacotiste : L'Égalité n'est pas un But, mais un Point de Départ La rupture radicale de Jacotot se résume par l'affirmation suivante : "La distance que l'école et la société pédagogisée font formé à son modèle prétendent réduire est en réalité la distance dont elles vivent et qu'elle ne cesse de reproduire." L'égalité n'est pas un résultat à atteindre en réduisant l'inégalité, mais une "opinion fondamentale" ou un point de départ. L'inégalité n'est pas un état de fait, mais une "position de principe" de la logique pédagogique.

      L'Explication : Vecteur de l'Abroutissement L'acte pédagogique fondamental, l'explication, est dénoncé par Jacotot. Il ne s'agit pas seulement d'une procédure pratique, mais d'une métaphore de la relation inégalitaire : "l'explication se donne un petit peu comme l'espèce de procédure qui va un petit peu lever le voile... mais en même temps euh disons on va disons mettre cette connaissance à sa place dans la totalité du savoir et on va la délivrer bah au bon moment quoi." L'explication, en prétendant combler un défaut de savoir, "construit et reproduit continuellement la présupposition inégalitaire fondamentale", en postulant deux intelligences : une "inférieure" (celle de l'ignorant, de l'enfant, de l'homme du peuple) et une "supérieure" (celle du maître qui détient le savoir et sait comment l'apprendre). Ainsi, "la transmission du savoir est donc toujours en même temps transmission du sentiment de l'inégalité des intelligences", processus que Jacotot nomme "abrutissement".

      L'Émancipation : La Conscience d'une Capacité Intellectuelle Égale pour Tous L'émancipation, à l'opposé de l'abrutissement, est un acte positif : "la prise de conscience d'une capacité intellectuel qui vous appartient mais qui vous appartient dans la mesure où disons vous la présupposez également chez toute autre". Jacotot affirme qu'il n'y a qu'une seule intelligence, celle qui découvre l'inconnu à partir du connu, depuis l'apprentissage de la langue maternelle jusqu'aux hypothèses des savants. L'émancipation consiste à amener l'élève à prendre conscience de cette capacité universelle. Les deux formules clés de Jacotot sont "Tout est dans tout" et "Apprendre quelque chose et rapporter tout le reste". Cela signifie qu'il n'y a pas de point de départ ou d'ordre de progression obligé dans l'apprentissage ; n'importe quel élément de connaissance peut servir de "tout" à partir duquel établir des connexions et tracer de nouveaux chemins.

      L'Émancipation Intellectuelle Aujourd'hui : Saturation et Confirmation de l'Inégalité Rancière analyse l'évolution de nos sociétés contemporaines où "la société pédagogisée" s'est perfectionnée à l'extrême, rendant les "friches et ces interstices propres à l'autodidaxie égalitaire" de plus en plus rares. Le tissu du savoir a coïncidé avec la totalité du tissu social, et le temps de l'apprentissage avec le temps de la vie, confirmant l'inégalité.

      La Réduction des Ambitions Égalitaires dans l'Éducation Rancière observe, notamment depuis les années 1960, une "réduction des ambitions égalitaires à quelque chose comme un processus de confirmation de de l'inégalité". Il cite le débat sur l'éducation en France dans les années 1980, opposant une position "sociologique" (adapter la culture aux enfants des milieux défavorisés) et une position "républicaine" (distribuer universellement le même savoir). Ces deux approches, bien que contradictoires, sont toutes deux fondées sur la "présupposition inégalitaire".

      L'institution globale, selon Rancière, a finalement imposé une "programmation bureaucratique d'une concordance présupposée entre trois temps" : le développement des individus, le temps des institutions éducatives et le processus économique et social global. Des outils comme Parcoursup ou le processus de Bologne visent une uniformité idéale, mais cette harmonie est "constamment différée dans la pratique", transformant la discordance en "leur propre échec" pour les individus. Cette machine à fabriquer la concordance des temps fabrique en réalité une "hiérarchie du temps", distinguant le temps homogène des experts et le temps chaotique des individus incapables de s'y accorder.

      L'Annexion des Espaces de Savoir par la Science Sociale Les "interstices" et "espaces vacants" propices à l'émancipation, dont parlait Jacotot, ont été "annexés au territoire de cette science nouvelle... la science sociale". Rancière retrace trois âges de la science sociale :

      L'âge de la "médecine de la société" (socialisme utopique) : la science sociale propose des lois pour organiser la société et résoudre ses maux. L'âge marxiste : critique de la première approche, la science analyse les lois de l'évolution historique de la société pour fournir les moyens d'une action collective transformatrice. Cependant, la faillite du communisme a entraîné une "dissociation durable des liens entre la connaissance des lois de la société et l'action politique transformatrice". Le troisième stade (actuel) : la science sociale est devenue "le savoir de sa reproduction nécessaire" de l'inégalité. Rancière illustre cela avec l'évolution de la pensée de Bourdieu et Passeron, de l'optimisme des "Héritiers" (1964) qui proposait des remèdes aux inégalités scolaires, à la confirmation de la "reproduction" (1970) où la science "ne se propose plus de remédier cette violence mais essentiellement de montrer la nécessité objective des mécanismes de sa reproduction". La science sociale "confirme à sa manière l'axiome de la société pédagogisée à savoir que ceux qui sont dominés le sont en raison de leur défaut de savoir". Le savoir est devenu coextensif à la vie de la société : "tous les aspects du monde où nous vivons sont devenus objets de savoir", mais un savoir qui "ne promet plus finalement aucune forme de libération" et qui tourne en rond pour "montrer à quel point le savoir diffère de l'ignorance". Ce savoir a remplacé les "savoirs autodidactes" ancrés dans des expériences sociales alternatives, comme le "savoir ouvrier".

      L'Institution Journalistique et la Logique du "Décryptage" L'institution journalistique incarne également cette logique explicatrice. Si elle se justifiait autrefois par le fait de "donner aux lecteurs les informations nécessaires pour qu'ils puissent exercer... leurs droits de citoyen libre et égaux", elle a aujourd'hui inversé sa doctrine. Face à un excès d'informations, la tâche est de "sélectionner l'information nécessaire et suffisante et en la compagnant son explication".

      Le mot clé de cette nouvelle approche est "décrypté". Ce terme, autrefois réservé aux espions pour traduire un message codé en langage clair, a subi un "étrange détournement". Aujourd'hui, "le décryptage c'est l'opération qui montre qu'un message d'apparence claire est en réalité un texte obscur". Tout fait évident est transformé en "énigme qui réclame un spécialiste pour en révéler le sens caché". Cela renforce la coextensivité du savoir et de la vie, où "à la fois on nous raconte tout mais en même temps attention vous vous allez rien d'y comprendre si on vous explique pas et s'il y a pas si on fait pas venir les analystes".

      Le Consensus : Négation de la Discussion et de l'Égalité des Intelligences Le "consensus", apparu dans les années 1990, est dénoncé comme bien plus qu'un simple accord de bonne volonté. C'est en réalité "l'accord sur le fait que bah justement il y a pas il y a rien à discuter ou pas grand-chose à discuter Pourquoi ? Parce que bon ben voilà si on recense les données ben on va on va tout de suite voir les solutions qu'elles commandent quoi ce qui amène toujours un dernier ressort à constater qu'il y en a qu'une seule en définitif". Le consensus est "l'accord sur le fait bah les choses sont comme elles sont ne peuvent pas être autrement quoi". Toute tentative de "donner un autre nom aux choses une autre topographie aux événements" est ignorée, car elle n'est "pas reconnue" et "même ne pas être entendu". Le consensus est un "procédé de saturation de ce qu'il y a" destiné à exclure la possibilité même de voir et de nommer autrement, rendant "l'inégalité des intelligences interminablement expliquée... semblable à l'ordre normal des choses".

      Le Paradoxe de l'Émancipation et l'Humeur du Mépris Dans ce contexte de saturation du savoir et de confirmation de l'inégalité, l'émancipation intellectuelle prend une signification "particulière et un peu redoutable". Elle exige une "rupture avec la présupposition inégalitaire" et la "mise en œuvre de l'égalité des intelligence". Cependant, l'inégalité n'est plus un simple "sentiment d'incapacité individuelle", elle est "incorporée dans la texture même des descriptions du monde".

      La "Désexplication" et la Rupture avec la Réalité Imposée L'émancipation ne peut être une connaissance qui éclaire la réalité, car cette réalité est "tissée par les mots de la domination et par ses cartes". Elle doit être un "brouillage de cette réalité", une "volonté d'ignorer ce qu'elle impose". Rancière propose le terme de "désexplication" : "ce qui se passe aujourd'hui ? Passé que voilà on a les cartes on a on peut dire là les cartes d'un monde où tout est en place les choses bien identifiées les événements bien expliqués les voix bien tracé puis bon il faut d'une certaine façon commencer à renoncer à toutes ces identifications et à tous ces liens". Cela implique de "réapprendre un marché sans les repères qui nous disait où on était où on allait".

      Le Maître Ignorant : Dissociation de la Cause et de l'Effet Le paradoxe de l'émancipation est que sa "méthode... ne peut pas être un programme d'émancipation qui se substitue à la méthode explicatrice". L'émancipation implique la "dissociation de la cause et de l'effet". Le "maître ignorant" n'est pas celui qui ne sait rien, mais celui "qui ignore l'effet de savoir qu'il produit et surtout l'effet d'émancipation qu'il produit ou qu'elle produit". Il est donc contradictoire de vouloir imaginer un "système d'éducation émancipé" parallèle, car l'émancipation ne peut pas être planifiée ou vérifiée dans le temps de l'institution. Elle demande des "temps et des espaces assez libres pour qu'elles puissent tracer des chemins à travers les mailles de la logique explicatrice".

      L'Expérience Personnelle de l'Autodidaxie et la Solidarité Collective Rancière partage son expérience d'historien amateur dans les archives du mouvement ouvrier, où son "impréparation" et son "absence de guide" lui ont permis de "trouver... la manifestation d'une pensée d'une intelligence égale à tout autre". Il souligne que l'émancipation intellectuelle, bien qu'individuelle, n'est pas opposée à la lutte collective. Elle n'est pas le "développement personnel" ou "l'estime de soi", mais "la conscience qu'on est intelligent que de l'intelligence égale qu'on prête à tout autre". Des mouvements collectifs (Révolution française, 1830, Mai 68, mouvements d'occupation des places) peuvent créer les espaces propices à ces rencontres émancipatrices. L'émancipation "n'aime pas être planifiée elle aime pas la séparation des moyens et des fins".

      L'Humeur du Mépris : La Tristesse du Savoir Impuissant Rancière conclut sur l'importance de l'"humeur" qui accompagne le savoir. Le savoir actuel, omniprésent et interprétatif, est "impuissant" et "dépité de cette impuissance". Il est pris dans une "humeur triste qui est l'humeur du mépris". Cette humeur caractérise les "esprits progressistes" qui, effrayés par la montée des forces "antidémocratiques, identitaires, racistes et obscurantistes" (incarnées par Donald Trump), les expliquent par l'"ignorance" et "l'arriération" des populations (le "populisme").

      Cependant, Rancière critique cette explication, car elle reproduit la logique explicatrice du mépris. Que ce soient les partisans de Trump qui méprisent les "inutiles" ou les critiques de Trump qui méprisent les "ignorants" qui se laissent séduire, les deux camps partagent "ce sentiment de savoir qu'essentiellement une croyance bah en l'inégalité".

      Vers une Communauté des Égaux Jacotot rappelle que "le même mot intelligence peut signifier deux choses opposées" :

      Ceux qui se sentent intelligents "de par la bêtise qu'ils identifient chez les autres". Ceux qui se sentent intelligents "de par l'intelligence qui reconnaissent entre autres". L'intelligence n'est pas seulement une capacité, mais "une manière d'être de sentir et de communiquer en bref une manière de faire monde". La société actuelle est une "société du mépris", tandis que la "société des égos" est une "création continue" d'actes d'égalité, d'expérimentations singulières qui "brouille les cartes du consensus" et "recrée surtout une confiance dans la capacité de tous".

      Il appelle à une "vertu d'attention", à se demander "quel genre de monde nous construisons à travers nos paroles et et nos actes", et à "changer la direction de notre regard et l'humeur qui l'accompagne". Il faut s'intéresser aux "expérimentations de l'égalité", aux "pratiques qui essayent ici et là de mettre en œuvre la présupposition égalitaire" et "respirer l'air de l'égalité et de la faire circuler autant qu'on peut".

    1. Note de synthèse : La Prosocialité Humaine et les Mécanismes de Coopération

      Cette note de synthèse explore les thèmes principaux et les idées clés issues des extraits de la conférence "L'expérience sociale la plus intéressante de ces dernières décennies".

      Elle se concentre sur la nature de la coopération humaine, ses déclencheurs, ses freins et les mécanismes sociaux développés pour la maintenir.

      1. La Nature Intrinsèque de la Prosocialité Humaine

      Le discours débute par la description du "jeu du bien public", une expérience courante en économie expérimentale qui révèle des insights fondamentaux sur le comportement humain.

      Dans ce jeu, les participants reçoivent une somme d'argent (par exemple, 20 €) et peuvent miser une partie de cette somme dans un pot commun qui sera ensuite doublé et redistribué équitablement.

      • Coopération spontanée et initiale : Contrairement à l'hypothèse de l'Homo Economicus purement égoïste et rationnel, les humains, même entre inconnus et sous anonymat, tendent à coopérer spontanément au premier tour.

      "En général la moitié des gens participent enfin les gens participent spontanément même entre inconnus même quand il y a des avec de l'anonymat même s'ils sont entre personnes qui qui n'ont jamais vu au premier tour ils vont quand même participer à hauteur de la moitié de de ce qu'ils ont". Cette tendance est observée "partout dans le monde".

      • L'Homo Economicus comme modèle de laboratoire :

      Le modèle de l'humain rationnel et égoïste est qualifié d'"animal de laboratoire", un "modèle théorique qui aurait dû juste rester au laboratoire". L'être humain est "beaucoup plus prosocial que ce que dit le modèle".

      • L'intuition au service de la coopération : Une expérience de Harvard montre que lorsque les participants sont contraints de répondre rapidement et intuitivement ("dépêchez-vous de répondre réfléchissez pas vous avez 2 secondes pour répondre et pour miser ou pas"), ils misent davantage dans le pot commun.

      À l'inverse, lorsque le mode "rationnel" est activé ("prenez le temps réfléchissez répondez pas trop vite"), la participation diminue.

      "Plus on réfléchit plus on est dans le mental plus on se méfie moins on participe".

      • Stress et prosocialité : Le stress peut également augmenter la coopération.

      Les participants à qui on annonçait une prise de parole en public stressante par la suite "ont plus misé dans le mot peau commun que quand que si on que à ceux qu'on avait dit qu'ils allaient pas parler en public".

      • L'empathie comme fondement : Cette prosocialité est "très ancré en nous" et découle de notre capacité à l'empathie.

      L'existence de "neurones de miroir" permet de "vivre ce que l'autre sent", et cette capacité n'est pas limitée aux humains, s'étendant à d'autres espèces et même à des "bouts de bois" ou de simples symboles visuels.

      • Altruisme précoce chez les bébés : Des études sur les enfants et les bébés montrent que "les capacités prosociales d'empathie et d'altruisme se retrouvent chez les bébés jusqu'à 6 mois même 5 mois".

      Avant même le langage et le raisonnement, les bébés peuvent distinguer les coopérateurs des non-coopérateurs et chercher à aider, et même une récompense peut "démotiver à aider", soulignant une nature intrinsèquement altruiste.

      2. L'Érosion de la Coopération et les Mécanismes de Stabilisation

      Malgré cette tendance initiale à la coopération, le jeu du bien public montre que "au fil des bah des tours (...) l'entraide s'effrite et puis la la confiance s'effrite et puis finalement on se retire bien commun".

      C'est le défi : "comment on fait pour ne pas que ça s'effrite avec le temps".

      Les cultures ont développé des "systèmes des mécanismes sociaux pour stabiliser l'entraide et pour stimuler l'entraide".

      • La réciprocité renforcée : C'est le mécanisme le plus courant et le plus efficace.

      • Récompenser les altruistes : Encourager et reconnaître ceux qui contribuent positivement.

      • Punir les tricheurs et les égoïstes : L'introduction de cette règle dans l'expérience du bien public a eu des "effets miraculeux", faisant exploser et stabiliser les niveaux de prosocialité.

      Les humains sont prêts à dépenser de l'argent ("punition altruiste") pour punir les non-coopérateurs, "ça va même jusqu'à une une grande proportion du salaire mensuel c'est une passion".

      • Plaisir neuronal associé : Coopérer, voir autrui coopérer, ou même anticiper un acte d'altruisme, active le circuit de la récompense dans le cerveau, procurant un "vrai plaisir", même chez les enfants.

      Inversement, le "circuit de dégoût" est activé par la punition d'un altruiste ou la récompense d'un égoïste/tricheur (ex: "quand au hasard quelqu'un du gouvernement est mise en examen pour corruption et est relâché").

      Cela montre l'importance de la justice perçue pour la coopération (ex: plaisir à payer des impôts si l'argent est bien dépensé).

      La réciprocité indirecte et la réputation :

      • Ce mécanisme implique que l'aide donnée à une personne peut inciter une tierce personne à aider le donneur initial, ou qu'un acte altruiste est observé par des témoins, ce qui étend l'entraide dans le groupe.

      • Les "ragots et les Cancans" comme moteur : Ces interactions sociales informelles sont cruciales car elles "créent la réputation". Avoir une "bonne réputation" est un "capital social" précieux qui renforce la coopération.

      • L'expérience de la réputation : Une expérience a montré que lorsque le jeu du bien public est alterné avec un jeu de réputation, les niveaux de coopération restent élevés.

      Cependant, si les participants apprennent que la fin du jeu est proche et que la réputation n'aura plus d'importance, la coopération s'effondre ("ils se sont mis à en profiter à mort ils en avaient plus rien à foutre la réputation n'était pas en plus en jeu").

      • Le sentiment d'être observé : Se sentir observé ("Big Brother", les religions avec un Dieu omniscient) augmente significativement la coopération. Même de simples points évoquant un visage sur un mur peuvent avoir cet effet inconscient.

      3. Les Fondements Profonds de la Relation Humaine et l'Élargissement du Cercle d'Empathie

      La distinction entre interagir avec un humain ou un ordinateur est fondamentale : la coopération avec un ordinateur n'active pas le circuit de la récompense, indiquant que "c'est quelque chose de profondément humain".

      • La relation "Je et Tu" : Le philosophe Martin Buber est cité avec son concept de "Je et Tu" par opposition à "Je et ça".

      La relation "Je et Tu" implique une reconnaissance mutuelle de l'autre comme sujet doté d'empathie, créant une "relation de miroir" infinie.

      • La déshumanisation : L'horreur survient lorsque l'on "sort quelqu'un de notre champ d'empathie", transformant une relation "Je et Tu" en "Je et ça", et déshumanisant l'autre.

      "C'est ce qui s'est passé pour les juifs pendant la guerre au Rwanda avec les les utou et les tutti et probablement en Ukraine dans toutes les guerres on on peut arriver basculer dans l'horreur lorsqu'on sort les humains de notre champ d'empathie ça peut arriver très vite".

      • Élargir le cercle d'empathie : Le défi contemporain est d'élargir ce cercle d'empathie au-delà des seuls humains (souvent limité aux animaux domestiques), pour inclure les animaux et les plantes.

      Considérer le monde non pas comme "entouré d'objets mais entouré de sujets" permettrait de "retrouver des relations de réciprocité et donc de prosocialité et donc tous les circuits vont s'enclencher et ça va faire un un monde totalement différent".

      En conclusion, la prosocialité est une caractéristique fondamentale et spontanée de l'être humain, ancrée dans l'empathie et activée par l'intuition.

      Bien qu'elle puisse s'effriter avec le temps, des mécanismes sociaux tels que la récompense des altruistes, la punition des tricheurs et l'importance de la réputation sont essentiels pour stabiliser et renforcer la coopération.

      Le maintien et l'élargissement de notre "cercle d'empathie" sont cruciaux pour prévenir la déshumanisation et construire un monde plus coopératif et juste.

    1. Note de synthèse : Améliorer l'Efficacité des Réunions de Travail grâce aux Sciences Cognitives

      Ce document synthétise les idées clés et les stratégies proposées par Marc Huriaux, docteur en neurosciences, pour améliorer l'efficacité des réunions de travail en s'appuyant sur les principes des sciences cognitives.

      L'objectif principal est de générer plus d'intelligence collective et de créativité pour résoudre des problématiques complexes.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. L'Intelligence Individuelle et l'Inhibition des Automatismes :

      • Utilité des réunions : Une réunion doit avant tout être utile et générer de l'intelligence collective pour résoudre des problèmes.

      • Inhibition des automatismes : Pour être efficace et créatif, il est crucial d'inhiber nos automatismes de pensée (système 1 de Kahneman) et de s'engager dans une réflexion plus profonde (système 2). C'est un effort coûteux.

      • Citation : "un des éléments central pour être efficace quand on doit essayer de répondre à des problématiques c'est d'inhiber sans ces automatismes et d'essayer de bloquer ce qui dans notre pensée qui va courir comme ça si vous êtes familier du système 1 et 2 de cane man ben voilà dans le cas le plus fréquent on va quand on se pose un problème quand on est confronté un problème on va automatiquement y répondre très rapidement et parfois c'est efficace la plupart du temps c'est efficace là dans la question qui nous intéresse on va dire qu'il faudrait y réfléchir peut-être un petit peu et donc il faudrait passer en système 2 se poser inhiber l'automa."

      • Esprit critique : Le véritable esprit critique implique d'être prêt à changer d'avis, ce qui nécessite d'inhiber nos "autoroutes de pensée" préexistantes. Cette difficulté est amplifiée en groupe, où la tendance est de défendre sa propre pensée sans écouter.

      2. Le Piège du Jugement et la Métacognition :

      • Impact du jugement : Les jugements rapides et les stéréotypes (ex: "il est complètement débile") bloquent la génération d'intelligence collective. Ils empêchent d'écouter et de comprendre le processus de pensée de l'autre.

      • Citation : "si je pars de là c'est foutu en fait ça sert à rien de faire tout ça ça sert à rien de se réunir pour parler d'esprit critique pour juger voilà et donc je pense que ça dans les séances de travail c'est la base la base c'est de pratiquer enfin de d'écouter les missions d'Elisabeth felti meta de choc et qui est là et de pratiquer la métacognition c'est à dire de se rendre compte quand on est en train de parler à quelqu'un dans une séance de travail ou à deux du moment où on est en train de générer un jugement."

      • Métacognition comme outil : La métacognition, la capacité à prendre conscience de son propre jugement, est un outil fondamental pour éviter de "ruiner les possibilités" d'une discussion constructive. Il s'agit de s'arrêter, d'écouter et d'explorer la pensée de l'autre sans préjugés.

      • Citation : "l'outil tout bête c'est de se dire mais comment je fais pour me rendre compte du moment où je suis en train de ruiner les possibilités pour la personne à qui je parle d'avoir un nouvel angle et de me ruiner moi-même la possibilité de penser différemment bah c'est tout simple c'est dès lors que je commence à juger l'autre."

      • Exploration cognitive : Adopter une posture d'exploration cognitive, en étant ouvert à changer d'avis et à comprendre comment l'autre a construit sa pensée, même si elle semble absurde au premier abord.

      3. La Diversité et la Pensée Divergente :

      • La diversité comme moteur : Les études montrent que la diversité des schémas cognitifs au sein d'une réunion (avoir des gens qui pensent différemment) est un facteur fondamental pour augmenter la créativité et l'efficacité dans la résolution de problèmes compliqués.
      • Citation : "un des éléments fondamentaux qui ressort dans énormément d'études c'est la diversité c'est à dire que ce qui va nous rendre intelligent ensemble c'est d'avoir des gens qui pensent différemment."
      • Temps de parole équitable : Gérer précisément le temps de parole de chaque participant est crucial. Naturellement, quelques personnes dominent les discussions, tandis que d'autres (notamment les femmes) ont tendance à moins s'exprimer, ce qui limite l'intelligence collective.
      • Pensée divergente : Pour générer des solutions originales, il faut encourager la pensée divergente, c'est-à-dire l'exploration d'idées "impossibles" ou "absurdes", au-delà des solutions "raisonnables" habituelles.
      • Citation : "il est super important de dire il faut absolument que chacun dise un truc qui est complètement absurde ça doit pas être possible l'idée c'est une solution un problème on a posé une problématique comment est-ce que vous pensez qu'on pourrait résoudre ça et là on doit être entre l'impossible et le raisonnable pour pouvoir être l'impossible et le raisonnable il faut faire l'effort d'aller vers l'impossible."
      • Pré-travail individuel : Pour éviter le biais de groupe et l'alignement des idées sur la première proposition, il est essentiel que chaque participant réfléchisse individuellement pendant quelques minutes avant de passer à l'échange collectif.

      4. Les Pièges Comportementaux et le Rôle de l'Animateur :

      • Loi de la futilité de Parkinson : Les réunions ont tendance à s'étirer sur le temps alloué (Loi de Parkinson) et, pire encore, à se concentrer sur des sujets futiles (Loi de la futilité de Parkinson). Cette "procrastination collective" évite la confrontation d'opinions différentes et les sujets qui demandent un réel effort intellectuel.
      • Citation : "la loi de la fidélité de Parkinson ajoute quelque chose de plus c'est que en général en fait on parle de n'importe quoi là dedans on va on va éviter les sujets qui demandent vraiment à mettre en jeu de l'intelligence collective parce qu'elles vont confronter peut-être des opinions différentes et qu'on est on esquive ça c'est une forme de procrastination collective."
      • Le biais de groupe (In-Group) : La peur d'être jugé ou de ne pas être apprécié dans le groupe pousse à des idées "raisonnables" et à l'auto-censure.
      • Bienveillance de l'animateur : La personne qui gère la réunion joue un rôle fondamental. Une attitude bienveillante peut transformer des dynamiques conflictuelles ou de compétition en un environnement plus collaboratif.
      • Citation : "si la personne qui gère la séance de travail elle est bienveillante bah elle a des chances d'influencer le travail vers quelque chose de bienveillant."
      • Désamorcer l'animosité : Valoriser la prise de parole de tous, même ceux dont les intentions semblent malveillantes ou qui sont réticents, peut désamorcer les conflits et transformer ces individus en ressources. L'exemple de l'homme ayant suivi 5 formations pour l'emploi illustre cette stratégie.
      • Citation : "si vous valorisez la prise de parole de qui que ce soit et quel que soit son intention malveillante derrière vous rendez quasi impossible la possibilité que la personne continue à embrouiller les autres mais ça c'est juste magique."

      5. Ouvrir la Collaboration au-delà des Cercles Habituel :

      • Élargir la diversité : Pour augmenter la diversité cognitive, il est possible d'inviter à la réunion des personnes de fonctions supports, des RH, ou même des collaborateurs internationaux (via visioconférence) qui apporteront des schémas de pensée différents.
      • Neurodivergence et pensée disruptive : Les personnes neurodivergentes (par exemple, des personnes sur le spectre autistique) peuvent apporter une "vérité cash" et une perspective unique qui challenge le biais de groupe et fait avancer la discussion.
      • Citation : "quelqu'un qui est un peu différent comme ça peut dire la vérité que personne ne se dire et du coup faire avancer tout le monde."

      En somme, pour des réunions de travail efficaces, il est impératif de cultiver l'humilité, d'inhiber le jugement, de valoriser la diversité des pensées, d'encourager l'exploration audacieuse d'idées et de gérer activement les dynamiques de groupe, notamment en assurant un temps de parole équitable et en désamorçant l'animosité par la bienveillance.

  5. Jul 2025
    1. Digitale Spiele im Geschichtsunterricht als ein Medium zwischen Historizität, Histotainment, Authentizität und Immersion präsentierte online zugeschaltet MATHIAS HERRMANN (Dresden). Er skizzierte die Entwicklung digitaler Spiele seit den 1970er-Jahren hin zu einem millionenschweren Massenmedium – ein Indiz für das breite öffentliche Interesse an Geschichte. Der Unterhaltungswert steht dabei oft über historischer Genauigkeit, doch gerade darin liegt auch ein didaktisches Potenzial: Historisierende Spiele sind Teil der Geschichtskultur, spiegeln populäre Vergangenheitsvorstellungen und können – kritisch analysiert – sogar als Quellen genutzt werden, um aktuelle Narrative und ideologische Deutungen sichtbar zu machen. Angesichts ihrer gezielten Nutzung durch rechtsideologische Kreise forderte Herrmann eine reflektierte Auseinandersetzung mit dem Medium. Richtig eingesetzt, etwa im Unterricht und begleitet durch geeignetes Material, könnten Spiele sowohl Faktenwissen als auch Medienkompetenz fördern – vorausgesetzt, sie werden als ernstzunehmende Bildungsmedien anerkannt.

      Well, yes history in games is rarely accurate and this also okay. The main purpose is entertainment. We need a culture that recognizes that a game can still teach some things about history (e.g. how does persecution work). And also show perspectives about history. ALSO: Its not a question if games are educational, people will always use them to passively or actively educate themself about history.

    1. Document de Synthèse : La Nouvelle Hiérarchie des Professions en France

      • Ce document de synthèse analyse les évolutions récentes du marché du travail en France, mettant en lumière un changement notable dans la perception et la rémunération des métiers.

      Traditionnellement, les carrières intellectuelles et les études supérieures étaient perçues comme les garantes d'une meilleure rémunération et d'un épanouissement professionnel.

      Cependant, la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs manuels et artisanaux a bouleversé cette hiérarchie, offrant des opportunités inattendues en termes de salaires et de qualité de vie.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. Revalorisation des Métiers Manuels et Artisanaux :

      • Changement de Perception : Le reportage souligne un revirement. "Pendant longtemps, les métiers intellectuels promettaient de meilleures carrières, plus rémunératrices et plus épanouissantes.

      Tandis que les métiers manuels ont clairement été dénigrés, souvent dès l'école." Aujourd'hui, cette stigmatisation diminue en raison du manque criant de main-d'œuvre.

      • Salaires Surprenants : Des professions comme grutier, chauffagiste, plombier, soudeur ou maçon offrent désormais des salaires très attractifs, souvent sans nécessiter de longues études.

      Amandine, une ancienne monitrice d'auto-école, a doublé son salaire en devenant grutière, passant de "1 200, 1 300 à peu près" à "2, 900 et quelques euros" nets par mois.

      Mickaël, un jeune plombier-chauffagiste, gagne "2432 euros et 99 centimes" nets par mois après seulement un an d'ancienneté, avec des primes pouvant porter son brut à environ "3000 euros".

      • Autonomie et Valorisation : Ces métiers offrent une grande autonomie et un savoir-faire valorisant. Mickaël, par exemple, gère ses 13 clients et ses commandes de matériel, jouissant de "l'autonomie d'un artisan et la sécurité d'un emploi salarié".

      Clémence, chauffeur poids lourd, trouve que c'est un "métier bizarrement, malgré ce qu'on pourrait imaginer, qui est plutôt valorisant."

      2. La Pénurie de Main-d'Œuvre : Un Facteur Clé de Revalorisation :

      • Demande Supérieure à l'Offre : La France compte "plus d'un million de postes à pourvoir".

      Des secteurs comme le transport (45 000 chauffeurs supplémentaires nécessaires) et la plomberie (manque de main-d'œuvre "excessif") sont particulièrement touchés.

      • Pouvoir de Négociation des Salariés : Cette pénurie inverse le rapport de force.

      Clémence, la chauffeuse poids lourd, illustre ce point :

      "On a plus de pouvoir qu'un mec qui va être dans la pub, où le patron va dire « Je ne suis pas content, tu t'en vas, de toute façon, il y en a 80 derrière »...

      Là, c'est l'inverse." Les entreprises sont contraintes de proposer des conditions attractives, allant même jusqu'à "débaucher des gens dans d'autres entreprises".

      • Recrutement Simplifié : Pour certains postes, l'envie de travailler et la ponctualité priment sur les diplômes.

      David Arslan, chef d'entreprise en ravalement de façade, ne demande "aucun diplôme", seulement "la ponctualité et l'envie de travailler" pour un salaire de "2 000 euros net mensuel".

      3. La Reconversion Professionnelle : Une Tendance Croissante :

      • Quête de Sens et de Meilleure Qualité de Vie : De nombreux salariés, y compris des cadres, se reconvertissent. "Depuis 2021, 20% des cadres ont entamé une reconversion professionnelle". Clémence, ancienne directrice artistique à Paris, a troqué son "Bac plus 5" et un salaire de "1 600 net" pour un permis poids lourd lui rapportant "entre les 2 500 et 3 000 euros net", et une meilleure qualité de vie.
      • Éviter le "Perdre sa Vie à la Gagner" : La question est posée : "Faut-il tout miser sur des études supérieures pour finir dans un bureau stressé, avec des horaires à rallonge ou une charge de travail XXL ? Faudrait-il perdre sa vie à la gagner ?"
      • Formations Adaptées : Des initiatives comme l'école Gustave, qui forme gratuitement des plombiers en 15 mois, répondent à ce besoin de reconversion rapide et efficace. L'école garantit un salaire minimum de "2 000 euros net" en sortie et un taux d'embauche de "95% en CDI".

      4. Le Revers de la Médaille pour les Professions Intellectuelles :

      • Débuts de Carrière Difficiles : Certaines professions intellectuelles, malgré de longues études, offrent des rémunérations de départ modestes. Aurélie, avocate avec "7 ans d'études après le bac", se retrouve avec "à peine plus d'un SMIC" net après avoir payé ses charges, soit "1 500 euros net" pour des journées parfois très longues et improductives (temps d'attente non payé).
      • Désillusion et Fort Taux de Démission : Le décalage entre les attentes (prestiges, revenus) et la réalité du métier conduit à la désillusion. "30% des avocats démissionnent au cours des 10 premières années d'exercice."
      • Évolution des Salaires : Si les débuts sont difficiles, les carrières intellectuelles peuvent offrir une meilleure progression salariale sur le long terme. Le reportage note qu'après 8 ans, le salaire d'un plombier "va plafonner autour de 2 700 euros", tandis que pour les avocats, "ce sera deux fois plus, 5 400 euros mensuels en moyenne."

      5. L'Entrepreneuriat Manuel comme Voie de Succès :

      Exemple de David Arslan : L'histoire de David Arslan, patron d'une PME de ravalement de façade réalisant "10 millions d'euros de chiffre d'affaires", est emblématique.

      Parti de rien, il a bâti sa réussite sur un savoir-faire manuel, démontrant que "tout est possible" avec "de l'or dans les mains".

      Opportunités du Marché : La demande dans des secteurs comme l'isolation et la rénovation (stimulée par la hausse des tarifs de l'énergie) offre des opportunités de croissance exponentielle pour les entreprises du bâtiment.

      David Arslan connaît une augmentation de "30%" de demandes et est contraint de refuser des chantiers faute de main-d'œuvre.

      Conclusion :

      Le marché du travail français est en pleine mutation.

      La pénurie de main-d'œuvre dans les métiers manuels et artisanaux a non seulement revalorisé ces professions en termes de salaire et d'attractivité, mais elle a également ouvert la voie à des reconversions massives pour des individus cherchant une meilleure qualité de vie et un épanouissement professionnel.

      Tandis que certaines carrières intellectuelles peinent à offrir des débuts de carrière rémunérateurs, les "mains en or" et les entrepreneurs du bâtiment peuvent désormais atteindre des sommets financiers et professionnels insoupçonnés, remettant en question les hiérarchies établies et l'importance des études longues pour le succès.

    1. Document de Synthèse : L'Importance des Compétences Sociales et Comportementales en Éducation

      Source : Extraits de "Approches expérimentales en éducation (4) - Agir pour l'éducation (2023-2024)" - Conférence d'Élise Huillery.

      Introduction : Un Déficit Français en Compétences Clés

      La conférence d'Élise Huillery, chercheuse affiliée à J-PAL et professeure à Dauphine, met en lumière l'importance croissante des compétences sociales et comportementales dans la réussite scolaire et professionnelle.

      Ces compétences, souvent désignées sous d'autres termes tels que "soft skills", "compétences non cognitives" (bien que ce terme soit considéré comme impropre) ou "compétences socio-émotionnelles", sont cruciales non seulement pour l'acquisition de connaissances, mais aussi pour le bien-être général des individus et leur insertion dans la société.

      Un constat alarmant est dressé concernant la France : les élèves français présentent un déficit "très singulier" de ces compétences par rapport aux autres pays de l'OCDE.

      Ce déficit se manifeste à travers plusieurs indicateurs psychologiques et comportementaux, qui ont des répercussions significatives sur leur parcours.

      I. Définition et Mesure des Compétences Sociales et Comportementales

      Élise Willer distingue deux grandes catégories de compétences :

      Compétences Comportementales (rapport à soi) : Confiance en soi / Auto-efficacité : Le sentiment d'être capable de réussir des tâches.

      Optimisme : La capacité à voir le positif et à croire en ses propres capacités.

      État d'esprit de développement (Growth Mindset) : La conviction que l'intelligence et les capacités peuvent progresser avec l'effort et l'entraînement, par opposition à un état d'esprit fixiste où l'intelligence est perçue comme innée et immuable.

      "L'intelligence c'est comme un muscle ça progresse en s'entraînant on va connecter des neurones en s'entraînant et donc on va développer son intelligence".

      Locus de contrôle (interne/externe) : La perception de la source de contrôle de sa propre vie.

      Un locus de contrôle interne signifie que l'individu pense que ce qui lui arrive dépend de ses propres actions, tandis qu'un locus externe attribue la réussite ou l'échec à des facteurs extérieurs incontrôlables (chance, destin).

      Contrôle de soi / Autodiscipline : La capacité à différer une gratification immédiate pour un bénéfice futur plus important, à s'imposer des efforts.

      Persévérance : La capacité à maintenir ses efforts face aux difficultés, étroitement liée à l'état d'esprit de développement.

      Compétences Sociales (rapport aux autres) :

      • Coopération : La capacité à travailler ensemble efficacement pour atteindre un objectif commun.

      • Empathie : La capacité à prendre en considération le point de vue d'autrui et l'impact de son propre comportement sur les autres.

      Respect et Tolérance.

      Sentiment d'appartenance : Le sentiment de faire partie d'un groupe, d'être soutenu et de contribuer à la réussite collective.

      Ces compétences sont mesurées principalement via des questionnaires (avec de multiples items pour construire des indices synthétiques) et parfois par des tâches comportementales (jeux de confiance ou de coopération) considérées comme plus fiables car mettant les individus en situation réelle.

      II. Le Constat d'un Déficit Français Particulier

      Les données des enquêtes internationales comme PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) de 2012 et 2018 révèlent un déficit marqué des élèves français :

      État d'esprit de développement : La France est "plutôt dans le bas" par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE.

      Anxiété : Les élèves français sont "au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE" en termes d'anxiété.

      Perception de ses compétences : Alors que le niveau en mathématiques des élèves français est proche de la moyenne de l'OCDE, ils se sentent "moins compétents en moyenne que la moyenne", indiquant un "problème de perception de ses compétences".

      Persévérance : Les élèves français "lâchent davantage l'affaire quand ils y arrivent pas", un déficit "très net".

      Ouverture à la résolution de problème : Ils ont "moins plaisir qu'ailleurs à découvrir des problèmes et à essayer de les résoudre".

      Locus de contrôle : Il est "beaucoup plus externe que la moyenne", signifiant une perception que leur réussite dépend de facteurs extérieurs qu'ils ne contrôlent pas. Coopération :

      La France affiche le "niveau de coopération le plus faible de tous les pays de l'OCDE".

      Sentiment d'appartenance : Il est "plutôt négatif" à l'école.

      Résolution collaborative de problèmes : Le score est inférieur à la moyenne.

      Ce tableau psychologique des élèves français est jugé "pas très réjouissant".

      Inégalités Sociales : Ce déficit global est exacerbé par les inégalités sociales.

      À niveau scolaire égal, les élèves d'origine sociale défavorisée se perçoivent comme "moins bons que les élèves favorisés".

      Le même phénomène est observé chez les filles par rapport aux garçons.

      III. Les Effets Multiples de ces Compétences : Le "Triple Dividende"

      La recherche montre que ces compétences ne sont pas de simples "traits culturels" sans impact, mais qu'elles jouent un rôle "important" sur :

      • La Réussite Scolaire :
      • État d'esprit de développement : Des études en Norvège (2019), aux États-Unis (Yeager, 2019) et une étude menée en France par Élise Willer (Chouet, Allan) montrent qu'une intervention ciblée sur la plasticité cérébrale et l'état d'esprit de développement peut augmenter les notes scolaires et réduire le redoublement.

      Le programme "Énergie Jeune" (France) :

      Mis en place dans des collèges REP et REP+, ce programme de 12 séances sur 4 ans (de la 6ème à la 3ème), animé par des bénévoles, vise à déconstruire l'idée fixiste du niveau scolaire et à renforcer le locus de contrôle interne.

      • Résultats : Une augmentation des notes de 7% d'un écart-type, un effet "très important relativement à l'investissement que ça demande".

      Cet effet est comparable à des dispositifs beaucoup plus coûteux comme le dédoublement des classes de CP.

      Le programme change les perceptions des chances de réussite, améliore les comportements en classe (diminution des retards, absences, sanctions en 3ème) et a un "petit effet sur également donc les ambitions scolaires à plus long terme".

      • Limites : L'effet est plus fort chez les élèves ayant des comportements disciplinés à l'entrée en 6ème, et moins chez les élèves les plus difficiles, qui sont pourtant ceux "à risque de décrochage".

      L'Insertion Professionnelle :

      • Programme longitudinal de Montréal (démarré dans les années 80) : Visant des garçons défavorisés avec des comportements disruptifs pour renforcer le contrôle de soi et les habiletés sociales.

      • Effets : Amélioration de l'autonomie et de la confiance entre pairs.

      À très long terme (jusqu'à 37 ans), ce programme a montré des effets "très forts" sur : * Augmentation des revenus du travail (+20%). * Baisse du taux d'inactivité (-10 points). * Baisse de la criminalité (-33% d'arrestations). * Baisse de la dépendance aux aides sociales.

      Perry Preschool Project :

      Un autre programme axé sur les interactions de groupe et l'autodiscipline, montrant également des hausses de salaire et des études plus longues à l'âge adulte.

      Autres Bénéfices Publics :

      La réduction des coûts liés * aux redoublements, * aux programmes d'éducation spéciale, * à la criminalité et * aux aides sociales.

      • Analyse coût-bénéfice : Le programme de Montréal a rapporté "11 dollars" à la société et à l'individu pour "1 euro investi" à l'âge de 7-9 ans, démontrant que ces programmes doivent être perçus comme des "investissements sociaux".

      IV. Recommandations pour l'École et Perspectives

      La bonne nouvelle est que ces compétences "ne sont pas fixes" et qu'il est "facile à faire évoluer" ces traits.

      Pour rendre l'école plus performante, il est recommandé d'agir sur trois piliers, de manière plus systématique :

      • L'apprentissage coopératif : Enseigner aux élèves à apprendre ensemble. Le coût est faible (formation des enseignants) pour un impact potentiellement "substantiel" (près de 40% d'un écart-type selon l'Education Endowment Foundation).

      • Le développement de l'état d'esprit de développement :

      Continuer les efforts pour faire comprendre aux élèves que leurs capacités ne sont pas figées.

      • Les méthodes d'évaluation : Les méthodes actuelles françaises sont jugées comme accentuant un "état d'esprit fixiste" et un "sentiment d'incompétence".

      Il est nécessaire de "retravailler nos modes d'évaluation" pour des approches qui "expliquent ce qu'il a bien fait, ce qu'il a mal fait et donne des conseils", sans stigmatiser par des "points rouges".

      • Ces changements passent "forcément par la formation des enseignants", à la fois initiale et continue.

      Un nouveau programme expérimental, Motiveaction, est en cours de développement avec les collègues d'Élise Willer.

      Il vise à former 750 enseignants sur ces trois modules (état d'esprit de développement, évaluation pour favoriser les progrès, apprentissage coopératif) afin de "généraliser motivation énergie jeune grâce à une auprès des enseignants" et d'amplifier les gains en compétences et en apprentissages scolaires des élèves. Les résultats de cette expérimentation sont attendus pour 2025.

      En synthèse, la conférence insiste sur un paradoxe français : un fort déficit en compétences sociales et comportementales, mais une grande facilité à les faire évoluer avec des investissements raisonnables, générant des bénéfices considérables à long terme.

      L'école est identifiée comme un levier essentiel pour cette transformation.

    1. Compte rendu détaillé : La situation de l'éducation en France dans le contexte international

      • Ce compte rendu est basé sur l'intervention de Noémie Le Donné, Directrice de recherche à l'OCDE, lors du colloque de rentrée 2023 du Collège de France, intitulé "Apprendre et enseigner, de la préhistoire à demain".

      L'intervention du 19 octobre 2023 se penche sur la situation de l'éducation en France à travers le prisme des comparaisons internationales, s'appuyant sur les enquêtes PISA, TALIS et l'enquête sur les compétences socio-émotionnelles de l'OCDE, ainsi que sur d'autres rapports de l'organisation.

      I. Rôle et objectifs des systèmes éducatifs

      Noémie Le Donné introduit son propos en rappelant les trois objectifs fondamentaux des systèmes éducatifs, selon la nomenclature de Herman van de Werfhorst et ses collègues :

      • Développer les compétences et connaissances des élèves : Il s'agit des compétences cognitives, académiques et socio-émotionnelles, sélectionnées pour leur utilité future sur le marché du travail, pour une participation active à la vie sociétale et pour le bien-être et l'épanouissement personnel des élèves.

      • Sélectionner et orienter les élèves : En fonction de leur niveau, de leurs compétences, de leurs connaissances et de leurs intérêts.

      • Promouvoir l'équité des opportunités d'apprentissage et de développement : Un objectif crucial qui sera abordé en détail.

      II. Indicateurs clés sur l'apprentissage en France (comparaisons internationales)

      Les données présentées proviennent principalement de l'enquête PISA 2018 (antérieures à la période COVID), sauf indication contraire.

      Les résultats de PISA 2022 seront disponibles en décembre.

      A. Performances cognitives (PISA)

      • Moyenne générale : Les performances moyennes des élèves français de 15 ans sont légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE en mathématiques, compréhension de l'écrit et sciences.

      • Observation critique : Bien que ce soit "plutôt rassurant", cela est "quand même un peu décevant" si l'on considère la France comme l'un des dix pays les plus développés au monde, s'attendant à un classement plus élevé.

      B. Tendances des performances

      • Tendance générale à la baisse : La France, à l'instar de "tous les dispositifs qu'on a français ou internationaux", enregistre une baisse des performances en mathématiques chez les élèves de 15 ans depuis les années 1980 (cohortes de naissance).

      La tendance est stable pour la compréhension de l'écrit et les sciences.

      • Contraste international : Cette baisse est "d'autant plus préoccupante" que certains pays membres de l'OCDE, comme la Colombie et le Portugal, ont progressé dans les trois domaines évalués par PISA.

      C. Inégalités sociales

      • Forte iniquité : La France se situe dans le quadrant des pays qui combinent des performances moyennes légèrement supérieures à la moyenne de l'OCDE avec de "fortes inéquités de réussite scolaire liées à l'origine sociale".

      • Origines précoces : Les inégalités sociales de réussite scolaire trouvent leurs origines "très très très tôt", souvent dès l'entrée en maternelle.

      • Impact de la structure du système éducatif : La structure des systèmes éducatifs joue un rôle majeur.

      La France, avec son système qui "oriente assez tôt les élèves" vers différentes filières (professionnelle, générale) et son ancien taux élevé de redoublement (près de 40% des élèves de 15 ans à l'époque de la thèse de l'intervenante), a tendance à "augmenter aussi les inégalités sociales de compétences".

      Noémie Le Donné cite l'exemple de la Finlande, avec son système "très unifié", comme un contre-exemple favorisant l'homogénéité du groupe classe.

      • Inégalités d'orientation : À niveau de réussite égal, des élèves d'origines sociales différentes "vont faire des choix d'orientation différents", ce qui contribue aux inégalités observées.

      D. Évaluations et lacunes

      • Richesse des données sur les compétences cognitives : La France dispose de "beaucoup de sources disponibles" pour l'évaluation des compétences cognitives (enquêtes nationales sur échantillon comme CEDRE, panels d'élèves, évaluations nationales exhaustives croissantes, nombreuses enquêtes internationales comme PISA).

      • Manque d'informations sur les compétences socio-émotionnelles : En revanche, il y a "très peu d'information sur les compétences socio-émotionnelles des élèves".

      • Importance : Ces compétences sont "enseignables", "nécessaires aux apprentissages" (persévérance, curiosité) et "fondamentales pour votre réussite professionnelle, scolaire, personnelle".

      • Inégalités : Les enquêtes de l'OCDE dans les pays européens participants montrent également de "fortes inégalités sociales de performance dans ces domaines".

      • Appel à participation : La France est encouragée à rejoindre l'enquête de l'OCDE sur les compétences socio-émotionnelles pour "compléter le diagnostic très riche qu'on a sur les compétences cognitives".

      E. Bien-être des élèves

      • Satisfaction de vie : En 2018, environ 70% des élèves français se déclaraient "en général satisfaits avec leur vie", un taux supérieur à la moyenne de l'OCDE.

      • Anxiété en mathématiques : Les élèves français se déclarent "plutôt plus anxieux face aux mathématiques". Notamment, un "écart plus grand avec la moyenne de l'OCDE" est observé sur l'item : "Je suis très tendu quand j'ai un devoir de mathématique à faire". Cela soulève la question de l'accompagnement socio-émotionnel des élèves pour gérer cette anxiété.

      • Harcèlement : En 2018, entre 5 et 10% des élèves français déclaraient être exposés "au moins plus d'une fois par mois" à un événement s'apparentant au harcèlement.

      En cumulant tous les types de harcèlement, 20% des élèves de 15 ans se disent concernés "au moins une fois par mois" par l'un de ces événements.

      La bonne nouvelle est que la France est "plutôt un petit peu en dessous de la moyenne de l'OCDE".

      III. Leviers politiques pour améliorer la situation : Le rôle des enseignants

      • L'importance des enseignants est soulignée par l'existence d'un "effet enseignant" fort : "un enseignant peut faire une énorme différence pour ses élèves".

      Cet effet est observé sur les performances académiques (plus marqué en mathématiques qu'en français, les maths étant "essentiellement un travail qui est fait en classe") et sur les compétences socio-émotionnelles.

      Comparé à d'autres interventions (comme la réduction de la taille des classes), "l'effet enseignant est plus fort".

      A. Politiques des systèmes éducatifs performants et équitables

      L'analyse des systèmes éducatifs considérés comme "meilleurs" (à la fois performants et équitables) révèle trois éléments communs concernant la profession enseignante :

      • Expérience pratique longue et obligatoire : Pendant la formation initiale des enseignants (au minimum un semestre, idéalement 1 à 2 ans), avec un tuteur.

      • Formations continues adaptées : Des formations qui "répondent à leurs besoins" spécifiques et à ceux de l'établissement.

      • Évaluation liée à la formation continue : Les mécanismes d'évaluation des enseignants sont "reliés à la formation continue" et aux propositions de développement professionnel.

      B. Variables liées à la réussite des élèves (études micro)

      Des travaux ont mis en évidence des corrélations fortes entre certaines variables concernant les enseignants et chefs d'établissement, et les performances cognitives et socio-émotionnelles des élèves :

      • Temps d'enseignement effectif : La part du temps de classe que les enseignants passent "réellement à enseigner" (et non à gérer la discipline ou l'administratif) est "très fortement lié au réussit à la réussite des élèves".

      • Temps de correction des copies : Le temps de travail passé par les enseignants à corriger les copies est "très positivement relié à la réussite des élèves", car cela permet d'évaluer les besoins, identifier les difficultés, et adapter les pratiques et les retours aux élèves.

      • Implication extrascolaire : L'implication des enseignants dans les activités extrascolaires est "très bénéfique pour les compétences socio-émotionnelles".

      • Satisfaction au travail : La satisfaction des enseignants avec leur environnement de travail est cruciale : "un enseignant qui est heureux là où il est il il arrive davantage à transmettre aux élèves".

      • Pratiques pédagogiques d'activation cognitive : L'usage de pratiques pédagogiques qui placent "l'élève au centre de l'enseignement" (plutôt que de recevoir passivement).

      • Autonomie des établissements : L'autonomie donnée aux établissements pour le recrutement et la gestion des enseignants est un "élément positif pour la réussite des élèves".

      IV. Recommandations en matière de politique éducative et enseignante

      Pour avoir un corps enseignant de qualité et améliorer le système éducatif, plusieurs recommandations sont formulées :

      • Choix politiques délibérés et évaluation : La qualité du corps enseignant est le "résultat de choix de de choix politique délibéré et qui sont soigneusement mis en œuvre dans le temps", avec des "dispositifs d'évaluation" pour mesurer les effets des interventions.

      • Développement professionnel continu des enseignants : Les enseignants doivent "devenir des apprenants permanents, des professionnels curieux".

      • Promotion de la profession enseignante : Il faut "promouvoir la profession enseignante en tant que telle", en soulignant l'aspect "stimulant sur le plan intellectuel" et en offrant des "évolution de carrière".

      • Développement des compétences socio-émotionnelles : C'est un "levier pour améliorer le bien-être et la réussite de tous les élèves" (mention des cours d'empathie proposés par le ministre comme allant "plutôt dans le bon sens").

      • Assurer l'accès à des enseignants de qualité pour les élèves défavorisés : Les problèmes de discipline, qui "empêchent l'enseignement", sont "davantage présents dans les établissements défavorisés". Il est donc essentiel que ces élèves aient "aussi accès à des enseignants de qualité".

      • Autonomie des établissements : Les efforts récents en France pour accorder plus d'autonomie aux établissements sont à saluer, car cela ne va pas "nécessairement de paire avec de plus grandes inégalités de réussite".

      • Attractivité du métier : Au-delà du salaire, il faut valoriser l'attractivité du métier en offrant des perspectives de carrière et en reconnaissant le caractère intellectuellement stimulant de la profession.

      • Promouvoir la collaboration entre enseignants : Les enseignants français sont "assez solitaires", "très nombreux à dire qu'ils ne collaborent pas avec leurs collègues", qu'ils "ne co-enseignent pas", et qu'ils ne "viennent pas s'observer les uns les autres en salle de classe pour se faire des retours".

      Cette absence de dialogue et d'échange est un "manque cruel" qui prive la profession de la "richesse" de la collaboration.

      • Rôle clé des chefs d'établissement : Les chefs d'établissement peuvent jouer un "rôle clé dans la transformation du métier d'enseignant".

      En conclusion, si la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE en termes de performances cognitives, elle est confrontée à une tendance à la baisse en mathématiques et à de fortes inégalités sociales.

      L'amélioration de la situation passe par une valorisation et un soutien accru aux enseignants, une promotion active des compétences socio-émotionnelles et une transformation des pratiques professionnelles vers plus de collaboration et d'autonomie au niveau des établissements.

    1. Briefing sur la production et la consommation des repas en cantine scolaire

      Ce briefing examine en détail le processus de préparation, de distribution et de consommation des repas dans les cantines scolaires françaises, en se basant sur l'exemple de la cuisine centrale d'Antony.

      Il met en lumière les défis industriels, les contraintes sanitaires, les efforts pour promouvoir une alimentation équilibrée et la réalité du gaspillage alimentaire.

      1. La complexité de la production industrielle

      La préparation des repas pour les cantines scolaires est une opération logistique et industrielle de grande envergure, impliquant de nombreux acteurs et processus.

      A. La cuisine centrale : une véritable usine alimentaire

      • Capacité de production massive : La cuisine centrale d'Antony, employée par une entreprise de restauration collective, prépare 1,3 million de repas par an pour 42 écoles. Un seul plat comme le bœuf bourguignon représente 800 kg de viande pour 5500 enfants.
      • Contraintes sanitaires strictes : L'ingestion de bactéries telles que la salmonelle ou le staphylocoque entraîne une centaine d'intoxications alimentaires par an dans les écoles françaises. Pour prévenir cela, des mesures drastiques sont appliquées :
      • Décontamination : "Passer cette porte, la chasse aux bactéries est ouverte".
      • Contrôle de la chaîne du froid : Les livraisons, comme les 7200 yaourts, sont systématiquement contrôlées pour s'assurer que la température à cœur du produit ne dépasse pas 6 degrés. Au-delà, la marchandise est renvoyée.
      • Cellule de refroidissement : Cette machine est "impossible" de s'en passer. Elle réduit la température de 63°C à 10°C en moins de 2 heures pour freiner la prolifération bactérienne et étendre la durée de vie des produits à 5 jours. Les repas sont ensuite stockés entre 0 et 3 degrés.
      • Interdiction des œufs en coquille : Pour la pâtisserie, les œufs liquides sont utilisés car les œufs en coquille sont "interdits en centrale [car] c'est quand même plein de bactéries".
      • Optimisation des processus et des coûts :Surgelés et prédécoupés : Pour gagner du temps et réduire le besoin en main-d'œuvre, une grande partie des ingrédients, comme les garnitures aromatiques et les légumes (haricots verts, oignons, ail), sont surgelés et prédécoupés : "Tout le reste est surgelé... tout faire sur place demande beaucoup de temps et énormément de main d'œuvre".
      • Recettes adaptées : Les recettes sont conçues pour des productions de masse, utilisant par exemple de la margarine à la place du beurre (moins cher) et du chocolat en pistole (fond plus facilement).

      B. Des exigences de qualité variables et des coûts cachés

      • Exigences des municipalités : La mairie d'Antony exige des produits de qualité supérieure, tels que de la viande d'origine française ("50% plus cher que la viande européenne"), de la volaille Label Rouge et un produit bio par jour. Le prix payé par la mairie est de 8,95€ par repas, "plus que la moyenne nationale".
      • Secret industriel : Le prix de revient d'un repas pour l'entreprise de restauration collective reste un "secret industriel".
      • Réglementation des apports nutritionnels : Pour lutter contre l'obésité, les apports protéiques quotidiens sont réglementés (80g pour un élève de primaire, 60g en maternelle).

      2. L'innovation au service de l'équilibre alimentaire (et de la ruse)

      Face à la réticence des enfants envers certains aliments, les entreprises de restauration collective développent des stratégies innovantes pour masquer les légumes et les fruits.

      A. "Monsieur Innovation" et les recettes "mystères"

      • Disguiser les légumes : Un "Monsieur innovation", ancien pâtissier, est chargé d'intégrer des légumes dans des plats appréciés des enfants. L'exemple le plus frappant est le "cake mystère" au chocolat : "si le cake s'appelle mystère c'est parce qu'il y a un ingrédient surprise : de la courgette noyée dans le chocolat". L'idée est de le dire "en fin de repas : vous avez mangé la courgette".
      • Jouer sur les noms : La "brunoise de légumes agrémentée d'un crumble aux épices" est rebaptisée "crumble du jardin" car "si je dis brunoise de légumes avec un crumble, l'enfant quand il va entendre brunoise de légumes, ça va être compliqué. Moi j'ai pris un nom un peu plus poétique, j'ai mis crumble du jardin".
      • Adapter les classiques : Les pizzas peuvent être garnies de "poivrons", la "terreur des enfants", mais sous une forme attractive.
      • Intégrer les fruits : Un challenge est de faire manger des fruits aux enfants, qui ont une "certaine réticence aux fruits entiers", en les intégrant dans des gâteaux comme le cake à la mirabelle.

      B. Les enfants, juges ultimes des recettes

      • Tests de validation : Des recettes sont testées auprès d'enfants dans une cantine scolaire. Si "70% des testeurs valident une recette, elle sera distribuée 6 mois plus tard dans les écoles à environ 1 million d'enfants".
      • Verdict mitigé : Le "crumble du jardin" est un échec ("sans appel") et le cake mirabelle aussi ("décidément les fruits ont du mal à passer"). En revanche, la pizza végétale avec les poivrons est "validée".

      3. La réalité de la distribution et du gaspillage alimentaire

      Malgré les efforts de production et d'innovation, la consommation des repas en cantine est confrontée à des défis logistiques et comportementaux, entraînant un gaspillage significatif.

      A. La gestion des effectifs et l'imprévisibilité

      • Prévisions complexes : Lucy, responsable de la logistique, doit prévoir le nombre de repas à servir, un véritable casse-tête influencé par des facteurs imprévisibles comme les épidémies de grippe, les veilles de vacances, ou même la météo.
      • Flexibilité des parents : Dans cette ville, les parents peuvent décider le matin même si leur enfant déjeune ou non à la cantine, ce qui rend les prévisions d'autant plus difficiles.
      • Pertes financières : Lors d'une journée pédagogique, 200 repas sont perdus, représentant "1500€ de manque à gagner pour le groupe de restauration collective". Ces repas "vont à la poubelle".

      B. Le moment du repas : entre incitation et frustration

      • Personnel limité : Dans les écoles, le personnel est réduit (trois employées pour servir 152 repas).
      • Rôle des animateurs : Les animateurs, comme Tatiana, ont pour rôle de s'assurer que les enfants "mangent bien équilibrés", mais leur "marge de manœuvre est assez limitée".
      • Goûter, mais sans forcer : L'obligation n'est pas de "tout manger", mais de "goûter un tout petit peu". "On peut pas non plus les forcer à manger les enfants, mais faut juste qu'ils goûtent, ça, le plus important".
      • Succès et échecs à table : Les carottes bio et les haricots verts surgelés ont "visiblement pas beaucoup de succès". Le cake mystère, en revanche, s'en sort "plutôt bien", son ingrédient secret n'ayant pas été démasqué, bien que certains enfants puissent deviner ou ne pas apprécier la courgette une fois révélée.

      C. Le gaspillage, une douloureuse réalité

      • Assiettes à peine entamées : Les employés "jettent des assiettes à peine entamées", ce qui leur "fait mal".
      • Le "baromètre" de la poubelle : Le niveau de gaspillage est un indicateur de la qualité du repas. "Moyen moins et du BFI moyen cela sous-entend qu'on en a jeté la moitié".
      • Chiffres alarmants : Selon des études, une école de 500 élèves jette "150 kg de nourriture par jour". Pour la cantine d'Antony, sur 152 repas servis, "entre 100 et 120 kg ont été jetés à la poubelle", soulignant l'ampleur du problème.
      • En conclusion, la restauration scolaire est un système complexe, régi par des normes strictes et des objectifs ambitieux d'équilibre nutritionnel. Si l'industrialisation permet de servir un grand nombre d'enfants, elle se heurte à la réalité des goûts des enfants et à des défis logistiques qui mènent à un gaspillage alimentaire conséquent, malgré les efforts et les innovations mises en place.
    1. Dossier d'information : Le renouveau du village d'Oxelaëre

      Ce document présente une analyse des initiatives menées dans le village d'Oxelaëre, en Flandre française, pour revitaliser sa vie locale et attirer de nouveaux habitants, en se basant sur les informations fournies par la source "Ce restaurant accueille chaque jour tous les écoliers du village | 750GTV".

      Thèmes principaux :

      • Redynamisation économique et sociale par le commerce local
      • Rôle central du maire et de la municipalité dans le développement local
      • Approche innovante des services publics (cantine, logement)
      • Valorisation du patrimoine et de la culture flamande
      • Attraction de la population et cohésion sociale

      Idées et Faits Importants :

      1. Redynamisation économique et sociale par le commerce local : Le restaurant "Au Pied du Mont" et la boulangerie.

      • Le restaurant "Au Pied du Mont" est un pilier de la renaissance du village.
      • Contexte : Oxelaëre, un village de 500 habitants, avait vu son dernier commerce fermer 25 ans avant l'ouverture du restaurant.
      • Création : En 2017, la commune a racheté une bâtisse désaffectée pour 1 million d'euros (200 000 € financés par la mairie, le reste par la région et le département) pour en faire un restaurant.
      • Gestion : Il est géré par un couple de locataires, Audile et Michel Montvoisin, qui paient un loyer défiant toute concurrence (800 €/mois pour 400 m², soit moitié moins que les prix du marché).
      • Offre : C'est un "estaminet" typique du Nord, proposant une "alimentation très locale", "régional", avec des plats entre 15 et 20 € (ex: "os à moile", "flamiche au Maroilles", "rognons de veau et cervelle de porc"). Michel Montvoisin est un "ardent défenseur de la gastronomie locale". Le restaurant sert même une bière brassée exclusivement pour lui.
      • Impact : Le restaurant "affiche régulièrement complet" et a permis au village de "revivre".
      • La nouvelle boulangerie de Renault Vesken :
      • Contexte : Renault Vesken tenait déjà la boulangerie du village et a investi plus de 300 000 € pour racheter et rénover une ancienne salle de réception, à 300 mètres de son ancien commerce.
      • Développement : Cette acquisition lui a permis d'embaucher 10 employés (5 de plus) et d'élargir considérablement son offre.
      • Soutien municipal : Bien que la commune n'ait pas investi financièrement, le maire a "assisté le boulanger dans toutes ses démarches", notamment pour les dossiers de subventions. Pour le maire, "on ne peut pas imaginer le village d'Oxelaëre sans le fournil d'[illegible]".

      2. Rôle central du maire et de la municipalité dans le développement local : Stéphane Diezard.

      • Un maire "pure souche" : Stéphane Diezard, 53 ans, éleveur de vaches laitières, est "né dans [sa] commune à Oxelaëre" et la connaît "sur le bout des doigts". Il est maire depuis 15 ans et perçoit une indemnité de 523 € par mois pour 25 heures de travail hebdomadaire à la mairie, en plus de son activité agricole.
      • Vision : Depuis son élection, il n'a "qu'une idée en tête : faire revivre son village".
      • Actions concrètes : Il est à l'initiative du rachat et de la transformation de la bâtisse en restaurant. Il démarche lui-même les restaurateurs et les aide dans leurs projets.

      3. Approche innovante des services publics (cantine, logement, santé) :

      • Cantine scolaire au restaurant :
      • Problématique initiale : Les 18 élèves de CM1 et CM2 du village mangeaient auparavant dans le gymnase de l'école.
      • Solution innovante : Le maire a imposé comme condition aux restaurateurs d'accueillir quatre fois par semaine les écoliers.
      • Fonctionnement : Les repas sont bio, les aliments proviennent de fournisseurs locaux. Les familles paient 3 € par repas, et la mairie paie 7 € par repas aux restaurateurs, ce qui représente "18 000 € de chiffre d'affaires en plus chaque année" pour le restaurant.
      • Bénéfices : Économiquement, la commune s'y "retrouve". Moins de gaspillage alimentaire qu'avec les repas sous vide. Les enfants "mangent local" et cela fait partie de leur "éducation".
      • Contrainte pour les enfants : Ils doivent débarrasser, "comme à la maison".
      • Logement municipal à loyer modéré :
      • Initiative : La mairie a aménagé un duplex de 90 m² à l'étage de la mairie, auparavant dédié aux archives.
      • Objectif : "Diminuer nos charges et faire vivre notre commune". "Faire l'accueil d'une belle famille".
      • Attractivité : Loyer de 500 € par mois, "30 % en dessous du prix du marché", ce n'est pas une HLM mais "une belle affaire".
      • Résultat : Une famille s'y est installée en 2012, contribuant à la vie du village.
      • Projet de maison de santé :
      • Problématique : "Aucun médecin ne s'est jamais installé" à Oxelaëre.
      • Solution : Un chantier de 2 millions d'euros est prévu pour 2025, financé à 70 % par des aides publiques.
      • Particularité : Le projet prévoit un appartement pour accueillir des internes en médecine, afin de "garder notre population pour les années à venir et surtout nos jeunes" et permettre aux "aînés de rester le plus longtemps possible chez eux".

      4. Valorisation du patrimoine et de la culture flamande :

      • Gastronomie locale : Le restaurant met en avant des "produits traditionnels flamands", des plats "régionaux". La bière du restaurant est "faite exclusivement pour le restaurant" avec une "touche personnelle".
      • Jeux Olympiques Flamands : Oxelaëre a organisé ses propres Jeux Olympiques flamands, un an avant ceux de Paris.
      • Objectif : Attirer les gens, notamment ceux qui "souffrent beaucoup" et ne sortent pas.
      • Succès : L'événement a attiré 2 000 personnes en 4 jours, soit "quatre fois la population totale du village". La participation aux activités coûte 10 €, destiné à rembourser les 5 000 € avancés par la commune.

      5. Attraction de la population et cohésion sociale :

      • Croissance démographique : Alors que la population des communes voisines stagne, Oxelaëre gagne des habitants, avec une augmentation de "plus 13 % en 15 ans".
      • Accueil et intégration : Les initiatives comme le logement municipal et l'implication du maire contribuent à attirer et intégrer de nouvelles familles.
      • Création de liens : Le restaurant, la boulangerie et les événements comme les Jeux Olympiques flamands sont des lieux de rencontre et de "cohésion sociale". Le maire insiste sur l'importance de "faire vivre [le] village et [la] région maximum" et de faire en sorte que "le client il se régale et puis que à la fin au final il reparte avec le sourire".

      Conclusion :

      Le cas d'Oxelaëre est un exemple marquant de la manière dont une volonté politique forte, incarnée par un maire profondément attaché à sa commune, peut, grâce à des initiatives innovantes et une valorisation des ressources locales (gastronomie, culture), revitaliser un village, attirer de nouveaux habitants et améliorer la qualité de vie de ses résidents.

      La synergie entre les services publics repensés (cantine, logement, santé) et le soutien aux commerces de proximité est au cœur de cette réussite.

    1. Briefing : La Restauration Scolaire en Seine-Saint-Denis – Enjeux et Défis

      Ce document explore les défis et les initiatives autour de la restauration scolaire, particulièrement en Seine-Saint-Denis, à travers le prisme du Cesco, une régie publique qui nourrit 43 000 élèves par jour dans 19 communes.

      Les sources mettent en lumière les contraintes budgétaires, les normes nutritionnelles, la transition vers des pratiques plus durables (bio, moins de plastique) et la réalité de la consommation par les enfants.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      Le Contexte de la Restauration Collective de Masse :

      • Production quasi-industrielle : Le Cesco produit des repas à grande échelle, avec des plats qui ne sont pas cuisinés sur place mais arrivent en barquettes plastiques jetables et sont simplement réchauffés dans les écoles. "ni les grainées végétales ni le chou-fleur n'ont été cuisiné sur place les repas sont arrivés dans ces barquettes en plastique jetable qu'il suffit de réchauffer et hop c'est prêt".
      • Dépendance aux fournisseurs : La logistique est complexe, nécessitant l'achat de gros volumes (ex: "272 sacs de semoule", "10 tonnes de riz, d'huile d'olive") et une gestion précise des livraisons. Tout retard ou manquement peut avoir des répercussions majeures, comme l'absence de 150 kg de bœuf qui représente "1800 repas d'enfants".

      Contraintes Budgétaires et Équilibre Alimentaire :

      • Coût des matières premières : Le prix moyen des matières premières par plateau doit être inférieur à 2 €. Les diététiciennes doivent jongler pour proposer des menus variés tout en respectant ce budget strict. Un plat avec du poisson frais et des céréales, par exemple, est jugé "onéreux" et coûte "2,60 € en coût d'entrée alors qu'on est sur un prévisionnel plutôt de de 1,90 €".
      • Équilibre nutritionnel légal : La loi impose des normes strictes, comme "quatre poissons, huit fruits frais, dix crudités chaque mois". En Seine-Saint-Denis, département "le plus pauvre de France métropolitaine", l'équilibre alimentaire est crucial, car le repas à la cantine peut être "le seul repas équilibré de la journée" pour certains enfants.
      • Compromis sur les ingrédients : Pour maintenir les coûts, il est souvent nécessaire de remplacer des ingrédients coûteux (ex: "la garniture qui coûte un petit peu cher on peut peut-être la retravailler la modifier par une garniture que les enfants consomment bien qui coûterait peut-être un peu moins cher on peut revenir tout simplement sur un riz"). L'utilisation de produits surgelés comme le chou-fleur bio est une solution pour gérer les volumes malgré le manque d'espace et de personnel pour le frais.

      La Transition vers le Bio, la Qualité et la Fin du Plastique :

      • Nouvelles exigences légales : La loi impose "plus de bio et moins d'emballage plastique", avec un objectif de "fin du plastique à la cantine en 2025" et des exigences annuelles croissantes en produits de qualité labellisés et en circuit court.
      • Impact financier de la transition : Cette transition a un coût exorbitant. Le remplacement des barquettes plastiques par des contenants réutilisables (inox ou verre) coûterait "5 millions d'euros" pour l'acquisition et nécessiterait "une nouvelle cuisine", "une laverie" et des "camions supplémentaires". Le surcoût budgétaire annuel pour une commune peut atteindre "180 000 €", ce qui est "très très très très conséquent" pour les municipalités déjà modestes.
      • Difficultés d'approvisionnement local : Trouver des fournisseurs locaux capables de répondre aux volumes demandés tout en respectant les critères de qualité est un défi majeur. Un producteur de yaourt bio artisanal, malgré des prix deux fois plus élevés que l'industrie, était le "seul producteur local capable de répondre à des critères de qualité draconien" pour un appel d'offres.

      Enjeux Sanitaires liés au Plastique :

      • Problèmes de réchauffage : Les barquettes plastiques, réchauffées à "130°" pendant "45 minutes", se "gondolent". L'Agence Nationale Indépendante (ANSES) signale que "des molécules de plastique se mélangeraient alors avec la nourriture", avec des conséquences potentielles comme la "puberté précoce et des cancers infantiles" (perturbateurs endocriniens).
      • Préoccupation des parents : Des parents, comme Sabrina, sont très préoccupés par l'exposition de leurs enfants aux perturbateurs endocriniens via le réchauffage dans le plastique, surtout après avoir fait des efforts pour une éducation sans produits industriels : "quand on a fait tout ça et qu'après vos enfants ils mangent à la cantine on leur réchau leurs repas dans des dans des barquettes en plastique qui diffusent forcément des perturbateurs endocrinien ça pose question quoi".

      Le Gaspillage Alimentaire et la Réticence des Enfants :

      • Statistiques alarmantes : Un tiers de la nourriture servie en restauration scolaire en France finit à la poubelle. Dans l'école de La Courneuve, le jour du tournage, "50% de gâchis" pour le chou-fleur et "45% de la quantité servie" pour le plat végétarien ont été constatés. "25 kg de nourriture perdue" pour 150 élèves.
      • Refus des légumes : Les enfants montrent une forte aversion pour les légumes. Un enfant affirme être "allergique aux légumes", un autre ne veut pas "goûter" le chou-fleur. Les plats préférés évoqués sont "les frites", "des hamburgers", "des pâtes".
      • Problèmes de goût : La "liaison froide", qui permet de conserver les plats jusqu'à 5 jours, altère le goût : "on sait que deux jours après ça aura pas le même goût que quand on va le produire". De plus, les légumes sont "souvent baignés dans de la sauce" à cause du transport, ce qui est "gustativement... pas génial" pour les enfants.
      • Implication des enfants : Des initiatives sont mises en place pour réduire le gaspillage et améliorer l'acceptation des plats, comme impliquer les enfants dans la dégustation et le vote des menus. Cependant, même un plat validé par les enfants (compotée de butternut) peut finir à "50% du plat a fini à la poubelle" lors du service réel.

      Vers une Cuisine Plus Traditionnelle :

      • Le rôle du chef : Daniel, le chef cuisinier du Cesco, avec une formation gastronomique, a été recruté pour "trouver des alternatives aux produits ultra transformés industriels et revenir à une cuisine plus traditionnelle". Il met en place des bouillons de légumes "comme à la maison", remplaçant les poudres "principalement du sel qu'on payait au prix de la viande".
      • Limites de la cuisine sur place : Malgré les efforts du chef pour une cuisine plus "maison", l'échelle de production et les contraintes logistiques empêchent une cuisine entièrement fraîche et traditionnelle. "Pour servir 43000 repas il lui faudrait 6 tonnes de choufleur frais entier la place ni le personnel pour s'en occuper". Les cantinières travaillent souvent seules, avec un simple four pour réchauffer.

      Conclusion :

      La restauration scolaire est à un carrefour entre les impératifs de santé publique, les exigences environnementales, les contraintes budgétaires et la réalité du goût des enfants.

      La transition vers des repas plus sains, bio et sans plastique est une nécessité imposée par la loi et plébiscitée par les parents, mais elle se heurte à des obstacles financiers et logistiques colossaux, particulièrement dans les zones défavorisées.

      L'innovation dans les méthodes de cuisine (retour au "fait maison") et l'implication des enfants sont des pistes prometteuses, mais la réduction du gaspillage et la rééducation du goût des enfants aux légumes restent des défis majeurs à relever pour que les repas de cantine remplissent pleinement leur rôle nutritionnel et éducatif.

    1. Analyse Détaillée des Repas en Cantine Scolaire et d'Entreprise : Enjeux et Perspectives

      Ce documentaire analyse les défis et les innovations liés à la production et la distribution des repas en cantine scolaire et d'entreprise en France, en s'appuyant sur des extraits de l'émission "Cantines scolaires : ce que pensent vraiment nos enfants de ces repas | 750GTV".

      Il met en lumière les pressions financières, les contraintes réglementaires, les préoccupations sanitaires, les efforts pour réduire le gaspillage et l'évolution des attentes des consommateurs.

      1. La Crise des Cantines Scolaires : Augmentation des Coûts et Impact sur les Familles

      L'inflation actuelle, notamment l'explosion du coût des denrées alimentaires et de l'énergie, pèse lourdement sur les budgets des cantines scolaires et des ménages.

      1.1. L'Augmentation des Tarifs : Un Fardeau pour les Parents

      • Impact Financier Direct : Des familles comme celle de Mélodie et Éric voient le prix du repas passer de 4,50 € à 7 €, soit une augmentation de 2,50 € par repas. Pour leurs deux enfants, cela représente "126 € 80" par mois, soit "1200 €" supplémentaires par an.
      • Répercussions sur le Budget Familial : Cette hausse force les parents à "restreindre" leurs activités familiales. Mélodie et Éric déclarent : "on ira pas au Center Park où on ira mais on ira avec nos sandwichs". Vanessa, mère célibataire, a vu ses dépenses augmenter en cascade (carburant, gaz, électricité, alimentation) et l'augmentation de 50 centimes par repas à la cantine a été "la goutte d'eau qui l'a amené à prendre une décision radicale".
      • Stratégies d'Économie des Familles : Face à l'augmentation, certains parents retirent leurs enfants de la cantine pour les faire manger à la maison. Vanessa prépare des repas à moins de 2 € par enfant, contre 5 € à la cantine, réalisant un gain de "30-32 € en fait par mois", soit "320 €" sur 10 mois.
      • Boycott en Vue : Certains parents envisagent de "boycotter la cantine pendant une semaine pour que la mairie prenne en charge sur son budget une partie de la hausse des tarifs".

      1.2. Les Collectivités Locales sous Pression

      • Coût Réel d'un Repas : Un repas de cantine coûte environ "14 €" si l'on inclut les coûts de production, le transport et le personnel encadrant.
      • Défi pour les Communes : Les collectivités doivent faire face à un "casse-tête financier" et cherchent "par tous les moyens à faire des économies". Le budget de la cuisine centrale de Fontenay-sous-Bois est déficitaire de "3,46 %", la première année où il "va dépasser le budget alimentaire de la Caisse des écoles".
      • Choix Difficiles pour les Maires : Le maire de Fontenay-sous-Bois, Jean-Philippe Gautier, se retrouve face à deux options : "Est-ce qu'on augmente les tarifs ? Euh, est-ce qu'on augmente les impôts ?". Il souligne que "si l'inflation est galopante c'est économiquement en terme de gestion impossible à tenir pour personne". Pour l'année scolaire en cours, il a décidé de ne pas augmenter les tarifs.
        1. Les Enjeux de la Production en Cantine Scolaire : Entre Contraintes et Innovations
      • La production des repas en cantine scolaire est un exercice d'équilibriste entre respect des normes, contraintes budgétaires et efforts pour améliorer la qualité.

      2.1. L'Explosion des Prix des Matières Premières

      • Rationnement et Nouveaux Produits de Luxe : Samir, responsable des stocks, constate que "Certains produits sont devenus très chers et très rares". Il donne l'exemple de la moutarde dont le prix est passé de "5 € le seau" à "15 €". L'huile de tournesol, un "nouveau produit de luxe", est passée de "7,48 € le bidon" à "16 €", "quasi deux fois plus". Samir doit rationner ces denrées.
      • Impact sur la Variété des Menus : Pour compenser, certains aliments sont retirés de l'assiette des enfants. Le "gigot d'agneau à 18 € le kilo" est remplacé par le jambon, "deux fois moins cher".

      2.2. Respect des Normes Nutritionnelles et Légales

      • Obligations Légales : Aurélie, la nutritionniste, veille à ce que les menus contiennent "au moins quatre poissons, huit viandes, 10 fruits et 10 légumes" par mois, une "obligation légale". Les diététiciennes Laura et Magalie du CESCO doivent également respecter ces normes, tout en maintenant un coût moyen des matières premières "inférieur à 2 €".
      • Lutte contre l'Obésité : Les apports protidiques quotidiens sont réglementés : "80 g pour un élève de primaire, 60 ans en maternel".

      2.3. La Complexité de la Gestion des Stocks et du Gaspillage

      • Prévisions Incertaines : Claude, alias "monsieur Chiffre", est obsédé par la question : "Combien d'enfants vont manger à la cantine ?". Chaque matin, il doit ajuster ses prévisions, mais les rectifications peuvent entraîner des "pertes".
      • Gaspillage Alimentaire Important : Des repas entiers peuvent finir à la poubelle faute de pouvoir être récupérés pour des raisons sanitaires. Lors d'une "journée pédagogique", 242 repas ont été perdus, soit "1500 € de manque à gagner".
      • Chiffres Alarmants : Selon des études, "une école de 500 élèves gaspille 100 kg de nourriture par jour". Lors d'un service avec seulement 152 élèves, "entre 100 et 120 kg ont été jetés à la poubelle".
      • Causes du Gaspillage : Le chou-fleur, par exemple, a un taux de gâchis de "50 %", et le plat végétarien de "45 %". Les enfants n'apprécient pas certains légumes, souvent "baignés dans de la sauce à cause de la liaison froide", ce qui altère le goût.
      • Solution : la Chasse au Gaspillage : Le CESCO estime qu'en ajustant les quantités, il y aurait "une trentaine de centimes par repas à gagner".

      2.4. La Qualité des Repas et l'Industrialisation

      • Cuisines Centrales : De nombreuses cantines, notamment dans les écoles, ne font que réchauffer et portionner des plats préparés dans des cuisines centrales. Le bœuf bourguignon et le cake courgette chocolat de l'école Pasquier d'Antony sont préparés "quelques jours" avant et livrés la veille.
      • Procédés Industriels : Pour produire "43 000 élèves par jour dans 19 communes", le CESCO utilise une production "quasi industrielle". Le chef cuisinier Daniel décrit : "Avant que j'arrive on prenait de l'eau on mettait de la poudre et on obtenait des sauces qui avaient le goût de la poudre". Désormais, il essaie de revenir à une cuisine plus "comme à la maison".
      • Liaison Froide : Les plats subissent un refroidissement express pour être conservés "jusqu'à 5 jours". Cependant, il y a une "perte de goût" avec ce procédé.
      • Contenants Plastiques et Risques Sanitaires : Le réchauffage des barquettes en plastique jetables dans le four fait "gondoler" les contenants.

      Selon l'ANSES, "des molécules de plastique se mélangeraient alors avec la nourriture", ce qui pourrait être "responsable de pubertés précoces et de cancers infantiles".

      Sabrina, une mère, exprime son inquiétude : "on empoisonne ses enfants à long terme".

      2.5. Les Efforts pour l'Amélioration de la Qualité

      • Loi de 2025 : Fin du Plastique et Plus de Bio : La loi impose "la fin du plastique à la cantine en 2025" et de "nouvelles contraintes" : "chaque année plus de bio, de produits de qualité labellisés et de circuits courts".
      • Recherche de Fournisseurs Locaux : Le CESCO cherche de nouveaux fournisseurs, comme Hotman Berou, producteur de yaourt bio artisanal. Il est le "seul producteur local capable de répondre à des critères de qualité draconiens". Cependant, ses yaourts sont "deux fois plus cher que l'industrie agroalimentaire".
      • Coûts de la Transition : Le passage au bio et à l'élimination du plastique représente un coût énorme. Le directeur de la régie du CESCO estime que les contenants réutilisables seuls représenteraient "5 millions d'euros" pour 100 000 pièces.

      Cela nécessiterait "une nouvelle cuisine", une laverie et des camions supplémentaires. Il demande aux mairies "180 000 € par an en fonctionnement" en plus.

      • Implication des Enfants dans le Choix des Menus : Des chefs tentent de faire valider de nouvelles recettes par des groupes d'enfants. Si "70 % des testeurs valident une recette elle sera distribuée 6 mois plus tard dans les écoles à environ 1 million d'enfants". L'objectif est de leur faire manger des légumes, parfois en les "cachant" (comme la courgette dans le cake mystère).

      3. Les Cantines d'Entreprise : Un Modèle en Évolution Les cantines d'entreprise connaissent également une transformation, s'adaptant aux nouvelles exigences des salariés.

      3.1. Attentes Élevées des Salariés

      Qualité et Équilibre : "Fini les plats industriels et bas de gamme avaler sur le pouce ils veulent prendre le temps de manger sain et équilibré". Les salariés sont "de plus en plus exigeants".

      Expérience Culinaire : Le groupe Accord propose plus d'une "dizaine de stands" avec des plats variés (Asian, burger, Méditerranée, paella, poisson, végétarien, rôti de sanglier, plateau de fromage avec truffe). Les assiettes et desserts sont dressés "devant le client à la commande", donnant l'impression d'un "vrai restaurant en mode cafétéria".

      Prix Abordables : Un plateau coûte 11 €, mais le salarié ne paie que 6 €, le reste étant pris en charge par l'employeur.

      3.2. Innovations des Grands Groupes de Restauration Collective

      • Service et Logistique Optimisés : Le groupe Accord utilise une application qui indique la fréquentation en temps réel, permettant aux employés d'éviter les files d'attente.
      • Valorisation du Fait Maison et des Produits Locaux : Christophe, chef pour Elior, un leader de la restauration collective, met l'accent sur le "fait maison" et les produits frais. Il s'approvisionne chez des producteurs à moins de "200 km". Par exemple, les frites sont produites localement et livrées crues "sous vide", sans congélation, offrant une "fraîcheur extrême".

      • Créativité Culinaire : Les chefs comme Mathieu, pâtissier chez Elior, ont conservé leur créativité malgré le volume : "J'ai même apporter des recettes que je faisais dans des restaurants auquels je travaillais avant et que je propose aux clients ici et qui sont super contents".

      • Réduction du Gaspillage : Christophe vise des "pertes infimes" en commandant au plus juste et en ajustant les quantités en fonction de l'historique des ventes. "Moi je préfère produire moins Quitte à perdre du temps un petit peu en fin de service pour refaire et voilà on arrive au résultat où les pertes sont infimes".

      3.3. Un Cadre de Travail Amélioré

      • Lieu de Vie : Les grandes entreprises conçoivent leur siège comme des "start-up de la Silicone Valley", où la cantine est un "lieu design et confortable".
      • Bien-être des Salariés : Des espaces de détente avec WiFi, iPad, jeux et même des "fauteuils massants" pour la sieste sont mis à disposition. "une bonne sieste c'est bien 15 20 minutes il y a pas besoin de ce soit plus longtemps Je pense pas que ce soit abusé de faire 15 20 minutes de sieste dans une journée".
      • Restauration Haut de Gamme : Au 27ème étage de la tour Accord, un "restaurant gastronomique avec vue sur tout Paris" propose des menus à "32 € élaboré par des grands chefs", attirant les cadres pour leurs rendez-vous d'affaires.

      Conclusion

      • Le secteur de la restauration collective, qu'elle soit scolaire ou d'entreprise, est en pleine mutation.

      Confronté à des pressions économiques inédites, il doit jongler entre l'augmentation des coûts, les exigences réglementaires croissantes en matière de qualité et de durabilité (fin du plastique, plus de bio), et les attentes grandissantes des consommateurs.

      Si les cantines scolaires peinent à trouver l'équilibre financier et à réduire le gaspillage, les cantines d'entreprise semblent s'adapter plus rapidement, transformant le repas en un véritable service d'entreprise et un levier de bien-être au travail.

      Les innovations et les efforts pour une alimentation plus saine et locale sont palpables, mais leur généralisation dépendra en grande partie de la capacité des collectivités et des entreprises à investir dans ces transformations coûteuses, tout en protégeant le pouvoir d'achat des familles.

    1. Note de synthèse : Les rythmes de vie des enfants et des jeunes en France

      Introduction

      Cette note de synthèse s'appuie sur une session d'audition d'experts et de jeunes panélistes, organisée par le CE (Conseil d'Évaluation de l'école), abordant la question cruciale des rythmes de vie des enfants et des jeunes, notamment en lien avec leur santé mentale, leurs apprentissages et leur développement global.

      Les intervenants incluent * René Claris (Maître de conférence en psychologie, membre de l'ORTEJ), * Daniel Auverlot (Président du Conseil d'évaluation de l'école), * Bertrand Réo (Professeur au Cnam, coprésident de l'OVLEJ), * ainsi que les jeunes Alexandre et Louise, représentants d'un panel ayant travaillé sur la santé mentale des jeunes.

      1. La santé mentale des jeunes et l'impact des rythmes scolaires (Témoignages du panel de jeunes)

      Alexandre (12 ans) et Louise (17 ans) ont présenté les conclusions d'un panel de 20 jeunes tirés au sort (via des associations comme APF France Handicap ou UNICEF) ayant débattu de la santé mentale des jeunes.

      Ils ont identifié trois thématiques prioritaires d'obstacles à une bonne santé mentale :

      • L'environnement personnel
      • Le système scolaire
      • La discrimination et le jugement

      Concernant le système scolaire, ils soulignent son importance car l'école est le lieu où les enfants passent le plus de temps.

      Cependant, un chiffre frappant ressort : « 26 % des adolescents déclarent être souvent angoissés avant d'aller en classe. »

      L'école est perçue comme une source de stress due à la pression des professeurs, des parents et des adultes.

      Les applications scolaires (comme École Directe ou Pronote) empêchent la déconnexion et favorisent la comparaison des notes.

      Le constat le plus important pour les panélistes est celui des rythmes scolaires : « Le rythme à l'école est beaucoup trop important, les journées sont trop longues, la charge de travail semble insurmontable. »

      Ils se sentent « piégés » par l'accumulation d'évaluations et le manque de temps libre ou d'activités extrascolaires, menant à un « syndrome de grande fatigue ».

      Le stress qui en découle est un signe de dégradation de la santé mentale.

      Leurs propositions phares incluent :

      Adapter les emplois du temps en réduisant le temps de cours (par exemple, des cours de 45 minutes au lieu d'une heure) pour une meilleure concentration et un meilleur apprentissage.

      Mettre en place un processus délibératif et collégial entre les jeunes, les pouvoirs publics et l'Éducation Nationale pour cette adaptation.

      Placer les cours théoriques (mathématiques, français) le matin et les cours plus participatifs (artistiques, sport) l'après-midi.

      Améliorer la qualité des temps de pause avec de véritables « temps et espaces de repos aménagé et accessible pour toutes et tous. »

      Ils suggèrent de favoriser les activités sportives, de relaxation ou de méditation après les repas.

      Interrogés sur la charge de travail, Alexandre évoque « 4 heures de devoirs le weekend » au collège, tandis que Louise, au lycée, passait « au moins minimum 2 heures par jour » pour les révisions du bac, soulignant la disparité des temps de travail selon les individus.

      Concernant la difficulté de parler de santé mentale, ils ont constaté que le « jugement » et les « tabous » sont de grosses barrières.

      Ils préconisent la « formation autour de la santé mentale et plus en parler pour normaliser et banaliser le fait de s'éduquer et de s'informer autour de sa santé mentale. »

      Le rôle des parents est nuancé : certains accentuent le stress par la pression des notes, d'autres sont plus laxistes.

      La compétition scolaire (notes, classements Pronote) est reconnue comme néfaste, mais des solutions concrètes autres que la suppression des classements n'ont pas été explorées en détail par le panel.

      L'idée d'un tuteur a été jugée intéressante pour la solidarité mais dépendante de la pédagogie de l'adulte.

      Le dispositif "Devoirs faits" est perçu comme "superficiellement" mis en place et mal organisé.

      Le manque d'espaces sans adultes à l'école, où les jeunes pourraient se retrouver, a été souligné, renforçant l'idée d'espaces de repos inclusifs.

      2. Le regard scientifique sur les rythmes de l'enfant (René Claris)

      René Claris introduit les concepts de chronobiologie (étude des variations rythmiques des fonctions biologiques, ex: température corporelle, veille-sommeil) et de chronopsychologie (étude des rythmicité du comportement et des performances, ex: attention, mémoire).

      Il distingue les rythmes endogènes (propres à l'individu) des rythmes exogènes ou synchroniseurs (facteurs externes, sociaux, écologiques comme la lumière/obscurité, les impératifs horaires).

      Un point crucial est que « les rythmes des enfants sont non aménageables, contrairement aux aménagements du temps de l'école. »

      Les synchroniseurs sociaux peuvent alors jouer un rôle « d'entraînement ou d'altération » des rythmes biologiques et psychologiques.

      Les études scientifiques montrent :

      • Sur la journée : Les performances attentionnelles des CM1-CM2 sont moins bonnes avec une semaine de 4 jours qu'avec une semaine de 4 jours et demi (mercredi matin travaillé), elle-même moins performante qu'une semaine de 4 jours et demi (samedi matin travaillé).

      L'optimum d'attention se situe entre « 9h30 et 11h30 le matin ».

      L'après-midi, il faut éviter les tâches exigeantes avant 15h.

      Les moments moins favorables (tôt le matin, début d'après-midi) sont à réserver à des activités familières.

      La qualité et la durée de la pause méridienne sont essentielles pour la reprise de l'après-midi.

      Il faut ajuster les exigences à l'âge de l'enfant, le profil de référence se construisant entre 4 et 10 ans.

      L'analyse de la charge cognitive et émotionnelle des activités est importante.

      Contrairement aux idées reçues, les activités motrices suivent les mêmes variations que les tâches intellectuelles.

      • Sur la semaine : L'aménagement en 4 jours est le moins efficient, avec un déficit attentionnel en fin de semaine.

      La désynchronisation des longs weekends affecte la performance du lundi matin.

      Il faut « éviter la désynchronisation des longs weekends ainsi qu'une semaine scolaire sur 4 jours et préférer ainsi une organisation en 9 demi-journées. »

      Il est essentiel de favoriser la socialisation et l'accès aux activités culturelles et sportives.

      • Sur l'année : Un enfant ou adolescent a besoin de 2 à 4 jours (voire une semaine) pour ajuster son rythme veille-sommeil.

      Des vacances d'une semaine sont insuffisantes pour un réel repos car l'enfant n'a pas le temps d'oublier le rythme scolaire et de se resynchroniser.

      L'alternance de 7 semaines travaillées et 2 semaines de vacances est préconisée.

      Il faut aussi « donner la possibilité à l'enfant de ne rien faire, de faire autrement, de faire ailleurs » car ces temps sont nécessaires à son développement harmonieux.

      • Concernant les 2 semaines de vacances de la Toussaint, bien que la raison historique ait été la réduction des incidents scolaires,

      Claris souligne la vulnérabilité saisonnière des enfants en octobre-novembre et février. Il serait favorable à une 3ème semaine en décembre, en déplaçant une semaine de début juillet.

      Sur le consensus scientifique, il affirme qu'entre chronobiologistes et chronopsychologues, il existe un consensus international, mais que la mise en œuvre dépend des décideurs.

      3. Les constats du Conseil d'évaluation de l'école (Daniel Auverlot)

      Daniel Auverlot, en tant que président du Conseil d'évaluation de l'école, présente les constats issus de milliers de rapports d'évaluation d'établissements scolaires (écoles, collèges, lycées), réalisés sur 5 ans avec la participation des enseignants, parents et élèves.

      Il identifie trois thèmes récurrents et un thème peu abordé :

      Le débat 4 jours vs 4 jours et demi (pour le premier degré) n'est pas stabilisé :

      • 4 jours : Apprécié des enseignants pour le travail d'équipe.

      La coupure est favorable au repos des enfants. Mais l'après-midi est "très long", et l'heure d'activité pédagogique complémentaire (APC) est difficile à placer.

      • 4 jours et demi : Favorise une plus grande régularité dans les apprentissages.

      L'heure d'APC est plus productive. Mais les rapports soulignent une « plus grande fatigue des enfants à partir du jeudi » et une grande hétérogénéité dans la qualité des activités périscolaires.

      • La pause méridienne: C'est un sujet constant.

      La qualité des locaux (espace, bruit) est souvent pointée du doigt. Les enfants perçoivent des règles différentes entre enseignants et personnels communaux.

      La question est de savoir si ce temps favorise la concentration et la reprise de classe l'après-midi.

      • Le trajet de l'enfant : De la maison à l'école et inversement, il pose problème, notamment en milieu rural où les horaires de transport scolaire déterminent l'organisation de la journée, rendant difficile la mise en place d'aide aux devoirs.

      • Le thème peu abordé : La continuité éducative.

      La réforme des rythmes scolaires de 2013 visait à créer une logique entre temps scolaire, périscolaire et extrascolaire.

      Cependant, les rapports donnent l'impression d'un « temps segmenté avec de multiples acteurs et pas forcément coordonnés. »

      Daniel Auverlot liste ces acteurs : * le temps familial (écrans le soir, fatigue), * le temps de déplacement, * l'accueil périscolaire (qualité variable), * le temps scolaire (stress des enseignants), * la pause de midi, les activités périscolaires (hétérogénéité).

      Il souligne que « la semaine de 4 jours, c'est 140 jours de classe sur 365, c'est-à-dire qu'il leur en reste 215 où l'école n'est pas concernée. »

      Il mentionne l'intégration des services Jeunesse et Sport à l'Éducation Nationale comme un motif d'espoir pour une meilleure articulation, mais note que les acteurs ont encore tendance à ne pas se parler.

      4. Les inégalités d'accès aux loisirs et vacances (Bertrand Réo)

      Bertrand Réo met en lumière le fait que l'école représente « 32 % du temps disponible » de l'enfant. La question est : « Qu'est-ce qu'on fait en dehors de l'école ? »

      Les trajectoires sont multiples et les acteurs nombreux.

      Alors que les pratiques culturelles et sportives sont relativement documentées, la connaissance statistique sur les vacances des enfants est beaucoup plus faible.

      L'OVLEJ (Observatoire des Vacances et des Loisirs des enfants et des jeunes) a mené des enquêtes révélant des inégalités persistantes de départ en vacances :

      • 62 % des enfants partent en vacances, les autres ne partent pas.
      • 33 % n'ont bénéficié d'aucun séjour.
      • 57 % des non-départs s'expliquent par un manque de moyens financiers, mais aussi par une préférence à rester à la maison.
      • Les écarts sont « beaucoup plus grands lorsque l'on compare bien évidemment les foyers à haut revenu par rapport au foyers à bas revenu. »
      • Bertrand Réo mentionne le concept américain de « summer loss » (pertes d'apprentissage strictement scolaires durant les vacances d'été), où les écarts peuvent être cumulatifs, menant à « quasiment un ou 2 ans d'écart d'apprentissage » sur plusieurs années.

      En France, le débat est différent, se concentrant sur ce qu'apportent les vacances collectives, qui développent d'autres types d'apprentissages :

      « L'ouverture à l'autre, la notion de respect, le développement de l'entraide, l'autonomie, les compétences relationnelles. »

      Il appelle à penser le temps de l'enfant dans sa globalité, car il ne s'agit pas de silos séparés mais d'une « articulation des temps sociaux ».

      Conclusion générale

      Les intervenants convergent sur l'idée que les rythmes de vie des enfants en France sont trop souvent segmentés et désarticulés.

      Les jeunes panélistes expriment une surcharge et une fatigue liées aux rythmes scolaires actuels.

      Les scientifiques soulignent l'importance des rythmes biologiques de l'enfant, non négociables, et la nécessité d'adapter les aménagements du temps.

      Enfin, les observations du Conseil d'évaluation de l'école et de l'observatoire des vacances mettent en évidence les disparités et le manque de coordination entre * les différents temps de l'enfant (scolaire, péri-scolaire, extrascolaire, vacances) * et les acteurs impliqués, insistant sur la nécessité d'une réflexion globale et interdépendante pour le bien-être et le développement harmonieux des enfants et des jeunes.

      Le droit à ne rien faire et le temps libre sont également mis en avant comme des éléments essentiels pour leur développement.

    1. Note de synthèse : L'organisation des temps de l'enfant

      CCTE Session#1 - audition 2 : "Organisation des temps des enfants" https://www.youtube.com/watch?v=g35R5sCToQo

      Cette note de synthèse s'appuie sur les échanges de la session "Organisation des temps des enfants", mettant en lumière les perspectives d'Éric Charbonnier (analyste et expert en éducation à l'OCDE) et de Stéphanie Constant (maîtresse de conférence en psychologie du développement et de l'éducation).

      Elle aborde les thèmes cruciaux des rythmes de vie des enfants, de l'équilibre entre temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, et des enjeux liés à leur bien-être et à l'équité.

      Thèmes centraux et idées clés

      1. La définition et l'importance du temps de loisir pour l'enfant

      • Stéphanie Constant insiste sur la nécessité de redéfinir le loisir non pas comme un simple "hors scolaire", mais comme un "temps à soi" pour l'enfant, un temps "libéré des contraintes" scolaires et domestiques.

      Elle souligne que ce temps est souvent "organisé, planifié, bien rempli à l'avance par les adultes", ce qui limite la liberté et l'autonomie de l'enfant.

      • Le jeu comme apprentissage informel : Le jeu est présenté comme un vecteur essentiel d'apprentissages informels, où l'enfant construit son cadre, prend des décisions et des initiatives. "Quand les enfants jouent ou quand ils sont qu'ils font des activités on va dire de loisirs non structurés plus autonome c'est porteur d'énormément d'apprentissage informel en fait".
      • Les limites de l'approche éducative permanente : Une éducation permanente, même dans le temps de loisir, peut être "contreproductive justement pour le développement pour les apprentissages des enfants et bien sûr pour leur santé". Il est crucial de trouver un équilibre entre activités structurées (visant le développement de compétences spécifiques) et activités non structurées, plus libres.

      2. L'équilibre entre temps scolaire et périscolaire : Le cas français

      Éric Charbonnier et Stéphanie Constant abordent l'articulation complexe entre le temps scolaire et le temps périscolaire, en particulier en France.

      • La journée scolaire française : La France se distingue par "la journée d'école la plus longue de tous les pays de l'OCDE" pour les enfants de 3 à 11 ans. Cette intensité nécessite que le temps périscolaire serve à "recharger les batteries", "souffler", "s'amuser" et développer des compétences non travaillées à l'école.
      • Objectifs du système éducatif : Au-delà des fondamentaux (lire, compter, écrire), l'école doit permettre aux enfants de "développer tout un ensemble de compétences qui vont leur permettre de s'épanouir", comme la coopération, la confiance en soi, la motivation.
      • Le débat sur les 4 jours/4 jours et demi : Ce débat récurrent en France est jugé "spécifique" et souvent influencé par des "décisions des adultes sur l'intérêt des enfants", notamment le budget des municipalités.

      Bien que les études ne montrent pas de différences significatives en termes de résultats scolaires entre les deux systèmes, cela s'explique par un manque d'exploitation qualitative des matinées supplémentaires. "Ce n'est pas uniquement le nombre d'heures qui assure la réussite éducative". * Les devoirs à la maison : L'aide aux devoirs est jugée plus efficace pendant le temps scolaire et par les enseignants, afin de libérer le temps périscolaire pour des activités non scolaires.

      3. Les inégalités et les solutions innovantes

      La question des inégalités est transversale aux discussions, qu'il s'agisse de l'accès aux loisirs ou de la réussite scolaire.

      • Inégalités d'accès aux loisirs : Les dispositifs d'accueil extrascolaire sont souvent vécus comme "contraignants" par les enfants, qui n'y vont "rarement par choix". Les professionnels, malgré leurs intentions, tendent à privilégier les activités structurées dans une "perspective éducative", même pendant les vacances.
      • L'émancipation adolescente : À l'adolescence, on observe un désengagement des activités structurées (clubs sportifs, culturels) en raison de la "supervision adulte". Il est crucial de proposer des alternatives pour éviter l'isolement ou les pratiques à risque.
      • Dispositifs pour réduire les inégalités :La "boîte à jouer" (Playbox) : Un dispositif peu coûteux et peu utilisé, basé sur des objets de récupération, qui favorise l'imagination, dépasse les stéréotypes de genre et les catégories d'âge, encourage la mixité et la solidarité.
      • Les terrains d'aventure : Des espaces extérieurs en construction perpétuelle, souvent implantés dans des quartiers défavorisés, permettant aux enfants de bricoler, d'utiliser des outils et de développer une "pédagogie du risque". Ils sont accessibles et favorisent le lien social. "Les terrains d'aventure ça mériterait d'être plus connu et surtout d'être développé".
      • Le rôle des parents : Même une courte interaction (10-20 minutes) comme la lecture ou le jeu a un "impact considérable" sur le développement des enfants. Il est essentiel d'encourager les parents sans les culpabiliser, en valorisant diverses formes d'interactions.

      4. L'adaptation au changement climatique et les rythmes internationaux

      La discussion s'élargit aux défis environnementaux et aux comparaisons internationales des systèmes éducatifs.

      • Infrastructures scolaires : L'adaptation des temps de l'enfant au changement climatique implique de "repenser nos établissements et repenser comment on peut les moderniser", notamment face aux fortes chaleurs.
      • Comparaison des vacances scolaires : La France a plus de vacances scolaires que la moyenne de l'OCDE, mais ce sont surtout les "vacances intermédiaires" qui sont plus longues (8 semaines, un "record du monde" selon Éric Charbonnier), et non les vacances d'été.

      • Modèles éducatifs internationaux : Les pays modèles (Finlande, Estonie, Australie, Royaume-Uni) allient "qualité, équité sociale et bien-être".

      Ils se distinguent par des enseignants mieux préparés pédagogiquement, des classes moins chargées et des rythmes plus adaptés. Le programme scolaire ne doit pas "dicter les décisions" et le travail des personnels.

      • Santé mentale des jeunes : La santé mentale est une "préoccupation internationale" croissante, exacerbée par des événements comme la pandémie de COVID-19.

      Il est nécessaire de collecter davantage de données et de mettre en place des dispositifs pour améliorer le bien-être psychologique des jeunes.

      5. Recommandations et perspectives

      • Approche qualitative et budgétisation : Toute réforme des rythmes doit être pensée en termes de "qualité d'éducation" et être "budgétisée" pour éviter les retours en arrière.

      • Flexibilité et adaptation territoriale : Les rythmes doivent être flexibles et adaptés aux spécificités territoriales et saisonnières.

      • Remettre l'enfant au cœur : Les "pédagogies alternatives" qui placent l'enfant "au cœur des apprentissages" en respectant ses rythmes biologiques et son plaisir d'apprendre, comme les "écoles forestières", sont des pistes à explorer.

      • Continuité scolaire-loisirs : Développer la coordination entre les acteurs éducatifs (PEDT) et des initiatives simples comme les pédibus pour combattre les inégalités d'accès aux activités extrascolaires.

      • Expérimentation et évaluation : Les réformes devraient passer par des phases d'"expérimentation et d'évaluation" pour assurer leur pérennité et éviter les revirements politiques fréquents.

      Différencier les réflexions "en fonction des niveaux d'éducation et de l'âge des enfants" est également crucial.

      • En conclusion, la réflexion sur les temps de l'enfant en France est complexe et doit dépasser les seuls considérations horaires ou budgétaires pour se centrer sur le bien-être global, l'autonomie et l'équité des opportunités pour chaque enfant.
    1. Note d'information détaillée : Le bien-être et les droits des enfants

      CCTE Session#1 - audition 1 : "Bien-être et droits des enfants" https://www.youtube.com/watch?v=E0_tjkDN4Ug

      Ce document synthétise les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits marquants issus des extraits de la session d'audition "Bien-être et droits des enfants" de la Convention Citoyenne sur les Temps de l'Enfant (CCTE), ainsi que de l'intervention de la Ministre de l'Éducation Nationale.

      Il intègre des citations directes pour illustrer les points clés.

      Introduction et Cadre de la Convention

      • La Convention Citoyenne sur les Temps de l'Enfant (CCTE) est une initiative lancée par le Premier ministre, demandant au Conseil économique, social et environnemental (CE) de "structurer au mieux les temps de la vie quotidienne des enfants pour favoriser leurs apprentissages, leur développement et préserver leur santé" (Ministre Borne).

      Ce processus vise à engager les citoyens dans une réflexion sur un sujet à la fois "intime et de société", en complémentarité avec le Parlement, afin de faire émerger une "intelligence collective libérée des logiques partisanes" (Ministre Borne).

      Les discussions doivent se concentrer sur l'ensemble des temps de l'enfant, y compris le temps périscolaire et extrascolaire, la nécessité de repenser le contenu et la qualité de ces temps, et non seulement leur durée.

      La première session d'audition a réuni trois experts :

      • Grégoire Borst, Professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l'éducation, directeur du laboratoire psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant. Ses travaux portent notamment sur les inégalités sociales et éducatives.
      • Sophie Marinopoulos, Psychologue et psychanalyste spécialiste de l'enfance et de la famille, fondatrice de l'association "Les Pâtes au Beurre", axée sur le bien-être relationnel.
      • Éric Delemar, Défenseur des Enfants, adjoint à la Défenseure des droits, dont la mission est de défendre et faire connaître les droits des enfants.

      Thème 1 : Santé et Bien-être des Enfants et Adolescents

      • Constats alarmants : La santé mentale des enfants et adolescents, particulièrement celle des adolescents, s'est "considérablement dégradée" au cours des dix dernières années. L'adolescence est une période de risque accrue en raison de la sensibilité du cerveau au stress et à l'anxiété.

      • Augmentation des symptômes dépressifs : "On était autour de 15 % de la population adolescente qui présentait des symptômes dépressifs avant Covid, après Covid on est autour de 35 %" (Grégoire Borst). Il y a des différences marquées selon le sexe, avec "deux fois plus de symptômes dépressifs chez les femmes que chez les garçons" (Grégoire Borst).

      • Impact du COVID-19 : La pandémie a eu un "impact direct [et] un facteur de risque aggravant pour la santé mentale de ces adolescents", principalement dû à l'"abandon en partie des relations sociales" et la fermeture des établissements scolaires (Grégoire Borst).
      • Inégalités sociales : La dégradation de la santé mentale et les impacts de la fermeture des écoles pendant le COVID ont touché "beaucoup plus les enfants de milieux sociaux défavorisés que les enfants de milieux sociofavorisés" (Grégoire Borst).
      • Sédentarité : La santé physique est également impactée par une "explosion de la sédentarité chez les enfants et chez les adolescents". Le périmètre de déplacement des enfants a considérablement diminué en 20 ans, passant de "entre 5 et 9 km autour du foyer à moins de 300 m" (Grégoire Borst), posant un "vrai problème de santé publique" (Grégoire Borst).
      • Causes profondes et contexte : Sophie Marinopoulos souligne que la situation n'était pas optimale avant le COVID : "on n'était pas très en forme avant le Covid hein... on a une modernité qui ne va pas très bien avec le temps de l'enfance et aussi le temps des parents" (Sophie Marinopoulos).

      Le bien-être est fondamentalement un "bien-être relationnel" (Sophie Marinopoulos).

      Éric Delemar rappelle que dès 2018, le réseau européen des défenseurs des enfants alertait déjà sur les difficultés de santé mentale chez les pré-adolescents et adolescents.

      La France, par le Défenseur des droits, avait déjà observé et fait des recommandations sur l'état de la pédopsychiatrie (baisse du nombre de pédopsychiatres, difficultés de la santé scolaire, etc.).

      Rôle des enfants dans la prise de parole : Les enfants eux-mêmes ont exprimé leurs préoccupations : "nous pendant le Covid on nous a demandé on s'est inquiété pour la vie de nos grands-parents on on nous a dit qu'on était des réservoirs à Covid à angoisse et qu'on allait peut-être être responsable de la maladie de nos grands-parents on s'est inquiété pour le salaire et le travail des noss de nos parents qui s'est inquiété pour nous ?" (Éric Delemar, rapport 2021 co-réalisé avec Claire Hédon).

      Thème 2 : Rythmes Biologiques et Temps de l'Enfant

      • Manque d'adaptation de l'école : Il est clair que l'école "ne prend pas suffisamment en compte les problématiques les besoins physiologiques des enfants en premier lieu le sommeil" (Grégoire Borst).

      Le sommeil est un "catalyseur extrêmement important y compris de la santé physique et de la santé mentale" (Grégoire Borst).

      Déficit de sommeil généralisé : La population française souffre d'un déficit global de sommeil, particulièrement les enfants et surtout les adolescents, qui représentent "la population la plus vulnérable en terme de déficit de sommeil" (Grégoire Borst).

      Une dette de sommeil prend "3 à 4 mois pour récupérer" (Grégoire Borst).

      Recommandations concrètes :

      • Sensibilisation des parents : Mettre en place un "vrai parcours de parentalité" dès la maternité pour informer les parents sur le développement biologique, affectif, cognitif et physiologique de l'enfant, notamment l'importance du sommeil (Grégoire Borst). Ce déficit de sommeil est plus important dans les milieux défavorisés.
      • Sieste à l'école maternelle : Permettre aux enfants de maternelle de faire "une sieste d'au moins 2 heures" est un "facteur de réduction des inégalités" (Grégoire Borst).
      • Décalage des horaires scolaires pour les adolescents : "Décaler la première heure de cours à 9h30 point" (Grégoire Borst).

      Cette mesure, connue depuis 20 ans, est essentielle car "physiologiquement au moment où ils rentrent dans la puberté il y a un décalage du rythme de leur sommeil" (Grégoire Borst).

      Ce décalage permettrait d'améliorer la santé mentale et les apprentissages, car le sommeil est crucial pour la mémorisation et la neuroplasticité. Cette réforme "coûte 0 €" (Grégoire Borst).

      • Importance de la relation et du jeu : Sophie Marinopoulos insiste sur le "temps de la relation [qui] ne doit jamais être oublié" (Sophie Marinopoulos).

      Il est essentiel pour les bébés de retrouver leurs parents au réveil et de vivre des séparations apaisées.

      L'éducation à la séparation est vitale pour la sécurité interne de l'enfant.

      Le jeu est fondamental : "quand il joue il construit sa vie interne il construit sa valeur il construit sa dignité il construit l'amour de lui-même il apprend à donner à recevoir il apprend l'échec il apprend la frustration il apprend à sublimer" (Sophie Marinopoulos).

      • Droit au loisir et à l'ennui : Éric Delemar met en avant l'Article 31 de la Convention internationale des droits de l'enfant, qui garantit le droit au loisir et à la culture. "le jeu pour les enfants c'est un peu le travail pour les adultes" (Éric Delemar).

      Il souligne le besoin de temps de repos et du "droit à l'ennui", citant l'exemple de Newton.

      La société actuelle a du mal à tolérer l'ennui chez les enfants, voulant qu'ils soient "autonomes tout de suite tout de suite tout de suite" (Éric Delemar).

      Thème 3 : Droits de l'Enfant, Protection et Écrans Lutte contre les violences : La protection contre les violences faites aux enfants est à l'origine du droit international des enfants.

      "Sans doute que notre société irait mieux si on s'était mieux occupé de certains adultes quand ils avaient été enfants" (Éric Delemar).

      Le concept d'"intérêt supérieur de l'enfant" est l'indissociabilité et l'interdépendance des droits (justice, loisir, protection, etc.) (Éric Delemar).

      Malgré les efforts, les moyens ne sont pas "à la hauteur des enjeux des dégradations" (Éric Delemar). "les enfants ne sont pas des petitêt être humain ne veut pas dire petit droit et c'est pas parce qu'ils font 50 cm ou 50 kg de moins qu'on aura qu'on a le droit d'utiliser la force pour se faire obéir" (Éric Delemar).

      Les "bonnes claques" ont des conséquences avérées sur le développement cérébral et la santé mentale.

      Troubles de l'attention et carences relationnelles : La violence chez les enfants est souvent liée à des "troubles relationnels précoces" et un manque de "ressources internes" pour faire autrement que de passer à l'acte (Sophie Marinopoulos, citant Maurice Berger). L'accès aux mots est une "liberté énorme".

      Les troubles de l'attention sont un "grand sujet de santé mentale" (Sophie Marinopoulos), car un enfant inattentif ne "se nourrit [pas] de ce qu'il regarde" et ne construit pas sa vie intérieure. La santé mentale n'est pas seulement le domaine des spécialistes, mais la "santé de nos relations" (Sophie Marinopoulos).

      Impact des écrans : Les écrans sont un sujet de grande préoccupation pour les parents, qui se sentent "totalement dépassés" (Sophie Marinopoulos).

      • L'écran n'est pas un parent : L'écran "veut l'enfant tout le temps il le veut tout à lui toute la journée le plus possible" (Sophie Marinopoulos), créant une addiction.
      • Rapport "Les enfants et les écrans à la recherche du temps perdu" : Ce rapport de 29 recommandations préconise une approche multifactorielle, au-delà de la simple interdiction.
      • Avant 3 ans : Pas d'exposition aux écrans, car cela a un "impact négatif sur le sommeil" de l'enfant (Grégoire Borst).
      • Entre 3 et 6 ans : Pas d'écran seul, nécessite un accompagnement et une limitation du temps.
      • Inégalités sociales face aux écrans : Les familles défavorisées, monoparentales ou avec des horaires décalés, sont plus susceptibles d'exposer leurs enfants aux écrans par manque d'alternatives de garde. Il ne faut pas "culpabiliser" ces familles, mais proposer des "alternatives dans la société" (Grégoire Borst).
      • Alternatives et éducation : Il est nécessaire de "peupler l'espace public d'alternative aux écrans" (Grégoire Borst), par exemple en proposant des "wagons jeu" dans les trains (Grégoire Borst). L'éducation au numérique, notamment à l'école, est une "absolue nécessité" pour développer la pensée critique des enfants.
      • Le rôle de la société adulte : La Ministre Borne souligne que "le temps de l'enfant est absorbé par le temps des écrans" et que "dès 11 ans la moitié des jeunes dort 2 heures de moins que nécessaire" (Ministre Borne).

      Elle annonce la généralisation de la pause numérique au collège et milite pour une décision européenne interdisant l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

      Elle insiste sur le rôle des adultes : "si nous-même on passe notre temps sur nos écrans c'est sûr qu'on donne pas un bon exemple à notre jeunesse" (Ministre Borne).

      La société doit encourager davantage d'interactions et d'échanges réels.

      Conclusion et Perspectives

      Changements de paradigme nécessaires :

      • Lieux d'accueil petite enfance : Ne pas les considérer comme de simples "lieux de garde", mais comme des "lieux d'éveil" (Éric Delemar) où l'on peut jouer, être à l'extérieur, prendre des risques.

      • Soutien à la parentalité : Doit être universel ("pour tous les parents") et non seulement destiné aux parents "défaillants" (Éric Delemar), avec des moyens adéquats pour les structures d'accueil et les écoles maternelles.

      • Prise en compte de la parole des enfants : L'Article 12 de la CIDE est crucial. Il faut "donner le courage [aux enfants] de prendre la parole, de s'assurer qu'ils ne seront pas moqués humilié" (Éric Delemar).

      • Remettre l'enfance au cœur des préoccupations : Accepter "l'enfance de nos enfants" (Sophie Marinopoulos), dans une société qui tend au "no kids". C'est un travail continu pour la "paix" interne et externe, en nourrissant les enfants pour qu'ils aient les "ressources internes" et ne recourent pas à la violence.

      • Articulation des temps et inégalités : Grégoire Borst insiste sur la nécessité de "réfléchir en tout cas dans vos réflexions d'avoir toujours en tête la question de comment on articule les différents temps de l'enfant" (Grégoire Borst) (scolaire, périscolaire, extrascolaire).

      L'absence de coordination entre ces temps est un "facteur d'inégalité scolaire extrêmement important" (Grégoire Borst).

      Il faut des "politiques publiques qui permettent effectivement de façon de de réfléchir de façon globale à comment on réduit les inégalités dès les 1000 premiers jours" (Grégoire Borst).

      La Ministre Borne réitère l'importance de la liberté des conventionnaires à "douter, de questionner, d'explorer, libre de bousculer les idées préconçues de formuler des propositions neuves" (Ministre Borne) et leur assure que leur travail sera pris en compte par le gouvernement.

      La convention doit permettre de faire émerger des "points de convergence, des orientations claires, des solutions concrètes" (Ministre Borne) pour repenser et améliorer la vie des enfants en France.

  6. Jun 2025
    1. Note de synthèse détaillée : Collaboration et accompagnement des élèves en milieu éducatif

      Introduction

      Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les idées essentielles extraites de la table ronde "Journée d’étude CPE 2025".

      Il met en lumière le rôle crucial de la collaboration entre les différents acteurs de l'éducation nationale et les partenaires extérieurs pour la réussite, l'épanouissement et l'insertion professionnelle des élèves, en particulier ceux à besoins éducatifs particuliers.

      Les intervenants partagent leurs expériences et leurs perspectives sur les défis, les leviers et les recommandations pour favoriser un travail collaboratif efficace.

      1. Missions des professionnels de l'éducation et de l'accompagnement Plusieurs intervenants ont détaillé leurs missions, soulignant la diversité des rôles et la complexité de l'écosystème éducatif :

      2. Laura Renault (CPE en collège REP) : Les missions du CPE sont multiples et incluent l'organisation de l'espace et du temps de la vie scolaire, la gestion du service (recrutement et management des AED), la contribution à la réussite et au bien-être des élèves (accueil, accompagnement des projets personnels, orientation), et la participation à la politique de l'établissement comme conseiller du chef d'établissement.

      Elle souligne l'importance de "l'organisation du service donc on pense au recrutement des assistants d'éducation aux objectifs aussi du service et à l'ambition qu'on veut pour notre service".

      • Ludovique Brel (Directeur de l'IME Lérange) : En tant que directeur d'un IME accueillant des jeunes avec déficience intellectuelle et TSA, ses missions englobent la gestion RH, budgétaire, le projet d'établissement, et les relations avec les partenaires et les tutelles.

      Il met en avant l'ouverture récente d'une unité d'autorégulation collège pour les jeunes avec troubles du neurodéveloppement (TND), qui vise à travailler sur les problématiques émotionnelles en collaboration avec les professionnels du collège.

      Il précise que ces jeunes "sont dans leur classe d'âge leur classe de niveau c'est-à-dire qu'on parle pas de jeunes qui ont des particularités cognitives ou quoi que ce soit ce sont vraiment des jeunes qui sont en capacité classique".

      • Nathalie Yayaten (Proviseure des lycées des métiers de l'automobile) : Ses fonctions consistent à administrer l'établissement, représenter l'État, et "lancer, impulser, animer le projet d'établissement qui amène une forme de gouvernance et de grandes de grands objectifs sur la conduite de la politique éducative et pédagogique de l'établissement".

      Son expérience en collège REP et en cité éducative lui confère une perspective large sur les collaborations.

      • Lise MERIS (Coordinatrice ULIS Lycée Professionnel et service école inclusive du rectorat) : Ses missions se concentrent sur la sécurisation du parcours des jeunes en situation de handicap, leur accompagnement vers le monde professionnel, et le développement de partenariats internes et externes (monde de l'entreprise, médico-social). Au rectorat, elle soutient la scolarité réussie et l'insertion professionnelle des jeunes, notamment lors des transitions entre le premier et le second degré.

      Elle vise à "rendre l'élève acteur de son projet professionnel de l'accompagner du mieux possible au regard de ses points forts et de ses points d'effort".

      • Stéphane Copman (Éducateur à l'IME Mermose) : Il accompagne 14 jeunes déficients intellectuels au collège, veillant à leur sécurité et à la réussite de leur projet de socialisation.

      Contrairement aux enseignants, il n'a "aucune obligation de résultat" et s'adapte aux capacités de chaque jeune pour éviter l'échec scolaire.

      Sa mission inclut également "de veiller à la circulation de l'information au sein du collège et en lien également avec mon établissement et les familles".

      2. Le travail collaboratif : un impératif pour la réussite de l'élève

      Les intervenants s'accordent sur l'importance fondamentale du travail collaboratif, non seulement au sein de l'établissement mais aussi avec l'environnement extérieur.

      L'EPLE comme entité locale et ouverte : Nathalie Yayaten insiste sur le "L" de "Local" dans EPLE (Établissement Public Local d'Enseignement).

      L'établissement ne doit pas se fermer à son environnement et doit s'adapter aux problématiques territoriales.

      "L'établissement doit évoluer par rapport à son public doit s'adapter et doit aussi être très en en écoute et en réponse des problématiques territoriales sur lequel il est ancré".

      Le CPE au carrefour des relations : Le CPE est perçu comme un pivot, "au carrefour des relations entre les différents collaborateurs au sein d'établissement", mais aussi "au carrefour de toutes ses relations à l'extérieur de l'établissement", ce qui "fait la richesse du métier".

      Cohérence des discours et des actions : Pour que le jeune grandisse bien, il est essentiel que tous les acteurs (école, famille, clubs de sport, centres sociaux, professionnels paramédicaux) se connaissent et surtout "parlent d'une même voix ou où est en tout cas un discours très cohérent".

      Les discours contradictoires, par exemple entre collège et centre social sur les devoirs, fragilisent le jeune et sa famille.

      Exemples de collaborations réussies :

      Dispositif "Devoirs faits" avec les centres sociaux : Permet aux enseignants d'expliquer des méthodes d'apprentissage et montre aux familles une collaboration "main dans la main".

      Partenariat avec le PRE (Programme de Réussite Éducative) : Accueil des élèves exclus temporairement, offrant un lien et un accompagnement aux familles en difficulté.

      Unités d'autorégulation (UAR) : Projet co-porté par le SMS (Service Médico-Social) et le collège, avec des décisions prises d'un commun accord entre les directions.

      La formation commune de toutes les équipes (enseignants, CPE, infirmière) est un point clé pour créer une "culture commune" et dépasser les tensions liées aux différentes portes d'entrée professionnelles (enseigner vs prendre le jeune dans sa globalité).

      Collaboration pour l'orientation professionnelle : Les entreprises sont invitées à présenter les métiers, offrant aux jeunes d'autres perspectives et sources d'information.

      3. Les freins et les leviers du travail collaboratif

      Malgré la volonté de collaborer, des difficultés peuvent apparaître. Les intervenants mettent l'accent sur les leviers pour les surmonter.

      • Frustrations des CPE et des enseignants : Le CPE doit gérer des situations de décrochage ou de conflit dont il n'est pas à l'origine. Les enseignants sont confrontés à des publics hétérogènes et se sentent parfois démunis face aux "élèves à besoins éducatifs particuliers", pouvant s'épuiser.
      • Lever les freins par la collaboration : La collaboration apporte un "autre regard" et permet de débloquer des situations complexes. Un éducateur parlant à un professeur, ou l'inverse, peut faire "s'ouvrir les chakras" et envisager d'autres approches.
      • Le CPE comme levier central : Laura Renault affirme que "vous [les CPE] êtes le levier". Grâce à leur position transversale et leur liberté d'action, les CPE peuvent "créer ces collaborations qui vont permettre à un tel et un tel de poser un autre regard sur la situation".
      • Importance des espaces d'échange formels : Les cellules de veille et les GPDs (Groupes de Prévention du Décrochage Scolaire) sont des moments clés pour le "regard croisé et d'échange et de partage d'information". Il est crucial de transmettre les informations nécessaires en respectant "l'éthique de travail" et la confiance du jeune et de sa famille.
      • Patience et détermination : Ludovique Brel insiste sur ces deux qualités pour mener à bien les projets collaboratifs, reconnaissant que les choses ne se règlent pas du jour au lendemain. L'exemple de l'autorégulation montre une augmentation significative de la participation des enseignants à la formation, signe d'une "réelle volonté" de travailler ensemble.
      • Le jeune au centre : L'objectif ultime est que "le jeune soit l'élément central". L'équipe SMS apporte un soutien par sa connaissance des problématiques spécifiques du jeune (ex: TND), permettant de faire converger la compétence pédagogique et la compétence médico-sociale pour le bien-être de l'élève.

      4. Recommandations pour un travail collaboratif efficace

      Plusieurs précautions et recommandations sont formulées pour favoriser des collaborations fructueuses :

      • Chacun à sa place, dans le respect des missions : Lise MERIS souligne l'importance que "chacun reste à sa place" et "sache quelle est sa place". Il faut connaître les missions et les compétences de chacun pour savoir "qui fait quoi, à quel moment" et ainsi respecter les champs d'expertise.
      • Non-jugement et bienveillance : Adopter une posture de non-jugement et de bienveillance envers le travail de l'autre est essentiel pour construire une collaboration "très horizontale".
      • Postures d'ouverture avec les parents : Accueillir les parents "dans cette posture d'ouverture de collaboration" permet de changer la dynamique, de les faire baisser la garde et de construire des solutions avec eux, et non à leur place ou contre eux. "Le parent comprend que vous êtes en train de vous triturer l'esprit avec vos collègues à essayer de trouver une solution pour son jeune".
      • Anticipation : La collaboration "s'anticipe". Il faut initier des démarches en amont pour être capable de travailler ensemble lorsque des difficultés surgissent.
      • Valoriser les réussites : Ne pas se concentrer uniquement sur les situations de tension, mais aussi reconnaître les moments où "ça se passe bien" et les jeunes qui vont bien. "Il faut aussi se donner à notre travail une légitimité se dire que oui il y a quand même des choses qui vont et il faut aussi voilà se viscéralement en tous les cas y croire".
      • Ne pas perdre la confiance du jeune et de la famille : La centralité du jeune et de sa confiance est primordiale. Il est important d'expliquer, de rassurer les familles et les jeunes.
      • Vulgariser le langage : Face à l'abondance de sigles et de jargons professionnels, il est recommandé de "vulgariser au maximum" pour rendre les informations accessibles à tous, y compris aux familles et aux jeunes.

      Un "glossaire" des sigles peut être utile.

      Conclusion La table ronde a clairement démontré que la réussite de tous les élèves, notamment ceux à besoins éducatifs particuliers, repose sur une collaboration forte et structurée.

      Le CPE, par sa position charnière, est un acteur clé de cette dynamique, en favorisant les échanges internes et externes.

      Les défis liés aux cultures professionnelles différentes peuvent être surmontés par la patience, la détermination, la formation commune, le respect mutuel des compétences et une posture d'ouverture centrée sur le bien-être et la réussite du jeune.

    1. Note de synthèse : Protection de l’Enfance et Scolarité(s) - L'école comme facteur et espace de protection et de résilience

      Cette journée d'étude, troisième édition d'un événement à succès, met en lumière le rôle crucial de l'école dans la protection et la résilience des élèves bénéficiant de mesures de protection de l'enfance.

      Elle vise à outiller les acteurs de terrain et à faciliter les rencontres entre partenaires clés (Rectorat de l'Académie de Lille, NPJJ de Roubaix, Départements du Nord et du Pas-de-Calais).

      La thématique explore comment l'environnement scolaire peut devenir un espace de sécurité et de développement pour ces jeunes.

      1. La Résilience : Concepts Clés et Application Scolaire

      La résilience, loin d'être la force des super-héros, est « la force des faibles » (Martine Lanbeale), un processus qui survient après un trauma, non pas comme une résistance immédiate, mais comme un "néodéveloppement" après une sidération. Un élément fondamental est qu' « on ne résilie jamais tout seul ».

      La présence de "tuteurs de résilience" est indispensable. Ces tuteurs, souvent des professionnels de l'éducation ou du social, ne se désignent jamais eux-mêmes ; c'est la personne en résilience qui leur attribue ce rôle, souvent a posteriori.

      Une parole, un regard, une considération peuvent changer la vie d'un enfant, même si le tuteur n'en a jamais conscience.

      Facteurs de protection de la résilience (selon Boris Cyrulnik) :

      Attachement sécurisant : Un environnement où l'enfant se sent entouré et aimé, même si cet attachement initial est détruit par un trauma (comme l'histoire de Boris Cyrulnik lui-même).

      Rébellion : La capacité à ne pas rester dans la sidération, à ne pas "faire une carrière de victime", bien que cela dépende de l'environnement proposé.

      Capacité à raconter son histoire : L'expression du vécu, et notamment la lutte contre le sentiment de honte, qui est décrit comme "le poison de l'âme" et qui empêche de parler.

      La spécificité de la résilience scolaire : L'école est un espace de protection parce qu'elle offre un cadre clair et sécurisant, avec des règles et des processus où "au moins ils savent comment fonctionner à l'école". Malgré le "cartable plus lourd" que portent ces enfants, l'école peut être un lieu où ils s'investissent "pour faire plaisir à leur enseignants en échange d'un regard positif".

      L'école contribue au développement de compétences sociales, d'analyse, de compréhension, de lecture, de récit et d'expression artistique, toutes essentielles à la résilience.

      Exemples concrets de résilience scolaire :

      Le chauffeur de car : Un homme, enfant battu, a été "sauvé" par le sourire quotidien de son chauffeur de car.

      Ce chauffeur, sans le savoir, a été un tuteur de résilience en donnant l'alerte un jour où l'enfant était plus gravement blessé.

      Cette histoire souligne l'impact inattendu et souvent méconnu des tuteurs de résilience.

      Philippe Maurice : Condamné à mort jeune, il a repris ses études en prison pour "ne pas devenir fou".

      Il est passé d'un CAP à un doctorat en histoire médiévale, devenant finalement enseignant à l'ENS. L'école a été un moyen de sortir de la haine et de retrouver la maîtrise.

      Estelle et Sophie : Ces deux jeunes filles, victimes d'abus, ont utilisé l'école différemment pour gérer leur trauma.

      Estelle s'est réfugiée dans le travail scolaire pour s'isoler, tandis que Sophie a utilisé le théâtre à l'école pour rejouer son vécu. Ces cas illustrent la non-linéarité et la fluctuation des processus de résilience scolaire.

      2. La Résilience Assistée : Postures Professionnelles et Ressources Locales

      Devenir un potentiel tuteur de résilience est avant tout une question de posture plutôt que d'actions concrètes spécifiques. Il s'agit de « créer un lien sécure, une alliance ».

      Des phrases simples comme "Tu sais si j'ai l'impression que c'est un peu compliqué pour toi, tu sais que je suis là pour toi" peuvent être vitales.

      L'objectif n'est pas de juger, mais de considérer l'enfant dans la singularité de son histoire.

      Ressources et Partenariats Locaux :

      Points Accueil Écoute Jeunes (PAEJ) : Structures nationales (250 PAEJ), présentes notamment dans le Nord et le Pas-de-Calais, offrent un soutien psychologique et social, avec une approche de libre adhésion et une mission de prévention.

      Maisons des Adolescents (MDA) : Structures départementales qui assurent l'accueil, l'accompagnement et l'orientation des adolescents, avec une équipe pluridisciplinaire (psychologues, infirmières, éducateurs, etc.). Elles mettent en place des expérimentations avec l'Éducation Nationale pour éviter de "perdre des jeunes en route".

      Prévention Spécialisée (PS) : Intervient auprès des jeunes et familles en difficulté ou en rupture pour prévenir la marginalisation et faciliter l'insertion. Ses principes incluent le mandat non nominatif (approche territoriale), la libre adhésion et une approche globale des jeunes. Les équipes travaillent dans la rue pour maintenir le lien avec les familles.

      Agents de Liaison Quartier Établissement (ALSCE) : Postes créés dans les années 90, déployés dans 74 collèges du Nord, ces agents font le lien entre l'établissement scolaire, le quartier et les familles. Ils sont "un pied à l'intérieur de l'établissement scolaire" et "un pied aussi dans le quartier", offrant une expertise locale et facilitant le contact avec les jeunes et leurs familles.

      • Détection des signaux faibles et orientation : Les enseignants et professionnels doivent être attentifs aux changements de comportement récurrents, au désinvestissement scolaire (matériel manquant, devoirs non faits), au repli, à l'isolement, et à l'absentéisme perlé.

      Le regard croisé des différents professionnels est crucial pour détecter précocement les situations. Les élèves eux-mêmes peuvent être des "messagers", informant les adultes des difficultés de leurs camarades.

      Qui peut saisir ces structures ? ** * PAJ et MDA : Le jeune lui-même, sa famille, ses proches ou tout professionnel gravitant autour de l'adolescent peuvent les saisir. * Prévention Spécialisée : N'importe qui peut interpeller ces structures, y compris les directeurs d'école primaire. Leur présence dans le quartier et leur capacité à aller à domicile facilitent la prise de contact. * Services Sociaux du Département (Maison Nord Solidarité dans le Nord, MDS - Maison Départementale de la Solidarité - dans le Pas-de-Calais) : Représentent un interlocuteur essentiel, notamment en milieu rural où les ressources peuvent être plus limitées. Il est crucial de connaître ces partenaires "avant d'avoir un problème". * Service Social en Faveur des Élèves (ASDSN) : Les assistantes sociales scolaires sont des personnes ressources dans les établissements pour orienter vers les structures adaptées. Une expérimentation de "brigade du premier degré" est lancée dans le Nord pour mieux répertorier les partenaires et soutenir les équipes pédagogiques en primaire. * PMI (Protection Maternelle et Infantile)** : Service départemental qui intervient dans les écoles pour les bilans de santé et peut être un interlocuteur précieux pour les enseignants.

      3. Conclusion

      La journée d'étude souligne l'importance vitale d'un écosystème de soutien autour des enfants en situation de protection, avec l'école au cœur de ce dispositif.

      La résilience est un processus complexe qui dépend fortement de la qualité des relations humaines et de la présence de tuteurs bienveillants, souvent sans le savoir.

      La connaissance et la collaboration entre les professionnels de l'éducation et du social, ainsi que la capacité à identifier et orienter les élèves en difficulté, sont des piliers fondamentaux pour offrir à chaque enfant les conditions d'un "néodéveloppement" réussi.

    1. Compte Rendu Détaillé : Le Conseiller Principal d'Éducation Accompagnant

      Ce document explore le rôle du Conseiller Principal d'Éducation (CPE) en tant qu'accompagnant au sein de l'établissement scolaire, en insistant sur la dimension individuelle et collective de son travail.

      Il s'appuie sur une approche socio-historique, praxéologique et didactique pour problématiser la question de l'accompagnement et de la collaboration.

      1. Le Contexte Socio-Historique et la Problématique du Rôle du CPE

      Le rôle du CPE en France, particulièrement dans le secondaire, est marqué par une dichotomie historique entre "l'instruction et l'éducation".

      Les enseignants sont perçus comme détenteurs de l'instruction, tandis que les CPE, bien qu'ayant une mission éducative et pédagogique, souffrent d'un manque de légitimité à cet égard depuis leur création en 1970.

      Cette tension persiste, et les CPE se battent toujours pour être reconnus comme pédagogues.

      Dans un contexte de démocratisation scolaire ayant renforcé les inégalités, les CPE sont fortement attendus pour "accueillir [et] suivre les élèves de manière à pallier les insuffisances du système [et] les difficultés que connaissent les élèves".

      Leur défi éducatif fondamental est d'"aider l'élève à se construire en tant que personne".

      Cependant, ils sont également vus comme des garants de l'action pédagogique et de la régulation des désordres scolaires, un rôle souvent associé à la discipline plutôt qu'à l'éducation et à l'accompagnement.

      La critique de l'autorité au XXe siècle, ou son "érosion" (Prerra), complexifie davantage le rôle du CPE, qui doit faire face à une confusion entre autoritarisme et autorité éducative nécessaire à la médiation entre l'individu et le collectif.

      La "division du travail éducatif" (Tardif et Levasseur, Payet) est également une problématique majeure, le CPE se situant entre le cognitif/enseignement (enseignants) et le comportemental (personnels spécialisés comme les AESH).

      Il est à la fois celui qui "aide les enseignants à enseigner, il aide les élèves à apprendre et en même temps il est très attendu pour réguler tous les désordres scolaires".

      2. Les Missions du CPE et la Place de la Dimension Pédagogique

      Les missions de la vie scolaire visent à placer les adolescents dans les meilleures conditions de vie individuelles et collectives, de réussite scolaire (depuis la circulaire de 2015) et d'épanouissement personnel.

      La vie scolaire, selon Jean-Pierre Aubin, n'est pas la vie hors la classe, mais "l'ensemble des événements de la vie collective et puis aussi tout ce qui concerne la normalisation de la vie collective".

      Le CPE, bien qu'en lien fort avec le pôle éducatif (problèmes sociaux et affectifs), est aussi connecté au pôle instruction.

      La dimension pédagogique de son rôle est "très importante" car il est celui qui gère les problèmes personnels ou collectifs des élèves et qui consacre un temps significatif à l'accueil de la parole des élèves, notamment lors des entretiens.

      Or, cette dimension est "assez peu connue encore" par de nombreux enseignants, sauf si elle fait partie de la culture de l'établissement.

      Les textes officiels (circulaire de 2015, référentiel de 2013) légitiment le travail en équipe des CPE :

      Promotion de la citoyenneté participative : Accompagnement des élèves dans leurs "apprentissages sociaux et citoyens". Suivi des élèves : Construction du parcours de l'élève sur les plans "pédagogiques et éducatifs", impliquant un travail individuel (entretiens) en lien avec les familles et le personnel d'éducation nationale. Organisation de la vie scolaire : L'équipe de vie scolaire, incluant les Assistants d'Éducation (AED), contribue également à l'accompagnement individuel et collectif.

      3. L'Accompagnement comme Activité Pilier du Métier de CPE

      L'entretien est l'"activité pilier du métier" de CPE, constituant la part la plus importante de leur temps et de leur activité, comme l'a montré une étude du CREC en 2007.

      Cependant, les CPE ressentent souvent une "frustration" due à la "tyrannie de l'urgence" (Sylvie Condette) ou au "tourbillon professionnel" (Christine Fauquenois Simonet), qui les pousse à privilégier la gestion du collectif au détriment du suivi individuel et de la collaboration.

      L'accompagnement est un "travail de l'ombre qui n'est pas quantifiable et surtout pas dans l'immédiat".

      Les résultats ne sont pas instantanés, ce qui contraste avec les "attentes [d'un] coup de baguette magique" de la part des collègues ou de la direction.

      C'est un processus de "coconstruction, un cheminement" sur le long terme, où le CPE doit être une "personne de confiance" pour l'élève.

      L'accompagnement est défini comme une "activité" (et non un simple dispositif institutionnel) qui sous-tend des pratiques et une posture.

      Il a une "dimension constructiviste", visant à aider l'élève à "construire son propre parcours" et à "se décider à agir, à s'assumer", sans agir à sa place.

      Cela implique un "étayage" de "nature dialogique", une "médiation sociale" pour que l'élève se projette dans sa vie scolaire et sociale.

      C'est une "relation disymétrique" mais "éducative" et "temporaire".

      Le CPE doit concilier cette relation de confiance individuelle avec le travail collectif, car il "ne peut pas accompagner seul". L'information doit être échangée et le travail collaboratif mis en place.

      L'accompagnement implique une "éthique de l'accompagnement" et de la "responsabilité" (méta-responsabilité), où le CPE, par son "autorité éducative" (au sens d'«augmenter l'autre»), permet à l'élève de grandir et de devenir autonome.

      Ce rôle demande un "principe de retenue" et le "principe du doute", évitant de donner des solutions toutes faites.

      Selon les travaux de Frédérique Lherbé Serini, l'accompagnant adopte trois figures posturales entremêlées :

      Le Compagnon : À l'écoute, soucieux du bien-être de l'autre, proche de l'éthique du caresse, attentif à ce qui va bien et ce qui ne va pas. L'Accompagnateur : Dans la coconstruction, le cheminement avec l'élève. Le Guide : Intervient pour dire "stop" lorsque l'élève se met en danger ou que la construction n'est plus possible.

      Les CPE ne sont pas uniquement des guides, mais adoptent majoritairement les postures de compagnon et d'accompagnateur.

      4. Le Travail Collaboratif du CPE au sein de l'Établissement

      Le travail coopératif est "prescrit" et est une "compétence partagée" entre enseignants et CPE. Cependant, sa réalité sur le terrain est peu documentée. Des facteurs de contexte peuvent défavoriser la collaboration :

      L'intégration croissante des CPE dans "l'équipe de direction élargie" peut renforcer leur image administrative et créer des obstacles à la coopération avec les enseignants.

      L'"intensification [et la] complexification" du métier d'enseignant, la remise en question des savoirs et la judiciarisation de l'institution peuvent générer des crispations entre les corps enseignants et les CPE.

      Malgré cela, la collaboration CPE-enseignant a toujours été une constante dans les textes, évoluant de l'"échange d'information" (1982) à des "savoirs partagés [et une] collaboration étroite" (2015).

      Les "collectifs de travail" se forment soit par "initiative libre" (besoins partagés face à des difficultés), soit par "assignation" (appartenance à une équipe prédéfinie, ex: équipe pédagogique d'un niveau).

      Des "groupes de projets spécifiques" (devoir fait, café des parents) sont aussi des espaces de collaboration.

      Le contexte de l'établissement (proximité des bureaux, culture d'établissement) et l'institutionnalisation de certains temps (heure de vie de classe) sont des facteurs clés pour la facilitation de la collaboration.

      Le "pouvoir d'agir" du CPE, par ses initiatives, est important.

      Un véritable collectif de travail, au-delà d'un simple groupe de professionnels, est caractérisé par :

      L'adhésion à des "valeurs partagées".

      L'élaboration commune de "règles de fonctionnement" et d'objectifs.

      L'engagement volontaire et autonome des membres, conduisant à la création de "groupes de veille éducative" par exemple, qui s'inscrivent progressivement dans une "culture d'établissement".

      Les pratiques de collaboration varient :

      "Pratiques de collaboration minimum" : Échanges informels dans les couloirs ou à la salle des professeurs.

      Le CPE doit organiser ces informations éparses.

      Le "rayonnement d'un CPE" dans un établissement est lié à sa capacité à aller vers les autres et à initier ces rencontres.

      5. Modalités de Travail du CPE et Collaboration

      La "approche multidimensionnelle" est une compétence clé du CPE, lui permettant d'avoir une "vision globale et complexe" de la vie de l'élève (loisirs, difficultés, etc.) et de croiser les regards pour le bien-être et l'épanouissement de chacun.

      Les CPE travaillent en étroite collaboration avec :

      Les personnels d'éducation (AED) : Considérés comme une "mine d'or" d'informations grâce à leur proximité avec les élèves. Les réunions de service régulières sont cruciales pour la remontée de ces informations.

      Les enseignants : Plus de 80% des CPE échangent régulièrement sur les entretiens avec les élèves, montrant que l'accompagnement ne se fait pas en vase clos.

      La collaboration est souvent initiée par le CPE, ou par sollicitation d'autres membres de la communauté éducative, y compris les élèves eux-mêmes.

      Le partage de savoirs sur les élèves et leurs difficultés permet au CPE d'"entrer dans la classe" différemment.

      L'"éthique des collectifs de travail" est primordiale :

      La plupart des CPE informent l'élève avant ou après le partage d'informations avec d'autres professionnels (professeur principal, infirmière, médecin scolaire), et un tiers le fait systématiquement avant.

      C'est un "principe" pour certains CPE pour ne pas rompre la relation de confiance.

      Le partage d'informations se fait avec "tact", en ne dévoilant pas tout le contenu de l'entretien mais uniquement ce qui est pertinent pour le suivi.

      La question du "secret" (professionnel ou non) et du partage est récurrente et nécessite un travail important en formation initiale.

      Les "entretiens tripartites" (avec l'élève, le CPE et un autre collègue) sont une pratique importante, permettant de confirmer une "cohérence" et une "cohésion d'équipe".

      C'est une "prise de risque", car le résultat peut être inattendu, mais elle est jugée nécessaire car les CPE "ne peuvent pas travailler seul en entretien avec l'élève".

      Le CPE sait aussi "relayer" l'accompagnement à une autre personne lorsque ses propres limites d'éducateur sont atteintes. C'est une compétence difficile mais essentielle, nécessitant de ne pas donner l'impression à l'élève d'être "abandonné".

      Le CPE est souvent un "médiateur" entre les élèves et les adultes de l'établissement (enseignants, infirmière, etc.) lorsque la relation est coupée.

      En Réseau d'Éducation Prioritaire (REP+), il existe une "culture commune de la manière d'accompagner les élèves" entre CPE, directeurs d'école et directeurs de SEGPA, avec une forte volonté de travailler sur la continuité école-collège concernant les savoirs sociaux et citoyens, et un travail commun sur les "rituels pour faire adhérer les élèves à la règle".

      Conclusion

      Le processus d'accompagnement par le CPE est caractérisé par des "effets très forts d'inter et de co et de rétroaction" entre les élèves et les CPE, qui s'étendent en "cercles concentriques" avec la formation de collectifs autour de la relation duale.

      Ce travail en équipe nécessite une "vraie éthique", notamment le "tact", car les élèves sont sensibles à un "sentiment de loyauté".

      Enfin, l'"expérience collective nourrit la reconnaissance individuelle", soulignant l'importance de développer des expériences de travail collaboratif dès la formation initiale des CPE et des enseignants.

    1. Compte rendu : Le Recueil de la Parole des Enfants Victimes et le Défi des Enquêtes sur les Agressions Sexuelles

      Ce document examine les méthodes et les défis rencontrés par la police, en particulier la brigade des mineurs, lors du recueil de la parole des enfants victimes de violences, notamment sexuelles.

      Il met en lumière l'évolution des pratiques d'audition, l'importance des environnements adaptés et la complexité de l'enquête judiciaire face à des témoignages d'enfants.

      1. L'Évolution du Recueil de la Parole des Enfants : Les "Salles Mélanie"

      Historiquement, l'audition des enfants victimes se faisait dans des "bureaux ordinaires, des endroits où les conditions de confort et d'écoute n'étaient pas réunies pour avoir leur témoignage souvent si douloureux."

      Conscients de cette lacune, de nouvelles approches ont été mises en place, notamment la création de "salles Mélanie".

      • Concept et Aménagement : Les salles Mélanie, nommées d'après la première enfant auditionnée dans ces conditions, sont des "pièces spécialement aménagées avec du mobilier, des jeux pour enfants, des couleurs chaudes et qui permettent un petit peu comme un petit cocon de recueillir la parole de ces enfants de manière plus efficace et plus délicate."

      L'objectif est de créer un environnement qui "ressemble à une école, ça ressemble à ce qu'ils ont d'habitude, ça ressemble à une chambre d'enfance, ça ressemble pas à un bureau", afin de les "sécuriser" et qu'ils se "sentent en sécurité ici."

      • Outils Pédagogiques : Ces salles sont équipées de divers outils pour faciliter l'expression des enfants.

      Les poupées anatomiques, par exemple, sont essentielles : "Il y a un garçon et une fille et on peut complètement les déshabiller de des chaussures jusqu'au vêtements...

      Ce qui fait que ça permet à l'enfant de matérialiser s'il souhaite pas parler, ben finalement il peut nous expliquer à travers les les poupons en fait."

      Des dessins ou l'utilisation d'objets comme des stylos peuvent également aider l'enfant à "montrer ce qu'il a demandé de faire".

      • Impact sur le Témoignage : Les enquêteurs estiment que ces environnements permettent une parole plus "précise" et plus libre.

      Un policier souligne que l'enfant "va révéler le traumatisme qu'il a pu vivre."

      2. La Spécificité de l'Audition des Mineurs

      L'audition d'un enfant diffère grandement de celle d'un adulte ou même d'un adolescent, nécessitant des compétences et des approches spécifiques.

      • Difficulté d'Expression : Contrairement aux adolescents qui "vont tout nous expliquer", l'enfant "va falloir aller chercher un peu plus les éléments."

      Ils peuvent bloquer, avoir peur, ou manquer de vocabulaire pour exprimer ce qu'ils ont vécu.

      Certains "font que des signes de la tête qui veulent pas parler mais par contre qui vont nous répondre à travers ce gestuel surtout les petits parce qu'ils ont peut-être moins de vocabulaire moins la facilité de s'exprimer."

      • Techniques d'Audition Modernes : L'affaire Outreau a marqué un tournant, amenant de "grands changements par rapport au recueil de la parole de l'enfant."

      Auparavant, les questions étaient "dirigées" ("il a mis son zizi dans ton sexe"), ce qui pouvait influencer l'enfant.

      Désormais, la technique consiste à aborder le sujet "du général" et d'y aller "petit à petit", pour que l'enfant "puisse dire ce qui s'est passé exactement mais de façon moins brutale et moins l'influencer aussi."

      L'enquêteur doit s'adapter au "terme" propre à l'enfant pour désigner les parties intimes ou les actes.

      La Vérité et le Mensonge : Une règle fondamentale est de "dire que la vérité et puis jamais de mensonge."

      L'enfant est invité à donner un exemple de mensonge, comme "Il m'a rien fait" si un problème est survenu.

      Cependant, la déstabilisation de l'enquêteur face à un enfant qui ne parle pas révèle la complexité de cette approche.

      3. La Charge Émotionnelle et Psychologique des Enquêteurs

      Le travail à la brigade des mineurs est humainement très exigeant et impacte profondément les policiers.

      • Sensibilité du Travail : Les enquêteurs sont confrontés à des "affaires de mœurs, de viol" impliquant des enfants, ce qui est "pas forcément évident".

      Un enquêteur confie que cela "nous bouleverse", car ils ne sont "pas dénué du tout de sentiments.

      Bien au contraire." Ils doivent cependant "essayer de mettre de la distance parce que sinon c'est trop ça serait trop compliqué au quotidien."

      • Mécanismes d'Adaptation : Avec le temps, les enquêteurs se "forge une sorte de carapace".

      Le fait d'en "parler aussi, c'est aussi une façon de de se libérer quoi, de passer à autre chose, de pas garder tout pour nous."

      L'humour peut parfois être utilisé comme "une façon de détourner en fait."

      Certains dossiers restent cependant "ancrés dans un coin du cerveau et c'est vrai que parfois c'est difficile de faire le vide en rentrant à la maison."

      • Motivation : Malgré la difficulté, les enquêteurs trouvent ce domaine "passionnant, intéressant" car "un enfant, il a pas moyen de défense.

      Donc c'est vrai que c'est important de pouvoir l'aider à notre niveau si on si on peut essayer de comprendre et puis de lui trouver une solution."

      4. Le Processus Judiciaire et ses Limites

      Le recueil de la parole de l'enfant n'est que le début d'un processus judiciaire complexe où la preuve est primordiale.

      • Le Doute et la Preuve : La crédibilité de la parole de l'enfant est au centre de l'enquête.

      "C'est difficile de dire au départ si la parole de l'enfant est crédible ou pas."

      L'enquête vise à "vérifier les paroles que l'enfant a pu dénoncer à travers des auditions de témoin, à travers des examens médicaux, à travers des choses comme ça.

      Parce que justement, il faut bah il faut étayer les paroles de l'enfant."

      • L'Absence de Preuves Matérielles : L'un des cas présentés illustre la difficulté lorsque le mis en cause "nie la totalité des faits" et qu'il n'y a "aucun autre élément matériel" pour corroborer la version de l'enfant, y compris le certificat médical. Dans ce cas, "c'est une parole, contre une autre" et "on n'a rien de plus."

      • Le Classement Sans Suite : Face à l'insuffisance de preuves, le parquet peut décider un "classement 21" (classement sans suite).

      Cette décision est une source de "frustration" pour les enquêteurs car, même si cela ne signifie pas que la parole de l'enfant est mise en doute, "on n'a pas assez d'éléments pour vous confronter." C'est une application du principe "le doute profite à l'accusé."

      • Conséquences : Malgré la libération de l'accusé, le passage par les services de police et l'inscription dans les fichiers constituent un "précédent" pour le futur.

      L'exemple de Zoé, toujours placée en famille d'accueil et ne vivant plus avec son beau-père, montre que des mesures de protection sont prises indépendamment de l'issue judiciaire.

      En conclusion, si la création des salles Mélanie et l'évolution des techniques d'audition représentent une avancée majeure pour mieux recueillir la parole des enfants victimes, la phase d'enquête et la confrontation aux limites de la preuve matérielle restent un défi constant pour la justice et un lourd fardeau pour les enquêteurs.

    1. Document d'information détaillé : Violence des mineurs et culture du couteau en France

      Ce document analyse les thèmes principaux, les faits marquants et les idées essentielles concernant l'augmentation de la violence chez les mineurs en France, en particulier l'usage des armes blanches.

      Il s'appuie sur les extraits de l'émission "Envoyé spécial - Coups de couteaux chez les ados".

      Thèmes principaux

      • L'augmentation alarmante de la violence à l'arme blanche chez les mineurs : Le reportage met en évidence une multiplication des agressions, souvent filmées et partagées sur les réseaux sociaux.
      • La "culture du couteau" et son accessibilité : De nombreux adolescents portent des couteaux pour se défendre ou pour intimider, et l'acquisition de ces armes est étonnamment facile pour les mineurs.
      • Les motivations derrière le port d'armes et les agressions : Peur des représailles, rivalités de quartiers, quête de réputation, influence des réseaux sociaux et de la musique.
      • L'impact dévastateur sur les victimes et leurs familles : Traumatismes physiques et psychologiques, sentiment d'insécurité, et détresse des parents.
      • Les réponses des autorités et des acteurs de la prévention : Contrôles policiers, actions de sensibilisation, et limites du système judiciaire et éducatif.

      Faits et idées les plus importants

      • Multiplication des drames : Le reportage débute en soulignant que "Depuis quelques mois, les drames se sont multipliés à l'extérieur et même à l'intérieur des lycées ou des collèges."
      • Cas emblématiques :Élias, 14 ans : Tué à la machette à Paris en janvier pour un vol de téléphone portable.
      • Sou, 17 ans : Poignardé à mort dans le dos en mars.
      • Jeune fille de 15 ans à Nantes : Poignardée "à 57 reprises" par un élève de son établissement en avril.
      • Victime à Perpignan : Un lycéen de 15 ans poignardé dans le dos par des agresseurs de quartier rivaux au sein même de son lycée. Il a subi une "perforation des intestins" et porte de graves cicatrices.

      Le père de la victime témoigne de l'horreur : "Je jamais vu ça. Même moi quand j'allais quand j'étais jeune et j'allais ici à l'école non je suis bagarré à coup de point et tout.

      Bon après le lendemain j'étais réglé on était pote. C'est bon mais jamais coup de de couteau."

      Prévalence du port de couteaux :

      • Ryan, 16 ans (Marseille) : "J'ai un opinel. [...] C'est pour me protéger. Je préfère toujours en avoir un sur moi que de pas en avoir. C'est toujours mieux."

      Il ajoute : "Si le mec il a un couteau, je préfère moi aussi en avoir un. Je préfère le planter qui me plante. C'est logique ça."

      • Il dissimule son couteau "dans les parties intimes soit dans la sacoche soit là je le mets dans la chaussette".

      • Les couteaux Opinel sont "le couteau à la mode.

      C'est plus facile d'acheter un couteau que d'acheter un filet au fich à Mcdo. Mettre moins de temps." * Chiffres alarmants : "Rien qu'en 2024, 10400 agressions à l'arme blanche ont été perpétrées en France." Cependant, il est "difficile de savoir précisément combien concernent les mineurs. Faute de statistique." * Facilité d'acquisition des couteaux pour les mineurs : * La loi est claire : "Un couteau à la fixe comme un couteau de bouché, un poignard ou un cran d'arrêt sont des armes de catégorie D.

      Leur détention et leur transport sont formellement interdits aux mineurs." * Pourtant, un adolescent de 17 ans a pu acheter un couteau dans un supermarché discount et une quincaillerie sans vérification d'âge.

      • Sur internet, l'achat est encore plus simple : "Il lui suffit de mentir sur son âge et en quelques clics, la commande est passée.

      Aucune vérification de l'âge ou de l'identité de l'acheteur n'est effectuée. 48 heures plus tard, nous recevons le couteau à notre domicile. Bref, acheter un couteau, rien de plus facile pour un mineur."

      Causes et facteurs aggravants :

      • Rivalités de quartiers / "Match retour" : Plusieurs agressions sont liées à des vengeances inter-quartiers, comme l'agression à Perpignan.

      "L'adolescent agressé serait une victime de ce que les bandes appellent un match retour."

      • Réseaux sociaux : "Les agressions entre ados à l'arme blanche se multiplient en France. [...]

      Ces drames font le tour des réseaux sociaux et la une des journaux."

      Les jeunes se donnent rendez-vous pour se battre via des applications comme Snap, et les vidéos d'agressions sont partagées sur des boucles cryptées (Telegram) : "Avec les outils numériques, l'embrouille s'accélère."

      • Quête de réputation : Selon le sociologue Marwan Mohamed, "C'est quoi le carburant des embrouilles des rivalités de quartier ? C'est la réputation.

      C'est une compétition symbolique."

      La rue offre "des gratifications immédiates et des gratifications puissantes" aux jeunes en échec scolaire ou sans emploi. * Musique : La "culture du couteau est présente dans de nombreux morceaux de rap comme celui du chanteur Jul paru il y a quelques années. dans lequel il fait l'apologie d'un célèbre couteau avec son manche en bois."

      Réponse de la justice et de la prévention : * Contrôles policiers : Les forces de l'ordre effectuent des contrôles de sacs aux abords des lycées. "94 armes blanches ont été saisies à l'occasion de près de 1000 opérations de contrôle entre les mois de mars et d'avril."

      Ces actions visent la "prévention" et "une présence dissuasive", mais sont limitées car les policiers "n'ont pas le droit d'effectuer des fouilles au corps".

      • Justice des mineurs : La Présidente du tribunal pour enfants de Bobigny, Muriel Léglin, affirme ne pas constater une "flambée" mais une augmentation de 12% des saisines en 2024 par rapport à 2023, sans toutefois atteindre les niveaux de 2018-2019.

      Elle insiste sur le rôle "nouveau" et problématique des réseaux sociaux.

      • Non-laxité de la justice : Elle réfute l'idée d'une justice laxiste ou trop lente, expliquant la rapidité des procédures depuis la réforme de 2021 (saisine du juge entre 10 jours et 3 mois).

      "À partir de 13 ans, on est responsable pénalement. Vous avez l'âge d'aller en prison."

      • Manque de moyens : Le problème majeur réside dans l'exécution des mesures éducatives ou de contrôle judiciaire :

      "nous avons 200 mesures éducatives ou mesures de contrôle judiciaire qui ont été confiées à la protection judiciaire de la jeunesse et qui ne sont pas exécutées faute d'effectif éducatif."

      • Importance de la prévention : Elle souligne que la justice est souvent "la voiture balai de ce qui n'a pas fonctionné auparavant à savoir la prévention, la scolarité qui ne fonctionne pas.

      On a une proportion de jeunes qui sont en échec scolaire et en désertion scolaire, en décrochage scolaire qui est extrêmement importante et les difficultés familiales globales".

      Actions de sensibilisation :

      • Adama Camara : Fondateur de l'association Sada Solidaire, il a perdu son jeune frère poignardé en 2011.

      Il fait de la prévention dans les collèges et lycées, soulignant les conséquences de la violence : "les embrouilles s'amèent à deux choses, voire trois. La mort, la prison, le handicap."

      Il insiste : "arrêter de marcher avec des couteaux. On se protège pas avec un couteau. [...] Quand tu marches avec un couteau dans la poche, tu marches avec l'arme du crime."

      • Cours de self-défense : Certains parents inscrivent leurs enfants à des cours de "boxe de rue" pour apprendre à se défendre contre les agressions au couteau.

      "Ils apprennent à se défendre, à se débrouiller surtout dans la vie au quotidien parce que ce sont des situations qui se passent au quotidien."

      Conclusion

      Le reportage brosse un tableau préoccupant de la violence à l'arme blanche chez les mineurs en France.

      Il met en lumière non seulement la gravité des actes et leurs conséquences dramatiques, mais aussi la complexité des facteurs sous-jacents (rivalités de quartiers, influence des réseaux sociaux, facilité d'accès aux armes, quête de réputation).

      Si la justice des mineurs se veut plus rapide et non laxiste, elle est freinée par un manque criant de moyens pour l'application des mesures éducatives et un système de prévention en amont qui semble défaillant.

      Les initiatives individuelles de sensibilisation et de self-défense tentent de combler ces lacunes face à un phénomène qui bouleverse les familles et les communautés éducatives.

    1. Note d'information détaillée : Le marché du contenu pour adultes en ligne (OnlyFans & MYM)

      Thèmes principaux et idées clés :

      Ce document résume les informations clés concernant l'évolution du marché de la pornographie et de l'érotisme, avec une focalisation sur les plateformes en ligne comme OnlyFans et MYM.

      Il explore les motivations des créateurs de contenu, le modèle économique de ces plateformes, leurs dérives (notamment la présence de mineurs et le rôle des agents), et le vide juridique actuel en France.

      1. La transformation du marché du contenu pour adultes : De la rue à internet.

      • Changement de paradigme : Le marché du porno et de l'érotisme a quitté les "vitrines aveugles de la pornographie" dans les rues de Pigalle pour se déporter massivement sur internet. Les "sites porno classiques" ont été rejoints par de nouvelles plateformes.
      • Plateformes problématiques : OnlyFans et MYM (Me Your Me) sont identifiées comme des plateformes où l'on "vend des photos ou des vidéos osées" mais qui "posent problème" en raison de la présence de mineurs et d'autres dérives.

      2. Le modèle économique des plateformes (OnlyFans et MYM).

      • Monétisation du contenu personnel : Les créateurs comme Coralie et Daniela transforment leurs espaces privés en studios pour réaliser des photos et vidéos.
      • Fonctionnement de OnlyFans :Abonnement mensuel : Les utilisateurs paient un abonnement pour accéder au contenu général du créateur (ex: Coralie demande 11 dollars/mois).
      • Messagerie privée et contenu sur mesure ("médias") : Les abonnés peuvent échanger directement avec les créateurs et commander du contenu personnalisé, ce qui est très lucratif (ex: une vidéo basique de 25 minutes pour Coralie coûte 250 €, le BDSM double le prix ; Bryce Adams vend des vidéos sur mesure à 500 dollars la minute).
      • Commissions : La plateforme prend une commission de 20% sur les revenus des créateurs.
      • Rapports financiers : OnlyFans est une multinationale britannique avec 4,12 millions de créateurs et plus de 300 millions d'utilisateurs. Son chiffre d'affaires net en 2024 est de "plus d'un milliard de dollars".
      • Fonctionnement de MYM :Modèle similaire : MYM, une plateforme française lancée en 2019, fonctionne sur le même principe d'abonnement et de demandes privées.
      • Croissance rapide : En 6 ans, le chiffre d'affaires de MYM est passé de 3 millions d'euros à plus de 100 millions, et l'entreprise compte plus de 60 collaborateurs.
      • Contenu pour adultes majoritaire : Le contenu pour adultes représenterait, selon la plateforme, "la moitié de ses revenus", mais des sources internes estiment ce chiffre à 60-80%.
      • Gains des créateurs : Les revenus peuvent être très élevés. Coralie gagne "2900 € net en moyenne chaque mois", soit plus que son ancien salaire d'employée de bureau. Bryce Adams et son compagnon sont devenus "multimillionnaires", gagnant "plus de 30 millions de dollars" en 4 ans.

      3. Les motivations des créateurs de contenu.

      • Gains financiers rapides : Le principal attrait est la possibilité de "gagner beaucoup d'argent et très rapidement".
      • Indépendance et autonomie : Des créatrices comme Coralie démissionnent de leur emploi traditionnel pour se consacrer pleinement à cette activité, appréciant d'être leur "propre patron" et de "tenir [leur] vie entre [leurs] mains".
      • Complément de revenu : Pour d'autres, comme Daniela, c'est un "bon complément de revenu".
      • Réalisation du "rêve américain" : Bryce Adams considère le fait d'être créatrice de contenu comme une "nouvelle façon de réaliser le rêve américain".

      4. Les dérives du marché : Mineurs et manque de régulation.

      • Présence de mineurs : Malgré l'interdiction stricte aux mineurs sur les deux plateformes, des enquêtes (Reuters pour OnlyFans, Envoyer Spécial pour MYM) ont détecté des comptes ouverts par des mineurs.
      • Facilité de contournement des contrôles : Roman, 17 ans, a réussi à s'inscrire sur MYM à 15 ans avec une "fausse carte" imprimée, le système de vérification "n'a pas vu que c'était du papier".
      • Témoignage de Roman : Elle propose du contenu axé sur les pieds, gagnant près de 1500 € pour des actions qu'elle n'avait pas "envie de faire" mais qui étaient "bien payé[es]". Elle estime que c'est une "sorte de prostitution".
      • Expérience du faux profil test : Un faux profil de mineur (16 ans) créé par les journalistes a été validé par MYM en seulement "15 minutes" et est resté actif pendant "44 jours" avant d'être suspendu.
      • Faiblesse des systèmes de contrôle : Les plateformes affirment utiliser des "processus de validation strict" et des "technologies et équipes de modération massives", mais l'enquête révèle que l'IA utilisée a une "marge d'erreur de plus d'un an sur la tranche 13-17 ans".
      • Reconnaissance interne des fraudes : D'anciens employés de MYM confirment que les "tentatives de fraude à la carte d'identité, ce sont des occurrences quotidiennes" et que "des jeunes filles notamment qui passaient entre les mains du filet" étaient connues en interne.
      • Manque de régulation et auto-régulation :ARCOM : L'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) ne cible pas prioritairement MYM dans ses actions de contrôle.
      • Ministère de l'Intérieur : La police nationale n'est pas un modérateur, et la "grande majorité des profils sont privés", rendant les constatations difficiles pour les enquêteurs.
      • Absence de réponses de MYM : Les fondateurs de MYM ont refusé toute interview, répondant par écrit qu'ils n'avaient "pas repéré de profil de créateur mineurs".
      • Priorité au chiffre : Selon un ancien employé, la question éthique et morale est "rarement abordé[e]" en interne chez MYM, la priorité étant de "faire du chiffre d'abord".

      5. Le rôle croissant des "managers fan" et ses dérives.

      • Émergence des agents : Des hommes comme Quentin Stelma (23 ans) se positionnent comme "manager fan", agissant comme agents pour les modèles, monétisant leur contenu sur les plateformes.
      • Modèle économique des agents : Ils prennent 50% des gains de la modèle. L'utilisation d'un agent peut multiplier les revenus d'une modèle (ex: Sorena est passée de 1900 € seule à 15000 € avec un agent).
      • Stratégies marketing : Les agents utilisent les réseaux sociaux classiques (ex: Instagram) pour créer une communauté et rediriger les abonnés vers les plateformes privées.
      • Les "chatters" : Une "supercherie" où des jeunes hommes répondent aux utilisateurs "à la place de la modèle" pour "vendre le maximum de photos et vidéos possibles", créant l'illusion que le client parle directement à la créatrice. Les chatters touchent 10 à 15% des ventes. Les clients sont souvent des personnes "célibataires" ou qui "n'arrivent pas justement à aller voir des femmes".
      • Discours misogyne et masculiniste : Des "gourous" comme Anthony Sirius (23 ans) proposent des formations en ligne pour futurs agents. Ces formations véhiculent une "vision marchande de la femme", la présentant comme un "produit qu'il faut optimiser, qu'il faut rentabiliser". Les critères de sélection des modèles incluent d'être "belle", "bonne", "jeune voire très jeune", et "blanche".
      • Marché parallèle de contrats : Les agents organisent des "marchés aux femmes" sur des messageries cryptées (ex: Telegram) où ils "achètent et [re]ventent des contrats de modèle du monde entier" (ex: "18 ans, Ukraine 800 dollars", "22 ans, France 450 €"), sans interaction avec les modèles.
      • Abus et absence de protection juridique :Témoignage de Christine : Elle a subi de la "maltraitance psychologique" de la part de son agent, qui est devenu "très méchant" et "harcel[ait] même de dizaines de messages" pour la pousser à produire plus.
      • Tentative d'escroquerie : L'agent de Christine aurait tenté de remplacer son RIB par le sien pour détourner ses revenus, conduisant Christine à porter plainte.
      • Vide juridique : L'absence de cadre juridique spécifique rend les modèles "sans protection face à des agents qui peuvent être abusifs".

      L'avocat Raphaël Molina évoque le "proxénétisme 2.0" mais souligne l'absence de "relation physique" nécessaire pour la qualification de proxénétisme actuel.

      6. Perspectives de régulation.

      • Nécessité d'une législation spécifique : Le "vide juridique" actuel nécessite une nouvelle loi pour encadrer ce phénomène.

      Idées de régulation :

      • Créer une qualification juridique de "proxénétisme 2.0".
      • Interdire la promotion de ces plateformes sur les réseaux sociaux.
      • Interdire les liens de redirection des réseaux sociaux classiques vers les plateformes privées, ou à minima les encadrer.
      • Mettre en place une prévention et une sensibilisation "auprès des jeunes et auprès des parents sur les risques" liés à cette activité.

      • Conscience des parlementaires : Une commission d'enquête parlementaire a commencé à s'intéresser au sujet, montrant une prise de conscience, même si les députés n'étaient "pas du tout" au courant du fonctionnement de ces plateformes au départ.

    1. Synthèse du Briefing : PFAS - La Grande Intox de l'Industrie

      • Ce briefing explore la problématique des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), surnommés "polluants éternels", en se basant sur une enquête journalistique approfondie, notamment en France avec les cas de l'entreprise Tefal (groupe Seb) et Arkema, ainsi qu'aux États-Unis.

      Il met en lumière la dangerosité de ces molécules, les efforts de l'industrie pour dissimuler leurs effets et retarder la réglementation, et les conséquences sanitaires et environnementales.

      1. Les PFAS : Molécules "Miracles" devenues "Polluants Éternels"

      Les PFAS sont des molécules chimiques synthétiques, plus de 10 000 recensées, créées dans les années 1930.

      Elles ont révolutionné de nombreux secteurs grâce à leurs propriétés uniques : "ultra résistantes à la chaleur, imperméables à l'eau." Initialement utilisées pour la fabrication de la bombe atomique, leurs applications industrielles se sont multipliées : "poêles anti-adhésives, batteries électriques, vêtements imperméables, cosmétiques."

      Le problème majeur des PFAS est leur persistance : "Indestructibles, ils s'accumulent dans l'environnement. On les appelle les polluants éternels."

      On les retrouve "dans le corps des gens, dans la faune et la flore, dans l'air, dans l'eau. Toute notre planète est contaminée."

      2. Dangers pour la Santé et l'Environnement

      L'enquête révèle que la dangerosité de certaines de ces substances est connue depuis des décennies par les industriels, qui auraient "dissimulé pendant très longtemps ce qu'ils savaient sur ces molécules."

      Le PFOA (acide perfluorooctanoïque), un PFAS particulièrement nocif utilisé par Tefal jusqu'en 2012, a été classé "cancérogène pour l'homme en 2023" par le Centre international de recherche sur le cancer (OMS).

      L'exposition aux PFAS est associée à de nombreux effets sur la santé :

      Cholestérol et diabète.

      • Cancers : "cancer des testicules et du rein," "augmenterait aussi le risque de cancer du sein."
      • Système immunitaire : Baisse de l'efficacité des vaccins et des antibiotiques, notamment chez les enfants exposés.
      • Impact sur le fœtus : Le PFOA "modifierait le génome du fétus, augmentant sa probabilité de développer du diabète ou un futur cancer." Un expert déclare : "Nous transmettons désormais la toxicité à la prochaine génération qui paiera pour cela."
      • Foie : Une exposition répétée peut provoquer des "effets néfastes sur le foie."

      Un ancien salarié de Tefal témoigne de la détérioration de son foie avec des enzymes hépatiques "jusqu'à deux fois supérieures à la normale."

      • Dans l'environnement, les PFAS contaminent "nos légumes, dans nos œufs, dans nos eaux potables." La contamination des nappes phréatiques peut être "pour l'éternité."

      3. Dissimulation et Stratégies Industrielles

      L'enquête dénonce les décennies d'efforts des industriels pour "tromper les pouvoirs publics, tromper la communauté scientifique à propos de leur impact réel sur la santé."

      Tefal/Groupe Seb à Rumilly (Haute-Savoie) :

      • Rejets historiques : Tefal a utilisé "plus d'une tonne par an" de PFOA jusqu'en 2012. L'usine a rejeté "des substances chimiques dans l'environnement" et des documents confidentiels révèlent que des "boues de traitement des effluants environ 30000 m³ ont été déposées dans une ancienne carrière" (le plan d'eau des Puys) et d'autres sites, souvent "à même le sol sans bâche de protection."
      • Connaissance des risques : Dès 2002, une fiche de sécurité d'un fournisseur de Tefal précisait que le PFOA "est absorbé à travers les poumons, l'appareil gastro-intestinal et la peau et n'est éliminé que très lentement du sang. Une exposition répétée au-dessus de la limite d'exposition professionnelle peut provoquer des effets néfastes sur le foie."
      • Déni et communication : Le directeur général de Seb affirme que "Le PFO n'est pas considéré comme nocif pour les ouvriers et nous n'avons eu aucune maladie professionnelle d à ça."

      Pourtant, un email confidentiel de 2024 évoque des "campagnes de surveillance biologique" montrant une "corrélation entre la suppression du PFOA dans les matières premières et la diminution des valeurs biologiques mesurées," suggérant une présence antérieure dans le sang des ouvriers.

      • Pollution de l'eau potable : En novembre 2022, l'eau potable de Rumilly a été "brusquement considérée impropre à la consommation" en raison d'une contamination aux PFAS.

      Les habitants ont bu de l'eau contaminée pendant des décennies, certains affichant des taux de PFOA "cinq fois plus que la moyenne française" dans le sang.

      Arkema (Sud de Lyon) :

      • Connaissance précoce : Dès 2006, Arkema était "informé de la contamination des populations aux alentours des usines américaines," avec un lien clair entre les concentrations de PFA dans l'eau potable et le sang.
      • Stratégie de défense : En 2009, des industriels, dont Arkema, réfléchissaient déjà à "une stratégie de défense" sur la question de la présence des PFAS dans l'eau potable "avant qu'il n'apparaisse dans les médias ou qu'il n'engendre des pressions réglementaires."
      • Solution connue mais retardée : Dès 2013, Arkema avait validé en laboratoire une solution (charbons actifs) pour "réduire de manière très importante les émissions" de PFAS, mais n'a installé la station qu'en 2022, "presque 10 ans plus tard."
      • Dissimulation de rapport : Une version tronquée d'un rapport d'analyse indépendant a été transmise à la justice par Arkema, supprimant une partie de la conclusion "détaillant pourquoi les molécules retrouvées dans la nappe pourrait en partie provenir des rejets de l'usine Archema."

      Un journaliste dénonce : "Ce sont des industriels qui fabriquent en permanence ce doute et qui n'ont pas peur de tronquer leur rapport."

      4. Lobbying et Influence Politique

      Les industriels déploient des efforts considérables pour "empêcher leur interdiction" et "retarder, retarder, retarder pour repousser le plus loin possible toute réglementation qui pourrait affecter ses produits, ses procédés et au final ses profits."

      • Tefal face à la loi française : Lors de l'examen d'une loi visant à interdire les polluants éternels, Tefal a mené une "vaste campagne de lobbying," allant jusqu'à "payer les salariés pour faire grève" et manifestants devant l'Assemblée nationale.

      L'entreprise a fourni aux parlementaires des "éléments de langage" défendant les fluoropolymères, un type de PFAS, comme étant "peu préoccupant aux impacts insignifiants sur la santé et sur l'environnement" et "incapable de traverser la barrière gastro-intestinale."

      L'OCDE réfute avoir "finalisé de telles conclusions," et le directeur de recherche au CNRS, Pierre Labadi, déclare que cette présentation est "tronquée" car "le caractère extrêmement persistant de l'ensemble d'épiface" est "avéré."

      • Résultat du lobbying : Les ustensiles de cuisine ont été "exclus du champ d'application de la loi" en première lecture, un député écologique dénonçant une "grosse pression au niveau de Ber."

      • Lobbying européen : Au niveau européen, l'industrie a inondé les autorités de "milliers de mails d'études socio-économiques, de rapports scientifiques" avec les mêmes arguments.

      5. Coût de la Dépollution et Responsabilité

      La dépollution des sites contaminés est un défi "titanesque."

      Le coût estimé de la dépollution de toute l'Europe est de "100 milliards d'euros par an, plus de la moitié du budget annuel de l'Union européenne."

      • Responsabilité industrielle : Les autorités locales et les associations estiment que les pollueurs devraient payer. La métropole de Lyon, confrontée à une dépollution de l'eau potable coûtant "entre 5 et 10 millions d'euros," a saisi la justice, refusant que "l'usager qui paie qui qui subit à la pollution et qui paye le coût de la dépollution."
      • Déni de responsabilité : Tefal a versé 3600 € à la collectivité de Rumilly pour les filtres à charbon, mais le directeur général refuse d'admettre la pleine responsabilité, arguant qu'il n'y avait "pas de norme" à l'époque et que "il y a au moins cinq entreprises mobilisées par l'adréal" sur le site.
      • Non-reconnaissance des maladies professionnelles : Tefal nie toute maladie professionnelle liée aux PFAS, malgré les témoignages d'anciens salariés.

      Conclusion

      Le scandale des PFAS est symptomatique d'une industrie chimique qui a sciemment dissimulé les dangers de ses produits pendant des décennies, privilégiant les profits.

      Les conséquences sanitaires et environnementales sont massives et durables, avec un coût de dépollution faramineux qui soulève la question de la responsabilité des industriels.

      La bataille pour une réglementation stricte et l'indemnisation des victimes est loin d'être terminée, face à un lobbying industriel puissant.

      Comme le souligne un militant, "Chaque mois, chaque année qui passe, ça se compte en vie humaine.

      Donc c'est absolument inacceptable."

    1. Dossier d'information détaillé : Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale

      Introduction

      Ce dossier vise à synthétiser les thèmes principaux et les informations cruciales abordées lors de l'émission "Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale".

      L'objectif central de cette émission est de libérer la parole autour de la santé mentale et de démystifier les troubles psychiques, souvent entourés de tabous et de stigmatisation en France.

      Comme le souligne Eddie Riner, parrain de cette initiative, "La santé mentale, c'est une chose dont tout le monde devrait [se] soucier en France."

      1. La Santé Mentale, un Sujet Universel et encore Tabou

      Une préoccupation pour tous : L'émission insiste sur le fait que la santé mentale concerne chacun d'entre nous.

      "Au cours de notre vie, nous allons tous connaître des moments où notre santé mentale sera altérée. Ça peut commencer avec un simple stress, mais aussi des tâches quotidiennes qui nous dépassent avec la fameuse charge mentale."

      Les troubles psychiques : Au-delà du stress quotidien, des troubles plus complexes comme la dépression, la bipolarité et la schizophrénie sont évoqués, pour lesquels "on ose moins parler".

      Le tabou persistant : Un sondage Ipsos révèle que "près d'un Français sur deux" trouve qu'il est difficile de parler de santé mentale, démontrant à quel point le sujet reste un tabou dans le pays.

      2. Démystification et Lutte contre la Stigmatisation

      L'émission met en lumière des témoignages poignants pour changer la perception des troubles psychiques.

      • Schizophrénie : Une maladie qui ne rime pas avec "débilité mentale".Florent, atteint de schizophrénie, partage son expérience :

      "Au début de la maladie, j'associais la schizophrénie avec une forme de débilité mentale. C'est-à-dire que je m'interdisais de vivre puisque je me dis... de toutes les façons c'était vrai l'échec puisque j'étais plus bête que la moyenne."

      • Le Professeur Antoine Pellissolo, psychiatre, déconstruit cette idée reçue :

      "Absolument. Ça n'a rien à voir avec l'intelligence en fait. Les troubles psychiques, ce sont des maladies qui perturbent les émotions, la perception du monde... mais pas l'intelligence."

      • L'exemple de "grands personnages" comme Einstein ou Léonard de Vinci, ayant connu des épisodes psychiques, a aidé Florent à déclencher une prise de conscience et à croire en une vie heureuse malgré la maladie.

      • Bruno Guillon témoigne de son changement de perception après avoir rencontré des personnes atteintes de schizophrénie :

      "Pour moi, quelqu'un qui était atteint de de schizophrénie, c'était un fou. C'est-à-dire c'était l'iconographie de la chambre capitonnée avec la camisole de force et quelqu'un qui a aucun discernement."

      Son reportage à la radio "Les Antoonoirs" a prouvé le contraire.

      • La radio comme outil thérapeutique : Le reportage sur "Les Antoonoirs" à Roubaix montre comment des personnes atteintes de troubles psychiques, dont la schizophrénie, animent une émission de radio sous prescription médicale.

      Ce projet leur permet de "ne pas être dans la solitude parce que la solitude elle tue plus qu'une maladie" et de "diminuer le traitement médicamenteux".

      • Le désir d'être vu comme des "êtres humains à part entière": Un participant de l'émission des "Antoonoirs" exprime :

      "Moi, j'espère qu'une chose, c'est qu'on nous voit vraiment comme ce qu'on est, des êtres humain à part entière. Euh sur un même plan d'égalité, ça c'est important."

      • Bipolarité : Un chemin de "rétablissement" continu.Noël, atteint de troubles bipolaires, insiste sur la distinction fondamentale : "on ne vous qualifie pas comme patient bipolaire mais quelqu'un qui souffre de trouble bipolaire car la distinction est très importante." Il préfère le terme "en rétablissement" car "c'est un chemin qui se poursuit et qui comporte ce long périple."

      • Les tatouages de Noël symbolisent son parcours et sa volonté de vivre, comme le montre l'inscription "No way you kill yourself".

      • Le rôle de la famille : La mère de Noël, Monique, exprime le soulagement d'avoir enfin un diagnostic : "D'avoir un mot, je pense que ça a aidé parce que jusqu'ici on est bon, on savait que Noël était pas bien...

      Mais le fait qu'il y a un nom euh sur la maladie, c'est quand même quelque chose, c'est quand même positif parce que ça ça nous dit bah finalement depuis son enfance, depuis tout le temps, il était pas bien mais on sait pourquoi et c'était peut-être pas de notre faute, c'était comme ça quoi."

      • L'hérédité : Astrid Chevance explique que les antécédents familiaux peuvent indiquer une vulnérabilité : "L'hérédité c'est pas seulement la génétique, c'est aussi le partage d'une vie commune, le milieu social et cetera."

      3. Comprendre et Gérer la Dépression

      La dépression est présentée comme la maladie psychiatrique la plus fréquente en France, touchant "12,5 % des Français âgés de 18 à 85 ans" chaque année.

      • Distinction déprime/dépression : La déprime est passagère, tandis que la dépression est "beaucoup plus intense" et "nous terrasse".

      • Symptômes de la dépression : Antoine Pellissolo décrit la dépression comme "une rupture avec sa vie habituelle", incluant désespoir, douleur et "dérèglements du corps" (perte d'appétit, troubles du sommeil, fatigue).

      • Ce qui se passe dans le cerveau : Une animation explique la baisse des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, noradrénaline) entraînant moins de plaisir et de motivation.

      Le cortex préfrontal, responsable des décisions rationnelles, n'est plus en mesure de prendre du recul, et l'amygdale cérébrale "surinterprète des messages négatifs".

      Une "tempête de molécules inflammatoires" (cytokines) aggrave les symptômes.

      • Le rôle des aidants et la difficulté à parler : Marise, qui a vaincu la dépression, témoigne de "idées très sombres, noires".

      Son mari, Michel, a été un aidant malgré lui, soulignant la difficulté de la famille à savoir comment aider et l'absence de soutien pour eux.

      • Briser la culpabilité du patient : Marise a rencontré un psychologue avec lequel le courant ne passait pas et s'est dit "ils étaient tous pareils". Anne-Victoire Rousselet, psychologue, insiste sur le droit du patient de changer de thérapeute : "Bah, évidemment qu'on a le droit... c'est une histoire de rencontre."

      4. Le Burnout : Une Maladie des "Forts"

      Christophe partage son expérience du burnout, soulignant que "beaucoup de gens considèrent que c'est la [maladie] des faibles et au contraire, c'est plutôt la maladie des forts, des personnes qui se sont pas écoutées, qui se sont pas arrêtées à temps."

      • Les signaux faibles : Douleurs physiques inexpliquées ("le corps parlait"), arrêt des activités plaisantes ("j'ai pas le temps d'aller au sport en ce moment").

      • Le soutien de l'entourage : La femme de Christophe témoigne de son désarroi face à son mari "sur son canapé toute la journée à se morfondre", sans savoir comment agir. Il est souligné que les aidants souffrent aussi et ont besoin de soutien.

      • Prévention en entreprise : L'importance de poser des questions sur le bien-être au travail et à la maison est mise en avant.

      • La durée de l'arrêt de travail : Christophe n'a été arrêté que 3 mois, ce qui est considéré comme très court.

      En Belgique, où l'épuisement professionnel est reconnu, la moyenne est de 14 mois. L'idée est qu'il faut "sortir du milieu hostile" et revenir "outillé et différent".

      5. L'Anxiété Généralisée et les Crises d'Angoisse

      Clara souffre de troubles anxieux généralisés, ayant connu de "terribles crises d'angoisse" et des difficultés à sortir de chez elle.

      • Symptômes : Cœur qui bat à fond, pertes d'équilibre, sentiment de déréalisation ("on est plus ancré dans la réalité").

      • Le cercle vicieux : La peur de refaire des crises d'angoisse alimente les crises elles-mêmes : "on a peur d'avoir peur et plus on a peur d'angoisser, plus on fait des crises d'angoisse."

      • Thérapie et soutien : Clara a suivi une "thérapie comportementale et cognitive" pendant deux ans. Son compagnon l'a soutenue en étant à l'écoute et en contactant sa psychologue pour obtenir des outils.

      • La reconquête de soi : Clara a réalisé son rêve de voyager seule pendant un mois, défi qu'elle ne pouvait pas relever auparavant, montrant ainsi son rétablissement.

      6. Le Rôle des Professionnels de la Santé Mentale Une clarification est apportée sur les différents rôles :

      • Médecin généraliste : Premier recours pour un diagnostic initial et une orientation.

      • Psychiatre : Médecin spécialiste des troubles psychiques (8-9 ans d'études de médecine). Ils peuvent prescrire des médicaments et certains sont également formés aux psychothérapies. Leurs consultations sont remboursées.

      • Psychologue : Ont un master de psychologie clinique et des stages. Ils sont décrits comme des "rééducateurs de la psychée". Depuis peu, "12 séances chez un psychologue sont remboursé[e]s par l'assurance maladie" sans prescription médicale.

      • Psychothérapeute/Psychopraticien : Des distinctions sont nécessaires pour s'y retrouver.

      • L'importance du bon "feeling" : Il est crucial de trouver un professionnel avec qui le courant passe. "C'est une histoire de rencontre."

      7. L'Impact de l'Hygiène de Vie sur la Santé Mentale

      L'émission met en évidence trois piliers essentiels pour le bien-être mental :

      • Le Sommeil : "Chouchouter son sommeil" est crucial. "Quand on dort pas, on est fatigué, on a du mal à se concentrer sur les choses, à gérer ses émotions." La quantité (environ 7h) et la régularité sont importantes.

      L'Activité Physique : Le sport a un impact direct sur le cerveau.

      • Mécanismes : Libération d'endorphines (hormones du bonheur) apaisant la douleur et procurant un sentiment de bien-être.

      Production de dopamine (motivation, plaisir) et de sérotonine (humeur), "le même que celui visé par certains antidépresseurs."

      Stimulation de la "neurogénèse" (création de nouveaux neurones) dans l'hippocampe, essentielle contre la dépression.

      • Témoignages : Marise a vaincu sa dépression grâce au football en rejoignant une équipe de femmes. Clara, Noël, Florent et Christophe témoignent tous des bienfaits de la danse, du vélo, de la musculation ou de la marche.

      • La "surf thérapie" : Des psychiatres utilisent le surf comme outil thérapeutique pour des patients atteints de troubles psychiques, permettant une "resocialisation" et une reconquête de la confiance en soi.

      Virginie témoigne : "Ça m'a apporté ce côté-là. Ouais. de reprendre confiance en moi, de retrouver une certaine fierté de ce que je fais parce qu'au départ, je ne pensais pas y arriver."

      L'Alimentation : Le régime méditerranéen est fortement recommandé.

      • Impact : Une étude montre qu'un régime de type méditerranéen a conduit à "une rémission pour un tiers des participants de la dépression en moins de 3 mois."

      • Composition : Principalement végétal, local, de saison, coloré, riche en antioxydants, polyphénols, oléagineux, céréales complètes, bonnes matières grasses (huile d'olive) et poissons gras (oméga-3).

      • Méfiance envers les aliments ultra-transformés : Ils "sont faits pour être irrésistibles" mais leur consommation excessive augmente le risque "d'anxiété, de dépression, de trouble du sommeil" en créant une inflammation "persistante" dans le corps.

      • L'équilibre : Les plaisirs occasionnels ("junk food") sont acceptables, mais ne doivent pas devenir la norme.

      8. L'Importance de la Prévention et du Soutien

      • Le défi "Courir pour toi" : Louis, dont le frère Simon s'est suicidé après des années de lutte contre la dépression, a lancé un défi sportif (130 marathons en 150 jours) pour sensibiliser et lever des fonds pour la "Maison Perchée", une association qui aide les personnes confrontées à des troubles psychiques.

      • Détecter les signaux et agir : En cas d'idées noires ou suicidaires, il est crucial de "saisir la perche", d'être à l'écoute et d'engager le dialogue. Il ne faut jamais banaliser ces propos.

      • Appeler à l'aide : Si la situation est inquiétante, il faut contacter le médecin traitant ou, en urgence, le SAMU (15).

      • Différences hommes/femmes face à la dépression :

      Les femmes sont plus souvent diagnostiquées (2 pour 1 homme), peut-être parce que la société leur laisse plus d'espace pour exprimer la tristesse, tandis que les hommes peuvent avoir plus de mal à parler de leur souffrance.

      • La "Maison Perchée" : Un lieu "sans jugement" qui sert de "sas entre l'hospitalisation et la le retour à la vraie vie", offrant des ateliers et un soutien par les pairs ("pair-aidance"). Flavie, bipolaire, y a trouvé "une pluralité dans l'être humain" et a pu "renaître".

      Conclusion

      • L'émission "Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale" est un appel vibrant à la prise de conscience et à l'action.

      Elle démontre que les troubles psychiques sont des maladies réelles et complexes, qui ne doivent plus être stigmatisées.

      Grâce aux témoignages et aux éclaircissements des professionnels, elle offre de l'espoir en montrant que des solutions existent, qu'il s'agisse de thérapies, de médicaments ou d'une meilleure hygiène de vie.

      Le message clé est clair : oser en parler, demander de l'aide et reconnaître l'importance d'une approche globale pour la santé mentale.

      Comme le dit un participant des "Antoonoirs", il s'agit de voir les personnes atteintes de troubles psychiques comme des "êtres humains à part entière" sur un pied d'égalité.

    1. Compte Rendu Détaillé : Sommes-nous tous racistes ?

      Ce document synthétise les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits marquants tirés de l'émission "Sommes-nous tous racistes ?".

      Il met en lumière les mécanismes inconscients des préjugés et de la discrimination à travers diverses expériences scientifiques.

      Introduction : Les Préjugés Universels et la Question du Racisme

      L'émission s'ouvre sur une interrogation fondamentale : "Vous êtes raciste, vous et moi ?

      Est-ce que je suis raciste ?" (Lucien Jean-Baptiste).

      Elle pose l'idée que, quelles que soient nos origines ou caractéristiques, "nous avons tous des idées reçues, des a prioris, des préjugés sur tout ce qui ne nous ressemble pas, que nous ne connaissons pas."

      L'objectif de l'émission est d'explorer ces mécanismes inconscients.

      Pour ce faire, 50 volontaires participent à des "expériences étonnantes" sous le faux titre "Les mystères de notre cerveau", afin de ne pas biaiser leurs réactions.

      Le psychosociologue Sylvain De Louvet, expert scientifique, décode les résultats des expériences.

      Marie Drucker et Lucien Jean-Baptiste, réalisateur et comédien engagé, commentent les comportements observés.

      L'émission révèle que le racisme, la misogynie, le sexisme, l'antisémitisme, l'homophobie et la grossophobie s'appuient sur les "mêmes mécanismes" inconscients et documentés scientifiquement.

      Thèmes et Idées Clés : Les Mécanismes Inconscients des Préjugés

      1. La Recherche de Similarité et ses Conséquences (Expérience de la Salle d'Attente)

      Description de l'expérience : Des participants sont invités à s'asseoir dans une salle d'attente où deux chaises sont disponibles, une à côté d'un homme blanc et l'autre à côté d'un homme noir. La position des acteurs est inversée à mi-parcours.

      Observations et conclusions :

      • Les participants choisissent majoritairement de s'asseoir à côté de la personne blanche, quel que soit son emplacement.
      • Sylvain De Louvet explique : "Ce n'est pas un comportement raciste en tant que tel.

      Ce qui s'explique très facilement, c'est l'idée que on cherche la similarité. On va chercher les gens qui nous ressemblent." * Cette tendance est qualifiée de "reptilien[ne]", certains thèse évolutionnistes suggérant que "les tribus primitives déjà avaient tendance à se méfier de la différence de l'autre et à plutôt chercher la similitude, la similarité."

      • Impact : Bien que non raciste en soi, ce mécanisme a des "conséquences quand on va chercher un emploi, l'accès au logement et cetera, c'est terrible." Un DRH, même tolérant, peut inconsciemment favoriser quelqu'un qui lui ressemble.

      2. L'Influence des Préjugés sur le Jugement (Expérience du Jury)

      Description de l'expérience : Les participants jouent le rôle de jurés et doivent attribuer une peine de prison à un accusé pour le même crime (coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort).

      Deux profils sont présentés : un homme blanc et un homme d'origine maghrébine.

      Observations et conclusions :

      • L'accusé d'origine maghrébine écope d'une peine de prison supérieure et est cinq fois plus souvent condamné à la peine maximale (15 ans).
      • Lucien Jean-Baptiste partage une anecdote personnelle : "Quand j'appelais Oui, bonjour Lucien Jean-Baptiste, j'appelle pour un stage. J'avais le stage et 2 minutes plus tard, j'avais mon copain qui avait un nom à consonance maghrébine, il appelait et ben il avait pas le stage."
      • Cette expérience démontre comment les "préjugés peuvent influencer notre jugement au sens propre du terme."

      3. La Catégorisation Sociale, Racine des Stéréotypes (Explication et Expérience du Vol de Vélo)

      Explication théorique :

      • Notre cerveau est "naturellement paresseux" et "réduit la complexité du monde" en classant les individus dans des catégories : "les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, les riches et les pauvres, les homosexuels, les roux, les obèses, mais aussi les blancs et toutes les minorités visibles ou encore les juifs et les musulmans et tant d'autres. Cela s'appelle la catégorisation sociale."
      • Ce mécanisme entraîne des "biais de perception" : nous percevons des ressemblances au sein de notre groupe et des différences avec les autres.
      • Conséquence : "Quand quelqu'un appartient à notre groupe, nous nous sentons aussitôt plus proche de lui. Comme il nous ressemble, il est rassurant. En revanche, si un individu appartient à un autre groupe, nous le percevons comme différent de nous et donc potentiellement menaçant."
      • Cette catégorisation sociale est "à la racine de tous les stéréotypes et préjugés."
      • Description de l'expérience : Trois comédiens (un homme blanc, un homme d'origine maghrébine, une femme blonde) simulent le vol d'un vélo en pleine rue.

      Observations et conclusions :

      • L'homme blanc (Johann) reçoit de l'aide et n'est pas soupçonné, les passants pensant qu'il a "une tête d'honnête."
      • L'homme d'origine maghrébine (Bachir) est immédiatement confronté, menacé par l'appel à la police, et de vrais policiers interviennent.
      • La femme blonde (Uriel) reçoit instantanément l'aide de plusieurs hommes sans être interrogée sur la légitimité de son action.
      • Impact : Lucien Jean-Baptiste souligne : "C'est c'est c'est dur hein. Mais je suis un peu ça m'a touché ce truc parce que vous savez moi j'ai j'ai je il m'est arrivé combien de fois de rentrer dans des halls d'immeuble et combien de fois on m'a dit qu'est-ce que vous faites là ?" Il ajoute : "On est conditionnés, c'est des fameux préjugés stéréotypes, clichés. Et je peux pas en vouloir à quelqu'un d'être enfermé là-dedans."
      • Sylvain De Louvet distingue : "Les stéréotypes ont un caractère automatique mais ensuite le comportement votre choix délibérer vous de donner tel rôle à tel méchant le choix qu'on fait certains passants de téléphoner à la police ici c'est un choix délibéré." On peut choisir d'adhérer ou non au stéréotype.

      4. Le Biais du Tireur et ses Implications (Expérience du Laser Game)

      Description de l'expérience : Les participants, pensant tester leurs réflexes, doivent tirer avec un pistolet laser sur des figures armées et éviter celles désarmées.

      Les figures sont de différentes origines ethniques (blanches, maghrébines, noires).

      Observations et conclusions :

      Les participants tirent "près de quatre fois plus sur les figurants désarmés noirs ou d'origine maghrébine que sur les figurants désarmés blancs."

      Cette expérience s'inspire de recherches américaines sur le "biais du tireur", montrant que les policiers sont inconsciemment "plus enclins à tirer sur les citoyens noirs que sur les blancs, même quand ceux-ci sont désarmés."

      5. L'Internalisation des Stéréotypes dès l'Enfance (Expérience des Marionnettes et des Poupées)

      Expérience des marionnettes : Des enfants doivent désigner le voleur du goûter entre un petit garçon blanc et un petit garçon noir, tous deux clamant leur innocence.

      Observations : Les enfants désignent "spontanément plus nombreux à désigner Mousa [le garçon noir] comme le voleur le plus probable." La révélation finale est que c'était un oiseau.

      Expérience des poupées (tirée du documentaire "Noir en France") : Des enfants choisissent des poupées et expliquent leurs préférences.

      Observations : Des enfants noirs préfèrent les poupées blanches, certaines petites filles noires exprimant le désir de devenir blanches. Une enfant dit préférer la poupée noire "parce que tu es mon préféré."

      • Conclusion : Sylvain De Louvet explique l' "internalisation" : "des membres d'un groupe incorporent le stéréotype qui leur est attribué."

      Il insiste sur la responsabilité de l'éducation : "les enfants, ils sont sensibles aux normes sociales.

      Les enfants, ils observent ils observent qui ?

      Nous, les adultes. [...] Et ils vont incorporer les stéréotypes, les préjugés de leur entourage."

      6. Le Contexte Modifie la Perception des Stéréotypes (Expérience de la Photo de Femme Asiatique)

      Description de l'expérience :

      Les participants voient des photos, dont une femme d'origine asiatique. Ils doivent donner le premier mot qui leur vient à l'esprit.

      La photo est présentée dans trois contextes différents : mangeant avec des baguettes, se maquillant, en blouse blanche de médecin.

      Observations et conclusions :

      • Mangeant avec des baguettes : Majorité de mots évoquant l'origine asiatique ("Asie", "Souché", "asiatique").
      • Se maquillant : Mots liés à la féminité ("maquillage", "belle femme", "coquette"). L'origine asiatique n'est plus évoquée.
      • En blouse blanche : Mots liés au métier ("médecin", "compétente"). L'origine asiatique n'est plus évoquée.
      • Conclusion : "Le contexte va servir à atténuer ou à renforcer ce qu'on appelle les éléments saillants, c'est que les éléments qui ressortent, qui sont visibles directement."

      7. Les Stéréotypes d'Accent et de Compétence (Expérience du Conférencier)

      Description de l'expérience : Un acteur présente la même conférence sur l'IA et la finance, mais avec trois accents différents : allemand, marseillais, et un accent "africain" pour un faux professeur africain (en réalité le vrai professeur Diallo).

      Observations et conclusions :

      • Accent allemand : Jugé "très compétent", "convainquant". L'accent active le stéréotype de "l'allemand des Allemands" : la compétence.
      • Accent marseillais : Jugé "pas du tout compétent", "moyen compétent", "pas convaincant". L'accent active le stéréotype du "côté chaleureux" mais peu compétent.
      • Faux professeur africain (le vrai expert) : Les participants ont du mal à le qualifier, certains le jugeant "pas compétent du tout" ou un "comédien déguisé". L'apparence physique (costume trop grand, lunettes) et l'accent non-stéréotypé d'expert dans l'imaginaire collectif, contribuent à un jugement biaisé.
      • Impact : Lucien Jean-Baptiste souligne le décalage entre la réalité des accents français ("La France est un est un est un calidoscope, un puzzle de langue") et les jugements basés sur des stéréotypes, qui peuvent empêcher un jeune qualifié d'obtenir un poste. Le cas du professeur Diallo (le seul véritable expert) est révélateur : "on a du mal à imaginer ce qu'on a rarement vu."

      8. Les Préjugés Positifs et la Déconstruction (Expérience des Sprinters)

      Description de l'expérience : Les participants doivent deviner quel sprinter (blanc ou noir) a le plus de chances de gagner une course.

      Observations et conclusions :

      • La majorité désigne le sprinter noir, alimentée par la conviction que "les noirs courent plus vite que les blancs."
      • Il s'agit d'un "préjugé positif" (Sylvain De Louvet).
      • Explication : Si 95% des coureurs sous les 10 secondes au 100m sont noirs, c'est le résultat de facteurs culturels, économiques et historiques (modèles de réussite sportive, absence d'infrastructures autres que la course, volonté politique comme en Jamaïque).
      • Contexte historique : L'image du "corps noir" est historiquement liée au "labeur", à "l'esclavage", à "l'exploitation", et à la "bestialité", renvoyant à des emplois subalternes. Ces stéréotypes entravent la perception de leur intelligence ou leur capacité à occuper des postes intellectuels.
      • Conclusion : "Les noirs courent plus vite que les blancs n'est donc pas une vérité. C'est une légende, un pur stéréotype. Et comme tous les stéréotypes, ils ne demandent qu'à être déconstruits."

      9. Les Préjugés Annulent l'Empathie (Expérience de la Main Piquée)

      Description de l'expérience : Des sujets (blancs ou noirs) regardent des mains (blanche, noire, violette) se faire piquer par une aiguille, tandis que l'activité cérébrale liée à la douleur est mesurée.

      Observations et conclusions :

      • Un sujet blanc ressent de la douleur en voyant une main blanche se faire piquer, mais "aucune réaction de crispation" avec une main noire.
      • Un sujet noir ressent de la douleur en voyant une main noire se faire piquer, mais ne réagit pas avec une main blanche.
      • Avec la main violette : "qu'il soit blanc ou noir, les sujets perçoivent de la douleur."
      • Conclusion : "Nos préjugés effacent notre empathie à l'égard de personnes différentes de nous et quand il n'y a aucun préjugé par exemple face à un groupe inconnu à la peau violette nous partageons sa douleur."
      • Impact : Lucien Jean-Baptiste relie cela aux conflits mondiaux : "il y a des conflits qui me touchent et d'autres qui d'autres qui me touchent moins. Et ça c'est terrible parce que on devrait partie de ce grand tout, on devrait être sensible à tous les conflits et bien non."
      • Solution : La "plasticité du cerveau" et l'éducation, l'exposition culturelle, la "familiarisation avec celles et ceux qui ne nous ressemblent pas" peuvent augmenter l'empathie.

      10. Les Préjugés Déforment la Réalité (Expérience de la Photo du Mendiant)

      Description de l'expérience : Les participants observent une photo pendant 10 secondes, puis la décrivent de mémoire. La photo montre un homme d'origine maghrébine donnant une pièce à un homme blanc mendiant.

      Observations et conclusions :

      • Près de la moitié des participants décrivent l'homme d'origine maghrébine comme le SDF mendiant et l'homme blanc comme le généreux.

      • Impact : Lucien Jean-Baptiste partage une anecdote où il a lui-même appliqué un cliché en Afrique : "Ça voulait bien dire que j'étais enfermé par des clichés venant de France enfin de mon éducation à me dire en Afrique les noirs sont pauvres et les blanc sont riches."

      • Conclusion : "On regarde le monde, on voit le monde, on va interpréter le monde de manière différenciée selon nos stéréotypes."
      • L'expérience du "téléphone arabe" (transmission orale de la description) montre comment les clichés se renforcent et déforment encore plus la réalité au fur et à mesure de la transmission : la scène de générosité devient "une altercation."

      La Révélation et le Message Final : Un Appel à la Déconstruction

      À la fin de l'émission, le véritable objectif est révélé aux participants : déconstruire "les mécanismes inconscients qui nous conduisent à avoir des préjugés, des préjugés qui eux-mêmes nous amènent à avoir des comportements discriminatoire."

      Le titre "Sommes-nous tous racistes ?" est dévoilé.

      Les animateurs rassurent les participants : "il ne s'agissait pas de pointer du doigt un tel ou un tel. Le véritable objectif de ces expériences c'est de démontrer que nous avons toutes et tous [...] les mêmes mécanismes qui se déclenchent dans nos têtes et c'est en apprenant à mieux nous connaître que l'on peut lutter contre ces mécanismes."

      L'ultime expérience :

      Les participants sont répartis en groupes par couleur.

      Ils avancent vers un cercle central s'ils sont concernés par une question posée (peur du noir, revente de cadeaux, amour en voiture, sentiment de solitude, etc.).

      Cette expérience vise à montrer que "nous avons tous des points communs au-delà de nos différences."

      Des moments d'émotion intense sont partagés, soulignant que "On est plus seul."

      Conclusion Générale :

      Bien que le racisme soit "multifactoriel" (causes économiques, historiques, sociales), le cerveau est "extrêmement plastique".

      La lutte contre le racisme et les préjugés passe par "l'éducation, par l'exposition culturelle, le fait de rencontrer, de se mettre en face de personnes différentes de nous.

      Et c'est cette exposition là, c'est cette éducation, c'est cette familiarisation avec celles et ceux qui ne nous ressemblent pas qui va permettre aussi au cerveau d'être plus empathique."

      L'émission conclut sur l'idée que "Tous les humains, ils partent avec 100 points" et que notre responsabilité est de reconnaître l'égalité de l'autre.

    1. Document de Synthèse : Regards Croisés sur le Temps Long de l'Action Publique

      • Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les idées essentielles discutées lors de la session de clôture du cycle d'études annuelles du Conseil d'État sur le temps long de l'action publique.

      Les interventions de * Math Anton (Secrétaire d'État, Ministère des Affaires Étrangères de Finlande), * Sophie Péder (Cheffe du bureau parisien du magazine The Economist) et * Pierre Rosanvallon (Professeur Émérite au Collège de France) ont éclairé cette problématique sous des angles historiques, comparatifs et pratiques.

      I. Le Poids du Court Terme et ses Racines Historiques

      Pierre Rosanvallon a d'emblée mis en lumière le phénomène du "présentisme", caractéristique du monde moderne, et les raisons profondes de la préférence pour le court terme en démocratie.

      • Déclin de la religion et la politique pré-démocratique : Pour Tocqueville, le présentisme est lié au déclin de la religion, qui donnait la capacité de se comporter "en vue du futur".

      La politique pré-démocratique était "nécessairement inscrite dans une durée et dans une forme de perpétuité même". * La rupture démocratique : La modernité démocratique introduit une "double rupture dans les cadres politiques et disons dans les cadres mentaux qui permettaient d'inscrire le long terme dans le court terme". Le problème n'est pas simplement de penser le long terme, mais de savoir "comment on intègre le long terme dans le court terme". * Manifestations de la préférence pour le court terme : * Dans le champ politique : Volonté d'éliminer le temps long, avec des mandats très courts pendant la Révolution française (mandats parlementaires d'un an, président de l'Assemblée changé toutes les semaines).

      La modernité est perçue comme une "invention permanente" de la société. * En termes sociologiques : Détachement de l'individu des corps (corporations, couple) qui le rattachent au passé et l'enchaînent à l'avenir (ex: instauration du divorce). * Dans le rapport à la nature : Rupture avec l'idée de perpétuité de la nature (ex: abrogation de l'édit de Colbert sur les forêts de 1669 par la Constituante, affirmant le droit de propriété comme droit d'agir immédiatement au court terme).

      Tentatives d'organisation des compromis :

      • Réintroduction du passé : Par exemple, peupler la politique étrangère d'aristocrates pour représenter une "longue tradition".
      • Invention du service public : Le service public, défini comme le "gardien de la perpétuité sociale", est apparu comme un contrepoids pragmatique à la rapidité démocratique. Cependant, il n'a "jamais été complètement légitimé en terme démocratique".
      • Mécanos constitutionnels : Instauration de deux chambres, redéfinition des rythmes (ex: projet de Michel Debré pour un mandat présidentiel de 12 ans).
      • Élargissement des sujets de représentation : Idée de représenter les générations futures ou la nature, avec la difficulté intellectuelle qu'ils ne sont pas de "véritables sujets".

      II. L'Intéressement à l'Avenir : Un Enjeu Crucial

      Pierre Rosanvallon a souligné un défi majeur : "ce qui fait le plus défaut (...) c'est le fait que les individus démocratiques n'intègrent pas eux-mêmes le long terme".

      La connaissance des problèmes (ex: climat) est souvent suffisante, mais l'inaction persiste.

      • Organisation de la réfraction du long terme dans le court terme : Définir le futur comme prolongeant l'individu et élargir temporellement l'individu (famille, citoyenneté, humanité).

      Critique des modèles classiques :

      • Dictateur bienveillant : Non désirable.
      • Régénération de l'individu/Homme nouveau : Impossible ou douteux (liens avec les idéologies des années 30).
      • Puissance du savoir objectif : Discutable, car la connaissance seule ne suffit pas à transformer l'action.
      • Nécessité de l'intéressement : L'intéressement (au sens matériel) à l'avenir est la clé. La démocratie doit organiser la "familiarité avec les temporalités" pour résoudre la contradiction entre la conscience de la nécessité du temps long et l'inaction.

      III. Expériences Nationales et Leçons Comparatives

      Les interventions ont offert un éclairage sur les approches de la Finlande et du Royaume-Uni, contrastant souvent avec les pratiques françaises.

      A. Le Modèle Finlandais : Survivre pour Réussir

      L'ambassadeur Math Anton a présenté le cas de la Finlande, souvent citée en exemple pour sa capacité à penser le temps long, illustrant le mot d'ordre : "survivre pour réussir".

      • Contexte historique et géographique : L'histoire de la Finlande, fortement influencée par ses voisins (Suède, Allemagne, Russie), a forgé une culture de résilience, d'agilité et d'unité, avec une constante attention au long terme. Les conditions de vie difficiles passées (dernière famine majeure en Europe en 1868) ont nécessité une planification sur le long terme.

      Institutions et pratiques favorisant le temps long :

      • Défense et sécurité : Maintien du service militaire obligatoire, système de défense civile et réserves de matériaux d'urgence, basés sur une coopération étroite public-privé.
      • Politique énergétique et climatique : Objectif de neutralité carbone d'ici 2035, processus initié bien en amont (renoncement au charbon), décarbonation avancée de la production électrique, focalisation sur le chauffage urbain et le transport.

      Responsabilisation des acteurs :

      • Système de retraite : Géré par les partenaires sociaux, avec des décisions majeures prises sur leur base, conduisant à des réformes acceptées (ex: hausse de l'âge de départ à la retraite liée à l'espérance de vie). Cette approche vise à éviter l'intervention gouvernementale, perçue comme moins favorable.
      • Communes : Leur autonomie financière (impôt communal sur les revenus, taxe foncière) crée un intérêt direct pour le développement des énergies renouvelables (ex: parcs éoliens devenant une source de revenu importante).

      Institutions dédiées au temps long :

      • Sitra (Fonds d'Innovation Finlandais) : Créée en 1967, cette fondation parlementaire (dotée d'environ 1 milliard d'euros) vise à renforcer la futurologie et l'innovation sociale, en finançant des études, des expériences et en organisant des cours pour les décideurs.
      • Commission pour l'avenir du Parlement : Établie en 1993 et rendue permanente en 2000, elle prépare des réponses parlementaires aux rapports gouvernementaux sur l'avenir, commande des études (ex: rapport sur la Russie en 2007) et évalue le changement technologique. Elle a notamment anticipé la nécessité de mesures radicales contre le changement climatique dès 2001.

      B. Le Cas du Royaume-Uni : Le "Muddling Through" et les Défis du Brexit

      Sophie Péder a décrit une culture britannique du "muddling through" (faire avec les moyens du bord) plutôt que de la vision à long terme, avec des conséquences notables pour l'action publique.

      • Absence de planification centrale et de formation stratégique : Le Royaume-Uni n'a pas d'agence du plan ni d'école nationale d'administration formant à la pensée stratégique. Les tentatives de création ou de promotion d'une "pensée stratégique" au sein de la fonction publique ont été rapidement abandonnées.
      • Difficultés dans les grands projets d'infrastructure :
      • HS2 : Ligne à grande vitesse Londres-Manchester, annoncée en 2008, validée en 2020, mais finalement annulée en partie en 2023 faute de moyens et de clarté sur les objectifs, ne reliant que Londres à Birmingham.
      • Troisième piste à l'aéroport d'Heathrow : Proposée en 2006, validée en 2016, contestée juridiquement et politiquement, avec une date d'ouverture prévue pour 2040.
      • Facteurs expliquant ces difficultés : Forte densité de population, urbanisme peu régulé, et lien très fort entre les députés et leurs circonscriptions dans une démocratie parlementaire, rendant le "temps démocratique souvent incompatible avec la planification stratégique".
      • Domaines où le temps long est mieux géré : Planification militaire, renseignement, stratégie nationale d'IA, planification écologique (stratégie Net Zero d'ici 2050, pionnier dans les éoliennes en mer).
      • Le Brexit comme illustration des contradictions : Décision de rupture inhabituelle pour un pays connu pour son conservatisme et la continuité de ses institutions.
      • Vision du Global Britain : Stratégie de long terme (sur le papier) visant à des alliances et accords commerciaux mondiaux, rompant avec l'Europe.
      • Échec de la mise en œuvre : Peu de nouveaux accords commerciaux bilatéraux signés, barrières au commerce avec l'UE, et vision de Global Britain perçue comme un "slogan politique de campagne court-termiste".
      • Contradiction entre temps démocratique et intérêt national du temps long : Le Brexit a montré "le point du court terme dans le rapport de force entre la vie démocratique et l'intérêt national du temps long". 55% des Britanniques considèrent aujourd'hui que quitter l'UE était une mauvaise idée.
      • Citation de Churchill : "Plans are of little plan but planning is fundamental" (Les plans ont peu d'importance mais la planification est fondamentale), soulignant l'importance de la capacité d'anticipation et d'adaptation.

      IV. Défis et Perspectives pour l'Action Publique

      Plusieurs défis majeurs ont été soulevés, invitant à une réflexion approfondie sur les réponses politiques à apporter.

      • Référéndum et démocratie directe : La question de l'information des citoyens et des conditions de leur participation a été soulevée. Pierre Rosanvallon a souligné que l'histoire montre qu'un référendum n'a de sens que si les termes de la question contiennent les "conditions normatives d'application", ou s'il est de nature constitutionnelle. Un usage inapproprié peut "détruire la démocratie". La Finlande pratique peu la démocratie directe par référendum.
      • Biais cognitifs et coût politique : La "cécité vis-à-vis de l'avenir" peut être due à des biais cognitifs (peur de l'avenir terrifiant) ou au coût politique des décisions courageuses.
      • La science et la société : Pour contrer les biais, il faut rendre la science "amie de la population", en montrant que la recherche est un processus modeste d'exploration et de doute, et non des énoncés arrogants.
      • Progrès d'hier, catastrophes d'aujourd'hui : Comment choisir les progrès d'aujourd'hui pour éviter les catastrophes de demain ?
      • Changer de système économique : La question d'un changement de système économique pour adresser les urgences climatiques a été posée, sans réponse approfondie compte tenu du temps imparti.
      • Place du citoyen dans le temps long : La manière de consulter les populations, souvent sur une seule solution après toutes les décisions, a été critiquée. Il est proposé de "montrer les différentes solutions" et les marges de manœuvre, pour que les citoyens puissent choisir à partir de leurs propres arguments. L'exemple des gilets jaunes en France a été cité comme illustration des conséquences d'une politique environnementale sans accompagnement social.

      En conclusion, la réflexion sur le temps long dans l'action publique est une question complexe, dont les réponses résident moins dans la création de nouvelles institutions que dans la promotion de fonctionnalités, la responsabilisation de tous les acteurs (étatiques, sociaux, locaux, individuels), une meilleure éducation et un engagement scientifique accessible, afin d'organiser une "familiarité avec les temporalités" nécessaire pour relever les défis futurs.

    1. Note de synthèse : Temps Long et Outils de l'Action Publique

      Introduction

      • Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les idées essentielles discutées lors de la conférence "Temps long et outils de l’action publique". Les intervenants, issus de divers horizons (politique, administration, syndical, entreprise), ont partagé leurs expériences et réflexions sur la capacité de l'action publique à s'inscrire dans une perspective de long terme, en dépit des contraintes et défis actuels.

      Thèmes Majeurs et Idées Clés

      • L'Importance du Diagnostic, de l'Expertise et des Données Factuelles
      • Nécessité de faits incontestables : Tous les intervenants ont souligné l'importance cruciale d'un diagnostic solide et basé sur des données objectives pour éclairer l'action publique de long terme. Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'INSEE, insiste sur le rôle de son institution dans la production de données et de scénarios majeurs. Roseline Bachelot évoque l'importance d'un "savoir structuré" et d'une "expertise charpentée et partagée", critiquant les "calambreenes style convention citoyenne pour le climat" qui ne garantissent pas cette expertise.
      • Rapport à la science et à la réalité : Laurent Berger met en avant le besoin d'un "besoin d'expertise" et d'un "rapport à la science" pour la gestion du temps long, soulignant que "l'incontestabilité des faits, ce rapport à la science y compris les sciences sociales" est fondamental.
      • Mesure et évaluation : La capacité à mesurer l'impact des actions et à évaluer les trajectoires est essentielle. Laurent Berger insiste sur la "question de la donnée, de la data" comme étant "phénoménale et fondamentale" pour piloter par la mesure. Jean-Luc Tavernier souligne que l'INSEE met à disposition des "séries longues avec une profondeure historique" pour appuyer l'évaluation.
      • Défis de l'expertise : Jean-Luc Tavernier fait état de la difficulté à maintenir la crédibilité de l'expertise publique face à la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, où l'on est confronté au "on sait que" sans argumentation factuelle. Roseline Bachelot ajoute la nécessité de prendre en compte les "feratrol des guerres informationnelles" et l'impact de l'intelligence artificielle.
      • La Fixation et la Continuité du Cap
      • Vision commune et stratégie : Le temps long nécessite la construction d'une vision partagée et la fixation d'un cap clair. Patrice Vergriete témoigne de l'expérience de Dunkerque, où la "volonté d'un nouvel exécutif politique [fut] de faire repartir le territoire", en se situant dans une "perspective de 10, 15, 20 ans". Cette démarche a conduit à la construction d'une "vision commune" et d'une "feuille de route du développement".
      • Inflexibilité sur le cap, souplesse sur les moyens : Laurent Berger estime que ceux qui dirigent doivent être "inflexible sur le cap fixé" mais non sur "les moyen d'y parvenir".
      • Obstacles à la continuité : Roseline Bachelot dénonce la "valse insensée des responsables ministériels", qui empêche la pérennisation des politiques de long terme, contrastant avec la stabilité des exécutifs locaux. Jean-Luc Tavernier déplore le manque de "gratification politique" pour les politiques de long terme et l'absence de "débat qui n'a pas eu lieu au moment des échéances électorales" sur les choix collectifs fondamentaux.
      • L'Embarquement et la Responsabilisation des Acteurs et de la Population
      • Nécessité de l'adhésion : Le succès des politiques de long terme dépend de l'adhésion et de l'implication de tous les acteurs. Patrice Vergriete insiste sur la nécessité d'"embarquer la population" et de "construire un récit positif de l'avenir", en offrant "de l'espoir dans une démocratie". Il souligne l'importance du "duo sens intérêt" pour maintenir le long terme face à "l'émotion du court terme".
      • Responsabilité partagée : Laurent Berger évoque la "responsabilité partagée" au sein de l'entreprise et la nécessité de "responsabiliser" les collaborateurs, un parallèle qu'il fait avec l'action publique. Il estime qu'il faut "faire davantage confiance aux acteurs qu'au développement des normes".
      • Démocratie participative : La participation citoyenne est un moyen d'embarquement, mais doit être repensée. Roseline Bachelot met en garde contre les "manipulations tout à fait dommageables" des "cénacles" comme les conventions citoyennes. Patrice Vergriete critique la légitimité des dispositifs actuels de participation et l'instrumentalisation des réseaux sociaux, soulignant que "les réseaux sociaux aujourd'hui sont de la propagande pour ce que vous pensez déjà". Il valorise le "porte à porte" comme le "meilleur outil" pour créer la confiance.
      • Coût de la participation : Madame Bonacory soulève la question de la rémunération des citoyens participant aux processus démocratiques, arguant que cela devrait être fait "par rapport au salaire qui gagne".
      • Les Outils Concrets de l'Action Publique pour le Temps Long
      • Normes et institutions stables : La Constitution et les lois de programmation sont des outils clés pour ancrer l'action dans la durée. Roseline Bachelot cite la Charte de l'environnement et les lois de programmation sectorielles comme des exemples, bien que ces dernières puissent restreindre les marges de manœuvre budgétaires.
      • Instruments de gouvernance : Jean-Luc Tavernier mentionne les "lois de programmation" et les "instances de surveillance" (Haut Conseil des finances publiques, Conseil au climat) comme des innovations en matière de gouvernance, tout en déplorant qu'elles ne "mordent jamais réellement" en l'absence de dispositifs correctifs et de légitimité politique suffisante.
      • Financement et recettes affectées : Patrice Vergriete critique l'"annualité budgétaire" comme un obstacle au temps long et plaide pour les "recettes affectées" (comme la taxe GEMAPI), qu'il considère comme "la garantie d'une politique du temps long". Il déplore également la faiblesse actuelle de la "contractualisation" (CPER).
      • Gestion des ressources humaines : Roseline Bachelot souligne la "déplorable gestion des ressources humaines" dans l'administration, avec un "turnover" qui démotive les agents et nuit à la continuité des politiques.
      • Transversalité : Patrice Vergriete met en lumière le problème du "raisonnement en silo" de l'administration, qui empêche de résoudre les problèmes de manière globale et transversale (ex : logement étudiant et villes moyennes).
      • Logique d'investissement vs. de réparation : Plusieurs intervenants, dont Patrice Vergriete et Jean-Luc Tavernier, appellent à "inverser la logique" en investissant davantage dans la prévention et les causes des problèmes plutôt que de se contenter de "mettre les moyens pour essayer [d']y répondre aux conséquences".

      Conclusion

      La conférence a mis en lumière un consensus sur les conditions nécessaires à une action publique efficace à long terme : un diagnostic partagé et basé sur des faits, la fixation d'un cap clair et sa continuité, et l'embarquement de l'ensemble des acteurs et de la population.

      Les défis majeurs identifiés incluent la "dictature de l'immédiateté" médiatique et politique, la bureaucratisation et le cloisonnement de l'administration, et la difficulté à assurer la continuité des financements et des équipes politiques.

      Un appel a été lancé pour repenser le fonctionnement même de la démocratie, en renforçant la confiance envers les acteurs locaux et la société civile, et en encourageant des compromis qui engagent sur la durée.

    1. Document de synthèse : Temps long et urgences climatiques – Perspectives croisées

      Ce document de synthèse vise à analyser les thèmes principaux et les idées ou faits les plus importants issus de la conférence "Troisième conférence : temps long et urgences climatiques", organisée dans le cadre du rapport annuel du Conseil d'État sur l'État stratège et le temps long dans les politiques publiques.

      Les interventions de

      • Valérie Masson-Delmotte (scientifique climatologue),
      • Antoine Pellion (Secrétaire général à la planification écologique) et
      • Florence Lustman (Présidente de France Assureurs)

      ont offert des perspectives complémentaires sur l'urgence climatique, la planification écologique, la participation citoyenne et le rôle du secteur de l'assurance.

      Thèmes principaux et idées clés :

      1. L'Urgence Climatique et la Rupture Anthropique (Perspective Scientifique)

      Valérie Masson-Delmotte, climatologue, souligne la rupture fondamentale que représente l'influence humaine sur le climat, visible à travers l'analyse des carottages glaciaires remontant à 800 000 ans.

      Elle met en évidence une "augmentation brutale et rapide par rapport aux variations naturelles de la teneur des principaux gaz à effet de serre dans l'atmosphère, notamment le dioxyde de carbone émis par la combustion d'énergie fossile".

      • Bases scientifiques solides et historiques : La compréhension de l'effet de serre remonte au XIXe siècle (Arrhenius), avec les premières mesures de réchauffement en 1938 et les premières modélisations climatiques dans les années 1960. Le GIEC, créé dans les années 1990, fournit des évaluations rigoureuses et non prescriptives.
      • Science de l'attribution : La science permet aujourd'hui d'attribuer "comme un fait scientifique que l'ensemble des caractéristiques observées dont le réchauffement de surface est la conséquence des activités humaines", et d'évaluer l'influence humaine sur l'occurrence et l'intensité des événements extrêmes.
      • Aggravation rapide des impacts : Les vulnérabilités et l'aggravation rapide des impacts négatifs ont été sous-estimées. Le réchauffement planétaire a atteint 1,2°C au cours de la dernière décennie, et devrait dépasser 1,5°C vers 2030-2035. Les conséquences sont multiples : "augmentation de la mortalité des arbres", "blanchissement des coraux", "difficulté d'approvisionnement en eau", "choc sur la production alimentaire", "augmentation de la morbidité de la mortalité liée à la chaleur".
      • Limites à l'adaptation : Un réchauffement de 2°C au niveau mondial se traduirait par +3°C en France d'ici 2050, et 3°C mondial par +4°C en France d'ici 2100, exposant à des "limites à l'adaptation" dans les régions les plus vulnérables (climats méditerranéens, zones côtières, grands deltas, villes).
      • Décalage juridique et urgence : Le cadre juridique actuel est en décalage avec l'état des connaissances scientifiques, notamment sur la montée du niveau de la mer et la nécessité de scénarios "pire physiquement plausible" pour l'aménagement du territoire et la dimension des infrastructures critiques.

      2. La Planification Écologique et ses Défis (Perspective de l'État)

      Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique, détaille la démarche française pour coordonner l'action publique face aux enjeux écologiques, en lien avec le Premier ministre.

      • Périmètre large de la planification : La planification écologique ne se limite pas aux émissions de gaz à effet de serre, mais englobe l'adaptation au changement climatique, la protection de la biodiversité, la gestion durable des ressources naturelles (eau, forêt, matériaux critiques), et les enjeux de santé environnementale. Elle est également "indissociable d'enjeux économique extrêmement structurant" et de "dimension sociale".
      • Cohérence et transversalité : L'objectif est de "casser les silos" entre les ministères et les acteurs, et de concilier "des enjeux très long terme avec une action immédiate de court terme". La décarbonation est aussi un "plan de résilience économique" majeur pour la France, réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
      • Un chemin "possible" mais "difficile" : Un plan d'action opérationnel a été élaboré, montrant qu'il existe "un chemin pour que la France effectivement baisse ses émissions de -55 % entre 1990 et 2030 sans avoir de rupture absolument majeure". Cependant, des "gains un peu faciles" liés à la sobriété forcée par les prix ont été réalisés, et la tendance pour 2025 n'est "pas bonne" dans certains secteurs.
      • Répartition de l'effort et justice sociale : La planification vise une répartition de l'effort : "la moitié des baisses, on attend à ce qu'elle soit faite par les gros acteurs les entreprises notamment 75 % par les gros je dis les gros c'est les pouvoirs publics au sens large". Le dernier quart est entre les mains des citoyens, avec "15 % de la population qui a besoin d'avoir des changements assez drastiques dans ses modes de vie".
      • Défi du financement : L'investissement annuel public et privé doit être augmenté de 50 % (+60 milliards d'euros par an) d'ici 2030. Un quart des investissements est rentable, mais le reste nécessite de "nouveaux modèles de financement" et une "optimisation un peu fine pour que la ressource publique soit vraiment investie là où il y a pas vraiment aucune autre alternative".

      3. Le Rôle Crucial de la Démocratie Environnementale (Perspective de la Société Civile)

      Antoine Gaté, représentant de France Nature Environnement, insiste sur le rôle des associations dans la protection de l'environnement et met en garde contre un "backlash écologique".

      • Conception de l'État : Pour la société civile, l'État est le "cadre du pouvoir d'action publique dans un système démocratique", fondé sur le respect des droits humains (droit à l'environnement), la "prééminence du droit" (sécurité juridique, force jugée) et une "démocratie véritable" (partage du pouvoir, participation citoyenne).
      • Démocratie environnementale : La Convention d'Aarhus (2005) est essentielle : "afin d'être en mesure de faire valoir ce droit et de s'acquitter de ce devoir, les citoyens doivent avoir accès à l'information, être habilité à participer au processus décisionnel et avoir accès à la justice en matière d'environnement". La participation du public conduit à "de meilleures décisions" et une "application plus efficace".
      • Planifications existantes et manque de systémique : De nombreuses planifications sectorielles existent depuis 50 ans (loi sur l'eau, l'air, déchets, etc.), souvent "robustes d'un point de vue juridique" et construites avec des "procédures participatives". Cependant, la planification écologique actuelle "manque aussi une vision systémique de la chose" en se focalisant trop sur le carbone au détriment des interdépendances (biodiversité, pollutions).
      • Besoin d'un débat social et d'un changement transformateur : Face à une "triple crise" (climatique, biodiversité, pollutions), il est urgent d'avoir un "débat social et sociétal global sur quel monde de demain on veut construire par rapport à ces scénarios qu'on nous propose". Les solutions exigent des "changements transformateurs profonds" et une "prise en compte de la dette écologique".
      • Backlash écologique et remises en cause : La période actuelle est marquée par un "backlash écologique" avec des "attaques sans précédent" contre les associations environnementales, la "remise en cause de la science", et une "criminalisation" de la contestation. L'État doit retrouver son "exemplarité sur la défense de l'État de droit" et assumer des décisions respectueuses de la légalité environnementale.

      4. Le Secteur de l'Assurance face aux Risques Climatiques (Perspective Économique)

      Florence Lustman, Présidente de France Assureurs, partage la vision des assureurs, à la fois gestionnaires de risques à long terme et acteurs de la réparation immédiate.

      • Augmentation et interdépendance des risques : Le risque climatique est perçu comme l'un des risques majeurs, partageant la première place avec le risque cyber dans leur cartographie. Il est un "risque maître" qui peut déclencher "40 % des autres risques", y compris la santé mentale (éco-anxiété).
      • Coût croissant des sinistres : Les coûts des sinistres climatiques sont en forte progression : la moyenne annuelle est passée de 1,5 milliard d'euros dans les années 1980 à 6 milliards d'euros sur les quatre premières années de la décennie en cours. L'année 2022 a coûté 10,6 milliards d'euros.
      • Projections futures : Le coût cumulé des sinistres climatiques pourrait doubler sur les 30 prochaines années (2020-2050), atteignant 143 milliards d'euros. Le risque de "retrait-gonflement des argiles" (sécheresse) est le "péril le plus dynamique", pouvant tripler son coût.
      • Régime "Catastrophes Naturelles" (CatNat) : La France bénéficie d'un régime CatNat "universel et solidaire" (partenariat public-privé) qui mutualise les risques et assure une couverture pour un coût modéré (passé de 25 à 40€ par an en moyenne). Ce système est unique en Europe et essentiel pour l'assurabilité des biens.
      • Levi- leviers d'action et domaines de progrès : Les assureurs ont des leviers d'action :
      • Réparation durable : Inciter à l'utilisation de matériaux recyclés et de pièces de réemploi, et développer des filières et des labels pour des réparations plus durables.
      • Prévention et résilience : Poursuivre les actions de prévention (SMS d'alerte, journée de la résilience), tester de nouvelles technologies pour l'amélioration de la résilience du bâti (initiative sécheresse), et encourager les plans de prévention des risques naturels au niveau des communes.
      • Investissement durable : Les assureurs gèrent 2500 milliards d'euros d'actifs, dont une grande partie finance les entreprises et les infrastructures, avec une part croissante dans les investissements durables. Des contraintes réglementaires limitent toutefois leur capacité à financer des projets moins rentables ou plus risqués.
      • Points de convergence et de tension :
      • Nécessité de la science et de l'anticipation : Tous les intervenants s'accordent sur l'importance des données scientifiques pour comprendre les phénomènes climatiques et anticiper leurs conséquences. La nécessité d'une "adaptation par anticipation" est soulignée par la climatologue et appuyée par les assureurs.
      • Temps long vs. Urgence : Un paradoxe est mis en lumière : les phénomènes climatiques évoluent sur le temps long, mais l'urgence des impacts actuels nécessite des actions immédiates. La planification doit intégrer ces deux échelles.
      • Interconnexion des crises : L'approche systémique est cruciale. La climatologue et le représentant de FNE soulignent que le climat ne peut être séparé de la biodiversité, de la santé, de l'eau et de l'alimentation. Les assureurs constatent également les interdépendances entre les risques.
      • Défi de la mise en œuvre et du financement : Malgré l'existence de plans et de stratégies, la traduction en actions concrètes et leur financement restent un défi majeur. La question de la rentabilité des investissements pour la transition est cruciale.
      • Place de la délibération et de la participation citoyenne : La nécessité d'une "démocratie environnementale" et d'un "débat social et sociétal" est fortement mise en avant par FNE, qui déplore le manque de véritable discussion sur des choix politiques majeurs. La frustration des citoyens est un risque si les processus participatifs ne sont pas clairs et respectés.
      • Responsabilité et redevabilité de l'État : FNE appelle à une plus grande "redevabilité" de l'action publique et à l'"exemplarité de l'État" dans le respect de la légalité environnementale.
      • Conflit et désinformation : La montée des "nouvelles conflictualités" liées au changement climatique, l'obstruction à l'action climatique et la désinformation représentent un défi majeur pour nos démocraties.
      • Questions en suspens et pistes de réflexion :
      • Optimisation du cadre juridique : Comment le cadre juridique peut-il mieux intégrer les scénarios climatiques les plus extrêmes et les plus récents pour guider l'aménagement du territoire et la dimension des infrastructures ?
      • Renforcement des mécanismes de suivi et d'évaluation : La mise en place d'un observatoire national des impacts et des pertes permettrait de mieux évaluer l'efficacité des politiques d'adaptation.
      • Innovation en financement : Comment développer des mécanismes de financement innovants (au-delà de la subvention) pour flécher l'épargne vers les investissements dans les transitions, en conciliant rentabilité et impact ?
      • Débat sur les "changements transformateurs" : Comment engager un véritable débat sociétal sur les choix fondamentaux nécessaires pour une transition écologique juste et efficace, en impliquant tous les acteurs ?
      • Articulation entre les différentes échelles : Comment mieux coordonner l'action entre le niveau national, européen et local, en respectant les spécificités biogéographiques des territoires ?
      • Défis de l'adaptation : Comment éviter la "maladaptation" et assurer que les solutions mises en œuvre ne créent pas de nouveaux risques à long terme, notamment en privilégiant les solutions fondées sur la nature ?
      • Éducation et connaissance de la nature : Comment restaurer une meilleure connexion et connaissance de la nature au sein de la société, des décideurs aux citoyens, pour fonder les décisions sur une compréhension plus juste des écosystèmes ?

      En conclusion, cette conférence a mis en évidence l'ampleur et la complexité des défis posés par l'urgence climatique. Si des outils et des stratégies sont en place, leur efficacité dépendra de la capacité à surmonter les tensions (entre temps long et court, entre objectifs sectoriels et systémiques, entre choix politiques et délibération citoyenne) et à mobiliser l'ensemble de la société autour d'une vision partagée et d'actions concrètes, en s'appuyant sur la science et en renforçant la démocratie environnementale.

    1. Note de Synthèse : Réussite à l'École, Réussite de l'École

      Cette note de synthèse analyse les thèmes principaux et les idées ou faits les plus importants extraits des interventions du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le sujet de la réussite à l'école et la réussite de l'école.

      Elle met en lumière les constats, les défis et les préconisations du CESE et des différents groupes de la société civile.

      1. Le CESE : Rôle, Composition et Missions

      Le CESE est présenté comme la troisième assemblée citée dans la Constitution française, après l'Assemblée Nationale et le Sénat.

      Il est composé de 175 conseillers et conseillères, désignés pour 5 ans par des organisations représentatives de la société civile (entreprises, syndicats, associations, ONG, organisations étudiantes, mouvements de jeunesse, etc.).

      C'est un "mini France réunie dans un hémicycle où tous les points de vue se rencontrent", un des rares endroits où "des chasseurs peuvent discuter et débattre avec des défenseurs des oiseaux".

      Ses quatre missions principales sont :

      • Conseiller et éclairer le gouvernement et le Parlement dans l'élaboration des politiques publiques.
      • Favoriser le dialogue social et la recherche d'un consensus exigeant.
      • Contribuer à évaluer l'efficacité des politiques publiques.
      • Prendre le pouls des régions en lien constant avec les CESE régionaux.
      • Une mission cruciale du CESE est de renforcer la démocratie participative, en permettant aux citoyens de faire entendre leur voix. Cela se concrétise par des méthodes participatives telles que le tirage au sort de citoyens, l'organisation de conventions citoyennes, et les consultations en ligne. Les citoyens peuvent directement saisir le CESE via une pétition qui, si elle recueille plus de 150 000 signatures (dès 16 ans), doit être étudiée par le Conseil. Des exemples concrets de préconisations du CESE ayant eu un impact incluent la Garantie Jeune et les dispositifs d'alerte pour lutter contre les violences faites aux femmes.

      2. Le Contexte Politique Actuel et l'Urgence de Faire Entendre la Voix de la Société Civile

      Plusieurs interventions soulignent le contexte politique troublé en France, marqué par la dissolution de l'Assemblée nationale et la montée de l'extrême droite.

      La société civile organisée exprime une vive inquiétude face à cette situation, considérant l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir comme un "véritable danger pour notre démocratie et pour le monde du travail".

      Les craintes exprimées incluent :

      • La remise en cause du dialogue social et des syndicats.
      • La suppression des subventions aux associations.
      • Une liberté de la presse menacée.
      • Des discriminations basées sur le principe de "préférence nationale" dans les entreprises, administrations et écoles.
      • L'abandon ou la privatisation des services publics.
      • Le recul des droits des femmes.
      • La CFDT, la CGT, l'UNSA, le groupe des associations et le groupe santé et citoyenneté appellent à la mobilisation et au vote pour faire "tout sauf l'extrême droite". La CGT, tout en affirmant son indépendance, soutient l'appel à voter pour le nouveau programme du Front Populaire, dénonçant le Rassemblement National comme une "imposture électoraliste" qui a toujours défendu "les intérêts des plus riches et des multinationales". Les associations mettent en garde contre la suppression des subventions et l'utilisation d'outils de restriction associative.

      Le bureau du CESE insiste sur la nécessité de mieux associer la société civile à l'action publique, estimant que "la mécanique de nos institutions s'est rigidifiée et a fini par faire perdre la culture du dialogue et du débat".

      Le CESE se positionne comme un "lieu de résistance par le respect des divergences et des différences" et un "lieu de recueil de toutes les voix des espoirs et des préoccupations".

      3. L'École Française : Constats d'Inégalités et Défis

      Le CESE aborde en profondeur le sujet de l'école, reconnaissant son rôle fondamental dans la République.

      Malgré un budget important et un taux d'alphabétisation et d'éducation sans précédent, l'école française "peine à faire réussir tous les jeunes". Plusieurs constats alarmants sont mis en évidence :

      • Inégalités scolaires persistantes : L'école française est "un des plus inégalitaires d'Europe", ne parvenant pas à "enrayer la reproduction sociale".

      La corrélation entre les inégalités scolaires et sociales est forte : "le facteur essentiel de la difficulté scolaire et de l'échec scolaire provient des inégalités sociales".

      L'enquête PISA montre que "l'école française réussit aux élèves les plus favorisés". 30% des élèves issus de milieux populaires sont en difficulté.

      • Filiarisation ségrégative : 70% des enfants d'ouvriers obtiennent un bac professionnel ou technologique, contre 75% des enfants de cadres qui obtiennent un bac général. Seuls 2% des ouvriers sont étudiants à l'École Polytechnique.
      • Manque de moyens et conditions de travail difficiles : Les témoignages d'enseignantes de Marseille soulignent des locaux dégradés ("peinture arrachée, fissures dans les murs, chauffage défectueux, présence de cafards"), un sentiment d'être "oublié, seul sans moyen", et un rôle multiple des enseignants ("professeur, psychologue, assistante sociale, infirmier, médecin, médiateur social, orthophoniste et parfois même policiers").
      • Manque d'attractivité du métier d'enseignant : Formation "baclée", diplôme "dévalorisé", peu d'inspections, évolution de salaire non basée sur le mérite, absence de médecine du travail.
      • Problèmes d'adaptation et de stabilité : Les élèves témoignent de "changements soudains" dans les programmes et les modalités d'examen (bac), d'une "charge de travail trop chargée", et d'un apprentissage souvent basé sur la mémorisation plutôt que la compréhension. L'école est perçue comme "impersonnelle" et ne s'intéresse pas toujours à ce qui est bon pour l'élève.
      • Manque de mixité sociale : La ségrégation socio-résidentielle se reflète dans les établissements scolaires, amplifiée par la possibilité d'échapper à la sectorisation via le privé ou des stratégies résidentielles. Les familles "fuient le quartier" et la mixité sociale se réduit.
      • Spécificités des Outre-mer : Confrontés à une forte croissance démographique, des difficultés d'accès à l'école, des sorties précoces du système scolaire, un taux d'illettrisme élevé (double de la moyenne nationale aux Antilles et à la Réunion, 5 à 7 fois plus élevé en Guyane et à Mayotte), et des déficits d'infrastructures.

      4. Philosophie de la Réussite : De l'Égalité des Chances à la Réussite de Tous

      Le CESE prône un changement de paradigme, passant du concept d'«égalité des chances» à celui de la «réussite de toutes et tous».

      • L'égalité des chances est jugée une "promesse trompeuse" car elle ne garantit pas l'effectivité du droit à l'éducation, renvoyant les difficultés à la responsabilité individuelle de l'élève (vision méritocratique).
      • La réussite de toutes et tous implique que l'école "ne s'arrête pas avec la fin de la scolarité", et que "un niveau d'éducation élevé a un impact sur le revenu des personnes tout au cours de la leur carrière" (Éric Morin : "une année supplémentaire d'étude apporte 14% de revenus en plus"). L'équité et la performance sont liées : "les systèmes éducatifs les plus équitables... sont également les plus performants".
      • Faire réussir tous les élèves est bénéfique non seulement pour l'individu, mais aussi pour la "cohésion sociale, notre démocratie et notre économie".

      5. Axes de Préconisations du CESE

      Le projet d'avis du CESE s'articule autour de quatre axes majeurs :

      A. Redéfinir les finalités de l'école et mieux articuler l'ensemble des politiques publiques

      Préconisation 1 : Organiser un grand débat démocratique pour clarifier et redéfinir collectivement les finalités de l'école. L'école a été historiquement construite pour former une élite, non pour faire réussir tous les élèves. Préconisation 15 : Améliorer la concertation et l'articulation des politiques publiques complémentaires (logement, transport, santé, culture, sport) qui concourent à l'éducation, car "l'école seule n'arrivera pas à faire de l'égalité".

      B. Favoriser l'égalité et la mixité dans les territoires

      • Préconisation 5 : Mettre en place des observatoires de la mixité sociale et scolaire et de la réussite éducative pour diagnostiquer et recommander des actions.
      • Préconisation 4 : Agir sur la ségrégation scolaire par un plan pluriannuel pour une réelle mixité sociale inter et intra-établissements (publics et privés), avec un objectif de réduction des écarts d'indices de position sociale (IPS).
      • Préconisation 7 : Engager l'enseignement privé dans cette dynamique de mixité par un contrat d'objectifs et de moyens.
      • Spécificités Outre-mer (Préconisation 9) : Donner aux recteurs davantage de marges d'adaptation, créer des réseaux d'échange, faciliter l'accès à la langue française, développer l'offre post-bac sur place, et améliorer les conditions de vie des élèves (bâtiments, restauration scolaire).

      C. Conforter les acteurs de la communauté éducative et en priorité les élèves

      • Reconnaître et entendre les élèves : Les témoignages d'élèves soulignent le besoin de stabilité, de méthodes d'apprentissage basées sur la compréhension, et de prise en compte de la santé mentale et de la diversité. "L'école de mes rêves ce serait une école où la santé mentale des élèves passerait avant leur réussite scolaire".
      • Préconisation 10 : Organiser une concertation pour améliorer le bien-être des élèves et leurs conditions de scolarisation.
      • Préconisation 8 : Étendre les fonds sociaux élèves de l'école primaire au lycée et en faciliter le recours.
      • Préconisation 11 : Faire un bilan des pratiques de la vie démocratique au sein des écoles pour la renforcer.
      • Rôle des parents : L'importance du rôle des parents est soulignée, car l'élève apprend mieux s'il y a un partage de la nécessité d'apprendre entre l'école et la famille.
      • Préconisation 14 : Renforcer la place des parents à l'école via des "espaces parents".

      D. Transformer l'école et conforter le rôle des personnels

      • Revaloriser le métier d'enseignant : La "qualité des enseignants est le premier levier d'amélioration de l'efficacité des systèmes d'éducation".
      • Préconisation 12 et 13 : Mettre l'accent sur la formation initiale et continue des enseignants pour s'adapter à la diversité des élèves et rompre avec les logiques discriminantes.
      • Préconisation 19 : Voter une loi de programmation et de revalorisation des rémunérations des enseignants.
      • Renforcer les équipes : Augmenter le nombre d'assistants sociaux, infirmières, médecins, psychologues scolaires, etc.
      • Liberté pédagogique : Doit être préservée et exercée dans le cadre du projet d'école.
      • Utilisation de la technologie : Les élèves suggèrent l'utilisation des téléphones pour une meilleure adaptation aux nouvelles technologies.

      6. Perspectives et Appel à l'Action

      Le CESE insiste sur l'urgence d'un message positif et d'espoir pour les jeunes. L'école est vue comme un "moyen pour chacun et chacune de se construire, de s'émanciper, de surmonter ses difficultés, de grandir, d'apprendre, d'imaginer le monde de demain pour faire société ensemble".

      Malgré des réserves de certains groupes (entreprises, agriculture) sur des points spécifiques (financement, applicabilité de certaines mesures, pertinence de redéfinir les finalités pour l'agriculture), le projet d'avis "Réussite à l'école, réussite de l'école" a été adopté avec 97 voix pour, 1 contre et 23 abstentions.

      Le CESE s'engage à porter et prolonger cet avis, réaffirmant son rôle d'assemblée de combat et de solution face aux défis sociaux et éducatifs.

    1. DOCUMENT DE BRIEFING

      Sujet : Le rôle et les missions du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et l'importance de l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) en France.

      Date : Septembre 2024

      1. Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) : Un Acteur Clé de la Démocratie Participative en France

      • Le Conseil Économique, Social et Environnemental est la troisième assemblée citée dans la Constitution française, aux côtés de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Moins connu que les deux autres, son rôle est pourtant crucial dans le lien qu'il assure entre les pouvoirs publics et la société civile.

      Missions Principales :

      • Conseiller et éclairer le Gouvernement et le Parlement dans l'élaboration des politiques publiques et des lois.
      • Favoriser le dialogue social et la recherche de consensus.
      • Contribuer à évaluer l'efficacité des politiques publiques.
      • Prendre le pouls des régions en lien constant avec les Conseils Économiques, Sociaux et Environnementaux Régionaux (CESER).
      • Renforcer la démocratie participative en permettant aux citoyens de faire entendre leur voix.

      Composition et Représentativité :

      • Le CESE est composé de 175 conseillers et conseillères, désignés pour 5 ans par des organisations représentatives de la société civile : entreprises, syndicats, organisations patronales, associations, ONG, organisations étudiantes et mouvements de jeunesse. Ils sont répartis en 19 groupes.
      • Il est décrit comme une "mini-France" où "tous les points de vue se rencontrent", permettant même à des "chasseurs" de "discuter et débattre avec des défenseurs des oiseaux".

      Mécanismes de Participation Citoyenne :

      • Les citoyens peuvent directement saisir le CESE via une pétition en ligne sur la plateforme petitionlourriel.lecese.fr.
      • Si une pétition recueille plus de 150 000 signatures dans un délai d'un an (et remplit les critères de recevabilité), le CESE est obligatoirement tenu d'étudier le sujet et peut par exemple adresser un avis au Gouvernement ou au Parlement.
      • Même en dessous de 150 000 signatures, une pétition peut attirer l'attention du Conseil et recevoir une réponse.
      • Le CESE utilise diverses méthodes participatives : tirage au sort de citoyens, conventions citoyennes, consultations en ligne. L'objectif est de "contribuer à élaborer des propositions concrètes qui peuvent avoir un impact dans notre vie quotidienne".

      Importance dans le Contexte Actuel :

      • Dans un contexte de "blocage politique", de "défiance généralisée" et d'"atomisation et volatilité de la représentation parlementaire", le rôle du CESE est jugé "crucial" pour "élargir la pratique du pouvoir pour construire des politiques comprises et acceptées".
      • La société civile, incarnée par le CESE, a "considérablement gagné en sérieux, en visibilité et en crédibilité". Le CESE se positionne comme une "légitimité délibérative" complémentaire à la légitimité politique issue des élections, car "l'élection ne suffit plus à faire le plein de carburant démocratique".
      • Des exemples concrets de l'influence du CESE incluent les préconisations pour la "Garantie Jeunes" et le déploiement des "dispositifs d'alerte pour lutter contre les violences faites aux femmes".

      Défis et Critiques :

      • Malgré son rôle, le CESE est "moins connu" que les autres assemblées et peut être "caricaturé" ou sujet à "méconnaissance" et "mépris" de certains élus.
      • Une polémique récente a mis en lumière des attaques infondées contre un conseiller, Nassim Larfa, soulignant la diffusion de "rumeurs" et de "lynchage ignoble" via les réseaux sociaux, visant potentiellement à "diaboliser l'étranger" et à attaquer l'attachement du CESE à une "France plurielle et inclusive".

      2. L'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle (EVARS) : Un Impératif Social et Démocratique

      Un avis du CESE sur l'EVARS met en lumière l'urgence de cette éducation pour faire face à des enjeux sociétaux majeurs.

      Cadre et Enjeux de l'EVARS :

      • L'EVARS est définie comme une "démarche transversale et progressive" qui se construit "tout au long de la vie" et concerne "tous les lieux qui accueillent les enfants" : famille, école, lieux tiers (loisirs, sport, aide sociale à l'enfance, etc.).
      • Elle couvre les dimensions affective (apprentissage du lien émotionnel, confiance en l'autre, relations amoureuses), relationnelle (consentement, repérage des violences, égalité, déconstruction des stéréotypes) et sexuelle (connaissance de son corps, identités de genre, orientation sexuelle, plaisir, reproduction, santé sexuelle).
      • L'EVARS participe à l'effectivité de plusieurs droits humains fondamentaux : "le droit à disposer de son corps, le droit à l'éducation, le droit à la santé, le droit à la protection contre toute forme de violence".

      Un Constat Alarmant :

      • Obligation Légale Ignorée : Depuis 2001, une loi rend obligatoire trois séances annuelles d'éducation à la sexualité tout au long de la scolarité. Cependant, "plus de 20 ans après, nous constatons encore la non application de cette loi", avec moins de 15% des élèves bénéficiant des trois séances annuelles.

      Trois associations (Planning Familial, S.O.S. Homophobie, S.O.S. Homophobie) ont même saisi le tribunal administratif pour cette non-application. * Augmentation des Violences et Maladies :"Les taux de MST augmentent" ("48% pour les cas de gonorrhée, 34% pour la syphilis, 16% pour les clamidias"). * "160 000 enfants sont chaque année victimes de violence sexuelle" en France. La Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIVISE) a souligné que "77% des violences sexuelles sur les enfants se déroulent au sein de la famille" et le risque est "presque triplé pour les enfants porteurs d'un handicap". * "Un quart des jeunes hommes de 18 à 24 ans adhère à l'idée que quand une femme dit non cela veut dire oui". * "Deux tiers des enfants de moins de 15 ans et un tiers des enfants de moins de 12 ans ont déjà eu accès à des images pornographiques non souhaitées". La pornographie "éduque malgré eux" les enfants à des "images violentes". * La "montée préoccupante des représentations sexistes, du machisme et de la misogynie, notamment chez les plus jeunes" est observée. * Manque d'Information et de Ressources : Les jeunes "estiment ne pas avoir accès à une information de qualité sur la vie affective et sexuelle". Les professionnels manquent de formation et de moyens. * Résistance et Désinformation : De "nombreux mouvements réactionnaires s'opposent à toute éducation affective ou sexuelle au nom d'un risque de perversion de l'enfant". La consultation en ligne du CESE a été "attaquée tout d'abord juridiquement puis sur la plateforme elle-même afin de fausser les résultats". * Recommandations Clés du CESE (24 préconisations au total) : * Garantir l'Application de la Loi : Nécessité d'un "courage politique" pour appliquer la loi de 2001, avec une "politique coordonnée, pilotée et dotée de moyens suffisants". * Formation des Professionnels : Mise en place d'un "plan de formation national accessible gratuitement à tout intervenant éducatif", incluant les spécificités des publics fragiles (traumatisme, violence sexuelle, interculturalité). * Soutien aux Familles : Les familles sont centrales mais n'ont pas toujours les ressources. Le CESE propose de "compléter et élargir les dispositifs actuels de soutien à la parentalité" et de leur donner "accès à une information claire et fiable sur les besoins et les droits des enfants". * Campagne Nationale d'Information : Lancer une "campagne nationale d'information sur les contenus réels de l'EVARS afin de déconstruire les discours qui alimentent les peurs et les fantasmes". * Rôle de l'École : Proposer la mise en place d'une "éducation aux compétences psychosociales et à l'égalité dotée d'au moins 30 heures d'enseignement dès le collège", assurée par des enseignants dédiés avec l'appui d'interventions extérieures. * Prise en Compte dans Tous les Espaces : Inclure l'EVARS dans les projets d'établissement, les contrats de délégation des fédérations sportives, et soutenir les "centaines de milliers de professionnels et bénévoles" agissant dans les lieux de loisirs, sport, aide sociale à l'enfance, etc. * Lutte contre l'Infantisme : Combattre ce "système qui autorise tout adulte à déconsidérer la parole des enfants et leur place dans la société du seul fait qu'il et elle soient des enfants". * Exploiter le Numérique : Utiliser les "supports numériques pour nous rendre actrices et acteurs de l'éveil à la vie affective, relationnelle et sexuelle" et renforcer la régulation des réseaux sociaux pour un "cadre vertueux" et lutter contre les contenus violents.

      Perspective :

      L'EVARS est "une politique publique globale de tous les instants qui aujourd'hui pêche par le manque d'ambition et de moyens".

      C'est une "composante essentielle de nos vies, de nos rapports aux autres", qui participe à une "transformation en profondeur de la société" pour plus "d'inclusivité, plus de respect et moins de violence entre les individus".

      Les membres du CESE saluent la qualité du rapport et soulignent que les jeunes sont "en demande" d'informations sur la sexualité.

    1. Note de synthèse détaillée : Vivre dans les Territoires Ruraux

      Date : 19 juin 2024 Sujet : Synthèse des thèmes majeurs et faits marquants de l'événement "Vivre dans les territoires ruraux" organisé par la Commission Territoire, Agriculture et Alimentation.

      Introduction

      • La séance plénière consacrée à l'événement "Vivre dans les territoires ruraux" a mis en lumière la place centrale et souvent sous-estimée des zones rurales dans l'identité, l'économie et l'avenir de la France et de l'Europe.

      Loin d'être une "diagonale du vide uniforme", ces territoires regorgent d'initiatives et sont essentiels pour relever les défis sociétaux actuels et futurs. Cette réunion a permis de confronter des analyses sociologiques historiques et contemporaines aux témoignages concrets d'acteurs de terrain, offrant une vision nuancée des défis et des opportunités.

      1. La Ruralité : Une Entité Complexe et en Évolution

      Historiquement perçue comme un résidu voué à l'uniformisation face à l'urbanisation, la ruralité a connu une "disparition des écrans radars des politiques publiques nationales" avant de revenir au cœur du débat public, notamment avec la crise des gilets jaunes et la crise sanitaire.

      Évolution Sociologique et Démographique :

      • Déclin de la population agricole : La population agricole est devenue minoritaire dans l'essentiel des espaces ruraux français.
      • Popularisation des campagnes : Les mondes ouvriers et employés sont de plus en plus surreprésentés en dehors des villes. "On est tout l'inverse, les mondes ouvriers sont surreprésentés en dehors des villes."
      • Diversité des ruralités : Au lieu d'une ruralité unique, il existe une "très grande diversité" de territoires ruraux (productivistes, industriels, récréatifs, gentrifiés, balnéaires, naturels protégés).
      • Flux de population et multirésidentialité : Une part croissante de la population est multirésidentielle, ce qui rend la définition de "rural" complexe. Les flux immobiliers montrent une tendance à l'accumulation d'espaces de travail et de récréation, notamment dans les zones côtières et montagneuses.
      • Ségrégation sociale : Plutôt qu'une simple distinction urbain/rural, le territoire se structure de plus en plus par des "territoires de classe supérieure et des territoires de classe populaire". Ces dynamiques créent des "conflictualités de plus en plus fortes" entre usages récréatifs et productifs des espaces.

      Enjeux et Attributs des Territoires Ruraux :

      • Rôle central dans les défis sociétaux : La ruralité est "au cœur des enjeux de notre société", notamment pour répondre aux enjeux environnementaux (réchauffement climatique, biodiversité, transition énergétique) et de souveraineté alimentaire et de réindustrialisation.
      • Atouts intrinsèques : Cadre de vie, grands espaces, nature préservée, qualité de vie (air pur, faible délinquance, éducation protectrice), dimension humaine (proximité avec les acteurs locaux), valeurs (travail, respect).
      • Opportunités liées au changement climatique : Les zones rurales, notamment la moyenne montagne, attirent des populations fuyant les fortes chaleurs estivales des villes. L'eau est également un "véritable enjeu" et un atout fondamental.

      2. Freins et Défis Majeurs

      Malgré leur dynamisme, les territoires ruraux font face à des contraintes importantes qui entravent leur plein développement :

      • Déficit démographique : Population insuffisante et vieillissante, exode des jeunes.
      • Enclavement et accessibilité : Éloignement des pôles urbains, manque de transports en commun, absence de liaisons aériennes, usage impératif de la voiture.
      • Problématiques de recrutement : Taux de chômage très faible (4,7% en Lozère, par exemple), plein emploi, forte proportion d'emplois publics. Difficulté à attirer et loger les talents.
      • Crise du logement : Forte proportion de résidences secondaires (32% en Lozère) et de logements inoccupés (12%), posant un problème crucial pour les habitants et les saisonniers. "On peut même imaginer que des entreprises ou des des sites pourrait fermer par manque de logement pour les saisonniers."
      • Inertie administrative et difficultés de financement : La "longueur des dossiers" et l'inertie des processus administratifs sont des freins majeurs pour les chefs d'entreprise qui nécessitent "rapidité" et "réactivité". Les dispositifs nationaux (France Ruralité Revitalisation, Petites Villes de Demain, Villages d'Avenir) répondent "partiellement" aux besoins, mais nécessitent plus de réactivité et une adaptation aux réalités locales.
      • Déclin des productions locales et des services de proximité : La perte de production à l'usage des habitants entraîne une disparition des services essentiels (boulangerie, épicerie, médecin), augmentant la solitude et les coûts pour les collectivités.

      3. Initiatives et Modèles de Réussite

      Les témoignages des acteurs de terrain ont mis en évidence la capacité des territoires ruraux à innover et à se développer grâce à des initiatives locales fortes et à la coopération :

      Société d'Économie Mixte (SEM) en Lozère (Roger Cruis) :

      • Modèle pluridisciplinaire : Activités diversifiées (tourisme, portage immobilier professionnel, accompagnement des collectivités).
      • Synergie élus-économique : La SEM "allie la compétence et la proximité des élus et la performance et la recherche de performance des dirigeants et du monde économique".
      • Coopération locale : Nécessité d'une "ligne de conduite partagée par tous les acteurs" (services de l'État, collectivités, chambres de commerce).
      • Proactivité : Initiatives de la SEM pour le logement étudiant, la formation aux métiers du thermalisme et la construction de bâtiments partagés.
      • Atout de la fibre optique : La Lozère, fibrée à 99%, voit la fibre comme un "vrai atout et une vraie valeur ajoutée" pour attirer entreprises et habitants.
      • Entreprise INFACO dans le Tarn (David Elmas) :
      • Ancrage territorial fort : "On a des racines qui nous poussent sous les pieds", fierté de développer l'économie locale et de participer à la vie du village.
      • Innovation et fabrication locale : Inventeur du sécateur électrique, l'entreprise innove, fabrique et assemble 100% de ses sécateurs à Caylusac-sur-Vère.
      • Philosophie d'achats locaux : Priorité aux entreprises locales, régionales et nationales.
      • Défis transformés en opportunités : Malgré les difficultés de foncier et d'internet, l'entreprise a investi (fibre optique, bornes électriques) pour maintenir et développer son activité, soulignant l'importance de "faciliter la tâche" aux entreprises.
      • Culture d'entreprise familiale : Forte relation avec les collaborateurs, climat de confiance et d'écoute, "vie d'entreprise simple, vraie, véritable".
      • Conseil de Développement de Beaujovalley (Dominique Alombus) :
      • Démocratie participative : Le Codev, "un petit CES", proactif dans l'élaboration du Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET).
      • Projet d'Alimentation Territoriale (PAT) : Réduction de l'empreinte carbone, soutien à l'emploi et au savoir-faire locaux, commande publique (cantines scolaires) pour soutenir les filières locales.
      • Mobilisation des acteurs : Travail avec la Chambre de Commerce, la Chambre d'Agriculture, l'hôpital, les communes, les associations, les habitants.
      • Participation citoyenne : Réunions et visites à l'initiative du Codev, diagnostic partagé, création d'un guide des producteurs, forums professionnels, ateliers anti-gaspillage.
      • Origine des initiatives : "C'est vraiment partie des habitants et particulièrement d'un agriculteur en bio". Le Codev vise à "anticiper pour ne pas subir".
      • Le Jeu de la Dombe (Monique Michel) :
      • Objectif de lien social : Favoriser l'interconnaissance des habitants sur un territoire morcelé (36 communes, 39 000 habitants).
      • Conception participative : "Tous les habitants ont construit les jeux, les questions du jeu", lors de réunions participatives qui ont elles-mêmes créé du lien.
      • Diffusion large : Distribution gratuite dans les écoles, médiathèques, centres sociaux, mairies, pour toucher tous les publics et notamment les nouveaux arrivants.
      • Le Jardin d'Arvieux, Tiers-Lieu Villageois en Aveyron (Perrine Vigrou) :
      • Démarche participative "Harvieux 2020" : Démarrée en 2014 par la mairie pour relancer l'attractivité et faire face au déclin démographique.
      • Coopération public-privé : Partenariat entre la mairie et la coopérative LITiS (entreprise numérique installée dès 1998) pour créer et gérer le tiers-lieu.
      • Services intégrés : Médiathèque, cyberbase, inclusion numérique, Maison France Services, services aux associations, offre de coworking, formation, habitat passerelle, séjours immersifs pour les candidats à la vie rurale.
      • Synergie entre anciens et nouveaux habitants : Les nouveaux arrivants sont "force de proposition et porteur de ces nouveaux projets".
      • Animation territoriale : Nécessité d'animateurs sur le terrain pour "produire les bonnes conditions de coopération entre des acteurs différents" et réguler les conflits.
      • Projet Terra en Lot-et-Garonne (Frédéric Bosquet) :
      • Expérimentation sur 10 ans : Visant la revitalisation des "12 000 communes rurales en train de mourir".
      • Approche intégrée : Relocalisation de la production (ferme en permaculture), distribution (épicerie de producteurs), énergies renouvelables (SCIC), mobilité partagée, écoconstruction.
      • "Quartier rural en transition pilote" : Construction avec des matériaux locaux, centre d'écoconstruction et de formation pour reproduire le modèle.
      • Financement patient et solidaire : Processus allant des dons de temps des volontaires aux dons défiscalisables, subventions des collectivités, puis investissements à "capitaux patients, intérêts modérés" pour réinjecter les bénéfices dans le territoire.
      • Gouvernance partagée : SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif) avec collectivités, entreprises, associations, partenaires financiers.

      4. Recommandations et Perspectives

      Plusieurs pistes de réflexion et d'action émergent de ces échanges :

      • Développer la coopération et la concertation : Renforcer les dispositifs de démocratie participative (Conseils de Développement) en amont des projets pour partager les visions et renforcer l'acceptabilité.
      • Adapter les politiques publiques : Les territoires ruraux "doivent être des vrais laboratoires" et "être traités différemment" des milieux urbains, avec des dispositifs fiscaux, immobiliers et administratifs spécifiques, plus réactifs et moins "inertiels".
      • Soutenir l'économie locale diversifiée : Encourager la réindustrialisation maîtrisée, valoriser les productions locales, faciliter la transmission des entreprises.
      • Investir dans les services de proximité : La question des services (santé, éducation, mobilité, culture, commerces) est "au centre de l'avenir des territoires ruraux". Les Maisons France Services sont un exemple positif de "remettre de l'humain au cœur des services".
      • Changer le récit de la ruralité : Sortir du "récit de l'abandon" et de la "culture de handicap" pour promouvoir l'attractivité et le dynamisme des territoires ruraux, essentiels pour attirer et retenir les talents.
      • Favoriser les modèles de financement innovants : Rechercher des capitaux "patients à intérêt modéré" pour soutenir des projets à long terme qui génèrent de la valeur économique, sociale et écologique.
      • Prendre en compte les enjeux de ségrégation sociale : Les conflits d'usage dans les territoires ruraux sont de plus en plus liés à des dynamiques de classes sociales. Une meilleure compréhension de ces dynamiques est nécessaire pour une gestion apaisée du "bien vivre ensemble".

      Conclusion

      La ruralité française n'est ni figée ni uniforme, mais un "cœur battant de notre économie et de notre souveraineté alimentaire", un "atout puissant pour permettre la transition écologique".

      Les initiatives citoyennes et la coopération entre tous les acteurs locaux sont les moteurs essentiels de son dynamisme. Il appartient aux politiques publiques de les soutenir efficacement en adaptant les cadres existants et en facilitant l'émergence de nouveaux modèles, pour que la ruralité puisse pleinement jouer son rôle dans la société de demain. "Le pays a besoin de sa ruralité."

    1. Ce document est un compte rendu détaillé de la session plénière du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) consacrée à un projet d'avis intitulé "La protection de l’enfance est en danger : les préconisations du CESE".

      Il met en lumière les discussions, les constats alarmants, et les propositions concrètes visant à améliorer la protection de l'enfance en France.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      Le Rôle du CESE et la Participation Citoyenne :

      • Le CESE est la troisième assemblée mentionnée dans la Constitution, aux côtés de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Il conseille le gouvernement et le Parlement dans l'élaboration des lois et politiques publiques, et est devenu récemment une "chambre de la participation citoyenne".
      • Il est le lieu où "s’organise le débat avec les représentants de la société civile organisée et avec les citoyens", un "lieu de rencontre de tous nos horizons et de toutes nos sensibilités", et un "lieu de recueil de toutes les voix des espoirs et des préoccupations".
      • Les citoyens peuvent saisir directement le CESE via une pétition. Si elle recueille plus de 150 000 signatures, le Conseil est "obligatoirement" tenu d'étudier le sujet et peut émettre un avis au Gouvernement ou au Parlement. Même sans atteindre ce seuil, les pétitions peuvent retenir l'attention du Conseil.
      • Le CESE a quatre missions principales : conseiller le gouvernement et le Parlement, favoriser le dialogue social, évaluer l'efficacité des politiques publiques, et renforcer la démocratie participative. Il utilise des méthodes participatives comme le tirage au sort de citoyens et les conventions citoyennes.

      La Crise de la Protection de l'Enfance :

      • Le constat central est que "la protection de l’enfance est en danger". Malgré plusieurs lois protectrices (2007, 2016, 2022) et un cadre législatif globalement solide, leur application est "plus que problématique".
      • Chiffres alarmants : 350 000 à 380 000 mineurs sont suivis au titre de la protection de l'enfance, une augmentation de 17% entre 2007 et 2022. Environ 10% des enfants dans les pays à haut revenu seraient maltraités. Le coût pour la santé du cumul d'événements traumatisants durant l'enfance a été estimé à 34 milliards d'euros en 2019.
      • Les enfants pris en charge sont "surreprésentés parmi les mineurs ou jeunes majeurs délinquants". Il y a un passage "quasi sans transition de la protection de l'enfance à la protection judiciaire de la jeunesse".
      • La crise est due à un manque criant de moyens humains et financiers, une faible attractivité des métiers du secteur (jusqu'à 40% de postes vacants), et une "très grande disparité de volonté politique et de moyens selon les départements". La "non-exécution des décisions de justice est un problème récurrent".
      • 2000 enfants, dont près de 500 de moins de 3 ans, étaient "dans la rue en août 2024" (UNICEF). Plus de 70% des juges des enfants ont "renoncé à un moment souvent ou moins souvent à prendre des décisions de placement d'enfants en danger faute de solution".
      • Causes et Conséquences des Dysfonctionnements :
      • Désorganisation Institutionnelle et Disparités Territoriales : L'État est "totalement désengagé de la politique de la protection de l'enfance". Il manque de données statistiques consolidées au niveau national, ce qui "organise la cécité de l'État et organise l'invisibilité des bénéficiaires".

      • Problèmes de Santé et Scolarité : Les enfants victimes de violence ou de négligence grave ont une espérance de vie réduite de 20 ans. Moins de 30% d'entre eux ont un bilan de santé global à l'entrée dans le dispositif de protection, et moins de 10% ont un suivi effectif. La déscolarisation est fréquente chez les enfants placés.

      • Non-Respect des Droits de l'Enfant : Les droits fondamentaux tels que vivre en famille, respecter les liens d'attachement, l'intimité, l'accès à la scolarité et aux soins, et être protégé contre toute violence, ne sont pas respectés. Le "projet pour l'enfant" (PPE), document personnalisé obligatoire depuis 2007, est "trop peu mis en place".
      • Professionnels en Souffrance : "La crise d'attractivité des métiers est la pierre angulaire de la crise de la protection de l'enfance." Les professionnels sont "fatigués", en "perte de sens", subissent des "coupes budgétaires" et manquent de formation et de valorisation.
      • Préconisations du CESE :

      Gouvernance et Coordination :

      • Rendre effective la collecte de données : Demander au GIP France Enfance Protégée de réaliser annuellement un état des lieux des besoins, capacités d'accueil et mesures non exécutées.
      • Réaffirmer le rôle de l'État : Mettre en place tous les deux ans une stratégie interministérielle de prévention et de protection de l'enfance.
      • Contractualisation État-Départements : Mettre en place une politique de contractualisation pour suivre et évaluer la politique publique, avec une péréquation financière pour réduire les inégalités.
      • Coordination locale : Organiser le suivi et la coordination via les comités départementaux pour la protection de l'enfance (CDPE).

      Amélioration de la Protection :

      • Rendre effectif le Projet Pour l'Enfant (PPE) en en faisant une condition préalable à la contractualisation.
      • Multiplier les dispositifs de soutien aux parents et redonner aux intervenants de proximité (PMI, services sociaux, éducation nationale) leur capacité à remplir leurs missions de prévention.
      • Définir un plan de formation sur la protection de l'enfance commun à tous les professionnels "sentinelles" (enseignants, éducateurs, soignants).
      • Diversifier les modes de prise en charge : Multiplier les petites unités de vie, renforcer les actions éducatives en milieu ouvert, et réduire le nombre d'enfants suivis par travailleur social.
      • Pour les enfants à double vulnérabilité (handicap) : Systématiser une convention entre l'aide sociale à l'enfance, les MDPH et l'ARS, et développer des lieux de prise en charge pluriprofessionnels.

      Respect des Droits de l'Enfant :

      • Prévoir l'assistance systématique d'un avocat spécialisé pour les enfants en situation de protection.
      • Donner un statut, une formation obligatoire et un certificat de compétence à l'administrateur ad hoc.
      • Aucune distinction entre les mineurs non accompagnés (MNA) et les autres mineurs dans la prise en charge.
      • Rendre effectif l'accompagnement des jeunes sortant de l'ASE jusqu'à 21 ans, avec un contrôle de l'IGAS.
      • Charger une autorité nationale indépendante du contrôle des structures d'accueil, avec un droit d'accès à tout moment et une information aux enfants de ce droit.

      Soutien aux Professionnels :

      • Sécuriser la prise en charge des enfants et garantir aux professionnels des conditions de travail normalisées (taux d'encadrement, nombre de mesures suivies).
      • Reprendre les préconisations des avis du CESE de 2022 sur les métiers de la cohésion sociale et les métiers en tension (rémunération, formation).
      • Engager un travail spécifique sur l'accompagnement et le parcours professionnel des professionnels prenant en charge la souffrance humaine, avec valorisation des acquis de l'expérience.

      Citations Clés :

      • "Le CESE, c'est donc le lieu où s'organise le débat avec les représentants de la société civile organisée et avec les citoyens. C'est le lieu de rencontre de tous nos horizons et de toutes nos sensibilités. C'est un lieu de recueil de toutes les voix, des espoirs et des préoccupations et ça c'est unique."
      • "La protection de l'enfance est en danger."
      • "Le coût pour la santé du cumul d'événements traumatisant durant l'enfance a été estimé à 34 milliards d'euros en 2019."
      • "Les professionnels du secteur souffrent d'un manque de formation avec une très faible attractivité de leur métier... ainsi que d'un manque de financement face à des besoins pourtant croissants."
      • "L'État a complètement lâché le navire, complètement lâché le sujet." (Élisabeth Tomé Gtinrich)
      • "Il ne se passe pas une semaine sans que des maltraitances, des violences ou des dysfonctionnements soient relevés dans les gros titres de la presse." (Angéline Bart)
      • "La protection de l'enfance manque de moyens humains, ces métiers sont en forte pénurie de personnelle et les professionnels sont en perte de sens de travail." (Angéline Bart)
      • "Le sort d'un enfant finalement peut être très différent suivant le lieu d'un côté ou de l'autre d'une frontière territoriale où il habite." (Anne Devrez)
      • "La crise d'attractivité des métiers, c'est la pierre angulaire de la crise de la protection de l'enfance." (Stéphane Troussel)
      • "40% des sans-domicile fixe qui ont moins de 25 ans sont passés par l'aide sociale à l'enfance." (David Beauvois)
      • "Un enfant placé qui a vécu des traumatismes a en moyenne 20 ans d'espérance de vie en moins par rapport à d'autres enfants." (Céline Greco)
      • "Entre la loi, les acteurs, les faits divers, il y a le silence des enfants." (Josiane Bigot)
      • "Ne pas avoir de statistique, c'est organiser la cécité de l'État et c'est organiser l'invisibilité des bénéficiaires." (Élisabeth Tomé Gtinrich)
      • "Il faut que la protection de l'enfant devienne l'affaire de tous et que chacun dans sa vie se sente concerné par cette question." (Rapporteurs)

      En conclusion, ce briefing met en évidence l'urgence d'une refonte profonde de la politique de protection de l'enfance en France.

      Il souligne la nécessité d'une action concertée de l'État, des départements et de la société civile pour garantir le respect des droits fondamentaux de chaque enfant, en s'appuyant sur des professionnels mieux formés, mieux rémunérés et mieux accompagnés, et en assurant une gouvernance transparente et efficace.

    1. Briefing Document : Désenclaver pour un espace de vie apaisé - Quartiers urbains populaires #2 : En direct

      Date : 14 juin 2024 (référence aux dates mentionnées dans les sources)

      • Contexte : Ce document synthétise les discussions et les témoignages présentés lors du deuxième rendez-vous du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les quartiers urbains populaires, intitulé "Parlons solution".

      L'événement fait suite aux violences de 2023 et s'inscrit dans une démarche d'écoute active et d'immersion dans la réalité de ces quartiers. L'objectif principal est de "désenclaver les quartiers pour y faire advenir des espaces de vie apaisés".

      Thèmes Majeurs et Idées Clés :

      1. Revalorisation et Reconnaissance des Quartiers Populaires :

      • Contre les regards condescendants : Le CESE souhaite lutter contre les perceptions négatives et stigmatisantes des quartiers populaires, souvent réduits à leurs défis (pauvreté, enclavement, discrimination). Thierry Baudet, président du CESE, affirme que ces quartiers "méritent mieux que les regards trop souvent condescendants ou anxiogène qu'on leur porte".
      • Lieux de résilience et de créativité : Au-delà des difficultés, ces quartiers sont décrits comme des "lieux de résilience, d'engagement, de créativité, de solidarité" avec un "vivier de talent, une densité associative, une capacité d'initiative que peu de territoires peuvent revendiquer avec autant de vitalité".
      • Vision positive : Swad Bellad souligne l'importance de voir "le verre à moitié plein et même souvent plein et non pas comme peuvent le faire beaucoup effectivement de de médias de fixés sur les vides". Il s'agit de "braquer les projecteurs sur ceux et celles qui font et qui souvent comblent les manques voire déficit des pouvoirs publics".
      • Innovation sociale : Nora Amadi insiste sur la nécessité de parler de ces quartiers pour leur "dimension d'innovation sociale", plutôt que pour les seules "exceptions" (violences, colère). Ismaël Cousin utilise les termes "innovation et développement" pour décrire l'approche nécessaire.
      • Changer la narration : L'objectif est de "tordre le bras à cette loupe politique et médiatique" et de "démontrer que des solutions existent". Ismaël Cousin et Wael Wael soulignent l'importance de former les jeunes à l'écriture de scénarios et à la réalisation de documentaires pour qu'ils puissent "raconter eux-mêmes leur récit" et changer la "narration" dominante. Sana Sanouli de Banlieue Climat met en avant l'importance des "fissures d'espoir" et de changer le regard sur ces quartiers : "les quartiers populaires c'est l'avenir c'est la richesse de la France".

      2. Le Désenclavement : Au-delà de l'Infrastructure, un Enjeu Humain et Social :

      • Briser les barrières visibles et invisibles : Le désenclavement ne se limite pas à "poser une ligne de tramoué ou ouvrir une nouvelle médiathèque". Il s'agit de "briser les barrières visibles et invisibles celles qui enferme qui stigmatise qui fracture".
      • Mobilité et accès à l'emploi : Imen Swed Cadir Mbarc insiste sur le rôle crucial des transports (T9, ligne 14 du métro) pour "rapprocher nos habitants des secteurs d'emploi" et connecter les villes de banlieue entre elles. Le permis de conduire pour les mères, évoqué par Bartha chez Mamam, est également un levier d'autonomisation et de désenclavement.
      • Accès à la culture : La culture est un vecteur essentiel. Faudel Kepier (Micro-folie) et Valérie Suner (Théâtre de la Poudrerie) travaillent à rendre la culture accessible au plus près des habitants, souvent victimes d'"autocensure" et se sentant "pas légitimes" à fréquenter les grands musées ou théâtres. L'objectif est de créer une "curiosité culturelle" et de faciliter le passage vers les institutions culturelles classiques.
      • "Aller vers" et "Faire avec" : C'est une démarche clé. Le Théâtre de la Poudrerie va "rencontrer les gens chez eux à domicile" et inclut les habitants dans le "processus de création artistique". Ismaël Cousin (Action Baumayiller) amène le cinéma "en bas d'immeuble". Cette approche participative est essentielle pour que les habitants "s'approprient" les projets. Valérie Suner le résume : "quand on embarque tout le monde c'est pas une question de lieu en fait c'est une question de dynamique".
      • L'ingénierie locale : Maryline Picherie et Cadir Mbarc soulignent le rôle fondamental des élus et des équipes locales pour impulser des politiques de proximité et recréer du lien social. Le Conservatoire de musique et de danse de Melun, transféré dans les quartiers nord, en est un exemple de succès en termes de mixité.

      3. Le Rôle Central de la Culture et de l'Éducation :

      • Démocratisation de l'art : Le projet Micro-folie vise à apporter les œuvres des grands établissements culturels "au plus près des habitants", en utilisant le numérique pour démocratiser l'accès à l'art. Valérie Suner met en avant le "théâtre de la social", où "le cœur de la rencontre de l'autre de celui qui est différent de moi est au centre de nos préoccupations".
      • La culture comme vecteur de lien social : À Melun, la médiathèque "la boussole" est un "outil hybride" où "la culture et le vecteur de lien social dans le quartier". Brahim Timrich (Le Grand Bleu) utilise l'apprentissage de la natation comme un moyen de "réapproprier la mer" pour les habitants de Marseille, au-delà de la simple compétence technique.
      • L'école de la République : Plusieurs intervenants insistent sur le rôle crucial de l'école. Maryline Picherie regrette que l'école "n'est pas assez ambitieuse" et ne permette pas toujours aux enfants des quartiers d'avoir les "mêmes chances". Le financement des Cités éducatives est salué par Imen Swed, mais questionné par Maryline Picherie sur son financement. La difficulté pour les jeunes à trouver des stages est également évoquée comme un frein à leur parcours.
      • Changer les imaginaires : La culture et les initiatives comme celles de Wael Wael (documentaires "Mon incroyable 93", "Banlieue Tour d'Europe") visent à "détourner ces récits" négatifs et à montrer la "réalité" et le "vécu" des territoires.

      4. Les Défis et la Nécessité d'une Action Collective et Durable :

      • Baisse des financements publics : Saïd Ramani et Maryline Picherie expriment leur inquiétude face à la baisse des budgets de la politique de la ville ("moins 3% pour chaque contrat de ville et 5% qui sont gelés"), mettant en péril les actions locales et le maintien des services essentiels pour les populations. La question des "quartiers d'été" est particulièrement préoccupante.
      • Lutte contre les rixes : Awa Diablé, mère de victime, témoigne de la douleur des familles et de la nécessité de "parler aux jeunes" dans leurs mots ("embrouille" plutôt que "rixe") pour leur faire prendre conscience de la gravité des conséquences. Mohamed Magassa et Awa Diablé dénoncent un "abandon de l'État" face à ce phénomène, soulignant que les associations "pâient les lacunes". Le fait que les jeunes transportent des armes blanches par peur est un constat alarmant.
      • Rôle des familles et des habitants : Awa Diablé insiste sur la "responsabilisation des parents" et l'importance de la "parentalité". Mohamed Magassa met en avant la formation des mères pour qu'elles deviennent des actrices clés dans la prévention des rixes, valorisant leur "émancipation".
      • Écologie Populaire : Camera Vit (Picpic Environnement) et Sana Sanouli (Banlieue Climat) promeuvent une "écologie populaire" qui redonne le "pouvoir d'agir aux citoyens", en particulier aux mères. Elles dénoncent l'exclusion des habitants des quartiers des débats sur le climat, alors qu'ils sont les premiers touchés par la pollution et les impacts environnementaux. L'École Populaire du Climat et le Collectif des Mamans pour le Climat sont des initiatives concrètes qui "arment" les habitants pour faire valoir leurs droits.
      • Importance des réseaux et de la collaboration : Leila Breton (Social Hackers Lab) souligne la complexité des financements européens et l'importance d'accompagner les associations à les obtenir. Elle encourage la "collaboration entre les différentes structures pour créer des modèles de collaboration" face à la raréfaction des moyens. L'appel à "se coaliser" et à "sortir des silos" est récurrent.
      • Reprendre le pouvoir et la narration : La phrase de Nelson Mandela "Tout ce qui est fait pour moi sans moi est contre moi" est citée comme un principe fondamental. L'idée est que les personnes concernées doivent "porter [leurs] propres revendications" et non plus laisser d'autres "s'exprimer à [leur] place". La mobilisation des jeunes, des femmes et des habitants des quartiers est perçue comme une "prise de pouvoir".

      Conclusion : Cette conférence met en lumière la richesse et la vitalité des quartiers populaires, tout en soulignant les défis structurels auxquels ils sont confrontés, notamment le manque de moyens et la stigmatisation.

      Les solutions présentées reposent sur une approche participative, une valorisation des initiatives locales, un réinvestissement dans l'accès à la culture et à l'éducation, et une volonté de "désenclaver" au sens large : briser les barrières physiques et mentales, recréer du lien social et donner le pouvoir d'agir aux habitants pour qu'ils soient les acteurs de leur propre développement et du "vivre ensemble".

      Le message final est clair : "il n'y a pas de fatalité" et l'action collective est la clé pour un avenir apaisé.

    1. Note de Synthèse : Réflexion sur les Politiques de l'Enfance en France

      Date : 27 Octobre 2023 Sujet : Bilan et perspectives des politiques publiques de l'enfance en France, rôle du Haut Commissariat à l'Enfance, défis et pistes d'action.

      Source : Extraits de "CCTE - Session#1 : Échanges avec Sarah EL HAÏRY - En direct"

      1. Création et Mission du Haut Commissariat à l'Enfance (HCE)

      Le Haut Commissariat à l'Enfance est une institution nouvellement créée, ayant moins de trois mois d'existence au moment de l'intervention.

      Sa création répond à un besoin jugé "criant" de repenser la place de l'enfant dans la société française de manière globale.

      • Motivation : Sarah El Haïry, Haute Commissaire à l'Enfance, souligne que la réflexion sur l'enfant était auparavant fragmentée : "on pense les enfants vous savez par avec une casquette à chaque fois soit on le pense comme un élève soit on pense l'enfant comme finalement bah c'est notre enfant... soit on le pense finalement comme parfois un patient... soit on le pense comme un adhérent d'une voilà d'une aventure associative culturelle ou sportive mais on n'avait pas de lieu de moment pour dire bah enfin c'est le même c'est c'est le même".

      L'objectif est de créer un environnement qui pense l'ensemble des temps et spécificités de l'enfant.

      • Rôle transversal : La mission principale du HCE est de "coordonner toute l'action sur les politiques de l'enfance".

      Sarah El Haïry se décrit comme celle qui va "pousser la place de l'enfant ou la voie de l'enfant quel que soit le ministère et donc quelle que soit la politique publique pensée".

      Son rôle n'est pas opérationnel mais garantit la prise en compte des besoins et des droits de l'enfant dans toutes les instances, même celles éloignées de l'univers de l'enfance (ex: secteur du tourisme avec la question du "No Kids").

      • Pouvoir et marge de manœuvre : Ancien ministre, Sarah El Haïry explique que son poste actuel lui confère une "force" et lui permet d'être une "coordinatrice", un "garant" des politiques de l'enfance, dépassant les silos ministériels.

      Elle travaille en étroite collaboration avec Matignon pour assurer l'interministérialité et peut mobiliser toutes les administrations.

      Elle peut demander des expertises mais surtout comprendre "Qu'est-ce qui a bloqué ? Pourquoi lui tout seul il l'a pas fait ?".

      2. Défis Majeurs des Politiques de l'Enfance

      Plusieurs défis sont soulevés, illustrant la complexité et les lacunes actuelles du système :

      • Fragmentation des approches (les "silos") : Malgré les efforts passés (école ouverte, Devoir Fait, lutte contre le harcèlement, SNU, etc.), un citoyen souligne que "si on est là c'est que ça ne marche pas tellement".

      Sarah El Haïry confirme ce point : "rien ça a été fait par silo". La prise en charge des enfants en situation de handicap, par exemple, implique de multiples acteurs (département pour le transport, État pour l'éducation, ministère de la santé pour les soins) sans coordination globale, menant à des "inégalités territoriales" et une situation de "petit bonheur la chance".

      • Place de l'enfant dans la société : La question des "No Kids" (établissements interdisant l'accès aux enfants) est soulevée comme une illustration du manque de prise en compte de la place de l'enfant, qui est pourtant un "premier des impératifs".

      • Protection et bien-être matériel : La situation des "enfants à la rue" est un "engagement" du Président de la République mais reste une réalité criante.

      La Haute Commissaire insiste sur la "faiblesse ou la fragilité parfois de notre système" où la responsabilité est renvoyée entre l'État (pour les familles) et les départements (pour les enfants seuls), menant à "3000" enfants à la rue.

      Elle souligne que "quelle que soit sa nationalité quelle que soit son identité c'est pas aujourd'hui un élément qui doit être différenciant".

      • Éducation et adaptation des systèmes : Un citoyen s'interroge sur le fait que l'identité de genre ait été une "problématique principale" des débats récents sur l'enfance, tandis que des problèmes plus fondamentaux (agressions, disparitions d'enfants) persistent.

      Une citoyenne soulève la question des enfants jugés "dysfonctionnants" à l'école, qui sont trop souvent médicalisés au lieu d'être accompagnés pour transformer leurs particularités en "chance et une force".

      • Moyens et budgets : Un citoyen dénonce la "discrimination de base" en matière de matériel scolaire et le fait que les décisions concernant les rythmes scolaires soient souvent guidées par le "budget" plutôt que par le bien-être de l'enfant.

      La Haute Commissaire mentionne l'absence de "jaune budgétaire" pour l'enfance, rendant difficile une vision d'ensemble des investissements.

      3. Soutien à la Parentalité et Rôle des Parents

      Le rôle des parents et le besoin de soutien sont des thèmes centraux des échanges :

      • Évolution du contexte parental : Sarah El Haïry constate des "nouveaux défis" pour les parents : la fragilisation des solidarités familiales, l'éloignement des grands-parents, des temps de trajet domicile-travail plus longs, l'augmentation des familles monoparentales, et la place du "deuxième parent".
      • Responsabilités et devoirs : Un citoyen (Christian) insiste sur le "devoir des adultes", notamment des parents biologiques, qui ne doivent pas s'effacer derrière l'État. Il suggère également de mentionner le "devoir entre guillemets des enfants", en leur montrant leur rôle au sein de la famille et de la société.
      • Besoin d'accompagnement : Les parents sont confrontés à des "injonctions très contradictoires" et ont besoin d'aide. Le soutien à la parentalité est encore perçu comme "réservé à ceux qui vont pas bien", alors qu'il devrait être accessible à tous, sans jugement. Il faut "déculpabiliser".
      • Congé de naissance et parentalité : La question du "réarmement démographique" est liée au soutien à la parentalité. Le congé de naissance est en discussion pour être rallongé et mieux rémunéré, afin de permettre aux deux parents de s'investir davantage, reflétant "un combat de l'égalité plus fort".
      • Éducation affective : Une mère s'inquiète du contenu du programme "affectif" dans les écoles, estimant que l'éducation affective relève de la famille et questionnant la "neutralité" de l'éducation nationale sur des sujets sensibles comme l'identité de genre.

      Sarah El Haïry répond que l'objectif est de "donner à nos enfants les apprentissages essentiels" et de les "accompagner dans cette éducation au consentement", en complémentarité avec les parents.

      4. Valorisation des Métiers de l'Enfance

      La crise des vocations et le manque de reconnaissance des professionnels travaillant auprès des enfants sont un sujet de préoccupation :

      • Pénurie de personnel : Le manque de personnel dans les crèches (10 000 postes non pourvus) et la médecine scolaire, ainsi que le manque de psychomotriciens et ergothérapeutes dans les IME, sont soulignés.
      • Manque de reconnaissance : Au-delà de la rémunération, la "place dans la société" de ces professionnels est moins reconnue. "L'éducation populaire a connu le grand âge [mais] aujourd'hui cette place d'expertise d'expérience de faire grandir elle elle s'atténue".
      • Nécessité de parcours et de formation : Il est suggéré de créer "plus de parcours" pour permettre aux professionnels d'évoluer et de changer de milieu, afin de bâtir une "communauté éducative" plus large.

      5. Engagement et Perspectives

      Sarah El Haïry affirme son engagement personnel et la singularité de sa mission :

      • Engagement personnel : Elle a accepté ce poste "pour la cause", car elle "croit que aujourd'hui on a très envie d'aller d'aller bous [bouger] ça".
      • Durabilité de la mission : Sa position de Haute Commissaire lui confère une "force" car elle n'est pas soumise à l'instabilité politique d'un ministre. Sa mission est de suivre la cause de l'enfance "dans la durée", "quels que soient les ministres en place, quel que soit le sujet".
      • Optimisme : Elle exprime un optimisme mesuré, voyant des ouvertures et une volonté collective : "je vois toute la force des équipes de l'Élysée toute la force des équipes de Matignon la force des ministères avec qui je travaille en se disant 'Bah OK mais toi tu vas suivre dans la durée.' Bah oui moi je vais suivre dans la durée".

      • En conclusion, cette séance d'échanges met en lumière la volonté de la France de dépasser les approches fragmentées des politiques de l'enfance par la création d'un Haut Commissariat dédié.

      Les défis sont immenses, allant de la protection des enfants vulnérables et de l'accès à un environnement décent, au soutien d'une parentalité en mutation et à la valorisation des métiers de l'enfance.

      L'accent est mis sur la transversalité, la coordination et la nécessité d'une vision globale et durable pour assurer le bien-être de tous les enfants.

    1. Compte rendu détaillé : La formation des professionnels de santé et son impact sur l'accès aux soins

      Ce document synthétise les points clés soulevés lors de l'audition concernant l'organisation du système de santé et l'accès aux soins, avec un accent particulier sur la formation des professionnels de santé.

      Les discussions ont mis en lumière les défis actuels, les réformes en cours et les pistes de réflexion pour l'avenir.

      1. Le constat des difficultés d'accès aux soins

      • Le rapporteur souligne d'emblée la gravité de la situation : « 6 millions de nos concitoyens n'ont pas de médecin traitant et des territoires entiers peuvent être considérés comme des déserts médicaux ». Ce problème n'est pas propre à la France, mais une difficulté mondiale, particulièrement dans les zones éloignées des grands centres urbains. Au-delà du nombre, la question de la répartition territoriale et de la couverture du spectre des besoins de santé est cruciale.

      2. Le rôle central de la formation

      La formation des professionnels de santé, relevant en grande partie du ministère de l'enseignement supérieur, est identifiée comme un levier majeur pour améliorer la situation sanitaire. Les enjeux liés à la formation sont de trois ordres :

      • Quantitatif : Définir le nombre de professionnels à former. Bien que le ministère de la Santé soit prioritairement en charge de cette définition des besoins, c'est une question fondamentale et complexe. Il est noté que le numerus clausus est passé d'un point bas de 3500 par an dans les années 90 à près de 11000 aujourd'hui, mais un « effet retard » d'environ 10 ans existe entre le début de la formation et l'arrivée effective des médecins sur le terrain.
      • Qualitatif : Former des médecins capables de couvrir toutes les disciplines et champs de la santé, assurant une bonne répartition entre les spécialités et l'adéquation des compétences aux missions.
      • Territorial : Assurer une répartition équitable des médecins sur le territoire pour répondre aux besoins locaux, ce qui n'est « évidemment criant que ce n'est pas le cas aujourd'hui ».

      3. Les leviers d'action et réformes en cours

      Plusieurs mesures sont mises en œuvre ou envisagées pour améliorer la situation :

      • Diversification du recrutement : L'objectif est de recruter des jeunes issus de territoires d'origine et de milieux sociaux diversifiés. Cela passe par l'extension des « options santé dans les lycées », notamment pour les élèves les plus éloignés des carrières de santé. Ces options sont en phase d'expérimentation et les premiers retours sont très positifs, les lycéens ayant suivi ces options gérant mieux leur première année d'études de santé.
      • Décentralisation de la première année d'études de santé (PASS/LASS) : Une proposition phare est la possibilité d'avoir « une première année d'accès aux études de santé par département », y compris via des campus connectés. Cette mesure vise à rapprocher la formation des territoires et à envoyer un signal sur la répartition des professionnels. L'expérimentation débutera dès l'année prochaine.
      • Simplification des parcours d'accès : La réforme de la première année d'études, initiée en 2019, vise à rendre les parcours plus lisibles et moins socialement déterminants. Le système de la PACES présentait de nombreux inconvénients, notamment un taux d'échec élevé (2/3 des étudiants) et une mauvaise réponse aux besoins territoriaux. L'objectif est de réduire les redoublements et de diversifier les profils.
      • Adaptation aux réalités locales et modes d'exercice : Il est jugé essentiel que les étudiants découvrent les territoires et les différents modes d'exercice, ainsi que les disciplines sous-couvertes (personnes âgées, soins palliatifs, santé mentale, santé scolaire, santé au travail).
      • Généralisation des stages hors CHU : Actuellement, moins de 40 % des stages ont lieu en dehors des Centres Hospitaliers Universitaires. L'objectif est de changer cet état de fait pour que les stages se déroulent sur tout le territoire, avec la « généralisation d'un stage en dehors des CHU et en territoire soudance au cours de la formation en 2e ou 3e cycle ». Dès novembre 2026, la 4e année d'internat en médecine générale incitera les docteurs en formation à réaliser des stages en zone fortement sous-dense.
      • Développement professionnel continu et passerelles : Pour retenir les professionnels, il est nécessaire d'assurer un développement professionnel continu. Il faut aussi « faciliter les passerelles entre les formations pour permettre des évolutions de carrière ».

      4. Débats et pistes de réflexion complémentaires

      Plusieurs points ont fait l'objet de discussions approfondies :

      • L'alternance : Le concept d'une formation en alternance plus poussée, dès la première année, est évoqué par le rapporteur, citant l'exemple de médecins ruraux souhaitant former des jeunes en vue d'une reprise de patientèle. Le ministre tempère en soulignant les défis logistiques et la nature très théorique de la première année. Cependant, il reconnaît que la formation actuelle est déjà fortement basée sur la pratique en cycles supérieurs (« en 2e cycle aujourd'hui ils passent 50 % de leur temps en stage et en 3e cycle 80 % »). La 4e année d'internat est d'ailleurs une réponse à ce besoin de professionnalisation.
      • Les compétences non-médicales : La nécessité d'inclure des cours sur les « relations humaines » (management, communication) et l'« entrepreneuriat » (pour la médecine libérale) dès les premières années est soulignée par le rapporteur. Le ministre indique que ces sujets sont déjà abordés, notamment l'éthique dès le premier cycle et la gestion de cabinet en fin de troisième cycle, mais que les maquettes peuvent être améliorées.
      • La durée des études : Le rapporteur s'interroge sur la possibilité de raccourcir les études, citant l'Allemagne et la Suède où les durées sont différentes. Le ministre précise que les diplômes belges et allemands de 6 ans ne confèrent pas un exercice complet de la médecine, et que le premier cycle français est jugé incompressible en raison de disciplines fondamentales. L'allongement d'un an de la formation en médecine générale est justifié par la complexité croissante de l'exercice et la contribution des docteurs juniors à la force de travail dès la 4e année.
      • La territorialisation de l'internat : La question du fléchage des internes, majoritairement vers les CHU, est un enjeu majeur pour les hôpitaux de province. L'obligation de stages en zones sous-denses est une première réponse, mais la réflexion se poursuit sur des mécanismes plus justes.
      • La suppression du concours de première année : Le rapporteur propose de supprimer le concours de première année, jugé trop sélectif, socialement discriminant (coût des prépas privées) et inadapté pour évaluer une carrière de 10 ans. Le ministre partage cette vision d'une plus grande ouverture et de donner « plusieurs chances à des étudiants », permettant de rebondir après un premier échec en licence non-médicale. Il reconnaît toutefois la difficulté de cette transition en France en raison du « culte dans les dans mais y compris des parents paradoxalement de du concours de la note ».
      • L'orientation vers les spécialités : Le système actuel laisse aux étudiants le choix de leur spécialité, ce qui entraîne des déséquilibres (ex: difficulté à attirer les étudiants vers la psychiatrie). Deux approches sont envisagées : réduire les marges de flexibilité ou revaloriser l'attractivité des spécialités moins choisies.
      • Le retour des certificats d'études spécialisées (CES) : La possibilité de réintroduire des spécialisations intermédiaires entre la médecine générale et l'hyperspécialisation CHU est évoquée comme une piste pour améliorer la prise en charge des patients et éviter des consultations inutiles chez des hyperspécialistes.

      5. Coût de la formation

      Le ministre n'est pas en mesure de donner le coût précis de la formation d'un médecin. Le coût moyen d'un étudiant toutes filières confondues est d'environ 12 000 euros par an, mais il précise que les étudiants en santé contribuent aussi directement au système de soins via leurs stages.

      En conclusion, la France est engagée dans une série de réformes visant à résoudre la crise de l'accès aux soins par une refonte profonde de la formation des professionnels de santé, axée sur la décentralisation, la diversification des parcours, l'intégration de la pratique et une meilleure anticipation des besoins territoriaux et des compétences futures.

    1. Note de synthèse de l'audition de Isac Mayembo (Alex Hitchens) par la commission d'enquête sur TikTok

      Date de l'audition : [Non spécifiée, mais contexte indique "aujourd'hui" et "cet après-midi"]

      Personne auditionnée : Isac Mayembo, créateur de contenu sous le pseudonyme Alex Hitchens.

      1. Contexte de l'audition et déclaration d'intérêts

      • Isac Mayembo a été convoqué par la commission d'enquête sur l'impact de TikTok sur la santé mentale des jeunes.
      • Il est invité à déclarer tout intérêt public ou privé susceptible d'influencer ses déclarations, notamment ses sources de rémunération liées aux plateformes.
      • Avant de commencer, il prête serment de "dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité" conformément à l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958.
      • Déclaration d'intérêts :
      • Rémunération TikTok : Isac Mayembo déclare ne pas être directement rémunéré par la monétisation des vidéos sur TikTok.
      • Modèle économique : Ses revenus proviennent principalement de la vente de ses formations. Il a mis en place un programme d'affiliation où d'autres personnes promeuvent ses formations sur TikTok et touchent des commissions (en moyenne 50%, voire 60-70% pour les meilleurs affiliés).
      • Intérêts : Il reconnaît avoir des intérêts financiers avec TikTok, affirmant : "Oui je gagne de l'argent avec TikTok et oui j'ai des intérêts avec cette plateforme bien entendu."
      • Honnêteté face à la plateforme : Malgré ses intérêts, il affirme vouloir être "100% honnête" et estime que TikTok est une plateforme "néfaste" et qui "déprime". Il ajoute : "Je pense que cette plateforme de manière générale est néfaste déprime à bord lorsque TikTok est sorti c'était quelque chose d'intéressant."

      2. Évolution et impact perçu de TikTok

      • TikTok initialement : À son lancement, il trouvait TikTok "intéressant", permettant de "condenser un peu les informations, regarder une vidéo de 1 minute 2 minutes pour pouvoir ainsi apprendre tout un tas de choses".
      • Problèmes actuels : Le format court (1 à 2 minutes) rend difficile l'obtention d'informations complètes, ce qui a créé "énormément de problèmes notamment énormément de désinformations". Il peut lui-même être victime de désinformation par l'isolement de propos hors de leur contexte (ex: "on va prendre une vidéo de 10 minutes on va isoler 30 secondes ou une minute bien choisie pour manipuler l'information").
      • Recommandation : Il conclut son propos liminaire en affirmant que "TikTok est à ban bien entendu selon moi et je pense que cette plateforme est néfaste pour les jeunes si elle est mal entradé encadrer bien entendu ça à préciser quand même et c'est le cas je pense."

      3. Parcours sur TikTok et stratégies de contenu

      • Débuts : Il a commencé sur TikTok fin 2021/début 2022.
      • Contenu performant : Il a rapidement constaté que ce qui fonctionnait le mieux est le "contenu qui choque".
      • Importance des premières secondes : Sur TikTok, les "premières secondes sont primordiales", contrairement à YouTube où les miniatures attirent davantage. Le contenu doit être "tranchant", "cash", et "clair" dès le début.
      • Contenu initial à succès : Ses premières vidéos à succès étaient sur le thème de la "séduction", notamment la "drague de rue" et les "caméras cachées" où il abordait des gens dans la rue. Ce type de contenu "fonctionnait extrêmement bien et ça fonctionne d'ailleurs encore maintenant".
      • Monétisation des vidéos à succès : Bien que ses vidéos aient pu générer des millions de vues et de la monétisation, il affirme n'avoir "jamais touché à cette monétisation".

      Il n'avait même pas connecté sa carte bancaire car la vente de formations était beaucoup plus rentable.

      La monétisation TikTok était "bien moins avantageuse" en 2021/début 2022. Actuellement, il laisse même la monétisation à ses collaborateurs qui créent du contenu pour lui.

      4. La communauté et l'interaction

      • Taille de la communauté : Il estime avoir entre 3 et 5 millions de "personnes" qui le suivent via tous les comptes liés à lui sur TikTok.
      • Difficulté à définir la communauté : Il trouve "extrêmement dur" de cibler les tranches d'âge spécifiques de sa communauté. Il rencontre aussi bien des hommes de 40 ans que des jeunes de 18 ans ou des personnes de 50 ans.
      • Interaction : Il n'a pas beaucoup l'occasion d'interagir directement avec sa communauté, sauf lors de rares lives TikTok (une fois tous les deux-trois mois). Dans ces lives, les participants sont généralement des "jeunes", mais il précise que TikTok est aussi très présent chez les adultes (30-40 ans).
      • Présence de mineurs : Il reconnaît qu'il y a "forcément des mineurs" parmi les 4000 personnes qui peuvent regarder ses lives, même s'il demande l'âge. Il estime que c'est à la plateforme de modérer.

      5. Gestion des comptes et responsabilité

      • Comptes multiples : Il y a une "cinquantaine de comptes" le concernant. Sept comptes sont gérés personnellement par lui et son équipe.
      • Comptes "non-affiliés" : Les 43+ autres comptes sont gérés par des personnes qui "postent de leur plein gré pour toucher la monétisation". Ces personnes ne sont pas affiliées à lui et il ne touche pas directement d'argent de leur monétisation, bien qu'elles puissent vendre ses formations.
      • Responsabilité et propriété intellectuelle : La rapporteur souligne qu'il a une responsabilité sur ces contenus si son nom et son image sont utilisés. Il tolère ces comptes mais a du mal à les stopper malgré des tentatives.
      • Loi "influenceur" (Loi du 9 juin 2023) : Interrogé sur le respect de cette loi concernant la mention des partenariats commerciaux, Isac Mayembo n'est pas certain de son application à son modèle.

      Il pense qu'il n'est pas obligé de le notifier si la promotion n'est pas faite "dans la vidéo même" mais par un lien en description.

      Il reconnaît qu'il le ferait si la promotion était directe dans la vidéo. La rapporteur indique que la question sera examinée.

      6. Contenus controversés, modération et désinformation

      • Critiques sur les contenus : La rapporteur soulève les critiques concernant ses contenus, notamment leur impact sur la santé mentale des jeunes et leur vision des femmes, mentionnant que son nom est connu par des enfants dès 9-10 ans.
      • Perception de ses contenus : Isac Mayembo rejette l'idée que ses contenus soient "contestables" ou "problématiques", les considérant comme "une question de point de vue". Il affirme : "Je ne trouve pas que mes propos soient problématiques même si bon voilà problématique ça ça veut rien dire Et je pense qu'un jeune homme de 13 14 ans 15 ans devrait suivre mes conseils Je pense que je donne de bons conseils pour la jeunesse."
      • Bannissement de TikTok : Il a été banni de TikTok. Il explique que cela est dû à un grand nombre de "signalements" (100, 200, 300, 400) de la part d'utilisateurs qui ne sont pas d'accord avec ses vidéos, et non à une décision initiale de TikTok autorisant la publication. Il précise qu'une même vidéo peut ne pas être bannie sur un autre compte.
      • Techniques d'évitement de la modération : Il admet "adoucir" ses propos pour TikTok. Par exemple, utiliser le mot "poutrer" au lieu de termes plus vulgaires pour éviter la censure.
      • Propos controversés cités par la commission : La commission cite des propos qu'il aurait tenus :
      • "Vous prenez son téléphone si elle refuse c'est une pute fin de relation."
      • "la majorité des femmes énormément de P u T S peu de filles bien." (il utilise "P U T S" pour échapper à la modération).
      • "une femme après 22h qu'est-ce qu'elle fout dehors ?"
      • Défense contre l'accusation de désinformation : Isac Mayembo affirme que les propos cités par la commission ont été prononcés lors de lives YouTube et non TikTok.

      Il accuse la commission de "désinformation" en isolant ses propos : "Vous êtes en train d'isoler mon propos Donc vous avez pris 10 secondes d'un propos de 8 10 minutes où j'expliquais justement parce queon va rentrer en détail parce qu'apparemment on est en train d'en parler donc pourquoi pas J'expliquais que le gouvernement était responsable de la sécurité J'ai n'était pas normal qu'une femme en 2025 ne puisse pas sortir dehors euh le soir très tard sur Paris Et justement après je parlais du fait que dans ce monde dans ce monde qui est dur que fait une femme dehors après 22h et je poursuivais ensuite il est préférable de sortir avec une amie ou avec deux amis ou avec un homme Vous vous avez pris 10 secondes de vos propos vous l'avez isolé et vous venez de me le balancer à la gueule."

      7. Incident et suspension de l'audition

      • Un échange tendu a lieu entre Isac Mayembo et le président de la commission, ce dernier lui reprochant de "balancer la gueule" et de ne pas le laisser finir.
      • Isac Mayembo refuse de se soumettre aux règles de l'audition ("Vous changer de sujet Je vous demande de me laisser finir C'est moi qui mène l'audition Je suis président de la commission d'enquête Je vous demande de me laisser finir Non je vous lis Je suis président Excusez-moi excusez-moi On va couper le son de monsieur Ichen s'il vous plaît si vous continuez Voilà Donc je finis ma je finis mon propos s'il vous plaît Je vous disais au revoir monsieur Bonne journée").
      • Le son de Isac Mayembo est coupé.
      • L'audition est suspendue pour le recontacter et l'informer qu'il ne peut quitter une audition sans autorisation.
    1. Compte rendu détaillé de l'audition de Nasser Sari (Nasdas) par la commission d'enquête sur TikTok

      • Date de l'audition : Non précisée (référence à "aujourd'hui")

      Personne auditionnée : Nasser Sari, alias Nasdas, influenceur avec 3,7 millions de followers sur TikTok et plus de 9 millions sur Snapchat.

      Contexte : La commission d'enquête de l'Assemblée nationale vise à comprendre les mécanismes de TikTok et des réseaux sociaux en général, ainsi qu'à élaborer une meilleure régulation pour protéger les mineurs des contenus choquants.

      L'audition fait suite à une consultation citoyenne et des signalements.

      Thèmes principaux et idées/faits importants :

      1. Rôle et rémunération sur TikTok vs. Snapchat :

      • Nasdas se définit avant tout comme un "Snapchatter", sa principale source de revenus étant Snapchat.
      • Il déclare que TikTok représente une part "quasi rien", estimée à "0,1 %" de ses rémunérations globales. Il affirme avoir gagné moins de 5000 € sur TikTok en 5 ans.
      • Sur TikTok, seuls les vidéos de plus d'une minute et les lives (via dons) sont rémunérés. Nasdas n'a posté qu'une soixantaine de vidéos en 4 ans, dont seulement deux de plus d'une minute, et environ 10 lives.
      • "Moi principalement ma source de revenu elle vient de Snapchat c'est un autre réseau [...] majoritairement ça vient de Snapchat."
      • "Sur TikTok comme je vous ai dit j'en gagne très peu."
      • Sur Snapchat, la rémunération se fait "à la vue" et via des placements de produits. Il déclare que 80% de ses placements de produits sont gratuits, dédiés au soutien des commerces de proximité.

      2. Utilisation de TikTok comme "tremplin" et viralité :

      • Malgré une faible monétisation directe, Nasdas utilise TikTok comme un "tremplin pour booster [ses] vidéos", gagner en visibilité et en autorité.
      • Il reconnaît que "le réseau principal aujourd'hui pour avoir plus d'aud [audience] c'est c'est c'est TikTok."
      • Ses vidéos Snapchat sont souvent relayées sur TikTok via des "comptes redif" (rediffusion), qui republient son contenu sans sa permission, obtenant parfois plus d'ampleur que sur Snapchat. Il qualifie cela de "normal" mais le reconnaît comme un "pillage de contenu".
      • Ces comptes rediffusent des vidéos virales ou de petits créateurs, en faisant des captures d'écran et en les repostant, sans identité claire. Il existe des milliers de ces comptes.

      3. Audience et présence de mineurs :

      • Nasdas est suivi par 3,7 millions de personnes sur TikTok et 9 millions sur Snapchat.
      • Il admet voir "énormément de jeunes" dans sa communauté, reconnaissable à leur écriture et leurs commentaires ("on voit bien que c'est un gamin de 14 ans ou 15 ans").
      • Cependant, il affirme que sur Snapchat, son réseau principal, plus de 87% de son audience est majeure, sa plus grande communauté étant les 25-36 ans. Il ne dispose pas de chiffres précis pour TikTok.
      • "Je vais vous dire que je n'ai pas réussi à regarder le nombre de mineurs qui me regardent."

      4. Les jeunes fugueurs et la responsabilité :

      • Nasdas est conscient que sa notoriété a entraîné des "jeunes mineurs qui fugent de leur ville pour venir à Perpignan", y compris des enfants de 10-11 ans attendus à 2h du matin.
      • Son adresse a fuité, entraînant 200 à 300 personnes par jour devant sa maison.
      • Il reconnaît avoir "une part de responsabilité" mais souligne aussi celle des parents. "Vous pensez pas que les parents ont une part de responsabilité ?" Il cite des cas de parents lui demandant de garder leurs enfants fugueurs.
      • Il affirme avoir toujours inclus une "morale" dans ses vidéos, disant "arrêtez ne venez pas arrêtez de croire au rêve Nasdas."
      • Il aide les jeunes en difficulté (hébergement, achat de vêtements, aide financière pour des opérations médicales), mais a "ralenti énormément" ces actions filmées, surtout l'année dernière, et s'est "isolé dans une villa" face à l'ampleur du phénomène.
      • Il mentionne que beaucoup de jeunes qui viennent sont des jeunes de foyers (aide sociale à l'enfance), se sentant "plus en sécurité des fois que dans certains foyers".
      • Il nie "rajouter de la misère à la misère" et souligne qu'il n'a jamais demandé aux jeunes de venir. Il a même collaboré avec la police pour gérer la situation.
      • Le maire de Perpignan (RN) n'aurait mis aucune aide en place, et même au contraire, des policiers seraient intervenus lors de ses actions sociales non autorisées. Il se sent "vraiment seul".

      5. La santé mentale des créateurs de contenu et la pression :

      • Nasdas a annoncé suspendre ses réseaux sociaux, une décision prise 3 mois avant l'audition, non liée à cette dernière.
      • Il évoque la difficulté mentale du métier : "notre santé mentale elle est impactée."
      • La "course au vues", à l'"image", au "buzz" met une pression sur les créateurs, les poussant "à poster des choses sans même en être conscient".
      • Il se reconnaît responsable de ses erreurs mais estime n'avoir pas été préparé à une telle notoriété.
      • Il envisage une pause d'un à trois ans : "je ne sais pas si j'arrête totalement définitivement mais c'est une décision sage." Il perdra "énormément d'argent" en s'arrêtant.
      • Il estime qu'il faudrait "plus d'encadrement, pas sévère, pas des punitions" pour les créateurs de contenu.

      6. Évolution de la ligne éditoriale et accusation de contenus choquants :

      • Des parlementaires accusent Nasdas d'une évolution de sa ligne éditoriale vers une "mise en scène assez violente qu'elle soit physique, psychologique ou symbolique", montrant des personnes "vulnérables filmées dans des situations de mise en concurrence assez dégradante", avec des encouragements à des comportements "discriminatoires et misogynes".
      • Il est spécifiquement interrogé sur la mise en scène de relations amoureuses dans sa villa, impliquant parfois des mineurs, et sur la frontière entre réalité et fiction.
      • Le cas d'une jeune fille "Leina" accusée d'être tombée enceinte d'un homme de la villa alors qu'elle était mineure est cité. Nasdas affirme qu'elle a menti sur sa grossesse et son âge (16-17 ans). Il mentionne qu'elle est majeure et qu'elle a le droit à l'image.
      • Le cas de "Dibril" jetant un téléphone sur sa compagne est évoqué comme un acte de violence conjugale filmé. Nasdas affirme que la scène était "surjouée" et que le couple est toujours ensemble.
      • Il admet que "il y a des choses qui sont mises en scène oui et d'autres choses réelles".
      • Un incident sur Twitch où une jeune fille a montré sa poitrine a été "pas volontaire" et le live a été coupé immédiatement. Il affirme qu'elle est majeure et qu'il l'a conseillée de s'éloigner des commentaires haineux.
      • Il réfute l'accusation d'avoir incité au racisme suite à l'expression "ramenez un banania" concernant un jeune garçon. Il explique qu'il s'agissait d'une référence à une boisson chocolatée et que l'auteur s'est excusé.
      • Il nie contribuer à la "banalisation de la violence" ou de l'harcèlement. Il se dit lui-même victime de harcèlement via ses vidéos. Il affirme que ses amis et lui se protègent mutuellement.

      7. Recommandations et auto-critique :

      • Nasdas reconnaît ne pas avoir de "baguette magique" ou de "solution miracle" pour réguler TikTok. Il se demande si "ce n'est pas un peu trop tard".
      • Il suggère qu'un "âge minimum" pour utiliser TikTok pourrait être de 14 ou 15 ans.
      • Il pense qu'il faudrait "plus une question d'algorithme pour les jeunes, plus les ramener vers un contenu on va dire éducatif".
      • Il souligne la difficulté de vérifier l'âge des utilisateurs et la facilité de mentir sur l'âge à l'inscription.
      • Il déclare que les "dramas" (contenus violents, misogynes, etc.) font "largement plus de vues qu'une vidéo qui explique [...] comment fonctionne une commission d'enquête". "Donc ça rapporte plus d'argent de faire des dramas que de faire de la pédagogie ah ben mais mais mais totalement."
      • Il avoue avoir partagé du "Paris sportif" et du "trading" par le passé, avant la loi influenceur, sous l'influence d'agences peu scrupuleuses, et reconnaît avoir causé des pertes à des familles. Il salue la nouvelle loi qui responsabilise les agences.
      • Il regrette d'avoir indirectement poussé les jeunes à croire en lui plutôt qu'en leurs études ou leur éducation. "Je représente un symbole de renaissance pour eux de d'une meilleure vie et surtout d'un meilleur avenir et c'est là où j'ai C'est là ou c'est là où je le regrette."

      En conclusion, il conseille à ceux qui veulent se lancer sur les réseaux : "vous lancez pas sur les réseaux."

      Questions en suspens / Points d'attention :

      • L'écart entre le discours de Nasdas sur la faible rémunération de TikTok et la reconnaissance de la plateforme comme "tremplin" pour la visibilité.
      • La difficulté pour Nasdas de fournir des chiffres précis sur la part des mineurs dans son audience TikTok, malgré son impact reconnu sur cette tranche d'âge.
      • La ligne floue entre "réalité" et "mise en scène" dans ses contenus, et les implications légales potentielles.
      • Le rôle des agences d'influenceurs et leur responsabilité dans les contenus problématiques (bien que la loi influenceur soit censée y remédier).
      • L'absence d'aide des services publics locaux face à l'afflux de jeunes chez Nasdas à Perpignan.
      • La perception de Nasdas que l'audition était trop axée sur des attaques personnelles plutôt que sur l'algorithme de TikTok.
    1. Voici un compte-rendu détaillé des principaux thèmes et idées importants des sources fournies, incluant des citations pertinentes :

      Synthèse du Rapport de la Commission d’Experts sur l’Impact de l’Exposition des Jeunes aux Écrans

      Ce document de briefing synthétise les points clés soulevés lors de l'audition de deux experts, * Madame Mouton (neurologue) et * Monsieur Benjamina (neurophysiologiste), co-présidents d'une commission antérieure sur l'impact des écrans.

      L'audition se concentre sur l'impact des réseaux sociaux, en particulier TikTok, sur la santé mentale et physique des jeunes.

      1. La Détérioration de la Santé Mentale des Jeunes et le Rôle des Réseaux Sociaux

      Les experts soulignent une chute de la santé mentale des moins de 25 ans depuis les années 2010, antérieure à la pandémie de COVID-19, qui a cependant accentué cette tendance.

      Parallèlement, l'usage des réseaux sociaux s'est massivement répandu, soulevant des questions sur leur implication dans cette détérioration.

      • Problème global des réseaux sociaux : Bien que la commission se concentre sur TikTok, les experts insistent sur le fait que "les réseaux sociaux posent globalement aujourd'hui tous les mêmes problèmes de design non éthique". TikTok est "peut-être particulièrement efficace pour capter et retenir l'attention des usagers", mais d'autres réseaux ne sont pas exempts de ces problèmes.

      • Modèle économique et captation de l'attention : Le problème fondamental réside dans le "design de TikTok et des réseaux sociaux qui étant basé sur l'économie de l'attention, la captation des données qui vont ensuite être monnayées à des fins de publicité ciblées". L'objectif est de "maintenir les usagers en ligne le plus longtemps possible de les faire venir en ligne le plus souvent possible et également de leur faire des achats en ligne".

      2. Conséquences Négatives sur la Santé Physique et Mentale

      L'usage excessif des écrans et des réseaux sociaux entraîne de multiples effets délétères, même indépendamment des contenus.

      • Santé physique :Sédentarité : Les activités sur écran sont sources d'inactivité sédentaire, un facteur de risque cardiovasculaire (infarctus, AVC, maladies artérielles, surpoids, obésité, diabète de type 2).
      • Sommeil : L'empiètement sur les heures de sommeil ou l'interruption de celui-ci (réveils pour des défis en ligne) compromet la qualité et la quantité du sommeil, favorisant les maladies cardiovasculaires, le surpoids, l'obésité et les infections. "La dette chronique de sommeil pouvant favoriser à nouveau les maladies cardiovasculaire mais aussi le surpoids l'obésité les infections".
      • Vision : L'activité en intérieur, le manque d'exposition à la lumière naturelle, la surexposition à la lumière bleue et la sursollicitation de la vision de près favorisent la myopie.
      • Santé mentale (par l'intermédiaire du sommeil) : La dette chronique de sommeil favorise également "l'anxiété et la dépression".

      3. La Question de l'Addiction aux Écrans et Réseaux Sociaux

      La discussion autour de l'addiction est nuancée, soulignant une réalité clinique distincte des classifications académiques.

      • Réalité clinique : Le Professeur Benjamina affirme traiter de nombreux jeunes "qui consomment et qui sont dépendants aux réseaux sociaux et TikTok en particulier".

      Ces problématiques sont prises en charge "à l'instar des produits comme le cannabis la cocaïne les extasiies ou l'alcool".

      Les dommages incluent des "effets métaboliques ou bien somatiques", ainsi que des "problématiques associées de type psychiatrique ou psychologique anxiété insomnie dépression difficulté l'adaptation relationnelle environnementale".

      • Classification académique : Sur le plan académique, l'addiction aux écrans ou aux réseaux sociaux n'est pas encore classée comme telle dans les classifications internationales (OMS, Association Américaine de Psychiatrie), à l'exception du jeu pathologique. Cependant, il est probable que cela évoluera à l'avenir.

      • TikTok, un produit "dépendogène" : TikTok est considéré comme "extrêmement accrocheur addictogène" en raison de son algorithme "extrêmement développé" et de la "fugacité du contenu" (vidéos courtes et répétitives), qui stimulent de manière intense le système de récompense. "Ces deux éléments ne sont pas là par le fait du hasard".

      4. Responsabilité des Plateformes et Nécessité de Régulation

      Les experts estiment que la responsabilité première du "mésusage" ou "surutilisation" des plateformes incombe aux industriels.

      • Design non éthique : Le modèle économique de TikTok et autres réseaux sociaux est délibérément conçu pour maximiser le temps passé en ligne, sans considération éthique pour la santé des utilisateurs. "Aucune éthique évidemment n'est convoquée puisque on a des contenus absolument scandaleux".

      • Manque de bonne foi des plateformes : Les plateformes sont réticentes à mettre en place des contraintes sans obligation légale. Elles mettent en avant "responsabilité liberté" et renvoient la "minorité" vers la "responsabilité de ses parents".

      Le Professeur Benjamina déclare : "Il faut pas s'attendre que les plateformes s'exécutent s'il n'y a pas de contrainte parce qu'elles ont les capacités à évidemment mettre en place des choses éthiques".

      5. Prise de Conscience Sociétale et Mesures Recommandées

      Il y a une prise de conscience sociétale croissante, mais des efforts significatifs sont encore nécessaires.

      • Écart de connaissance : Il existe un "gouffre entre peut-être des parents ou des professionnels de santé qui sont sensibles au sujet et qui sont bien informés et qui peuvent déjà avoir cette connaissance de l'impact des réseaux sociaux sur la santé des jeunes mais qu'il y a aussi toute une frange de la population aujourd'hui qui ignore totalement ses effets".

      • Communication massive et ciblée : Une "communication qui soit extrêmement massive sur ce sujet" est nécessaire, ainsi qu'une "communication plus ciblée aussi sur les professionnels de santé" qui n'ont pas toujours le réflexe d'interroger les jeunes sur leur usage des réseaux sociaux.

      • Formation des soignants : La formation des soignants sur l'usage des écrans est "très hétérogène aujourd'hui" et nécessite une formation "massive" des professions en lien avec la petite enfance et les adolescents.

      • Alternatives et réinvestissement des espaces physiques : La question "si on nous retire les réseaux sociaux qu'est-ce que vous nous mettez à la place" est comprise.

      Les jeunes trouvent dans ces plateformes un "refuge de divertissement". Il est essentiel de "proposer des alternatives aujourd'hui suffisamment puissantes pour les extraire de cette attraction très très forte de l'univers numérique".

      L'exemple des terrains vagues aménagés en espaces d'activités physiques montre l'efficacité de "choses qui n'ont pas demandé beaucoup de ni de temps ni d'énergie ni surtout d'argent et qui les ont finalement motivés à faire autre chose".

      • Réseaux sociaux "éthiques" et progressivité : La recommandation de limiter l'accès aux réseaux sociaux à 15 ans pour les plateformes dont la "conception serait éthique" est évoquée.

      Le concept de "réseau social éthique" implique un design qui ne vise pas la captation à tout prix, mais le bien-être de l'utilisateur. Cependant, la définition et l'application d'un tel âge limite se heurtent à la complexité de la vérification de l'âge et à la mauvaise foi des plateformes.

      L'idée de 15 ans se cale sur la "majorité numérique" et la "majorité sexuelle". La question est posée si cet âge ne devrait pas être plus élevé (18 ans), étant donné la vulnérabilité des adolescents et le fait que le cerveau continue de mûrir jusqu'à 25 ans.

      6. La Résistance des Jeunes et le Conflit de Génération

      Les jeunes rejettent souvent l'idée de la dangerosité des plateformes, considérant les adultes comme des "boomers" qui "n'ont rien compris".

      • Discours immobilisant : Le discours selon lequel "on peut pas revenir en arrière c'est le progrès et puis on peut pas faire autrement ils sont partout" est critiqué car il "désarme toute volonté de changer".

      Les experts insistent sur le fait que "oui on a le choix" de développer des modèles différents et de réguler.

      • Information insuffisante : "L'information qu'un produit est néfaste pour la santé suffisait à changer les comportements depuis le temps qu'on fait la prévention en santé publique on le saurait". L'information seule ne suffit pas ; une "régulation extrêmement" forte est nécessaire pour les produits addictifs ou "addictif-like".

      • Temps de la science vs. Évolution technologique : La reconnaissance scientifique des addictions prend du temps (90-100 ans pour le tabac), mais la technologie évolue "toutes les semaines" avec de nouveaux produits, plaçant la science "des années de retard".

      7. Approche Clinique et Traitement des Addictions aux Écrans

      La prise en charge clinique ne dépend pas d'une classification officielle mais des dommages constatés.

      • Prise en charge globale : Le traitement est "biopsychosocial", incluant "des mesures évidemment sociales", des "thérapies systémiques parents enfants", et la limitation de la consommation pour "éviter les le clash".
      • Bilan psychiatrique : Un bilan est crucial car de "grandes maladies psychiatriques commencent à l'adolescence" (schizophrénie, troubles bipolaires, anxiétés).
      • Thérapies : Des thérapies cognitivocomportementales, la psychanalyse ou psychodynamie de groupe sont utilisées. La recréation d'une "communauté" de jeunes en milieu de soin est efficace.
      • Transfert de dépendance : Le fait d'arrêter une consommation d'écrans n'est pas "à l'origine d'un transfert" vers d'autres substances. La réalité est plutôt celle de "polyconsommateur" et "polyxpérimentateur" où l'offre de drogues est variée.

      • En conclusion, l'audition met en lumière l'urgence d'une prise de conscience collective et d'une action politique ferme face à l'impact délétère des réseaux sociaux, dont le modèle économique est intrinsèquement problématique pour la santé des jeunes.

      La régulation des plateformes, la formation des professionnels de santé et le développement d'alternatives concrètes sont des pistes essentielles pour inverser la tendance.

    1. Document d'information détaillé : "Le pavillon des irresponsables"

      Ce document d'information analyse les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits marquants des extraits du documentaire "Le pavillon des irresponsables".

      Il se concentre sur la vie des patients déclarés pénalement irresponsables et internés en Unités pour Malades Difficiles (UMD), en France.

      1. La Catégorie des "Irresponsables Pénaux" : Définition et Contexte

      Le documentaire s'ouvre sur la présentation des "irresponsables pénaux", des individus ayant commis des crimes (meurtre, agressions graves) mais échappant à la prison en raison de leur état mental au moment des faits. Ils sont internés dans des UMD.

      • Définition légale et clinique : Ces patients sont "des criminels qui échappent à la prison en raison de leur état mental et sont internés dans des unités pour malades difficiles". Leur statut d'"irresponsable" est caractérisé par un "caractère psychotique indéniable" et une "absence de conscience de ce qu'il pouvait faire".
      • Historique et Évolution : Historiquement, la psychiatrie, au milieu du 19e siècle, était une "mesure d'ordre public" participant à la "sécurité de la société". L'avènement des neuroleptiques dans les années 50-60 a permis une "ouverture". Cependant, ces dernières années, il y a un "repli vers une crainte et une volonté de plus de sécurité", mais les professionnels avertissent qu'un maintien coûte que coûte en milieu hospitalier risque d'être "liberticide" pour ceux qui pourraient évoluer favorablement.
      • Proportion et Durée de Séjour : Les patients irresponsables ne représentent qu'une "infime partie" des patients en UMD (environ 10 à 20 à Sarreguemines), mais ce sont "ceux qui restent de loin le plus longtemps en UMD".

      2. Le Quotidien et les Défis de la Vie en UMD

      Le documentaire offre un aperçu du quotidien des patients internés, soulignant les contraintes de l'environnement, mais aussi les efforts pour créer un espace de vie et de soin.

      • Soins Contraints et Environnement : Les UMD sont des "lieux de soins qu'on pourrait qualifier de soins de recours" pour des patients venant d'hôpitaux psychiatriques de secteur, souvent "les plus déstructurés, les plus délirants". Le terme "difficile" est approprié car ils "usent les équipes", nécessitant des séjours en UMD pour une "rupture".
      • Adaptation à la Contrainte : Malgré la privation de liberté, les patients développent des habitudes et cherchent à créer leur "petit espace", comme l'entretien méticuleux de leur chambre pour Christian Dornier : "C'est la chambre la plus ordonnée de tout le CHS... les affaires comme ça ça coûte cher alors il faut quand même un minimum de de soin à apporter au aux objets que j'ai acheté". La participation à des activités comme l'ergothérapie (Sylvain, Giselin) ou le travail du bois (Sylvain) est valorisée, car elle permet de "ne rien penser du tout" et de ne plus entendre de voix.
      • Souffrance et Délire Persistant : Malgré des traitements lourds, la souffrance des patients reste palpable. Giselin Anès, qui a tué sa mère, "reste un patient qui reçoit un traitement extrêmement lourd malgré ce traitement on devine chez lui plus que d'autres la souffrance qui est la sienne et qui est générée par ce qu'il ressent encore et ce qui constitue le noyau persécutif". Certains patients, comme Sylvain, continuent d'exprimer des délires de grandeur ("je suis Dieu, je suis Shiva, je suis tous les dieux") ou des missions salvatrices.
      • Gestion de la Dangerosité : Le personnel soignant est constamment attentif à la dangerosité potentielle. Pour le patient ayant tué sa grand-mère, "on devine parfaitement quand on quand on regarde l'évolution de ce patient qui reste malgré tout un des patients au potentiel de dangerosité le plus important dans ce qui reste de son délire il y a une dimension de mission qu'il aurait à accomplir en dehors d'un lieu comme l'UMD plus rien ne le retiendrait".

      3. Les Histoires Individuelles et la Complexité des Cas

      Le documentaire met en lumière des cas spécifiques qui illustrent la nature des maladies mentales et les défis de leur prise en charge à long terme.

      • Christian Dornier : Atteint de "schizophrénie paranoïde" avec des "éléments délirants extrêmement importants", il a commis un "meurtre de masse au sein de sa famille et du village" à la fin des années 80. Malgré plus de 30 ans de prise en charge, il n'a "jamais pu... avoir conscience qu'il était malade" et demeure convaincu d'"éléments persécutifs" qui ont nourri son délire. À 66 ans, la question de son avenir et d'un possible transfert vers un hôpital psychiatrique classique se pose, bien qu'un juge ait refusé sa sortie en 2023. Il exprime des regrets ("j'ai des regrets") mais explique ses actes par la "folie".
      • Giselin Anès : A tué sa mère lors d'une "séquence de décompensation psychotique". Il est arrivé en UMD après avoir été "retranché dans sa chambre, extrêmement hostile, menaçant". Sa dangerosité était "importante à ce moment-là". Il a toujours une "souffrance qui est la sienne et qui est générée par ce qu'il ressent encore et ce qui constitue le noyau persécutif".
      • Le Patient Incendiaire/Homicide : Un patient raconte avoir "brûlé une chambre" et "tué un mec". Il attribue ses actes à "Dieu ou voix" et à la "faute du psychiatre" précédent, refusant la responsabilité de ses actes et affirmant qu'il ne récidivera pas grâce au "bon traitement du psychiatre" actuel. Il nie être dangereux ("vous êtes trompé moi je suis pas du tout dangereux").
      • Sylvain Laurent : Se prend pour "Dieu", "Shiva", "tous les dieux", et se croit "la dernière personne sur qui on peut compter avant que la fat". Il décrit une mission de "massacrer sur la roche" pour revenir avec une "baguette magique en or" et faire disparaître les pédophiles et terroristes. Il ne perçoit pas ses idées comme un délire, affirmant: "mon délire à moi il dit non c'est pas vrai si j'ai fait ça c'est choquant mais j'avais des bonnes raisons de le faire".
      • Monsieur Tourchef : Exprime la difficulté de vivre "tout le temps avec les mêmes personnes" et la frustration de ne pas pouvoir sortir. Il a été maintenu en UMD en raison de son "comportement", notamment un "passage à l'acte agressif" récent.

      4. Les Commissions de Suivi Médical et la Question de la Sortie

      Les commissions sont un élément central de la vie en UMD, déterminant le maintien ou le transfert des patients.

      • Fonctionnement de la Commission : Tous les six mois, un collège de trois médecins examine chaque dossier et s'entretient avec le patient pendant 20 à 30 minutes. Ils ont à leur disposition le dossier médical et une synthèse des séjours. La commission rend un avis de maintien en UMD ou de transfert vers un hôpital d'origine si l'évolution est favorable et les critères de dangerosité "fortement atténués".
      • Critères d'Évaluation : Les critères incluent "l'état clinique de la personne", la persistance du délire, des hallucinations, de la froideur affective, la capacité à formuler des regrets ou de l'empathie, et les antécédents d'actes violents.

      Dilemmes de la Sortie :

      • Volonté du Patient : Certains patients souhaitent ardemment quitter l'UMD, même s'ils n'en ont pas les moyens cliniques, comme le patient incendiaire qui veut "retourner à mon hôpital d'origine au plus vite" pour "être comme un roi". D'autres, paradoxalement, "font tout ce qu'il faut pour rester", car ils ont "presque trouvé une sorte de petite famille", se sentant en "sécurité" et obtenant des "bénéfices secondaires" de l'hospitalisation.
      • Sécurité versus Liberté : Le "risque zéro n'existe pas en psychiatrie", et il n'y a "pas de garde fou ultime pour éviter le passage à l'acte d'un grand psychotique". La décision est complexe car elle doit concilier la sécurité de la société et du patient avec le droit à une évolution possible.
      • Pression Sociétale : La France a "de plus en plus de mal à répondre à l'inquiétude de la société face à la maladie mentale", conduisant parfois à des lois et décisions qui peuvent privilégier la sécurité au détriment de l'évolution individuelle des patients. Le maintien en UMD, pour certains, signifie une "qualité de vie" inégalée ailleurs (sorties accompagnées), mais aussi une absence de "perspective" d'une vie autonome.

      Conclusion : Une Réflexion sur l'Équilibre

      Le documentaire met en lumière la complexité de la prise en charge des patients pénalement irresponsables. Entre la nécessité de protéger la société, de soigner des individus atteints de pathologies lourdes et de préserver leurs droits, les UMD représentent un équilibre délicat.

      La question de la durée d'internement, de la conscience de la maladie par les patients, et de leur potentiel de réinsertion, même minime, reste au cœur des débats et des préoccupations des professionnels.

    1. Synthèse des auditions des responsables de la modération TikTok par la commission d’enquête

      1. Structure de la modération de contenu chez TikTok

      TikTok emploie une approche hybride pour la modération des contenus, combinant des systèmes automatisés (algorithmes et IA) avec l'intervention humaine.

      Nikessou, responsable de la sécurité juridique, a précisé que "98 % des contenus qui violent les conditions" sont supprimés de manière proactive grâce à ces systèmes automatisés.

      La modération humaine, qui implique 509 modérateurs francophones, se concentre sur les contenus les plus sensibles ou contextuels. Les contenus signalés ou devenus populaires font l'objet d'examens supplémentaires.

      Cependant, il y a une diminution du nombre de modérateurs humains, passant de 634 au premier semestre à 509 au deuxième semestre.

      TikTok justifie cette baisse par l'amélioration de ses outils d'IA, permettant une suppression plus rapide et cohérente des contenus problématiques, et minimisant l'exposition des utilisateurs et des employés à ces contenus.

      Les modérateurs reçoivent une formation initiale et des vérifications hebdomadaires et mensuelles de leur interprétation des règles. Un soutien psychologique est également mis en place pour les modérateurs exposés à des contenus difficiles.

      2. Efficacité de la modération et défis liés aux contenus problématiques

      TikTok affirme que "moins de 1 % du contenu ne respecte pas les lignes directrices", mais la commission a remis en question la pertinence de ce pourcentage en raison de l'algorithme de recommandation qui peut amplifier même un faible volume de contenu problématique.

      Un exemple majeur de ce défi est la tendance "Skinny Talk", qui a incité à l'anorexie et aux troubles alimentaires. TikTok a expliqué avoir initialement détecté un volume faible et un faible taux de non-conformité.

      Ce n'est qu'après l'augmentation du volume et l'émergence d'une communauté centrée sur de mauvaises habitudes alimentaires que des mesures, y compris le blocage du hashtag, ont été prises.

      Malgré ces efforts, des contenus problématiques liés à ce thème, comme le hashtag "fearfood", persistent, soulevant des questions sur l'efficacité de la modération et la capacité de TikTok à honorer son "obligation de résultat".

      La représentante de TikTok a admis que "bien sûr, nous faisons des erreurs, c'est inévitable".

      La commission a également soulevé le problème des "moyens de contournement" utilisés par les jeunes, tels que l'utilisation de symboles (ex: petit zèbre pour la scarification) pour aborder des sujets sensibles sans être détectés.

      Les responsables de TikTok reconnaissent cette problématique et affirment travailler à anticiper ces contournements.

      3. Gestion des signalements et relations avec les organisations externes

      TikTok collabore avec des organisations comme Stop Fisha, e-Enfance, Génération Numérique et Point de Contact, qui agissent comme "signaleurs de confiance". Ces organisations bénéficient d'un canal de signalement prioritaire, assurant une réponse rapide.

      Cependant, la commission a fait état de divergences entre les signalements effectués par des particuliers et ceux des organisations, ces dernières entraînant des suppressions de contenu plus fréquentes. TikTok justifie cette différence par l'expertise des signaleurs de confiance, qui aident à identifier plus précisément les violations des règles communautaires.

      4. Sanction des comptes et politiques de tolérance

      TikTok applique une politique de tolérance variable selon la gravité des infractions.

      Les violations mineures peuvent entraîner des avertissements et des opportunités de correction, tandis que les infractions graves comme les discours de haine ou la pédopornographie entraînent une "tolérance zéro" et une interdiction immédiate.

      Un document public détaillant cette gradation des sanctions existe et peut être partagé.

      La commission a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur de réaction face à des comptes d'influenceurs connus, suivis par des millions de personnes, qui diffusent des contenus problématiques (ex: propos sexistes, incitation à la violence). TikTok a souligné la difficulté d'examiner l'intégralité du contenu d'un utilisateur et le caractère contextuel des violations.

      5. Modération et fonctionnalités de TikTok Live

      TikTok Live est un produit de diffusion en direct où les créateurs interagissent avec leur communauté. L'équipe de modération (TNS) est la même que pour les contenus préenregistrés et agit en toute indépendance.

      Des modèles dédiés sont utilisés pour détecter des signaux de violation pendant les diffusions en direct, permettant d'interrompre la vidéo ou de donner des retours aux créateurs. Les menaces à la vie sont signalées aux autorités locales.

      Une fonctionnalité notable est le "Live Match", où deux ou quatre créateurs s'affrontent pendant 5 minutes, accumulant des points via des cadeaux virtuels et des "J'aime" du public.

      Le vainqueur est celui qui a le plus de points. Les cadeaux virtuels vont d'une "rose virtuelle" valant environ 5 centimes à plusieurs centaines d'euros. TikTok prélève 50 % de la valeur des cadeaux.

      Les agences externes spécialisées dans le live streaming sont rémunérées par TikTok et peuvent recevoir des pénalités financières si leurs créateurs enfreignent les règles. Un "score de santé" est attribué aux agences, démarrant à 100 points et diminuant en cas de violation.

        1. Préoccupations liées à l'addiction et à la protection des mineurs sur TikTok Live

      La commission a exprimé de vives inquiétudes quant au caractère addictif de TikTok, en particulier des Lives. Les responsables de TikTok ont souligné plusieurs mesures de protection:

      • Interdiction des Lives pour les moins de 18 ans: Les créateurs doivent vérifier leur identité (pièce d'identité et selfie) pour lancer un Live.
      • Interdiction de l'envoi de cadeaux virtuels pour les mineurs: Seuls les majeurs peuvent acheter et envoyer des cadeaux.
      • Limitation du temps d'écran: Les utilisateurs de 13 à 17 ans ont une limite de 60 minutes par jour, activée par défaut, avec des rappels réguliers.
      • Contenu non personnalisé: Dans le cadre du DSA, TikTok propose des flux non personnalisés pour permettre aux utilisateurs de découvrir une diversité de contenus.
      • Cependant, la commission a confronté TikTok à des témoignages directs de mineurs participant à des Lives et dépensant de l'argent via le compte Apple Pay de leurs parents, ou étant incités à changer leur date de naissance pour accéder à certaines fonctionnalités. La vérification de l'âge reste un défi majeur. TikTok a reconnu la persistance du problème, indiquant que "642 000 comptes" de moins de 13 ans ont été supprimés en France l'année dernière, et 6 millions par mois dans le monde.

      • La commission a également interrogé le modèle de rémunération des Live, où les "top créateurs" peuvent gagner "plusieurs dizaines de milliers d'euros par mois", et la nature des "Live Match" qui, selon certains membres, s'apparentent à des "mécanismes similaires à ceux des jeux d'argent". TikTok a réfuté cette assimilation, arguant qu'il n'y a pas d'espérance de gain pour les donateurs et que les jeux d'argent sont strictement interdits.

      Le remerciement des donateurs par les streamers, même s'il est considéré par TikTok comme de la "politesse", est perçu par la commission comme une "forme de gratification" et d' "encouragement au don".

      7. Transparence et obligations légales

      TikTok publie des rapports de transparence trimestriels et des rapports dédiés sur les demandes de retrait gouvernementales, les demandes d'information, les suppressions pour propriété intellectuelle, la lutte contre les opérations d'influence et les abus sexuels sur mineurs.

      La plateforme est également soumise aux obligations du DSA (Digital Services Act) et du code de pratique de lutte contre la désinformation de l'Union européenne.

      Conclusion

      • L'audition a mis en lumière la complexité de la modération de contenu sur une plateforme de l'ampleur de TikTok, confrontée à la fois à des défis technologiques (détection de contournements, vérification de l'âge) et humains (volume de contenu, contexte culturel).

      Si TikTok a détaillé ses efforts en matière de sécurité et de conformité réglementaire, la commission a exprimé de fortes réserves quant à l'efficacité réelle de ces mesures, en particulier concernant la protection des mineurs et la persistance de contenus problématiques.

      Des informations complémentaires ont été demandées à TikTok par écrit, avec la possibilité d'une reconvocation en cas de non-fourniture ou de divergence des réponses.

    1. Compte-Rendu d'Audition des Responsables de TikTok France

      Contexte de l'Audition et Objectifs * L'audition vise à examiner le modèle économique, les stratégies de contenu, les mesures de sécurité et de modération de TikTok en France, ainsi que son impact sur les mineurs. Les représentantes de TikTok, * Marlène Masure (Responsable du contenu, Europe, Moyen-Orient, Afrique) et * Marie Hugon (Responsable des enquêtes réglementaires européennes), ont prêté serment de dire la vérité.

      L'objectif de la commission est d'obtenir des informations précises et d'éviter les redites avec les auditions précédentes.

      I. Activités et Positionnement de TikTok en France et en Europe

      1. Portée et Mission de TikTok :

      • TikTok compte 25 millions d'utilisateurs actifs chaque mois en France et plus de 175 millions en Europe.
      • La plateforme se positionne comme un "tremplin pour des milliers de créateurs et professionnels" et une "véritable vitrine sur le monde".
      • L'objectif est d'encourager la création de contenus "créatifs, éducatifs, divertissants, de qualité au service d'une communauté très engagée".
      • TikTok affirme soutenir les contenus "utiles et positifs" et veiller à la "sécurité et au bien-être de notre communauté", agissant "en responsabilité".

      2. Partenariats et Contenus Promus :

      • TikTok collabore avec plus de 250 médias (Le Monde, France Info, AFP, etc.) pour les aider à "développer leur audience en favorisant l'interaction avec de nouveaux publics".
      • Des partenariats sont établis avec des acteurs de la culture, du sport (ex: Tour de France, JO Paris 2024, INA).
      • L'entreprise soutient activement les créateurs de contenu, notamment à travers des initiatives éducatives :
      • Fil STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques) lancé en avril 2024, consulté par 27% des utilisateurs de moins de 18 ans au moins une fois par semaine en France. Les moins de 18 ans le voient par défaut.
      • Programme "Apprendre sur TikTok" : valorise "toutes les formes de savoir", a généré plus de 5 milliards de vues depuis son lancement en 2023 grâce à 250 000 vidéos éducatives.
      • Marlène Masure mentionne travailler avec une sélection de 1000 créateurs et 400 partenaires pour créer du contenu jugé "intéressant" et "utile".

      II. Engagement Réglementaire et Mesures de Sécurité

      1. Conformité au DSA (Digital Services Act) et Transparence :

      • TikTok a été désignée "très grande plateforme" (VLOP) par la Commission européenne en avril 2023.
      • L'entreprise soutient le DSA, le considérant comme une "avancée majeure" pour le secteur.
      • TikTok réalise des "évaluations détaillées des risques systémiques", notamment liés à la protection des mineurs, et met en œuvre des "mesures d'atténuation raisonnable, proportionnée et efficace".
      • Cela inclut l'ajustement des conditions d'utilisation, le renforcement des politiques de modération, la modification des systèmes de recommandation et la promotion de l'éducation aux médias.
      • Des audits externes et indépendants et des rapports de transparence (nombre d'utilisateurs actifs, suppressions proactives de contenus illégaux) sont publiés annuellement.
      • En France, 91% des contenus problématiques sont supprimés avant même d'être vus. TikTok emploie 509 modérateurs en langue française et des milliers en Europe.

      2. Mesures Spécifiques pour la Protection des Mineurs :

      • TikTok applique une "approche ferme et globale" avec des "politiques de tolérance zéro", des "technologies innovantes", des "fonctionnalités de contrôles intégrées" et des "ressources pédagogiques".
      • Contenus sensibles : les contenus classifiés "matures" ne sont pas proposés aux mineurs et peuvent ne pas apparaître dans le "Pour Toi".
      • Contenu créé par des mineurs : le contenu créé par des moins de 16 ans n'est pas éligible aux recommandations (pas dans le "Pour Toi").
      • Publicité personnalisée : n'existe plus pour les 13-17 ans depuis août 2023.
      • Gestion du temps d'écran :
      • TikTok a été "la première plateforme à proposer cette limite de 60 minutes de temps d'écran pour les mineurs". Si le contrôle parental est activé, l'enfant est bloqué après 60 minutes, seul le parent peut prolonger. Sans contrôle parental, l'enfant peut choisir de prolonger.
      • Notifications push désactivées automatiquement entre 21h et 8h pour les 13-15 ans, et entre 22h et 8h pour les 16-17 ans.
      • Outils de contrôle parental ("Mode Connexion Famille") : permettent de filtrer des mots-clés, gérer le temps d'écran, le type de personnes pouvant interagir, et bloquer des heures d'accès.
      • Marlène Masure insiste sur la "culture du feedback" et l'écoute des retours des partenaires, associations et experts pour améliorer la sécurité.

      3. Gestion des Données (Projet Clover) :

      • TikTok a investi 1,2 milliard de dollars dans le "projet Clover" pour la souveraineté numérique, visant à localiser les données personnelles des utilisateurs européens en Europe (data centers à Dublin, en Finlande, en Norvège).
      • Ce projet est validé par un tiers de confiance, NCC. Actuellement, certaines données sont encore hébergées dans des pays ayant des accords avec l'UE (États-Unis, Singapour) en attendant le transfert complet.

      III. Défis et Points de Tension

      1. Contradiction entre Propos et Témoignages :

      • Les rapporteuses confrontent les représentantes de TikTok avec de nombreux témoignages de jeunes et d'enseignants décrivant des expériences négatives : addiction, spirale de contenu toxique (liés à la dépression, l'hypersexualisation, le racisme, le sexisme, les violences), développement de complexes, idées noires, troubles du sommeil, désintérêt scolaire, perte d'esprit critique, isolement social.
      • "L'algorithme a amplifié mon état en m'inondant de contenu en lien avec ma détresse il savait exactement ce que je ressentais et il me le servait en boucle ce qui était un divertissement est devenu un piège et j'ai mis des mois à m'en sortir" (Thibault, 20 ans).
      • "Aujourd'hui TikTok est saturé de contenus violents dégradants sexualisés ou tout simplement toxique" (Manon, 20 ans).
      • Une enseignante : "il est urgent de protéger nos enfants de cette addiction Leurs parents n'étant pas toujours au courant ou conscient de l'emprise de TikTok sur leur façon de penser ou de ne plus penser par eux-mêmes".
      • Les représentantes reconnaissent l'importance de ces témoignages mais nuancent, soulignant l'existence de témoignages positifs de créateurs ayant trouvé soutien, créé des entreprises ou bénéficié des programmes éducatifs. Elles affirment que le problème dépasse TikTok et concerne l'usage du numérique en général.

      2. Fonctionnement de l'Algorithme et "Bulles de Contenu" :

      • L'algorithme de TikTok est basé sur les "centres d'intérêt" et non les connexions sociales, recommandant du contenu en fonction des consommations passées de l'utilisateur et d'utilisateurs similaires.
      • Les rapporteuses expriment leur préoccupation face à l'enfermement dans des "bulles de contenu" et la promotion de contenus "provocateurs" ou "choc" par l'algorithme qui privilégie l'"attention" plutôt que les "intentions profondes" ou la "raison".
      • Elles évoquent l'infinit scrolling comme une spécificité addictive de TikTok.
      • TikTok affirme avoir des "principes de dispersion des contenus" pour éviter la répétition excessive de contenus sensibles.
      • Concernant la recommandation de contenus éducatifs, TikTok encourage l'utilisation de hashtags comme #apprendresurTikTok et soutient des médias et créateurs qualitatifs. Elles citent l'exemple de BookTok, une "très belle histoire" de communauté littéraire, bien que les rapporteuses mentionnent des articles de presse faisant état de la présence de "Dark Romance" hypersexualisée et violente sur cette tendance.

      3. Efficacité de la Modération et Contournement des Règles :

      • TikTok se dit en "permanence en train de rééduquer nos algorithmes" pour détecter les mots-clés détournés (ex: "algospeak", substitution de lettres par des chiffres ou émoticônes).
      • Cependant, des tests effectués par la commission montrent que des recherches avec des mots-clés détournés (ex: "scarification" avec un "c", "zèbre" pour scarification, "Suisse" pour suicide) donnent toujours accès à des contenus problématiques, même après signalement.
      • Les rapporteuses dénoncent le manque de réactivité de TikTok et l'insuffisance des messages de prévention pour des recherches telles que "je veux mourir" ou "comment se pendre".
      • Elles soulignent que l'obligation de TikTok est une "obligation de résultat" pour la protection des enfants, pas seulement une "obligation de moyens".

      4. Vérification de l'Âge et Comptes de Mineurs :

      • TikTok reconnaît avoir supprimé 642 000 comptes en France (sur la période 2024-2024) de moins de 13 ans n'ayant pas pu prouver leur âge, ce qui atteste que "beaucoup de jeunes mentent sur leur âge".
      • Cependant, TikTok ne dispose pas de statistiques précises sur le pourcentage de mineurs réels sur la plateforme ni sur l'activation des outils de contrôle parental par les comptes de mineurs identifiés.
      • Elles déclarent que la vérification de l'âge à l'inscription est déclarative et qu'il n'y a pas d'obligation réglementaire européenne pour une vérification plus stricte.
      • Les rapporteuses critiquent cette passivité, suggérant que TikTok pourrait être "plus responsable que les autres" en mettant en place une vérification d'âge a priori, même imparfaite (comme la solution "Connet" proposée par l'Éducation Nationale et refusée par TikTok).
      • Elles estiment que la réalité des mineurs sur la plateforme est que "deux tiers d'entre eux sont inscrits comme des majeurs" et ont accès à des contenus inappropriés.

      5. Différences avec Douyin (version chinoise) :

      • Les représentantes de TikTok affirment que Douyin est une application "complètement différente" gérée par des équipes chinoises, et qu'elles n'ont pas de lien ni de connaissance approfondie de ce produit, ce qui limite leur capacité à commenter ses mécanismes de protection des mineurs.

      6. Influenceurs Problématiques et Signalement :

      • La commission s'interroge sur la lenteur de la réaction de TikTok face à des influenceurs problématiques très suivis (ex: Ad Laurent, Alexis Chens) qui ont été signalés par des associations (Stop Fisha) ou des personnalités politiques (Aurore Berger).
      • TikTok affirme avoir été "les premiers" à retirer certains comptes, mais reconnaît des systèmes de "graduation" avant le bannissement. Elles estiment que l'intervention médiatique met "un coup de pression" mais que des processus réglementaires existent.
      • Les rapporteuses regrettent que les signalements d'individus soient moins bien traités que ceux d'organisations.

      IV. Conclusion et Perspectives

      • Les représentantes de TikTok réitèrent leur engagement continu pour la sécurité, l'amélioration des outils et la collaboration avec les régulateurs, associations et chercheurs. Elles soulignent les investissements massifs dans la sécurité et les efforts de modération (plus de 6 millions de vidéos supprimées en France en 2024).
      • Elles reconnaissent que "cette marge d'erreur on l'accepte pas" et "on travaille pour lutter contre effectivement des contenus qui peuvent créer des drames".
      • Elles rappellent la "fierté de ce que la plateforme offre comme opportunité" et son rôle dans la "création de valeur", "d'engagement" et de "carrières".
      • La commission exprime une "frustration" face aux réponses, estimant que les mesures de TikTok ne sont pas à la hauteur de la "dépendance très très forte des mineurs" et des "drames évitables" (suicides, scarifications).
      • La commission avertit qu'en l'absence d'"amélioration effective", l'interdiction de la plateforme pourrait devenir une option si des vies d'enfants continuent d'être affectées.
      • Des questions importantes sur le modèle économique (revenus des lives, part des revenus publicitaires) restent sans réponse et pourraient mener à une nouvelle audition.
    1. Compte Rendu Détaillé de l'Audition de la Présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE)

      • Ce document résume les points clés et les thèmes principaux abordés lors de l'audition de la Présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) par la délégation aux droits des femmes.

      Il met en lumière les priorités du HCE, ses travaux récents et futurs, ainsi que les préoccupations soulevées par les parlementaires.

      I. Priorités et Rapports Clés du HCE

      La Présidente du HCE a souligné le rôle du Conseil comme « interlocuteur de premier plan pour les pouvoirs publics » et « moteur du débat démocratique sur les droits des femmes et les questions de genre ».

      Elle a mis en avant les domaines d'intervention du HCE et les synergies possibles avec les travaux parlementaires.

      A. Le Sexisme en France : Un état des lieux alarmant et polarisé

      • Rapport Majeur 2025 : Le rapport principal du HCE pour 2025 porte sur l'état des lieux du sexisme en France, publié le 20 janvier dernier. Basé sur un baromètre et des questions posées à plus de 3000 Français, il vise à évaluer l'évolution du sexisme.
      • Polarisation de la société : Le rapport a révélé une forte polarisation sur les questions d'égalité et de sexisme.
      • Jeunes femmes : Elles sont « de plus en plus conscientes que leur vie au quotidien est plus difficile que celle des hommes » et sont « plus engagées sur ces questions, plus sensibles au féminisme et au combat pour l'égalité des genres ».
      • Jeunes hommes : À l'inverse, ils « expriment un sentiment d'incompréhension des évolutions de la société voire de rejet », étant « de plus en plus attirés par les idées sexistes et masculinistes ».
      • Pilier du sexisme persistant : L'éducation : Une conclusion majeure est que « l'éducation était l'un des piliers de ce sexisme persistant et qu'il fallait agir de toute urgence ».
      • Appel aux ÉVARS : Le HCE appelle depuis des années à l'adoption d'un programme d'éducation à l'égalité, les cours à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (ÉVARS). Ces cours permettraient de « déconstruire les stéréotypes et les normes sociales inégalitaires qui favorisent ce sexisme ».
      • Déploiement des ÉVARS : Moins de 15 % des élèves en bénéficient actuellement, malgré leur caractère obligatoire depuis 2001.

      La Présidente se réjouit de l'annonce par la Ministre de l'Éducation nationale du déploiement de ce programme dès la prochaine rentrée, car 9 Français sur 10 y sont favorables, et 70 % le considèrent comme la mesure la plus efficace.

      B. La Parentalité : L'« éléphant dans la pièce » des inégalités professionnelles

      • Facteur structurant des inégalités : Les inégalités liées à la naissance sont un « moment clé de cristallisation des inégalités pro entre les pères et les mères » et l'un des « facteurs les plus structurants des inégalités de salaire et de carrière ». La Présidente le qualifie d'« éléphant dans la pièce ».
      • Chiffres alarmants :Les écarts de revenus salariaux sont plus marqués entre parents, les mères ayant des temps de travail et des salaires « nettement inférieurs aux pères », ces écarts augmentant avec le nombre d'enfants.
      • Les mères salariées du secteur privé subissent une perte salariale d'environ 20 % cinq ans après la naissance, et jusqu'à 40 % pour les salaires les plus bas.
      • Les ajustements professionnels après l'arrivée d'un enfant sont 10 fois plus importants pour les mères.
      • 95,6 % des congés parentaux sont pris par les femmes, 70 % des tâches domestiques sont réalisées par les femmes, et 80 % des salariés à temps partiel sont des femmes.
      • Seulement 42,6 % des cadres sont des femmes, alors qu'elles sont plus diplômées que les hommes.
      • Réforme du congé parental : Le HCE préconise une réforme du congé parental, notamment la « réduction du temps mais qui soit mieux rémunéré pour qu'on ait davantage d'hommes à le prendre ».
      • Congé paternité : Le HCE s'interroge sur l'allongement du congé paternité à l'égalité du congé maternité, considérant que le congé maternité est aussi un temps de récupération pour la mère.

      Il souligne l'importance de le rendre accessible à toutes les catégories sociales, car il est moins pris par les plus précaires.

      C. Parité dans l'Encadrement Sportif : Un angle mort à combler

      • Sous-représentation des femmes : Bien que la pratique sportive des femmes progresse (moins de 40 % des licences en 2024), elles restent sous-représentées dans les disciplines fédérales de haut niveau et, surtout, dans les rôles décisionnaires.
      • 46 % des bénévoles sont des femmes, mais seulement 34 % des dirigeants de structure sportive.
      • Seulement 33 % des encadrants sportifs sont des femmes, un chiffre en baisse.
      • Problème de formation : Les femmes représentent seulement 32 % des étudiants en filières STAPS, et 20 % dans les filières d'entraînement sportif.
      • Recommandations urgentes :Instauration de « coprésidences mixtes des fédérations sportives nationales agréées » pour lutter contre le « plafond de verre » et les pressions subies par les femmes dirigeantes.
      • Création d'un programme d'accompagnement des jeunes filles vers le management et l'encadrement sportif.
      • Objectif de 25 % de femmes dans les filières STAPS d'ici 2026, et 40 % d'ici 2030.
      • Mise en place de « budgets sensibles au genre » au niveau communal et municipal pour inciter la féminisation des clubs à la base.

      D. Lutte contre les Violences Sexuelles et Sexistes : Améliorer la prise en charge judiciaire

      La commission "violences faites aux femmes" du HCE a travaillé sur le traitement judiciaire des viols et agressions sexuelles et rendra ses conclusions et recommandations publiques prochainement, visant une « meilleure prise en charge des victimes ».

      II. Discussions et Questions des Parlementaires

      Les parlementaires ont salué la qualité des travaux du HCE et ont soulevé des questions spécifiques, souvent en écho aux préoccupations du Conseil.

      A. Parité Sportive et Accompagnement Local

      • Graziella Melker (Groupe Ensemble pour la République) : A souligné le « cercle vicieux du sexisme dans le sport » et la nécessité de travailler à l'échelle locale pour accompagner les femmes confrontées à des situations de violence ou de manque de soutien dans les instances régionales.

      B. Pénalité Parentale et Réforme des Congés

      • Sarah Lin (Groupe La France Insoumise) et Delphine Ligoman (Groupe Les Démocrates) : Co-rapporteures d'une mission d'information sur la parentalité, elles ont rappelé que 90 % des inégalités de revenus entre femmes et hommes sont liées à la parentalité.
      • Réforme du congé paternité : Elles ont interrogé le HCE sur l'efficacité du congé paternité comme outil pour un partage égalitaire, suggérant une augmentation de la part automatique obligatoire et une partie de ce congé à l'issue du congé maternité.
      • Mères solos : Elles ont demandé des pistes de réflexion pour les mères solos, qui subissent encore plus fortement la pénalité parentale.
      • Parentalité en entreprise : Delphine Ligoman a interrogé sur les leviers pour inciter les entreprises à mieux intégrer la parentalité, proposant la généralisation d'une charte de la parentalité, l'intégration de la parentalité dans l'index égalité professionnelle, et une reprise progressive après les congés liés à la naissance.
      • Réponse du HCE sur la parentalité :La Présidente du HCE souhaite que le Conseil travaille davantage sur la parentalité, reconnaissant que le sujet n'a pas été « spécifiquement traité jusqu'à [présent] ».
      • Elle confirme l'importance de la réforme du congé parental, visant une réduction du temps mais une meilleure rémunération pour inciter les hommes à le prendre.
      • Elle exprime des doutes sur l'allongement du congé paternité à la même durée que le congé maternité, considérant que le congé maternité est aussi un temps de récupération pour la mère.
      • Elle souligne l'importance de toucher toutes les catégories sociales et s'inquiète de la situation des modes de garde en France, qualifiant la disparition prochaine de 40 % des assistantes maternelles de « bombe à retardement ».

      C. Diplomatie Féministe et Soutien aux Associations

      • Sénine Thiebau Martinez (Groupe Socialiste) : A interrogé sur l'impact de l'élection de Donald Trump sur la diplomatie féministe et la diminution des moyens pour les ONG. Elle a demandé si le HCE a été saisi de la question d'un événement sur la diplomatie féministe en France et sa position sur le sujet. Elle a également demandé si le HCE allait se saisir de l'étude de la Fondation des femmes sur la seniorité des femmes.
      • Réponse du HCE sur la diplomatie féministe :La Présidente a confirmé la tenue d'un événement à l'automne et la participation du HCE.
      • Elle a souligné le rôle important de la France et la volonté du HCE de travailler avec son homologue canadien pour porter la diplomatie féministe dans les pays francophones, notamment par la coordination des budgets et des actions des ambassadeurs.
      • Le HCE a recommandé de pérenniser les budgets alloués à ces politiques.

      D. Conséquences Genrées de la COVID et Santé Mentale des Femmes

      • Sandrine Rousseau (Groupe Les Écologistes) et Cécile Violande (Groupe Horizon et apparentés) : Ont soulevé la question des conséquences genrées de la gestion de la COVID-19, notamment la dégradation de la santé mentale des femmes et des jeunes femmes liée à l'exposition aux violences intrafamiliales. Elles ont appelé le HCE à se saisir de ce sujet.
      • Réponse du HCE sur la santé mentale :La Présidente a reconnu l'importance du lien et a exprimé le souhait de travailler sur la « santé des femmes », notamment sur le « burnout des femmes », lié à la charge mentale et aux contraintes qu'elles subissent.
      • Elle envisage des travaux interdisciplinaires au sein du HCE sur la santé des femmes, « tout au long de la vie », des menstruations à l'âgisme.

      E. Soutien aux Associations Féministes et Âgisme

      • Sandrine Rousseau : A exprimé son inquiétude quant aux menaces pesant sur les associations féministes (Planning Familial, CIDFF) et leur financement, alors même que l'IVG est inscrit dans la Constitution.
      • Réponse du HCE sur les associations : La Présidente a reconnu les « difficultés réelles de financement » de ces associations, les qualifiant d'« indispensables » et de « clé », et a affirmé que le HCE ne peut pas travailler sans elles.

      F. Contraception Masculine

      • Cécile Violande : A demandé si le HCE se saisissait des travaux sur la contraception masculine.
      • Réponse du HCE : La Présidente a indiqué que des travaux avaient été engagés avant son arrivée mais qu'ils n'avaient pas été publiés car « la nature du rapport ne convenait pas à ceux qui avaient engagé le rapport » et qu'il ne faisait pas consensus parmi les co-signataires.

      Elle a reconnu que c'est un sujet à regarder, car la contraception reste « à la charge aujourd'hui des femmes et ressenti comme une contrainte féminine ».

      III. Perspectives et Orientations Futures du HCE

      La Présidente a réaffirmé sa volonté de redonner au HCE toute sa force dans le débat public et politique.

      • Décentralisation : Le HCE s'engage à se « déplacer partout en France » et non plus être une « instance très parisienne ».
      • Nouveaux travaux : L'arrivée de nouveaux membres permettra de décider rapidement des prochains travaux. Des sollicitations fortes concernent notamment l'intelligence artificielle, un sujet sur lequel le HCE n'a pas encore travaillé.
      • Interdisciplinarité : La Présidente souhaite développer les collaborations entre les différentes formations et commissions du HCE, à l'image des travaux parlementaires.
      • Importance de l'éducation : Elle a insisté sur la nécessité de « déconstruire un certain nombre de stéréotypes » dès le plus jeune âge, soulignant que les inégalités sont présentes dès 6 ans. Elle a mis en évidence le rôle des ÉVARS, mais aussi l'importance de changer les mentalités des futurs parents et d'agir sur les contenus numériques, la littérature jeunesse, les films et les séries.
      • Budget sensible au genre : La Présidente a salué l'annonce du travail sur un budget sensible au genre par trois ministères (Égalité, Budget, Éducation nationale) et a insisté pour que cela ne se limite pas à l'État, mais soit appliqué aussi aux collectivités locales.

      Elle a pris l'exemple des budgets alloués au sport, souvent déséquilibrés en faveur des pratiques masculines.

      • Sanctions : La Présidente a regretté le manque de sanctions pour la non-application de l'index égalité professionnelle.

      En conclusion, la Présidente du HCE a réaffirmé l'engagement du Conseil à éclairer le débat public et à faire avancer l'égalité réelle, en se concentrant sur des sujets structurants comme le sexisme, la parentalité, la parité sportive et la santé des femmes, tout en cherchant à impliquer l'ensemble des acteurs de la société.

    1. Synthèse des Priorités et Défis de la Haute-Commissaire à l'Enfance

      • La Haute-Commissaire à l'Enfance présente sa feuille de route en soulignant la mission fondamentale de son Haut-Commissariat : coordonner les politiques publiques pour placer l'enfant au cœur des réflexions, en sortant des "silos" administratifs habituels.

      La Haute-Commissaire insiste sur l'importance de l'interministérialité et de la pluridisciplinarité professionnelle comme leviers pour répondre aux défis complexes liés à l'enfance.

      1. Mission et Définition de l'Enfance

      • Rôle du Haut-Commissariat : Créé en février, le Haut-Commissariat à l'enfance vise à remédier aux "faiblesses dans nos politiques de protection et de prévention" en renforçant l'interministérialité.

      L'objectif est de "penser autrement ces politiques publiques et donc de coordonner en étant d'une certaine manière le garant que l'enfant était au cœur et du coup il était au centre de ses réflexions".

      Il réunit tous les acteurs (associatifs, administrations, éducatifs).

      • Définition de l'enfant : La définition retenue est celle de l'article 1er de la Convention relative aux droits des enfants de 1989, couvrant "de la naissance à finalement la majorité", incluant la petite enfance (0-3 ans) et l'adolescence.

      2. Priorités Thématiques et Actions Engagées

      La Haute-Commissaire aborde plusieurs chantiers prioritaires, souvent interdépendants :

      Service Public de la Petite Enfance (0-3 ans) :

      • Problématiques : Manque de places et besoin d'améliorer la qualité et la compétence. Forte demande de reconnaissance des professionnels.
      • Actions : Travail sur l'attractivité des métiers (VAE inversée, accompagnement des formations), aides aux communes pour la montée en charge des compétences, collaboration avec les fédérations pour la prochaine COG (Convention d'Objectifs et de Gestion), expérimentation de "solutions hybrides" comme les crèches familiales ou scolaires.

      • Écrans en petite enfance : Publication d'un "référentiel qualité" interdisant les écrans dans les lieux d'accueil des 0-3 ans, posant des règles claires et accompagnant les PMI.

      Soutien à la Parentalité :

      • Considéré comme "un des outils (...) les plus puissants en terme de prévention et d'accompagnement".
      • Plan National de Soutien à la Parentalité : En cours de finalisation, il vise à "reposer (...) des repères, des soutiens, des espaces de dialogue avec les parents" face aux nouveaux défis, notamment numériques. Refonte du site "Je protège mon enfant".

      Adoption et Accès aux Origines : * Adoption : Améliorer les pratiques professionnelles pour accélérer les procédures et la mise en œuvre du "fichier national des familles adoptantes". Diffuser les outils législatifs existants (Loi Limon sur l'adoption simple). * Accueil durable bénévole/Tiers digne de confiance : Étude des différentes hypothèses, en soulignant l'importance de l'accompagnement spécialisé pour les familles adoptantes si elles envisagent un accueil durable, et la nécessité de "remuscler toutes les possibilités" d'accueil.

      Recherche des "familles de cœur" pour apporter stabilité et favoriser la désinstitutionnalisation.

      • Accès et Droit aux Origines : Réflexion sur la place des tests ADN (actuellement non autorisés en France sauf décision de justice), en raison des demandes des associations d'enfants.

      Reposer la question compte tenu des nouvelles réalités et de l'évolution législative en Europe.

      Lutte contre les Violences Faites aux Enfants :

      • Urgence : Constat d'une augmentation des alertes sur des violences, notamment chez les nourrissons.
      • Actions : Diffusion prochaine d'un questionnaire national pour "objectiver cette évolution et spécifier ces violences" (sexuelles, intrafamiliales, institutionnelles, physiques, psychologiques).

      Poursuite des travaux de prévention, détection des "signaux faibles", et capacité à "mieux accueillir la parole des enfants".

      • Prise en charge : Déploiement des "Unités d'accueil spécialisées pour les enfants" (UEJ) dans toutes les juridictions, coordination du soin médical, psychologique, social et judiciaire. Renforcement du 119 (campagne d'information, amélioration des canaux dont le chat, traitement des rappels et priorisation).

      • Loi Votrein : Projet de loi en préparation par la Ministre Votrein proposant des mesures concrètes : autorisation du cumul d'activité pour l'accueil familial, droit au répit, réinterrogation des modalités d'indemnisation (y compris pour l'accueil durable bénévole), reconnaissance du tiers digne de confiance.

      Enjeux Numériques et Écrans :

      • Constat : Présence accrue des écrans (70% des 8-10 ans sur réseaux sociaux), explosion du cyberharcèlement, conséquences documentées (addictions, santé mentale, obésité, troubles de l'apprentissage).
      • Réponses :Éducation numérique : Essentielle, avec des travaux pour une cohérence des messages portés par l'Éducation Nationale et l'éducation populaire.
      • École : Saisine de l'Inspection de l'Éducation Nationale pour un rapport sur les ENT (Environnements Numériques de Travail), visant un "droit à la déconnexion pour les parents et pour les enfants" (pas d'information réactualisée entre 20h et 7h, fermeture le weekend). Généralisation de la "pause numérique" (pas de portable au collège).
      • Réseaux Sociaux : Mise en œuvre de la loi Marcangelie interdisant les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Négociations européennes (Digital Service Act), avec une "coalition nouvelle" pour aller dans ce sens.
      • Contrôle d'identité et d'âge : Stabilisation de l'outil technique grâce à l'ARCOM et des structures comme Docapost, permettant un contrôle fiable de l'âge.

      Cela a conduit au départ de certaines plateformes pornographiques ne souhaitant pas utiliser ces outils. Projet de "mini wallet européen".

      • Place de l'Enfant dans l'Espace Public : Engagement du Haut-Commissariat pour le respect des droits des enfants et leur place dans le débat public.

      Suivi des travaux de la Convention Citoyenne sur les temps de l'enfant avec la participation d'enfants.

      3. Défis et Critiques Adressées à la Haute-Commissaire

      Plusieurs députés expriment des préoccupations majeures, remettant en question l'action et les moyens du Haut-Commissariat :

      • Crise de l'Enfance en France : Caroline Parmentier dénonce un "état catastrophique" de l'enfance, l'absence de ministre dédié et la multiplication des drames (crèches, pauvreté infantile, dysfonctionnements de l'ASE).

      Elle questionne l'investissement total de la Haute-Commissaire, engagée dans la campagne des municipales.

      • Manque de Volontarisme et de Moyens : Arnaud Bonet juge les propositions de la Haute-Commissaire "dans le bon sens" mais reste "sceptique" faute de "mobilisation de l'ensemble de notre société" et de "moyens réels". Il évoque une "cécité volontaire collective" aux violences faites aux enfants.
      • Problématiques Spécifiques :Cyberharcèlement lié aux prénoms : Mme Dubré alerte sur les publications péjoratives en ligne et demande des mesures.
      • Mineurs Non Accompagnés (MNA) : Mme Dubré souligne le manque de données fiables, l'absence de présomption de minorité et la complexité de leur prise en charge. La Haute-Commissaire réitère la position de la France d'accueillir les enfants "quelle que soit leur situation".
      • Santé Mentale des Jeunes Placés : Mme Dubré fait état d'un suivi psychologique insuffisant (40% n'en ont jamais bénéficié) et propose une meilleure formation des professionnels, un accès réel aux soins et des liens stables.

      La Haute-Commissaire évoque le déploiement de "Santé Protégée Péas" et le rôle des coordinateurs.

      • Défaillances de la Protection de l'Enfance (ASE) :Mme Hamdane dénonce une "politique de l'enfance symbolique, médiatique mais déconnectée de l'urgence", rappelant que 400 000 enfants sont en danger, que la France ne respecte pas ses engagements internationaux ni ses propres lois (loi Taquet inappliquée).

      Elle cite le rapport accablant de la commission d'enquête sur les "manques de pilotage national, rupture de parcours, recours abusif au placement à l'hôtel".

      • Mme Maximie exprime sa "colère" face à la mort d'une enfant placée (Aiden, 7 ans) et le silence public de la Haute-Commissaire et de la Ministre Votrein. Elle dénonce une inaction malgré des constats répétés. La Haute-Commissaire répond qu'elle travaille avec les acteurs concernés (ADF, départements, associations) mais ne communique pas systématiquement publiquement. Elle insiste sur la responsabilité de chacun.
      • Scolarisation des Enfants Vulnérables : Mme Piron alerte sur les "délais d'inscription et d'affectation scolaire anormalement longs" pour les enfants hébergés en urgence ou vivant dans des habitats précaires, ainsi que sur la situation "dramatique" à Mayotte (5000 enfants privés d'école).

      Elle demande des leviers pour garantir la scolarisation effective et la volonté d'intervenir à Mayotte. La Haute-Commissaire prend note des alertes et évoque un travail avec le Ministre des Outre-Mers pour renforcer les équipes et la priorité donnée à ces territoires.

      • Moyens du Haut-Commissariat : Mme Met interroge sur les "moyens humains et financiers" du Haut-Commissariat. La Haute-Commissaire précise disposer de six conseillers directs, d'un soutien de l'Éducation Nationale, et d'un renforcement à venir par des représentants des Outre-Mers et de la Justice, pour favoriser l'interministérialité.

      4. Réponse de la Haute-Commissaire aux Critiques

      La Haute-Commissaire se défend des accusations de manque d'investissement ou d'action, affirmant être pleinement engagée dans sa mission de coordination. Elle insiste sur :

      • La coordination des acteurs : Sa mission est de "réunir tout ce monde-là et de rappeler à chacun ses responsabilités et ses missions".
      • L'évaluation et le suivi : Provoquer les contrôles nécessaires, évaluer les politiques, suivre la mise en œuvre des engagements (y compris la loi Taquet).
      • La mobilisation collective : Nécessité d'une "prise de conscience générale" et que "chacun prend pleinement sa place et sa part".
      • Le soutien ministériel : Souligne le soutien de la Ministre Votrein et l'organisation d'un "comité interministériel sur l'enfance" pour évaluer les politiques publiques avec des indicateurs de suivi.
      • La complémentarité des actions : Défend la complémentarité entre la lutte contre le "no kids" ou la régulation des écrans et la protection de l'enfance la plus vulnérable. Elle précise que son action ne se limite pas à la communication publique.
      • Les freins à l'accompagnement des jeunes majeurs : Identification de problèmes d'accès à l'identité, au logement, manque de préparation à la sortie, inégalité de traitement entre départements. Elle évoque les travaux en cours pour améliorer cet accompagnement (soutien aux associations, parrainage).

      En conclusion, la Haute-Commissaire à l'Enfance se positionne comme une figure de coordination interministérielle, cherchant à décloisonner les politiques publiques pour une approche centrée sur l'enfant.

      Elle met en avant des chantiers concrets sur la petite enfance, la parentalité, l'adoption, la lutte contre les violences et le numérique.

      Néanmoins, elle fait face à des critiques virulentes de députés qui soulignent l'urgence d'une crise de l'enfance, le manque de moyens concrets et des défaillances institutionnelles persistantes, notamment dans la protection de l'enfance, remettant en cause l'effectivité de son action.

    1. Compte rendu détaillé : Rapport sur l'accompagnement à la parentalité

      Ce document présente les principales thématiques, idées clés et faits importants tirés des extraits de la présentation du rapport sur l'accompagnement à la parentalité.

      Thèmes principaux

      • La parentalité comme enjeu majeur pour l'égalité femmes-hommes : Le rapport souligne que la parentalité dépasse la sphère intime pour devenir un facteur explicatif primordial des inégalités de revenus et de carrière, et qu'elle impacte la santé physique et mentale des femmes.
      • La "pénalité maternelle" : Un concept central du rapport, décrivant la baisse significative des revenus et l'impact négatif sur la carrière des femmes après la maternité, contrastant avec l'absence d'impact pour les pères.
      • Les stéréotypes de genre persistants et leurs conséquences : Le rapport met en évidence la persistance des rôles traditionnels où la mère est perçue comme le "parent principal" et le père comme un "parent auxiliaire", menant à une surcharge des tâches domestiques et parentales pour les femmes.
      • La nécessité de réformes structurelles et de changements de mentalités : Pour parvenir à une parentalité égalitaire, le rapport préconise des mesures concrètes et des réformes structurelles, notamment concernant le congé paternité, l'organisation du travail et l'éducation aux tâches domestiques.
      • L'importance de l'accompagnement post-partum et des parents d'adolescents : Le rapport identifie ces périodes comme des "zones blanches" des politiques publiques nécessitant un soutien accru pour la santé des mères et l'accompagnement des familles.

      Idées et faits importants

      • Impact sur les inégalités de revenus et de carrière : "La parentalité a un impact considérable sur les inégalités de revenus et de carrière.

      Elle est elle en est même le principal facteur explicatif bien devant les discriminations." * 90% des inégalités de revenus entre femmes et hommes sont liées à la parentalité. * Les femmes voient leurs revenus baisser de 38% au cours des 10 premières années de l'enfant. * "Plus de 6 femmes sur 10 estiment qu'être mère est un frein à la carrière alors qu'être père ne l'est pas." * Bérangère Couillard, Présidente du HCE, a qualifié la parentalité d'"éléphant dans la pièce" concernant l'égalité professionnelle. * Impact sur la santé des femmes : "Vous évoquez à juste titre les dépressions post-partum, l'isolement, l'épuisement parental, ce sont des réalités que nous ne pouvons plus ignorer." * La dépression post-partum touche 10 à 20% des mères et est la première cause de mortalité maternelle dans l'année suivant la naissance. * La "double injonction permanente": "Travailler comme si nous n'avions pas d'enfants, élever nos enfants comme si nous ne travaillions pas" est intenable et mène au burnout parental, qui touche davantage les femmes.

      Répartition inégale des tâches :

      • Les femmes assument en moyenne 71% des tâches domestiques et 65% des tâches parentales.
      • "Environ 60% des Français estiment encore que les mères savent mieux répondre aux besoins et aux attentes des enfants que les pères."
      • 94% des congés parentaux sont pris par les mères.
      • Un parent sur cinq est contraint de garder lui-même son enfant faute de solution de garde, et dans 94% des cas, c'est la mère.

      Le congé paternité comme levier clé : * La durée actuelle du congé maternité est de 16 semaines, contre 28 jours pour le congé paternité, ce qui "peut consolider la dynamique d'une mère parent principal et d'un père auxiliaire". * Le rapport propose de porter progressivement le congé paternité à 16 semaines, à égalité avec le congé maternité, en s'inspirant du modèle espagnol. * En Espagne, le congé paternité a été porté à 16 semaines entre 2019 et 2021, avec un succès unanime et une augmentation systématique du taux de recours à chaque allongement. Là-bas, on parle de "congé de naissance et de soins de l'enfant". * La proposition inclut 8 semaines obligatoires dès le début (4 semaines à la naissance avec la mère, 4 semaines obligatoires après le congé maternité pour que le second parent puisse passer du temps seul avec l'enfant) et 8 semaines facultatives progressives. * Le coût de porter le congé paternité à 8 semaines obligatoires serait d'environ 820 millions d'euros (correction de la coquille "820 milliards"). Le coût maximum pour 16 semaines est estimé à 2,3 milliards. * L'allongement du congé paternité est vu comme un levier pour "lutter contre les stéréotypes de genre" et "inverser la dynamique parent principal-parent auxiliaire".

      Propositions clés pour une parentalité égalitaire :

      • Éducation : Mettre en place des "cours d'activités domestiques à l'école et au collège pour les garçons et les filles" pour valoriser ces compétences et lutter contre les stéréotypes. Mener des campagnes nationales de lutte contre les stéréotypes de genre.
      • Soutien post-partum : Renforcer la formation des praticiens sur la dépression post-partum, prévoir une consultation facultative et remboursée à 100% avec un psychologue dans les 3 mois suivant la naissance. Créer des cercles de rencontre entre parents pour lutter contre l'isolement. Étendre le congé aidant au conjoint/conjointe d'une mère en dépression post-partum.
      • Parentalité au travail : Généraliser la "charte de la parentalité" aux entreprises de plus de 50 salariés. Intégrer la parentalité dans la négociation collective sur l'égalité salariale et dans l'index égalité professionnelle.

      Accorder aux parents des autorisations d'absence (4 demi-journées/an) pour participer aux moments clés de la scolarité de leurs enfants (ex: réunions parents-professeurs). Réfléchir à l'organisation du travail (horaires atypiques, réunions avant 9h ou après 18h). * Accompagnement des pères : Associer les pères au projet parental dès le désir d'enfant, consacrer une séance de préparation à la naissance au projet parental en présence du père, permettre aux pères d'assister à tous les rendez-vous médicaux si la mère le souhaite. * Interruption de grossesse : En cas d'IVG, IMG ou fausse couche avant 22 semaines d'aménorrhée, la femme devrait bénéficier d'un arrêt maladie et le conjoint pourrait demander jusqu'à 3 jours d'autorisation d'absence. * Familles monoparentales (mères solos) : Défiscaliser la pension alimentaire. Étudier la création d'un statut des familles monoparentales avec des droits associés. Ouvrir les allocations logement (APL) aux deux parents. Possibilité offerte aux mères isolées de transférer une partie de leur "congé de paternité ou d'accueil et de soins de l'enfant" à une personne de confiance de leur choix. * Accompagnement des parents d'adolescents : Élargir les lieux d'accueil parents-enfants aux adolescents, renforcer l'offre en pédopsychiatrie, travailler avec la médecine scolaire, lancer une campagne nationale sur la santé mentale des adolescents. * Coût et bénéfices : La mesure d'allongement du congé paternité, bien que coûteuse (estimée à 820 millions d'euros pour 8 semaines obligatoires et jusqu'à 2,3 milliards d'euros pour 16 semaines), est jugée "pleine de bon sens" et susceptible de générer de "nombreuses externalités positives" (meilleure participation des femmes au marché du travail, baisse du temps partiel subi, augmentation des cotisations sociales, baisse du recours au congé parental, encouragement à la natalité).

      Réflexions sur le congé maternité et le temps de travail :

      • La durée du congé maternité n'est pas la principale préoccupation, mais plutôt l'intégration des cotisations retraite pendant cette période. Il n'est pas proposé d'allonger le congé maternité pour ne pas éloigner davantage les mères du travail, l'objectif étant d'atteindre 6 mois garantis pour l'enfant avec ses parents via l'allongement du congé paternité.
      • La réduction du temps de travail est une question complexe sans consensus, mais elle est reconnue comme une mesure féministe et favorable à l'égalité parentale, notamment observée dans les pays scandinaves.
      • Prise en compte de toutes les familles : Le rapport a eu à cœur "d'intégrer toutes les familles sous toutes leurs formes", incluant les familles LGBT.

      La difficulté de ces familles à voir leur rôle de parent reconnu avant l'adoption ou la naissance a été soulignée, d'où l'insistance sur la reconnaissance de la parentalité "dès le projet parental".

      • Synthèse des Thèmes Principaux
      • Système de Santé en Crise et Désorganisation
      • Le système de santé français, autrefois "protecteur et solidaire", ne tient plus ses promesses.
      • La désorganisation est le cœur du problème, plus que le manque de moyens, qui sont pourtant limités face à des missions illimitées. "La France consacre à la santé plus que beaucoup de pays européens mais sans de meilleurs résultats car c’est avant tout l’organisation qui est défaillante et dans un système désorganisé rajouter des moyens c’est verser de l’eau dans un seau percé."
      • L'épuisement des professionnels est généralisé.
      • Rôle et Souffrance de l'Hôpital Public
      • L'hôpital public est un pilier du "pacte républicain" et le "dernier recours quand tout vacille".
      • Il souffre d'un manque de reconnaissance et est perçu comme un "gouffre financier" ou un "tableau Excel".
      • Il est saturé par des missions qui ne sont pas les siennes, se substituant aux carences d'autres structures (manque de solutions à domicile, en SSR, en EHPAD). "L’hôpital est en permanence saturé de patients pour lesquels il n’est pas le lieu pertinent faute de soins et domicile ou de solutions sociales adapté."
      • Les déficits hospitaliers sont quasi généralisés car le financement n'est pas à la hauteur des exigences.
      • Propositions de Réorganisation Hospitalière
      • Moins d'hôpital, mais mieux d'hôpital : Il ne s'agit pas de fermer des hôpitaux mais de "repenser l'offre de soins".
      • Développement de l'ambulatoire et de l'HAD : Poursuivre le développement de l'hospitalisation à domicile et des activités ambulatoires.
      • Réorientation des capacités : Adapter la répartition des lits au profit de la médecine polyvalente et de la gériatrie. "La solution n’est donc pas d’ouvrir à tout-va des lits de médecine aiguë mais de repenser son environnement pour améliorer l’accès aux soins hospitaliers."
      • Gradation des soins : Arrêter de croire que "l'on pourra tout faire partout". La gradation des soins est une "garantie de qualité" et non une "punition territoriale".
      • Gestion des lits : Impératif d'ordonnancer les parcours patients au sein des établissements et de manière solidaire entre acteurs du territoire.
      • Accès aux Soins Non Programmés et Urgences
      • Le recours systématique aux urgences est une "absurdité" : 30 à 40% des passages pourraient être évités.
      • Les urgences sont un "symptôme mais pas la solution".
      • Tous les médecins (hospitaliers et libéraux) doivent participer à l'organisation des soins non programmés, y compris en journée.
      • Attractivité des Métiers de la Santé et Formation
      • Le modèle hospitalier n'attire plus en raison de la contrainte et du manque de reconnaissance. "Mes propres enfants m’ont dit 'On ne restera pas à l’hôpital car on ne veut pas la vie que tu as eu.'"
      • Nécessité de redonner du sens, de la reconnaissance et de la confiance aux professionnels.
      • La formation doit être repensée :
      • Former "autrement", ancré dans les territoires et selon les besoins réels (généralistes, gériatres, psychiatres, pédiatres).
      • Développer la polyvalence et la polypathologie dans les formations.
      • Intégrer des modules de management, de relations humaines et de travail en équipe dès les études médicales.
      • Explorer des cursus communs et pluriprofessionnels.
      • Développer de "nouveaux métiers" et les "IPA" (Infirmiers en Pratique Avancée) sont sous-exploités.
      • Gouvernance et Coopération Territoriale
      • La gouvernance du système est "illisible" avec trop d'intervenants et de strates.
      • Les Agences Régionales de Santé (ARS) doivent être des régulateurs et des accompagnateurs des transformations, non des contrôleurs permanents.
      • Nécessité de fusionner les agences d'État redondantes et d'unifier la stratégie entre le ministère et l'assurance maladie.
      • Le "territoire" est le bon niveau pour organiser les parcours de soins. Un projet territorial de santé obligatoire, articulé avec les dispositifs existants (CPTS, contrats locaux de santé, GHT), est nécessaire.
      • Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) :Les GHT doivent évoluer vers une "deuxième génération", en abandonnant le modèle "monolithique" actuel.
      • Imaginer "plusieurs types de GHT" avec des gouvernances adaptées (personnalité morale, outils communs de décision).
      • Intégrer les élus locaux dans les prises de décision territoriales.
      • Développer de "vraies équipes spécialisées de territoire" capables de mutualiser les expertises.
      • Coopérations : Elles ne se décrètent pas, mais nécessitent un cadre incitatif et le dépassement des peurs (peur de la fermeture, tentations économiques). "Personne n’a intérêt à agir, personne n’est incité véritablement à agir."
      • Mettre fin à la dichotomie "ville-hôpital" et aux "silos étanches". La "véritable source d’efficience réside dans les coopérations étroites".
      • Financement et Efficience
      • Les politiques d'efficience focalisées uniquement sur la "performance financière" ont dégradé les finances hospitalières et désengagé les professionnels.
      • La Tarification à l'Activité (T2A) a été un progrès mais a des limites, notamment avec les baisses de tarifs ("travailler plus pour gagner moins") et la mauvaise rémunération de certaines spécialités (maternités, réanimation).
      • Il faut évoluer vers des dotations socles, des dotations populationnelles et des financements à la qualité et à la pertinence des soins. "Aujourd’hui on n’est pas incité à coopérer, on n’est pas incité à travailler avec le privé, on est incité à se concurrencer."
      • Le paiement à l'acte, dans certains secteurs, "tue l'hôpital public", notamment en encourageant la création de centres de soins non programmés privés par d'anciens urgentistes hospitaliers.
      • Maternités et Réorganisation
      • La question de la fermeture des maternités est complexe et délicate. Il ne s'agit pas d'un simple critère de nombre d'accouchements, mais de la réunion des "trois compétences" (pédiatres, anesthésistes, gynécologues-obstétriciens) et de la sécurité des équipes et des patientes.
      • Maintenir des maternités sans personnel qualifié suffisant est dangereux. "Quand on n’a pas les professionnels il est plus dangereux de fermer de laisser ouvert."
      • Nécessité de réorganiser en amont pour éviter les fermetures subies et de cartographier les besoins territoriaux.
      • Le "ratio" personnel/patient n'est pas la seule solution aux charges de travail ; il faut aussi considérer l'organisation, l'architecture, les équipements et le climat social.
      • Numérique en Santé
      • Le numérique est un "levier de la transformation hospitalière" mais est actuellement une "jungle et un désert".
      • Nécessité d'un "dossier patient unique interopérable intégré entre tous les acteurs" pour un meilleur partage d'informations, la qualité, la sécurité et la qualité de vie au travail des soignants.
      • La télémédecine et l'intelligence artificielle doivent être pensées comme des outils au service de l'accès aux soins, et non comme des gadgets.
      • Citations Clés
      • "La France consacre à la santé plus que beaucoup de pays européens mais sans de meilleurs résultats car c’est avant tout l’organisation qui est défaillante et dans un système désorganisé rajouter des moyens c’est verser de l’eau dans un seau percé." (Thierry God)
      • "L’hôpital est en permanence saturé de patients pour lesquels il n’est pas le lieu pertinent faute de soins et domicile ou de solutions sociales adapté." (Thierry God)
      • "Il faut moins d’hôpital mais pour mieux d’hôpital." (Thierry God)
      • "La gradation des soins n’est pas une punition territoriale c’est une garantie de qualité." (Thierry God)
      • "Cesson de parler de la crise des urgences les urgences sont un symptôme mais pas la solution." (Thierry God)
      • "Mes propres enfants m’ont dit 'On ne restera pas à l’hôpital car on ne veut pas la vie que tu as eu.'" (Thierry God)
      • "La véritable source d’efficience réside dans les coopérations étroites dans les par les acteurs par des complémentarités et par la gradation des soins moins de cloisonnement et plus de responsabilités partagées et d’incitations à agir ensemble moins de technocratie mais plus de confiance moins d’hôpital mais mieux d’hôpital." (Thierry God)
      • "Diriger un hôpital c’est trois défis que nous devons relever simultanément… Le premier défi c’est améliorer continuellement la prise en charge de nos patients… Le deuxième défi… la qualité de vie au travail… Le troisième défi… avoir des établissements de santé en bonne santé financière." (Francis Saintubert)
      • "Il y a des acteurs qui cumulent les avantages si vous me permettez de dire à la fois ils sont payés à l’acte et ils peuvent parfaitement choisir les secteurs les activités qu’ils veulent prendre en charge et en face vous avez des acteurs qui cumulent les contraintes ils ont des enveloppes et ils doivent tout traiter." (Francis Saintubert)
      • "Un hôpital ce n’est pas un centre commercial où chaque service chaque boutique gère son profit son son activité non l’hôpital tous les services sont interdépendants." (Francis Saintubert)
      • "Quand on n’a pas les professionnels il est plus dangereux de fermer de laisser ouvert." (Thierry God)
      • "Personne n’a intérêt à agir, personne n’est incité véritablement à agir." (Thierry God)
      • "Il faut juste donner la possibilité aux ARS d’arrêter je ne remets pas en cause tous les centres de soins non programmés à côté nous avons des centres de soins non programmés qui ont été montés avec la participation de la médecine de ville où évidemment en fonction du temps qu’il passe il y a un contrat il y a un paiement qui est lié à non pas aux actes mais à ce qu’il rendent le temps qu’il passe." (Francis Saintubert)
      • En somme, les intervenants appellent à un "choc d'organisation et un choc de confiance" pour refonder un système de santé qui privilégie la pertinence, la coopération territoriale et la reconnaissance des professionnels, plutôt que de se contenter de "colmater" les brèches ou de poursuivre une logique purement comptable.
    1. Note de synthèse : Les différences cognitives entre les sexes

      Source : Extraits de la conférence "Les différences cognitives entre les sexes : lesquelles ? pourquoi ? comment ?" animée par Franck Ramus.

      Cette conférence aborde la question complexe des différences cognitives entre les sexes, en s'appuyant sur des données scientifiques pour démystifier les idées reçues et explorer les diverses causes possibles (biologiques, environnementales, sociales).

      Thèmes principaux et idées clés :

      1. Existence de différences cognitives moyennes et leur nature :

      • Il existe des différences cognitives moyennes entre les sexes en langage, mathématiques, mémoire et attention.
      • Ces différences sont souvent commentées, exagérées ou niées, mais la science cherche à comprendre leur origine et leur ampleur.
      • Citation : "oui il existe des différences cognitives moyennes entre les sexes en langage en mathématiques en mémoire en attention mais ces différences sont-elles biologiques ?

      quel rôle a joué notre évolution dans cette différenciation ? sont-elles construites par l'éducation ? sont-elles universelles ou liées à une époque et une culture et un environnement ?

      et surtout que peut-on vraiment prouver aujourd'hui quand on interroge la réalité de ces écarts ?"

      2. Le cas des performances en mathématiques chez les filles et les garçons :

      • Les rapports officiels (ADEP, inspection générale) montrent que les filles sont minoritaires dans les options scientifiques au lycée et dans les filières scientifiques de l'enseignement supérieur, une situation stable depuis 20 ans après une progression.

      • Des évaluations nationales récentes ont révélé que les garçons sont en moyenne plus performants en mathématiques dès le milieu du CP.

      • Cet écart est spécifique aux mathématiques, car globalement, les filles ont de meilleurs résultats scolaires dans d'autres matières (français, langues, etc.).

      • Ce phénomène n'est pas franco-français et s'observe dans la plupart des pays de l'OCDE (évaluations PISA), à quelques exceptions près comme la Finlande où il n'y a pas de différence ou elle est inversée.

      • Citation : "dès le dès le milieu du CP il se passe quelque chose au cours du CP qui fait que tout d'un coup les filles commencent à perdre du terrain sur les garçons dans l'apprentissage des mathématiques et c'est assez spécifique aux mathématiques parce que finalement c'est dans un contexte où globalement les filles ont des meilleurs résultats scolaires que les garçons".

      3. Analyse des causes potentielles des différences : un modèle multifactoriel :

      • Le rapport de l'inspection générale écarte l'origine biologique des différences en mathématiques, privilégiant les causes psychologiques et sociologiques, notamment la menace du stéréotype.

      Franck Ramus propose un modèle causal hypothétique incluant :

      • Facteurs internes à l'individu : préférences, motivations, capacités cognitives.
      • Facteurs environnementaux : influences familiales et sociales (socialisation de genre, stéréotypes, modèles).
      • Facteurs biologiques précoces : génome (chromosomes sexuels), hormones sexuelles (testostérone).
      • Facteurs contextuels : peuvent biaiser la mesure des performances (ex: menace du stéréotype, compétitivité).

      4. Analyse critique des facteurs sociaux :

      • Menace du stéréotype :Des expériences (ex: tâche de Rey-Osterrieth présentée comme test de dessin vs. géométrie) montrent que le fales it de mentionner les mathématiques peut faire baisser la performance des filles.
      • Cependant, les méta-analyses et études à grande échelle récentes remettent en question sa réplicabilité et suggèrent que son effet est très faible (taille d'effet proche de 0,07 après correction des biais de publication).
      • Son rôle dans les situations d'évaluation réelles n'est pas clairement établi.
      • Socialisation de genre (activités genrées et organisation genrée de la famille) :Une étude sur la cohorte ELF (4000 enfants suivis de la naissance au CP) n'a trouvé aucun effet des "activités genrées" (choix de jeux, etc.) sur les performances en mathématiques.
      • En revanche, l'organisation genrée de la famille (répartition stéréotypique des tâches parentales) a un petit effet sur les performances en mathématiques des filles au CP (explique environ 7% de la différence garçons-filles).

      Les filles issues de familles plus stéréotypiques ont de moins bons scores.

      • Influence des enseignants :Les caractéristiques des enseignants (sexe, formation) peuvent moduler les performances des filles. Un écart plus important est observé chez les filles ayant un instituteur à formation scientifique.
      • Des études montrent que plus les enseignants ont des stéréotypes de genre (explicites ou implicites), plus les scores des filles en maths diminuent, sans effet sur les garçons.
      • Contexte de l'évaluation (compétitivité, pression temporelle) :Les filles ont tendance à moins bien performer dans les contextes d'évaluation compétitifs ou chronométrés.
      • Les garçons préfèrent davantage les tâches compétitives que les filles.
      • Cependant, ce n'est pas spécifique aux mathématiques et ne semble pas entièrement expliquer les écarts observés dans les évaluations nationales.

      5. La perspective évolutionnaire et les différences à travers les espèces :

      • Il existe de nombreuses différences entre les sexes observables dans toutes les espèces, souvent liées à la reproduction.
      • La reproduction sexuée anisogame (gamètes de tailles différentes) entraîne des stratégies reproductives différentes :
      • Investissement parental : plus important pour les femelles (grossesse, allaitement).
      • Potentiel reproductif : plus élevé chez les mâles (un homme peut potentiellement avoir beaucoup plus de descendants qu'une femme).
      • Compétition intrasexuelle : plus forte chez les mâles, menant à la sélection de traits (taille, force, agressivité).
      • Dimorphisme sexuel : différences de forme/taille (ex: mâles plus grands pour la lutte).
      • Ces prédictions de la théorie de l'évolution sont vérifiées chez l'humain (critères de choix du partenaire, agressivité, violence).
      • Citation : "Toutes ces prédictions de la théorie de l'évolution elles sont vérifiées non seulement dans plein d'espèces mais aussi chez l'être humain et chez la plupart des mammifères donc de ce point de vue on n'a pas l'air exceptionnel du tout".
      • L'hypothèse d'une origine 100% socioconstructiviste des différences humaines est jugée "peu plausible" car elle impliquerait une annulation de l'héritage évolutif et une émergence "par hasard" de différences qui correspondent exactement aux prédictions évolutionnaires.

      6. Lien entre la cognition, l'évolution et les mathématiques :

      • Les mathématiques ne sont pas une capacité cognitive primaire sélectionnée, mais un objet culturel complexe.

      • Capacités visuo-spatiales (rotation mentale 3D) : Les hommes sont en moyenne meilleurs.

      Des études chez les bébés (3-16 mois) et des "expériences de la nature" (filles avec hyperplasie congénitale des surrénales) suggèrent une origine biologique précoce, potentiellement liée à la testostérone prénatale/postnatale.

      • Citation : "c'est un indice possible que pour une capacité cognitive bien spécifique il pourrait y avoir un avantage au garçon qui soit observé dès la naissance et que peut-être il est là parce que il a été sélectionné".

      • Cependant, le lien entre ces capacités spécifiques et la performance globale en mathématiques est complexe et non linéaire, car les mathématiques sollicitent de nombreuses fonctions cognitives (mémoire, raisonnement, etc.) où les avantages sont répartis entre les sexes.

      • Les tests de compétences mathématiques précoces chez les bébés (dès 6 mois) ne montrent pas de différences entre garçons et filles.

      7. Différences de préférences et de variabilité :

      • Préférences :Les hommes ont un intérêt plus fort pour les objets et les systèmes matériels ("systématisation").
      • Les femmes ont un intérêt plus fort pour les personnes et les relations sociales ("empathisation").
      • Ces préférences sont observées dès le plus jeune âge (choix de jouets) avec des tailles d'effet très importantes.
      • Des indices suggèrent un rôle des facteurs biologiques précoces (filles avec hyperplasie, nouveau-nés).
      • Ces préférences peuvent entraîner un engagement différent dans les activités et, à terme, des différences de compétences.
      • Variabilité :Les garçons/hommes présentent une plus grande variabilité dans leurs scores en mathématiques et dans la plupart des traits cognitifs et cérébraux.
      • Citation : "toutes les barres qui sont au-dessus de la ligne zéro ici et ben elles disent que les garçons ont des scores de math plus variables que les filles".
      • Cette plus grande variabilité masculine est expliquée par la plus grande variabilité reproductive des mâles (potentiel de descendants extrêmes), ce qui favorise la sélection de phénotypes extrêmes (très bons ou très mauvais).

      • Conséquence : Même avec une moyenne égale, une plus grande variabilité masculine signifie qu'il y aura plus d'hommes aux extrêmes (à la fois les meilleurs et les moins bons), ce qui impacte les filières sélectives (ingénierie, sciences).

      Conclusion générale :

      • Les différences entre les sexes sont variées en ampleur et en niveaux de preuve.
      • Les différences liées à la reproduction et au comportement social sont importantes et bien étayées par des preuves biologiques précoces.
      • Les différences dans des capacités cognitives spécifiques sont plus petites et leurs preuves d'origine biologique précoce sont plus faibles (ex: rotation mentale 3D).
      • Il n'y a pas de différence significative d'intelligence générale entre les sexes.

      Concernant les différences en mathématiques :

      • Les différences cognitives innées spécifiques aux mathématiques ne sont pas clairement prouvées.
      • Les différences de préférence semblent être un facteur explicatif plus robuste, car elles sont précoces et peuvent influencer l'engagement et le développement des compétences.
      • La socialisation de genre (notamment l'organisation genrée de la famille et les stéréotypes des enseignants) a un effet causal prouvé, bien que modeste.
      • La menace du stéréotype a un effet très faible et sa réalité est débattue.
      • La plus grande variabilité masculine peut expliquer la surreprésentation des garçons aux extrêmes (donc dans les filières d'excellence) même si la moyenne est similaire.

      En somme, l'explication des différences en mathématiques est multifactorielle, impliquant des interactions complexes entre facteurs biologiques, environnementaux et sociaux, sans qu'aucune cause unique ne puisse tout expliquer.

      La focalisation sur les mathématiques est justifiée par leur lien avec les carrières rémunératrices, mais une attention similaire devrait être portée aux difficultés des garçons en français/langage.

    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:24:29][^2^][2]:

      La vidéo présente une discussion approfondie sur la santé mentale au travail avec Samah Karaki. Elle aborde l'importance de traiter la santé mentale au travail de la même manière que dans d'autres domaines de la vie, en soulignant que le cerveau ne fait pas de distinction entre les différents environnements.

      Points forts: + [00:00:15][^3^][3] Santé mentale au travail * L'importance de prendre soin de sa santé mentale * Pas de différence entre le travail et la famille pour le cerveau * L'influence de toutes les expériences vécues sur la santé mentale + [00:01:17][^4^][4] Le rôle des 'happiness officers' * Questionnement sur leur efficacité * Les besoins humains fondamentaux doivent être satisfaits * La nécessité de créer un environnement de travail sain + [00:05:01][^5^][5] La séparation entre travail et vie personnelle * Discussion sur une série télévisée dystopique * Impossibilité de séparer complètement les deux domaines * L'impact de la charge mentale des deux environnements + [00:06:02][^6^][6] Les micro-traumatismes quotidiens * Comparaison avec le stress chronique chez les animaux * L'importance de la prévention avant le soin * Alignement des environnements avec les besoins humains + [00:07:12][^7^][7] Les besoins humains fondamentaux * Discussion sur l'évolution des besoins humains * L'importance de l'autonomie, la reconnaissance et la certitude * La nécessité d'un environnement de travail qui ne menace pas ces besoins + [00:11:00][^8^][8] La productivité et le bonheur au travail * La productivité comme objectif implicite ou explicite * La stabilité émotionnelle améliore la performance * La différence entre motivations intrinsèques et extrinsèques Résumé de la vidéo [00:24:33][^1^][1] - [00:47:23][^2^][2]:

      La vidéo aborde l'importance de trouver du sens dans son travail, indépendamment du poste ou de la mission. Elle souligne la nécessité d'une transparence sur les objectifs et l'utilité de chaque rôle au sein d'une entreprise. La discussion porte également sur la gestion de l'incertitude et l'importance de la reconnaissance et du respect des compétences individuelles pour prévenir le burn-out et le bore-out.

      Points forts: + [00:24:33][^3^][3] Trouver du sens au travail * Importance de la connexion avec la mission de l'entreprise * Nécessité de comprendre l'utilité de son travail * Exemple de la NASA pour illustrer le sens au travail + [00:35:05][^4^][4] Le bore-out et l'épuisement professionnel * Risque d'épuisement lorsque les compétences ne sont pas sollicitées * Concept de "flow" et équilibre entre compétences et défis * Impact du bore-out sur la santé mentale et le suicide professionnel + [00:43:46][^5^][5] Gérer l'incertitude et promouvoir la diversité * Approches pour faire face à l'incertitude dans le monde professionnel * Importance de la transparence et de la tolérance à l'erreur * Valeur des profils atypiques et de la diversité des perspectives Résumé de la vidéo 00:47:25 - 00:54:35: La vidéo traite de l'importance de la diversité des perspectives et de l'écoute équitable dans le milieu professionnel pour aborder la complexité croissante du monde. Elle souligne la nécessité d'inclure des profils atypiques et de valoriser chaque voix, indépendamment du genre ou de l'apparence physique, pour apprendre les uns des autres et mieux gérer l'incertitude.

      Points forts: + [00:47:25][^1^][1] Diversité des perspectives * La diversité est cruciale pour comprendre le monde complexe * Les profils atypiques apportent des vues uniques * Chaque trajectoire singulière a de la valeur + [00:48:37][^2^][2] Écoute équitable * Il est important que tous les profils se sentent légitimes à s'exprimer * L'écoute doit être sincère et non discriminatoire * L'apparence physique ne devrait pas influencer l'attention accordée + [00:50:22][^3^][3] Importance du collectif * Face à l'incertitude, la collaboration est essentielle * La discrimination positive est nécessaire mais insuffisante sans écoute active * Chaque personne a quelque chose à enseigner aux autres + [00:52:17][^4^][4] Conseils pour les leaders * Reconnaître que personne n'a toutes les réponses * Valoriser l'intelligence collective et l'expertise diverse * Encourager la formulation des bonnes questions par tous

    1. Briefing : Réussir son projet numérique associatif

      Ce document synthétise les points clés du webinaire "[Webinaire] De l'idée à la réalisation : comment réussir votre projet numérique associatif ?", animé par Gautier Jeanzac de Pastec et une représentante de Solidatech.

      Il vise à fournir une méthodologie claire et des conseils pratiques pour les associations souhaitant entreprendre un projet numérique.

      I. Solidatech : Un partenaire pour la transformation numérique des associations

      Solidatech est présenté comme un programme de solidarité numérique créé en 2008, porté par les Ateliers du Bocage (mouvement Emmaüs). Son objectif est de "renforcer l'impact des associations par le numérique" et "renforcer votre impact à travers une meilleure utilisation du numérique".

      1. Bénéficiaires et Éligibilité :

      • Principalement les associations loi 1901, mais aussi les fondations RUP, fonds de dotation, et bibliothèques publiques.
      • L'inscription est gratuite et ouverte "quel que soit votre secteur d'activité, que aussi vous vous soyez bah voilà vous fonctionnez entièrement avec que des bénévoles ou au contraire des des centaines de salariés".
      • Plus de 42 000 associations sont déjà inscrites.

      2. Modes d'action pour accompagner les associations :

      • Faciliter l'accès au numérique :Logiciels à tarifs réduits (Microsoft, Adobe, Zoom, ainsi que des solutions françaises comme Assoctoc, Spirit, Net Explorer, Insia).
      • Matériel informatique reconditionné (par les Ateliers du Bocage) et neuf (grâce à des partenaires comme Cisco et Dell).
      • Accompagnement au développement des usages du numérique :Centre de ressources et outil d'autodiagnostic.
      • Formations (Solidatech est un organisme de formation certifié Qualiopi), webinaires thématiques mensuels.
      • Newsletters.

      Prestations de conseil sur mesure.

      Coproduction et diffusion de savoirs :Réalisation d'une étude nationale sur la place du numérique dans le projet associatif tous les 3 ans (5e édition lancée mi-avril 2025, dernière en 2022).

      II. Pastec : Expertise en conseil et développement informatique pour les projets à impact

      • Gautier Jeanzac représente Pastec, une société coopérative qui est une "agence de conseil et développement en informatique" spécialisée dans l'accompagnement de "projets à impact social et ou environnemental", travaillant "beaucoup avec des associations".

      1. Expertises Métiers de Pastec :

      • Conseil et gestion de projet / Direction technique partagée : Aide à la conception (architecture, planning) et au pilotage du développement produit.
      • Développement de produits numériques : Basé sur un cahier des charges, en "code traditionnel" ou "no code".
      • Numérique responsable : Conception de services "éco-conçus", "accessibles" et "respectueux du RGPD" (Règlement Général sur la Protection des Données).

      2. Rôle du Chef de Produit (Gautier Jeanzac) :

      Point de convergence entre la vision du client, les attentes des utilisateurs et les possibilités techniques. Aide à piloter la vie du produit en intégrant ces différentes perspectives.

      III. La formalisation du besoin : Clé de voûte du projet numérique

      La transformation numérique est définie comme "l'idée d'intégrer des technologies numériques dans l'ensemble des activités de l'association".

      1. Freins et Opportunités de la transformation numérique :

      • Freins majeurs dans les associations : "le coût, le temps et les compétences".
      • Opportunités : "améliorer l'efficacité opérationnelle, moderniser des services pour les bénéficiaires, renforcer l'impact des associations".
      • Exemple : Numérisation de processus administratifs chronophages (ex: suivi des bénévoles via fichiers Excel) pour gagner du temps et "passer ce temps-là du coup on peut le passer sur ces métiers".

      2. Du besoin métier au produit numérique :

      • Identifier un besoin métier : Souvent issu d'un "point de douleur" (ex: "processus d'adhésion très complexe", "beaucoup de saisies manuelles").
      • Question clé : "où est-ce qu'on dépense trop d'énergie et de temps ?"
      • Rédiger un cahier des charges : Document "de synthèse en fait de tous ces besoins", permettant de "prendre du recul avant de vous lancer dans la dans le développement".
      • C'est "le document qui vous permet d'expliquer et d'expliciter le ou les objectifs à atteindre de votre service ou de votre outil numérique".
      • Sert de référence pour le développement, que ce soit avec un prestataire ou en interne.

      3. Structure recommandée d'un cahier des charges (6 parties) :

      • Contexte : Qui est l'association, son histoire, ses objectifs, l'origine du besoin numérique (passé, présent, futur du projet).
      • Lexique : Définir les termes et acronymes propres à l'association pour une compréhension externe.
      • Technique : Préciser les éléments techniques existants (langage, hébergement, développeur précédent, contraintes spécifiques, migration des données, contrat de maintenance, RGPD).
      • Règles d'utilisation (User Stories) : Décrire les interactions des utilisateurs avec le service sous forme de "petites histoires". Ex: "En tant que bénévole de l'association, je souhaite pouvoir me connecter à un espace membre qui m'indique depuis combien de temps je suis bénévole". Inclure le résumé, les détails et les critères d'acceptation.
      • UX (User Experience) et UI (User Interface) :UX : "la capacité à concevoir ce qu'on un parcours utilisateur" (comment l'utilisateur interagit avec le logiciel et ses différentes étapes).
      • UI : "l'interface utilisateur" (ce que l'utilisateur va voir, l'aspect visuel, les maquettes, les wireframes - schémas d'écran).
      • Annexes : Tout document complémentaire pertinent.

      4. Exemple de CRM pour une association d'entrepreneuriat :

      Le cahier des charges a permis de suivre les interactions avec les parties prenantes. Le besoin de CRM est venu d'un "audit qui a fait remonter le besoin". Illustration concrète des user stories et des contraintes techniques (intégration dans un SI global, respect RGPD).

      IV. La construction du produit : Intégrer les utilisateurs et itérer

      La phase de construction insiste sur l'importance d' "intégrer en fait les équipes les bénévoles vos utilisateurs et vos utilisatrices dans la réflexion de ce à quoi va ressembler votre produit".

      1. Mener des actions terrain (Interviews Utilisateurs) :

      • Objectif : Comprendre les points de douleur et les besoins des utilisateurs (ce qu'ils veulent, ce qu'ils pensent de l'existant, comment améliorer).
      • Cinq grandes étapes :Préparation efficace : Définir les informations à recueillir et le "fil rouge" de l'entretien.
      • Début d'entretien : Poser le cadre, mais surtout insister sur le fait qu'il n'y a "pas de bonnes réponses" pour encourager l'honnêteté.
      • Pendant l'entretien : Parler "20%" et écouter "80% du temps". Privilégier les "questions ouvertes".
      • Après l'entretien : Traduire les besoins en fonctionnalités.
      • Priorisation : Développer en priorité ce qui "coûte le moins de temps et qui apporte le plus pour mes utilisateurs" (les "victoires rapides").

      2. Méthodologie Agile et "Petits Pas" :

      • Mettre l'utilisateur au cœur de la réflexion.
      • Commencer par un "plus petit lot possible de fonctionnalité à développer" (un "skateboard" avant la "voiture").
      • Processus itératif : Proposer de nouvelles fonctionnalités, les utilisateurs les utilisent, remontent de nouveaux besoins, et le cycle recommence.
      • Exemple : Formulaire d'adhésion simple (nom, email) puis ajout progressif de champs (adresse, région) basés sur les retours des équipes.
      • Avantages de l'approche itérative : Développer uniquement les fonctionnalités demandées, éviter le budget inutile, créer des outils adaptés aux besoins.
      • Observation d'usage : Observer physiquement les utilisateurs pour comprendre leurs interactions et ajuster le produit.

      V. Le développement : Code traditionnel vs No Code Deux grandes familles de développement sont présentées :

      1. Code traditionnel :

      Avantages : Peu ou pas de limites, possibilité de "tout faire" pour répondre à des besoins très précis. Inconvénients : Plus long et donc plus cher (coût basé sur le temps de développement), "complicité technique" qui rend la compréhension difficile pour les non-initiés (nécessite un bon partenaire pour "vulgariser les points techniques").

      2. No Code :

      • Définition : Outils pour créer des applications ou sites sans coder, comme des "Legos" (assemblage de blocs).
      • Avantages : "Rapidement mettre une solution en place", itérer vite, coût "un petit peu moins cher".
      • Inconvénients : "Moins personnalisable", nécessite une grande vigilance sur "l'écoconception, l'accessibilité et parfois du RGPD", outils propriétaires (la solution ne vous appartient pas).

      3. Exemples d'outils No Code :

      • CRM : Monday, Airtable (attention au RGPD car hébergement aux USA, lié au Patriot Act), Grist (alternative RGPD, hébergeable où l'on veut).
      • Formulaires : Type Form, Tally (version hébergée en Europe, plus RGPD).
      • Sites vitrines : Wix, Webflow, Bubble (Canva peut être une alternative si l'association est à l'aise avec l'outil, car il existe des versions premium gratuites pour les associations).
      • Applications web : Bubble, XAR.
      • Automatisation : Make, Zapper.
      • Wireframes : wireframe.cc (gratuit, simple), Canva, Paint, PowerPoint. Pour des maquettes plus complexes : Figma, suite Adobe (Adobe Express est gratuit en version premium pour les associations).

      VI. Travailler avec une agence et derniers conseils

      Le développement d'outils numériques, qu'il soit en code ou no code, "demande du temps et des compétences techniques".

      Si une association n'a pas le temps et préfère passer par une agence, plusieurs conseils sont donnés :

      • Équipe interne dédiée au pilotage : Avec "un pouvoir décisionnel" pour faciliter les évolutions.
      • Approche collaborative et construite : Intégrer toutes les parties prenantes, surtout les utilisateurs finaux.
      • Ne pas hésiter à demander et exiger la vulgarisation : S'assurer de comprendre ce qui se passe techniquement pour pouvoir reprendre la main si besoin.
      • Adopter la stratégie des petits pas : Éviter de développer des fonctionnalités inutiles et optimiser le budget.
      • Être adaptable : Trouver le juste milieu entre la vision initiale et les retours des utilisateurs.
      • Garder du temps pour se former : Comprendre les aspects techniques du produit.

      Concernant l'utilisation de l'IA pour le développement :

      Réponse nuancée : "J'en sais rien". * Vigilance : Dépend des outils et modèles utilisés. * Prudence : Ne pas déployer des choses non maîtrisées pour éviter les erreurs ou des problèmes ingérables.

      • Ce briefing offre une feuille de route complète, de l'identification du besoin à la concrétisation du projet, en soulignant l'importance de l'écoute des utilisateurs et d'une approche itérative et adaptable.
    1. Note d'information : L'engouement des jeunes pour les soins de la peau (Skincare) et ses implications

      • Ce document de synthèse examine la tendance croissante des jeunes, en particulier la "génération Alpha" (née après 2010), à adopter des routines de soins de la peau complexes, souvent inspirées par les médias sociaux.

      Il met en lumière les motivations de cette tendance, les risques potentiels pour la santé et les mesures prises ou recommandées par les professionnels de la santé et l'industrie.

      Thèmes Principaux :

      • L'adoption précoce des routines de soins par les enfants et préadolescents : Une tendance omniprésente, alimentée par les réseaux sociaux et l'influence des pairs.

      • Les risques pour la santé dermatologique et hormonale : L'utilisation de produits non adaptés aux peaux jeunes peut entraîner irritations, allergies, et des effets synergiques potentiellement dangereux à long terme.

      • L'impact de l'industrie cosmétique et des influenceurs : Les marques ciblent spécifiquement ce nouveau public, créant des produits attrayants mais parfois inappropriés.

      • La réaction des professionnels et les tentatives de régulation : Dermatologues, cosmétologues, et pharmaciens expriment leur inquiétude et appellent à une meilleure information et à des restrictions.

      Synthèse Détaillée :

      1. L'engouement généralisé pour le "Skincare" chez les jeunes

      • Une routine complexe dès le plus jeune âge : Charlotte, 12 ans, décrit une routine typique de "skincare" incluant nettoyage, lotion, masques et crèmes hydratantes. Elle affirme que "90% [des filles de sa classe] en font [du skincare], il y en a même qui en font beaucoup plus que moi qui mettent énormément de produits".

      • Influence des pairs et des réseaux sociaux : Charlotte a découvert cette tendance par ses amis et "en regardant internet aussi il y avait plein de gens qui commençaient à parler de ça". TikTok est devenu "un réseau où l'on expose sa skinc routine sa collection de crème et de lotion". La génération Alpha "copie leurs aîné influenceuses leur style leur vocabulaire".

      • Perception du "skincare" comme un jeu : À 10-12 ans, "prendre soin de sa peau c'est devenu un jeu qu'on expose".

      • Obsession pour la prévention du vieillissement : Des enfants "vantaient de la crème anti-ride persuadé que plus on commence tôt moins on aura de ride". Une fillette de 7 ans s'inquiétait de son "stock d'acide hyaluronique" qui disparaissait.

      • Stratégies d'acquisition : Pour gérer le "sacré budget" des produits, les jeunes utilisent des "techniques avec mes amis" pour obtenir des échantillons gratuits dans des grands magasins comme Globus et Manor, se faisant connaître comme "très connu" par les vendeuses.

      2. Les dangers et préoccupations des professionnels

      • Produits inadaptés aux peaux jeunes : La dermatologue pédiatre constate que "ce qu'elles utilisent ne sont pas des produits adaptés à leur peau qu'en plus d'habitude elles n'ont pas besoin de crème ni de quoi que ce soit à cet âge là".

      • Risques d'irritations et d'allergies : Des amies de Charlotte ont déjà eu "plein de boutons ou des rougeurs" suite à l'utilisation de produits. La dermatologue s'inquiète de savoir "est-ce qu'il va y avoir des irritations est-ce qu'il va y avoir des allergies est-ce que ça peut être plus grave".

      • Effet "cocktail" et perturbations hormonales : L'utilisation de multiples produits crée un "effet de cocktail" ou "synergique" où "chacun va influencer l'autre", ce qui "semble qu'à long terme ce soit plus dangereux qu'on l'avait penser au départ". Il y a une inquiétude quant à la "perturber [des] hormones à long terme".

      • Ingrédients problématiques pour les enfants :Rétinol : "Le rétinol par exemple peut irriter les peaux d'enfant". Un masque testé contenait du rétinol et un dérivé se transformant en "acide rétinoïque qui est interdit dans le domaine cosmétique".

      • Pellings à pH très acide : Peuvent provoquer "des picotements", "des rougeurs", et même "des brûlures".

      • Perturbateurs endocriniens : Certains masques en contiennent, comme le produit Skin Republic.

      • Extraits éclaircissants : Utilisés pour l'éclaircissement, alors que les jeunes n'ont pas de problèmes de tâches cutanées ("on va pas aller essayer d'éclaircir des tâches qui n'existent pas").

      • Molécules toxiques ou à effet "Botox végétal" : Le spilantol (extrait d'acmella) est "vraiment à éviter chez l'enfant" en raison de son "profil toxicologique qui n'est pas forcément très rassurant".

      • Ingrédients œstrogéniques ou corticomimétiques : Un masque "le pire" contenait de l'origan à caractère œstrogénique et des extraits à effet corticomimétique.

      • Allergènes interdits : Un masque liquide contenait un allergène parfumé ("hydroxy isoexyl 3 cycloexène carboxaldéide") désormais "interdit par la réglementation européenne et donc en Suisse aussi".

      • Masques peel-off : Contiennent des "matières plastiques" pour obtenir l'effet pelable, en plus de générer "beaucoup de déchets" avec les emballages à usage unique.

      3. Le rôle de l'industrie cosmétique

      • Ciblage des jeunes : L'industrie cosmétique voit cette génération comme "le nouveau public cible". De "nouvelles marques qui ressemblent à des bonbons naissent chaque mois".

      • Marketing trompeur : Les jeunes sont "finalement victimes des publicités puisque l'industrie cherche à agrandir son cercle de clientèle donc il faut toujours consommer plus".

      • Manque d'information : Les très jeunes filles connaissent "un rayon sur les crèmes leurs effets leurs indications mais qui n'ont pas conscience que certains contenus ne sont pas adaptés".

      • Absence de mention d'âge recommandé : "Légalement les fabricants n'en ont pas l'obligation", mais ils "réalisent maintenant que leurs produits ne sont pas toujours utilisés par le public qui était visé".

      4. Réactions et recommandations

      • Restrictions en Suède : La principale chaîne de pharmacies en Suède a décidé de "ne plus vendre certains produits au moins de 15 ans des antirides notamment", suite à l'augmentation des demandes de "produits skinc avancés" par des enfants de 8 à 10 ans. La réaction du public a été "très très nombreuses... toutes positives".

      • Appel à la prudence en Suisse : L'association des cosmétiques et détergents en Suisse a publié un communiqué précisant que "les produits cosmétiques anti-âge n'ont pas vocation à être utilisés sur des pots d'enfants" et que "les parents doivent veiller à ce que des produits cosmétiques adaptés au besoins de la peau des enfants et des adolescents soient utilisés".

      • Sensibilisation des vendeuses : Des tests réalisés par Inès et Lia (10 et 11 ans) ont montré que les vendeuses dans des enseignes comme Douglas, Kiko et Marionnaud sont désormais sensibilisées, déconseillant l'achat de produits inadaptés en raison de l'âge ("trop forte et que ça pouvait nous brûler la peau") et les mettant en garde contre "ce qu'on avait vu sur Youtube".

      • Vente libre problématique : Cependant, ces mêmes produits peuvent être achetés en "se servant directement sur l'étalage sans passer par le conseil d'une vendeuse", ce qui n'est "rien d'illégal".

      • Nécessité de ralentir la création de marques : La professeur de cosmétologie estime qu'il faut "arrêter... qu'il y ait moins de marque mais de meilleure qualité".

      • Recommandation d'éviter le "layering" : La superposition de cosmétiques ("layering") est "aberrant" même pour l'adulte car cela crée un "effet occlusif" et "accumulation qui n'est pas bon pour la peau", et "encore moins pour l'enfant".

      • Interdiction des ingrédients dangereux : Une analyse en laboratoire a révélé que 10 des 15 masques testés contenaient des "ingrédients problématiques pour des peaux jeunes" et ne devraient "pas être utilisé par des enfants ou des adolescentes", avec un cas de produit "illégal" car contenant un allergène interdit par la réglementation européenne.

      En conclusion, l'engouement des jeunes pour le "skincare" est une tendance préoccupante en raison des risques potentiels pour leur santé dermatologique et hormonale, liés à l'utilisation de produits inadaptés et à des pratiques excessives.

      L'industrie est invitée à davantage de responsabilité, et les parents sont appelés à une vigilance accrue, tandis que des mesures restrictives, comme celles prises en Suède, pourraient être envisagées plus largement.

    1. Note de synthèse : L'emprise sectaire - Conférence CRIAVS (Jean-Baptiste Bron)

      Cette synthèse est basée sur l'intervention de Jean-Baptiste Bron, avocat spécialisé en emprise sectaire, lors de la conférence CRIAVS.

      Son propos, bien que contraint par un temps limité, offre une analyse pertinente de la nature de l'emprise sectaire, la comparant à un État totalitaire et détaillant les mécanismes de manipulation employés.

      I. Définition et nature de l'emprise sectaire : Un État totalitaire

      Jean-Baptiste Bron introduit la notion d'emprise sectaire en la comparant directement au concept orwellien de la "redéfinition de la réalité" à l'image du célèbre "2 + 2 = 5" tiré de George Orwell.

      Pour lui, "la trahison quelque part de la réalité, la redéfinition de la réalité est l'élément le plus grave et le plus difficile pour s'en extraire que l'on impose aux adeptes de communauté sectaires."

      Il précise que l'emprise sectaire, au-delà de la "neutralisation du désir d'autrui, l'abolition de toute altérité, de toute différence, de toute singularité pour ramener l'autre à la fonction et au statut d'objet entièrement assimilable", se distingue par son exercice sur les plans social et politique.

      Chaque communauté sectaire est perçue comme un "état totalitaire" où l'emprise vise à "supprimer l'individu mais également de remplacer la société".

      Le gourou, figure centrale, incarne à lui seul les trois pouvoirs d'un État totalitaire : législatif, exécutif et judiciaire.

      A. Le pouvoir législatif du gourou

      • Création et enrichissement permanent de la doctrine/du dogme : Seul le gourou est habilité à créer les règles et prescriptions du groupe. Il est le "maître de la loi" dont la parole est incontestable.

      • Discours globalisants et mouvants : L'enseignement du gourou est souvent totalisant, redéfinissant par exemple la santé (ex: Thierry Casasnovas) ou la réalité de la maladie.

      Cette doctrine est également dynamique, s'enrichissant des désirs des adeptes pour les réimposer à toute la communauté.

      B. Le pouvoir exécutif du gourou

      • Redéfinition du réel et du langage : Le gourou modifie la signification des termes pour créer la confusion.

      Des concepts comme la maladie, l'agression sexuelle ou la relation sexuelle sont réinterprétés ("travail tantrique", "voyage cosmique", "échange d'énergie").

      • Effacement de l'identité et induction de faux souvenirs : Une nouvelle identité est imposée aux adeptes, effaçant la leur.

      Des techniques comme les faux souvenirs induits ou la redéfinition des liens de parentalité (le gourou comme père/mère de tous les enfants) sont utilisées pour déstructurer l'individu.

      C. Le pouvoir judiciaire du gourou

      • Monopole de la sanction : Le gourou détient le droit exclusif de sanctionner, même en déléguant ce pouvoir à des membres du groupe dans un but précis (ex: imposition de relations aberrantes).

      • Déstabilisation permanente et menaces immatérielles : Le gourou "souffle le chaud et le froid" sur les adeptes, les jugeant, les punissant et organisant une surveillance constante.

      Des "châtiments physiques ou immatériels" (menaces de maladie, de mort, de sanctions sur la famille) planent constamment, agissant comme "une épée de Damoclès".

      II. Le rôle du groupe sectaire

      La communauté elle-même joue un rôle crucial dans l'emprise :

      Accueil et insertion : Le groupe facilite l'intégration des nouveaux membres. Renforcement de l'autorité : Il consolide le pouvoir du gourou.

      Désubjectivisation et indistinction : Le groupe participe à la "disparition de l'individu" par l'indifférenciation et l'identification fusionnelle, conduisant à une "indistinction entre soi et l'autre".

      III. Techniques de manipulation et stratégies d'altération du jugement

      Jean-Baptiste Bron décrit une séquence récurrente de techniques utilisées pour abolir le jugement et l'individualité des adeptes :

      • Love Bombing (Bombardement d'amour) : L'objectif est d'"apater le futur adepte", de l'entourer de flatteries et de lui faire miroiter une "réalité beaucoup plus attrayante, une utopie idyllique" pour le détourner de sa réalité souffrante.

      • Isolement progressif : Sous prétexte de "purification et d'évolution spirituelle", l'adepte est coupé de son "environnement habituel (familial, social, professionnel) et avec la société", et finalement, de "sa propre moralité, ses propres convictions".

      • Affaiblissement systématique : Pour empêcher toute révolte ou rétractation, l'adepte est affaibli physiquement et mentalement, soit par insuffisance (régimes alimentaires stricts, privation de sommeil, postures prolongées), soit par excès (travail excessif, logorrhée du gourou).

      • La doctrine/L'enseignement : Le dogme du gourou devient le "ciment de l'emprise", construisant son mythe et devenant un "prête à croire ou un prête à penser".

      • Déstructuration du réel : Des outils sont utilisés pour "couper l'adepte de ses anciens repères et de ses anciennes valeurs", en imposant la "grille interprétative de lecture" du gourou et en "altérant la perception du monde de l'adepte".

      • Culpabilisation du doute : Toute remise en question de la parole du gourou est interdite et perçue comme un "signe de faiblesse", visant à "annihiler le libre arbitre de l'adepte".

      • Mise en place de rappels : Des "rituels, bilans journaliers, annonces de dangers imminents, menaces de châtiment ou de damnation" sont constamment utilisés pour maintenir l'emprise et la peur.

      • En conclusion, l'intervention de Jean-Baptiste Bron met en lumière la complexité de l'emprise sectaire, qu'il analyse comme une forme de totalitarisme miniature, où la déconstruction de la réalité individuelle et collective est la pierre angulaire du contrôle exercé par le gourou.

    1. Note de synthèse : Les expulsé.e.s, figures de la lutte contre les politiques migratoires ? par Clara Lecadet

      Cette note de synthèse s'appuie sur la conférence de Clara Lecadet, anthropologue et chargée de recherche au CNRS, présentant son livre "Les expulsés, sujets politiques".

      Elle explore la problématique des expulsions d'étrangers, leur évolution historique et géographique, et met en lumière l'émergence de mouvements d'auto-organisation des personnes expulsées dans leurs pays d'origine.

      Thèmes principaux et idées clés :

      • L'Expulsion : Une Question Ancienne et Actuelle, Nationale et Internationale :

      • Actualité et permanence : La question des expulsions est à la fois "très actuelle et très ancienne". Elle se manifeste dans les débats législatifs contemporains (ex: loi immigration en France) et dans les décisions gouvernementales (ex: expulsion de migrants afghans par le Pakistan).

      • Euphemisme du "retour" : Le terme "retour" est un euphémisme qui "sert d'euphémisme à la violence et à la brutalité des expulsions d'étrangers".
      • Prérogative étatique et évolution : Historiquement, les expulsions sont des prérogatives étatiques liées au contrôle du territoire. Cependant, elles ont évolué vers une dimension communautaire, notamment avec la directive "retour" de l'Union Européenne (2008), permettant des "vols conjoints" d'expulsion entre plusieurs pays européens.
      • Système international de police des étrangers : L'expulsion est devenue un "système international qui suppose la collaboration entre les États et certaines organisations internationales" comme l'OIM ou le HCR, qui promeuvent le "retour" comme garant de l'équilibre du système d'asile. William Walters parle de "police internationale des étrangers" pour qualifier ce système.
      • Angle Mort de la Recherche sur les Expulsions : Une Approche État-Centrée :
      • Domination de la perspective étatique : La majorité des travaux historiques et sociologiques sur les expulsions se sont concentrés sur "l'expulsion du point de vue des politiques instituées, de la construction historique des États", négligeant "le point de vue des personnes soumises à ces mesures".
      • Déséquilibre géographique : Il existe un "extrême rareté des travaux sur le devenir des étrangers une fois qu'ils ont été expulsés et sur l'impact de ces politiques sur les pays d'origine et de transit des migrants". Ce déséquilibre reflète les "fractures et les inégalités géopolitiques" du régime international de l'asile et des migrations, où le point de vue des "États entre guillemets forts" prévaut.
      • Nécessité d'une anthropologie du "removal" : Nathalie P. évoque la nécessité d'une "anthropologie capable de s'emparer de l'expulsion comme un continuum allant de la vie précaire des sans-papiers [...] au transport et à la phase du retour en passant par la phase de l'enfermement".
      • L'Émergence des Sujets Politiques Expulsés : Le Cas de l'Association Malienne des Expulsés (AME) :
      • Déclencheur de la recherche : La centralité de la figure de l'étranger dans le débat public français de 2007, contrastant avec leur "disparition réelle et symbolique" une fois expulsés, a motivé la recherche de Lecadet.
      • Découverte de l'AME : La découverte de l'Association Malienne des Expulsés (fondée en 1996 à Bamako) a révélé que "tout ne se finissait pas avec l'expulsion", et que les expulsions pouvaient être "le seuil d'initiatives nouvelles et de subjectivation politique tout à fait inédite".
      • Le geste fondateur de l'AME : L'accueil des expulsés à l'aéroport de Bamako par des membres de l'AME (dont Mahamadou Keita) symbolise "le geste même de l'organisation qui est au fondement de cette association", visant à "constituer une communauté de semblable" et à mettre en place une solidarité face à "l'indifférence et l'abandon total des pouvoirs publics de leur pays d'origine".
      • De l'expérience individuelle au politique : L'AME a œuvré à "sortir l'expulsion d'une expérience intime, individuelle, privée pour en faire une expérience collective" et ainsi "transformer la figure de l'expulsé en un sujet et en un acteur politique".
      • Double critique de l'État : L'AME a développé "une double critique de l'État" : celle des politiques migratoires des États qui expulsent et celle de "l'attentisme, voire de la complicité des gouvernements africains" dans la mise en œuvre de ces expulsions.
      • Champs d'intervention de l'AME :Social/Humanitaire : Accueil, hébergement, soins médicaux/psychologiques, recours juridiques (en cas de séparation familiale), formation et réinsertion professionnelle.
      • Médiatique : Diffusion de témoignages, interpellation des politiques, mise en lumière de questions comme la perte des biens, le gel des comptes bancaires, les salaires impayés. Organisation de forums publics pour permettre aux expulsés de prendre la parole.
      • Politique : Actions de protestation (ex: manifestations pour la libération de maliens emprisonnés après une expulsion), mobilisation contre les "accords de réadmission" qui font des expulsés une "monnaie d'échange" dans l'aide au développement.

      Diversité des Expériences d'Auto-Organisation :

      • Contexte politique national : La capacité des associations à se structurer et leurs modes d'action varient selon les "contextes politiques nationaux". L'AME a bénéficié de la fin de la dictature au Mali et de l'émergence du "mouvement des sans-voix" dans les années 1990.
      • Contraintes et adaptations : À l'inverse, l'Association Togolaise des Expulsés (créée en 2008) a rencontré des difficultés pour obtenir une reconnaissance légale en raison d'un "régime très autoritaire", l'obligeant à adopter des "revendications infiniment plus consensuelles".
      • Thèmes spécifiques : Au Sierra Leone, "The Network of Asylum Seekers in Sierra Leone" s'est concentrée sur la question du "stigma de la stigmatisation sociale", cherchant à sensibiliser la population sur les causes réelles des expulsions, souvent associées à tort à des délits individuels.
      • Positionnements antagonistes : Le principe d'auto-organisation peut mener à des "positionnements radicalement antagonistes". Si l'AME adopte une posture de "confrontation politique radicale", d'autres associations (notamment au Cameroun) peuvent "relayer finalement le message de dissuasion" de l'UE et de l'OIM sur les "dangers de la migration irrégulière".

      Conclusion : Dépasser les Biais de la Recherche et Politisation des Sujets :

      • Critique du champ de recherche : L'étude des expulsés vise à interroger les "biais du champ de la recherche sur l'émigration", qui s'est souvent construit sur "l'oubli de certaines subjectivités politiques".

      • Continuité de la politisation : Lecadet établit un parallèle entre la politisation des expulsés et la "micropolitique" des réfugiés au sein des camps, où ils développent également des formes d'auto-représentation pour "critiquer, contester le régime humanitaire".

      L'objectif est de montrer que les migrants ne sont pas des "objets passifs" des politiques migratoires, mais des "sujets de prise en main politique de leur situation".

    1. Document de Synthèse : "Genre et torts épistémiques" - Camille Zimmerman Introduction : Présentation de Camille Zimmerman et de ses recherches

      Camille Zimmerman est une doctorante dont les recherches se situent à l'intersection de la philosophie et des arts de la scène, co-dirigée par Amandine Catala (Université du Québec à Montréal - UQAM, Chaire de recherche du Canada sur l'injustice et l'agentivité épistémique) et Grégory Schiller (UGA, Laboratoire Litt&Arts, co-directeur du Performance Lab).

      Son travail vise à développer une "pédagogie des corps" pour mieux comprendre l'aspect incarné de l'agentivité épistémique, un concept initialement élaboré par Miranda Fricker en 2007 dans son ouvrage Epistemic Injustice: Power and the Ethics of Knowing.

      La question centrale qui l'anime est de savoir "en quoi et comment notre capacité à utiliser, générer et communiquer du savoir sollicite-t-elle notre corps, nos sensibilités, nos gestes, nos actions, et pas seulement, comme le défend la tradition dominante en philosophie, notre raison ?"

      Plus encore, elle s'interroge sur ce que cette incarnation de l'agentivité épistémique nous apprend sur "les mécanismes tacites de l'oppression, notamment de genre, c'est-à-dire sur leur fonctionnement comme sur les stratégies que nous pouvons développer pour résister à ces mécanismes."

      Son objectif est de donner aux corps un rôle émancipateur dans l'échange des savoirs, malgré ou grâce à leur vulnérabilité.

      Ses travaux s'inscrivent dans l'épistémologie sociale, reconnaissant que la connaissance n'est pas produite de manière isolée mais à travers des relations sociales où des "torts" peuvent se manifester.

      1. Biais Sexistes, Stéréotypes et Menaces du Stéréotype dans le Partage du Savoir

      Camille Zimmerman commence par clarifier les distinctions entre stéréotypes, préjugés et biais, soulignant leur impact sur la perception de soi et des autres dans le partage du savoir.

      Stéréotypes, Préjugés et Biais :

      • Un stéréotype est un raccourci cognitif qui simplifie le traitement de l'information quotidienne. Il peut être utile mais devient problématique lorsqu'il est "trop réducteur" et "négatif", menant à des préjugés.

      • Les préjugés sont des jugements ou des croyances négatives envers des groupes sociaux.

      • Les biais sont des associations néfastes qui accentuent les préjugés et affectent la perception des personnes.

      • Menace du Stéréotype : Introduit par Steele et Aronson (1995) pour comprendre l'échec scolaire des minorités ethniques, ce concept décrit comment, en tant que membre d'un groupe marginalisé, la conscience des stéréotypes négatifs à son égard génère un climat de stress ou d'anxiété.

      Cette anxiété peut paradoxalement "rejouer" et confirmer le stéréotype (ex: "les femmes sont trop émotionnelles", "pas bonnes en maths").

      La menace du stéréotype "impacte vraiment la manière dont on va nous-même agir dans la situation et rejouer et confirmer en fait les stéréotypes négatifs à notre égard."

      Application au Genre et à la Philosophie :

      • Une sous-représentation des femmes en philosophie (peu de philosophes femmes citées dans le canon, peu d'enseignantes) renforce la menace du stéréotype. Les étudiantes manquent de modèles et peuvent internaliser l'idée qu'elles "ne sont pas faites pour ça", ce qui accroît la peur de mal performer.

      • Les biais sexistes se manifestent par des réflexions associant les femmes à l'émotion (les rendant "pas crédibles"), par une attention portée à leur apparence plutôt qu'à leur propos, ou par une réduction de leur espace de parole, exacerbant le stress et la pression lors de l'expression.

      • Stratégies de Déconstruction : Pour contrer ces biais, il est proposé d'augmenter la représentation des femmes en philosophie (inviter des conférencières, afficher des portraits), et de diversifier le canon philosophique.

      L'intervenante cite des initiatives comme le groupe "Philo Situé" (anciennement "Philo-Sophia") et le Symposium de philosophie féministe au Québec, qui visent à créer des espaces de reconnaissance professionnelle pour les femmes en philosophie.

      2. Les Injustices Épistémiques : Cadre Théorique et Manifestations

      Les recherches de Camille Zimmerman s'appuient sur le concept d'injustice épistémique, issu de l'épistémologie sociale, qui étudie les "torts" commis dans les relations de partage du savoir.

      • Définition et Origines : L'injustice épistémique concerne les torts éthiques commis à l'égard de notre "agentivité épistémique", c'est-à-dire notre droit à développer notre capacité à utiliser, communiquer et transmettre du savoir.

      Ces torts minent la confiance en soi. Le concept a été formellement introduit par Miranda Fricker en 2007, mais ses racines se trouvent dans les théories du Black Feminism et du standpoint theory (années 60-70), soulignant d'emblée une dimension intersectionnelle des oppressions (genre, race, classe sociale).

      Les Deux Formes Majeures d'Injustice Épistémique (selon Fricker) :

      • L'Injustice Testimoniale : Concerne la crédibilité du témoignage. Lorsqu'une personne appartenant à un groupe social non dominant (basé sur le genre, la race, la classe, les capacités, l'orientation sexuelle, etc.) partage du savoir, on va "arbitrairement [lui] donner ou pas du crédit".

      Ce n'est pas lié à la véracité du propos, mais à l'identité de la personne.

      C'est une situation "systématique" et non accidentelle, qui "mine [la] confiance" de la personne.

      L'accent est mis sur le "contexte social" plutôt que sur un coupable individuel.

      • L'Injustice Herméneutique : Caractérisée par un "déficit d'intelligibilité" ou un "manque d'intelligibilité".

      Elle se produit lorsque les termes ou les concepts utilisés par une personne appartenant à un groupe non dominant ne sont pas compris ou reconnus par le groupe dominant, qui impose ses propres "ressources herméneutiques" (langage, concepts).

      Cela conduit à une "marginalisation" et une "exclusion" du partage du savoir.

      L'exemple emblématique est celui du harcèlement sexuel avant que le terme n'existe, où l'absence de mot pour nommer une expérience vécue empêche sa reconnaissance juridique et sociale (exemple de Suzanne Brer).

      L'exploitation herméneutique est "un vrai enjeu politique" car elle maintient les groupes marginalisés "en marge".

      3. La Conception Pluraliste de l'Agentivité Épistémique et la Place de l'Affect

      La critique de la définition traditionnelle (logocentrique et rationnelle) de l'agentivité épistémique est au cœur des recherches de Camille Zimmerman et de sa directrice, Amandine Catala.

      • Critique du Logocentrisme : La définition de Fricker, basée sur la rationalité, réduit l'intelligence et exclut ceux qui ne s'expriment pas verbalement ou rationnellement (ex: personnes en situation de handicap, neurodiverses).

      Cela pose problème car si une personne n'est pas considérée comme un agent épistémique, elle ne peut pas défendre le fait qu'elle subit des injustices épistémiques. * Les Cinq Caractéristiques de l'Agentivité Épistémique Pluraliste (selon Alexis Shotwell) : Cette nouvelle approche élargit la définition de la connaissance au-delà du "savoir propositionnel" (basé sur le langage et la vérifiabilité logique) pour inclure d'autres formes de savoir cruciales pour comprendre l'expérience humaine, notamment les expériences d'oppression.

      • Savoir Propositionnel : Formulation verbale, vérifiable (le "know that" en anglais).
      • Savoir-faire : Connaissance pratique acquise par l'expérience corporelle (ex: faire du vélo), irréductible à un manuel.
      • Savoir Incarné : Intégration des codes sociaux et adaptation corporelle aux normes (ex: posture, ton de voix, performance du genre). Non verbal, implicite, et pourtant crucial pour la crédibilité sociale.
      • Savoir Tacite : Ce qui n'a pas besoin d'être explicité par le langage (sens commun, stéréotypes), permettant les raccourcis dans l'interaction.
      • Savoir Affectif : La manière dont on vit, éprouve, ressent les choses. "Disent aussi quelque chose par rapport à mon identité." C'est une "forme de compréhension des choses, des sens."
      • L'Affect comme Ressource Épistémique : La conception pluraliste réhabilite l'affect, souvent dévalorisé et associé aux femmes, comme une source de connaissance.
      • Dans la Marginalisation Herméneutique : Le vécu corporel, émotionnel et sensible, même sans mots, "nous révèle une importance par rapport à ce qui se passe." Il peut catalyser la recherche de termes ou de reconnaissance (ex: Saraha Ahmed et la violence subie à vélo, dont le corps garde la mémoire).
      • Dans la Menace du Stéréotype : Le "climat de stress", l'anxiété et la fatigue ne sont pas neutres et affectent la performance épistémique. Reconnaître l'impact de l'environnement (ex: salles de conférence avec portraits d'hommes blancs) permet de comprendre comment l'affect mine l'agentivité.
      • L'Exploitation Épistémique (Nora Berenstein) : Ce concept, mis en lumière par des chercheur·es racisé·es, montre comment les groupes privilégiés, face aux explications des marginalisé·es sur leur oppression, "discréditent les ressources épistémiques qu'ils apportent et les force[nt] à produire un travail cognitif et émotionnel supplémentaire." La personne opprimée est contrainte de s'expliquer, malgré l'effort physique et émotionnel que cela représente, car son expérience n'est pas reconnue si elle n'est pas "adéquatement expliquée".

      L'ignorance active du privilégié est ainsi reproduite.

      Ce phénomène met clairement en évidence l'importance du corps et de l'affect dans les injustices épistémiques.

      4. Pédagogies de l'Inconfort et Vulnérabilité Épistémique

      Pour faire face à ces injustices et valoriser l'affect, Camille Zimmerman propose d'explorer les pédagogies de l'inconfort.

      • Bell Hooks et l'Intégrité en Éducation : Inspirée par Paulo Freire, Bell Hooks soutient que la salle de classe n'est pas un espace neutre politiquement.

      Les rapports de pouvoir et les identités sociales influencent l'expérience de l'enseignement et de l'apprentissage.

      Elle promeut l'enseignement avec "intégrité", en intégrant le corps et l'esprit, cherchant le "désir d'apprendre" des étudiant·es et la connexion avec leurs vécus.

      L'enseignant·e doit également considérer son "état émotionnel" et la place de l'affect dans son propre enseignement.

      • Megan Boler et le Sentiment d'Appartenance : Boler, spécialiste des pédagogies féministes, insiste sur l'importance de créer un "sentiment d'appartenance" en classe.

      Elle reconnaît que l'espace n'est pas intrinsèquement sécuritaire pour tou·tes et qu'il peut devenir insécuritaire. Il s'agit de travailler à partir du ressenti des étudiant·es pour améliorer l'espace et discuter ouvertement des rapports de pouvoir.

      Boler explore également comment les normes sociales (liées au genre, par exemple) influencent l'expression des émotions et peuvent desservir les individus dans certains contextes (ex: l'injonction à "combattre son idée" en philosophie).

      • La Vulnérabilité Épistémique (Erin Gilson) : Ce concept est proposé comme une "vertu" en opposition à l'ignorance active.

      Il s'agit d'accepter d'être vulnérable, de reconnaître que nos propres croyances ne sont pas les seules valides, et que l'écoute des croyances d'une personne issue d'une identité sociale différente peut "déconstruire ma propre croyance."

      Cette démarche, bien que "déstabilisante", est essentielle pour une "ouverture des esprits" et pour ne pas "résister à ne pas comprendre".

      Elle permet de reconnaître l'importance des affects dans la capacité à utiliser, partager et générer du savoir.

      Conclusion Générale

      La présentation de Camille Zimmerman propose une exploration approfondie des injustices épistémiques, en particulier celles liées au genre, en insistant sur le rôle central de l'incarnation et des affects.

      Le cheminement s'articule comme suit :

      • Identification des Problèmes : Les biais sexistes et la menace du stéréotype influencent négativement le partage du savoir.
      • Cadre Théorique : Les injustices épistémiques (testimoniale et herméneutique) décrivent les torts subis, souvent invisibles et liés à l'identité sociale.
      • Refonte Conceptuelle : La conception pluraliste de l'agentivité épistémique, intégrant le savoir incarné, tacite et affectif, déconstruit les limites du logocentrisme et valorise les affects comme sources de connaissance.
      • Stratégies Pédagogiques : Les pédagogies de l'inconfort (Bell Hooks, Megan Boler) et le développement de la vulnérabilité épistémique (Erin Gilson) sont des approches concrètes pour transformer les espaces d'apprentissage et de partage du savoir, en reconnaissant et en travaillant avec le vécu émotionnel et corporel.
      • L'objectif final est de créer des environnements où l'inconfort (lorsqu'il est géré constructivement) peut devenir "un indicateur dans ma propre éducation à accepter la croyance de l'autre ou à rentrer dans une collaboration plutôt que de maintenir ma propre croyance", ouvrant ainsi la voie à une compréhension plus riche et équitable du savoir.
    1. synthèse présente les idées principales et les faits marquants de la conférence de David Sander intitulée "Comprendre les émotions et leurs fonctions".

      Professeur de psychologie à l'Université de Genève et directeur du laboratoire "Émergence et expression de l'émotion" et du Centre Interfacultaire en sciences affectives, David Sander est un spécialiste des émotions et des mécanismes cognitifs qui leur sont liés.

      I. Définition et composantes des émotions

      David Sander souligne la difficulté de définir une émotion, citant Thomas Brown :

      "Chacun sait ce qu'est une émotion jusqu'à ce qu'on leur demande d'en donner une définition et à ce moment-là, il semble que plus personne ne sache."

      Il propose une définition contemporaine des émotions en s'appuyant sur l'histoire de la psychologie et des neurosciences.

      Perspective historique de l'étude des émotions :

      • Aristote : Les émotions sont "toutes ces choses à cause desquelles les gens changent et évoluent dans leur jugement" et sont "accompagnées de douleur et plaisir". L'idée de la valence (agréable/désagréable) est un élément central qui perdure.

      • Descartes : Dans son dernier ouvrage "Les Passions de l'âme" (1649), Descartes a une vision "assez positive des émotions", les considérant comme "utiles" et "fonctionnelles", si elles sont à la bonne intensité.

      • Charles Darwin : Avec son livre "L'expression des émotions chez l'homme et les animaux" (1872), Darwin a initié l'étude scientifique des émotions, mettant en lumière la "fonctionnalité des émotions" et leur "raison fonctionnelle évolutionnaire" (par exemple, les expressions faciales).

      • Behaviorisme : Au 20ème siècle, cette approche s'est intéressée aux comportements émotionnels et à l'acquisition des réactions émotionnelles.

      • Révolution Cognitive (années 1930-40) : L'accent est mis sur les "processus dans l'esprit qui peuvent être la cause des émotions" et qui se déroulent pendant une émotion, établissant un lien fondamental entre connaissances et réactions émotionnelles.

      • Sciences Affectives (années 1970-80) : Cette nouvelle discipline utilise les outils des sciences cognitives pour comprendre les phénomènes affectifs (émotions, humeurs, bien-être, stress). Elle intègre diverses disciplines comme la psychologie, les neurosciences, l'économie comportementale, l'histoire, la philosophie, la littérature, les arts et l'informatique (affective computing, IA émotionnelle).

      • L'Affectivisme : Proposé comme un courant où tout "modèle psychologique qui s'intéresse à une fonction cognitive... gagnera en valeur explicative à intégrer les émotions dans son modèle." Les émotions ne sont plus vues comme l'opposé de la cognition mais comme des éléments intégraux. "Les émotions ne sont pas du tout l'opposé de la cognition."

      • Neurosciences Affectives et la complexité cérébrale :

      • Il n'y a "pas un centre des émotions dans le cerveau" ni "un centre par catégorie d'émotion".

      • Un "très grand nombre de réseaux dans le cerveau sont importants pour différentes composantes des émotions", incluant des régions corticales comme le cortex préfrontal dorsolatéral (important pour la régulation) et l'amygdale.

      • Cette complexité suggère que les émotions partagent un "ensemble de mécanismes communs".

      La subjectivité des émotions et l'évaluation cognitive :

      • Les émotions ne sont pas des réflexes ; leur déclenchement passe par une "fenêtre temporelle qu'on appelle l'évaluation cognitive".

      • Cette évaluation explique "la subjectivité dans les émotions", pourquoi des individus réagissent différemment au même événement objectif (ex: un but au football).

      • La reconnaissance des émotions est souvent "en contexte" ; les expressions faciales seules ne suffisent pas.

      L'approche componentielle des émotions :

      • Déclenchement : Un événement est évalué en fonction des "motivations", "intérêts", "préoccupations" et "valeurs" de l'individu.

      Cinq composantes de la réponse émotionnelle :

      • Réaction corporelle physiologique : "un nœud dans l'estomac, de la sueur, la température de la peau qui peut changer, le cœur s'accélère, la respiration change".

      • Tendance à l'action : "s'approcher plus de ce qui est agréable et au contraire à éviter ce qui est désagréable." Les émotions sont "extrêmement liées à l'action".

      • Expression : Souvent associée à l'émotion, mais modulée par les stratégies de régulation et le contexte culturel.

      • Ressenti conscient : "je me sens heureux, je me sens triste, je me sens amoureux, je me sens en colère".

      • Objet de l'émotion : Une émotion est "toujours déclenchée par quelque chose" et "toujours focalisée sur un événement", contrairement aux humeurs. "L'émotion est toujours rattachée à un événement déclencheur."

      • Définition proposée : Une émotion est un "processus rapide qui va durer quelques secondes, peut-être quelques minutes... qui est toujours focalisé sur un événement... et puis qui est constitué de deux étapes : le premier étape c'est un mécanisme de déclenchement qui est basé sur la pertinence souvent motivationnel et puis qui va façonner une réponse qui est constituée des quatre composants de la réponse émotionnelle : la tendance à l'action, la réaction corporelle, l'expression, le ressenti."

      II. Fonctions cognitives des émotions

      Les émotions ne sont pas des phénomènes isolés, mais "vont beaucoup influencer un grand nombre de processus cognitifs", ce qui est central à la deuxième partie de la conférence.

      Modulation de l'attention :

      • L'attention est "automatiquement orientée vers ce qui est émotionnel".

      • Un "système particulier dans le cerveau, l'attention émotionnelle" (impliquant l'amygdale et d'autres régions) permet de s'orienter rapidement vers les stimuli importants. C'est une "première fonction très positive des émotions".

      • Modulation de la mémoire (mémoire émotionnelle) :

      • Les événements émotionnellement forts sont mieux mémorisés (ex: attentats du 11 septembre). L'amygdale interagit avec l'hippocampe pour faciliter cette mémorisation.
      • Ceci est vrai pour les épisodes négatifs comme positifs. L'émotion "d'intérêt" ou de "curiosité" peut faciliter la mémorisation de contenus.

      • Les émotions influencent les trois étapes de la mémoire épisodique :

      • Encodage : Traitement initial et mise en mémoire de l'information émotionnelle.

      • Consolidation : Maintien en mémoire de l'information (ex: pendant le sommeil), les informations émotionnelles ayant une caractéristique de "rester en mémoire".

      • Rappel : L'émotion ressentie au moment du rappel peut aider à retrouver le souvenir.

      • La curiosité épistémique : Des études utilisant le "paradigme trivia questions" montrent que plus le niveau de curiosité est élevé, plus la "réaction corporelle" est forte et meilleure est la "mémorisation de la réponse".

      • Application scolaire : L'étude PISA et les travaux de Pekrun montrent un lien clair entre l'état émotionnel de l'élève ("passionné par une matière") et ses "résultats scolaires".

      La joie et la fierté sont associées à de bonnes notes, tandis que d'autres émotions peuvent prédire de mauvaises notes.

      Rôle dans la prise de décision :

      • Les émotions peuvent être "très utiles pour nous guider dans nos décisions" ou non.

      • Émotions incidentes : "ne sont pas liées aux options directement", elles sont externes à la décision (ex: colère après une dispute).

      Elles peuvent biaiser la décision (ex: la colère favorise une prise de risque plus élevée en matière financière). Ces émotions sont "à négliger et presque toujours à réguler".

      • Émotions intégrales (intégrées) : "déclenchées par la valeur que vous attribuez aux différentes options" (ex: émotions liées aux valeurs politiques ou esthétiques). Elles sont "à considérer" car elles sont pertinentes pour la décision.

      • Émotions anticipées : Émotions imaginées concernant les conséquences d'une décision, qui influencent le choix (ex: ne pas choisir un film d'horreur si l'on ne veut pas avoir peur).

      • Fonctions sociales des émotions et prise de décision sous incertitude : L'expérience de la "falaise visuelle" (Visual Cliff experiment) de Joe Campos démontre comment les bébés d'un an utilisent le "référencement social" (social referencing) pour prendre des décisions.

      Ils interprètent les expressions émotionnelles des adultes (joie, peur) pour évaluer le danger d'une situation, montrant "à quel point est-ce que finalement les émotions des autres peuvent être des guides dans nos décisions."

      En conclusion, David Sander insiste sur l'importance de comprendre les émotions non pas comme de simples ressentis, mais comme des processus complexes et multifactoriels, indissociables de la cognition et du comportement, qui jouent un rôle crucial dans notre attention, notre mémoire et notre prise de décision.

    1. Note de synthèse : Rythmes et Temporalités du Numérique Territorial (Philippe Vidal)

      • Cette conférence de Philippe Vidal, professeur en géographie et aménagement à l'Université du Havre Normandie, explore les dynamiques complexes du numérique au sein des territoires, en se focalisant sur les concepts de rythme et de temporalité.

      Il propose une grille d'analyse articulée autour de trois idées clés : la concomitance, l'instantanéité et la temporisation, pour comprendre l'interaction entre le numérique mondialisé et le numérique territorial.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • Le Numérique : Infrastructures, Contenus et Usages – Une Approche Ternaire Faussement Séquentielle
      • Définition du numérique : Vidal décrit le numérique comme un ensemble d'infrastructures de télécommunication (connectivité, déploiement), de contenus et services dématérialisés (données, innovation) et d'usages/usagers (appropriation, validation de l'innovation).
      • Cycle Ternaire : Loin d'être séquentielle (infrastructure, puis contenus, puis usages), cette progression est "un rythme ternaire à faussement séquentiel fait de concomitance, d'hybridité et de glocal". L'usager, en particulier, est essentiel pour valider l'innovation et justifier le déploiement des infrastructures.
      • Cycles du numérique : L'auteur identifie plusieurs cycles :
      • Cycle infrastructurel : ADSL, fibre, 2G à 5G (environ 10 ans par génération).
      • Cycle de calcul : Algorithmes simples au machine learning, deep learning et IA (ex: application pour délibérations municipales).
      • Cycle de service/contenu : Web 1.0 (digitalisation de l'information), Web 2.0 (contenus interactifs, réseaux sociaux, mobile), Web 3.0 (plateformisation).
      • Cycle d'usage : Sensibilisation, acculturation, généralisation, expertise, vers le transhumanisme.
      • Concomitance : Le Numérique Mondialisé contre le Numérique Territorial
      • Hypothèse centrale : Le numérique mondialisé impose son rythme au numérique territorial, bien que ce dernier cherche à "rattraper et reprendre la main".
      • Numérique mondialisé : Représente une "modernité dominante", top-down, érigée en normes (ubérisation), considérant le monde comme un territoire sans frontières (call centers, Amazon, cloud).

      Il confère un "temps d'avance" grâce à sa vitesse d'innovation et son efficacité. "C'est quand même les États-Unis qui ont lancé cette histoire du numérique et de l'Internet notamment... les USA sont devenus des acteurs dominants du numérique mondialisé." * Numérique territorial : Perçu comme une "modernité émergente", bottom-up, moins marchandisé, axé sur les communs territoriaux et la souveraineté locale (France Tiers-Lieux, Data Lab). C'est une "proposition à l'adresse du territoire en provenance des acteurs territoriaux". * L'Entre-Deux Glocal : Existence d'un espace intermédiaire où le territoire est vu comme un "stock de ressources à exploiter" (ex: Blablacar, géocaching). * L'échec du Minitel : La France, malgré son avance avec le Minitel (première expérience télématique domestique généralisée, sans avance ni retard territorial), n'a pas su valoriser cette expérience à l'international face à l'Internet américain. * Rhétorique du retard/avance : Les politiques publiques post-Minitel ont été rythmées par cette rhétorique de la "performance numérique des territoires", se manifestant par : * La fracture numérique (Nord-Sud mondial, puis urbain/rural en France). * La Smart City (course à l'intelligence urbaine, classement des territoires). * La plateformisation (nécessité de développer des plateformes numériques). * Instantanéité : Le Risque du Délaissement Territorial face au Solutionnisme Numérique * L'efficacité à court terme : Les plateformes numériques offrent une "redoutable efficacité" face à des problèmes territoriaux, comme la désertification médicale ou les services pendant la COVID-19.

      "Cette efficacité à court terme des plateformes fait de mon point de vue courir le risque du délaissement territorial au motif que comme c'est efficace on a plus besoin d'investir le territoire." * Le solutionnisme numérique : Il y a un risque que les territoires se "satisfont" de cette efficacité, entraînant un désinvestissement public à long terme, notamment des services publics dans les territoires "peu rentables". * Évolution de la position des élus :1995 (Précurseurs) : Intérêt pour la citoyenneté numérique, web public territorial, internet citoyen. L'acteur public gardait le contrôle. * 2005 (Fracturés) : Prise de conscience de la fracture numérique, efforts pour réduire les inégalités d'accès (RIP). Les élus investissent dans l'infrastructure, mais délaissent l'innovation sociale. * 2010 (En déprise) : Perte de maîtrise des élus face aux applications géolocalisées privées et mondiales (ex: Airbnb, e-commerce impactant les petits commerces). "Pour la première fois l'élus perdait la maîtrise de ce qui se passait vraiment sur son propre territoire." * 2015 (En reconquête) : Mouvement FrenchTech, Smart City. Référentiel offensif, lié au "récit métropolitain". * 2020 (Responsables) : Intérêt pour la sobriété numérique, l'inclusion habitante, la souveraineté numérique locale. Recherche d'un "équilibre territorial" et maturité accrue des élus. * L'exemple de la téléconsultation : Face à la désertification médicale, la téléconsultation (particulièrement via bornes/cabines en pharmacie) est une solution palliative très efficace à court terme. Vidal s'interroge :

      "Est-ce qu'on va pas s'installer tranquillement dans cette espèce de confort numérique de plateforme parce que c'est de plus en plus efficace et cetera ? Est-ce que ça pose pas des problèmes sur le vivre ensemble, sur le bien-être territorial, sur le lien social et cetera ?" * Temporisation : Le Rôle de Régulation de l'Acteur Public * Un rôle de régulateur : Le rôle de l'acteur public aujourd'hui est "de réguler les spatialités numériques, les dynamiques territoriales à l'heure du numérique, les nouveaux rythmes urbains." * Conséquences du monde connecté :Régularité et progression incontestable de l'usage. * Le numérique comme "opérateur de lien social socio-territorial". * Génération d'incertitudes mais aussi capacité à les gérer. * Controverses territoriales et questions de justice spatiale (fractures générationnelles, littératie numérique). * Le numérique met à l'épreuve la capacité d'innovation des territoires et la nécessité de réguler les externalités négatives. * Un "défaut d'anticipation" : L'acteur public a un "temps de retard" face à l'accélération du changement induite par le numérique (ex: l'IA). La régulation est une "temporisation" face à l'urgence des problèmes, mais qui ne comble pas toujours ce retard. * Interprétation légitime : Le numérique est au cœur d'un "conflit quant à l'interprétation de ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas". * L'épreuve de force et l'épreuve de grandeur : Face aux "épreuves de force" imposées par les externalités numériques, il est nécessaire d'organiser des "épreuves de grandeur" via les valeurs pour retrouver des "termes d'accord stables" (ex: régulation des trottinettes électriques).

      En conclusion, Philippe Vidal souligne la puissance du numérique mondialisé qui dicte le rythme, mais met en lumière les efforts du numérique territorial pour s'adapter et reprendre la main.

      Il alerte sur les risques du solutionnisme numérique à court terme qui pourrait mener à un délaissement des territoires et questionne le rôle des acteurs publics qui, après avoir été précurseurs, fracturés puis en déprise, cherchent aujourd'hui à reconquérir et réguler un monde numérique en constante accélération.

    1. Damien DELILLE – Théories Queer à l'Épreuve des Pratiques Artistiques et Vestimentaires

      Ce briefing document synthétise les thèmes principaux et les faits importants abordés par Damien Delille dans sa présentation sur les théories queer à l'épreuve des pratiques artistiques et vestimentaires.

      La conférence met en lumière une approche transdisciplinaire de l'histoire de l'art, de la culture visuelle, de la littérature, de la sociologie et de l'histoire du vêtement, avec un accent particulier sur la figure de l'androgyne et l'émergence des concepts liés à la sexualité et au genre.

      I. L'Androgynie comme Obsession Artistique et Sociale (Fin XIXe - Début XXe Siècle)

      Damien Delille débute sa présentation par une exploration de l'androgynie, thème central de ses recherches doctorales et de son livre "Genre, androgyne, art, culture visuelle et trouble de la masculinité (XVIIIe-XXe)".

      Il souligne que l'androgynie est devenue une véritable "obsession" dans les milieux symbolistes et idéalistes de la fin du XIXe siècle.

      • Une démarche transdisciplinaire : Contrairement à une approche traditionnelle d'historien de l'art, Delille ne part pas uniquement des images, mais intègre la "production littéraire, philosophique, sociologique" et même "médicale et scientifique" pour resituer la figure de l'androgyne dans un vaste champ social et politique. Cette démarche est justifiée par une citation de Schwar et Prideski : "la juxtaposition d'un texte littéraire avec un texte médical ou une image visuelle [permet] de clarifier les marges de ces textes et images, éclairant ainsi les particularités de chaque forme et révélant par la même occasion des attributions partagées à travers une culture donnée."
      • Généalogie de l'androgynie : La figure de l'androgyne est retracée depuis le mythe platonicien et ovidien (l'hermaphrodisme), en passant par sa reprise à la Renaissance, jusqu'à sa réinterprétation par les savants de la fin du XIXe siècle. Cette relecture des figures homoérotiques de la Renaissance a contribué à l'élaboration d'une "culture homosexuelle underground qui est en train de se constituer."
      • Androgynie et Symbolisme : Le mouvement idéaliste de la fin du XIXe siècle, en opposition au naturalisme et au réalisme, "va énormément rechercher des formes justement de dépassement en quelque sorte des représentations classiques, de dépassement aussi des identifications entre des figures masculines et féminines." Ce dépassement est intrinsèquement lié à l'idéal androgyne, qui se poursuit au début du XXe siècle avec les premières formes d'abstraction.
      • La menace sociale de l'androgynie : Les pratiques artistiques et littéraires explorant l'androgynie sont rapidement perçues comme une "forme de menace pour la société." Dans un contexte de promotion de la natalité et de méfiance envers les artistes et intellectuels "hors normes", l'androgynie est associée à l'efféminement et, de manière quasi homophobe, aux premières théories sur les "perversions sexuelles" et l'homosexualité naissante. Il y a "une sorte de convergence ou du moins d'amalgame entre efféminement considéré comme efféminement de la figure masculine, projet symboliste et puis donc première théorie des perversions sexuelles." Cette association est alimentée par la peur de la "dégénérescence morale [et] physique de l'homme."

      II. Le Rôle de la Caricature de Presse et l'Émergence d'une Culture Queer Populaire

      La présentation insiste sur l'importance de la caricature de presse comme reflet et acteur des perceptions sociales de l'androgynie et de l'homosexualité.

      • Péladan et la caricature homophobe : Joséphin Péladan, figure centrale du symbolisme et organisateur des Salons de la Rose-Croix, est un exemple frappant. Obsédé par l'androgyne, il publie le roman "L'Androgyne" en 1891. Sa personnalité et ses idées extravagantes sont la cible privilégiée des caricaturistes. Delille montre une caricature où Péladan est représenté "en tutu, en danseuse", une "féminisation très clairement en fait du corps et de l'apparence de Péladan." Cette féminisation est une manière de discréditer ses idées et de les lier à une "sexualité perverse" et un "désordre érotique."
      • Amalgame entre art et "perversion" : La caricature fait l'amalgame entre l'idéal androgyne et les "théories de perversion sexuelle" développées par des sexologues comme Richard von Krafft-Ebing. Des critiques comme Émile Zola et Octave Mirbeau fustigent les salons symbolistes, associant l'idéal androgyne à une forme de "détraqué homosexuel."
      • Le "troisième sexe" et l'identification de l'homosexualité : Des caricatures, comme celle de Jean-Louis Forain (1888) sur "Le Troisième Sexe", renvoient directement aux théories psychologiques de l'homosexualité de Karl Heinrich Ulrichs (1868-1869), qui invente le terme d'homosexuel. Ces images sont les "toutes premières images finalement d'homosexuels identifiables par la caricature de presse," souvent dans des contextes stéréotypés (parcs, figures efféminées) et associés à la "sodomie passive."
      • L'artiste androgyne/homosexuel : Après le procès d'Oscar Wilde (1895), l'homosexualité devient de plus en plus médiatisée. Une caricature du début du XXe siècle associe l'artiste directement à l'androgyne et au sphinx, avec des glissements "d'animalisation" et des rappels à des figures féminines progressistes, créant un lien fort entre l'androgyne "homosexuel" et l'artiste "féministe."

      III. Le Vêtement, le Collectionnisme et l'Esthétique du Placard

      La deuxième partie de la présentation explore la mode vestimentaire et le collectionnisme comme lieux d'expression et de négociation de l'identité et de la sexualité.

      • Le japonisme comme évasion : Le japonisme, apparu en France en 1874, offre une voie de "dépassement des identités normées." S'habiller en kimono est "précisément dépasser une apparence vestimentaire masculine ou féminine." Le Japon représente un "ailleurs" qui permet aux individus de "vivre mieux, différemment leur sexualité."
      • Robert de Montesquiou et l'esthétique du placard : Robert de Montesquiou, dandy et figure homosexuelle majeure de la fin du XIXe siècle, est présenté comme l'anti-Oscar Wilde, ne "jamais véritablement assum[ant] publiquement son homosexualité." Delille s'appuie sur des photographies inédites de son intérieur privé pour explorer ce qu'il nomme "l'esthétique du placard" (en référence à "Epistemology of the Closet" d'Eve Kosofsky Sedgwick). Cet espace intime, avec ses objets et ses vêtements, devient un lieu de "négociation avec soi-même et avec les autres" concernant sa sexualité.
      • Objets comme porteurs d'émotion : Les objets collectionnés par Montesquiou, notamment japonais, et les photographies d'hommes (comme un gymnaste de cirque, le comte de La Rochefoucauld) dissimulés dans ses albums, sont autant de "signes cachés, signes cryptés de l'homosexualité" que Delille décrypte.
      • Féminisation et Japon : Montesquiou associe le Japon à une "forme de grâce féminine" qu'il intègre dans sa gestuelle et son apparence, comme en témoigne son portrait par Antonio de la Gandara, où il porte un manteau ambigu et met en scène la "délicatesse" de ses mains, signe de sa "féminisation de son allure masculine."
      • Charles Appleton Longfellow et l'incarnation du Japon : Ce collectionneur américain, qui a beaucoup voyagé au Japon à la fin du XIXe siècle, incarne une appropriation encore plus profonde. Il rapporte de nombreux kimonos, les porte, et fait même tatouer une carpe sur son dos, motif retrouvé sur un kimono féminin. Longfellow, qui ne s'est jamais marié ni n'a eu de relations avec des femmes, est une figure "Outcast", un "marginal" dont le "recours au vêtement et surtout par ces sortes de parures corporelles témoigne véritablement d'enjeux complexes du rapport de l'Occident au Japon." Son histoire illustre une "véritable imprégnation, incarnation" des motifs et des codes japonais, allant jusqu'à la modification corporelle.

      IV. L'Historiographie Queer et les Persistances Historiques

      En conclusion, Damien Delille esquisse ses recherches futures sur l'historiographie queer en histoire de l'art, cherchant à identifier les origines et le développement du concept.

      • Aux sources des théories queer : Il se tourne vers les années 1950-1960 et l'émergence du "queer theater" à New York, avec des figures comme le cinéaste Jack Smith. Smith est considéré comme une "figure tutélaire des théories queer" des années 1990-2000, notamment par José Esteban Muñoz, pour sa remise en cause des "normes de genre, mais aussi les normes liées à la race, lié justement à la classe."
      • Jack Smith et l'Orient fantasmatique : Jack Smith, cinéaste, photographe, costumier et acteur, crée des "performances de réinvention de soi" avec des références "très complexes, très éclectiques" à un "Orient fantasmique." Ses photographies, ses costumes, et la présence d'acteurs et actrices transgenres (identifiés comme tels à l'époque) dans ses films, montrent une continuité de ces préoccupations sur le genre et l'apparence.
      • Continuité historique : Delille conclut en soulignant l'existence de "survivances", "d'effets d'écho", et de "parallèles" entre les époques, permettant de tracer un "continuum d'histoire qui se prolonge du XIXe au XXe et peut-être XXIe siècle" dans l'exploration des théories queer et de leurs manifestations artistiques et vestimentaires.
    1. Briefing sur la Cohérence Cardiaque : Gestion du Stress et Au-delà

      Ce document de briefing vise à synthétiser les concepts clés, les mécanismes physiologiques, les bénéfices et les applications pratiques de la cohérence cardiaque, tels que présentés par Caroline Sévoz-Couche, neuropharmacologue et chercheuse à l'Inserm, spécialiste du nerf vague.

      1. Qu'est-ce que la Cohérence Cardiaque ?

      La cohérence cardiaque est une technique de respiration contrôlée qui vise à harmoniser les variations de la fréquence cardiaque avec la fréquence respiratoire.

      Bien que popularisée en Occident plus récemment, ses principes sont connus et pratiqués depuis des millénaires dans les civilisations orientales, notamment à travers le Pranayama du yoga.

      • Définition et Historique : C'est une technique simple et rapide, souvent associée à une origine américaine récente. Cependant, la régulation de la fréquence respiratoire est connue depuis des milliers d'années dans les civilisations orientales.

      "L'expire produit la stabilité du mental", une phrase écrite il y a près de 2000 ans, souligne l'importance de l'expiration contrôlée.

      En Occident, elle est apparue au 18ème siècle et a été popularisée en France par le Dr. David Servan-Schreiber.

      • Non une Simple Relaxation : Il est crucial de comprendre que la cohérence cardiaque n'est pas une simple relaxation menant à l'endormissement. Au contraire, elle prépare l'esprit aux actes d'attention, augmentant la concentration et la rapidité de prise de décision.

      "Ce n'est pas une relaxation où on s'endort... c'est-à-dire qu'en fait quand on va faire la cohérence cardiaque on va être beaucoup plus sensible à tout ce qui va se passer autour à l'environnement on va être beaucoup plus concentré on va avoir des prises de décisions beaucoup plus rapide".

      Elle peut être pratiquée avant une compétition sportive ou une tâche nécessitant une grande vigilance.

      2. Le Mécanisme Physiologique Clé : La Variabilité Cardiaque et la Fréquence de Résonance

      Le cœur ne bat pas à une fréquence parfaitement régulière ; il présente une variabilité constante, essentielle pour s'adapter aux stimuli internes et externes.

      La cohérence cardiaque vise à optimiser cette variabilité.

      • Variabilité Cardiaque (VFC) : Un cœur en bonne santé présente des oscillations rapides de sa fréquence. Une faible variabilité est souvent associée à une pathologie. Lors d'une respiration spontanée (environ 15 cycles/minute), ces oscillations sont de faible amplitude.

      • Optimisation à 6 cycles/minute : La pratique de la cohérence cardiaque à 6 respirations par minute (soit un cycle respiratoire de 10 secondes) maximise l'amplitude des oscillations cardiaques.

      Cette fréquence est la plus efficace car elle entre en résonance avec les oscillations automatiques naturelles du corps, qui sont également de 6 par minute.

      "Ces amplitudes sont maximales avec une fréquence respiratoire spécifique de 6 par minute".

      • Analogie de la Balançoire : Le principe est similaire à celui d'une balançoire : si l'on pousse la balançoire à sa fréquence naturelle, l'amplitude de son mouvement augmente considérablement. De même, en synchronisant la respiration avec les fréquences oscillatoires naturelles du corps, on amplifie la variabilité cardiaque.

      • Cohérence des Oscillations, pas des Fréquences : Il est important de noter que ce ne sont pas les fréquences cardiaques (ex: 60-80 battements/minute) et respiratoires (6 cycles/minute) qui sont mises en cohérence, mais le nombre d'oscillations cardiaques par minute induites par la respiration et celles produites automatiquement par le corps, qui se synchronisent à 6 par minute.

      3. Aspects Techniques de la Respiration en Cohérence Cardiaque

      Pour maximiser les bénéfices, certaines pratiques respiratoires sont recommandées :

      • Ratio Inspiration/Expiration : Le ratio idéal est de 5 secondes d'inspiration et 5 secondes d'expiration pour un cycle de 10 secondes (6 cycles/minute).
      • Un léger allongement de l'expiration (ex: 4 sec inspiration / 6 sec expiration) est acceptable et conserve une bonne amplitude.
      • Un allongement excessif de l'expiration (ex: 3 sec inspiration / 7 sec expiration) ou une inspiration plus longue que l'expiration réduit significativement l'amplitude des oscillations et peut être contre-productif ("on perd la cohérence").
      • Volume Thoracique : Il est crucial d'augmenter le volume thoracique pour maintenir une bonne ventilation. "Il faut penser à avoir une grande amplitude thoracique quand on fait la cohérence cardiaque".
      • Respiration Nasale : L'inspiration par le nez est fortement recommandée car elle active davantage les ondes cérébrales bénéfiques (ondes thêta) et apporte d'autres avantages physiologiques (filtration de l'air, humidification, meilleure oxygénation, réduction des ronflements).

      "Si vous voulez avoir des effets au niveau central il faut penser à l'inspiration il faut respirer par le nez". L'expiration peut se faire par la bouche ou le nez.

      4. Le Rôle Central du Nerf Vague

      La cohérence cardiaque stimule de manière maximale le nerf vague, un nerf cranien crucial pour le système nerveux parasympathique.

      • Le Nerf Vague : Un "Vagabond" : Nommé d'après le latin "vagare" (errer, vagabonder), le nerf vague innerve de nombreux organes depuis le cerveau (cœur, poumons, tube digestif, etc.).
      • Effets sur les Organes Périphériques : Sa stimulation a des effets positifs variés :
      • Cardiaques : Amélioration de la variabilité cardiaque.
      • Digestifs : Amélioration des sensations de goût, augmentation de la sécrétion des sucs gastriques, amélioration de la motilité gastro-intestinale.
      • Anti-inflammatoires : Libération de neurotransmetteurs qui réduisent l'inflammation systémique et organique (ex: poumons chez les asthmatiques).
      • Boucle Vago-vagale et Effets Cérébraux : Seulement 20% des fibres du nerf vague descendent du cerveau vers les organes, tandis que 80% remontent. Cette boucle vagale permet une influence bidirectionnelle. La stimulation du nerf vague par la cohérence cardiaque active des structures cérébrales clés :
      • Cortex insulaire et cingulaire : Impliqués dans l'intéroception (perception des signaux internes du corps) et la prise de décision.
      • Amygdale : Régulation du stress.
      • Hippocampe : Mémoire et cognition.
      • Modulation du Système Limbique : Cette activation cérébrale conduit à une amélioration de :
      • La concentration, la mémoire de travail et l'apprentissage.
      • La prise de décision et le contrôle de l'impulsivité (réduction des comportements impulsifs liés à l'alimentation, l'alcool, la drogue, augmentant le temps d'abstinence).
      • Le seuil de la douleur (augmentation).
      • La gestion du stress et la diminution des symptômes anxieux et dépressifs.

      5. Bénéfices et Applications Prouvées Scientifiquement

      De nombreuses études scientifiques, incluant des groupes placebo, ont démontré l'efficacité de la cohérence cardiaque.

      • Réduction Immédiate du Stress et de l'Anxiété : Une session de 5 minutes chez des volontaires sains (musiciens avant un concert, sportifs avant une compétition) réduit significativement l'anxiété et le niveau de stress.

      Effets à Long Terme et Persistance :

      • Basketballeurs : 20 minutes/jour pendant 10 jours ont montré une diminution de l'anxiété qui persiste pendant au moins un mois après l'arrêt de la pratique, contrairement aux groupes contrôle.
      • Vétérans atteints de SSPT : 20 minutes/jour pendant 4 semaines ont significativement diminué la perception du stress, de la douleur et des émotions négatives.
      • Patients déprimés résistants aux traitements : Sessions hebdomadaires de 20 minutes pendant 10 semaines, combinées à 20 minutes quotidiennes non supervisées, ont entraîné une diminution "très importante" de la dépression et de l'anxiété, visible dès 4 semaines.
      • Pression Artérielle : Une étude a montré une diminution de la pression artérielle qui persistait 6 mois après l'arrêt de la pratique chez ceux qui l'avaient faite sur le long terme.
      • Adaptation à l'Âge et aux Pathologies :
      • Bien que l'amplitude des oscillations puisse être légèrement moindre après 40 ans ou chez des patients atteints de diabète, la cohérence cardiaque augmente toujours cette amplitude par rapport à la respiration spontanée, offrant des bénéfices à tous.

      "Quel que soit l'âge quel que soit la condition il tout le monde peut faire la cohérence cardiaque et avoir un effet bénéfique".

      • Gestion de la Douleur : Des sessions courtes (5 minutes) avant un événement douloureux (ex: prise de sang) peuvent réduire la sensation de douleur.
      • Sommeil : Améliore le temps d'endormissement (latence d'endormissement). Il est plus efficace de la pratiquer juste avant de se coucher.

      6. Protocoles de Pratique Recommandés

      La durée et la fréquence de la pratique varient en fonction des objectifs :

      • "Traitement Ponctuel" / Avant un Événement : 5 minutes (5 secondes inspiration, 5 secondes expiration, inspiration nasale).
      • "Traitement de Fond" Léger (Concentration, Mémoire, Stress ponctuel) : 10 minutes par jour pendant au moins 2-3 semaines.
      • "Traitement de Fond" Important (Anxiété, Dépression, Douleur Chronique) : 20 minutes par jour pendant 4 à 8 semaines et au-delà.
      • Il est préférable de faire des sessions de 10 minutes plutôt que de multiples sessions de 5 minutes pour un effet plus rémanent.
      • Les effets peuvent persister au moins un mois après l'arrêt pour une pratique prolongée.

      7. Outils et Aides à la Pratique

      De nombreuses ressources facilitent la pratique de la cohérence cardiaque :

      • Vidéos et Applications :
      • Sites web : vimeo.com, onedeepbreath.
      • Chaînes YouTube avec animations visuelles (ex: celle de Caroline Sévoz-Couche avec nuages ou flèches).
      • Applications mobiles (iOS/Android) : "Cardia", "Breathing App", "Breath+ (permet de visualiser la fréquence cardiaque en direct et la calque sur la respiration idéale)".
      • Montres Connectées : Certaines montres proposent des fonctionnalités de cohérence cardiaque.
      • Pratique sans Outil : Il est possible de la pratiquer n'importe où en comptant mentalement 5 secondes d'inspiration nasale et 5 secondes d'expiration.

      8. Questions et Remarques Importantes

      • Différence avec d'autres Techniques de Respiration : La respiration carrée (inspiration-pause-expiration-pause) peut être utilisée pour d'autres objectifs (relaxation), mais elle n'est pas optimale pour la cohérence cardiaque car les pauses interrompent la "cohérence" des oscillations et réduisent l'amplitude.

      Pour la cohérence cardiaque, l'absence de pause ou de très courtes pauses (0,5 sec) est préférable. * Complémentarité avec d'autres Thérapies : La cohérence cardiaque est reconnue par certains professionnels de la santé, notamment en psychiatrie et psychologie positive, comme un outil efficace et complémentaire à d'autres techniques (hypnose clinique, EMDR), car elle active des structures cérébrales similaires. * Contre-indications ou Effets Indésirables : Très rares. La seule prudence concerne les personnes sujettes aux malaises vagaux très prononcés. Certains moments de vie (ex: 3ème trimestre de grossesse) peuvent rendre la pratique plus difficile en raison de contraintes physiques. * Cohérence Cardiaque et Effort Sportif : Non indiquée pendant un effort sportif intense, car celui-ci active le système nerveux sympathique, qui s'oppose à l'action du nerf vague (parasympathique). * L'objectif et la concentration : Il ne faut pas trop se concentrer sur un objectif pendant la pratique elle-même, car cela peut augmenter la partie sympathique et réduire les effets bénéfiques. L'important est de se concentrer sur la technique respiratoire. * Processus d'Habituation à l'Anxiété : Bien que ce ne soit pas directement un processus d'habituation, la stimulation vagale par la cohérence cardiaque peut aider le cerveau des patients déprimés (et potentiellement anxieux) à mieux accepter les nouvelles informations et à sortir des ruminations, en réactivant les systèmes inhibiteurs de l'impulsivité.

      En conclusion, la cohérence cardiaque est une pratique basée sur des mécanismes physiologiques solides, facilement accessible et aux bénéfices avérés sur la gestion du stress, l'anxiété, la dépression, la douleur, la concentration, la mémoire et le sommeil, quel que soit l'âge ou la condition de santé.

      Sa simplicité et son efficacité en font un outil précieux pour le bien-être général.

    1. Note de synthèse : Comprendre l'Adolescence à travers le Prisme des Neurosciences et de la Psychologie du Développement (Mathieu Cassotti)

      Cette synthèse est basée sur les extraits de la conférence "C'est pas moi, c'est mon cerveau" de Mathieu Cassotti, Professeur en psychologie du développement à l'Université Paris Cité.

      L'objectif principal de cette intervention est de déconstruire les perceptions souvent négatives et biaisées de l'adolescence pour proposer une compréhension plus nuancée, fondée sur les spécificités du développement cérébral et les interactions avec l'environnement social.

      1. La Perception Biaisée de l'Adolescence

      Traditionnellement, l'adolescence est perçue sous l'angle de la prise de risque, des difficultés et de la vulnérabilité. Les adultes ont du mal à comprendre le fonctionnement des adolescents, et cette incompréhension est réciproque.

      Les adolescents, malgré les cours de biologie, ont peu d'informations sur leur propre cerveau et ses spécificités. La psychologie a souvent abordé l'adolescence sous l'angle des psychopathologies.

      Cassotti et son collègue Grégoire Bord ont cherché à changer cette perspective, arguant que notre perception est souvent biaisée par un "biais de génération" : "on a tendance à considérer que les générations d'après les nôtres sont d'après la nôtre est toujours moins bien que la nôtre les générations d'après sont toujours moins bien ah bah de mon temps on était meilleur".

      Ce biais nous pousse à ne pas suffisamment explorer les aspects positifs de cette période. L'engagement des adolescents pour des causes comme la justice sociale ou le climat est souvent minimisé ou dévalorisé par les adultes.

      Le livre "C'est pas moi, c'est mon cerveau" vise à vulgariser le fonctionnement du cerveau adolescent pour les adolescents eux-mêmes, afin qu'ils "comprennent un petit peu mieux leur fonctionnement pour qu'ils puissent à partir de cette compréhension euh soit euh faire en sorte de changer un certain nombre de comportements soit au contraire de se sentir légitime de pouvoir essayer de de faire quelque chose et d'essayer de le changer".

      2. Le Cerveau Adolescent : Une Période de Développement et de Plasticité

      Le cerveau adolescent, bien que similaire en forme à celui de l'adulte, est encore en plein développement, une période qui peut s'étendre "jusqu'à 25 ans".

      Cette immaturité n'est pas uniquement biologique mais est fortement influencée par l'environnement.

      L'adolescence est une "fenêtre de plasticité particulière" avec des changements tardifs et d'importantes différences interindividuelles (par exemple, le début de la puberté).

      Une découverte clé des 20 dernières années en neurosciences, notamment grâce aux travaux de Bétio Ky, est la maturation progressive et hétérogène du cerveau :

      Les régions impliquées dans la réactivité émotionnelle (système limbique) maturent beaucoup plus rapidement. Les régions impliquées dans la régulation et le contrôle (cortex préfrontal) maturent plus tardivement.

      Ce décalage explique en partie la spécificité de l'adolescence : une "maturation fonctionnelle des systèmes de la réactivité émotionnelle mais pas encore c'est du contrôle".

      Cela conduit à une "hypersensibilité émotionnelle" observée dans de nombreuses recherches, notamment face aux stimuli positifs comme les visages exprimant la joie, qui activent fortement le réseau de la récompense.

      Cependant, cette immaturité n'est pas une "incapacité" mais plutôt une période "en cours d'apprentissage". L'environnement joue un rôle crucial dans le développement de l'autorégulation émotionnelle.

      L'apprentissage de la verbalisation, de l'identification et de la gestion des émotions est essentiel et "très peu enseigné de façon explicite aux adolescents".

      3. Émotions Complexes et Prise de Décision

      L'hypersensibilité émotionnelle des adolescents n'est pas uniforme pour toutes les émotions.

      Si elle est bien établie pour la joie et la peur, les émotions sociales comme la honte, la culpabilité ou la jalousie, ainsi que le regret et le soulagement, sont plus complexes.

      Le Regret : Les adolescents ressentent moins de regret que les adultes et l'anticipent moins.

      Le regret, défini comme la différence entre le résultat obtenu et ce qui aurait pu être obtenu avec un autre choix, est soutenu par le cortex préfrontal, qui est encore immature. Cela peut expliquer une moindre capacité à apprendre de leurs erreurs dans des situations où le regret est un signal d'apprentissage clé.

      Prise de Risque : Concernant la prise de décision et de risque, les adolescents sont "aussi bons que les adultes" à partir de 15 ans lorsqu'ils disposent de toutes les informations nécessaires.

      Cependant, leur capacité à apprendre des feedbacks de l'environnement (positifs ou négatifs) est plus difficile que chez les adultes, en particulier lorsque l'information sur le risque n'est pas explicite et doit être extraite de l'expérience.

      "ce n'est pas uniquement une question de contrôle c'est aussi parce que ils sont pas des preneurs de risque complètement fous c'est c'est aussi parfois une capacité à apprendre de des feedback qu'il vont avoir de leur environnement positif et négatif et donc là c'est plus difficile que chez les adultes".

      4. Influence Sociale et Conformisme

      Contrairement à l'idée répandue, les adolescents ne sont pas "davantage des moutons que nous le sommes nous en tant qu'adultes".

      Les adultes sont également très sensibles au conformisme social, même dans des situations où la bonne réponse est évidente.

      Les études montrent que le conformisme social est maximal chez les enfants et "minimal à l'adolescence à l'âge de 17 ans".

      Cependant, cette tendance s'inverse dans les situations d'incertitude et surtout en contexte social, où les adolescents peuvent montrer une "hypersensibilité au contexte social", particulièrement dans les situations de prise de risque.

      En présence de leurs pairs, ils sont enclins à prendre plus de risques.

      L'imagerie cérébrale révèle que cette influence sociale n'affecte pas le contrôle mais stimule le réseau de la récompense. Deux interprétations sont proposées :

      • Le contexte social stimule la sensibilité aux récompenses immédiates.

      • La "représentation qu'ils ont de la norme sociale de ce qui est valorisé par leur père" inclut la prise de risque, menant à une récompense sociale. Cette seconde interprétation est privilégiée par Cassotti, d'autant plus que l'effet est plus prononcé chez les garçons que chez les filles, reflétant des normes sociales différentes.

      • Lorsque l'observateur change (par exemple, la mère au lieu des pairs), l'activation du striatum ventral (récompense) diminue et les régions de contrôle s'activent, réduisant la prise de risque.

      Cela souligne l'importance des "normes sociales et l'impact en vérité de ces normes sociales sur les adolescents sont sont différentes".

      Il est crucial de travailler sur le conformisme social avec les adolescents, non pour le supprimer (ce qui est impossible), mais pour les aider à "comprendre cette dynamique avoir une vraie représentation explicite du fait qu'il existe ce conformisme social et détecter dans certaines situations où il faut pas se conformer".

      La peur de l'exclusion est un moteur puissant du conformisme, et il est important d'aider les adolescents à relativiser ce "coût affectif".

      5. Écouter et Soutenir les Adolescents : La Créativité comme Moteur

      Cassotti insiste sur l'importance d'écouter davantage les adolescents et de ne pas se contenter de leur dicter des solutions.

      Il propose un "changement de paradigme" où les adolescents deviennent "acteurs de la façon de résoudre les problèmes", en particulier pour des défis complexes comme la transition écologique, pour lesquels les adultes n'ont pas toujours les solutions.

      Le laboratoire de Cassotti s'engage dans la co-conception de recherche avec les adolescents, leur fournissant des "outils pour penser, les outils pour réfléchir par eux-mêmes et proposer les solutions par eux-mêmes".

      La Réactivité Émotionnelle comme Moteur d'Engagement : L'hypersensibilité émotionnelle des adolescents aux injustices sociales peut être un puissant moteur d'exploration et d'engagement.

      Cette réactivité émotionnelle est non seulement plus forte mais "dure plus longtemps dans le temps" que chez les adultes, qui ont tendance à diluer leurs émotions, à utiliser des mécanismes de coping pour réguler les affects négatifs, ou à ne pas savoir quoi faire.

      Cette "spécificité de l'adolescence qu'on peut documenter d'un point de vue neuro" peut être utilisée comme un élément de stimulation pour "une volonté d'agir et de changer les choses".

      Créativité : Les adultes ont souvent des "blocages cognitifs" qui les empêchent de proposer des solutions créatives, retombant au niveau d'enfants de CM1/CM2 pour des problèmes complexes.

      Le cerveau a tendance à rechercher des solutions par analogie, ce qui mène souvent à des réponses convenues et peu originales.

      Par exemple, pour le problème de l'œuf lâché de 10m, la plupart des solutions se regroupent en trois catégories : ralentir la chute, amortir la chute, ou protéger l'œuf.

      Il est essentiel de "sortir de ce cadre là" en explorant de nouvelles connaissances (par exemple, les propriétés naturelles de l'œuf, jouer sur le problème lui-même).

      Même les idées "farfelues" peuvent être précieuses car elles "déclenchent comme activation de connaissance pour pouvoir ensuite aller explorer des solutions nouvelles".

      Il y a un "vrai enjeu à travailler avec les adolescents pour les aider et les soutenir dans leur démarche plutôt que pour les enfermer".

      En somme, Mathieu Cassotti invite à reconsidérer l'adolescence non pas comme une période de problèmes à gérer, mais comme une phase de développement unique avec des spécificités neurologiques et psychologiques qui, si elles sont comprises et soutenues, peuvent devenir de puissants atouts pour l'innovation, l'engagement social et la résolution de problèmes complexes.

    1. Briefing sur "La confiance en soi, un atout vital" - Frédéric Fanget

      • Frédéric Fanget, médecin psychiatre et psychothérapeute, spécialiste des thérapies comportementales et cognitives (TCC), met en lumière l'importance cruciale de la confiance en soi, non seulement pour le bien-être individuel mais aussi comme outil de prévention en santé mentale.

      Selon Fanget, le manque de confiance en soi est le premier motif de consultation en psychologie, 68% des Français doutant de leur intelligence.

      1. Concepts Fondamentaux : Confiance en Soi, Estime de Soi et Affirmation de Soi

      Fanget propose une pyramide de la confiance en soi, divisée en trois concepts interdépendants :

      • Affirmation de soi : Située au sommet de la pyramide, elle représente "comment je me comporte avec les autres". Il s'agit de prendre sa place sans écraser autrui, trouvant un équilibre entre soi et les autres, ni "paillasson" ni "hérisson".
      • Confiance en soi : Il s'agit d'un "sentiment de compétence", basé sur ce que l'on se sent capable de faire.

      C'est une notion contextuelle, on peut être confiant dans un domaine (ex: travail) et moins dans un autre (ex: relations sociales). La confiance en soi implique une "juste appréciation de nos forces et de nos faiblesses".

      • Estime de soi : C'est une "opinion globale que nous avons nous-mêmes et notre valeur", "l'image globale de ce que j'ai de moi".

      Fanget suggère de remplacer progressivement ce concept par celui d'acceptation de soi, car une bonne estime de soi ne doit être "ni trop haute... ni trop basse".

      Elle doit également être stable, avec des fluctuations acceptables en fonction des événements de vie, mais sans les extrêmes observés dans des pathologies comme le trouble bipolaire.

      • Fanget identifie trois formes d'estime de soi, souvent déséquilibrées chez ses patients : * Liée à la performance : "Je m'aime lorsque je suis performant".

      Le risque est l'addiction à la performance et l'effondrement en cas d'échec. * Liée à l'approbation des autres : "Je m'aime si les autres m'aiment".

      Le risque est l'addiction au besoin d'être aimé. * Inconditionnelle : "Je me respecte sans conditions", avec une valeur unique, ni meilleur ni moins bon que les autres, mais avec des points forts et des points faibles.

      C'est la forme d'estime de soi la plus saine, et elle est liée au concept d'acceptation de soi.

      2. Causes du Manque de Confiance en Soi : Un Modèle Bio-Psycho-Social

      Frédéric Fanget utilise un modèle à trois dimensions pour expliquer les causes du manque de confiance en soi :

      • Facteurs biologiques (Neurosciences) : Les études génétiques, notamment sur des jumeaux, suggèrent qu'"un tiers de facteur génétique et deux tiers de facteurs environnementaux" influencent le manque de confiance en soi.

      La métacognition – la capacité à évaluer sa propre fiabilité – est étroitement liée à la confiance en soi.

      Des études d'imagerie cérébrale ont montré que les personnes ayant une meilleure métacognition possèdent plus de matière grise dans le cortex préfrontal antérieur, indiquant une base neurologique à cette capacité.

      • Facteurs psychologiques : Fanget décrit sept "préjugés capitaux" qui minent la confiance en soi et qui se manifestent souvent en "cercles vicieux" entre comportements, émotions et cognitions (pensées) :

      • "Je ne suis pas capable de"

      • "J'ai besoin qu'on m'aime" (besoin d'approbation)
      • "Je me trouve nul"
      • "Je dois faire toujours mieux" (perfectionnisme)
      • "Je n'arrive pas à me décider" (indécision)
      • "Je dois toujours me faire des soucis"
      • "Je dois me méfier des autres" (souvent lié à un traumatisme)

      • Ces préjugés entraînent des boucles de pensées négatives qui renforcent le schéma initial, par exemple, le perfectionnisme qui, à la longue, fait baisser l'estime de soi.

      • Facteurs sociaux : L'environnement social (vie professionnelle, amicale, etc.) joue un rôle crucial.

      Fanget souligne l'importance de prendre en compte le contexte social dans l'évaluation et le traitement des problèmes de confiance en soi.

      3. Thérapie de la Confiance en Soi : Comprendre, Agir, Accepter

      La psychothérapie, selon Fanget, ne vise pas seulement à résoudre les problèmes, mais surtout à "aider ceux qui se comprennent mieux eux-mêmes". Elle se déroule en deux phases :

      • Phase de compréhension : Il s'agit d'aider le patient à cerner ses problèmes ("tout ce qui va pas"), mais aussi et surtout à "lui montrer qu'il a un potentiel, qu'il peut faire plein de choses, qu'il a plein de ressources en lui".

      Le thérapeute doit aider le patient à découvrir ses compétences souvent inaperçues.

      • Phase d'action et de solution : Cela implique de "changer mes comportements, changer mes cognitions, changer mes émotions", mais aussi, et c'est un point essentiel, "de s'accepter".

      Certaines choses ne peuvent pas être changées, et l'acceptation de l'inconfort ou des différences est fondamentale pour éviter le "syndrome du perfectionnisme thérapeutique".

      La thérapie de la confiance en soi se décline en trois piliers :

      • Savoir s'affirmer : Améliorer la relation avec les autres en adoptant un comportement affirmé, équilibré, respectueux, sans être passif, agressif ou manipulateur. Fanget présente la méthode "DES" (Décrire la situation,

      Exprimer ses émotions, Suggérer une solution positive et ses conséquences positives) comme un moyen de "critiquer calmement et constructivement".

      Ce comportement affirmé est "libérateur" et "protecteur" face aux agressions et aux demandes excessives (comme celles menant au burn-out).

      L'affirmation de soi passe aussi par le travail sur la "voix intérieure" ou "voix critique intérieure" (VCI), souvent héritée du passé (voix parentale).

      Il s'agit de "répondre à notre voix intérieure issue du passé" pour modifier les pensées automatiques qui inhibent l'affirmation.

      Apprendre la "bienveillance envers soi-même", en se parlant comme on parlerait à "notre meilleure amie", est une technique clé.

      • Savoir agir : L'action est l'ennemi de la procrastination et un pilier de la confiance en soi. Il faut "s'engager dans l'action mais en acceptant l'échec, l'erreur ou le résultat imparfait".

      La méthode de l'action se déroule en trois temps :

      • Avant l'action : Se préparer, prendre des décisions, "braver l'appel de l'échec".
      • Pendant l'action : Être conscient des exigences trop élevées, ne pas hésiter à demander de l'aide.

      • Après l'action : S'encourager soi-même, se renforcer sur l'effort (être content d'avoir essayé), sur l'émotion positive (fierté), et sur le courage.

      • Savoir se connaître, s'accepter, se respecter : Cela implique de travailler sur l'estime de soi et l'acceptation de soi. Les thérapies cognitives aident à distinguer les auto-jugements négatifs des faits.

      La thérapie des schémas permet de comprendre et de modifier les schémas infantiles.

      L'ACT (Acceptation and Commitment Therapy) est un mouvement thérapeutique majeur qui vise à "mieux s'accepter" et à vivre en accord avec ses valeurs, même en présence d'anxiété.

      En conclusion, Frédéric Fanget insiste sur l'importance d'une vision objective du patient, en identifiant non seulement ses difficultés, mais aussi et surtout son "potentiel".

      La thérapie de la confiance en soi est un chemin vers une meilleure compréhension de soi, l'action courageuse et l'acceptation de qui l'on est, dans ses forces et ses faiblesses.

    1. Document de Synthèse : Sociologie de la Défiance et de l'Adhésion aux Croyances dans le Domaine Scientifique

      Ce document explore la sociologie de la défiance et de l'adhésion aux croyances scientifiques, en se concentrant sur l'affaire Wakefield et ses répercussions sur la confiance vaccinale.

      L'analyse met en lumière le rôle des médias, les normes scientifiques, le contexte social et la diffusion des informations sur internet.

      1. Cadre Sociologique et Point de Vue de l'Auteure

      • Romy Sauvayre, l'auteure, se positionne dans une approche sociologique qui étudie "les raisons pour lesquelles les acteurs sociaux vont faire ce qu'ils font, croire ce qu'ils croient".

      Elle ne cherche pas à déterminer ce qui est "vrai" ou "faux" en soi, mais plutôt ce que les scientifiques considèrent comme tel à un moment donné, reconnaissant que cette perception peut évoluer.

      Son analyse se concentre sur "la relation entre empirique et perception qu'on a de recherche scientifique". * 2. L'Affaire Wakefield : Une Chronologie et ses Effets

      L'affaire Wakefield est un cas d'étude central pour comprendre la défiance vaccinale.

      • Origine (1998) : Le Dr. Andrew Wakefield, gastro-entérologue, publie un article dans la revue The Lancet suggérant un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'inflammation intestinale, et potentiellement l'autisme. Il est important de noter que l'article était publié sous l'étiquette "article de prévention", indiquant qu'il s'agissait d'une recherche préliminaire et non d'une preuve définitive. Les co-auteurs eux-mêmes n'ont pas établi de lien direct entre l'autisme et les vaccins, seulement entre le vaccin et la maladie intestinale.
      • Contexte Préexistant à la Publication :
      • Crise de la Vache Folle (ESB) : De 1985 à 2000, la crise de la vache folle a fortement érodé la confiance du public britannique envers les scientifiques et le gouvernement. "La science elle dit soyez sûrs c'est un cas de déviation britannique qui est appelé chance dans la science". Cela a créé un terrain fertile pour la méfiance envers les déclarations scientifiques officielles.
      • Retrait de Vaccins ROR (1992) : Deux vaccins ROR avaient déjà été retirés du marché six ans plus tôt en raison d'effets secondaires, renforçant les craintes préexistantes.
      • Rôle des Médias (1998-2004) :
      • Soutien Initiale : Les médias britanniques, en particulier le Sunday Times et le Panorama de la BBC (émission "MMR: What The Doctors Won't Tell You" en 2002), ont "promptement soutenu la thèse de Wakefield". Ils ont accordé une grande visibilité à Wakefield, en partie parce qu'il était un expert reconnu et avait un statut académique important (76 publications, senior researcher).
      • Biais de Diffusion : Les journalistes ont "davantage diffusé la thème de Wakefield que toute autre thèse", en privilégiant les études qui abondaient dans son sens et en "ne médiatisant pas" les études remettant en cause son hypothèse. Le pic de médiatisation a eu lieu en 2002, suite au documentaire de la BBC.
      • Conséquence Directe : Cette médiatisation a eu un "impact énorme sur la vaccination des génies". On observe une "chute conséquente du taux de vaccination" après la publication de l'article de Wakefield en février 1998, et pendant toute la période de médiatisation. Le taux de vaccination ROR est passé de 92% à 83% dans certaines régions du Royaume-Uni.

      3. Point de Vue des Scientifiques et Contestations

      Bien que les médias aient initialement soutenu Wakefield, la communauté scientifique n'était "pas unanime" et des contestations ont rapidement émergé.

      • Critiques Méthodologiques (Dès 1998) :
      • Taille de l'Échantillon : L'étude de Wakefield portait sur seulement 12 enfants, un nombre jugé insuffisant pour tirer des conclusions générales. "12 c'est quand même pas bon".
      • Manque de Groupe Témoin et de Double Aveugle : La méthodologie ne comprenait pas de groupe de contrôle ni de protocole en double aveugle, des normes aujourd'hui "très valorisée" en recherche médicale.
      • Biais de Sélection et Conflits d'Intérêts : Le recrutement des enfants s'est fait via un "réseau d'association de personnes plaignantes qui pensaient que le vaccin contre la rougeole posait l'autisme", suggérant un biais de sélection. Il a été révélé plus tard que Wakefield avait des "conflits d'intérêt" et des "fins pour pouvoir apporter des preuves en faveur de son hypothèse".
      • Données Partielles et Antécédents : Les données rapportées étaient partielles, et les travaux précédents de Wakefield, bien que reçus, contenaient déjà des "problèmes méthodologiques" qui rendaient difficile la détection d'un virus dans l'intestin.
      • Réponse des Institutions Scientifiques :
      • Académie des Sciences : L'Académie des Sciences a initialement déclaré ne pas avoir "les moyens de falsifier l'hypothèse de Wakefield", ce qui, selon l'auteure, n'aurait pas dû être interprété comme une validation. En sciences médicales, on ne se prononce qu'avec des preuves suffisantes.
      • Institute of Medicine (2004) : En 2004, l'Institute of Medicine a publié un rapport concluant qu'il n'y avait "pas de danger à inoculer le vaccin ROR", marquant un tournant.

      4. Le Rôle de l'Investigation Journalistique et la Rétractation

      Le changement de perception médiatique est dû à une enquête journalistique approfondie.

      • Enquête du Sunday Times (2004) : Brian Deer, un journaliste d'investigation du Sunday Times, a mené une enquête minutieuse, rencontrant tous les acteurs et consultant les dossiers d'éthique. Il a "constaté qu'il y a des examens invasifs sur les enfants" (colonoscopies, fonctions d'anglais) qui n'étaient "pas possibles" ou "inacceptables" d'un point de vue éthique. Cette révélation a alerté le conseil de l'ordre.
      • Arrêt du Soutien Médiatique : Suite à ces révélations, "les médias arrêtent de soutenir" Wakefield.
      • Radiation de Wakefield (2010) : Le Conseil Général Médical (General Medical Council) a mené une longue enquête (2004-2010), culminant par le "retrait le droit d'exercer" à Wakefield en 2010. L'article original a été "retiré en 2010" par The Lancet. Les motifs incluaient des "conflits d'intérêt" et la réalisation d'"examens organisés pour les fonds et sur le peuple sans collectivité".

      5. L'Ère d'Internet et la Persistance de la Défiance

      Malgré la radiation de Wakefield et le retrait de son article, la défiance vaccinale a persisté, amplifiée par les plateformes numériques.

      • Diffusion de Théories Conspirationnistes : Wakefield a "publié un qui s'appelle conspirationnisme" après sa radiation. Il a affirmé que ses découvertes étaient si importantes que l'industrie pharmaceutique tentait de le "faire taire". "Bref il était donc sur le groupe d'une machination pour le feu terre".
      • Documentaire "Vaxxed" (2016) : En 2016, Wakefield a publié un documentaire "Vaxxed" sur les réseaux sociaux, qui "tient pour consiste le conspirationnisme de santé CDC", affirmant que le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) aurait "caché des dans son et il continue à diffuser ça".
      • Rôle des Réseaux Sociaux : Les réseaux sociaux ont permis une "division très massive de ces antivaccinisme". La défiance vaccinale a été "d'abord puis sur les différentes réseaux sociaux". L'auteure souligne que le manque de validation scientifique ne freine pas la diffusion : "On est tous des cobages, c'est un maxin expérimental voilà ce qui se sur les réseaux sociaux".
      • Influence sur la Perception : La persistance de l'antivaccinisme est également liée à des mécanismes psychologiques : "si quelqu'un est gentil avec vous curieusement vous lui faites" confiance. La diffusion de ces idées est alimentée par des "personnes" qui "disent des choses comme ça affirmative", tandis que les scientifiques, dans leur rôle, "doivent toujours parler avec précaution" car les preuves sont "toujours sous une" incertitude jusqu'à confirmation par de multiples études.
      • Conséquences Durables : Malgré les efforts pour rétablir la confiance, "la défiance qu'il n'y avait à monde se sur les réseaux sociaux se retrouve avec une plus grande population de défis qui n'ont pas". En France, une partie de la population (environ 35%) "continue à marquer vacc".

      6. Leçons Apprises et Précautions

      Nécessité de la Précaution Scientifique : "Il est nécessaire d'être près que pressionner avec des études". La science exige une multiplicité de preuves et des méta-analyses pour valider les conclusions. Critique des Sources : L'auteure conseille de se méfier des informations sur les réseaux sociaux et de privilégier les sources fiables comme Google Scholar pour les questions médicales, qui "font des analyses sur plein de sujets libres" et permettent d'"assurer d'avoir une information juste".

      Responsabilité des Journalistes : Les journalistes ont une "part de responsabilité" dans la diffusion d'études minoritaires et contestées. Ils devraient "diffuser davantage l'information que la précaution" quand ils se basent sur un consensus scientifique majoritaire.

      En conclusion, l'affaire Wakefield illustre la complexité de la diffusion des croyances scientifiques, l'impact majeur du contexte socio-historique, le rôle ambivalent des médias (initialement facilitateurs de la désinformation, puis correcteurs par l'investigation), et la capacité d'internet à perpétuer et amplifier la défiance, même face à un consensus scientifique établi.

    1. ote de synthèse : L'affectivité, les émotions et les relations à l'école selon Gaëlle Espinosa

      Cette présentation de Gaëlle Espinosa, professeure en sciences de l'éducation à l'Université de Lorraine, s'inscrit dans le cycle de conférences Filgout.

      Elle explore l'importance de l'affectivité, des émotions et des relations à l'école, tant entre enseignants et élèves qu'entre pairs.

      S'appuyant sur 25 ans de recherche, elle met en lumière les enjeux et les liens entre ces concepts et le bien-être et la réussite des élèves.

      I. Parcours et objets de recherche de Gaëlle Espinosa

      Gaëlle Espinosa est chercheuse au Lisec (Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l'Éducation et de la Communication) depuis 2005 et collaboratrice internationale du réseau québécois Réverbire (réseau de recherche et de valorisation de la recherche sur le bien-être et la réussite).

      Elle participe également à l'Observatoire du Bien-être à l'École.

      Ses travaux, menés depuis 25 ans, se concentrent sur l'expérience scolaire de l'élève, son rapport à l'école, au savoir et à l'enseignant, en interrogeant ce qu'il ressent et les émotions vécues.

      Elle ne s'intéresse pas prioritairement aux notes et au cognitif, mais plutôt à "ce que l'expérience scolaire fait émotionnellement affectivement à l'enfant".

      Progressivement, elle a intégré les concepts de bien-être et de réussite dans ses recherches, ainsi que les compétences psychosociales (CPS), choix de l'Éducation nationale pour aborder l'affectivité et les émotions.

      II. Premiers travaux et constatations (Ouvrage de 2003)

      Son premier ouvrage, issu de son doctorat (2001), s'intitule "Rapport au savoir, rapport au maître et affectivité : contribution à une analyse du chemin scolaire de l'élève".

      Il a été particulièrement bien accueilli au Québec, influençant le ministère de l'Éducation québécois.

      L'étude, menée auprès de 32 élèves de CE2 et de Seconde, en difficulté ou en réussite scolaire, a mis en évidence des résultats importants concernant la relation enseignant-élève :

      • L'enseignant, figure clé : Tous les élèves interrogés accordent une place importante à l'enseignant dans leurs apprentissages, le considérant comme un "personnage clé de leur expérience scolaire".

      Différences entre élèves en réussite et en difficulté :

      • Élèves en réussite : Attendent un "échange professionnel", c'est-à-dire un apport de contenu pour l'obtention du baccalauréat ou l'orientation.

      • Élèves en difficulté : Outre l'exigence professionnelle, ils ont une "exigence plus humaine" dans la relation. Ils souhaitent que l'enseignant les reconnaisse en tant qu'individus et se préoccupe d'eux au-delà de leurs difficultés scolaires.

      • Centralité de l'enseignant pour les élèves en difficulté : Ce sont "plutôt les élèves en difficulté scolaire, tout compte fait, qui avaient accordé une place centrale à l'enseignant dans leur expérience scolaire et dans leur scolarité".

      • Les plus jeunes (CE2) ont tendance à "confondre leur année (...) avec l'enseignant".

      • Les plus âgés (Seconde) pensent que "carrément sans tel ou tel enseignant, on ne pouvait pas réussir".

      • L'affectivité, pas seulement pour les plus petits : Les élèves en difficulté, notamment les plus âgés, sont "en forte demande affective humaine à l'égard des enseignants".

      Les recherches futures, notamment au Québec, ont confirmé que même les adultes en formation sont "en demande affective, en demande de relation humaine avec les enseignants pour réussir par exemple ou pour persévérer".

      III. Évolution des recherches et ouvrage à paraître (2025)

      Après avoir exploré d'autres objets de recherche (liaison CM2-6ème, activités périscolaires), Gaëlle Espinosa est revenue à ses "premiers amours de recherche", constatant que l'affectivité et les émotions étaient toujours au cœur de l'expérience scolaire.

      Son prochain ouvrage, issu de son Habilitation à Diriger des Recherches (2021), s'intitule "De l'affectivité et des émotions de l'élève dans son expérience scolaire : perspective de développement global de l'enfant pour son bien-être et sa réussite".

      L'objectif est de "rendre explicite des liens implicites qui existent" entre les différents concepts et de montrer qu'à l'international, la littérature existe sur l'intérêt de combiner les aspects affectifs et cognitifs pour le développement global de l'enfant.

      Le livre, structuré en quatre chapitres, définit les notions de bien-être, d'affectivité, d'émotions, de satisfaction et leurs liens. Il aborde plus particulièrement les émotions, l'affectivité, et les relations de l'élève à l'école.

      IV. Idées fondamentales du nouvel ouvrage

      Gaëlle Espinosa propose de "considérer que l'affectivité, les émotions sont des éléments d'importance équivalente à la cognition dans l'école".

      Elle estime qu'en France, "on a un petit peu de mal (...) à considérer que les éléments affectifs et émotionnels devraient être pris en compte travailler autant que les aspects cognitifs et intellectuels à l'école." Mettre à égalité ces sphères permettrait d'aller vers le bien-être et la réussite de l'enfant.

      Elle explicite plusieurs liens cruciaux :

      • Affectivité, émotions et bien-être : Les émotions sont une composante de l'affectivité, et les affects positifs et négatifs sont deux des trois composantes du bien-être subjectif (avec la satisfaction à l'égard de la vie).

      Une personne satisfaite de la vie ressentira fréquemment des émotions positives et rarement des émotions négatives.

      • Bien-être et relations positives : Le bien-être eudémonique, notamment le bien-être psychologique, comprend des composantes liées aux "relations positives avec les autres". Ces relations de qualité renvoient à l'aspect humain et affectif.

      V. Relations de qualité à l'école : enseignants-élèves et entre pairs

      La littérature scientifique, depuis la fin des années 90, démontre qu'une "relation enseignant-élève positive ou en tout cas une relation affective" est bénéfique à la fois pour l'individu dans et hors de l'établissement scolaire.

      Bénéfices internes : persévérance, réussite, comportements scolaires adaptés. Bénéfices externes : baisse de la dépression, de l'anxiété, de la délinquance.

      La dimension affective de la relation enseignant-élève inclut la "confiance, l'intimité, la proximité, la communication, le partage, l'affect positif", le "soutien émotionnel, la chaleur émotionnelle, l'acceptation".

      • Les relations entre enfants de qualité ou positives impliquent également la "confiance, l'intimité, se partager des secrets", le "soutien émotionnel", la "chaleur émotionnelle, l'acceptation", ainsi que "l'amitié, les liens électifs".

      Ces liens "sont importants à l'école et tout compte fait, je me dis que pour développer des relations de qualité (...) ce qui est aussi intéressant, c'est de développer des relations qui pourraient être qualifiées avec tous ces qualificatifs."

      VI. Complémentarité des recherches : psychologie et sociologie

      • Gaëlle Espinosa souligne la complémentarité des travaux menés en psychologie (facteurs de risque/protection des relations entre enfants à l'école, psychologie de l'amitié) et en sociologie (climat scolaire, harcèlement, violence).

      Ces approches, bien que distinctes, s'enrichissent mutuellement pour comprendre et agir sur le climat scolaire et les relations interindividuelles.

      Le climat scolaire, dimension collective, vise la sécurité et la progression des apprentissages.

      La "finalité commune" de ces travaux est d'avoir "une connaissance assez fine de l'ensemble des dimensions qui existent et sur lesquelles on peut travailler en établissement scolaire pour permettre tout simplement l'installation de un climat scolaire serein ou de relations apaisées à l'école qui serait au bénéfice à la fois des élèves dans leur expérience scolaire mais aussi des enseignants dans leur pratique professionnelle."

      Elle intègre également les notions de bienveillance et d'empathie dans ce cadre.

      La bienveillance, souvent mentionnée dans les textes de loi, est une "posture éthique" dans la relation enseignant-élève, tandis que l'empathie est plus pertinente pour les relations entre enfants.

      VII. Intérêt de travailler les émotions et les relations à l'école

      • Compréhension de soi et des autres : La capacité d'un élève à comprendre "ce qu'il ressent", ses "affectivités, ses émotions", et celles des autres, est "déterminant de sa réussite scolaire" et a des "conséquences plutôt positives sur la qualité de ses comportements sociaux".

      • Disponibilité pour les apprentissages : Comprendre et réguler ses émotions permet de "se rendre plus disponible pour les apprentissages" et d'être "plus apaisé dans ces relations sociales". Comme le résume une citation,

      "Les capacités à exprimer, discriminer, identifier et réguler ses émotions font partie de ce que les chercheurs appellent les compétences émotionnelles. (...)

      Le développement de ces compétences chez l'enfant est un aspect important du développement cognitif qui est relié à de nombreux facteurs tels que les comportements sociaux, les performances, la santé.

      Le développement de ces compétences est donc d'une importance capitale. Il est possible de les entraîner dès le plus jeune âge et (...) tout au long de la vie."

      • Développement socio-émotionnel et bien-être : Apprendre à exprimer ses émotions est un "élément clé de son développement socio-émotionnel pour l'enfant" et de sa santé, favorisant sa réussite et son bien-être scolaire.

      VIII. Pistes pour développer des relations de qualité

      • S'en occuper au quotidien : Les émotions et les relations doivent être une préoccupation quotidienne, tant pour les élèves que pour les professionnels, et non seulement en cas de problème. Cela représente également un élément de protection pour soi-même.

      • Formation des enseignants : Il est crucial d'intégrer la formation sur l'affectivité, les émotions et les relations dans la formation initiale et continue des enseignants. Au Québec, ces notions sont déjà plus ancrées.

      • Construction de la posture enseignante : Permettre à l'enseignant de "construire sa posture qui sera aussi évolutive", être indulgent avec soi-même dans cette construction, apprendre par "tâtonnement, les essais et les erreurs".

      • Réflexion sur la relation enseignant-élève : Qu'est-ce qu'une relation de qualité ? Qu'est-ce qu'un élève attend ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ?

      • Questionner son propre rapport aux élèves : Éviter de "ne plus prendre plaisir à être dans une salle de classe" ou de ne pas "tisser des liens présent avec beaucoup d'envie ou à beaucoup de plaisir avec des élèves".

      • Travailler ses propres compétences psychosociales (CPS) : Elles sont essentielles pour la réflexivité, pour soi et pour les autres, et constituent un "élément de protection".

      IX. Conclusion : Un projet de société éducatif

      Gaëlle Espinosa conclut en proposant un "projet de société éducatif" basé sur trois "clés de voûte" :

      La régulation émotionnelle

      La maturité relationnelle La disponibilité intellectuelle (qui découlerait des deux premières).

      Ces objectifs permettraient à l'élève de devenir autonome et mature relationnellement, de parvenir à son autorégulation émotionnelle, et d'être plus disponible pour les apprentissages, menant ainsi à son bien-être et sa réussite.

      Elle insiste sur le fait qu'un tel projet "demande du temps" et une constance politique, sans "changer de cap", pour que l'affectivité et les émotions soient positionnées** "au même niveau que la cognition".

      X. Précisions terminologiques

      • Affectivité vs Émotions : L'affectivité est un concept plus large, incluant les émotions, les sentiments, les humeurs, la motivation et la confiance en soi.

      Les émotions sont une composante plus précise de l'affectivité.

      • Confiance en soi : Liée aux pratiques, construite par le tâtonnement, les essais et les erreurs, et par l'expérience de la réussite ou des difficultés.

      Elle peut être rapprochée du sentiment d'efficacité personnelle.

      • Justice scolaire : Se réfère à "l'impression de pouvoir être traité comme les autres", à l'équité perçue des sanctions ou des remarques. Une injustice perçue peut générer "de la rancœur, de la colère".

      • Réflexivité : Pas d'échelle connue pour la mesurer, mais elle se construit et évolue, notamment par la formation et l'expérience.

      • La présentation souligne enfin que les études quantitatives tentent d'analyser la contribution de chaque dimension (famille, relation enseignant-élève, etc.) sur le bien-être de l'élève, tout en reconnaissant qu'il n'y a rien d'automatique et que de multiples facteurs interdépendants sont en jeu.

    1. Note de synthèse détaillée : L'Enseignement Explicite pour la Réussite Scolaire et la Gestion de Classe

      Cette note de synthèse s'appuie sur la conférence "Enseignement explicite : des pistes pour gérer les apprentissages et les comportements des élèves" pour présenter les thèmes principaux, les idées clés et les faits importants concernant l'enseignement explicite, en incluant des citations pertinentes.

      1. Introduction : Une double problématique et un enjeu sociétal

      La conférence aborde une double problématique touchant les élèves et les enseignants :

      Pour les élèves : Les difficultés scolaires et comportementales peuvent entraîner des problèmes d'apprentissage et un risque d'abandon scolaire sans qualification.

      Pour les enseignants : La gestion des apprentissages et la gestion de classe sont des défis majeurs, même pour les expérimentés, contribuant à la pénurie d'enseignants.

      Dans ce contexte, "la mise en œuvre de pratiques efficaces ça représente finalement un enjeu sociétal majeur pour favoriser la réussite du plus grand nombre d'élèves mais aussi la rétention des enseignants".

      L'enseignement explicite est présenté comme un cadre pertinent pour adresser ces deux facettes inséparables : la gestion des apprentissages et la gestion des comportements.

      "La gestion des apprentissages et la gestion des comportements représentent les deux phases d'une même pièce".

      2. Qu'est-ce que l'efficacité en éducation ?

      L'efficacité en éducation est définie non pas comme un gros mot, mais comme la capacité à atteindre un objectif. Se basant sur la définition de Bloom, l'efficacité de l'enseignement va au-delà de la simple sélection des talents.

      Pour Bloom, "les sociétés modernes optent pour le développement éducatif d'un plus grand nombre de personnes et toute société qui accorde une telle valeur à l'éducation ou à la scolarité jusqu'à obliger tout individu à consacrer à l'école une partie importante de sa vie elle ne peut se contenter de sélectionner des talents elle doit les développer".

      Un enseignement efficace, selon Bloom, doit :

      • Augmenter la moyenne des élèves de la classe.
      • Réduire la variance (différences de résultats) entre les élèves.
      • Diminuer la corrélation entre les résultats et les caractéristiques initiales (ex: origine sociale), rendant ainsi l'enseignement équitable.

      Pour la gestion de classe, l'efficacité est mesurée différemment : elle vise "à instaurer les conditions propices pour que les apprentissages puissent se réaliser", en augmentant l'attention des élèves et en diminuant les écarts de conduite.

      C'est la conjonction des stratégies d'apprentissage et de gestion de classe qui permet d'améliorer les apprentissages et le cadre d'apprentissage.

      3. Les fondements de l'enseignement explicite : Une approche basée sur la recherche

      L'enseignement explicite n'est pas une théorie isolée, mais le fruit de décennies de recherches :

      • Recherches corrélationnelles : Observation des comportements des enseignants et des résultats des élèves, identifiant des pratiques liées à une meilleure réussite (ex: révisions, démonstration, pratique guidée).

      • Recherches expérimentales : Formation d'un groupe d'enseignants à ces pratiques prometteuses et comparaison avec un groupe contrôle, démontrant un lien de cause à effet.

      • Méta et méga-analyses : Synthèse de nombreuses recherches expérimentales, confirmant "l'efficacité d'un enseignement explicite pour aider les élèves et en particulier ce en difficulté", mais aussi pour les élèves ayant plus de facilité, et ce, à tous les âges.

      L'enseignement explicite est une "importante base de connaissance qui a été minutieusement conçue", s'étendant des années 70-80 jusqu'à nos jours, et aucune recherche n'a fondamentalement remis en cause son efficacité.

      Il repose sur une triple concordance :

      • Efficacité démontrée par les recherches pédagogiques.

      Recherches en psychologie cognitive :

      • Distinction apprentissages naturels/secondaires : Certains apprentissages (lire, calculer, écrire) sont "secondaires" et nécessitent un enseignement formel et explicite, contrairement aux apprentissages naturels (marcher, reconnaître des visages).

      • Charge cognitive : L'enseignement explicite tient compte de la charge cognitive.

      L'effet du problème résolu (Cooper et Swiller, 1987) montre que les élèves étudiant un problème résolu performant mieux et peuvent expliquer leur démarche, contrairement à ceux en résolution de problèmes classique qui peuvent réussir sans comprendre le cheminement.

      • Définition conceptuelle robuste : Les concepts et stratégies sont concrets, opérationnels et réplicables.

      4. Clarifications et définitions de l'enseignement explicite

      Le terme "explicite" signifie "ouvert à la compréhension, pas obscur ni ambigu".

      John Hattie utilise les termes "visible teaching" et "visible learning", soulignant que l'enseignement doit être visible pour les élèves et que leur apprentissage doit être rendu visible pour l'enseignant.

      L'enseignement explicite est "une combinaison de comportements conçus pour promouvoir l'apprentissage des élèves".

      Il est important de ne pas le confondre avec d'autres terminologies :

      • "Instruction directe" (minuscules) : Peut désigner l'enseignement explicite ou d'autres approches, voire tout enseignement mené par le maître.

      • "Direct Instruction" (majuscules ou DI) : Approche très formalisée créée par Engelmann où les enseignants suivent un script, différente de l'enseignement explicite où les enseignants conçoivent leurs leçons.

      Le terme "enseignement explicite" est utilisé depuis 1986 par Rosensteine, formalisant l'approche à partir des recherches.

      Un synonyme apprécié est "Active Teaching", soulignant une approche très active pour l'enseignant et les élèves.

      5. Stratégies de gestion des apprentissages : Les cinq étapes de la leçon explicite

      L'enseignement explicite s'inscrit dans le modèle de réponse à l'intervention (RTI), qui propose des stratégies universelles (palier 1) bénéficiant à 80% des élèves.

      Il met l'accent sur la phase d'interaction et la planification, ainsi que la consolidation (pour contrer la courbe de l'oubli).

      Les cinq étapes fondamentales d'une leçon d'enseignement explicite sont :

      Ouverture de la leçon :

      • But : Capter l'attention, présenter les objectifs et leur utilité, rappeler les connaissances préalables.

      • Stratégies : Signal non verbal, énoncé clair de l'objectif, explication de l'utilité dans la vie quotidienne et future scolarité (ex: inférences en lecture). Vérification fine de la compréhension et rétroactions de qualité. Réenseignement des prérequis si nécessaire.

      Modelage (Je te montre) :

      • But : Montrer et expliquer comment réaliser la tâche, en "mettant un haut-parleur sur sa pensée".

      • Stratégies : Verbaliser le raisonnement (étapes, questions, pièges à éviter). Montrer des exemples et contre-exemples. C'est une étape riche qui développe la métacognition. "Elle est parfois mal comprise et assimilée à tort à une sorte uniquement d'exposé". C'est une étape brève (quelques minutes).

      Pratique guidée (On le fait ensemble) :

      • But : Les élèves réalisent des tâches similaires sous la supervision active de l'enseignant, dialoguent et explicitent leur cheminement.

      • Modalités :Collective : Choisir des élèves au hasard pour refaire la tâche en explicitant.

      • En binômes (enseignement réciproque) : Les élèves s'expliquent mutuellement comment ils ont fait.

      • Stratégies clés :Consignes claires.

      • Vérification de la compréhension (plus pertinente que "avez-vous compris ?" : "si je prenais le temps maintenant de m'arrêter de choisir quelqu'un et lui demander de me reformuler ce qui est une métaanalyse ben là j'aurai beaucoup plus d'informations sur sa compréhension").

      • Désignation aléatoire des élèves : Pour augmenter l'attention et répartir équitablement la parole.

      • Rétroactions de qualité : Fournir des informations sur la production et comment l'améliorer, et former les élèves à l'auto-feedback et au feedback mutuel (métacognition).

      • Aide si besoin : Rappels, listes d'étapes.

      • Test formatif : Avant de passer à la pratique autonome, s'assurer que les élèves ont atteint un seuil de réussite (80%). Les autres restent en pratique guidée ou reçoivent un réenseignement.

      Pratique autonome (Tu le fais seul) :

      • But : Consolider les nouvelles connaissances en mémoire. L'aide de l'enseignant est réduite mais il continue de vérifier la compréhension et de fournir de l'aide.

      • Stratégies : Suffisamment d'exercices variés, incluant des exercices de transfert. Le seuil de réussite visé est de 90 à 95% de réponses correctes.

      Clôture :

      • But : Synthétiser les apprentissages, prendre du recul, poursuivre la pratique et introduire la prochaine leçon en explicitant les liens.

      • Stratégies : Questions métacognitives ("Qu'a-t-on appris aujourd'hui ?", "À quoi ça sert ?"), rétroactions riches, introduction de l'objectif de la prochaine leçon.

      • Différenciation : Ces étapes ne sont pas linéaires mais itératives. L'enseignant peut revenir à une étape précédente si nécessaire (ex: refaire un modelage ou une pratique guidée pour des élèves en difficulté).

      Cela permet une différenciation basée sur l'observation objective des besoins des élèves, rendant l'approche "beaucoup plus réaliste que l'idée de se dire qu'on va différencier de manière un peu finalement même à l'aveugle".

      6. Stratégies de gestion des comportements : Mieux vaut prévenir que guérir

      Le principe fondamental est que "mieux vaut prévenir que guérir".

      Les enseignants efficaces mettent en œuvre environ 80% d'interventions préventives et seulement 20% d'interventions réactives.

      La punition n'est pas la seule option corrective, et d'autres stratégies sont à privilégier.

      Les gestes professionnels fondamentaux incluent :

      Relations positives :

      • Stratégies concrètes : S'intéresser aux élèves, discuter avec eux, les accueillir. "Le positif finalement attire le positif".

      • Attentes élevées : Croire au potentiel de tous les élèves, sans se fier aux préjugés.

      • Outil "Efforts et stratégies" : La réussite dépend des efforts des élèves et des stratégies fournies par l'enseignant. "Je bannis de mon vocabulaire les mots faciles et difficiles".

      • Environnement sécurisant et enseignement explicite des comportements :

      • Justification : L'éducation aux comportements est aussi le rôle de l'école, car tous les élèves n'ont pas appris ces codes à la maison.

      Cela fait gagner du temps à long terme en réduisant les problèmes. "Si un élève ne sait pas lire, on va lui apprendre à lire... mais s'il ne sait pas se comporter, est-ce qu'on va lui apprendre ou est-ce qu'on va le punir ?".

      • Matrice comportementale : Choisir 3 valeurs (ex: respect, responsabilité, solidarité) et identifier les comportements positifs attendus dans les différentes activités/lieux (formuler en "je" et de manière positive).

      • Enseigner les comportements : Appliquer les cinq étapes de l'enseignement explicite pour les comportements, en contexte réel (ex: dans le couloir, dans le bus).

      • Ouverture : Présenter la valeur et la règle, son importance.

      • Modelage : Montrer le comportement attendu (ex: marcher calmement, donner une rétroaction). Inclure des contre-exemples humoristiques.
      • Pratique guidée : Les élèves pratiquent les comportements attendus devant l'enseignant, qui donne des rétroactions sur leur comportement par rapport aux valeurs.
      • Pratique autonome : Non explicitée mais implicite dans la consolidation.
      • Clôture : Non explicitée.

      Encadrement et supervision des élèves :

      • Stratégies : Superviser constamment du regard, "marcher la classe de manière imprévisible" pour augmenter la prévention des écarts de conduite.

      Renforcement positif :

      • Importance : Dire aux élèves que leur comportement est bon est essentiel pour le maintenir. Le renforcement verbal est prioritaire, mais des renforcements tangibles (étiquettes, jetons échangeables contre des privilèges) sont aussi efficaces.
      • Principe : "On ne retire jamais de points on s'en sert uniquement pour dire aux élèves ce qui est bien". Les écarts de conduite sont gérés par un autre système.
      • Organisation de la classe :
      • Stratégies : Disposer le mobilier pour une visibilité et une circulation aisées, préparer le matériel à l'avance. "Au plus ma classe est organisée au moins aussi il va y avoir de de place pour des écarts de conduite".

      • Enseignement efficace (en tant que stratégie préventive) :

      • Les cinq étapes de l'enseignement explicite, lorsqu'appliquées aux matières académiques, "augmentent l'attention des élèves parce que c'est une approche qui les sollicite constamment".

      Cela contribue directement à une meilleure gestion de classe.

      7. Gestion des écarts de conduite : Interventions correctives

      Les interventions correctives sont hiérarchisées et visent à être les plus discrètes et à moindre coût.

      Une distinction est faite entre :

      • Écart de conduite mineur : Ne perturbe pas l'enseignement ni l'apprentissage des autres (ex: bavardage léger).

      • Écart majeur : Nécessite une intervention plus forte, potentiellement le retrait temporaire de l'élève (ex: bagarre).

      Stratégies pour les écarts mineurs (du plus discret au plus direct) :

      • Proximité physique.

      • Contact physique (ex: main sur le bureau).

      • Signal sonore (ex: raclement de gorge).

      • Ignorer momentanément et féliciter un autre élève ayant un bon comportement ("quatre interventions positives si possible pour une négative").

      • Rediriger : Rappeler brièvement le comportement attendu.

      • Réenseigner le comportement (avec les 5 étapes).

      • Offrir un choix (ex: écouter ou conséquence).

      • Conséquences formatives : Réparer (ex: nettoyer ce qui a été sali, s'excuser).

      • Isolement avec activité réflexive : Demander à l'élève d'observer et de décrire les bons comportements de ses pairs.

      • Rencontre en face-à-face hors du cours pour comprendre les raisons du comportement.

      • La punition (ex: recopier un texte) est une option si aucune stratégie constructive n'est trouvée, mais elle "n'apprend nullement le comportement qui est attendu de lui". L'objectif est d'apprendre à l'élève le comportement attendu.

      Gestion des écarts majeurs : Dépend fortement de la politique d'école (plan d'intervention, schéma de procédure) car l'enseignant seul est limité.

      Un exemple d'étude récente sur le soutien au comportement positif (PBIS) montre une diminution significative des écarts de conduite majeurs dans les écoles appliquant ce système sur plusieurs années.

      8. Conclusion

      L'enseignement explicite est une "approche pédagogique concrète qui favorise la réussite des élèves et la mise en place d'un climat propice aux apprentissages".

      C'est une série de stratégies concrètes pour la gestion des apprentissages et des comportements, pour lesquelles il est possible de se former.

    1. Compte Rendu Détaillé : Les Niveaux d'Explication et les Levers de Changement Comportemental face à la Crise Climatique (d'après le neuroscientifique Moukheiber à l'Académie du Climat)

      • Ce document de briefing synthétise les points clés et les arguments principaux développés par le neuroscientifique Moukheiber lors de son intervention à l'Académie du Climat, en se concentrant sur les niveaux d'explication des phénomènes et les stratégies efficaces pour induire un changement comportemental, notamment en lien avec la transition écologique.

      1. La Faillite du Niveau d'Explication Cérébral et Individualiste pour les Problèmes Sociétaux

      Moukheiber insiste sur la nécessité de choisir le "bon niveau explicatif" pour comprendre un phénomène.

      Il utilise l'analogie d'un accident de voiture : chercher la cause au niveau atomique de la carrosserie est absurde si la cause réelle est le verglas ou l'alcoolémie du conducteur.

      De même, réduire des comportements complexes, comme ceux liés à la transition écologique, au seul fonctionnement du cerveau est une erreur fondamentale.

      • Le Mythe du "Cerveau Seul" et la Cognition Incarnée : Le neuroscientifique critique le "tour de passe-passe cognitif" qui a remplacé l'esprit par le cerveau, traitant ce dernier comme une entité isolée.

      Il promeut le concept de cognition incarnée, un courant majeur en neuroscience qui stipule que le comportement humain doit être analysé à travers un "triptyque" : le cerveau, l'état du corps (sommeil, faim, douleurs, etc.), et l'environnement/contexte.

      • Citation : "On pourra jamais expliquer le comportement d'un humain juste en regardant son cerveau

      Il faut regarder tout le temps un triptique le cerveau l'état du corps... et l'environnement le contexte dans lequel cet agent incarné qui est l'humain est en train d'évoluer."

      • L'Exemple des Fast-Foods : Plutôt que d'expliquer la consommation de fast-food par le cerveau des jeunes, le bon niveau explicatif est "l'organisation des villes qui ont mis des McDo à chaque coin de rue."

      Cela illustre que des phénomènes comme l'anxiété sociale peuvent relever du cerveau, mais d'autres, comme la surconsommation, sont des "propriétés émergentes" liées à des facteurs macro.

      • Le Refus de la Réduction au Cerveau : La complexité de nos rapports à la transition écologique ne peut être attribuée "simplement au fonctionnement de nos cerveaux."

      Il remet en question la tendance à sur-responsabiliser l'individu et son cerveau pour des problèmes systémiques.

      2. Le Modèle du Déficit Informationnel est "Profondément Fallacieux"

      Moukheiber dénonce avec force l'idée que les gens n'agissent pas pour le climat par manque d'information, qu'il nomme le modèle du déficit informationnel.

      • L'Inefficacité de la Pédagogie Seule : Des milliards ont été dépensés en campagnes de sensibilisation, notamment sur la cigarette ou le climat, avec des résultats limités.

      • Citation : "On a dépensé des milliards... Les hommes et les femmes politiques [disent] que si on s'oppose à une loi c'est qu'on a c'est qu'il faut faire de la pédagogie

      Les Français n'ont pas compris C'est vraiment l'arbre qui cache la forêt c'est ça revient tout le temps à une cette sorte de surres de l'individu

      Si les gens ne sont pas en train de prendre moins à l'avion c'est parce qu'ils ont pas compris S'ils sont encore en train de manger de la viande c'est parce qu'ils ont pas compris Alors que c'est pas vrai."

      • La Dissonance Cognitive : Bien que la dissonance cognitive (savoir qu'une action est mauvaise mais la faire quand même) soit un phénomène réel, les neurosciences, au travers du cadre de la cognition incarnée, ne suggèrent pas que la solution réside dans plus de pédagogie individuelle.

      3. L'Importance des "Conditions Facilitantes" et des Actions Systémiques

      Le neuroscientifique met en lumière le pouvoir des "conditions facilitantes" (enabling conditions) et des "propriétés émergentes" pour modifier les comportements à grande échelle.

      • L'Exemple du Tabac : L'interdiction de fumer en intérieur et l'augmentation des prix ont eu un impact bien plus significatif sur la consommation de tabac que des années de campagnes de sensibilisation.

      • Citation : "À un moment on a fait quelque chose à un niveau supérieur dans ces niveaux explicatifs On a passé une loi deux lois principalement une loi qui a augmenté le le prix une deuxième loi qui a interdit de fumer en intérieur

      Et là tout d'un coup le taux de nouveau fumeur à toutes les tranches d'âge commença à diminuer."

      • Le Climat : Une Problématique Systémique : Les comportements néfastes pour le climat ne relèvent pas du niveau individuel, mais de l'organisation des villes, des tarifs, des salaires, et des lois.

      • Citation : "Les comportements qu'on a qui sont délétaires pour la transition écologique ne se jouent pas au niveau de l'individu il se joue au niveau de l'organisation des villes des tarifs des salaires des lois qu'on est en train de faire passer

      Et tant qu'on va essayer de tout toute la pédagogie du monde tout l'esprit critique du monde ne suffira pas à inverser la tendance tant qu'on veut juste agir au niveau de l'individu."

      • Le Conseil aux Partis Écologistes : Moukheiber conseillerait d'« arrêter d'avoir une grille de lecture individualiste ». Les initiatives individuelles sont une "goutte d'eau dans l'océan" face à un problème systémique.

      L'impact réel vient de l'influence sur des acteurs systémiques (ex: convaincre Tim Cook de modifier le cycle de vie des iPhones plutôt que 300 000 individus).

      4. La Nuance de la Dérégulation et de la Responsabilité Individuelle

      Moukheiber anticipe l'objection de la "déresponsabilisation" de l'individu.

      • Une Part de Responsabilité Individuelle Minime : Il reconnaît qu'il y a une part de responsabilité individuelle (trier ses déchets, moins prendre l'avion, moins manger de viande, consommer local).

      • Citation : "Il y a comme une part des choses qui est de ma responsabilité Trier c'est c'est minime C'est c'est c'est une goutte d'eau dans l'océan de ce qu'on doit faire."

      • Le But du Comportement Individuel : Un Signal Social : Le but de ces actions individuelles n'est pas d'inverser directement la tendance de la destruction climatique, mais d'envoyer un "signal social pour qu'il y ait systématisation", de créer une "norme sociale" qui puisse ensuite se traduire par des changements plus macro (ex: interdire la pub pour le tabac).

      5. Stratégies de Changement Comportemental : Au-delà de l'Explication Rationnelle

      Face au déni ou à la résistance, Moukheiber suggère des approches alternatives à la seule explication rationnelle.

      • Questionner la Motivation : Avant d'expliquer, il faut se demander "pourquoi vous voulez leur expliquer ?" Si l'objectif est un changement de comportement, l'explication seule est souvent inefficace.

      • L'Action Avant la Compréhension : Il a réussi à changer des comportements sans mentionner le climat, en proposant des alternatives attrayantes.

      • Exemple : Emmener un ami dans un restaurant végétarien sans dire que c'est végétarien, le laissant découvrir et apprécier par lui-même.

      • Adapter le Message : L'approche doit être différente selon la personne (expliquer le cycle de l'eau à un enfant vs. parler politique à un oncle de 65 ans).

      • Le Rôle des Normes Sociales et des Tendances : Une grande partie de nos comportements ne découlent pas d'un fonctionnement rationnel ("homo économicus") mais de ce que font nos pairs, de la disponibilité, et des effets de mode (ex: la quinoa, le chou kale).

      • Citation : "Une grande partie de nos comportements ne viennent pas d'un fonctionnement rationnel... On fonctionne selon ce que font les les nos potes Euh qu'est-ce qui est disponible."

      • La "Manipulation" comme Levier (non péjoratif) : Le neuroscientifique conclut que parfois, il suffit de "manipuler" les conditions ou les choix pour modifier les comportements, reconnaissant que nous nous "manipulons les uns les autres" constamment.

      Cela implique de créer les environnements et les incitations qui favorisent les comportements souhaités, plutôt que de s'appuyer uniquement sur la conviction intellectuelle.

      • Citation : "Il suffit de manipuler Vous avez bien compris ouais On est tous en train de se manipuler de toute façon les uns les autres."

      En somme, Moukheiber plaide pour un changement de paradigme dans l'approche de la transition écologique, délaissant l'individualisme et la survalorisation de la pédagogie au profit d'une compréhension plus nuancée des niveaux d'explication et d'une action prioritairement orientée vers les leviers systémiques et les "conditions facilitantes".

    1. Compte rendu détaillé : Agir pour l'Éducation

      Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les faits les plus importants abordés lors du webinaire "Agir pour l'éducation", une initiative des professeurs du Collège de France.

      Il vise à récapituler les défis identifiés, les approches proposées et les discussions clés concernant l'amélioration du système éducatif français.

      1. Introduction et Objectifs de l'Initiative

      L'initiative "Agir pour l'éducation" est née d'une prise de conscience collective des professeurs du Collège de France face aux défis du système éducatif français. Comme l'a souligné Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale et président du Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale :

      "Nous nous sommes mobilisés collectivement pour répondre à l'un des grands défis auxquels la France est confrontée actuellement : les difficultés que rencontre notre système éducatif."

      La Fondation UK, dont la création a été récemment finalisée, a pour but de "faire rayonner le Collège de France Royaume-Uni, de soutenir la recherche française et des projets communs entre nos deux pays.

      Le Brexit nous encourage plus que jamais à créer des ponts ou les échanges intellectuels pour que les échanges intellectuels perdurent."

      2. Les Défis Majeurs du Système Éducatif Français Plusieurs points de faiblesse sont mis en évidence, témoignant d'une dégradation de la performance éducative en France :

      • Baisse du niveau dans les fondamentaux, notamment en mathématiques : La France a été classée "derniers d'Europe en mathématiques" lors de l'enquête PISA de l'OCDE en décembre 2020.

      Stanislas Dehaene note une "baisse continue des performances depuis trente ans, on perd à peu près un demi écart-type tous les dix ans, ce qui veut dire que les élèves d'aujourd'hui sont les meilleurs d'aujourd'hui sont au niveau des moyens avoir des médiocres d'il y a 30 ans." Serge Haroche, Prix Nobel de Physique, a trouvé cela "assez inquiétant".

      Un chiffre frappant est qu'environ "trois quarts des élèves de 6ème à l'entrée en 6ème n'ont pas su placer la fraction 1/2 au bon endroit sur une ligne numérique."

      • Accroissement des inégalités : Cette baisse des performances affecte particulièrement les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés.

      Malgré des efforts comme le dédoublement des classes en réseaux d'éducation prioritaire, cela reste insuffisant pour compenser des inégalités plus fortes qu'ailleurs.

      Philippe Aghion, titulaire de la chaire d'économie de l'innovation, souligne que "le revenu des parents compte énormément... les parents qui gagnent davantage sont en général plus éduqués et donc ils transmettent à leurs enfants pas seulement du savoir mais également ce qu'on appelle en anglais aspirations, des perspectives, des ambitions."

      Il insiste sur l'importance d'un système éducatif de qualité et accessible à tous pour stimuler la mobilité sociale et réduire la dépendance à l'origine sociale pour devenir innovateur. * Déficit en "soft skills" (compétences socio-comportementales) : Les élèves français sont "au plus bas de l'échelle" concernant des compétences telles que la collaboration, la persévérance, la confiance en soi et le contrôle de leur propre apprentissage. Il y a une "perte de confiance à l'école". * Formation des enseignants insuffisante : La France est "au bas de l'échelle" en termes de formation, notamment continue, de ses enseignants. Serge Haroche compare la France à des pays comme la Corée du Sud et Singapour, qui ont investi massivement dans le statut et la formation des enseignants pour améliorer drastiquement leur système éducatif. Il déplore que "le statut social qui est donné dans l'autre société différencie de façon excessive les ingénieurs par exemple des enseignants. Il est clair qu'au niveau de la rémunération, il n'y a pas de comparaison possible."

      Stanislas Dehaene mentionne qu'en France, la formation continue est de 18 heures par an, contre plusieurs semaines dans d'autres pays.

      • Sous-représentation des femmes dans les carrières scientifiques et techniques : Notamment en informatique (92% de garçons, 8% de femmes) et en mathématiques pures. Des études menées par le Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale (EVA-LCP) montrent que "il n'y a pas de différences entre garçons et filles à l'entrée au CP... et au bout d'un an la différence est très importante."

      3. Axes d'Action Proposés par le Collège de France

      • Les professeurs du Collège de France entendent se mobiliser autour de quatre piliers :

      • Comprendre : Recenser les connaissances, notamment internationales, sur les causes des difficultés françaises, la sociologie des enseignants, et les réactions d'autres pays.

      Pierre-Michel Menger, sociologue, dont la chaire porte sur la dimension créatrice du travail, insiste sur l'étude des trajectoires scolaires en mathématiques et l'analyse fine des facteurs (milieux sociaux, composition des classes, caractéristiques des enseignants) influençant les performances.

      Il propose d' "ouvrir la boîte noire" du monde scolaire et périscolaire.

      • Inspirer : Utiliser les connaissances disciplinaires des professeurs pour conseiller, enthousiasmer et orienter les élèves, notamment les jeunes femmes vers les filières scientifiques. Philippe Aghion a développé le "Campus de l'Innovation pour les Lycées" en partenariat avec le Ministère de l'Éducation Nationale pour permettre aux lycéens de zones prioritaires d'accéder à la recherche en train de se faire et d'éveiller des vocations.

      • Outiller : Développer et diffuser des outils pour mieux apprendre et enseigner. Stanislas Dehaene et son équipe ont créé des logiciels comme "Kalulu" pour aider à automatiser le décodage en lecture et développer des tests de diagnostic des difficultés en mathématiques, notamment concernant les fractions. L'objectif est de les rendre "disponibles dans toutes les classes gratuitement".

      • Expérimenter : Mettre en place des "expérimentations randomisées contrôlées" (RCTs) pour vérifier l'efficacité des propositions, à l'image des travaux d'Esther Duflo (Prix Nobel d'Économie).

      Il est crucial de "vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas" plutôt que de se fier aux convictions.

      4. Projets Spécifiques et Innovations

      • Stanislas Dehaene (Psychologie Cognitive Expérimentale) :
      • Recherche sur l'organisation cérébrale pour les mathématiques et la lecture (25 ans de recherche).
      • Développement d'outils de mesure des performances de lecture et de diagnostic des types de dyslexie.
      • Conception de logiciels d'entraînement pour les élèves (ex: Kalulu pour le décodage en lecture), avec des résultats positifs prouvés par des expérimentations.
      • Volonté de diffuser gratuitement ces outils de diagnostic et d'intervention, notamment pour le premier degré et les mathématiques (ex: test sur les fractions en 6ème).
      • Philippe Aghion (Économie de l'Innovation) :
      • Axé sur la création d'une économie plus innovante et inclusive. L'éducation est un vecteur clé pour l'innovation et la mobilité sociale.
      • Campus de l'Innovation pour les Lycées : Initié en 2016, ce partenariat avec le Ministère de l'Éducation Nationale a touché 4500 lycéens et 900 enseignants entre 2016 et 2021 dans 40 villes. Il vise à apporter le "savoir en train de se faire" aux élèves et enseignants de zones prioritaires.
      • Réforme des programmes SES : Co-création avec Pierre-Michel Menger d'une approche pédagogique pour les sciences économiques et sociales, axée sur l'acquisition de concepts fondamentaux en microéconomie avant la macroéconomie, et le croisement des disciplines.

      Ce programme est devenu le plus choisi après les mathématiques en première et seconde. Extension prévue aux sciences de la vie et aux mathématiques.

      Pierre-Michel Menger (Sociologie du Travail) :

      • Étudie le "learning content" du travail et la relation entre travail et éducation.
      • Travaux sur l'organisation et la compétition dans l'enseignement supérieur et la recherche, la diffusion de la sémantique du talent et la méritocratie.
      • Recherche sur les trajectoires scolaires en mathématiques (primaire aux classes préparatoires), utilisant de vastes enquêtes (PISA, enquêtes nationales).
      • Aborde trois défis majeurs en mathématiques :
      • Élever le niveau moyen et médian des élèves en numératie, en corrigeant les inégalités de départ ("dimension inclusive"). Il insiste sur la transversalité des mathématiques comme "socle indispensable pour s'orienter et pour agir et pour travailler dans le monde".
      • Assurer l'excellence mathématique et l'attractivité pour les chercheurs et doctorants, alors que des signes d'érosion apparaissent (départ de brillants mathématiciens à l'étranger).
      • Lutter contre la "surreprésentation absolument persistante des femmes" en mathématiques.
      • Propose d' "ouvrir la boîte noire" en enquêtant sur le terrain (monde scolaire et périscolaire, clubs de mathématiques) et en mobilisant les parents, les enseignants et les élèves.
      • Serge Haroche (Physique Quantique, Prix Nobel) :
      • Élargit la discussion au contexte international (Brésil, Corée du Sud, Singapour).
      • Souligne la nécessité de donner aux citoyens les moyens d' "apprendre à apprendre" et de développer l'esprit critique.
      • Insiste sur la consolidation des bases (lecture, calcul) comme préalable.
      • Propose d'améliorer le statut et la formation des enseignants pour rendre la profession plus attractive, s'inspirant des exemples coréen et singapourien.
      • Remarque la baisse de l'intérêt pour les sciences chez les jeunes au passage du primaire au collège, en partie due à une formation insuffisante des enseignants dans les matières scientifiques.
      • Suggère d'intégrer l'histoire des sciences dans l'enseignement pour montrer son importance civilisationnelle et inspirer les jeunes.

      5. Débats et Questions Clés

      • Innovation et égalité : La France est égalitaire en termes de revenus après impôts, mais moins en termes de mobilité sociale. L'éducation est un levier essentiel pour stimuler cette mobilité et créer une économie plus innovante et inclusive.

      • Formation des enseignants : Le manque de formation continue (18h/an en France vs plusieurs semaines ailleurs) et le besoin d'actualiser les connaissances pédagogiques sont cruciaux. Il faut s'inspirer de modèles comme l'Education Endowment Foundation (EEF) britannique pour diffuser les recherches sur les stratégies pédagogiques efficaces et déconstruire les "neuromythes" (ex: intelligences multiples).

      • Place de la philosophie : La philosophie, comme les mathématiques, est une "méta-compétence" fondamentale pour le raisonnement logique et l'esprit critique. Son enseignement pourrait être élargi, pas nécessairement comme une spécialité, mais par des approches pédagogiques qui valorisent le débat et la logique.

      • Disparité de genre en sciences : Des études montrent que la différence de niveau en mathématiques entre garçons et filles apparaît très tôt à l'école. Les pistes incluent la présentation de "role models" (femmes scientifiques), une redéfinition de la compétition (favorisant la coopération), et la prise en compte des choix de carrière liés aux perspectives d'épanouissement.

      L'expérimentation de la pédagogie par le jeu en mathématiques est aussi envisagée pour réduire les inégalités.

      • Impact de l'appréciation des professeurs : Des commentaires trop "incisifs" peuvent freiner l'enthousiasme. Un changement d'attitude vers une valorisation des efforts, une positivité et la déculpabilisation de l'échec est nécessaire, s'inspirant des systèmes qui encouragent la "deuxième chance".

      Le concept de "growth mindset" (tout le monde apprend) de Carole Dweck est un modèle à diffuser.

      • Décrochage en mathématiques et sens : La difficulté vient souvent d'un apprentissage par cœur des algorithmes sans connexion profonde avec le "sens" des concepts (ex: ligne numérique pour les fractions).

      Le manque de formation des professeurs du primaire en mathématiques et la difficulté à gérer l'hétérogénéité des classes sont aussi des facteurs.

      • Rôle de l'investissement et de l'autonomie des établissements : Il est souligné que "sans investissement, on ne pourra pas améliorer le système". Les salaires des enseignants sont jugés trop bas, ne valorisant pas suffisamment la profession.

      La Finlande est citée comme exemple pour avoir su réconcilier "standards nationaux et autonomie des chefs d'établissement", permettant des projets pédagogiques innovants et un meilleur encadrement des élèves.

      • Culture de l'effort : Il est important de réintroduire la "culture de l'effort" dans l'enseignement, car "on n'apprend pas sans y mettre une certaine intensité". Il faut que cet effort "paie" et que le système valorise le travail et les compétences.

      En conclusion, le webinaire met en lumière l'urgence d'une mobilisation collective pour transformer le système éducatif français.

      Les professeurs du Collège de France proposent une approche scientifique et expérimentale pour comprendre les problèmes, inspirer les élèves, outiller les enseignants et vérifier l'efficacité des solutions, avec l'ambition de construire une nation plus innovante et inclusive.

    1. Note de synthèse : Le rôle du Replay et de la Connaissance Structurelle dans l'Apprentissage et la Cognition

      Cette note de synthèse explore les idées principales présentées par le Professeur Tim Behrens sur la manière dont le cerveau construit des modèles du monde, en mettant l'accent sur le rôle du "replay" (rejeu) et des représentations structurelles dans l'apprentissage et l'inférence.

      1. Le Débat Fondamental en Psychologie : Skinner vs. Tolman L'exposé de Behrens débute par une rétrospective historique du débat entre deux figures majeures de la psychologie du milieu du XXe siècle :

      • B.F. Skinner (Behaviorisme) : Skinner soutenait que tout comportement est contrôlé par la récompense et la punition, à travers un processus de "conditionnement".

      Il affirmait qu'un comportement sophistiqué pouvait être créé en "assemblant" des comportements prédisant une récompense, même à long terme.

      Sa célèbre citation, "The real problem is not where the machines think but whether men do," illustre sa vision externaliste du contrôle du comportement.

      Ses idées ont eu une influence notable sur le système éducatif américain des années 60 et 70.

      • Edward Tolman (Cognitivisme) : À l'opposé, Tolman, étudiant les rats dans des labyrinthes, a démontré que les animaux apprenaient la structure du labyrinthe même en l'absence de récompense.

      Les rats pouvaient trouver des raccourcis plus tard lorsque des récompenses étaient introduites, ce qui suggère l'existence d'une "carte cognitive" interne ou d'un "modèle interne du monde".

      Sa métaphore était que "the central office itself is far more like a map controll room than it is like an oldfashioned telephone exchange."

      • Behrens conclut que "obviously like all debates in the history of science both of them are right to some extent or the other both of these processes exist in the brain", mais que la "knowledge structure process is a very interesting one and certainly has an increasing reliance as you get higher up The evolutionary chain towards primates and humans." Le cœur de la présentation est de comprendre à quoi ressemble cette "carte" et comment elle est construite dans le cerveau.

      2. La Représentation des Relations et la Généralisation

      • La construction d'un modèle du monde repose sur la compréhension des relations entre les choses. Behrens propose deux manières pour le cerveau de représenter ces liens :

      • Liaisons synaptiques directes : Des neurones associés à deux concepts (ex: Starbucks et café) pourraient former de nouvelles synapses pour s'activer mutuellement. C'est le principe de l'apprentissage associatif.

      • Neurones représentant explicitement les relations : Une approche plus sophistiquée implique des populations distinctes de neurones qui encodent la structure des relations elles-mêmes. L'avantage crucial de cette méthode est la capacité d'inférence et de généralisation.

      Si la relation entre la fée Starbucks et le café est encodée explicitement, le même mécanisme neuronal peut être utilisé pour comprendre la relation entre le "whoosh" de Nike et une chaussure, permettant une inférence comme "I can buy the shoe wherever I see the Nike whoosh."

      3. Les Cellules de Grille et de Lieu : Les Fondements des Cartes Cognitives

      • La démonstration de la représentation structurelle débute avec les découvertes en neurosciences spatiales chez les rongeurs :

      • Cellules de Lieu (Hippocampe) : Ces neurones s'activent lorsque l'animal se trouve dans une position spécifique de l'environnement.

      • Cellules de Grille (Cortex Entorhinal) : Ces cellules sont "super cool cells" qui s'activent selon un motif hexagonal régulier et "understand the structure of the problem that you're talking about". Elles fournissent un système de coordonnées pour la navigation spatiale. Il n'y aurait "no reason to have such a cell if you were not optimized for running around a two-dimensional plane."

      • Cellules de Vecteur d'Objet : Ces neurones représentent un vecteur entre la position actuelle de l'animal et un objet intéressant (ex: "I'm this Vector away from something interesting like a piece of cheese").

      • L'existence de ces cellules permet des inférences spatiales complexes, comme trouver un raccourci vers la récompense, au lieu de simplement reproduire le chemin appris (comme le prédirait Skinner).

      4. La Généralisation des Cellules de Grille aux Domaines Non-Spatiaux

      • Une idée centrale de l'équipe de Behrens est que ces "types of solutions are general types of solutions for many of the problems". Des preuves s'accumulent que les cellules de grille et des systèmes de coordonnées similaires peuvent être utilisés pour des problèmes non-spatiaux :

      • Espace de Fréquence : Des cellules de grille ont été observées chez les rats naviguant dans un espace de fréquence tonale, se comportant "as if you're moving through real space".

      • Dimensions Sémantiques : Dans des études sur les humains (via des "smoke signals" ou des signaux indirects détectés par MEG), des activités similaires aux cellules de grille ont été observées pour des problèmes à deux dimensions non spatiales, comme la longueur des pattes et du cou des oiseaux.

      Plus récemment, des cellules de grille non spatiales ont été enregistrées directement chez le singe, ce qui est "very exciting for me because I started this this thing I guess 12 15 years ago and now we can really see them."

      • Hiérarchies de Séquences : Même pour des structures non bidimensionnelles, comme les hiérarchies temporelles (jours, semaines, mois, années), des preuves indirectes de systèmes de coordonnées similaires ont été trouvées chez l'homme.

      • Ces découvertes renforcent l'idée que ces représentations structurelles sont des "General structural representations of the relationships between objects in your brain."

      5. Le Phénomène de Replay et son Rôle dans l'Inférence

      • Le "replay" est un phénomène d'activité neuronale rapide qui récapitule des séquences d'événements, se produisant souvent pendant le repos ou le sommeil. Behrens soutient que le replay n'est pas seulement une consolidation passive de la mémoire, mais un processus actif d'inférence sur des futurs possibles :

      • Décodage du Replay chez l'Humain : En utilisant la magnétoencéphalographie (MEG), les chercheurs peuvent décoder l'activité cérébrale pendant le repos et voir quelles séquences de stimuli sont "rejouées".

      • Replay Inférentiel : Dans une expérience inspirée de Kill Bill de Tarantino (où l'ordre des chapitres est jumbé), les sujets humains apprenaient des séquences d'événements dans le désordre.

      Pendant les périodes de repos, le replay ne montrait pas la séquence désordonnée vécue, mais la séquence "désembrouillée" et logiquement correcte.

      "What's happening in this rest period after we show subjects the jumbled up sequences... their brain in this rest period is going ABCD ABCD ABCD ABCD with like 40 milliseconds between them and these little packets the little packets being played out doing an inference over what's what's happened."

      Ce processus se produit rapidement (environ 40-50 millisecondes par élément).

      • Lien avec la Structure : Le replay utilise la connaissance structurelle préexistante (par exemple, l'ordre causal des événements) pour réorganiser et inférer des relations non directement vécues.

      • Replay dans la Vie Quotidienne : Des études montrent que le replay se produit "whenever the movie pauses at a scene boundary doing all all sorts of reorganization."

      Ce qui suggère aux éducateurs de "pause regularly when you're trying to explain something to give the opportunity for lots of Replay packets to be to be reorganized in your in your other people's brains."

      6. Mécanismes Cellulaires du Replay Inférentiel

      • Behrens explique comment le replay pourrait permettre la construction de cartes et l'inférence au niveau neuronal :

      • Construction de Cartes à partir de la Récompense :

      L'argument est que l'animal ne planifie pas seulement au moment de l'action, mais que le fait de trouver une récompense déclenche des paquets de replay qui construisent une carte de directions vers cette récompense depuis d'autres endroits de l'environnement. Ces replays "build an entire map to get to that cheese."

      • Association Coordonnée-Vecteur : Le replay lierait la position actuelle (coordonnée) avec un "neurone vecteur" (ex: "cheese over there neuron") pour créer une nouvelle "place field" (champ de lieu) ou modifier une existante. Si le point de récompense se déplace, le replay désassocie l'ancien vecteur et l'associe au nouveau.

      "The replay is taking the neuron that says cheese over here and it's moving it to say cheese is over there now right and so that's what the replay is doing and it's doing this throughout the whole map it's just going around the whole map organizing your representations to point you towards the cheese doing this inference in rest not at the time when you're going to need it when you need it but doing it way before you need it so that it's much quicker when you need it."

      • Surreprésentation des Neurones Vecteurs : Les neurones de vecteur seraient particulièrement représentés dans ces replays, suggérant qu'ils sont la cible principale de cette réorganisation.

      7. Replay Rapide vs. Replay Lent et leur Impact sur la Performance

      • Dans des tâches cognitives plus complexes chez l'humain (comme un jeu de cartes avec des dimensions d'attaque/défense), deux types de replay sont observés :

      • Replay Rapide (Fast Replay, ~50 ms) : Associé à une meilleure performance et à l'utilisation du système de coordonnées interne.

      Plus on a de replay rapide, moins on a besoin de "réfléchir" consciemment.

      Il se situe dans les zones du lobe temporal médian (hippocampe, cortex entorhinal).

      • Replay Lent (Slow Replay, ~150 ms) : Associé à une performance plus faible et à la nécessité de la "pensée" consciente. Il semble provenir davantage du cortex frontal.

      • Ces résultats suggèrent que le replay rapide, qui construit des cartes en mode hors ligne, "is preventing you from having to do this rapid thinking online."

      8. L'Importance du Repos et du Sommeil pour la Construction de Connaissances Structurelles

      • Behrens insiste sur le fait que le cerveau continue de "remplir la carte" pendant les périodes de repos :

      • Construction Hors Ligne de la Carte : Même lorsque les informations sont apprises de manière unidimensionnelle, le cerveau utilise le replay pendant le repos pour construire la carte complète bidimensionnelle.

      "It replays in the two- dimensional in the full two two Dimensions during rest when there's no inferences going on in in their behavior they're just sitting there the brain in the background is is sending these little packets filling out the map building in the two-dimensional replay."

      • Impact sur la Performance Future : "If you do that offline then later online you have more grid cell activity and you're better at the task."

      • Conseil Pratique : "All the time when you're just sitting around having a cup of tea what you should be doing what your brain is doing is filling in all the experiences that you've had that day and making them all match up with each other so that you um so so that you when you get asked a question later you know the answer already you don't have to think about it there and then so get lots of rest and have lots of Cups of Tea."

      • Lien avec l'Éducation et le QI : Les signaux de replay et de structure se développent "in the school time in the age of of school from 8 to 18 and they predict measures real world measures like IQ much better than things like age do."

      Ceci soutient l'idée que les programmes éducatifs devraient se concentrer sur le "developing Rich structural knowledge" plutôt que sur le conditionnement par récompense/punition ("take that Skinner!").

      • Replay et Sommeil Lent : Ces paquets d'activité sont les plus forts pendant le sommeil à ondes lentes, soulignant l'importance du sommeil pour l'organisation des connaissances.

      9. Discussion : Homme vs. Rongeur et Spécialisation Corticale

      • Similarité des Principes Mécanistiques : Behrens reconnaît que le répertoire structurel est "much richer in humans than it is in other species" mais pense que "the principles by which they mechanistically operate are the same." Cela justifie l'étude des mécanismes de base chez les rongeurs.

      • Transfert de Connaissances Hippocampe-Cortex : Il y a "definitely such a transfer" d'informations de l'hippocampe vers le reste du cortex pendant le sommeil.

      Une "onde d'activité" se propage de l'hippocampe vers le cortex entorhinal, puis le cortex préfrontal médian et pariétal médian, avant d'atteindre les cortex associatifs et sensorimoteurs. Ces régions médianes pourraient "mediate the communication of hippocampus to the rest of Cortex."

      • Le Modèle en "Anneaux d'Oignon" (Onion Rings) : Behrens propose une métaphore où les structures les plus universelles et fréquemment utilisées (comme l'espace ou les hiérarchies) seraient représentées "closest to the hippocampus", tandis que les structures plus spécialisées (comme la grammaire du langage) seraient plus éloignées, dans les systèmes corticaux dédiés.

      L'objectif est de construire les souvenirs avec le moins de nouvelles synapses possible, en utilisant au maximum les connaissances antérieures.

    1. Note de synthèse : L'emprise psychotique et la Folie à Deux

      Ce document explore la notion d'emprise psychotique, en se basant sur la « Folie à Deux » comme modèle principal, et la distingue de l'emprise perverse classique.

      La présentation met en lumière les mécanismes, les typologies, les implications médico-légales et les dynamiques relationnelles sous-jacentes à ce phénomène complexe.

      1. Introduction à la Folie à Deux (Folie A2) et son lien avec l'emprise

      La Folie à Deux est une entité clinique décrite initialement par Lasègue et Falret en 1877.

      Elle se caractérise par le développement d'idées délirantes chez un « patient secondaire » sous l'influence d'un « patient primaire » déjà délirant. Les conditions nécessaires incluent une relation étroite et isolée des influences extérieures.

      • Exemple clinique : L'histoire de Sarah et Chloé L'exemple introductif illustre la dynamique de la Folie à Deux : Sarah, une mère anxieuse et contrôlante, et sa fille Chloé, souffrant de pathologies qui renforcent les défenses obsessionnelles de la mère.

      Leur relation fusionnelle et isolée conduit au développement d'un délire de persécution et de spoliation centré sur une tante.

      Initialement, la mère tente de raisonner sa fille, mais face à la violence de Chloé et à leur isolement, elle finit par céder et adhérer aux idées délirantes de sa fille. Cette adhésion conduit à un passage à l'acte violent envers la tante, entraînant leur hospitalisation.

      À la séparation, la mère se restaure rapidement, devenant critique des événements, tandis que la fille met plus de temps à se rétablir.

      Ce cas met en évidence l'influence du patient primaire (la fille) sur le patient secondaire (la mère) dans un contexte d'isolement et de pression.

      2. Typologies de la Folie à Deux L'analyse proposée distingue deux types principaux de Folie à Deux :

      • Folie à Deux Imposée (de Lasègue et Falret) :
      • Le patient primaire est actif dans le délire, et le patient secondaire est plus passif, délirant "par reflet" ou "sous la pression".
      • À la séparation, le patient secondaire retrouve rapidement son état antérieur et sa capacité critique.

      • Ceci est considéré comme une emprise psychotique incomplète, car les effets de la pathologie ne sont pas durables chez le sujet secondaire une fois la relation rompue.

      Folie à Deux Communiquée (de Marandon de Montyel) :

      • Le patient secondaire est un sujet prédisposé qui développe une maladie psychiatrique au contact du sujet délirant.
      • Les troubles persistent même après la séparation.
      • Ceci est considéré comme une emprise psychotique complète, car elle aboutit à un second sujet primaire capable de "contaminer" d'autres individus.

      3. Mécanismes psychopathologiques de la Folie à Deux Deux mécanismes principaux expliquent la dynamique et le maintien de la relation dans la Folie à Deux :

      • Projection de l'hostilité :
      • Dans l'exemple de Sarah et Chloé, l'hostilité de Chloé envers sa mère (due à l'incapacité de s'émanciper) ne peut s'exprimer directement.

      Elle est alors projetée sur un objet externe à la relation (la tante), ce qui permet de maintenir la dyade mère-fille et d'apaiser les tensions internes.

      • L'acceptation du mécanisme projectif par le patient secondaire est cruciale ; toute résistance entraîne une augmentation de l'agressivité et de la violence.

      • "L'acceptation du délire apaise en fait a permis qu'il y ait au final plus de plus d'épisodes de violence dans la relation puisque toute la violence était redirigée à l'extérieur."

      • Identification à l'ennemi (ou à l'agresseur) :

      • Inspiré des travaux de Freud et Ferenczi sur l'identification à l'agresseur (notamment chez les enfants victimes d'abus).

      • Il s'agit d'adopter le point de vue de l'agresseur, d'introjecter sa culpabilité ou d'anticiper ses besoins, dans le but d'apaiser l'agresseur et de se sauvegarder physiquement et psychiquement.

      • Dans la Folie à Deux, l'acceptation du délire par le patient secondaire apaise les violences (physiques) dans la relation, la violence étant redirigée vers l'extérieur du couple.

      4. L'emprise psychotique en miroir avec l'emprise classique (perverse)

      L'emprise psychotique est conceptualisée comme une forme spécifique d'emprise, distincte mais comparable à l'emprise perverse classique.

      Points communs de l'emprise (générique) :

      • Relation asymétrique : Un sujet réduit au statut d'objet, dont l'espace psychique est occupé par l'autre.

      • Déni d'altérité et de critique : L'accès à la critique est impossible ; l'objectif est une fusion totale et l'adhésion aux idées de l'autre.

      • Phases de captation et de domination : L'appropriation de l'autre se fait par séduction/fascination, suivie d'une phase de conditionnement par manipulation (verbale, physique), l'alternance séduction-agression étant au cœur de ce processus.

      • Séquelles durables : La victime peut avoir des difficultés à s'extraire de la dynamique et des séquelles à long terme dans ses interactions futures.

      • Distinction entre Emprise Perverse (Dracula) et Emprise Psychotique (Don Quichotte) :

      • CaractéristiqueEmprise Perverse (Dracula)Emprise Psychotique (Don Quichotte)Objectif /

      MotivationSiphonnement du narcissisme du partenaire ("se nourrit du sang de ses victimes"), jouissance perverse.Décollage de la réalité, sortie de la réalité.

      Le sujet n'est pas motivé par la jouissance de l'autre mais par la maladie elle-même qui guide le voyage pathologique et les interactions.

      Mécanisme sous-jacentMet en place des mécanismes proactifs pour produire ses effets, vise à combler des angoisses narcissiques.

      La maladie guide le "voyage pathologique" et les interactions. Les angoisses sont plus archaïques, des angoisses de "néantisation" très précoces dans le développement psychique.

      Nature de la contrainteLe sujet "pervers" met volontairement l'autre sous emprise pour se nourrir narcissiquement.

      Le patient primaire psychotique met l'autre sous emprise "sous l'effet de la maladie", enfermé dans une bulle délirante.DynamiqueAlternance séduction-agression volontaire pour le conditionnement.

      "L'exposition des mécanismes" (en thérapie) peut aider à s'en prémunir.Alternance fusion (adhésion du secondaire au délire) et agression (résistance du secondaire) ; vise une fusion complète. Mécanisme de projection d'hostilité.

      L'enjeu pour la victime est la menace de basculer complètement dans la folie du primaire.Implications médico-légalesLa victime est sous contrainte morale mais n'est pas "délirante" elle-même.

      Peut être irresponsable pénalement selon la "contrainte irrésistible" (article 122 du code pénal).

      Si passage à l'acte, l'acte peut être imputé au délire si les deux sujets agissent dans ce cadre.

      Le discernement peut être aboli (article 121 du code pénal), ce qui peut mener à une irresponsabilité pénale des deux sujets.Définition de l'emprise psychotique :

      C'est "une relation asymétrique où le sujet primaire psychotique met sous emprise un sujet secondaire dans des conditions d'isolement prolongé avec un déni d'altérité (comme dans l'emprise perverse) mais un déni plus global de réalité qui va se mettre en place, une volonté de fusion et d'adhésion au délire du partenaire dirigé par la maladie, une montée de l'agressivité dans les résistances abaissée par les mécanismes projectifs et une angoisse plus archaïque de néantisation chez les sujets."

      5. Implications Médico-Légales

      • Folie à Deux Imposée (emprise psychotique incomplète) : Le patient secondaire n'est pas malade au sens psychiatrique mais agit sous une contrainte morale irrésistible.

      L'article 122 du code pénal sur l'absence de responsabilité en cas de contrainte peut s'appliquer.

      Un arrêt de la Cour d'appel de Rennes (2017) concernant la compagne d'un gourou sectaire illustre cette situation : la séparation a suffi à mettre fin au délire de la partenaire, qui a été déclarée pénalement irresponsable sous le motif de la contrainte.

      • Folie à Deux Communiquée (emprise psychotique complète) : Si un passage à l'acte violent se produit dans le cadre du délire, l'acte peut être imputé au délire.

      L'expert psychiatre peut conclure à une abolition du discernement sur le modèle de l'article 121 du code pénal, menant potentiellement à l'irresponsabilité pénale des deux sujets.

      6. Réflexion élargie sur l'emprise

      L'emprise n'est pas spécifique à la perversion ou à la Folie à Deux ; elle peut se manifester sous diverses formes (paranoïaque, obsessionnelle, perverse) et est souvent liée à des difficultés développementales précoces et des attachements insécures.

      Plus les difficultés sont précoces et sévères (ex: dans l'environnement parental), plus le risque de développer une maladie psychiatrique (comme la schizophrénie) et de recourir à une modalité relationnelle d'emprise est élevé.

      Cependant, il est important de distinguer une modalité durable et problématique d'interaction d'un recours ponctuel et occasionnel à un type d'emprise (ex: en période de stress aigu), qui ne caractérise pas un fonctionnement pathologique durable.

    1. Synthèse : Les biais cognitifs en psychologie clinique avec Albert Moukheiber

      Ce webinaire, animé par Albert Moukheiber (docteur en neurosciences et psychologue clinicien), explore la nature des biais cognitifs et leur impact, en particulier dans le contexte de la psychothérapie.

      L'intervenant souligne l'importance pour tous les praticiens de comprendre comment leur propre perception influence le travail avec les patients.

      I. Les fondements de la cognition et l'incertitude inhérente

      Albert Moukheiber commence par établir une "règle générale de notre cognition" : nous baignons tous et tout le temps dans ce qu'on appelle un certain degré d'incertitude (incomplétude informationnelle).

      Cette incertitude est due à trois facteurs principaux :

      • Ressources limitées : Notre capacité à traiter l'information est finie.

      • Perception partielle : Nous ne recevons pas toutes les informations de notre environnement.

      • Complexité du monde : Le monde est trop complexe pour être entièrement appréhendé.

      Bien que cette incomplétude soit constante, elle est souvent masquée par nos mécanismes cognitifs.

      II. La perception comme construction : Bottom-up et Top-down

      Traditionnellement, la perception était expliquée par un modèle "bottom-up" : les données sensorielles (ex: photons pour la vue) sont reçues par les récepteurs (rétine), transformées en signaux électriques, puis traitées par le cortex pour reconstruire le monde.

      • Cependant, à partir de 2014-2015, une nouvelle hypothèse a émergé : le cerveau ne fait pas que reconstruire, il prédit aussi le réel, y compris dans le présent.

      L'exemple des voitures de taille identique sur une image en perspective est utilisé pour illustrer cette prédiction : notre cerveau "agrandit" la voiture éloignée pour la rendre cohérente avec notre connaissance implicite du monde ("plus c'est loin, plus c'est petit").

      Cela révèle l'existence de deux mécanismes perceptifs :

      • Bottom-up : Réception et intégration de l'information sensorielle.
      • Top-down : Le cerveau projette et utilise nos "modèles mentaux" ou "connaissances du monde" pour interpréter et compléter l'information manquante.

      L'exemple de la vision périphérique en couleur (alors que peu de récepteurs de couleur y sont présents) est donné comme illustration du top-down :

      "Toutes les couleurs que vous voyez dans votre vision périphérique c'est des couleurs top down que votre cerveau est en train d'inventer".

      Moukhheiber parle d'hallucination contrôlée : "On est en train d'halluciner le monde mais avec des règles très contrôlées qui nous permettent de fonctionner les uns avec les autres".

      Il insiste : "on ne voit pas le monde tel qu'il est mais plutôt tel que nous sommes", tout en précisant qu'il ne faut pas tomber dans un relativisme absolu, car "il y a des règles qui régissent ça".

      Plus une situation est ambiguë, plus nous pouvons lui attribuer un sens personnel.

      III. L'interprétation et la "stabilisation de l'ambiguïté"

      • Le passage de la perception à l'interprétation est illustré par l'illusion de la danseuse qui tourne, un "stimuli ambigu bistable" (manque de marqueur de profondeur). Selon qu'elle est vue tourner dans un sens ou dans l'autre, cela dépend de nos mécanismes top-down et de nos "a priori".

      La réalité, elle, est un "stimuli ambigu multistable", c'est-à-dire qu'il y a de multiples façons de stabiliser son ambiguïté.

      Les traits de personnalité sont fonctionnellement des descriptions de "comment une personne stabilise l'ambiguïté du monde".

      Ex: Une personne jalouse interprétera le non-réponse d'un partenaire comme une tromperie, là où une personne non jalouse pensera à une occupation.

      L'optimisme ou le pessimisme sont des façons de stabiliser l'ambiguïté du futur.

      Une grande partie de la psychopathologie est vue comme une modification de la manière dont on stabilise l'ambiguïté du monde.

      • Dans les troubles anxieux, il y a une tendance à "catastrophiser", à stabiliser l'ambiguïté des enjeux futurs comme "ça va être mauvais" et à avoir des "biais du faux consensus" (penser que mes croyances sont partagées par tous).

      • Dans les TOC, on retrouve la "masturbation" (le piège du devoir, je dois vérifier sinon quelque chose de mauvais va se passer) et la "pensée binaire" (si ce n'est pas parfait, c'est nul).

      • Dans la dépression, il y a des "biais de sélection et de confirmation", où l'on se rappelle davantage les événements négatifs.

      • Nous utilisons des heuristiques, des "solutions approximatives", pour agir rapidement face à l'incertitude, même si elles sont parfois imprécises.

      Les biais cognitifs ne sont pas intrinsèquement négatifs ; ils sont une "rencontre entre une stratégie cognitive et un contexte".

      L'optimisme, par exemple, peut être négatif au casino, mais essentiel pour l'apprentissage de la marche chez un bébé.

      IV. La cognition incarnée et le modèle biopsychosocial

      • Moukhheiber critique la vision purement "cérébrocentrée" de la cognition. Les neurosciences modernes considèrent une cognition incarnée, où l'humain n'est pas juste un cerveau.

      Il y a une boucle de rétroaction constante entre le mental, le physique et l'environnement. Pour comprendre le fonctionnement humain, il faut tenir compte de ces trois dimensions.

      L'expérience des chatons de Hein et Held (années 40) démontre que la vision n'est pas seulement le résultat de l'œil et du cerveau, mais de l'organisme entier en interaction avec son environnement.

      Cette perspective conduit à remettre en question le modèle biomédical (un pathogène = une maladie à soigner) appliqué à la santé mentale.

      L'exemple de la femme développant un trouble anxieux suite à du sexisme au travail montre que le "pathogène" peut être externe, dans l'environnement, et qu'il est absurde de vouloir "soigner" uniquement l'individu.

      L'homosexualité n'a cessé d'être une maladie quand la société a été soignée, pas l'individu homosexuel.

      Le modèle proposé est le modèle biopsychosocial (psyché, corps, environnement). La question centrale en thérapie devient : "Est-ce que j'agis sur le patient ou sur l'environnement ?"

      Ex: Une personne dépressive peut l'être à cause de son cerveau, de son hygiène de vie (manque de sommeil, pollution), ou de son environnement toxique.

      V. Les biais spécifiques à la pratique clinique La prise de décision médicale et thérapeutique est également sujette aux biais.

      Albert Moukheiber énumère plusieurs biais pertinents :

      • Biais de cadrage : La manière dont l'information est présentée impacte sa réception (ex: annoncer un diagnostic de "borderline" versus rassurer sur la possibilité de guérison).

      • Biais de commission : Préférer faire quelque chose plutôt que ne rien faire. Moukheiber confie parfois à ses patients que le temps seul peut les aider à aller mieux, sans intervention active de sa part.

      • Biais de disponibilité : Privilégier les hypothèses récemment rencontrées ou les plus saillantes (ex: un diagnostic d'anxiété de performance car c'est un cas fréquent, manquant un possible TND).

      • Biais de négligence du taux de base : Négliger la prévalence d'un phénomène dans la population générale (ex: attribuer le burnout à des facteurs individuels alors qu'il y a une explosion des cas liée à l'hygiène de vie collective ou aux pressions sociétales).

      • Biais de confirmation : Tendance à chercher des informations qui confirment nos hypothèses initiales (ex: creuser pour confirmer un diagnostic de bipolarité chez un adolescent, ignorant d'autres explications).

      • Règle de conjonction (ou rasoir d'Ockham inversé) : Créer un tableau clinique complexe avec de multiples diagnostics au lieu de chercher une explication plus simple et parsimonieuse (ex: diagnostiquer un trouble anxieux, un TSA et une personnalité histrionique, alors qu'une phobie sociale pourrait expliquer un grand nombre de symptômes).

      • Biais de surconfiance : Surestimer ses propres capacités ou connaissances (ex: un médecin rejetant l'avis d'un psychologue).

      • Biais de représentativité : Associer des stéréotypes à une personne en fonction de son origine, ethnie, genre, etc. (ex: une femme faisant une attaque cardiaque diagnostiquée à tort comme une attaque de panique, le "syndrome méditerranéen").

      • Satisficing (ou "satisfaction de la recherche") : Arrêter de chercher une fois qu'une première explication est trouvée, manquant d'autres diagnostics (ex: diagnostiquer un trouble anxieux et manquer des TOCs associés).

      • Diagnostic momentum : Un diagnostic posé il y a longtemps sur un patient persiste dans le dossier et est transmis d'équipe en équipe, même s'il n'est plus d'actualité.

      VI. Conclusion : Humilité, changement d'avis et écoute du vécu subjectif

      Moukhheiber conclut par deux citations :

      • "Une des idées les plus dangereuses qu'une personne pourrait avoir c'est de se dire 'Si tout le monde était comme moi le monde serait un endroit meilleur'."

      Il insiste sur le besoin de différentes "a priori" et différentes "stabilisations de l'ambiguïté" pour une vision plus riche du monde.

      Il est crucial d'écouter le vécu subjectif des patients, surtout des jeunes, car leurs "a priori" diffèrent de ceux des adultes, ce qui peut rendre leurs comportements incompréhensibles sans une explication.

      • "Qu'est-ce que réfléchir ? C'est une façon élégante de dire changer d'avis." Le clinicien doit être capable de changer d'avis pour mieux écouter le patient et éviter les biais.

      • Il est impossible de ne pas tomber dans les biais, même pour les experts. La solution réside dans la métacognition ("penser contre son cerveau"), en connaissant les biais et les pièges du raisonnement, mais surtout en demandant de l'aide aux autres (le "paradoxe de Salomon" : on est bon pour conseiller les autres, nul pour se conseiller soi-même).

      La complexité des sujets fait qu'on ne peut être expert partout, d'où l'importance de la collaboration et de l'humilité.

    1. Compte-rendu de la Conférence "Emprise"

      Ce document synthétise les points clés de la conférence sur l'emprise, en distinguant ce qu'elle n'est pas, ce qu'elle est, comment elle opère, qui l'exerce, et qui en est la proie.

      1. Ce que l'emprise n'est pas

      L'oratrice commence par définir l'emprise par la négation, afin de la distinguer de concepts proches mais différents :

      • L'Influence : Selon l'école de Palo Alto, "on ne peut pas ne pas communiquer", et "communiquer c'est influencer". L'influence est une caractéristique normale de la communication (ex: influenceurs, publicitaires). L'emprise débute lorsque l'influence "s'accompagne de coercition d'obligation".
      • La Stratégie : La stratégie, même si elle implique des "manœuvres", a des "buts éthiquement recevables" et la personne ciblée "a donné son accord". Contrairement à la manipulation, il est possible de "soulever le capot du moteur et dire ce que je suis en train de faire".

      2. Définition de l'Emprise

      Le terme "emprise" a des origines diverses, toutes liées à l'idée de "prendre" ou de "dominer" :

      • Étymologie : En chevalerie, c'était le contrat unissant un chevalier à son suzerain (relation de pouvoir). En administration, c'est la prise de terrain par expropriation ou occupation. En architecture, c'est la projection d'une construction sur une surface.
      • En psychologie : L'emprise est un "envahissement", une "main mise". Elle est définie comme "une relation de pouvoir et de domination qui est fondé sur la fascination et sur la peur".
      • Conséquences sur la proie : L'emprise "exproprie [...] la proie de sa subjectivité propre", c'est-à-dire sa façon de voir le monde, et de son "agentivité", sa capacité d'agir. En somme, elle exproprie la personne "de soi-même".

      3. Comment l'Emprise Opère

      L'emprise utilise diverses tactiques pour fragiliser et contrôler la victime (appelée "la proie" par l'oratrice, l'auteur étant "le prédateur") :

      Mise sous stress constant : * Renforcement intermittent : Inspiré par la cage de Skinner, le prédateur alterne récompenses et punitions de manière imprévisible ("un coup tu l'as un coup tu l'as pas"). Cela génère un "stress constant" et une "addiction", car la victime est constamment en attente. Ce stress érode le corps et l'esprit. * Mise en confusion cognitive : La victime ne "sait plus quel bout va devant". Cela se fait par la manipulation mentale : * Culpabilisation : Le prédateur rend la victime responsable de ses propres émotions ou situations, souvent en se positionnant en victime ("j'ai voyagé très très longtemps pour venir jusqu'ici... j'espère que vous allez m'écouter"). * Retournement : L'art de faire croire à la proie que "ce n'est pas le prédateur qui a fait une bêtise ou qui a généré une difficulté, c'est la proie". * Décontextualisation-Retournement-Essentialisation : Le prédateur oublie le contexte qu'il a créé, isole la réaction de la proie, et l'essentialise en un trait de caractère permanent et pathologique. L'exemple donné est celui de Monsieur Dupont qui, après avoir agressé Madame Dupont, la décontextualise en alcoolique parce qu'elle boit un whisky pour se calmer. * Gaslighting : "L'art de faire que l'autre doute de sa santé mentale." Cette manipulation est "extrêmement répandue" et vise à faire croire à la victime qu'elle est folle ou dérangée ("ce n'est pas moi qui dis n'importe quoi, c'est toi qui es folle"). * Mise en confusion émotionnelle : Notamment par l'alternance des "chauds et des froids", renvoyant au mécanisme du renforcement intermittent. Le prédateur ne répond pas de la même manière à la même situation, perturbant émotionnellement la proie.

      4. Qui met sous Emprise

      • Trois types de personnalités peuvent exercer une emprise :
      • Personnalités très obsessionnelles : Leur besoin de gérer une forte angoisse par des rituels intangibles et immuables peut amener leur entourage à "se plier à ces rituels" pour éviter des crises. Cette adaptation forcée conduit la victime à "s'exproprier de soi-même".
      • Personnalités paranoïques : Caractérisées par la méfiance, l'orgueil, la psychorigidité et la fausseté du jugement. Pour le paranoïaque, "qui n'est pas avec lui est contre lui" et doit être attaqué. L'entourage finit par adapter son comportement pour "ne pas pouvoir se faire attaquer par le paranoïaque", perdant ainsi sa spontanéité et son identité propre.
      • Pervers narcissiques (PN) : C'est le type le plus approfondi, car ils exercent l'emprise "pour mettre sous emprise, parce que ça le fait jouir".
      • Buts du PN : Il cherche à "asservir l'autre au sens le plus fort du terme", à "le déshumaniser", lui enlever sa subjectivité et son désir. Il cherche à posséder sa proie "comme un objet" pour :
      • Passer à l'acte son "envie hostile" (jalousie), détruisant l'autre.
      • Utiliser la proie comme "un élément de prestige" (ex: partenaire ou collaborateur prestigieux).
      • Flatter son "narcissisme malade", car il "confond son pouvoir avec son pouvoir de destruction". Sa force est mesurée à sa capacité à détruire l'autre.
      • Fonction de "poubelle psychique" : Le PN, derrière un masque de perversité, est d'une "extrême fragilité". Incapable de supporter d'être mauvais ou d'avoir failli, il projette tout ce qui est négatif sur la proie : "tout ce qui est bien c'est moi, tout ce qui est mal c'est toi". Il est en fait "plus dépendant de sa proie que sa proie de lui".
      • Partage de la folie : Citant Harold Searles, l'oratrice explique que le PN, en tant que psychotique ou pré-psychotique, cherche à "faire partager sa folie à l'autre", à "donner sa folie à l'autre par identification projective pour se sentir moins dingue". Le gaslighting, en particulier, sert à cela.

      5. Les Étapes de la Relation d'Emprise (Vue de la Proie)

      La relation d'emprise se déroule en plusieurs phases, souvent difficiles à discerner pour la proie et le monde extérieur :

      • La Séduction : Le prédateur "travestit l'existant", se "grime totalement" pour ressembler au partenaire idéal perçu. Il joue un "rôle de composition" complètement mensonger. La proie est séduite, "se laisse aller à croire au rêve bleu", rencontrant le prince charmant ou le collaborateur idéal.
      • Le Ferrage : Une fois la proie "engagée", survient le "moment chaos", le "ferrage", où la proie ne peut plus reculer "sans y laisser des plumes". Exemples : les enfants, un CDI, un bail commun, un mariage, des confidences compromettantes, des services rendus.
      • La Destruction-Séduction : La phase la plus longue, visant à "détruire, asservir, déshumaniser la proie". Cependant, lorsque la destruction dure trop longtemps, la proie envisage de partir. À ce moment, le PN réactive la séduction, permettant à la proie de "souffler un peu" et de se dire que "ça marche" si elle s'adapte. Cette alternance de destruction et de séduction rend la relation "addicte".
      • Difficulté de discernement : Pour les observateurs extérieurs (ex: juges), la proie apparaît incohérente et stressée, tandis que le prédateur est "beau, parfumé, en costume et tout à fait cohérent", rendant le prédateur plus crédible.

      6. La Relation d'Emprise (Vue du Prédateur)

      Le prédateur, souvent décrit comme un "œuf dur qui a une faille" (Kernberg), est intrinsèquement fragile :

      • Faille narcissique : Son "moi" est fissuré dès la petite enfance. Pour le maintenir entier, il fusionne son "moi" avec son "idéal du moi", cherchant à être une "personne idéale qui n'a aucun défaut". Il passe sa vie à "réparer la coque qui fuit de toute part", à "replatrer le narcissisme qui fout le camp".
      • Vide existentiel : Malgré ses efforts, il se sent "vide, sans couleur, sans saveur, sans odeur".
      • Repérage de la proie : Il repère une proie "riche" de qualités qu'il aimerait posséder. Il manque d'"empathie aimante" mais a une "empathie d'objets", repérant les failles de la proie.
      • Fantasme de fusion : Il se précipite sur la proie dans le fantasme archaïque que s'il la possède, il "va fusionner avec elle et en quelque sorte lui voler ses qualités".
      • Constat d'échec et destruction : Une fois la proie séduite, le PN constate qu'il est "toujours aussi vide, toujours aussi nul", et que sa proie est toujours mieux que lui. Il s'offre alors un "lot de consolation" et passe à l'acte son "envie hostile", la "désinguant à la mesure de ce qu'il en est jaloux". La proie sert alors de "poubelle psychique".

      7. Qui est la Proie

      • Potentiellement tout le monde : "On peut tous se faire avoir", la séduction et la manipulation fonctionnant sur chacun.
      • Caractéristiques générales : La proie est souvent "riche", "généreuse", "solaire", "intelligente" et a souvent "du prestige".
      • Capital économique : Peut entretenir le prédateur.
      • Capital symbolique : Savoir, diplômes, prestige social. Le prédateur peut tenter de s'approprier cette culture "par délégation".
      • Capital relationnel : Réseau social et professionnel.
      • Qualités converties en défauts : Les proies sont souvent "altruistes", de "bonne volonté", "intelligentes", "capables de se remettre en question", "qui cherchent à comprendre" les motivations d'autrui, et développent une "certaine naïveté" en imaginant que "tout le monde est comme ça". Ces qualités, comme l'amour, la compréhension, le pardon, sont transformées en défauts sous emprise.
      • Vulnérabilités (non fragilités) : Les proies ont des vulnérabilités issues de leur histoire (peur de l'abandon, soif d'attention/amour, carence affective). Il est crucial de les considérer comme des "vulnérabilités" (potentiel activable) et non des "fragilités" (potentiel déjà actif), pour ne pas renforcer le gaslighting exercé par le prédateur. Le prédateur "saute à pieds joints sur les vulnérabilités qui finit par transformer en fragilité".

      8. L'Accompagnement Thérapeutique des Proies

      Déconstruire le gaslighting : Contrairement à la psychothérapie habituelle où l'on renvoie la personne à sa responsabilité, dans l'accompagnement des proies, il faut d'abord "parler de l'autre" pour "démonter le gaslighting", mettre à jour et "détricoter" les manipulations. Reconnaître les vulnérabilités : C'est seulement après avoir déconstruit les manipulations et l'impact du prédateur que l'on peut aborder les vulnérabilités de la proie, pour comprendre "par quelle vulnérabilité il vous accroche". L'objectif est de ne pas confirmer la croyance de la proie qu'elle est "dingue" ou "névrosée".

    1. "Conférence CRIAVS - Emprise", organisée par Nelson Paris, pédopsychiatre sexologue et responsable du CRIAVS Lorraine à Nancy.

      Synthèse de la Conférence CRIAVS - Emprise Cette conférence explore la notion d'emprise, en particulier chez l'enfant, en la mettant en regard avec la théorie de l'attachement et le rôle de la figure maternelle/parentale.

      Elle soulève des questions cruciales sur la limite entre un attachement sain et une relation d'emprise, en soulignant les spécificités de l'enfant en tant que victime et les défis cliniques associés.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. L'Attachement à la Figure Maternelle/Parentale et la Notion d'Emprise Précoce

      • Distinction Attachement vs. Emprise : L'orateur introduit la difficulté de distinguer l'attachement, essentiel au développement de l'enfant, de l'emprise, qui a une connotation négative. L'objectif est de "discuter dans une journée qui est dédiée à l'adulte à l'enfant enfin voilà on parle d'un petit peu de tout en terme d'emprise donc de reprendre ce qui concerne plutôt le début de la vie euh avec donc la notion d'emprise de mettre en opposition l'emprise et peut-être l'attachement euh et d'essayer d'y comprendre qu'est-ce qui pourrait être du domaine du normal de la normale".
      • Évolution de la Terminologie de la Figure Maternelle : La notion de "figure maternelle" a évolué de la diade mère-père vers le concept de "caregiver" (Bowlby), qui peut être toute personne significative prenant soin de l'enfant, indépendamment du lien biologique ou administratif. Les évolutions sociétales (congé paternité, couples homosexuels) élargissent cette définition.
      • Rôle Essentiel de la Figure Maternelle/Caregiver : Le caregiver apporte réconfort, affection, alimentation ("rôle nourricier") et soins. L'absence de dimension affective, même avec des soins de nursing impeccables, peut être dévastatrice pour le développement de l'enfant, conduisant à des décès ou des psychoses, comme le montrent des études en orphelinat.
      • Le Lien Parent-Enfant Avant la Naissance : Le lien avec l'enfant se construit avant même la naissance, avec un "lien positif" (enfant attendu, voulu) ou parfois "négatif" (grossesses issues de violences sexuelles, ou traumas transgénérationnels des parents). Un exemple clinique frappant est celui d'une mère victime d'inceste qui qualifie son fils avant sa naissance de "violeur comme tous les autres", influençant le développement de l'enfant et conduisant à des actes de violence.
      • L'Interdépendance et le Lâcher-Prise : La relation parent-enfant est une interdépendance où chacun apporte à l'autre. Cependant, il est crucial que cette relation évolue et que le parent accepte le "lâcher-prise" à mesure que l'enfant grandit et devient moins dépendant. La difficulté de certains parents à lâcher le rôle nourricier ou le "petit dernier" peut poser problème et mener à des situations d'emprise.

      2. La Théorie de l'Attachement (Bowlby, Winnicott)

      • Le Socle Relationnel : L'attachement est le "socle quand même relationnel des êtres humains". La durée, la disponibilité et la qualité des réponses du caregiver sont fondamentales.
      • Fonctionnement de l'Attachement : Le nourrisson manifeste des besoins (câlins, pleurs) et la qualité des réponses du caregiver détermine le type d'attachement. Un attachement sécure est le "socle de la sécurité pour pouvoir explorer le monde".
      • Expériences de Harlow (Bébés Macaques) : Ces études classiques illustrent l'importance du réconfort et de la sécurité. Les bébés macaques privilégient la mère en tissu (chaleur, réconfort) même si la mère en fil de fer fournit la nourriture. En situation inconnue, la présence d'un "facteur de réassurance" (couverture) permet l'exploration.
      • Types d'Attachement :
      • Sécure (50-60%) : Permet l'exploration du monde.
      • Évitant : L'enfant ne reçoit pas de réponses adéquates, recherchant une indépendance inadaptée (ex: enfant qui ne pleure pas, car il n'a jamais de réponse parentale). "C'est là un exemple typique de cette recherche d'indépendance complètement inadaptée qui était une réponse aux besoins maternels plus qu'au besoins de l'enfant et où finalement l'enfant était à ce moment-là un objet et n'a pas été pris en compte comme un être à part entière".
      • Ambivalent/Résistant : Réponses incohérentes et instables.
      • Désorganisé : Présence de violence (maltraitance, violence conjugale, sexuelle), l'enfant craint sa figure d'attachement et reproduit la violence.
      • Rôle de l'Attachement dans le Développement : L'attachement influence le développement intellectuel (impossibilité d'apprendre en étant tétanisé), les relations sociales, et la capacité à créer du lien. Les attachements insécures sont à la base de troubles de la personnalité et augmentent le risque d'être "plus facilement victime ou auteur d'emprise".

      3. Spécificités de l'Emprise chez l'Enfant

      • Dépendance Naturelle de l'Enfant : L'enfant est intrinsèquement dépendant des adultes et "ne peut pas s'extraire de ce milieu-là". Il n'a pas l'autonomie critique pour juger les situations.
      • Intégration des Repères Parentaux : Les repères de l'enfant sont ceux inculqués par les adultes, ce qui rend difficile toute critique de ce qui est "normal" ou "pas normal".
      • Recherche d'Affection et Conflits de Loyauté : L'enfant recherche naturellement l'affection du parent, ce qui alimente l'emprise sans même nécessiter une phase de séduction explicite. Les conflits de loyauté rendent difficile pour un enfant de critiquer un parent, même en présence d'un système familial dysfonctionnel.
      • Naïveté et Vulnérabilités : L'enfant présente une plus grande naïveté et une confiance naturelle envers les adultes, augmentant sa vulnérabilité. Les "événements d'adversité" (ACE) fragilisent l'attachement et augmentent le risque d'être impliqué dans des relations d'emprise.
      • Vulnérabilité et Emprise (même avec un attachement sécure) : Un attachement sécure est un facteur protecteur, mais des facteurs de stress accumulés (ex: infidélité, perte d'emploi, maladie) peuvent rendre n'importe qui vulnérable et tolérer des situations inacceptables, menant potentiellement à l'emprise.

      4. Situations Cliniques d'Emprise en Pédopsychiatrie

      • Münchausen par Procuration : Maladie simulée ou produite délibérément par un parent chez son enfant, souvent pour obtenir une reconnaissance ou pour répondre à un besoin psychique propre du parent (ex: culpabilité face à une maladie génétique transmise). L'enfant n'est pas scolarisé, renforçant le lien. Le risque est le "nomadisme médical".
      • Le diagnostic exige une évaluation en équipe pluridisciplinaire, en prenant le temps de comprendre la dynamique familiale et de ne pas faire de signalement trop rapide.
      • L'orateur estime que le Münchausen par procuration, notamment dans ses formes psychiques, relève de l'emprise, car il s'agit d'un "système relationnel" où l'enfant ne pense plus par lui-même.
      • Aliénation Parentale : Concept débattu où un parent utilise l'enfant pour nuire à l'autre parent et l'exclure de la vie de l'enfant.
      • Controverse : Initialement décrit par Richard Gardner, sa validité scientifique est contestée. Le risque majeur de l'utilisation de ce terme est que "l'enfant n'est plus entendu".
      • Impact Judiciaire : Des études aux États-Unis montrent que l'invocation de l'aliénation parentale par le père divise par deux la probabilité que les accusations de violence faites par la mère soient reconnues, et presque par quatre quand il s'agit de violence envers les enfants, et quasiment jamais pour les accusations de violence sexuelle (2%). Cela peut conduire à ce que des enfants soient confiés à des parents violents ou agresseurs sexuels.
      • L'orateur souligne la nécessité d'une prise en charge globale du système familial si ce concept est retenu, afin d'éviter des préjudices à l'enfant.
      • Inceste : Caractérisé par une "emprise généralisée" où le silence est imposé pour assurer l'impunité de l'agresseur. La structure familiale est "contaminée", et souvent, même lorsque l'enfant parle et est cru, "il se passe rien" (45% des confidents ne font rien). Les agressions ont lieu en présence d'autres membres de la famille dans près d'un cas sur deux, menant à une banalisation et des "distorsions" de la réalité.
      • Loverboy (Prostitution des Mineurs) : Un adolescent (le proxénète) exploite une jeune fille (souvent sa petite amie) par la prostitution, en utilisant le "champ émotionnel" plutôt que la menace directe.
      • Mise en place : Création d'une dépendance affective et financière, isolement de la victime, et potentiellement incitation à la prise de psychotropes.
      • Exploitation : Demandes de prostitution de plus en plus fréquentes, avec un mécanisme de "remboursement" des dépenses créant une dette illusoire.
      • Profil des Victimes : Tous les milieux peuvent être touchés, mais les jeunes filles "carencées avec des attachements insécures" sont plus à risque. Le recrutement se fait souvent dans des foyers, et les victimes peuvent percevoir cette relation comme une forme d'amour ou une "meilleure vie".
      • Défis de l'Accompagnement : La prise en charge est complexe, nécessitant une présence durable et la recherche d'un lien pour développer la "capacité critique" de la victime, sans enfermer, car la récidive est fréquente.

      Conclusion Générale :

      La conférence insiste sur la complexité de l'emprise, particulièrement chez l'enfant, qui est naturellement dépendant et vulnérable. Les troubles de l'attachement, souvent transmis de génération en génération, constituent un facteur de risque majeur pour devenir victime ou auteur d'emprise.

      Cependant, l'emprise peut aussi survenir chez des individus avec un attachement sécure, en cas d'accumulation de facteurs de stress et de vulnérabilités.

      L'orateur souligne l'importance d'une approche pluridisciplinaire et d'une prise en charge attentive pour protéger les enfants et déconstruire les mécanismes de l'emprise.

      La prudence est de mise concernant certains concepts controversés comme l'aliénation parentale, dont l'invocation peut nuire aux victimes et détourner l'attention des violences subies.

    1. Note de Synthèse : Les Enfants, Sentinelles des Inégalités d'Exposition aux Contaminations Industrielles et aux Pesticides

      Date : 2024-2025 Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (14) - Nathalie Bajos", cours de Giovanni Prété.

      • Résumé Exécutif : Le sociologue Giovanni Prété, lors du séminaire de Nathalie Bajos sur les inégalités sociales de santé, propose de considérer les enfants comme des "sentinelles des inégalités d'exposition aux contaminations industrielles".

      Son exposé démontre comment les dispositifs de réparation des risques industriels, établis au 20ème siècle, reposent sur des postulats discutables : la distinction nette entre contaminations professionnelles et environnementales, et la concentration de la réparation sur les travailleurs adultes, excluant souvent les riverains et les enfants.

      Des recherches croissantes documentent les effets des pollutions industrielles sur la santé des enfants et les inégalités sociales qui les traversent, notamment concernant les pesticides.

      Prété souligne que la production de connaissances et la reconnaissance des maladies pédiatriques liées à ces expositions sont entravées par des obstacles méthodologiques, politiques et sociaux, notamment la difficulté à établir la causalité, le manque de données fines, et le sentiment de culpabilité des familles.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. La Contamination du Monde et l'Émergence d'un Nouvel Univers Chimique :

      • L'industrialisation a conduit à une augmentation sans précédent de la production de richesses, mais aussi à une "diffusion massive de substances polluantes contaminant la vie humaine et la vie non-humaine." (Prété, citant Jarig et Lerou)
      • La production chimique de synthèse a explosé : "multipliée par 1000 en tonnages entre 1930 et 2000, puis par depuis 2000". Il y aurait "aujourd'hui 194 millions de molécules publiées dont probablement 100 000 environ commercialisées en Europe." (Prété, citant Remy Sama)
      • Cette contamination entraîne des pathologies chroniques, difficiles à dénombrer précisément en raison de leur non-spécificité et des "temps de latence longs" (plusieurs décennies).

      2. Les Postulats Discutables des Dispositifs de Réparation Historiques :

      • Cloisonnement Santé Environnementale / Santé au Travail : Les dispositifs de réparation (accidents du travail 1898, maladies professionnelles 1919) reposent sur une distinction rigide entre maladies professionnelles et environnementales, excluant le travail de l'environnement.
      • Conséquence concrète : les modes de réparation diffèrent. Un travailleur exposé au mercure peut bénéficier d'une présomption d'origine, tandis qu'un riverain exposé à la même substance via l'eau doit engager des "démarches civiles bien plus longues à faire aboutir et bien plus incertaines."
      • Ce cloisonnement se manifeste également dans l'organisation des politiques de prévention (inspection du travail vs. inspecteurs des installations classées).
      • Exclusion des Enfants des Dispositifs de Réparation : Historiquement, les enfants travailleurs étaient reconnus comme victimes de l'industrialisation (ex: étude de Percival Pott sur le cancer du scrotome des ramoneurs en 1775, loi sur les ramoneurs en 1788).
      • Cependant, à mesure que les enfants ont été progressivement exclus du monde professionnel (interdictions successives du travail des enfants en France : moins de 8 ans en 1841, moins de 13 ans en 1890, moins de 16 ans en 1967), ils ont été "de moins en moins considérés comme des victimes des transformations du travail via l'industrialisation et leurs expositions et réparations sont écartées des dispositifs assurantiels mis en place en France en 1998 et en 1919."

      3. Les Enfants comme Sentinelles et les Effets des Contaminations Industrielles sur leur Santé :

      • Vulnérabilité Spécifique des Enfants :Les expositions in utero sont "préoccupantes pour le futur en développement" car c'est une "période de sensibilité accrue aux agents tératogènes et aux expositions environnementales" qui peuvent influencer la santé à l'âge adulte (concept de l'origine développementale de la santé des maladies, David Barker).
      • Après la naissance, les jeunes enfants sont plus exposés aux contaminants (temps passé au sol, ingestion d'objets) et ont un "apport plus élevé en nourriture, en eau et en air par unité de poids corporel", rendant les faibles expositions potentiellement très impactantes.
      • Preuves Scientifiques Croissantes : Il est "admis aujourd'hui le rôle étiologique c'est-à-dire causal des expositions prénatales ou infantiles à certains facteurs de risque dit environnementaux mais qui incluent des facteurs professionnels" pour des pathologies comme les leucémies infantiles (radiations ionisantes, radon, pesticides, solvants).
      • Inégalités Sociales Face aux Maladies Pédiatriques Industrielles :Inégalités d'exposition : "les populations socio-économiquement défavorisées et les populations minoritaires supportent en général un fardeau disproportionné de l'exposition aux pollutions industrielles" (ex: corrélation incinérateurs/faibles revenus/immigrés). Ces inégalités peuvent impliquer des "expositions cumulées" (professionnelles, air intérieur, transports). Cependant, certains cas montrent des gradients non univoques (ex: certaines pollutions chimiques persistantes plus fortes chez les mères favorisées).
      • Inégalités de vulnérabilité : "les populations socio-économiquement défavorisées et les populations minoritaires sont plus vulnérables aux conséquences d'une exposition à des pollutions industrielles même quand elles sont plus faiblement exposées." Cela s'explique par une moins bonne santé initiale, un moindre recours à la prévention/soins, et une capacité réduite à échapper aux expositions (ex: difficulté à déménager).
      • "les enfants pauvres sont victimes d'une double peine" : plus vulnérables à la pollution de l'air en tant qu'enfants, et cette vulnérabilité est "exacerbée par leur statut socio-économique."

      4. Controverses et Obstacles à la Reconnaissance :

      • Débats sur l'ampleur et la causalité : Il existe des "débats sur l'ampleur de l'augmentation des maladies pédiatriques possiblement lié à des pollutions industrielles et sur le rôle des facteurs environnementaux". La Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l'enfant et de l'adolescent a par exemple affirmé publiquement "qu'il n'y a pas d'épidémie de cancer pédiatrique" et a relativisé le rôle des facteurs environnementaux, en contradiction avec d'autres scientifiques et associations pointant des augmentations dans d'autres pays et l'existence de "clusters inquiétants" (ex: Sainte-Pazanne).
      • Difficultés méthodologiques :Mesure de la santé : fragmentation des bases de données en France, absence de registres complets pour certaines pathologies (malformations, problèmes périnataux).
      • Mesure de l'environnement : manque de données environnementales "à des échelles suffisamment fines pour pouvoir objectiver des effets de santé et encore moins des inégalités sociales environnementales."
      • Obstacles politiques et sociaux à la production de connaissances :Les dangers des pesticides sont connus mais leur diffusion a été justifiée par une "fiction d'action publique" d'utilisation sans risque, basée sur des études de toxicologie.
      • Les données épidémiologiques sont arrivées tardivement et se sont concentrées sur les travailleurs masculins permanents, délaissant les femmes, intérimaires, saisonniers, et les expositions indirectes ou les populations difficiles à suivre (migrants, enfants).
      • Les industriels et organisations professionnelles "font obstacle délibérément à la circulation de l'information sur les pesticides" (composition exacte des produits, données d'utilisation à l'échelle de la parcelle), rendant la recherche "longue, coûteuse et décourageante".

      5. La Traduction Politique Réductrice des Connaissances et la Reconnaissance du Droit des Enfants :

      • Limitation des tableaux de maladies professionnelles : Malgré l'accumulation de données épidémiologiques, la création de tableaux de maladies professionnelles liées aux pesticides (cancer du sang, Parkinson, cancer de la prostate) s'est faite "après à chaque fois des négociations visant à limiter leur périmètre." Ils n'incluent pas toutes les pathologies documentées et, surtout, "ne prennent pas en compte les riverains".
      • Marginalisation des riverains : Les mobilisations pour un fonds d'indemnisation de toutes les victimes des pesticides n'ont pas abouti "devant les craintes du gouvernement de voir d'autres victimes environnementales s'en inspirer."
      • Création du droit pour les victimes pédiatriques professionnelles :Une avancée majeure : le Fonds d'Indemnisation des Victimes des Pesticides (FIVP) est désormais "chargé d'instruire les demandes de réparation concernant les enfants dont les problèmes de santé pourraient être liés à une exposition professionnelle au pesticides de leurs parents dans la période prénatale."
      • Ce droit ne bénéficie pas d'une présomption d'origine ; les familles doivent soumettre une demande évaluée par un groupe d'experts.
      • Cette création est liée aux mobilisations associatives et politiques, à l'évolution de la figure de l'enfant dans les sociétés industrielles ("sacralisés" et "valeur plus grande sur le marché de l'assurance", Viviana Zelizer), et aux expertises collectives de l'INCERM (2013, 2021) établissant un "présomption forte de lien entre certaines pathologies (leucémies, tumeurs cérébrales, troubles du neurodéveloppement, malformations congénitales) et l'exposition des parents au pesticides en milieu professionnel."

      6. Sous-Déclaration et Obstacles au Recours des Familles :

      • Seuls "22 [dossiers] concernés des maladies pédiatriques sur les 1970 dossiers reçus par le fond d'anémisation des victimes des pesticides entre 2020 et 2023", ce qui illustre un phénomène de "non recours au droit et de sous-déclaration et de sous-reconnaissance."
      • Facteurs sociaux influençant le parcours de reconnaissance :Faible communication institutionnelle : Le fond a eu une "communication très faible" auprès des associations et professionnels de santé. "Pour activer un droit il faut connaître ce droit."
      • Manque d'information des professionnels de santé : Les médecins (oncopédiatres, chirurgiens pédiatriques) informent rarement les familles d'une étiologie professionnelle possible, car ils sont peu formés sur les causes, centrés sur le soin, et "la question de la causalité du fait des incertitudes qu'elle renferme à l'échelle individuelle met des médecins dans une situation inconfortable."
      • Inégalités sociales face à la médecine : La capacité des familles à questionner l'étiologie dépend de leurs "ressources sociales et culturelles assez importantes pour réduire la symétrie d'information et de savoir entre les médecins et les patients."
      • Enjeux de Responsabilité et de Culpabilité :Les familles médiatisées (Gratalou, Marivin) ont des situations d'exposition "particulières" (exposition accidentelle au glyphosate, exposition salariée en fleuristerie) qui leur offrent des "prises pour construire une représentation limitée (...) de leur responsabilité dans la maladie de leur enfant", facilitant leurs démarches.
      • Les "travailleurs indépendants ont un sentiment de responsabilité plus fort et une difficulté plus grande à recourir en fond que les salariés." En particulier, les "exploitants agricoles rencontrés qui ayant utilisé délibérément des pesticides (...) peuvent se refuser à entrer dans une démarche médico-administrative impliquant de reconnaître pour eux-même et pour l'extérieur que leurs pratiques ont pu empoisonner leurs enfants." (Exemple de l'entretien avec une conjointe d'agriculteur).
      • La prise en charge institutionnelle (FIVP) et le rôle des associations ou consultations spécialisées peuvent être des "levier[s] direct[s] de déculpabilisation des familles" en politisant les maladies pédiatriques et en soulignant qu'elles sont la "conséquence de choix de développement industriel collectif."

      7. Conclusion : Les Enfants, Sentinelles des Politiques Publiques :

      Malgré les incertitudes scientifiques et la complexité multifactorielle des phénomènes, les maladies pédiatriques "révèlent des lacunes des politiques de protection des travailleurs et de l'environnement."

      "leur mise en évidence les doutes qu'elles soulèvent devraient être une invitation non pas à l'attente à l'inaction mais à une réflexion sur notre dépendance au produits chimiques et à une action collective pour s'en affranchir." (Prété)

    1. Document de synthèse : Les inégalités sociales et la santé sexuelle - L'exemple de l'avortement en France et dans le monde

      • Ce document de synthèse s'appuie sur la séance 2 du cours de Nathalie Bajos, "La production sociale des inégalités de santé", qui aborde les enjeux de sexualité et de santé sexuelle, en se concentrant sur l'exemple de l'avortement.

      Il vise à explorer les déterminants sociaux des pratiques liées à l'avortement, ses implications pour la santé des femmes, et les défis contemporains, notamment en France.

      I. L'avortement dans le monde : Une réalité universelle face à des législations hétérogènes

      La légalisation de l'avortement ne supprime pas sa pratique ; elle en modifie les conditions, avec des conséquences directes sur la santé des femmes.

      Légalisation et accès :

      • La carte de 2024 montre une grande variabilité des conditions d'accès à l'avortement dans le monde. La majorité de l'Europe, l'Australie, le Canada et l'Argentine l'autorisent "sur demande" (vert clair), mais cette notion est complexe et sujette à l'appréciation des professionnels de santé, révélant des rapports de pouvoir.

      • Dans d'autres régions, l'avortement est limité à la protection de la vie de la mère (rouge, ex : Brésil), ou totalement interdit.

      • Le cas des États-Unis (révocation de Roe v. Wade en juin 2022) illustre la fragilité des droits acquis, avec des États qui restreignent rapidement l'accès. Une étude a montré une augmentation de 7% des taux de mortalité infantile dans les mois suivant la révocation, principalement due à des anomalies congénitales qui auraient été précédemment interrompues.

      L'avortement malgré l'interdiction :

      • "Que l'avortement soit autorisé ou non, de toute façon les femmes y ont recours." Les restrictions n'empêchent pas les avortements, mais les forcent à être pratiqués dans des conditions sanitaires problématiques, entraînant une morbidité et une mortalité élevées.
      • Les données de l'Institut Allen Gutmacher (New York) confirment cette tendance : les taux d'avortement ne varient pas significativement entre les pays où il est autorisé, restreint ou interdit. Par exemple, même quand il est interdit, le taux de recours est de 39%.
      • Sous-déclaration : Les chiffres concernant l'avortement, surtout dans les pays où il est illégal, sont sous-déclarés, rendant les estimations minimales.

      Conséquences sanitaires des avortements non sécurisés :

      • L'OMS estime à plus de 60 millions d'avortements réalisés chaque année, dont près d'un sur deux n'est pas réalisé dans des conditions sanitaires satisfaisantes (soit au moins 35 millions).
      • Parmi ces avortements non sécurisés, un tiers sont réalisés par des personnes non formées utilisant des méthodes dangereuses (ex: aiguilles à tricoter), entraînant des perforations utérines et des décès.
      • Entre 5 et 13% des décès maternels sont attribués à des avortements non sécurisés.
      • Environ 7 millions de femmes sont hospitalisées chaque année pour des complications liées à un avortement non sécurisé.
      • L'interdiction de l'avortement est directement associée à des dizaines de milliers de problèmes de santé graves et à des décès de femmes.

      II. L'avortement en France : Un droit constitutionnalisé mais toujours sous tension

      En France, malgré la constitutionnalisation de la "liberté garantie" d'avorter le 28 février 2024 (suite à la loi Veil de 1975 et ses extensions), l'avortement reste un enjeu de santé publique et social.

      • Un processus en plusieurs étapes : Pour comprendre le recours à l'avortement, il est nécessaire de décomposer le processus :
      • Activité sexuelle sans intention de fécondité.
      • Absence ou échec de contraception.
      • Décision d'interrompre ou de poursuivre la grossesse.
      • Accès aux soins pour l'IVG.
      • Évolution de l'activité sexuelle et de la contraception :
      • L'activité sexuelle est plus fréquente et diversifiée aujourd'hui, avec un recul de l'âge de la première maternité, augmentant le nombre d'épisodes potentiellement concernés par une grossesse non prévue.
      • Le paysage contraceptif est en pleine évolution et pose problème :
      • Augmentation des femmes sans contraception : En 2023, près de 9% des femmes n'utilisent aucune méthode contraceptive, une proportion plus élevée chez les femmes immigrées et celles en bas de l'échelle sociale.
      • Déclin de la pilule : L'utilisation de la pilule a chuté de 56,4% en 2000 à moins de 50% en 2010, s'accélérant après la crise des pilules de 3ème et 4ème générations en 2012. Ce déclin est lié à une défiance générale envers les produits hormonaux et un mouvement vers des méthodes "plus naturelles" mais moins efficaces.
      • Réticence à la stérilisation et au stérilet : La stérilisation reste très faible en France par rapport à d'autres pays. Le stérilet (DIU), bien que promu par l'OMS comme méthode de première intention, a longtemps été prescrit avec réticence aux femmes nullipares en France, par crainte infondée de risques pour la fertilité. Il y a eu une "norme contraceptive française qui interdit la stérilisation" et stigmatise l'accès au stérilet pour les jeunes femmes.
      • Les méthodes de longue durée (DIU, implant) ont augmenté, mais des inégalités subsistent : l'implant est plus souvent prescrit aux femmes étrangères, reflétant des représentations stéréotypées des professionnels de santé sur leur capacité à gérer une contraception quotidienne.

      Augmentation des grossesses non souhaitées et des IVG : * La baisse de l'efficacité globale de la couverture contraceptive s'accompagne d'une augmentation du nombre de grossesses non souhaitées entre 2016 et 2023. * La France observe une augmentation des taux d'avortement depuis 2015 (particulièrement chez les 20-24 ans, mais présente dans toutes les tranches d'âge). * Le "paradoxe contraceptif" : Jusqu'à récemment, malgré une baisse des grossesses non prévues au niveau mondial (grâce à une meilleure contraception), les taux d'avortement sont restés stables. Cela s'explique par le fait qu'en cas de grossesse non prévue, les femmes l'interrompent plus facilement. Cependant, la tendance actuelle en France est à l'augmentation des grossesses non prévues en raison d'une moins bonne couverture contraceptive.

      III. La norme procréative et la décision d'avorter

      Le recours à l'IVG est profondément ancré dans des normes sociales, notamment la "norme procréative" et la "norme contraceptive".

      • La norme procréative : Elle dicte les "bonnes conditions" pour avoir des enfants (âge, nombre, stabilité relationnelle et financière). L'IVG est souvent un moyen de s'y conformer. "Le recours à l'IVG c'est une façon de respecter la norme procréative."
      • Évolution des représentations de la maternité :En 2023, une majorité de personnes (hommes et femmes) considèrent qu'une femme peut réussir sa vie sans avoir d'enfant.
      • Cette perception a connu une "évolution absolument spectaculaire" : en 2006, 28% des femmes pensaient qu'elles pouvaient réussir leur vie sans enfant, contre plus de 80% en 2023. Cette évolution est particulièrement marquée chez les jeunes générations et reflète un recul de la norme hétérosexuelle et une diversification de la sexualité.
      • La décision d'avorter est socialement construite :Le choix de poursuivre ou d'interrompre une grossesse est fortement influencé par le milieu social. Par exemple, une jeune femme issue d'un milieu favorisé en prépa à Paris aura plus souvent recours à l'IVG pour préserver une trajectoire professionnelle brillante.
      • À l'inverse, une jeune femme du même âge issue d'une zone défavorisée pourrait choisir de poursuivre la grossesse, car la maternité peut lui procurer un statut social que ses études ne lui apporteraient pas. "Ces études ne l'amèneront nulle part et ne lui permettront pas d'acquérir un statut social via une position professionnelle intéressante." La "bonne" décision varie selon les attentes sociales et les opportunités offertes par le milieu.

      IV. La pratique de l'avortement et la culpabilité des femmes

      Malgré la légalisation, l'avortement reste un acte médicalement et socialement complexe, qui génère encore de la culpabilité.

      • Évolution des représentations de l'IVG :
      • La perception selon laquelle il "ne devrait presque plus y avoir d'interruption volontaire de grossesse aujourd'hui" a fortement diminué entre 2010 et 2023. Aujourd'hui, plus de 50% des femmes de 18-24 ans considèrent que les IVG sont inévitables.
      • Cependant, les hommes montrent moins de changement dans leurs représentations.
      • Émotions ressenties après l'IVG :
      • Les femmes ressentent un "soulagement extrêmement élevé" après l'IVG, mais également une "culpabilité qui reste très forte". Près de 60% des jeunes femmes ressentent de la culpabilité, un taux encore plus élevé chez les 35-44 ans.
      • Les hommes semblent moins affectés par la culpabilité, notamment chez les plus jeunes.
      • Culpabilisation par les professionnels de santé :
      • Une femme sur cinq (20%) âgée de 20-24 ans déclare avoir entendu des "propos culpabilisants" de la part de professionnels de santé au moment de l'IVG.
      • Les IVG ne sont pas toutes jugées "légitimes" de la même manière par les professionnels : une IVG suite à un échec de stérilet est mieux perçue qu'une deuxième IVG ou une IVG en l'absence de contraception, qui peuvent être stigmatisées.
      • Le fait que l'avortement reste un "droit qui n'est pas comme les autres" est symboliquement lié à la persistance d'une "clause de conscience superfétatoire" pour les professionnels de santé, spécifique à l'IVG et à la stérilisation, bien qu'une clause de conscience générale existe déjà. Cette spécificité envoie un message symbolique fort.
      • Enjeux contemporains de l'avortement en France :
      • Peu gratifiant professionnellement : L'avortement est un acte "peu gratifiant professionnellement", ne favorisant pas les carrières médicales (contrairement à la PMA).
      • Problème de démographie médicale : Moins de médecins s'engagent dans cette pratique, en partie par manque de "conscience politique" chez les jeunes générations.
      • Difficultés d'accès : Persistance de problèmes d'accès, notamment dans les "déserts médicaux", affectant la rapidité et la qualité de la prise en charge.
      • Préférence pour l'IVG médicamenteuse : L'IVG médicamenteuse est de plus en plus privilégiée, parfois au détriment de l'IVG chirurgicale, limitant le choix des femmes et posant des problèmes en cas de retour à domicile difficile.
      • Le poids du discours : Les mouvements anti-avortement ont évolué : ils ne diabolisent plus les femmes comme "criminelles" mais comme des "victimes" qui manquent de moyens matériels pour poursuivre leur grossesse. Ils promeuvent l'idée d'un "syndrome post-traumatique" lié à l'avortement, bien que la littérature scientifique prouve son inexistence.
      • Persistance du stigmate : La phrase de Simone Veil, affirmant que l'avortement "était un drame et resterait toujours un drame", continue de peser. La stigmatisation de l'avortement est perçue comme un "rappel à l'ordre de genre", car les femmes qui avortent "dérogen" à leur rôle social reproductif.

      Conclusion :

      La compréhension du recours à l'avortement nécessite une analyse multidimensionnelle, intégrant les évolutions des pratiques sexuelles, des normes contraceptives et procréatives, et des interactions avec le système de santé.

      Malgré les avancées législatives, notamment en France, la culpabilité et la stigmatisation persistent, soulignant la nécessité de continuer à travailler pour que les femmes puissent avorter "sans culpabilité" et que ce droit soit pleinement intégré comme un droit de santé à part entière.

    1. Document de Synthèse : La Production Sociale des Inégalités de Santé et le Cas de l'Avortement en France

      • Ce document de synthèse s'appuie sur la présentation de Raphaël Perin, jeune sociologue, qui a mené une thèse sur les médecins et la pratique de l'avortement, et qui s'inscrit dans une nouvelle vague de recherche sociologique sur la santé sexuelle et reproductive en France, initiée notamment par Nathalie Bajos.

      La présentation met en lumière la manière dont la médecine, en prodiguant des soins, peut paradoxalement créer des inégalités de santé, en se basant sur le cas spécifique de l'avortement en France.

      1. Contexte de la Recherche et Importance du Sujet

      • Renouveau de la recherche sociologique en France : Après une longue période de quasi-absence, la recherche sociologique sur l'avortement et la contraception en France connaît un essor significatif. Nathalie Bajos souligne l'émergence d'une "vraie force de recherche dans ce domaine en France," avec de nombreuses thèses et la création d'un laboratoire dédié (Lab Genré Contraception).

      Cette masse critique de recherche permet de "produire des connaissances scientifiques et critiques sur le sujet."

      • Les inégalités de santé comme axe central : Les travaux de Raphaël Perin s'inscrivent dans la lignée des recherches de Nathalie Bajos sur les inégalités de santé, abordant spécifiquement le troisième niveau de production de ces inégalités : la prise en charge par le système de santé.

      L'objectif est de comprendre "la manière dont la médecine en soignant crée des inégalités de santé, ce qui peut paraître contre-intuitif."

      • Pertinence de l'avortement comme cas d'étude :Enjeux politiques et sanitaires : L'avortement est intrinsèquement lié à des questions politiques et sanitaires. Bien que légal en France, son accès égalitaire reste un défi. Dans les pays où il est illégal, il est une cause majeure de mortalité.
      • Portée démographique et sociale : En France, environ 220 000 IVG sont pratiquées par an, concernant "une femme sur trois au cours de sa vie, une femme sur sept recourt deux fois ou plus." Cette large portée, touchant "presque toutes les catégories sociales," en fait un terrain propice à "l'objectivation et à l'observation en série des différences de traitement par l'institution médicale."
      • Cas "contre-intuitif" d'inégalités : L'IVG est un acte médicalement sûr, sans diagnostic complexe (hors confirmation de grossesse intra-utérine) et la loi donne explicitement aux femmes le choix de la méthode. On s'attendrait donc "naïvement à ce qu'il n'y ait pas de variation et pas d'inégalité dans la prise en charge." C'est précisément ce contraste qui rend l'étude de l'avortement "particulièrement fécond[e] pour penser la production médicale des inégalités."

      2. Le Paradoxe de l'Accès à l'Avortement en France :

      Une Loi Simplifiée, une Pratique Complexe et Inégalitaire * Simplification législative théorique : La loi sur l'avortement a connu 50 ans de réformes successives, considérablement simplifiant le cadre légal. Les femmes n'ont plus l'obligation d'attendre une semaine de réflexion, de voir une psychologue, peuvent avorter à domicile, gratuitement, et à des termes plus avancés. Les étrangères non résidentes et les mineures ont également un accès facilité. * Complexité et inégalités pratiques : Malgré la loi, "en pratique l'avortement reste une pratique procréative stigmatisée, taboue" et "l'accès à l'avortement en particulier reste long, complexe, semé d'embûches et inégalitaire." La condition majeure est que l'acte doit être réalisé par un médecin ou une sage-femme, leur "marge de manœuvre dans cette application de la loi" devenant cruciale. * Méthodologie de la recherche : La thèse de Raphaël Perin s'appuie sur une enquête de 4 ans, incluant 6 mois d'observation dans trois centres d'IVG (grande métropole, ville moyenne avec équipe féministe, département rural sous-doté), des entretiens avec des professionnels de santé de toute la France et une enquête qualitative auprès de 1000 médecins.

      3. Les Inégalités d'Accès à l'Avortement en France :

      Variations selon les Médecins, les Centres et les Femmes Raphaël Perin révèle une "grande variation des parcours d'IVG, des modalités de l'avortement selon deux choses : selon les femmes qui le demandent et selon les médecins à qui elles le demandent ou les centres dans lesquels ils travaillent."

      • Variations liées aux professionnels de santé et aux centres :Rapidité du parcours : Malgré la suppression du délai d'attente obligatoire, la plupart des centres imposent un délai incompressible (1 à 2 jours, voire plus), tandis qu'une minorité permet l'avortement le jour même.
      • Terme gestationnel : Certains centres acceptent l'avortement dès le premier signe de retard de règles, d'autres contraignent les femmes à attendre que l'embryon soit visible à l'échographie, ce qui retarde la prise en charge de plusieurs semaines.
      • Limite de terme : Bien que la loi autorise jusqu'à 14 semaines, certains centres refusent au-delà de 10 ou 12 semaines pour des "raisons de refus de médecin[s] de pratiquer ce geste à des termes avancés." De plus, des "subtilités dans le calcul du terme de grossesse" peuvent entraîner des différences allant jusqu'à deux semaines d'un centre à l'autre pour la même grossesse.
      • Conditions imposées : De nombreux centres maintiennent des exigences non obligatoires, comme l'entretien psychosocial (rendu optionnel en 2001) ou la prise du premier médicament abortif au centre, ce qui est "non seulement assez infantilisante mais qui contraint le moment [...] du déclenchement de l'expulsion." Des "examens intimes et non obligatoires," comme le toucher vaginal, peuvent également être imposés.
      • Choix de la méthode : Le choix de la méthode (médicamenteuse ou instrumentale) n'est pas toujours laissé aux femmes. Si des médecins ne pratiquent pas l'IVG chirurgicale ou ne l'aiment pas, les femmes sont "contraintes ou fortement orientées" vers la méthode médicamenteuse.
      • Motivations des complications : "L'inertie d'une représentation de l'avortement comme étant un acte grave, dramatique, voire traumatique qu'il faut prévenir ou à minima défaut qu'il faut encadrer plutôt qu'un acte procréatif simple, sécurisé et banal." Ce n'est pas tant une opposition morale généralisée (le soutien au droit à l'avortement est "très fort, très répandu" parmi les médecins) qu'une réticence à le pratiquer soi-même et la conviction que "sans cet encadrement l'avortement va être traumatique pour les femmes." La phrase fréquente est : "On n'est pas là pour vider des utérus", signifiant que le cœur du travail est l'accompagnement et l'éducation, pas la simple interruption de grossesse.
      • Variations selon les femmes (valeur sociale) :Exemples flagrants de différenciation : Des cas concrets illustrent des traitements radicalement différents. Une étudiante infirmière blanche de 20 ans, sympathique, se voit accorder une exception pour avorter le jour même en urgence pour ne pas manquer ses partiels. Une femme noire nigériane anglophone de 28 ans issue d'un quartier populaire, demandant la même chose car habitant loin, se voit refuser catégoriquement, l'infirmière affirmant qu'aucune exception n'est possible.
      • Jugements moraux et "valeur sociale" : Inspiré de la sociologie de la différenciation des pratiques médicales, le concept de "valeur sociale" condense "les jugements moraux que portent les professionnels de santé sur les patients et patientes selon leur comportement et selon leurs caractéristiques sociales et en particulier leur position dans les rapports de classe de race et d'âge."
      • Critères de la "bonne avortante" : Les femmes les plus jeunes qui "ne peuvent vraiment pas avoir d'enfants aussitôt" et celles qui "ressemblent socialement aux professionnels de santé (plutôt les femmes blanches francophones de classe moyenne ou supérieure)" bénéficient d'une meilleure prise en charge. Les professionnelles de santé elles-mêmes accèdent à l'IVG avec un minimum de contraintes. Le "respect des normes sexuelles et procréatives" est également clé : avorter peu (une ou deux fois), adopter une contraception jugée efficace, avorter précocement, et afficher "un peu de détresse mais pas trop." Les "bonnes avortantes ont plus de chance d'être prises en charge rapidement, hors délais ou de pouvoir choisir les modalités de leur avortement."
      • Conclusion partielle : "Toutes les femmes ont droit à l'avortement en France mais certaines y ont plus droit que d'autres."

      4. La Domination Médicale et ses Mécanismes

      • La capacité des médecins à contrôler les modalités de l'avortement malgré la loi qui les place en "prestataire de service" est expliquée par le concept de "domination médicale."
      • Définition de la domination médicale : C'est un "rapport social spécifique" qui diffère du simple pouvoir. Le pouvoir est la capacité d'influencer autrui ; la domination est une forme particulière de pouvoir où celui-ci est "soit invisible, soit reconnu comme légitime, naturel ou bénéfique," intériorisé par les dominés et les dominants. Il s'agit d'une "asymétrie structurelle qui dépasse les simples contextes individuels de soins" et qui permet aux médecins de contrôler les comportements des patients.
      • Causes de l'asymétrie structurelle :Vulnérabilité physique ou psychologique des patients (maladie, grossesse).
      • Détention d'un savoir expert par les médecins.
      • Monopole légal de l'accès aux biens de santé (médicaments, infrastructures, droit de pratiquer).
      • La combinaison de ces facteurs crée une situation de "dépendance autant que de domination."
      • Mécanismes de contrôle des comportements :En amont : Interprétation de la loi : Les médecins définissent les règles du cadre de l'IVG (nombre et contenu des consultations, durée des parcours). L'exemple le plus frappant est la datation de la grossesse. La loi ne définit pas comment dater une grossesse jusqu'à 14 semaines. Bien que l'échographie soit utilisée, elle donne une image (taille du fœtus) et non un âge gestationnel précis. Les médecins fixent une "taille maximale de fœtus" au-delà de laquelle ils n'autorisent plus l'avortement, et cette taille varie d'un centre à l'autre selon leurs préférences morales ou politiques. Il peut y avoir "une différence allant jusqu'à 10 jours d'un centre à un autre de ce que c'est qu'une grossesse de 14 semaines." Cela rend le contrôle "complètement invisible cette dimension de pouvoir et de marge de manœuvre."
      • Dans l'interaction : Micro-techniques de pouvoir : Ces techniques s'appuient sur le "capital symbolique des médecins" (experts compétents et désintéressés).
      • Conseils : Présenter une option comme "la meilleure" pour la patiente ("l'implant c'est génial," "l'aspiration je vous le déconseille").
      • Menaces de complications sanitaires : Faire craindre des risques sur la fertilité pour encourager l'adoption d'une contraception, même si ces risques sont infondés (ex: "3 IVG pas de contraception vous risquez de pas réussir à en faire").
      • Appel à la loi ou au protocole : Invoquer une contrainte objective pour nier leur marge de manœuvre ("c'est la loi, c'est obligatoire, c'est le protocole").
      • Maîtrise du temps : Jouer sur les délais pour influencer le comportement ou le choix de méthode (proposer l'IVG médicamenteuse "tout de suite" et l'instrumentale "dans une ou deux semaines").
      • Le mensonge : Ces techniques "s'appuie[nt] assez largement sur le mensonge," qui, bien que commun, est difficile à "analyser le fait que les médecins mentent" en raison de leur capital symbolique.
      • Le consentement : Le consentement tel que pratiqué "ne correspond pas du tout à une adhésion libre et éclairée." L'asymétrie de la domination médicale "brouille la question du consentement." Il est "largement produit en amont de l'interaction et dans l'interaction médicale."

      5. Apprentissage de la Domination Médicale et Intersectionnalité

      • Socialisation des médecins : Devenir médecin, c'est aussi "intérioriser une des manière de faire, de penser et de sentir qui correspondent à leur position dans le rapport de domination," c'est "apprendre à exercer le pouvoir et à s'y sentir légitime." Cette socialisation peut inclure un "apprentissage pratique, scolaire presque du paternalisme," même si initialement les internes peuvent ne pas être à l'aise avec cette autorité.
      • Hétérogénéité de la profession médicale : Il est crucial de souligner que la médecine n'est pas homogène. Les parcours professionnels, les influences non professionnelles (génération, expérience personnelle de l'avortement, socialisation politique et engagement féministe) définissent des manières différentes d'exercer. Les médecins formés aux rapports sociaux de pouvoir ont de meilleures chances de ne pas reproduire les inégalités.
      • Intersection de la domination médicale et des rapports sociaux : La capacité des femmes à contrôler les modalités de leur avortement varie "plus ou moins selon qui elles sont." Les micro-techniques de pouvoir et le mensonge sont appliqués différemment.
      • Exemple de la consultation post-IVG : Une femme blanche de 25 ans se voit offrir le choix d'un examen de confirmation du succès de l'IVG. Une femme racisée voilée de 30 ans, avec un taux d'hormone tout aussi bon, se voit imposer un examen vaginal et une échographie, sans choix. La médecin justifie cela en estimant que la première femme est "plus structurée mentalement" et peut comprendre sans examen, tandis que la seconde n'aurait pas les "capacités mentales pour le comprendre," une différence basée uniquement sur "les caractéristiques sociales de ces deux femmes."
      • Inégalités du consentement et violences médicales : Le consentement "libre et éclairé" est une norme contraignante face à "certaines femmes." Celles "qui occupent une position dominée dans les rapports de classe et de race, les plus jeunes, celles qui s'écartent aussi des normes sanitaires et sexuelles ne sont pas jugés aussi responsable et capable de prendre des décisions éclairées." Le paternalisme devient un "devoir professionnel" envers elles. Les "violences médicales" (familiarité excessive, humiliation, sexualisation des patientes par des médecins hommes) sont plus susceptibles de survenir lorsque les patientes sont "en position socialement dominée" (femmes, enfants, femmes racisées, classes populaires précaires, personnes handicapées, minorités de genre ou sexuelles).
      • Racisme et altérité : Les femmes racisées et allophones sont non seulement "moins bien traitées médicalement" (stéréotypes racialisants, non-prise en compte de l'allophonie, refus de l'interprétariat), mais aussi "moins bien soignées en raison de la non prise en compte de leur halophonie [...] mais aussi parce qu'elles sont traitées avec moins de respect dans l'interaction." Des cas de "prises en charges ouvertement racistes" sont observés.

      6. Implications et Perspectives

      • Au-delà des inégalités territoriales : Les inégalités liées à l'avortement ne se limitent pas à l'offre de soins mais sont profondément ancrées dans les "pratiques concrètes des professionnels de santé," même ceux favorables aux droits à l'avortement.

      • Intérêt scientifique, médical et politique de l'analyse sociologique :Formation des médecins : L'analyse souligne l'importance de former les médecins aux rapports sociaux de pouvoir pour atténuer les inégalités de santé.

      • Politiques publiques et luttes pour les droits reproductifs : Le discours sociologique complète les discours existants en France :

      • Le "discours glorificateur des pouvoirs publics" qui "tendent à exagérer les acquis à considérer comme achever la lutte pour l'avortement."

      • Le "regard sombre porté à raison sur l'état actuel du droit à l'avortement et de ses évolutions" qui, en se concentrant sur ce qui pourrait être perdu, "conduit parfois à oublier ce qu'il reste à améliorer."

      • La recherche fournit des pistes pour une politique "non seulement défensive de ne pas perdre le droit à l'avortement mais de continuer à rendre ce droit plus effectif, plus égalitaire ou à continuer à le développer."

      • Redéfinition des inégalités de santé : Les inégalités de santé ne se limitent pas à l'accès aux soins ou aux différences de mortalité, mais incluent "la manière d'être traité, d'être considéré et de contrôler les conditions et les modalités de ces soins."

      • La médecine comme productrice de hiérarchies sociales : La domination médicale et la différenciation des pratiques créent des différences d'accès aux traitements et, au-delà, contribuent, aux côtés d'autres institutions, "au processus de production et d'intériorisation des hiérarchies sociales."

      La médecine "participe à les former en faisant de ces différences des marqueurs signifiant de supériorité ou d'infériorité et en y socialisant les patients."

      • En somme, il ne s'agit pas seulement de voir "ce que l'ordre social fait à la médecine," mais aussi "ce que la médecine fait à l'ordre social," en instituant et reproduisant des inégalités non seulement sanitaires mais aussi sociales.
    1. Note de synthèse : La production sociale des inégalités de santé au travail

      Introduction

      • Ce document de synthèse s'appuie sur la conférence de Nathalie Bajos (2024-2025) intitulée "La production sociale des inégalités de santé (13)", qui explore la question majeure des risques et accidents du travail, ainsi que des maladies professionnelles. L'objectif est de mettre en lumière l'ampleur et la complexité de ce phénomène, souvent sous-estimé et invisible, et d'analyser les mécanismes sociaux qui favorisent la production des inégalités de santé liées au travail.

        1. L'ampleur et l'invisibilité des risques et accidents du travail
      • La conférence souligne que le travail, dans tous les pays du monde, affecte la santé des individus. Il existe une causalité complexe et bidirectionnelle entre l'exposition professionnelle et l'état de santé, l'état de santé pouvant également influencer les trajectoires professionnelles.

      • Les chiffres officiels, bien que sous-estimés, témoignent de l'ampleur du problème :
      • En 2023, on comptait 1287 décès liés au travail, 555 803 accidents du travail et 47 434 maladies professionnelles.
      • Nathalie Bajos insiste sur le fait que ces chiffres ne représentent que « la partie visible de l'iceberg ». La sous-estimation est due au fait que les problèmes ne sont pas toujours connus, déclarés ou reconnus comme professionnels. Le système de l'assurance maladie, axé sur la gestion financière des rentes, contribue à cette sous-déclaration.
      • L'invisibilité sociale des accidents du travail et des maladies professionnelles est un problème majeur depuis au moins 30 ans.

      1.1. L'évolution préoccupante des conditions de travail

      • Les conditions de travail se sont dégradées en France et dans de nombreux pays européens depuis le début des années 1990. Cette dégradation est attribuée à :
      • L'intensification du travail : marquée par des délais courts et des rythmes de travail plus élevés, générant chez les actifs le sentiment d'être « empêché de fournir un travail de qualité ».
      • Le « travail pressé » : un nouveau modèle qui s'est imposé dans tous les secteurs, où plus de la moitié des actifs occupés doivent travailler « toujours ou souvent dans des délais très stricts et très courts ».
      • Le management par objectif et le « toyotisme » dévoyé : Initié pour sortir du taylorisme en fixant des objectifs aux équipes, ce modèle a souvent conduit à une rigidification avec des indicateurs de performance et du reporting permanent, « la fin de l'autonomie et compliqué à l'envie le travail des salariés ». Ce phénomène touche aussi bien le secteur privé que le public.
      • Contrastes avec les organisations apprenantes : Les pays d'Europe du Nord ont développé des organisations apprenantes où les salariés participent activement à l'élaboration des objectifs et disposent d'autonomie, ce qui se traduit par une plus grande satisfaction.

      1.2. Données sur les expositions physiques et psychosociales

      • Expositions physiques : Elles sont en hausse en Europe depuis les années 1990. En France, la proportion de salariés subissant au moins trois contraintes physiques a triplé en 30 ans (passant de 22% des ouvriers en 1984 à 62%).
      • En 2022, 35% des hommes et plus de 30% des femmes sont exposés à au moins trois contraintes physiques intenses (mouvements douloureux/fatigants, bruit intense, produits dangereux, fumées/poussières).
      • Les hommes sont plus exposés en moyenne, notamment aux produits dangereux et au bruit.
      • Les ouvriers sont systématiquement les plus touchés par ces contraintes physiques par rapport aux autres catégories socioprofessionnelles.
      • L'exposition aux produits cancérogènes reste élevée, notamment chez les ouvriers qualifiés (plus de 30% en Île-de-France en 2003).
      • La France se caractérise par une situation plus défavorable que la moyenne européenne et d'autres pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas concernant les postures douloureuses, le port de charges lourdes, l'exposition à des produits toxiques ou les mouvements répétitifs.
      • Risques psychosociaux (RPS) : Les nouveaux modes d'organisation du travail et les exigences croissantes de performance individuelle ont favorisé leur développement.
      • Les RPS ont dépassé pour la première fois les troubles musculo-squelettiques comme problème de santé le plus important lié au travail.
      • Travailler sous pression est plus fréquent chez les cadres (>40%), tandis que le sentiment d'inutilité est plus élevé chez les ouvriers.
      • L'exposition répétée au stress est clairement identifiée comme liée aux troubles mentaux, ainsi que l'intensité du travail, les contraintes horaires, les relations hiérarchiques, le manque de reconnaissance, et les violences au travail.
      • Coût économique : Les maladies et accidents liés au travail coûtent à l'Union européenne environ 476 milliards d'euros par an, soit 3% du PIB de l'UE, soulignant que cet enjeu est non seulement social mais aussi économique.

      2. Les facteurs de risque identifiés et leurs conséquences

      • De nombreuses études épidémiologiques identifient des facteurs de risque spécifiques associés à diverses pathologies :
      • Expositions mécaniques : postures inconfortables, mouvements répétitifs, manipulation de charges lourdes, vibrations (douleurs lombaires, troubles musculo-squelettiques).
      • Produits chimiques et biologiques : poussières, fumées, produits dangereux (cancers, maladies respiratoires).
      • Risques psychosociaux : intensité du travail, stress, manque d'autonomie, contraintes horaires, mauvaises relations hiérarchiques (troubles mentaux, dépression, burn-out).
      • Ces risques ont des effets à long terme sur le corps et la santé, souvent cumulatifs et se renforçant mutuellement.

      3. Les obstacles à la reconnaissance et à la visibilisation

      • Malgré l'ampleur du problème, plusieurs facteurs contribuent à l'invisibilité et à la méconnaissance des liens entre conditions de travail et santé :
      • 3.1. Phénomènes de sélection et limites méthodologiques

      • Effet du travailleur sain : Les personnes en mauvaise santé sont susceptibles d'éviter les expositions professionnelles et sont moins maintenues en emploi, ou ne sont pas embauchées, ce qui biaise les statistiques sur la santé au travail en les sous-estimant.

      • Temps de latence des pathologies : L'impact à court terme des conditions de travail est majoritairement étudié, alors que des pathologies comme les cancers ou maladies cardiovasculaires ont un temps de latence très long, rendant difficile la preuve d'un lien causal.
      • Incomplétude des données épidémiologiques :
      • Elles ne couvrent pas tous les problèmes de santé au travail.
      • Le choix des sujets d'étude et les méthodes d'analyse peuvent invisibiliser certains cancers professionnels, notamment chez les femmes. Les matrices emploi-exposition, majoritairement construites à partir d'emplois masculins, sont peu pertinentes pour les populations féminines, en particulier celles des milieux défavorisés (ex: agentes de nettoyage).

      3.2. Mécanismes sociaux et politiques d'invisibilisation

      • Selon Véronique Dobas Le Tourneux, la méconnaissance ne résulte pas seulement de problèmes techniques ou pathologiques, mais aussi de mécanismes sociaux et politiques qui conduisent à ne pas voir ou à masquer les risques.
      • Au niveau des travailleurs :
      • Déni face au risque : Les travailleurs peuvent nier le caractère pathogène de leur travail (ex: virilité dans le bâtiment, coiffeuses niant les dermatoses pour des raisons pratiques).
      • Pression et peur de perdre l'emploi : Les rapports de domination en entreprise et la précarité (notamment pour les intérimaires) dissuadent les salariés de signaler les risques (ex: maintenance des centrales nucléaires où les intérimaires sont exposés à des radiations élevées sans suivi médical adéquat).
      • Au niveau des entreprises :
      • Masquage des effets néfastes : Les entreprises peuvent chercher à masquer les dangers liés aux produits ou aux modes de management.
      • Système assurantiel et gestion individualisée : La loi de 1898, axée sur l'indemnisation financière, tend à individualiser le problème et à ne pas « questionner les conditions de survenu de l'événement ni par conséquent l'organisation du travail ».
      • Invisibilisation médiatique et politique : Les accidents du travail sont souvent traités comme des « faits isolés » ou des « faits divers » par la presse locale et les politiques, les privant de leur « dimension collective et de leur inscription dans des organisations du travail ».
      • Secteurs et populations concernées : Les secteurs les plus touchés (construction, agroalimentaire, intérim, transport, soin à la personne) et les populations les plus vulnérables (ouvriers, femmes employées, jeunes, intérimaires, peu qualifiés, sans-papiers) sont déjà marqués par une certaine précarité, ce qui « invite à passer sous silence aussi les blessures que ces populations subissent ». Le faible poids des syndicats dans ces secteurs est également un facteur.
      • Déclin de la médecine du travail : Le rôle des médecins du travail, acteurs centraux de la prévention, est de plus en plus réduit par les réorganisations légales et managériales.

      4. L'analyse des processus de survenue des accidents du travail (Véronique Dobas Le Tourneux)

      • Le travail de Véronique Dobas Le Tourneux met en lumière l'importance de « déconstruire un peu les processus qui conduisent à la survenue de ces événements » pour des politiques de prévention plus efficaces.
      • Baisse historique des accidents du travail : Si le nombre d'accidents a baissé depuis les années 1950 (due à l'évolution des structures d'emploi et aux améliorations de sécurité), cette baisse tend à se stabiliser depuis les années 1990.
      • Les accidents comme "événements sentinelles" : Même les accidents mineurs sont importants car ils peuvent alerter sur des situations de travail à risque et avoir des effets significatifs sur la vie quotidienne et la santé des individus.
      • La sous-déclaration administrative : Elle est due aux mécanismes de cotisation des entreprises (indexées sur le nombre d'accidents déclarés), à l'auto-culpabilisation des victimes, à la pression des collègues, et au manque de suivi des travailleurs en situation irrégulière ou précaires (intérimaires, sans-papiers).
      • Véronique Dobas Le Tourneux distingue trois types de situations d'accident :
      • Accidents bénins dans un contexte de travail préservé : Souvent dans les emplois administratifs, ces accidents sont généralement déclarés et reconnus, permettant une visibilité et la mise en place de mesures préventives.
      • Accidents relevant de risques permanents et connus : Les salariés connaissent les risques et les moyens de s'en protéger, mais les « injonctions de production » les empêchent de respecter les consignes (ex: pauses non prises). Le risque est en quelque sorte intégré par l'employeur. Ces accidents sont généralement déclarés sans difficulté.
      • Accidents dans des contextes de « mise en danger » ou de « prise de risque organisé » : C'est la situation la plus grave, touchant principalement les apprentis, jeunes peu qualifiés, nouvellement embauchés, et intérimaires. Ils ont une marge de manœuvre limitée. Les récits des salariés font état de « prises de risque forcées ».
      • Exemples : Un ouvrier déchargeant des tubes d'acier longs et lourds sans matériel adapté malgré un signalement ; une employée de restaurant glissant avec des chaussures inadaptées à cause d'une surcharge de travail et de contraintes vestimentaires.
      • Ces situations combinent « exigences productives et commerciales », « surcharge de travail » et « déstructuration des collectifs de travail ».
      • C'est dans ce type d'accident que les cas de non-déclaration sont les plus nombreux, alors que la gravité est la plus élevée.
      • Thomas Coutre est cité : « les choix en matière d'organisation du travail sont et ont toujours été produit socialement par un système de pouvoir conditionné par les rapports de forces sociaux. Et sous cet angle la notion d'efficacité économique n'est pas un concept abstrait et neutre mais résulte indissociablement du jeu conjoint des techniques de production et de domination. »
      • L'analyse de Véronique Dobas Le Tourneux souligne l'importance de s'éloigner de la perspective du « comportement individuel à risque » pour comprendre les accidents, et de se concentrer sur les « prises de risque organisées » induites par l'organisation du travail.
      • Conclusion et perspectives

      • La question des risques du travail est un phénomène complexe et multifactoriel qui requiert une approche holistique :

      • Nécessité de contextualiser : Il est fondamental de prendre en compte le contexte des conditions de travail et de l'organisation du travail, au-delà des aspects purement techniques.
      • Manque de données : Des données plus fines sont nécessaires, notamment sur les intérimaires, les dimensions de genre (bien qu'elles soient de plus en plus prises en compte) et les dimensions raciales, encore très absentes, alors que ces populations sont souvent les plus exposées.
      • Frontières du travail à redéfinir : La sociologue Maë Simonet est citée pour interroger la définition actuelle du travail, construite autour d'un sujet masculin, rémunéré, et productif. Il est crucial de penser conjointement le travail rémunéré et le « travail gratuit, visible et invisible » (domestique, associatif, soins, bénévolat), majoritairement exercé par les femmes et souvent source de risques et d'accidents non reconnus.
      • Recommandations politiques :
      • Développer des politiques de santé et sécurité au travail à la hauteur de la complexité du problème, avec des mesures préventives et réparatrices.
      • Aller au-delà du cadre actuel de reconnaissance et de réparation des accidents du travail et maladies professionnelles (loi de 1898).
      • Accroître les moyens pour la recherche (postes, financements) sur ce sujet.
      • Mettre en place des mesures législatives interdisant certains produits dangereux.
      • Renforcer le respect par les employeurs de leur devoir de protection de la santé physique et mentale des travailleurs, et le rôle de l'inspection du travail.
      • Enjeux macro-sociaux et politiques : Les causes profondes des inégalités de santé au travail résident dans les choix de société et les modèles d'organisation du travail aux niveaux français, européen et mondial.
    1. Note de synthèse : La production sociale des inégalités de santé sexuelle chez les minorités de genre et sexuelles

      Cette synthèse s'appuie sur la présentation d'Emmanuel Bobati, sociologue et chercheur au CNRS, spécialiste des minorités sexuelles et de genre.

      Il aborde la production sociale des inégalités de santé, en particulier de santé sexuelle, chez les personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres) en soulignant l'importance d'une approche critique des catégories utilisées et la nécessité d'inscrire la prévention dans des contextes sociaux et des trajectoires de vie complexes.

      Thèmes principaux et idées clés :

      Visibilité et vulnérabilité des recherches sur les minorités sexuelles et de genre en santé :

      • Les recherches sur les personnes LGBT sont souvent vulnérables, particulièrement dans des contextes politiques incertains pour leurs droits et leur santé.

      • Les minorités sexuelles et de genre sont fréquemment "laissées de côté" dans les recherches en santé, même si elles sont présentes dans les échantillons. Leurs inégalités sociales liées à leur sexualité ou trajectoire de genre sont peu visibles et thématisées.

      • Le domaine de la santé sexuelle est le principal champ où ces minorités sont prises en compte, et c'est souvent grâce à cette approche que les études sur l'homosexualité (depuis les années 80) et plus récemment sur les transidentités se sont développées.

      Historique et évolution des enquêtes sur la santé sexuelle des minorités :

      • Historiquement, la lutte contre le VIH/SIDA s'est focalisée sur les hommes gays cisgenres (personnes qui ne sont pas trans). L'enquête "Presse gay" (lancée par Michael Polac en 1984) en est un exemple.

      • Les femmes trans ont été particulièrement touchées par le VIH/SIDA, avec des taux de prévalence potentiellement supérieurs à ceux des hommes gays, ce qui a été confirmé empiriquement. Cependant, elles n'ont été intégrées aux politiques de santé publique qu'à partir des années 2010.

      • Les femmes lesbiennes sont "très largement sous-enquêtées dans le domaine de la santé sexuelle" malgré une prévalence d'infections sexuellement transmissibles (IST) plus élevée que chez les femmes hétérosexuelles.

      • Les enquêtes sur la sexualité en population générale, comme "Analyse des comportements sexuels en France" (1992) et "Contexte de la sexualité en France" (2006, codirigée par Nathalie Bajos), ont souligné les inégalités socio-sexuelles entre hommes et femmes, ainsi qu'entre hétérosexuels et homosexuels. Cependant, elles n'incluaient pas encore les personnes trans, ce qui est prévu pour l'enquête "Contexte des sexualités en France 2023" de l'INSERM.

      • L'enquête "Trans et santé sexuelle" (INSERM, 2010) a spécifiquement porté sur les populations trans, utilisant des méthodes mixtes (quantitatives et qualitatives).

      • L'approche constructiviste du risque et la production sociale des inégalités de santé sexuelle :

      • Les recherches s'intéressent à la "production sociale des inégalités de santé sexuelle", allant au-delà des comportements sexuels ou des "facteurs de risque" pour comprendre les conditions sociales de production de ces risques.

      • "Aucun groupe social n'est naturellement plus exposé au risque qu'un autre. Cette exposition est le résultat de logique sociale et notamment de rapports sociaux de domination."

      • Cette approche, qualifiée de "constructiviste du risque" ou "socio-culturelle du risque en santé sexuelle", met en lumière le fait qu'en raison des inégalités sexuelles et de genre, les personnes LGBT "ont plus de risque de rencontrer des risques que les personnes hétérosexuelles et cisgenres".

      Le genre comme rapport social et la transition comme mobilité sociale :

      • L'hypothèse centrale de la recherche de Bobati est que "les personnes trans sont en quelque sorte des transfuges", si l'on considère le genre comme un rapport social, à l'instar de la classe sociale (suivant les féministes matérialistes comme Christine Delphy, Colette Guillaumin, Danielle Kergoat).

      • La transition de genre peut être envisagée comme une "forme de mobilité sociale", une "mobilité de genre et conjointement une mobilité de sexualité".

      • Le concept de "passing" (se faire passer pour) est souvent utilisé pour le genre et la race, contrairement à la "mobilité sociale" pour la classe. Bobati critique cette distinction car elle tend à "naturaliser le genre et la race", impliquant une authenticité manquante.

      • Les populations trans sont des "populations minorisées", stigmatisées, opprimées et discriminées, et leur minorisation est due à leur mobilité même. Genre et sexualité sont "indissociables" dans cette minorisation.

      Les trajectoires trans et leurs implications pour la santé sexuelle :

      Il existe différentes trajectoires de transition :

      • Femmes trans qui transitionnent tardivement (autour de la cinquantaine) : Souvent après une première vie d'homme hétérosexuel, mariés et parents.

      • Femmes trans qui transitionnent jeunes : Plus à risque de marginalisation, isolement et précarité (difficultés à trouver un emploi stable, dépendance parentale). Elles sont plus concernées par le travail du sexe.

      • Hommes trans : Transitionnent majoritairement jeunes, dans de meilleures conditions sociales et matérielles que les jeunes femmes trans (moins de ruptures familiales, moins d'expérience de grande précarité). Leur trajectoire est plus homogène.

      • Ces trajectoires socio-sexuelles distinctes influencent la sexualité et le rapport au risque.

      Deux dimensions cruciales pour étudier la santé sexuelle des LGBT :

      • Hiérarchisation des risques (condition minoritaire) : Les risques liés à la santé sexuelle ne sont pas toujours la priorité principale pour les personnes LGBT confrontées à d'autres risques sociaux et psychosociaux :
      • Stigmatisation, marginalisation, précarisation, violence, discrimination.
      • Risque de "réassignation" (être renvoyé à son sexe d'origine) dans les interactions sociales et sexuelles, particulièrement pour les femmes trans.
      • Risque de violence dans la relation médicale, entraînant une réticence à consulter pour la santé sexuelle.
      • Ces risques sont inégalement vécus : les jeunes femmes trans sont les plus touchées par le risque de précarisation.
      • Socialisations sexuelles et préventives (mobilité sociale) :Avant la transition :Femmes trans transitionnant tardivement : Souvent hommes hétérosexuels avec une socialisation préventive minimale (compagne gérant la contraception).
      • Femmes trans ayant été gays : Ont une meilleure conscience du risque VIH/SIDA grâce à leur socialisation dans les milieux gays où la prévention est plus intégrée.
      • Hommes trans : Majoritairement lesbiens, avec une faible préoccupation de prévention (les lesbiennes étant peu ciblées par les politiques de santé publique en la matière).
      • Après la transition (mobilité sexuelle) :Les femmes trans tendent à s'hétérosexualiser ("l'hétérosexualité agit comme une fabrique très puissante de la féminité").
      • Les hommes trans tendent à s'homosexualiser/gayifier (un tiers ayant des relations avec des hommes après transition, plus que les hommes cisgenres). Devenir gay peut être un moyen de composer avec la "culpabilité" liée à l'ascension sociale et à la masculinité hégémonique.
      • Les dispositions préventives initiales survivent en partie à la transition. Certains "habitus de gestion du risque peuvent devenir insuffisants dans les nouvelles configurations sexuelles et relationnelles".
      • Les socialisations secondaires ne s'accomplissent pas comme les primaires. Il y a une "part d'inertie dans les trajectoires de transfuge".
      • Critique des catégories et le "paradoxe minoritaire" :
      • Le chercheur souligne le "paradoxe minoritaire" (Johan Scott) : pour déconstruire les catégories (hommes, femmes, hétéros, homos, trans, cisgenres), on est souvent contraint de les utiliser pour enquêter, communiquer et construire des politiques publiques.
      • Ces catégories sont des "labels qu'on ne questionne pas ou peu", alors qu'elles "rassemblent en fait des personnes et des groupes qui sont très différents les uns des autres" et ne sont "ni figées ni exclusives".
      • La sexualité et le genre sont pluriels et transversaux, non réductibles à un corps, une assignation ou une identité subjective. Ce sont avant tout des "rapports sociaux" qui "infusent l'ensemble de nos pratiques".
      • Il propose de penser le genre et la sexualité comme un "espace social" (inspiré de Bourdieu), au-delà des binarités homme-femme, hétéro-homo, cisgenre-trans.

      L'intersectionnalité des rapports sociaux :

      • Bobati insiste sur l'importance de l'intersectionnalité (Kimberlé Crenshaw), qui montre comment les rapports sociaux de genre, de race et de classe se coproduisent. "Selon la position sociale de race et de classe que l'on occupe on ne fait pas la même expérience du genre et de la sexualité et donc aussi de la santé sexuelle."
      • Cibler un groupe spécifique en santé publique (femmes, gays, trans, travailleurs du sexe) ne permet pas de s'adresser pertinemment à toutes les personnes du groupe, car les expériences sont diverses.
      • Les politiques de prévention destinées aux personnes trans dépendent fortement de celles destinées aux gays, lesbiennes, travailleuses du sexe ou même hommes hétérosexuels. La santé sexuelle de ces populations est interdépendante.

      L'universalisme minoritaire :

      • La présentation se termine sur le concept d'"universalisme minoritaire" (Bruno Perreau) : "protéger une minorité revient toujours à protéger bien au-delà de cette minorité".
      • La défense de la santé et des droits des LGBT bénéficie à l'ensemble de la société, "quelle que soit leur trajectoire de genre et de sexualité".

      En conclusion, la présentation d'Emmanuel Bobati met en lumière la complexité des trajectoires de genre et de sexualité et leur impact sur la santé sexuelle.

      Elle appelle à une approche sociologique fine, qui dépasse les catégories binaires et prend en compte la hiérarchisation des risques, les socialisations, les mobilités sociales et l'intersectionnalité, afin de mieux comprendre et adresser les inégalités de santé.

    1. Note d'information détaillée : La production sociale des inégalités de santé et la sexualité

      Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (9) - Nathalie Bajos (2024-2025)"

      Date de la présentation : 2024-2025

      Conférencière : Nathalie Bajos, sociologue au CNRS

      Introduction : La sexualité comme enjeu sociologique et de santé

      • Nathalie Bajos, sociologue au CNRS, aborde dans cette présentation la complexité de la sexualité humaine sous l'angle sociologique, en soulignant qu'elle n'est pas uniquement régie par des facteurs biologiques, contrairement à la sexualité animale.

      La sexualité humaine est "très large et peut se produire à tous les moments de la vie".

      L'objectif est de comprendre comment les enjeux de sexualité et de santé sont façonnés par des facteurs sociaux, notamment les risques liés à l'activité sexuelle (avortement, violences sexuelles, problèmes de santé mentale).

      L'analyse sociologique de la sexualité implique de recueillir des données sur :

      • Les actes (pratiques sexuelles diverses).
      • Les relations dans lesquelles ces pratiques prennent place (relations d'un soir, relations établies).
      • Les représentations sociales (légitimité ou interdit de certains actes), qui "évoluent comme on va le voir".
      • Les contextes sociaux particuliers, incluant les conditions de vie, les trajectoires personnelles, et surtout les rapports de domination.
      • Rapports de domination structurant les sociétés humaines
      • Nathalie Bajos insiste sur le rôle central des rapports de domination, "répéter répéter répéter encore", qui structurent toutes les sociétés humaines et qui renvoient à l'appartenance de genre, de classe et de "race".

      • Domination masculine : Le groupe social des hommes domine le groupe social des femmes, visible à travers des indicateurs comme les écarts de salaires, la sous-représentation des femmes dans les postes de pouvoir (présidentes, députées, dirigeantes d'entreprises) et la répartition des tâches domestiques.

      • Domination de classe : Les classes bourgeoises dominent les classes productrices (classes ouvrières), comme l'a souligné Karl Marx.
      • Rapports sociaux de "race" : Bien que la "race" n'existe pas en tant qu'entité biologique ("il y a une seule race humaine"), elle "tue" en raison des processus de discrimination.

      Ces rapports sociaux ne jouent pas indépendamment les uns des autres. Être une femme, par exemple, prend un sens différent selon la classe sociale ou la "race" :

      "Ce n'est pas la même chose si vous êtes une femme ouvrière noire et une femme ouvrière blanche".

      Le paradoxe de l'idéal égalitaire dans la sexualité Un paradoxe sociologique majeur réside dans la sphère de la sexualité : alors qu'un idéal égalitaire s'est diffusé dans d'autres sphères sociales (travail, famille, politique), la sexualité est la seule où cet idéal "résiste" et "peine encore à émerger".

      La majorité des gens pensent que "non les hommes et les femmes c'est pas pareil dans le domaine de la sexualité".

      L'hypothèse forte de cette résistance est que les représentations dans le domaine de la sexualité forment un "système cohérent" qui permet la "reproduction" des rapports sociaux de sexe.

      L'idée est que "le social ne s'arrête pas à la porte de la chambre à coucher" ; "Le sexuel est politique et n'est pas que intime".

      La vision biopsychologisante de la sexualité

      • La persistance d'une "vision biopsychologisante de la sexualité" est un mécanisme clé pour gérer les tensions entre un éthos égalitaire (où les hommes et les femmes devraient être égaux dans la société) et les pratiques sociales qui restent inégalitaires.

      Cette vision postule que les différences entre les femmes et les hommes sont d'origine "naturelle", justifiant ainsi les inégalités observées.

      Par exemple, une femme adhérant à l'idéal égalitaire mais subissant des inégalités dans sa carrière et les tâches domestiques peut "résoudre cette tension" en se disant : "oui mais finalement quelque part c'est normal on n'est pas pareil.

      La preuve dans le domaine de la sexualité les hommes et les femmes c'est très différent".

      Évolutions des pratiques et représentations de la sexualité en France

      L'exposé s'appuie sur quatre grandes enquêtes nationales sur la sexualité en France (1970, 1992, 2006, 2023), montrant une progression dans la prise en compte des dimensions de genre, classe et "race".

      Évolutions des pratiques :

      • Âge du premier rapport sexuel : L'écart entre filles et garçons s'est réduit au fil du temps, avec un rapprochement des courbes. Une remontée récente de l'âge d'entrée dans la sexualité est observée, attribuée non seulement au Covid-19, mais aussi aux effets de la crise économique qui a retardé l'accès des jeunes à l'autonomie sociale et financière, le premier rapport étant un "marqueur d'une entrée dans une socialisation adulte".
      • Prolongement de la vie sexuelle : La vie sexuelle se prolonge beaucoup plus aux âges avancés qu'auparavant. L'âge de la ménopause (environ 50 ans) n'est plus le "coup près du sortir entre guillemets du marché de la sexualité" pour les femmes, rompant avec une conception de la sexualité féminine liée uniquement à la reproduction. Cependant, une inégalité persiste, les hommes ayant souvent des partenaires plus jeunes.
      • Diversification des partenaires : Le nombre moyen de partenaires sexuels déclarés a "spectaculairement" augmenté entre 1992 et 2023 pour les femmes (passant de 3,4 à 7,9) et pour les hommes (de 11,2 à 16,4). L'écart persistant entre hommes et femmes s'explique par une "définition d'un partenaire sexuel [qui] n'est pas la même pour les femmes et pour les hommes". Les femmes ont tendance à ne compter que "les hommes qui ont compté", c'est-à-dire des relations potentiellement sérieuses, tandis que les hommes comptabilisent aussi les partenaires d'un soir. Cela reflète la valorisation de la sexualité masculine dans sa "grande diversité" et la construction de la sexualité féminine autour de son "rôle reproductif".
      • Sexualité en ligne : Une partie croissante de la sexualité s'exerce dans les espaces numériques, avec un pourcentage élevé de jeunes ayant envoyé des images intimes.
      • Diversification des pratiques : La masturbation, la fellation, le cunnilingus et la pénétration anale sont des pratiques de plus en plus déclarées. L'augmentation spectaculaire de la masturbation chez les femmes (de 42% en 1992 à 73% aujourd'hui) "signe la possibilité pour les femmes de vivre une sexualité beaucoup plus dégagée des enjeux liés à la relation et liés aux représentations sur le rôle reproductif des femmes".
      • Sexualité non hétérosexuelle : La sexualité non hétérosexuelle est de plus en plus fréquente, surtout chez les jeunes et les jeunes femmes. Un indicateur global de "distance avec la norme hétérosexuelle" montre que 37,6% des femmes et 18,3% des hommes de 18-29 ans s'en écartent d'une manière ou d'une autre (attraction pour le même sexe, partenaire de même sexe, identité homo/bisexuelle).
      • Évolutions des représentations :
      • Sexualité récréative : L'acceptation d'avoir des rapports sexuels sans aimer la personne est en nette augmentation, surtout chez les jeunes et les femmes, marquant une "prise de distance très claire vis-à-vis du modèle de la sexualité hétérosexuelle en couple et cetera monogame".
      • Besoins sexuels par nature : L'idée que "par nature les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes" est de plus en plus rejetée, en particulier par les jeunes femmes (45% des 18-29 ans la rejettent), bien qu'elle reste majoritaire dans la population générale. Cette représentation est dénoncée comme une construction sociale sans fondement biologique, servant à "contrôler la sexualité des femmes".
      • Satisfaction sexuelle :
      • Malgré les "bouleversements" dans les pratiques et représentations, la satisfaction sexuelle est restée stable, voire légèrement augmentée chez les hommes. Cela contredit l'idée d'une "guerre des sexes" ou d'une perte de repères pour les hommes face à la libération de la sexualité féminine.

      Mythes, pratiques et tensions : Exemples concrets La présentation illustre comment le mythe des besoins sexuels masculins "par nature" façonne les expériences individuelles et génère des tensions :

      • Anne (23 ans) : Adhère à l'idée que les hommes ont des besoins physiques (besoin de "se vider") et "aide" son partenaire à prendre plaisir, même sans désir, pour éviter qu'il ne tombe "malade". Cela montre une intériorisation de la vision "médicalement reconnue" de cette nécessité masculine.
      • Éric (30 ans) : Croit en des besoins masculins "plus réguliers et plus physiques" et un appétit féminin qui "s'amoindrirait avec le temps". Face à une partenaire jeune ayant de forts besoins, il l'interprète comme une exception due à son jeune âge, maintenant sa représentation du "corps mécanique" masculin et du "corps systémique" (plus psychologique) féminin.
      • Arnaud (31 ans) : Rejette l'idée que les hommes aient plus d'envies, la qualifiant de "conneries culturelles qui permettent de contrôler la sexualité des femmes". Son expérience dans les cercles homosexuels le confronte néanmoins à une "culture de la virilité" et de la "performance" qui le met en décalage.
      • Muriel (55 ans) : Ayant longtemps cru à la supériorité des besoins masculins, elle a développé un regard critique, découvrant le plaisir physique et une sexualité harmonieuse et réciproque, en phase avec ses représentations égalitaires.
      • Sexualité contrainte et violences sexuelles
      • L'adhésion à la représentation que "par nature les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes" est fortement liée à la "sexualité plus contrainte pour les femmes". Les femmes qui adhèrent le plus à cette idée sont celles qui déclarent le plus souvent avoir des rapports sexuels sans en avoir envie "pour lui faire plaisir".

      La présentation met en évidence un "continuum" de contrainte dans la sexualité, où les rapports imposés sont "l'expression la plus violente la plus ultime".

      • Déclarations de violences : Les rapports forcés ou tentatives de rapport forcé sont "extrêmement élevées" : 37% des femmes de 18-29 ans et 12% des hommes déclarent en avoir subi. Dans plus de 95% des cas, l'agresseur est un homme.
      • Violences en ligne : Harcèlement sexuel, réception d'images intimes non sollicitées, diffusion d'images à l'insu sont également significatives (33% des femmes, 25% des hommes de 18-29 ans).
      • Augmentation des déclarations : L'augmentation des déclarations de violences est due à une plus grande facilité à en parler (climat social, enquêtes) et à une évolution de la "définition de ce que c'est qu'une violence" (ex: viol conjugal reconnu depuis 1982).
      • Profil des victimes : Les violences touchent tous les milieux sociaux mais sont plus fréquentes dans des situations de "grandes inégalités entre les partenaires" (dépendance économique, sociale, culturelle).
      • Impact sur les minorités sexuelles : Les personnes ayant une sexualité non strictement hétérosexuelle sont beaucoup plus confrontées aux violences (45% des jeunes femmes non hétérosexuelles vs 31% des hétérosexuelles) et aux problèmes de santé mentale (dépression sévère deux fois plus élevée). Cela est lié aux "multiples discriminations" subies.

      Conclusion et enjeux pour les politiques publiques

      En résumé, il y a une "plus grande diversité des pratiques sexuelles", remettant en question la norme hétérosexuelle et signalant un "mouvement de fond vers une plus grande égalité entre les sexes et entre les sexualités".

      Cependant, des "résistances" et des "discriminations" subsistent, empêchant certains groupes de vivre leur sexualité librement.

      Les enjeux de santé liés à la sexualité (VIH/SIDA, avortement) doivent être compris et interprétés en lien avec le contexte social des sexualités, c'est-à-dire les pratiques, les représentations et les rapports de domination.

      La prévention doit dépasser la logique strictement sanitaire pour s'inscrire dans le contexte social.

      Pour les politiques publiques, cela implique :

      • La lutte contre les inégalités sociales, les stéréotypes et les discriminations.
      • L'éducation à l'égalité et aux sexualités.
      • La question centrale de l'effectivité des droits sexuels et reproductifs, dont l'application quotidienne peut encore poser problème (exemple de l'avortement).
    1. Document de Synthèse : L'Emprise et ses Implications Médico-Légales

      Ce briefing synthétise les points clés de la conférence intitulée "Conférence CRIAVS - Emprise", abordant la nature complexe de la relation d'emprise, son exploration psychiatrique et ses implications juridiques.

      L'intervenant, un psychiatre, met en lumière les désaccords avec les approches précédentes, soulignant l'importance d'une compréhension holistique du lien auteur-victime.

      1. Préambule : Distinction et Compréhension

      L'orateur introduit son propos en soulignant une divergence d'approche avec la loi actuelle. Tandis que le droit distingue clairement les victimes des auteurs, la psychiatrie s'intéresse à la dynamique du lien entre les deux.

      • L'approche juridique vs. psychiatrique : "d'un côté il y a la loi qui aujourd'hui distingue de façon très claire les victimes d'un côté les auteurs de l'autre... moi je me place du côté de la psychiatrie et du côté de la psychiatrie il y a un intérêt à aller chercher à renseigner ce qui se passe dans le lien entre une victime et un auteur."

      • Objectif de la compréhension : Comprendre les mécanismes ne signifie ni excuser l'auteur, ni blâmer la victime, mais "identifier mieux" et "juger mieux" pour des raisons médico-légales et thérapeutiques.

      2. La Complexité du Lien Auteur-Victime

      Le lien entre l'auteur et la victime est intrinsèquement complexe, pouvant même présenter une "zone de chevauchement" où les rôles peuvent s'inverser.

      • Zone grise et inversion des rôles : "il peut exister entre la victime et l'auteur une zone de chevauchement une zone grise... il y a des mécanismes un peu de renversement c'est-à-dire que la victime elle devient un peu hauteur et l'auteur il devient un peu victime."

      • Le même individu peut être les deux : "la victime et l'auteur peuvent être aussi une seule et même personne c'est-à-dire que quelqu'un peut avoir été victime et devenir auteur quelqu'un peut avoir été auteur et devenir victime encore."

      3. Critique de l'Expertise Actuelle

      L'intervenant dénonce la pratique actuelle qui consiste à confier l'expertise de l'auteur à un psychiatre et celle de la victime à un psychologue, alors que l'explication de la relation d'emprise nécessite une approche globale.

      • Scission de l'expertise : "on va confier l'expertise de l'auteur à un psychiatre... et on va confier l'expertise de la victime à une ou un psychologue."

      • Incohérence de la demande : "comment vous voulez expliciter une relation d'emprise si vous n'avez examiné qu'un seul [individu]?"

      • Recommandation : Il est "intéressant que ça soit le même professionnel ou alors une association de mêmes professionnels psychiatres et psychologues par exemple qui puissent examiner à la fois l'auteur et à la fois la victime."

      4. L'Expertise Psychiatrique : Constats et Limites

      L'expertise psychiatrique des auteurs d'emprise révèle des constats importants sur l'absence fréquente de troubles mentaux graves ou d'altération du discernement, mais met en évidence des fonctionnements de personnalité spécifiques.

      • Absence de diagnostics graves : "dans la plupart des cas les auteurs... n'ont pas de pathologie mentale avérée... on ne trouve pas non plus de trouble grave de la personnalité."

      • Discernement non aboli : "dans la plupart des cas il y a pas de notion d'altération il y a pas de notion d'abolition du discernement ou du contrôle de ces actes."

      • Dangerosité criminologique : L'évaluation se concentre sur le risque de réitération, en identifiant des facteurs de bon et mauvais pronostic.
      • Fonctionnements de personnalité identifiés :Obsessionnel : "ils sont dans le contrôle d'eux-même de leurs émotions de le contrôle de leur environnement."

      • Paranoïaque : Avec "suspicion d'infidélité tout ce qui est de l'ordre des interprétations tout ce qui est de l'ordre des projections."

      • Borderline : Caractérisé par une alternance "je fusionne je rejette je fusionne je rejette" et une "dimension abandonique".
      • Refus du terme "pervers narcissique" : Le terme "pervers" n'est pas référencé en psychiatrie et l'intervenant préfère décortiquer les mécanismes comme "la séduction, le déni d'altérité... la manipulation... la transgression."
      • Du côté de la victime, l'expertise cherche à établir un lien de cause à effet entre l'emprise et les troubles psychiques (dépression, anxiété).

      La "vulnérabilité" est entendue au sens médico-légal (mesure de protection), bien que des "fragilités" puissent être notées.

      Traumatisme développemental : Le cœur de la vulnérabilité réside dans le "trauma développemental", souvent lié à des "négligences" précoces. Inadaptation du système d'attachement : C'est la "clé de la relation d'emprise."

      5. Les Étapes de la Relation d'Emprise

      La relation d'emprise suit des phases distinctes, souvent schématisées pour en faciliter la compréhension juridique :

      • Séduction et adhésion initiale (Love bombing) : Compliments, cadeaux, affection intense, fausse empathie créant une "dépendance affective rapide" et une "lune de miel."
      • Confusion et culpabilisation : Introduction graduelle de comportements de contrôle, critiques déguisées, changements d'humeur imprévisibles, "brouillage cognitif" (ex: gaslighting "je ne t'ai jamais dit ça tu inventes"). La victime perd confiance en son jugement. La culpabilisation pour de prétendus manquements s'installe.
      • Isolement et contrôle : L'auteur isole la victime de ses proches. La victime s'isole elle-même par honte ou pour éviter les conflits, perdant ainsi ses repères extérieurs. Le contrôle se manifeste par la surveillance des faits et gestes, du téléphone, de l'argent.
      • Privation et menace : Privation d'affection, harcèlement, et enfin menaces directes ("si tu me quittes je te détruirai", "je me suiciderai", "tu perdras les enfants"), souvent le moment où la justice intervient.

      6. Le Rôle Fondamental de l'Attachement Désorganisé

      L'attachement est un lien affectif essentiel au développement humain. Un attachement sécure permet l'autorégulation, mais un attachement dysfonctionnel, notamment désorganisé, crée le terrain propice à l'emprise.

      • Définition de l'attachement : "un lien affectif et il est à la base c'est une nécessité pour le développement humain."
      • Lien avec l'emprise : "pour moi il n'y a pas d'emprise sans problématique d'attachement." L'attachement désorganisé est le type le plus propice.
      • Origine de l'attachement désorganisé : Figures d'attachement (souvent les parents) "incohérentes," "effrayantes ou effrayées," "sévèrement déprimées," "désaccordées," "avec des traumas non résolus," ou "maltraitantes ou négligentes." La négligence seule peut suffire.
      • Mécanismes : L'enfant est confronté à une "peur sans solution" et sa figure d'attachement est "incapable de le réguler." Il "désactive son système d'attachement" et développe des "stratégies de contrôle" pour rééquilibrer le dysfonctionnement.
      • Mécanismes de contrôle dans l'emprise : "contrôle prendre soin," "contrôle punitif," "contrôle séduction," "contrôle soumission."

      7. Le Fonctionnement Défensif de l'Auteur

      La relation d'emprise est un "fonctionnement défensif" pour l'auteur, qui tente de gérer une problématique interne en l'externalisant.

      • Externalisation : L'auteur "externalise sa propre problématique" et "rend l'autre responsable de ses propres actes et de ses propres défaillances."
      • Projection : "en les pointant chez l'autre ou en les projetant chez l'autre ça va lui permettre de ne pas regarder les siennes."
      • Peur de la projection : Paradoxalement, l'auteur "va avoir peur de ce qu'il voit" chez la victime, désignée comme un agresseur car elle porte la projection de sa propre agressivité.

      8. L'Évolution du Cadre Légal et Recommandation Finale

      La justice évolue, reconnaissant l'emprise sous le terme de "contrôle coercitif", mais sa démonstration reste un défi.

      • Vers le "contrôle coercitif" : "l'emprise ça existait pas donc on a on va appeler ça contrôle coercitif."
      • Démonstration légale : Il faut prouver l'intentionalité de l'agresseur, la perception négative du comportement par la victime, les dégâts causés, et l'existence de "menaces ouvertes" en cas de tentative d'échapper au contrôle.
      • Importance de l'exploration du lien : L'exploration de la "zone grise" entre victime et auteur "ne remet aucunement en question la position de victime et la position d'agresseur devant la loi... mais ça permet de comprendre et je pense que c'est cette compréhension qui permettra de faire avancer les choses."

      En conclusion, la conférence souligne l'impératif d'une approche intégrée en matière d'emprise, où la compréhension des mécanismes psychologiques, notamment ceux liés à l'attachement désorganisé, doit éclairer et enrichir l'action judiciaire, malgré les défis de traduction des concepts psychiatriques dans le langage juridique.

    1. Note de synthèse : Les formes de la violence - Une analyse multifacette

      Ce document de synthèse explore la nature complexe de la violence, en s'appuyant sur les thèses de Didier Fassin et les exemples historiques et philosophiques cités dans les sources.

      Il met en lumière la dualité morale et politique de la violence, les diverses éthiques du refus de la violence, et la relecture contemporaine des rapports de force et de légitimité.

      1. La Violence : Jugement Moral et Réalité Politique Ambiguë

      La violence est intrinsèquement liée à un jugement moral de réprobation quasi-universel, qu'elle soit domestique, coloniale, ou étatique. Cependant, sa réalité politique est ambiguë :

      • Le Déni Concérté : La violence fait l'objet d'une condamnation générale, ce qui entraîne "le déni concerner la société toute entière ou des groupes particuliers".

      • Double Standard du Pouvoir : Le pouvoir prétend la prévenir et la combattre, mais "il s'en détournent en protègent les auteurs lorsqu'ils sont puissants mais les accablent quand ils appartiennent aux classes populaires aux minorités racisées aux populations étrangères".

      Cette contradiction entre le discours moral et la pratique politique est fondamentale.

      2. Les Éthiques du Refus de la Violence : Diversité et Complexité

      Le refus de la violence s'inscrit dans des traditions religieuses et philosophiques variées, mais sa signification est polysémique et complexe :

      • Traditions Religieuses : Le "Sermon sur la montagne" (Évangile de Matthieu) en est une expression canonique chrétienne :

      "Vous avez appris qu'il a été dit œil pour œil et dents pour dents et moi je vous dis de ne pas résister au méchant au contraire si quelqu'un te gifle sur la joue droite tends-lui l'autre joue."

      C'est l'éthos des premiers martyrs.

      • Traditions Philosophiques : Éric Weil (1967) vise "d'éliminer la violence", considérant cela comme "le secret de la philosophie".

      • Polysémie du Refus : Refuser la violence signifie-t-il la refuser de la commettre, d'y contribuer, de s'y soumettre, de la voir, de l'exhiber, d'en parler ? Ces questions ont des significations morales et politiques distinctes.

      • Légitimité de la Violence Contre l'Oppression : La question se pose de savoir si une réponse violente à l'oppression peut être légitime, et sous quelle forme, tant pour les mouvements de résistance que pour les situations individuelles de mauvais traitement.

      3. La Non-Violence : Manifestes et Figures Pionnières

      Plusieurs épisodes historiques illustrent le développement de la non-violence moderne :

      • "The Mask of Anarchy" de Percy Bysshe Shelley (1819) : Ce poème est considéré comme le premier manifeste moderne de la non-violence, écrit en réaction au massacre de Peterloo.

      Il exhorte la foule : "levez-vous comme des lions après le repos en nombre invincible secouez vos chaînes comme la rosée tombé sur vous pendant votre sommeil vous êtes nombreux ils sont peu".

      • Henry David Thoreau et la Désobéissance Civile : Son essai "Resistance to Civil Government" (1849) prône le refus de payer l'impôt fédéral pour protester contre l'esclavage et la guerre américano-mexicaine.

      Il condamne la violence structurelle de l'esclavage et la violence coloniale de la conquête.

      Thoreau suggère que "Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement la véritable place d'un homme juste est aussi en prison."

      Pour lui, le refus de l'impôt par un millier de citoyens ne serait "pas un acte violent et sanglant comme le serait de les payer et ainsi de permettre à l'État de commettre des violences et de répandre un sang innocent", définissant cela comme "une révolution pacifique".

      • Mahatma Gandhi et le Satyagraha : Inspiré par Thoreau, Gandhi a mobilisé des milliers d'Indiens et de Chinois en Afrique du Sud contre le "Black Act".

      Le Satyagraha, "attachement à la vérité" ou "force de la vérité", est une "arme d'effort qui exclut tout recours à la violence et cherche à accéder à la vérité".

      Pour Gandhi, "renverser l'oppresseur n'est qu'une demi-victoire le convaincre de se transformer est une victoire pleine et entière".

      La Marche du Sel (1930) en Inde en est un exemple emblématique.

      • Martin Luther King Jr. et le Mouvement des Droits Civiques : Fortement influencé par Thoreau, King a dirigé des campagnes non-violentes, notamment le boycott des bus de Montgomery et les manifestations de Birmingham.

      Il souligne l'importance de "réunir les preuves de l'existence de l'injustice", "négocier des améliorations", "développer un programme dit de purification basé sur l'apprentissage des pratiques de la nonviolence" et "passer à l'action pour provoquer une crise censé déboucher sur l'ouverture de discussion".

      King n'était pas contre l'État ni la Constitution, mais s'appuyait sur eux pour finir avec la ségrégation.

      4. La Violence Légitime de l'Opprimé : Une Perspective Contestée

      La question de la légitimité de la violence de l'opprimé est un point de divergence crucial :

      • Thoreau et John Brown : Bien qu'apôtre de la non-violence, Thoreau a défendu John Brown, un abolitionniste ayant utilisé des moyens violents.

      Thoreau adopte la position du "spectateur révolutionnaire non violent" qui "cherche à réduire la violence de la vie non seulement en refusant de commettre des actes violents mais également en formant une communauté de spectateurs non violents qui témoignent de l'usage de la violence pour en terminer avec l'oppression et l'extermination et l'exploitation".

      Il admet des circonstances où la violence serait "inévitable" si d'autres options sont inefficaces, en fonction de la gravité de la cause, de l'imminence du danger et de la proportionnalité.

      • Frederick Douglass : Cet ancien esclave a défendu le recours à la violence pour la liberté, arguant que "tous les êtres humains ont des droits fondamentaux à la vie et à la liberté la privation de la seconde la liberté et le risque de privation de la première la vie justifiant alors le recours à la violence".

      Pour lui, les propriétaires d'esclaves perdent leurs droits fondamentaux en privant autrui des siens.

      • Frantz Fanon et la Violence Décolonisatrice :

      Dans "Les Damnés de la Terre" (1961), Fanon défend la violence comme "indispensable au processus de décolonisation".

      Il décrit la rencontre entre colonisateur et colonisé "toujours déroulé sous le signe de la violence".

      Pour Fanon, la violence coloniale est non seulement physique mais aussi morale, "déshumanise et même à proprement parler l'animalise".

      La violence de la décolonisation est "doublement libératrice" : elle mène à l'indépendance et "débarrasse le colonisé de son complexe d'infériorité [...] elle le rend intrépide le réhabilite à ses propres yeux."

      Le texte de Fanon est moins un plaidoyer pour la violence qu'une "description lyrique et une et une explication subjective des faits qui conduisent à la décolonisation de la violence il révèle le caractère inéluctable nécessaire et finalement justifié".

      • Jean-Paul Sartre et la Radicalisation : La préface de Sartre aux "Damnés de la Terre" a radicalisé le propos de Fanon, par exemple avec la formule : "abattre un européen c'est faire d'une pierre de coup supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé reste un homme mort et un homme libre".

      Cette interprétation, selon Alice Cherky, transforme l'analyse de Fanon de l'inéluctabilité de la violence en une "enthousiaste justification" du meurtre.

      • Jean Améry et le "Tabou de la Vengeance" : Survivant de la Shoah, Améry établit un parallèle entre la situation du colonisé et celle du détenu juif dans un camp, affirmant que "la liberté et la dignité doivent être acquises par la violence pour être liberté et dignité".

      Il défend le "tabou de la vengeance", arguant que "l'oppresseur ayant subi la violence que lui inflige l'opprimé devient son frère partageant son humanité".

      5. L'Inversion des Valeurs : La Violence du Colonisé comme Terrorisme

      Le texte souligne un "considérable déplacement moral et politique" et une "inversion des valeurs" au cours du dernier demi-siècle :

      • Légitimation Historique vs. Disqualification Actuelle : Kant, Thoreau, Douglass, Fanon, Sartre, Améry ont considéré la violence de l'opprimé comme légitime et une affirmation de l'humanité.

      Aujourd'hui, "la lutte du colonisé est désormais disqualifiée et sa résistance appelée terrorisme tandis que la politique du colonisateur est accepté et sa brutalité justifiée".

      • Redéfinition du Terrorisme : Historiquement, la "terreur" qualifiait un phénomène d'État (la Révolution française, régimes totalitaires).

      Progressivement, le terme "terrorisme" s'est différencié pour désigner "des pratiques et des groupes non étatiques et même s'opposant à l'État par des actions violentes".

      • Terrorisme : Arme du Faible ou Attribut de Délégitimation ? : Selon l'historien Henry Laurens, le terrorisme non étatique tue moins que la terreur d'État et sert à communiquer sur une situation d'oppression.

      Cependant, "en tant qu'attribut il sert aujourd'hui à délégitimer la lutte du faible et à éluder la violence du fort".

      Des figures comme Nelson Mandela, Menahem Begin, et Yasser Arafat ont été qualifiés de terroristes avant de devenir des chefs d'État et des Prix Nobel de la paix, illustrant la labilité de cette qualification.

      6. Refuser la Violence : Au-delà des Modèles Dualistes

      Le cours explore des formes plus subtiles de refus de la violence et remet en question les distinctions binaires :

      • Antigone et Bartleby : Ces figures littéraires représentent deux modalités de refus : la protestation explicite et spectaculaire (Antigone) et la résistance silencieuse et discrète (Bartleby).

      • Objecteurs de Conscience en Israël : Erica Weiss distingue la "résistance" publique (réfusnics) et l'"abstention" majoritaire mais invisible face au service militaire.

      L'abstention bénéficie d'une meilleure tolérance étatique, tandis que la résistance publique expose à des sanctions et à la stigmatisation.

      • Tactiques de Refus des Victimes : Pour les Palestiniens sous les bombes, refuser la violence n'est pas l'empêcher, mais "trouver le moyen de distraire ses enfants quand le vrombissement des avions et la détonation des explosions se font entendre", "s'attacher à des détails de la vie quotidienne en conservant la distance d'un humour tendre", ou "la nommer en décrire les effets sur les corps en exposer les conséquences sur les vies".

      • Violence Structurelle et Complexité des Rapports de Force : Honour Gun Gunai montre qu'en Turquie, c'est l'Autre (Arméniens, Grecs, Kurdes) qui est accusé de violence, jamais l'État. Alpana Roy (en Inde) et sa recherche sur les Naxalites soulignent l'importance de ne pas "se focaliser sur les opérations de guerri et d'oublier la violence structurelle".

      La division des opprimés par les oppresseurs ("diviser pour régner") est une stratégie courante.

      La Politique du Refus et la Violence Épistémique :

      • Audre Lorde : "les outils du maître ne démoliront jamais la maison du maître". Il faut refuser le cadre épistémologique du dominant.

      • Audra Simpson ("Mohawk Interruptus") : En refusant le passeport canadien, les Mohawks rejettent la manière dont l'État canadien les a traités et l'illégitimité de la législation coloniale. Elle plaide pour une "double souveraineté".

      • Gayatri Chakravorty Spivak ("Can the Subaltern Speak?") : La violence épistémique consiste à s'arroger le droit de dire qui est l'autre et de le réduire au silence.

      • Recherches Palestiniennes (Rana Barakat, Diana Allan, Mohamed El Kourd, Nasser Abouour) : Il s'agit de dépasser les analyses extérieures pour faire entendre les voix palestiniennes, refuser la déshumanisation et la censure, et affirmer leur existence au-delà de l'oppression ("writing Palestine studies").

      L'exemple de Nasser Abouour, qui fait du mur de sa cellule son compagnon et affirme ainsi sa liberté, est une illustration ultime de ce refus.

      Conclusion

      Le refus de la violence est un projet multiforme :

      • Il peut être non-violent, à la manière de Gandhi et King, acceptant de subir les coups pour dénoncer l'oppression.

      • Il peut être violent, comme prôné par Douglass et Fanon, en s'attaquant aux agents de l'oppression pour recouvrer liberté et dignité.

      • Il peut être une contestation de la conscription pour les dominants (objecteurs de conscience israéliens) ou une soustraction imaginative à la terreur pour les dominés (civils palestiniens).

      • Il implique de récuser la "division de l'espace moral qui conduit à fermer les yeux sur la brutalité des gouvernements et à blâmer les victimes qui se révoltent contre le contre leur répression".

      • Il s'agit également de rejeter les récits autorisés des vainqueurs qui effacent la version des vaincus, particulièrement dans le cas des peuples autochtones.

      • En somme, il y a "plusieurs demeures dans la maison de la nonviolence", et le cours invite à une "anthropologie du présent" qui explore les complexités de la violence et les responsabilités des sciences sociales face à la violence épistémique qui fait prévaloir la vision des dominants.

    1. complexités de la définition et de la qualification de la violence, en s'appuyant sur des exemples variés allant des violences domestiques aux conflits internationaux. Il met en lumière le caractère socialement construit de la violence, les enjeux moraux, légaux et politiques de sa reconnaissance et de sa caractérisation, et les dynamiques de pouvoir qui sous-tendent ces processus.

      1. La Nature Problématique de la Définition de la Violence

      La violence n'a pas de définition simple ou de délimitation précise. Sa reconnaissance dépend d'une qualification sociale, morale et légale.

      • Qualification sociale et historique: Ce qui est considéré comme violent évolue. Par exemple, "pendant des siècles, frapper son enfant lorsqu'on estimait qu'il avait commis une faute c'était le corriger [...] et puis à la fin du 19e siècle la chose est devenue répréhensible et punissable".
      • Dimensions multiples: La qualification de violence implique des dimensions "morale" (jugement social) et "légale" (jugement pénal). Dans des contextes de belligérance ou de pouvoir, une "dimension politique" s'ajoute, notamment pour nommer des violences "policières" ou des auteurs "terroristes".
      • Deux ordres de qualification:Reconnaissance (premier ordre): Établir si un acte est violent. Les auteurs présumés et leurs avocats tentent souvent de "requalification des faits" en les minimisant, justifiant ou excusant.
      • Caractérisation (second ordre): Une fois la violence reconnue, lui adjoindre un adjectif (ex: "violences domestiques", "violences sexuelles") ou la qualifier au regard du droit international (ex: "crime de guerre", "crime contre l'humanité", "génocide").

      2. La Violence perçue de l'Intérieur vs. de l'Extérieur : Le cas des mutilations génitales féminines

      Certaines pratiques considérées comme violentes par un regard extérieur ne le sont pas par la majorité des membres de la société qui les pratique.

      • L'excision au Soudan: L'anthropologue Janice Boddy, dans son livre Civilizing Women (2007), a étudié l'excision au Nord Soudan. Elle constate que, bien que douloureuse, "l'excision était attendue avec impatience et c'était la perspective de ne pas en faire l'expérience qui était redoutée". Elle produisait une "féminisation génitale idéalisée en terme de propreté et de pureté" et s'inscrivait dans une "esthétique morale" de différenciation genrée.
      • Relativisation historique et culturelle: Boddy invite à une comparaison avec des pratiques occidentales:
      • Au XIXe siècle, l'excision était pratiquée en Europe et en Amérique du Nord par la profession médicale pour soigner divers désordres (insomnie, stérilité, troubles psychologiques, etc.).
      • Aujourd'hui, la chirurgie génitale féminine à visée esthétique ("rajeunissement génital") est en augmentation dans le monde occidental, motivée par "les images de playmet circulant sur internet" et présentée comme une forme d'émancipation, "comme si dans ces deux derniers cas on pouvait faire fi de la domination masculine qu'elle manifeste y compris parmi les femmes par un effet de violence symbolique".
      • Domination masculine et violence symbolique: L'auteur souligne que ces pratiques, qu'elles soient traditionnelles ou modernes, peuvent être vues comme des manifestations de la domination masculine, ajoutant une "violence symbolique" à la violence physique.

      3. Le Rejet de la Souffrance : Le Rituel de "Kagnalen" en Casamance (Sénégal)

      Même si la violence n'est pas "nommée" comme telle, la souffrance qu'elle occasionne est souvent perçue par les victimes.

      • Le Kagnalen: Ce rituel Diola impose aux femmes présumées incapables d'assurer leur fonction procréatrice (stérilité, avortements répétés, décès d'enfants) un exil forcé, un changement d'identité souvent dépréciatif ("chienne qui ne retient pas le sperme"), un accoutrement ridicule, et des "tâches spécialement épuisantes" et "pratiques particulièrement dégradantes".
      • Souffrance reconnue: Malgré l'intégration du rituel dans une "division du travail social" qui rend les femmes responsables de la reproduction biologique, les femmes ayant subi le Kagnalen évoquent un "souvenir douloureux avec une profonde émotion ne pouvant retenir leur larmes" en mentionnant "la cérémonie initiale et la flagélation les années de mortification et d'avilissement l'isolement affectif et le labeur exténuant la peur continuelle des réprimandes et des sanctions".
      • Évitement et résistance: Certaines jeunes femmes tentent d'éviter le rituel en s'installant en milieu urbain ou en préférant les soins médicaux, "cherchaient à rompre le cercle de la violence symbolique dans lequel leur société tendait à les enfermer".

      4. La Violence non dite et les dynamiques de pouvoir

      La non-qualification de la violence dans l'espace public ne signifie pas que les victimes ne la reconnaissent pas.

      Reconnaissance implicite: "une chose peut exister à la fois dans le monde et dans la conscience qu'en ont les agents même s'il ne la nomme pas comme telle". Les femmes victimes de violences sexuelles reconnaissaient la "contrainte sur corps" sans se référer à une définition légale. Stratégies face à la violence reconnue: Les victimes peuvent "s'efforcer de l'éviter" (départ en ville), "essayer de la combattre" (campagnes de protestation) ou "s'en accommoder" (force de la tradition, coût trop élevé de la rupture), selon le modèle "Exit, Voice, and Loyalty" d'Albert Hirschman.

      5. La Violence d'État et le déni de la qualification

      La qualification de la violence est un enjeu majeur dans le cas de la violence d'État, où l'institution tente de l'occulter.

      • Monopole de la violence légitime: L'État revendique le "monopole de la violence légitime" (Max Weber). La différence réside entre "l'usage fondé de la force et le recours inapproprié à la violence".
      • Modalités d'évitement de la qualification des violences policières:Pression sur la victime pour ne pas porter plainte: Menaces ("il avait des petits frères qui avaient déjà fait des bêtises et que si lui portait plainte ce serait eux qui auraient des ennuis").
      • Contre-plainte: Accusations d'"outrage et rébellion contre agent dépositaire de l'autorité publique", qui servent souvent "un moyen de couvrir leur brutalité en la présentant comme un usage nécessaire de la force".
      • Justification: Extension légale de l'usage des armes par les forces de l'ordre, comme la loi de 2017 en France, pouvant aller jusqu'à une "autorisation de tuer au nom de la garantie de sécurité". Cette loi a entraîné un "quintuplement des tirs mortels pour refus d'obtempérer".
      • Définition de la violence d'État: Non seulement des violences commises par une institution agissant par délégation de l'État, mais aussi le fait que "l'État contribue à leur occultation en récusant leur existence en couvrant les déviances en apportant son soutien aux mises en cause [...] et en épargnant à l'inverse les auteurs par les réquisitions des parquets et les pressions sur les juges".
      • Paradoxe de la qualification: "c'est parce qu'il y a flagrant déni par l'État de la violence perpétrée par ses représentants et sous son commandement qu'on peut parler donc de violence d'état".

      6. Le Conflit des Interprétations dans les Conflits Internationaux : Israël-Palestine

      Les conflits internationaux sont aussi des "conflits d'interprétation" des faits, où les mots ont un poids politique et moral considérable.

      • L'herméneutique des discours: En s'appuyant sur Paul Ricœur, l'auteur propose une "herméneutique des discours", c'est-à-dire une "interprétation des interprétations", pour déchiffrer le "sens caché derrière le sens apparent".
      • L'attaque du 7 octobre 2023 : Deux interprétations radicales:Interprétation dominante occidentale (Israël et ses alliés): "acte d'antisémitisme", "le plus grand massacre antisémite de notre siècle", comparé à un "pogrome" ou la Shoah.
      • Enjeux et implications:Place les actes au "sommet de l'échelle des crimes".
      • Justifie "l'intensité de la réponse punitive à Gaza" et le "droit inconditionnel à se défendre" d'Israël.
      • Fragilise les accusations de crimes de guerre contre Israël, s'agissant d'éliminer une "organisation terroriste".
      • "Écarte toute possibilité de référence à ce qui s'est passé avant sa survenue et oblitèrent ainsi l'histoire de la Palestine".
      • Interprétation alternative (Hamas, pays du Sud, certains observateurs): "acte de résistance" inscrit dans une "guerre asymétrique" et une "séquence historique longue" de dépossession des Palestiniens depuis la Nakba (1948) et l'occupation des territoires (1967).
      • Enjeux et implications:Rappelle qu'il s'agit d'une "guerre dans le laquelle un état puissant assujetti un peuple", non d'une minorité persécutée.
      • Souligne "la passivité de la communauté internationale" et sa "complicité" face aux violations du droit international par Israël, privant les Palestiniens d'alternatives à la violence.
      • Permet d'appréhender le sens de l'action des acteurs à la lumière des "luttes contre domination étrangères".
      • Reconnaît "le poids de l'histoire" face aux "pratiques d'effacement des violences subies par les Palestiniens".
      • La qualification de génocide à Gaza:Arguments en faveur: Basée sur la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), citant "l'intention de détruire ou tout ou en partie un groupe national ethnique racial ou religieux comme tel" et les "quatre premières modalités" (nombre de morts, blessés, conditions de vie, entrave aux naissances). La "Cour internationale de justice [...] a affirmé le caractère plausible de la demande de prévention de la commission d'un génocide".
      • Arguments contre: "une nation composée en partie à sa création de rescapé d'un génocide ne peut pas être elle-même coupable de génocide". Les morts seraient des "victimes collatérales". La contestation se joue "sur le terrain du droit [...] mais également dans le cadre des rapports de force internationaux".

      Conclusion Générale

      La reconnaissance et la qualification de la violence sont des processus sociaux, complexes et souvent conflictuels.

      • Décalage entre victimes et auteurs: Les victimes "identifient bien la violence qu'elles subissent", tandis que les auteurs "soit la minimisent soit la justifie soit la conteste".
      • Enjeux de pouvoir: La "bataille se joue dans l'espace public [...] autant que sur le terrain légal", et est toujours "soutendues par des enjeux politiques".
      • Implications politiques et morales: La manière dont la violence est nommée et interprétée a des "conséquences presque opposées" sur la résolution des conflits, pouvant soit "disqualifier l'adversaire" et "exclure toute autre issue que son élimination", soit "ouvrir la possibilité d'une reconnaissance de tort et leur réparation".
    1. Document de Synthèse : Les Représentations de la Violence

      Ce document de synthèse explore les multiples facettes de la représentation de la violence, en s'appuyant principalement sur l'analyse de la violence coloniale et de la violence guerrière.

      Il met en lumière la complexité des perspectives, des intentions et des mediums à travers lesquels la violence est perçue et restituée.

      I. La Représentation de la Violence : Une Dualité Fondamentale

      Écrire sur la violence implique deux formes de "représentation" :

      • La représentation mentale (pour les philosophes et psychologues) : Il s'agit de l'image que l'esprit perçoit d'un objet ou d'un événement, influencée par l'histoire collective, l'expérience personnelle, la vision du monde et les préjugés. Un même fait peut ainsi donner lieu à une "variété de représentations mentales possibles."
      • La représentation sémantique/artistique (pour les écrivains et anthropologues) : Cela correspond à ce que les créateurs et chercheurs choisissent de "donner des faits dont il est question," impliquant un double rapport au fait : réalisme et esthétique. Un acte donné peut ainsi engendrer des "récits éloignés."
      • En somme, représenter la violence met en jeu "à la fois la façon dont cela représente à soi-même et dont elle la représente pour les autres."

      Le texte n'est qu'une des formes de représentation, d'autres étant le cinéma, la vidéo, le chant, le son, la peinture et la sculpture, souvent "plus expressives."

      Une pensée critique dans les sciences sociales s'est développée, remettant en question l'idée que la représentation serait une "simple reproduction fidèle de la réalité," rappelant que toute représentation "impliqu[e] toujours des perspectives."

      II. La Violence Coloniale : Fondatrice et Multiforme

      La violence coloniale est présentée comme une expérience "fondatrice en ce qu'elle institue une relation radicale à l'autre," se traduisant par des "pratiques de cruauté et de déshumanisation qui ont permis des massacres et d'expoliation, l'esclavage et l'aliénation."

      Elle est considérée comme un "principe nécessaire par où commencer" pour saisir l'histoire de la violence contemporaine.

      A. Deux Modes de Représentation de la Violence Coloniale : Fiction vs. Rapport

      L'analyse se concentre sur deux textes majeurs concernant le Congo belge :

      • "Heart of Darkness" (1899) de Joseph Conrad (Fiction) :
      • Contexte : Basé sur l'expérience de Conrad au Congo, propriété personnelle du roi Léopold II, marquée par une "répression féroce des populations."
      • Description de la violence : Le roman dépeint une "odyssée de plus en plus sombre, inquiétante, hallucinatoire même où la violence est omniprésente."

      Il illustre trois figures de l'altérité – "les ennemis, les criminels et les travailleurs" – qui correspondent à "trois formes majeures de la violence coloniale : la guerre forcenée, le châtiment inhumain et l'exploitation implacable."

      • Racisme et déshumanisation : La violence est exercée dans le cadre d'un "racisme ouvertement affirmé" par les administrateurs coloniaux. La folie meurtrière de Kurt, culminant dans sa note manuscrite "exterminer toutes ses brutes," et sa dernière vision murmurée "the horror, the horror," révèlent l'horreur des massacres et des tortures derrière le commerce lucratif.

      • Intention de l'auteur : Conrad affirme être parti de son expérience, "poussée un petit peu juste un petit peu au-delà des faits réels de l'affaire dans l'intention parfaitement légitime [...] de la rendre sensible à l'esprit et au cœur des lecteurs." Il visait à donner "à ce thème sinistre une sombre résonance, une tonalité spécifique, une vibration continue." Il s'agit d'une composition visant à "affecter" le lecteur ("pathos").

      • Réception et influence : Initialement modeste, "Heart of Darkness" a connu un succès croissant au XXe siècle, devenant un ouvrage académique clé et étant adapté au cinéma (ex. "Apocalypse Now"), symbolisant le passage du colonialisme à l'impérialisme.

      Hannah Arendt s'est inspirée de ce roman pour critiquer le "capitalisme colonial comme prémisse du totalitarisme européen," notant la "bureaucratie coloniale" comme "arrogante qu'incompétente, aussi raciste qu'inculte, aussi cruelle que lâche."

      L'éloignement de la métropole et l'absence de contrôle "favorise la violence sans borde aux colonies."

      Le "Casement Report" (1904) de Roger Casement (Rapport) :

      • Contexte : Roger Casement, diplomate britannique, a mené une enquête au Congo belge, recueillant "de nombreuses preuves des violences" suite aux témoignages de missionnaires et militaires.

      • Description des atrocités : Le rapport détaille des villages désertés, la privation de subsistance, l'emprisonnement et la mort d'hommes pour des quotas insuffisants. Il révèle les "meurtres" pour le caoutchouc et l'ivoire, avec une "vérification rigoureuse par l'administration" via la présentation des "mains droites des cadavres ainsi coupées." Il mentionne des enfants tués et amputés, et des parents obligés de vendre leurs enfants.

      • Intention de l'auteur : Casement se veut "strictement factuel," se déplaçant de village en village, recueillant des témoignages, constatant des blessures, croisant les sources et examinant des documents. Son but est de "convaincre" par les faits ("logos").

      • Réception et influence : Le rapport a eu une "reconnaissance immédiate," jouant un "rôle essentiel dans la découverte de la violence coloniale et dans l'émergence d'une mobilisation pour les droits des peuples colonisés." Bien qu'il ait connu une période d'oubli (en partie due au discrédit de son auteur condamné à mort pour trahison), il a finalement trouvé sa place dans l'histoire du colonialisme.

      Michael Taussig, anthropologue australien, s'est appuyé sur le "Putumayo Report" de Casement (décrivant des atrocités similaires au Pérou) pour analyser la violence coloniale, y voyant une "subversion mythique du mythe de l'impérialisme."

      Il met en lumière l'"inscription d'une mythologie sur le corps indien" pour justifier la cruauté, et la dimension de "jouissance" dans la torture et le meurtre des Indiens.

      B. Pluralité des Représentations et Enjeux Éthiques :

      La distinction entre fiction et rapport ne doit pas conduire à remettre en question ces représentations, mais à "admettre leur pluralité en terme à la fois d'imagibilité et d'interprétation possible et à porter sur elle un regard critique interrogeant sans cesse la frontière entre les faits et ce qu'on en donne à voir et à comprendre."

      La vérité du roman peut l'emporter sur la réalité du témoignage (comme Arendt privilégiant Conrad), ou inversement (comme Taussig privilégiant Casement).

      III. La Représentation de la Violence Guerrière :

      Omniprésence et Brutalisation

      La guerre est un "fait incontournable de la vie de chaque pays, chaque nation, chaque personne," et l'Europe est aujourd'hui "directement confrontée à deux guerres."

      A. L'Iliade ou le Poème de la Force (Simone Weil) :

      • Le thème central : Pour Simone Weil, le "vrai héros, le vrai sujet, le centre de l'Iliade, c'est la force." Cette force (grec ancien bia) inclut la "force vitale," la "force du corps" et son emploi, c'est-à-dire la "violence."

      • La déshumanisation : La force "fait de quiconque lui est soumis une chose," allant jusqu'à transformer les individus en "cadavre," ou pire, en "êtres plus malheureux qui sans mourir sont devenus des choses pour toute leur vie," un "compromis entre l'homme et le cadavre." Cette description préfigure les "premiers camps de concentration."

      • La jouissance des vainqueurs et l'arrogance : La force "enivre quiconque la possède ou croit la posséder." L'arrogance ("l'hybris") conduit les guerriers à leur perte, car "le fort n'est jamais absolument fort ni le faible absolument faible mais l'un et l'autre l'ignore."

      • La leçon ultime : La violence "pétrifie différemment mais également les âmes de ceux qui la subissent et de ceux qui la manient."

      Les batailles se déroulent entre des "hommes dépouillés de toutes ces facultés, transformés, tombés au rang de forces aveugles."

      Les peuples d'Europe ne retrouveront leur esprit que lorsqu'ils sauront "ne jamais admirer la force, ne pas haïr les ennemis et ne pas mépriser les malheureux."

      B. La Brutalisation des Sociétés (George Mosse) :

      • "Fallen Soldiers" (1990) : L'historien George Mosse analyse la perception de la Première Guerre mondiale en Allemagne, soulignant le rôle de la "technologie" et des "nouvelles et plus efficaces modalités de communication" pour diffuser l'image de la guerre et stimuler l'imagination.

      • Le mythe et le culte du soldat tombé : La guerre prend une "double dimension mythique et religieuse," culminant dans le "culte du soldat tombé au champ d'honneur," qui projette la croyance dans le martyre et la résurrection sur la nation comme une "religion civique."

      • Banalisation et brutalisation :Banalisation (pendant la guerre) : Vise à "domestiquer les horreurs du conflit," à "éviter les évocations douloureuses et à rendre la représentation familière" à travers des objets du quotidien, des jeux pour enfants, et des films qui "distraire le public loin du front" sans montrer la réalité des tranchées. L'objectif est de donner aux gens le "sentiment de dominer les événements."

      • Brutalisation (après la guerre) : Une "continuation des attitudes guerrières en temps de paix au sein du peuple des faits." La politique est conçue comme une bataille, l'idée nationaliste se cristallise autour de la "haine de l'ennemi souvent déshumanisée." La vie perd de sa valeur.

      • Facteurs de brutalisation : La "camaraderie masculine" et le "racisme" (notamment contre les Juifs) sont des éléments cruciaux. Mosse suggère que la banalisation de la violence pendant la guerre a facilité l'adoption de discours et de pratiques violents par la suite, "nourri[ssant] l'expression du ressentiment sur lequel s'est édifié le régime nazi."

      • Le paradoxe de Mosse : Steven Hashaim note une "certaine sympathie pour plusieurs des mythes et des symboles qu'il étudie," et une "identification aux mythes et symboles nationalistes qu'il a pourtant tant fait pour démystifier."

      Mosse lui-même reconnaît la "défaite de sa raison critique et de son savoir historique" face à la "démonstration de force d'une communauté juive d'un guerre décimée."

      Cela illustre comment "les représentations de la guerre mêlent toujours la rationalité et l'émotion, l'imaginaire et l'effacement."

      C. La Guerre à Gaza (Depuis le 7 octobre 2023) : Une "Atrocity Propaganda" Double

      Les événements récents au Moyen-Orient offrent une "démonstration saisissante autant que tragique" de cette transformation des représentations :

      • Victimisation (côté israélien) : L'attaque du Hamas et du djihad islamique a produit un "traumatisme sans précédent." Elle a été comparée à la Shoah, les assaillants assimilés à des nazis, et a nourri un discours de "menace existentielle." Des récits d'exactions commises par l'ennemi (démontées par la suite) ont été diffusés, et la "représentation politiquement maîtrisée des victimes" a prévalu.

      • Brutalisation (côté israélien) : Dès le début de la guerre à Gaza, une "autre représentation" s'est imposée, "documentée dans la requête déposée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice." Elle s'est manifestée par un "discours officiel d'humiliation de la population palestinienne," dénonçant la "nation entière comme responsable" et utilisant des termes déshumanisants ("animaux humains").

      Cette brutalisation s'est exprimée "ouvertement" dans les médias nationaux (montrant des prisonniers palestiniens humiliés) et surtout sur les réseaux sociaux, où les soldats postaient "avec fierté des images de brimade, d'humiliation, de destruction de quartier, de pillage d'habitation" et des "sortes de trophées de guerre."

      Ces vidéos et photos, révélant des crimes relevant de la justice internationale, ont été diffusées "sans restriction" par les autorités israéliennes.

      • "Atrocity Propaganda" : La publicisation des violences perpétrées depuis le 7 octobre 2023 relève de l'"atrocity propaganda," pratique ancienne visant à transformer l'ennemi en monstre pour justifier des moyens extrêmes.

      La "singularité du cas israélien" réside dans une "double publicisation : d'abord des sévices exercés par l'ennemi [...] et des exactions ensuite perpétrées par l'armée."

      • La première visait à "susciter un sentiment d'horreur" pour légitimer les représailles.

      • La seconde, essentiellement militaire, visait à "permettre au public israélien de constater la campagne punitive menée par l'armée et d'assouvir ainsi le désir de vengeance."

      • Cette nouvelle représentation inclut le "culte de la virilité" et l'"ironie d'une parodie érotique violant son intimité."

      • Les médias internationaux ont souvent reflété cette distinction, utilisant des mots comme "horrific, slaughter, massacre" plus souvent pour les victimes israéliennes que palestiniennes.

      D. La Représentation des Victimes Palestiniennes :

      • Après une brève diffusion de vidéos exaltantes du 7 octobre, les images suivantes ont été "généralement celles recueillies par des reporters palestiniens," montrant la destruction, les souffrances, les privations.

      Le film "From Ground Zero" de Rachid Masharaoui, composé de courts métrages réalisés par des Palestiniens, offre un rare aperçu du "quotidien de la vie à Gaza pendant la guerre."

      Il dépeint le "deuil, la désolation, la tristesse, souvent la tendresse, parfois l'ironie, mais jamais la haine, jamais le ressentiment, jamais l'évocation même de l'ennemi, seulement l'espoir que cesse enfin la guerre et que la vie redevienne possible."

      Il vise à rappeler que "les gens sont des humains," donnant "des visages, des noms, des histoires, des métiers, des rêves" à des "chiffres" macabres.

      Le refus de projeter ce film à Cannes pour ne pas faire de "politique" est souligné comme paradoxal, la destruction de Gaza étant comparée à Gernika et inspirant des artistes palestiniens.

      IV. Conclusion

      Représenter la violence est un "défi éthique, politique, esthétique" auquel sont confrontés les écrivains, cinéastes, chercheurs, et de plus en plus de personnes via les nouvelles technologies.

      L'analyse de la violence coloniale et guerrière illustre la "multiplication des modes de représentation," de la fiction au rapport factuel, de la propagande à la documentation journalistique, des célébrations des acteurs de la violence aux récits des victimes.

      Il est crucial de considérer ce qui n'est pas représenté, comme le "traitement sélectif de l'information dans les médias" et la "non-représentation de certaines violences" (ex. la conquête française de l'Algérie, la Nakba), éléments essentiels à toute enquête sur la représentation de la violence.

  7. May 2025
    1. Compte rendu détaillé des thèmes et idées clés du podcast "Les enfants rendent-ils heureux ? | Unhappy | ARTE"

      Ce podcast explore la question complexe de l'impact des enfants sur le bonheur parental, en interrogeant différentes perspectives et expériences.

      Il s'appuie sur des témoignages personnels, des opinions d'experts et des études socio-économiques.

      Thèmes principaux et idées clés :

      • La parentalité : Un défi enrichissant mais exigeant ("Une vie d'extrémiste")

      • Le podcast commence par souligner que, bien que les parents puissent parfois préférer des activités solitaires comme regarder la télévision, le temps partagé avec les enfants est souvent source d'enrichissement et de sens.

      • Le bonheur parental ne réside pas toujours dans des moments de joie continue, mais aussi dans la confrontation et le dépassement des défis inhérents à l'éducation.

      • Un parallèle est établi entre la parentalité et des défis extrêmes comme l'escalade du Kilimanjaro, mais avec la différence fondamentale qu'on ne peut pas "revenir en arrière". La philosophe d'iter Tomy est citée, affirmant que la parentalité est "réservée aux extrémistes".

      • Louise, une mère célibataire, témoigne du sentiment d'être constamment dépassée et de la peur de "couler" au début, un mélange de surmenage, d'insomnie, d'angoisse existentielle et de crainte face à la vulnérabilité d'un si petit enfant.

      • La parentalité est décrite comme une "activité extrêmement intense" qui demande énormément de temps et d'énergie, conduisant à reléguer les propres besoins au second plan.

      L'instinct versus la raison dans la décision d'avoir des enfants :

      • La question de savoir si l'on doit suivre son instinct ou la raison pour décider d'avoir un enfant est soulevée.
      • Établir une liste de "pour" et de "contre" pour avoir un enfant est jugé "incongru", notamment en considérant l'impact potentiel sur l'enfant qui grandit et pourrait découvrir qu'il ne "coche pas tous les éléments de la liste".

      • La parentalité est présentée comme un "mythe redoutable très fortement chargé émotionnellement par la société". Il est conseillé de se demander sincèrement si le désir d'avoir un enfant vient de soi ou est influencé par les "désirs des autres".

      • Louise, ayant découvert sa grossesse de manière inattendue, témoigne de s'être fiée à son instinct et de n'avoir jamais douté de vouloir garder son enfant malgré les difficultés.

      Les aspects du bonheur parental :

      • Au-delà des défis, les enfants sont sources de bonheur. Louise explique que le bonheur vient en partie de l'acceptation que son fils peut aussi lui apprendre beaucoup de choses et lui a permis de découvrir de nouvelles facettes d'elle-même. Cela aide aussi à "être plus tolérant envers soi-même".

      • L'attirance innée pour les caractéristiques physiques des bébés (grands yeux, front haut, joues rebondies) est mentionnée comme un facteur initial de sentiment positif.

      • Tilman, père de quatre filles, affirme que pour lui, le bonheur est indissociable : celui qu'il partage en couple, en famille avec les enfants, et celui qu'il cultive de son côté. C'est un bonheur "avec les enfants", et non "malgré" ou "à cause" d'eux.

      Les réalités socio-économiques de la parentalité :

      • Une étude longitudinale allemande (panel socio-économique) révèle que la satisfaction de vie augmente avant la naissance, atteint un pic la première année, puis diminue et revient au niveau initial. La satisfaction de vie ne diffère pas significativement entre les personnes avec ou sans enfants sur le long terme.

      • Le coût financier de l'éducation d'un enfant est souligné (environ 150 000 € pour le premier enfant en Allemagne) ainsi que l'impact sur la carrière professionnelle de nombreux parents.

      • Une augmentation du niveau de colère quotidienne chez les parents 5 ans après la naissance est notée, probablement liée à l'augmentation du stress.

      La dynamique du couple et le partage des tâches :

      • La parentalité transforme la relation de couple en une "sorte de relation de travail", nécessitant une communication constante et une répartition des tâches.

      • Il est observé que les hommes ont tendance à surestimer leur part de travail ménager par rapport à la réalité.

      • Le manque de congé parental pris par les pères est souligné (seulement 18% en Allemagne, prenant en moyenne 2 mois contre 13 pour les femmes), indiquant un déséquilibre persistant dans la charge parentale.

      • Tilman et Ilana, avec quatre enfants, insistent sur l'importance de l'improvisation et de la communication permanente pour concilier famille nombreuse et vies professionnelles.

      Les regrets et le tabou de la non-maternité :

      • La publication de l'étude "Regretting Motherhood" par Orna Donat, interrogeant des femmes qui aiment leurs enfants mais regretteraient de devenir mères si elles pouvaient revenir en arrière, est mentionnée comme ayant brisé un tabou important.

      • La recherche suggère qu'environ 10% des parents, s'ils pouvaient revenir en arrière, choisiraient de ne pas avoir d'enfants.

      • Il est souligné que les femmes devraient avoir la liberté de dire que les enfants ne sont pas toujours une bénédiction, une liberté que les hommes possèdent depuis longtemps.

      • Certains parents peuvent regretter de ne pas avoir consacré autant d'énergie à leur développement personnel après être devenus parents.

      Le concept de "village" et la parentalité partagée :

      • Louise, en tant que mère célibataire, a construit un "village" autour de son fils, un réseau d'amis, de baby-sitters et de connaissances qui la soutiennent. Ce réseau est crucial mais doit être entretenu.

      • Le podcast suggère d'élargir la définition de la parentalité et de revenir à l'idée qu'il faut "tout un village pour élever un enfant". Il n'est pas nécessaire d'avoir enfanté pour être un "parent" dans ce sens.

      • L'expérience en Namibie, où les enfants sont confiés à la garde plus tôt, est citée comme une source d'inspiration pour Louise, lui montrant qu'il est possible de concilier parentalité et autres engagements.

      La transformation de soi et la responsabilité parentale :

      • Devenir parent est décrit comme une "seconde naissance" et une "expérience transformatrice", au point de devenir "quelqu'un d'autre". Il est difficile de savoir à l'avance si l'on appréciera ce changement.

      • Être parent implique d'être "sous surveillance" et de "servir d'exemple", ce qui peut être difficile. Louise confie échouer souvent dans ce rôle, notamment par manque de patience.

      • La capacité à rire de soi et des autres est présentée comme un outil essentiel pour faire face aux imperfections de la vie de famille.

      • L'être humain est vu comme un être en devenir, avec un potentiel de transformation, y compris sur le plan émotionnel.

      Le détachement et la projection dans l'avenir :

      • La relation parent-enfant est réciproque en termes d'attachement, et les deux parties doivent éventuellement parvenir à se détacher l'une de l'autre.

      • Malgré les défis, les enfants permettent aux parents de "voir le monde à travers leurs yeux", de les regarder grandir et devenir autonomes, offrant une "projection dans la société à venir".

      Le rôle de l'instinct et du plaisir des parents :

      • Les parents ne doivent pas se forcer à faire des choses avec leurs enfants s'ils n'en ont pas envie. Le plaisir des parents dans certaines activités est un "acquis précieux pour la vie" des enfants.

      • Les enfants ont besoin de parents "vraiment là", présents et impliqués, plutôt que de directives données de loin.

      • Tilman et Ilana soulignent que la vie avec des enfants est "plus riche", "plus imprévisible", les entraîne sur des chemins inattendus, et surtout, qu'ils rient beaucoup en famille, ce qui serait moins le cas sans leurs enfants.

      Citations importantes :

      • "...le bonheur vient notamment du fait de se confronter à des défis que ce soit en élevant un enfant en courant un marathon ou en escaladant une montagne Surmonter ces difficultés enrichit nos vies"

      • "Je suis d'accord avec le philosophe d'iter Tomy qui a dit un jour que la parentalité était réservée aux extrémistes car contrairement à l'ascension du Kilimanjaro par exemple on ne peut pas revenir en arrière On ne peut pas faire demi-tour On est parent Vitam et Ternam On reste toute sa vie sur le Kilimanjaro quoi qu'il arrive Une vie d'extrémiste"

      • "...la parentalité est un mythe redoutable très fortement chargé émotionnellement par la société Je conseillerai donc de se poser la question est-ce que je le veux vraiment ou est-ce plutôt le désir des autres que j'essaie de satisfaire"

      • "J'étais perdu Je n'étais pas sûr de savoir m'y prendre Mais il a 6 ans maintenant Tu as surmonté pas mal de choses déjà Étonnamment Oui Qu'est-ce qui rend heureux dans le fait d'avoir un enfant pour moi c'est d'admettre qu'il puisse lui aussi m'apprendre beaucoup de choses Grâce à lui j'ai découvert de nombreuses facettes de moi que je n'aurais peut-être pas remarqué sans lui On apprend à être plus tolérant envers soi-même Aujourd'hui je me rends compte que cela me rend vraiment heureuse et que c'est un cadeau"

      • "Une vie d'extrémiste Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais la parentalité mais à la réflexion les jeunes parents ont parfois un petit côté fanatique"

      • "...nos résultats montrent que la satisfaction de vie et le sentiment de bonheur augmente au cours des années précédents la naissance Atteignent un pic au cours de la première année après la naissance puis diminuent et reviennent à leur niveau initial La satisfaction de vie ne diffère pas énormément entre les personnes avec ou sans enfant Celles avec enfant ne sont pas plus heureuse ou plus contente de leur vie que les autres"

      • "...lorsque en tant qu'être humain nous sommes face à un être avec de grands yeux un front haut et des joues rebondis nous ressentons un sentiment positif Nous nous sentons bien et nous voulons nous en occuper Et ce sont bien sûr exactement les caractéristiques des bébés"

      • "Quand on devient parent on s'engage dans un travail d'équipe au sein du couple On est dans une sorte de relation de travail et on se critique mutuellement"

      • "Cette étude a brisé un tabou Les femmes devraient être autorisées à dire que les enfants ne sont pas toujours une bénédiction Cela fait longtemps qu'on accorde aux hommes cette liberté de parole"

      • "Peut-être devrions-nous élargir la définition de la parentalité et revenir à l'idée qu'il faut tout un village pour élever un enfant Il n'est pas nécessaire d'avoir enfanté pour être parent"

      • "En devenant parents on devient quelqu'un d'autre et il est difficile de savoir à l'avance si on va apprécier ce changement"

      • "Pour moi le bonheur ne fait qu'un Celui que nous partageons tous les deux celui que nous vivons en famille avec les enfants et celui que chacun cultive de son côté Je trouve que c'est difficile de les séparer C'est un bonheur qui n'est pas malgré à cause d'eux mais avec les enfants"

      • "Ce dont les enfants ont besoin ce sont des parents qui sont vraiment là qui ne crient pas de loin 'Rangent ta chambre' mais qui sont présents mettent la main à la pâte et disent 'Vien on va faire ça ensemble.'"

      • "À une époque où l'on cherche à se prémunir contre tous les risques où l'on cherche à tout sécuriser je trouve tout à fait formidable d'oser se lancer Se jeter ou pas dans le grand bain de la parentalité c'est peut-être au bout du compte aussi une question de confiance"

      • "la vie devient plus riche elle devient aussi plus imprévisible Cela nous entraîne sur des chemins que l'on aurait pas emprunté sinon Et puis c'est très amusant On rit beaucoup en famille On ne rirait pas autant je pense si on avait pas tous ces enfants autour de nous"

      • En résumé, le podcast offre une perspective nuancée sur la parentalité, reconnaissant à la fois ses difficultés et ses récompenses.

      Il remet en question les mythes sociaux, souligne l'importance du soutien et de l'adaptation, et explore les multiples facettes du bonheur que les enfants peuvent apporter à la vie des parents, malgré les défis inévitables.

    1. Document de Synthèse : Le Nerf Vague

      Source: Extraits de "Le nerf vague : dialogue entre le cœur et le cerveau | ARTE"

      Introduction :

      Ce document explore le rôle multifacette du nerf vague, le présentant comme un "super nerf" essentiel à la communication entre le cerveau et le corps, et à l'adaptation aux changements.

      La recherche scientifique actuelle s'intéresse de près à ses capacités, laissant entrevoir un potentiel révolutionnaire en médecine.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • Le Nerf Vague comme Lien Vital entre Cerveau et Corps:
      • Le nerf vague est décrit comme un "capteur ultra sensible dans notre corps" qui "relie tous les organes importants au cerveau".
      • Il fonctionne comme une "ligne téléphonique qui permet au cerveau de communiquer des informations au corps et inversement de diffuser des informations du corps vers le cerveau".
      • Il intervient dans de nombreuses fonctions vitales, notamment "le goût, la régulation du rythme cardiaque, la tension artérielle, le mouvement de l’œsophage, le tube digestif".
      • Sa réputation de "couteau suisse du corps humain" est soulignée, avec la science "loin d'avoir mis au jour toutes ses capacités".

      Le Rôle Central du Nerf Vague dans l'Adaptation et l'Équilibre du Système Nerveux Autonome:

      • Le nerf vague est "la clé qui nous permet d'affronter des obstacles au quotidien". Sans lui, l'adaptation serait compromise.
      • Il est intrinsèquement lié au système nerveux autonome (SNA), qui se subdivise en branches sympathique et parasympathique. Ces branches "maintiennent notre équilibre interne et communiquent en permanence".
      • En situation de stress ou d'effort, le système sympathique prend le dessus.

      Après l'épisode stressant, "le système parasympathique prend la relève pour que l'organisme récupère" et "le nerf vague va alors jouer un rôle central" en "apais[ant] le cœur et les poumons et relanc[ant] la digestion".

      Le Stress Chronique et l'Inhibition du Nerf Vague:

      • Dans un état de stress chronique, la balance du SNA est modifiée : "la branche sympathique est très active tandis que la branche parasympathique est inhibée".
      • Il en résulte que "ces personnes n'arrivent plus à ralentir".
      • Le stress chronique "va pouvoir modifier cette balance et le nerf vague va être quelque part désinhibé avec ça va se produire tout un tas de de conséquences sur la santé".

      La Variabilité de la Fréquence Cardiaque comme Indicateur de l'Activité du Nerf Vague:

      • Mesurer la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) permet d'"évaluer le taux d'activité du nerf vague".
      • Une VFC élevée témoigne d'"un nerf vague actif qui permet au cœur de s'adapter et contribue à la prévention de certaines maladies".
      • Inversement, une "variabilité réduite de la fréquence cardiaque va de paire avec un risque accru de pathologie chronique comme l'hypertension, le risque d'infarctus ou le surpoids".

      Potentialités Thérapeutiques de la Stimulation Vagale:

      • Depuis une trentaine d'années, la stimulation vagale est utilisée pour traiter certains cas d'"épilepsie réfractaire au traitement médicamenteux".

      Elle devient une option "lorsque les médicaments ne suffisent pas" ou quand la zone causale ne peut être localisée.

      • La stimulation vagale peut réduire l'intensité, la fréquence et l'extension des manifestations épileptiformes, améliorant "clairement la qualité de vie" des patients.

      • La stimulation vagale est également explorée pour traiter d'autres pathologies, notamment la fatigue liée au Covid long, en agissant sur les processus inflammatoires via le nerf vague qui incite la rate à "diminuer sa production de protéines proinflammatoires".

      • Des études fondamentales explorent l'influence de la stimulation vagale sur la motivation et l'humeur, notamment dans le traitement de la dépression, en influençant "les signaux émis par le corps et la façon dont ils sont traités par le cerveau".

      Méthodes de Stimulation Vagale (Médicales et de Bien-être):

      • La stimulation vagale invasive implique l'implantation chirurgicale d'un générateur à pile connecté au nerf vague au niveau des cervicales.

      • La stimulation vagale transcutanée, moins invasive, peut être réalisée au niveau du cou et de l'oreille (rameau auriculaire), utilisant des électrodes pour envoyer de faibles impulsions électriques.

      • L'article met en garde contre la prolifération de stimulateurs vendus dans le domaine du bien-être, soulignant que la plupart n'ont "pas été testés dans des études cliniques" et qu'il est "très problématique de commercialiser un appareil sous le nom de stimulateur vagal s'il n'a pas été prouvé qu'il l'active effectivement".

      Entraînement du Nerf Vague par le Mode de Vie:

      • L'activité physique, notamment le sport d'endurance, est bénéfique pour le nerf vague.

      Le concept de "récipient" qui se vide pendant l'effort et se remplit plus qu'avant pendant la récupération illustre l'adaptabilité accrue. "Pour entraîner son nerf vague ça va aussi vouloir dire aller faire du sport bouger".

      • La respiration abdominale lente et profonde est une technique efficace pour influencer l'activité du SNA et "venir solliciter le nerf vague en tant qu'allié contre le stress". Il est recommandé que l'expiration dure plus longtemps que l'inspiration.

      • L'exposition au froid et le réflexe d'immersion sont également mentionnés comme des moyens de provoquer un stress thermique et d'entraîner le nerf vague.

      • Le chant, en particulier le chant choral, est suggéré comme une activité stimulant le nerf vague par la respiration coordonnée, la vibration du larynx et la libération d'ocytocine.

      Le Nerf Vague et la Guérison/Récupération:

      • Une VFC élevée et un nerf vague actif sont corrélés à de meilleures capacités de récupération après l'effort ou le stress.
      • Le nerf vague joue un "rôle énorme dans la récupération, dans la guérison de la blessure" en détectant l'inflammation et en contribuant à la réduire via la voie colinergique anti-inflammatoire.

      Points Importants à Retenir :

      • Le nerf vague est crucial pour l'équilibre interne et la capacité d'adaptation du corps.

      • Le stress chronique a un impact négatif majeur sur l'activité du nerf vague.

      • L'entraînement du nerf vague par l'activité physique, la respiration et d'autres techniques peut améliorer la résilience au stress et la récupération.

      • La stimulation vagale offre des perspectives thérapeutiques prometteuses pour diverses maladies, mais la recherche est encore en cours pour optimiser son utilisation.

      • Il est important de distinguer les approches médicales validées des produits de bien-être dont l'efficacité n'est pas toujours prouvée.

      Conclusion :

      • Bien que le nerf vague soit actuellement un sujet d'engouement, la recherche scientifique est encore à ses débuts.

      Les mécanismes précis de son influence et ses applications thérapeutiques optimales pour différentes pathologies restent à explorer.

      Cependant, les résultats actuels soulignent son importance fondamentale pour la santé physique et mentale et suggèrent des approches concrètes pour améliorer son activité par le mode de vie.

    1. Note de synthèse : L'écriture de la violence dans les sciences sociales et la littérature

      Source : Excerpts from "Les formes de la violence (6) - Didier Fassin (2024-2025)"

      **Contexte : Ce texte est une exploration des défis et des méthodes liés à l'écriture et à la représentation de la violence, en particulier du point de vue des sciences sociales, en la comparant à la littérature.

      L'auteur, Didier Fassin, aborde la violence non pas sous l'angle de son absence ou de sa définition contestée dans les sciences sociales, mais comme un "objet d'une recherche portant sur les manières d'écrire de l'écrire de la représenter de la tester de la qualifier et finalement peut-être de la comprendr**e voire même de la refuser".

      Thèmes principaux :

      • Les défis éthiques et méthodologiques de l'écriture de la violence : Comment représenter la violence sans sensationnalisme ni obscénité ? Faut-il privilégier la voix des victimes ou inclure celle des auteurs ? Comment concilier le devoir de témoigner avec la protection des personnes impliquées ?

      • La distinction entre "vérité" (littérature) et "réalité" (sciences sociales) dans la représentation de la violence : La fiction offre une liberté créative pour atteindre une "vérité" humaine et psychologique, tandis que les sciences sociales sont contraintes par la "factualité" des faits.

      • La "pauvreté des mots" pour saisir l'expérience de la violence extrême : Certaines violences, en particulier les violences historiques et déshumanisantes, laissent des traces difficiles à exprimer directement, se manifestant dans les interstices du langage ordinaire et les violences plus banales.

      • La pluralité des perspectives et des récits de la violence : L'importance de présenter différentes versions des événements violents, notamment celles des victimes, des auteurs et des témoins, pour saisir la complexité et les ambiguïtés.

      • La violence institutionnelle et structurelle : La violence ne se limite pas aux actes interpersonnels, mais s'incarne aussi dans les systèmes, les politiques et les structures sociales, comme l'apartheid ou le système carcéral.

      Idées ou faits les plus importants :

      • L'écriture de la violence comme objet de recherche : Fassin propose d'étudier comment la violence est écrite, représentée et comprise, en s'intéressant à "ce qu'elle est et ce qu'on en fait".

      • Les cinq écueils identifiés par Valentine Daniel (anthropologue srilankais) face à l'écriture de la violence :Produire du sensationnalisme (potentiellement obscène ou pornographique).

      • Éloigner la théorie de l'expérience de la souffrance.

      • Trahir les personnes qui se sont confiées en se taisant.

      • Mettre en danger les personnes impliquées en les rendant reconnaissables.

      • Se mettre soi-même en danger (interdiction de séjour, répression).

      • Le dilemme de l'anthropologue face au témoignage de la violence : L'exemple de la fille dont le père a été lynché montre le conflit entre le devoir de témoigner ("dites à tous et tous ce qu'ils ont fait à mon père") et la volonté de protection de la dignité de la victime ("ne racontez pas cette histoire").

      • La distinction entre littérature et sciences sociales :Littérature (poètes, romanciers) : Privilège de l'imagination, création de langages, de personnages, d'histoires pour accéder à une forme de "vérité" (ex: Emily Dickinson, Mahmoud Darwish, Marcel Proust, Tony Morrison, J.M. Coetzee, David Simon). La fiction permet une liberté créative et une efficacité narrative pour explorer les "profondeurs humaines" et la "complexité psychologique".

      • Sciences sociales (anthropologues, sociologues) : Tenues par le "principe de réalité", la "factualité des faits".

      Leur écriture est contrainte par les sources (archives, entretiens, observations). L'ethnographie est limitée par ce que l'ethnographe saisit, sans pouvoir "combler les trous de son ignorance et les lacunes de son incertitude par son imagination". Elles visent la "réalité".

      • La violence comme trace "invisible et indiscible" (Veena Das) : L'étude de la violence de la partition de l'Inde révèle comment les violences extrêmes ("historique, extrême") peuvent être "trop profonde trop humiliante trop dévalorisante" pour être dites directement, se manifestant dans les violences "domestiques tristement banale" (disputes, vexations) et les "interstices du discours". Das parle de la "pauvreté des mots" face à ces violences.

      • L'expérience des auteurs de violence : L'enquête de Martha Huggins sur les policiers tortionnaires brésiliens montre qu'ils étaient souvent des "hommes ordinaires", endoctrinés, formés à une culture du secret, développant des représentations déshumanisantes des victimes et des justifications morales de leurs actes, avec des pratiques "normalisées".

      Cela rappelle la "banalité du mal" d'Hannah Arendt. Les méthodes sociologiques (entretiens circonscrits) peuvent tendre vers une lecture objectivante, tandis que les méthodes anthropologiques (observation prolongée) permettent une analyse plus réflexive.

      • La violence institutionnelle et l'effacement des distinctions auteurs/victimes : L'exemple du détenu éborgné et violent dans une prison française illustre comment les positions d'auteurs et de victimes peuvent s'alterner ou s'estomper dans le contexte d'un système carcéral qui "l'a fait".

      • La multiperspective comme stratégie narrative : Carl Jacobi, dans "Shadows at Dawn", présente quatre versions distinctes du massacre de Camp Grant en Arizona, basées sur les perspectives des différents groupes impliqués (Odham, Mexicains, États-Unis, Apaches), pour saisir la complexité historique.

      • La juxtaposition des récits face à l'incompatibilité des versions : Dans son propre travail sur l'homicide par le GIGN ("Mort d'un voyageur"), Fassin choisit de juxtaposer les différentes versions des faits (gendarmes, famille) sans "préjuger de qui dit la vérité", à la manière de Kurosawa dans "Rashômon".

      Cette approche permet de montrer comment chacun dit que la scène "s'est déroulé".

      • Le rôle de la contre-enquête : Face aux "incohérences du dossier" et aux "altérations par la justice", une contre-enquête basée sur l'analyse des preuves peut permettre de reconstituer la scène "telle qu'elle s'est vraisemblablement déroulée", même si elle contredit la version officielle.

      • Les "plusieurs vies" des écrits de sciences sociales sur la violence : Les travaux peuvent avoir un impact au-delà de leur publication académique, par exemple en étant utilisés dans des recours juridiques (Cour européenne des droits de l'homme) ou en inspirant des œuvres artistiques (film).

      Citations clés :

      • "...il s'agit de s'intéresser à ce qu'elle est et ce qu'on en fait je vais donc la traiter comme un objet de d'une recherche portant sur les manières d'écrire de l'écrire de la représenter de la tester de la qualifier et finalement peut-être de la comprendre voire même de la refuser"

      • "y a-t-il des faits qu'il vaut mieux taire et d'autres dont au contraire il faut parler s'il importe de faire entendre la voix des victimes doit-on pour autant se priver de celle des auteurs de la violence"

      • "d'épeindre la violence de manière brute sans l'intention d'y rendre son lectorat sensible expose cependant à produire un sensationnalisme potentiellement obsène qu'il qualifie d'ailleurs de pornographique"

      • "il me semble qu'à cette analyse il faudrait toutefois ajouter deux éléments premièrement l'écriture des poètes et des romanciers procède de leur imagination ils invent langages ils créent des personnages ils conçoivent des histoires qui peuvent leur donner accès à une forme de vérité que l'on pense pour la poésie à Emily Dickinson ou à Marmou Darwish ou pour le roman à Marcel Prou et Tony Morrison anthropologue et sociologues eux sont en principe tenus par une sorte de principe de réalité... Leur écriture est circonscrite par ce qu'on peut appeler la factualité des faites"

      • "en somme la fiction détient les clés de la vérité l'ethnographie celle de la réalité"

      • "la pauvreté des mots Vinadas se dit je cite frappé par le silence autour de la violence subie ou exercée dans le contexte de la partition trop profonde trop humiliante trop dévalorisante pour les victimes la trace laissée ne se donne à lire que dans les interstices du discours dans des allusions blessantes dans des attitudes méprisantes"

      • "c'est le système carcéral qui l'a fait"

      • "La violence peut être énoncée par plusieurs voix"

      • "...fallait-il en rester là en laissant à la justice le dernier mot il m'a semblé qu'au regard des incohérences du dossier et des éléments mis à ma disposition une contre-enquête était possible"

      Conclusion :

      Didier Fassin conclut en soulignant que l'écriture de la violence, qu'elle soit littéraire ou relevant des sciences sociales, implique de nombreuses questions et précautions (rhétoriques, méthodologiques, politiques, éthiques).

      Si la littérature et les sciences sociales abordent la violence différemment, elles partagent une préoccupation commune quant à ce qui peut et doit être écrit, aux voix à rendre audibles et aux différentes versions des faits à considérer.

      Le texte se concentre sur la violence physique, laissant entendre que d'autres formes de violence pourraient poser des défis d'écriture distincts.

    1. Compte Rendu Détaillé : Les Formes de la Violence (5) - Didier Fassin (2024-2025)

      • Ce document explore la généalogie de la violence, s'interrogeant sur ses origines et son évolution à travers différentes perspectives théoriques.

      Il passe en revue les approches qui tentent de comprendre la violence en se basant sur des facteurs universels, qu'ils soient biologiques ou psychologiques, avant d'examiner les théories centrées sur les facteurs sociaux, politiques et moraux, en mettant l'accent sur le rôle de l'État et du droit.

      Thèmes Principaux :

      • Les Origines de la Violence : L'opposition entre les récits mythiques/littéraires de la violence originaire et les tentatives scientifiques et intellectuelles d'expliquer la production de la violence chez les êtres humains.

      • Deux Grands Types de Réponses : L'analyse contraste les théories universalistes (biologie, psychologie, évolutionnisme) qui recherchent des explications intrinsèques à l'homme et potentiellement partagées avec d'autres animaux, et les théories sociales/politiques (philosophie politique, sociologie, anthropologie, histoire) qui examinent les conditions sociales favorisant ou empêchant la violence.

      • Approches Universalistes :Psychanalyse (Freud) et Éthologie (Lorenz) : Convergence étonnante autour des concepts d'instinct et de pulsion comme moteurs de l'agressivité.

      • Nature Humaine et État Animal : L'idée que la violence découle d'une part d'agressivité intrinsèque à l'homme, héritée de l'état animal.

      • Fonction de l'Agressivité (Lorenz) : Bien que potentiellement nuisible, l'agressivité au sein d'une même espèce peut avoir des fonctions évolutives (occupation des espaces, sélection des plus forts, défense).

      • Critique des Théories Classiques : L'abandon progressif des notions d'instinct/pulsion spontanée au profit de l'apprentissage et des réponses situationnelles (psychologie sociale, psychologie évolutionniste moderne).

      • Approches Sociales et Politiques :La Philosophie Politique Classique (Hobbes, Rousseau) : L'origine du politique dans le passage d'un état de nature (imaginaire ou réel selon les auteurs) à la société civile via un contrat.

      • L'État de Nature (Hobbes) : Un état de "guerre de tous contre tous" où la défiance et la rivalité conduisent à la violence, rendant la sécurité primordiale.

      • Le Contrat Social (Hobbes vs. Rousseau) : La cession de liberté en échange de sécurité (Hobbes) versus la conservation de la liberté via la volonté générale (Rousseau).

      • Le Cycle de la Violence (Szweski) : Une perspective critique du contrat social, où l'ordre instauré par la loi devient lui-même une source de nouvelle violence, menant à un cycle.

      • La Violence de l'État et du Droit :Critique de la Violence (Benjamin) : Remise en question de l'idée que l'État assure la sécurité par le monopole de la violence légitime.

      • Violence Fondatrice et Conservatrice du Droit : L'État utilise la violence pour établir le droit (fondatrice) et pour le maintenir (conservatrice).

      • L'Exemple de la Violence Policière : Illustration contemporaine de la violence de l'État, opérant à la fois pour conserver l'ordre existant et pour étendre ses propres prérogatives légales.

      • L'Évolution de la Violence dans les Sociétés Modernes :Le Débat sur le Recul de la Violence : Analyse du débat initié notamment par Steven Pinker, qui affirme une diminution de la violence au cours de l'histoire humaine.

      • Critique des Arguments sur le Recul : Mise en évidence des biais méthodologiques et des limites géographiques dans les données utilisées pour étayer cette thèse.

      • Le Rôle de l'Idéologie : La tension entre l'analyse scientifique de la violence et les interprétations idéologiques (supériorité occidentale, réduction de la violence à une "arriération culturelle").

      Idées ou Faits les Plus Importants :

      • La compréhension de la violence a évolué des récits fondateurs aux analyses scientifiques et philosophiques.
      • Deux approches majeures s'opposent : celle qui voit la violence comme intrinsèque à l'homme (instinct, pulsion) et celle qui l'analyse comme un produit des relations sociales et politiques.

      • Les théories universalistes classiques de Freud et Lorenz, malgré leurs différences, convergent dans l'idée d'une agressivité humaine ancrée dans la nature, bien que Lorenz lui attribue parfois une fonction positive pour l'espèce.

      • Les critiques modernes des approches universalistes classiques mettent l'accent sur l'apprentissage et les réponses situationnelles plutôt que sur les instincts innés.

      • Les théories du contrat social (Hobbes, Rousseau) postulent que l'État est né de la nécessité de sortir d'un état de nature violent pour assurer la sécurité (Hobbes) ou pour permettre la liberté (Rousseau).

      • La perspective critique de Szweski suggère que l'établissement de l'ordre par le contrat social ne met pas fin à la violence, mais en crée de nouvelles formes, potentiellement cycliques.

      • Walter Benjamin remet en cause l'idée que l'État détient un monopole légitime de la violence, en distinguant la violence qui fonde le droit et celle qui le conserve, soulignant les dangers de leur confusion, notamment dans le cas de la police.

      • La violence de l'État, loin d'être une aberration, peut être considérée comme intrinsèque à son fonctionnement, à travers sa législation, ses forces de l'ordre et son système judiciaire.

      • Le débat sur le recul historique de la violence est complexe et sujet à caution, les données et leur interprétation étant souvent influencées par des biais idéologiques.

      • L'idée commune que la violence est "en l'homme", quelles que soient les approches, tend à masquer le rôle des structures et institutions sociales dans sa production.

      Citations Pertinentes :

      • "...il faut maintenant en quelque sorte renverser la formule pour s'intéresser aux origines de la violence..."
      • "...l'homme n'est point cet être des bonheur au cœur assoiffé d'amour dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque mais un être au contraire qui doit porter au compte de ces données instinctives une bonne somme d'agressivité..." (Freud cité)
      • "...mon livre traite de l'agressivité et précise-t-il c'est-à-dire de l'instinct de combat de l'animal et de l'homme dirigé contre son propre congénère..." (Lorenz cité)
      • "...si deux hommes désirent la même chose dont ils ne peuvent néanmoins pas jouir tous les deux ils deviennent ennemis..." (Hobbes cité)
      • "...pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintiennent tous dans la peur ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre dans la une guerre dans laquelle chaque homme est contre chaque homme..." (Hobbes cité)
      • "...On peut d'aventure penser qu'il n'y a jamais eu une telle situation de guerre..." (Hobbes cité)
      • "...en réalité pour Rousseau c'est la société civile qui corromp l'être humain lui fait perdre sa force et son courage le soumet à l'oppression des plus forts..."
      • "...elle ne raconte pas seulement l'origine de la société et le fondement originaire de l'État elle raconte le cycle de la civilisation le retour au commencement elle ne dépint pas la fin de la violence mais l'alternance de ses formes..." (Szweski cité)
      • "...L'ignominie de la police tient à l'absence de toute séparation entre la violence qui fonde le droit et celle qui le conserve..." (Benjamin cité)
      • "...Ne parlez pas de violence policière ces mots sont inacceptables dans un état de droit." (Président de la République cité)
      • "...Ce ne sont pas les contrats qui interdisent la violence c'est la tyrannie de la conscience morale." (Szweski cité)
      • "...la violence d'État n'est pas une aberration de la démocratie elle en est la source..."

      • En conclusion, ce document offre une exploration riche et nuancée des différentes manières de penser la violence, en soulignant la complexité de ses origines, l'évolution des approches théoriques et, de manière cruciale, en mettant en évidence le rôle souvent négligé de l'État et des structures sociales dans sa production et son maintien.

    1. Document de Synthèse : Les Formes de la Violence et les Mythes d'Origine

      Ce briefing document analyse les thèmes et idées principales tirées des extraits de la conférence "Les formes de la violence (4) - Didier Fassin (2024-2025)".

      L'objectif est d'examiner comment la violence, longtemps négligée par les sciences sociales, est appréhendée à travers les mythes d'origine, les rituels associés, et leur instrumentalisation politique dans les sociétés modernes et contemporaines.

      1. La Violence dans les Sciences Sociales : Reconnaissance Tardive et Complexité

      Le conférencier souligne que la violence a été tardivement étudiée par les sciences sociales.

      Les anthropologues ont rencontré des difficultés à la définir précisément en raison d'une relativisation ("ce que certains voyaient comme tel n'étaient pas considéré de la même manière par d'autres") et les sociologues ont élargi la notion, menant à une dissolution de la violence dans d'autres concepts de domination.

      • Idée Clé : La difficulté à cerner la violence, perçue différemment selon les perspectives et étendue à des formes de domination non physiques, a initialement entravé son étude.

      • Correction Épistémologique : Fassin propose de parler de "perspectivisme" plutôt que de relativisation, pour comprendre les différentes logiques et raisons des points de vue divergents sur la violence. Il suggère également de parler d'"approfondissement" plutôt que de dissolution, pour ne pas réduire la violence aux seules agressions physiques, tout en les incluant.

      • Citation Clé : "cette double précaution épistémologique loin d'être un obstacle à la production d'un savoir sur la violence en est la condition... ne pas avoir une définition précise de la violence rend possible de la saisir dans toute sa complexité et sa diversité".

      • Contraste avec le Sens Commun : Cette approche va à l'encontre du sens commun où chacun pense comprendre la violence.

      2. La Violence et les Mythes des Origines : Une Association Profonde

      Bien que l'étude scientifique de la violence soit récente, elle a toujours été présente dans la pensée humaine, notamment à travers les mythes des origines. Ces mythes lient souvent l'origine de la violence à celle du monde.

      • Idée Clé : Les mythes des origines, qu'ils soient religieux, théâtraux ou philosophiques, ont servi de discours sur la violence et ses débuts.

      • Exemple Grec : La Théogonie d'Hésiode : Le mythe de Chronos est présenté comme un exemple emblématique. L'origine du monde et des dieux est marquée par une violence extrême : parricide (Chronos castre Uranos), infanticide (Chronos dévore ses enfants), viol (Chronos viole Rhéa).

      • Nature de la Violence Mythologique : Ces violences vont au-delà de l'usage excessif de la force. Elles manifestent un "excès de la violence elle-même", un registre de monstruosité et d'atrocité qui rompt avec les valeurs élémentaires.

      • Fonction de la Violence Mythologique : Elle n'est pas seulement instrumentale (se débarrasser de rivaux, se venger), elle semble aussi "expressive", voire source de jouissance pour elle-même et pour le public.

      • Cadre Familial : Fait remarquable, ces scènes de violence extrême se déroulent souvent dans un cadre familial (famille des divinités, famille des Atrides).

      • Mythes et Rituels : La relation entre mythe et rituel est débattue par les anthropologues. Le mythe de Chronos a été associé à des pratiques rituelles ambivalentes : sacrifices sanglants et anthropophages côtoyant des offrandes pacifiques et des festivités de tolérance sociale (Cronia).

      • Ambivalence de Chronos : Le mythe présente une image ambivalente de Chronos : le meurtrier anthropophage et le souverain juste d'un âge d'or.

      3. La Croyance dans les Mythes : Une Question Complexe et Contemporaine

      La question de savoir si les Grecs croyaient littéralement à leurs mythes est posée. Fassin établit un parallèle avec les croyances contemporaines pour éclairer cette question.

      • Idée Clé : La croyance dans les mythes, même contradictoires, n'est pas l'apanage d'un passé lointain. Des phénomènes contemporains comme le créationnisme ou l'Intelligent Design démontrent une croyance persistante en des récits originels, parfois habillés de justifications scientifiques.

      • Parallèle Contemporain : Le taux élevé de croyance au créationnisme aux États-Unis, y compris parmi les évolutionnistes qui pensent que Dieu guide l'évolution, suggère que la crédulité n'a pas disparu.

      4. Instrumentalisation Politique des Mythes des Origines : De l'Antiquité aux Temps Modernes

      Les mythes des origines ont une pertinence sociale en ce qu'ils révèlent les tensions et la nécessité d'un ordre social, tout en ouvrant la possibilité d'un autre monde. Cependant, leur mobilisation est souvent politique.

      • Pertinence Sociale du Mythe Grec : Le mythe de Chronos peut être interprété comme révélant une période de chaos nécessitant l'ordre social, tout en offrant une soupape de relâchement des contraintes à travers les rituels des Cronia.

      • Mythes Modernes et Invention de la Tradition : À l'inverse des mythes antiques issus de traditions culturelles, les mythes modernes sont souvent des "inventions de tradition" (Hobsbawm & Ranger), créées à des fins politiques.

      • Fonction Politique des Mythes Nationaux : Les mythes nationaux servent un projet nationaliste, renforçant la légitimité de l'État, créant une histoire unifiée, ou justifiant des revendications indépendantistes.

      • Exemple Français : Le Baptême de Clovis et la Bataille de Poitiers : Fassin analyse comment l'historiographie nationaliste française a instrumentalisé le baptême de Clovis pour fonder l'identité nationale catholique et la bataille de Poitiers pour construire une altérité arabe et musulmane rejetée, nourrissant le racisme et l'islamophobie.

      • Citation Clé (Patrick Geary) : "L'histoire moderne est née au 19e siècle, conçue et développé comme un instrument du nationalisme européen, ce qui a eu pour effet de transformer notre compréhension du passé en une décharge de déchets toxiques remplie du poison du nationalisme ethnique."

      • Héritage Symbolique : Des symboles issus de ces mythes (la Francisque, le casque franc) sont repris par l'extrême droite.

      • Généalogie Distinguée : L'islamophobie (forgée par des mythes nationaux) et l'antisémitisme (lié à des légendes urbaines) pourraient avoir des généalogies distinctes en France.

      5. Le Mythe Sioniste des Origines et la Violence Contemporaine en Israël/Palestine

      Le conférencier consacre une analyse détaillée à l'instrumentalisation des récits bibliques dans la construction du mythe national israélien et sa connexion avec les violences actuelles.

      • Idée Clé : Le mythe fondateur de l'exil, basé sur une interprétation spécifique des textes bibliques, a servi à légitimer l'immigration juive en Palestine et le droit au retour, tout en niant l'existence et l'histoire du peuple palestinien.

      • Citation Clé (Schlomo Sand) : "Si toute écriture de l'histoire est porteur de mythes, ceux de l'historiographie nationale sont particulièrement flagrants. Le cas d'Israël est selon lui exemplaire même s'il est loin d'être unique."

      • La Terre sans Peuple pour un Peuple sans Terre : Le conférencier retrace l'origine et la réécriture de cette phrase de Israel Zangwill, souvent utilisée pour justifier l'immigration juive, en omettant que Zangwill lui-même a révisé son jugement face à la population arabe existante.

      • La Violence dans les Récits Bibliques : Les textes sacrés décrivent l'origine de l'histoire d'Israël comme une série de guerres et de conquêtes (conquête de Canaan, combat contre les Amalécites).

      • Instrumentalisation Contemporaine : Des références à la guerre contre les Amalécites sont mobilisées pour nommer l'ennemi archétypal (les Palestiniens) et justifier leur élimination. La figure de Josué, conquérant et destructeur, est invoquée pour légitimer l'occupation et les colonies.

      • Citation Clé (Benyamin Netanyahou) : "se souvenir de ce qu'Amalek leur a fait".

      • Lien entre Mythes et Violence Réelle : L'appel au génocide dans les textes bibliques, bien que certains exégètes en donnent une interprétation non littérale, est réactivé dans le discours politique et populaire, notamment après le 7 octobre 2023.

      • Fusion des Mémoires : Une fusion s'opère entre la mémoire héroïque (les conquêtes bibliques) et la mémoire douloureuse (la Shoah), assimilant le Hamas à Amalek et aux nazis.

      • Dénégation de la Nakba : La violence de l'expulsion des Palestiniens en 1948 (la Nakba) est largement absente de ce complexe mémoriel officiel.

      6. La Violence Sacrificielle : Une Perspective Contestée

      Fassin critique la thèse de René Girard sur la violence sacrificielle comme origine de la violence dans les sociétés.

      • Thèse de René Girard : Le sacrifice rituel permet de détourner la violence intrinsèque au groupe vers une victime émissaire (animale ou humaine considérée comme de moindre valeur sociale), rétablissant ainsi l'unité du groupe. Le désir mimétique (désirer ce qu'un autre désire) est à l'origine de la rivalité et de la violence fondatrice.

      • Critiques de la Thèse de Girard : La thèse de Girard est jugée trop simple et universelle, réduisant la pluralité des formes de violence à une cause unique (le désir mimétique) et appliquant mécaniquement une même logique à toutes les sociétés.

      • Alternative Anthropologique : Hubert et Mauss : Leurs travaux sur le sacrifice définissent le sacrifice comme un acte religieux qui, par la consécration d'une victime, modifie l'état de la personne ou de l'objet. La violence est absente de leur définition.

      • Clé de Compréhension : Le Sacré : Pour Hubert et Mauss, le cœur du sacrifice n'est pas la violence, mais le double travail rituel de sacralisation et de désacralisation.

      • Substituion et Dédramatisation : La possibilité de substituer une victime (un concombre pour un bœuf chez les Nuer, selon Lévi-Strauss) dans le sacrifice dédramatise l'acte et contredit l'idée d'une violence primordiale nécessitant impérativement un sacrifice sanglant.

      Conclusion sur Girard : L'anthropologie sociale ne valide pas la thèse de Girard, jugée trop spéculative et possiblement influencée par sa conversion catholique.

      7. Conclusion : L'Importance de la Violence Originaire comme Imaginaire

      Malgré les limites de la théorie girardienne, la violence fondatrice présente dans les récits mythiques et les textes sacrés reste essentielle, non pas tant par sa réalité historique que par les usages politiques qui en sont faits.

      • Idée Clé : L'intérêt de la violence originaire réside dans son instrumentalisation politique par divers acteurs et à différentes époques, notamment par les extrêmes droites contemporaines.

      • Fonction de l'Imaginaire de la Violence Originaire : La mobilisation de cet imaginaire sert à légitimer stigmatisations, discriminations, exclusions et exactions contre des ennemis perçus (intérieurs ou extérieurs).

      • Citation Clé : "En ce sens, la violence originaire dont j'ai parlé ici éclaire bien les violences contemporaines."

      • Cycle Nationaliste : La construction des récits nationalistes suit souvent un cycle d'âge d'or, de déclin et de régénération, se nourrissant d'une double genèse : héroïque et victimaire.

      • Dimension Sacrificielle Réappropriée : La mémoire douloureuse de la Shoah (appelée "Holocauste", c'est-à-dire sacrifice) confère une obligation morale aux générations suivantes, se mêlant désormais à la mémoire héroïque des conquêtes.

      • En résumé, le conférencier met en évidence la difficulté intrinsèque à appréhender la violence dans sa complexité.

      Il montre ensuite comment les mythes des origines ont servi de cadre pour penser la violence, et surtout, comment ces récits, qu'ils soient antiques ou "inventés" à l'époque moderne, sont politiquement mobilisés pour construire des identités nationales, justifier la violence et exclure des groupes.

      L'analyse du cas israélien illustre de manière particulièrement frappante la façon dont les récits scripturaires peuvent être réactivés pour légitimer des violences contemporaines.

      Enfin, il réfute la thèse d'une violence fondatrice universelle nécessitant un sacrifice, tout en reconnaissant la pertinence de l'idée de victime émissaire dans l'analyse des persécutions et des brutalités contre les minorités.

    1. Briefing sur les Formes de la Violence selon Didier Fassin (Extraits 2024-2025)

      Ce texte de Didier Fassin examine l'évolution de l'étude de la violence dans les sciences sociales, notamment l'anthropologie et la sociologie.

      Il met en évidence le silence initial entourant le sujet, les raisons de cette absence, les défis méthodologiques et moraux liés à son étude, et l'expansion progressive de sa conceptualisation.

      Thèmes Principaux:

      • Le Silence Initial autour de la Violence dans les Sciences Sociales: L'auteur souligne l'ignorance ou le manque d'étude explicite de la violence durant le premier siècle de l'anthropologie et de la sociologie, malgré un XXe siècle marqué par des conflits et des atrocités majeures.

      • Les Raisons du Silence: Fassin identifie des raisons morales, méthodologiques et théoriques pour cette absence d'étude. La violence est perçue comme impliquant un jugement normatif qui rend difficile l'objectivité scientifique, elle échappe à la construction d'un objet homogène, et elle est difficile à définir de manière univoque.

      • Les Défis Moraux et Méthodologiques de l'Étude de la Violence: L'étude de la violence est confrontée à la dimension normative et subjective du terme, ce qui soulève la question de l'impartialité de l'observateur, en particulier pour les anthropologues confrontés à des pratiques violentes qui ne sont pas perçues comme telles localement. Les défis méthodologiques incluent la difficulté à circonscrire la violence comme un objet d'étude homogène et observable, ainsi que les obstacles pratiques de l'observation sur le terrain.

      • L'Expansion Conceptuelle de la Violence: Le texte trace un cheminement de la compréhension de la violence, passant d'une focalisation sur la violence physique interpersonnelle à l'inclusion des animaux, des objets inanimés, et enfin des formes de violence non directement attribuables à un acteur intentionnel (violence structurelle et symbolique).

      • La Violence Structurelle (Johan Galtung et Paul Farmer): Introduction du concept de violence structurelle, définie par l'écart entre le potentiel et l'effectif de la réalisation humaine dû à l'influence négative de structures sociales.

      L'exemple de l'épidémie de sida et de tuberculose en Haïti est utilisé pour illustrer comment l'histoire sociale et l'économie politique peuvent constituer des formes de violence.

      • La Violence Symbolique (Pierre Bourdieu): Présentation du concept de violence symbolique, qui explique comment les dominants obtiennent l'adhésion des dominés à leur domination sans recourir à la force physique, mais en imposant une légitimité par le langage et les significations partagées, conduisant à des souffrances psychiques et à l'incorporation de l'ordre social.

      • Lien entre les Différentes Formes de Violence: Malgré leurs différences, les formes de violence (physique, structurelle, symbolique) se manifestent dans le corps et provoquent de la souffrance.

      • L'Apport de l'Étymologie et de la Philologie:

      L'analyse étymologique (grec et latin) et philologique (français, allemand) montre la richesse et la complexité historique du terme "violence", révélant un passage d'un sens initial lié à la force physique à des significations incluant l'excès, l'infraction à la norme, la contravention à la morale, et la contrainte psychologique.

      L'étude comparée des termes allemands (Gevalt, Macht) et de leurs traductions souligne les difficultés à saisir les différentes dimensions du pouvoir et de la violence.

      • La Problématisation plutôt que la Définition: En conclusion, l'auteur suggère que la valeur de l'étude de la violence réside moins dans la recherche d'une définition univoque que dans la problématisation constante de la notion, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles questions.

      Idées et Faits Importants:

      • Le XXe siècle a été marqué par une violence omniprésente, pourtant l'anthropologie et la sociologie l'ont longtemps ignorée en tant qu'objet d'étude spécifique.

      • La nature normative et subjective du terme "violence" a été un obstacle majeur à son étude objective.

      • La difficulté à définir la violence de manière univoque et à la circonscrire comme un objet d'étude cohérent a également contribué à son ignorance initiale.

      • Les anthropologues sont confrontés au défi de la relativité culturelle de la violence, où ce qui est considéré violent par l'observateur ne l'est pas nécessairement par la société étudiée.

      • La définition de Françoise Héritier élargit considérablement le champ de la violence au-delà du corps humain, incluant le psychique, les animaux et les objets inanimés.

      • La violence structurelle (Galtung) met l'accent sur les inégalités sociales et les structures qui limitent le potentiel humain, indépendamment de l'intention d'un acteur.

      • Paul Farmer a appliqué le concept de violence structurelle à la santé, montrant comment les épidémies peuvent être comprises dans un contexte historique et économique de domination.

      • La violence symbolique (Bourdieu) explique comment la domination est reproduite par l'intériorisation et l'acceptation des rapports de pouvoir par les dominés, entraînant des souffrances psychiques et des manifestations corporelles.

      • La notion d'hégémonie chez Gramsci offre une perspective alternative ou complémentaire à la violence symbolique, en soulignant la possibilité de visions du monde alternatives émanant des classes dominées.

      • L'étymologie et la philologie révèlent la polysémie et l'évolution historique du terme "violence", soulignant que son sens contemporain, centré sur les relations humaines et la morale, est relativement récent.

      • Les difficultés de traduction du terme allemand "Gevalt" (force, violence, pouvoir) mettent en lumière les nuances conceptuelles et les défis de la reconnaissance de la violence dans les institutions et derrière les revendications de légitimité.

      • La problématisation de la notion de violence est plus féconde pour la recherche que la recherche d'une définition rigide.

      Citations Pertinentes:

      • Sur l'absence initiale de l'étude de la violence : "la violence a donc été ignorée nous l'avons vu pendant le 1er siècle de l'existence de l'anthropologie et de la sociologie ou plus exactement elle n'a pas été traité en tant que telle n'a pas fait l'objet d'entrée spécifique dans les encyclopédies et les dictionnaires de ces disciplines n'a pas donné lieu à des travaux empiriques ou théoriques se réclamant explicitement de son étude"

      • Cit. Anna Arendt sur le rôle de la violence dans les affaires humaines : "il n'est personne qui s'intéressant à l'histoire et à la politique puisse ne pas être conscient du rôle majeur joué par la violence dans les affaires humaines il est donc à première vue surprenant que la violence a été si rarement reconnue comme méritant une considération particulière"

      • Cit. David Riches sur la difficulté du terme "violence" : "En raison notamment des émotions qu'il provoquent le mot violence se situe au sommet de la liste des termes qui présentent un danger de ce double point de vue en effet poursuit-il violence que note fortement un comportement illégitime et inacceptable."

      • Cit. Jean-Luc Nancy sur la question interne de la violence : "il y a aujourd'hui une question de la violence qui n'est pas simplement une question externe ouvrant sur la résistance éthique et politique aux violences effectives... mais aussi une question interne à savoir quelque chose de la violence ou de ce qui est trop rapidement classé sous l'unique terme de violence reste à penser au par-delà son évidente condamnation l'essence de la violence n'est sans doute pas épuisé par sa réprobation"

      • Cit. Gérard Lanclude sur la possibilité d'une ethnographie de la violence : "si l'on fait l'hypothèse qui ne paraît pas déraisonnable qu'aucune société ne l'ignore que chacune s'attache à désigner comme violent certains comportements à l'exclusion d'autres leur confèrent ou non un sens et une fonction et les sanctionne selon des procédures qui lui appartiennent en propre"

      • Cit. Gérard Lanclude sur la nature de la violence : "la violence ne se donne pas d'emblé pour tel sa spécification résulte d'une procédure toujours ouverte de qualification et tout semble se passer comme si la notion de violence chargée de représentation composite référait à des phénomènes de nature très différente"

      • Cit. Élisabeth Claveri sur le regard de l'ethnographe : "chacun sait bien ce que la violence ce que violence veut dire et est à même de la reconnaître sous des formes extrêmement diverses dans différentes sociétés étudiées peut-être parce qu'il en a l'expérience dans l'univers dont il est lui-même indigène"

      • Cit. Françoise Héritier pour une définition large de la violence : "appelons violence toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible d'entraîner la terreur le déplacement le malheur la souffrance ou la mort d'un être animé tout acte d'intrusion qui a pour effet volontaire ou involontaire la dépossession d'autruie le dommage ou la destruction d'objets inanimés"

      • Cit. Michel Napels interrogeant l'extension de la définition de la violence : "est-il légitime écrit-il de rassembler les objets inanimés les animaux et les humains dans un même registre d'expérience ?"

      • Cit. Johan Galtung sur la violence structurelle : "La violence s'exerce lorsque des êtres humains ne se réalisent pas physiquement et mentalement comme il devrait le pouvoir du fait de facteurs qui ont sur eux une influence négative"

      • Cit. Paul Farmer sur la distribution du sida et de la tuberculose en Haïti : "que la distribution du sida et de la tuberculose comme celle de l'esclavage autrefois est historiquement et économiquement déterminé et qu'elle est en relation avec le racisme l'inégalité genrée et la pauvreté massive"

      • Cit. Bourdieu et Passeron sur la violence symbolique : "tout pouvoir de violence symbolique c'est-à-dire tout pouvoir qui parvient à imposer des significations et à à les imposer comme légitime en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force ajoute sa force propre c'est-à-dire proprement symbolique à ses rapports de force"

      • Cit. Michel Perrot sur la "pensée claustrale" dans La domination masculine : "une pensée claustrale à force d'être implacable dont la rigueur consiste en la mise en ordre de matériaux soumis à la question d'une grille contraignante"

      • Cit. Robert Bernasconi sur la reconnaissance de la violence : "quel moyen avons-nous de reconnaître la violence lorsqu'elle est dissimulée dans les institutions et occulté par les revendications de légitimité ?"

      • Cit. Anna Arendt sur la distinction entre pouvoir et violence : "power correspond à la possibilité non seulement d'agir mais d'agir de concert car il relève pas de l'individu mais du groupe... Violence enfin se distingue par son caractère instrumental"

      En résumé, ces extraits offrent une exploration approfondie des défis rencontrés par les sciences sociales dans l'étude de la violence, tout en soulignant l'importance cruciale d'élargir sa compréhension au-delà des manifestations physiques pour inclure les dimensions structurelles et symboliques qui affectent profondément les corps et les vies.

      La difficulté de définir la violence devient alors moins un obstacle qu'une invitation à une analyse critique constante.

    1. Note de Synthèse : Démocratie Participative et Outils

      Source : Extraits de "Démocratie participative : quels outils ?" (Conférence/Table Ronde)

      • Introduction : La source analyse la démocratie participative en se concentrant sur la notion d'« ingénierie de la participation ».

      Elle compare notamment le Grand Débat National (GDN) et la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) pour illustrer l'impact du design et de la conception des dispositifs sur leur qualité, leur portée et leur légitimité.

      Les intervenants soulignent l'importance de l'ingénierie non pas comme une simple neutralité instrumentale, mais comme une manifestation de théories politiques en acte, porteuses de valeurs et produisant des effets concrets.

      La discussion aborde également le rôle des acteurs locaux et des outils numériques (civic tech) dans le paysage de la participation.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • La Démocratie comme Égalité des Intelligences et Aptitude Universelle à la Réflexion Politique :
      • La source commence par rappeler le principe fondamental de la démocratie, "qui consiste à acquiescer au principe de l'égalité des intelligences".
      • S'appuyant sur Jacques Rancière, il est souligné que "n'importe qui est apte à réfléchir aux enjeux qui nous sont communs et que la politique relève de réflexion de considérations qui ne concerne aucune compétence spécifique". Cette idée pose la base théorique de la participation citoyenne large.
      • L'Ingénierie de la Participation : Une Dimension Essentielle et Non Neutre :
      • Le terme "ingénierie" est central, défini comme "la personne qui élabore dresse les plans d'ouvrages d'art de machines et parfois on dirige on surveille l'exécution". Appliqué à la participation, il s'agit de concevoir et piloter des dispositifs.
      • L'ingénierie n'est pas neutre : "les choix de procédure de participation la manière dont on va articuler les outils ne sont pas neutres".
      • Elle "porte bien l'intention politique et elle embarque elle embarque un projet".
      • Une critique de l'idée d'une démocratie "sauvage" ou "radicale" venant uniquement d'en bas est formulée. L'institutionnalisation et l'organisation de la participation sont jugées nécessaires et non nécessairement dénaturantes, contrairement à une vision "risquée et limitative" qui craint toute mise en forme.
      • Inversement, l'absence de structure peut mener à la "tyrannie de l'absence de structure", où des rapports de domination invisibles se développent.
      • Les outils ne sont pas de simples instruments ; "ils sont aussi des théories politiques en actes", porteurs de valeurs et produisant des effets.
      • Comparaison entre le Grand Débat National (GDN) et la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) :
      • Ces deux dispositifs sont présentés comme "deux exercices participatifs" aux dynamiques contradictoires.
      • Grand Débat National :Conçu comme une "réponse politique en forme de conte politique de coups" au mouvement des Gilets Jaunes.
      • Il a été une "concession procédurale", offrant la possibilité de s'exprimer sans pour autant garantir des concessions substantielles sur le fond.
      • Il a "contribué aussi à disqualifier les gilet jaune" en opposant les "bons citoyens" (débattant calmement) aux "mauvais citoyens" (manifestant violemment).
      • La plateforme numérique était un outil de "pure et simple consultation d'agrégation de d'opinion individuelles", s'apparentant à un "vaste opération de sondages" plutôt qu'à de la délibération.
      • Il a souffert d'un manque d'impartialité dans son pilotage, ce qui a généré de la suspicion.
      • La "masse absolument gigantesque" de contributions n'a pas été correctement analysée ni synthétisée de manière accessible au grand public.
      • Il a donné le "sentiment finalement d'un exercice présidentielle de communication politique au risque de discréditer et de disqualifier cette fois ci la démocratie participative au regard des français".
      • Malgré ses limites, il a été une "première période de purge" et un "premier pas" vers la démocratie numérique, ayant potentiellement contribué à "reconnecter de la confiance interpersonnelle entre les citoyens" via les réunions locales.
      • Convention Citoyenne pour le Climat :Présentée comme "l'anti grand débat", issue d'une "coproduction" entre l'exécutif et une volonté de répondre à la demande écologique et aux Gilets Jaunes.
      • Caractérisée par un "design" et une "technologie" (au sens de conception du dispositif) visant l'impartialité et la véritable délibération.
      • Pilotage impartial par un "comité de gouvernance" pluripartite et indépendant.
      • Accueillie par le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), garantissant une absence de tutelle de l'exécutif.
      • Organisation du temps (six rencontres sur quatre mois) pour permettre aux citoyens de "s'approprier l'information" et les enjeux.
      • Question posée aux citoyens : "comment diminuer d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de d'ici 2030... et dans un esprit de justice sociale", avec maîtrise des réponses sur les mesures législatives.
      • Représentativité de la société française par tirage au sort, incluant des publics généralement absents des arènes participatives habituelles (jeunes, précaires, sans diplôme).
      • L'exécutif s'est engagé à transmettre les propositions "au parlement ou au référendum".
      • Enjeux de la Démocratie Participative :
      • Compenser les défaillances de la démocratie représentative : Particulièrement face à l'"urgence climatique" qui pourrait rapidement empêcher de "nous gouverner démocratiquement". L'enjeu est de "sauver la planète le climat mais la démocratie en même temps", d'une manière "qui ne soit pas autoritaire".
      • Articuler démocratie institutionnelle et contestataire : La "démocratie contestataires qui s'exprime dans la rue" doit trouver des "débouchés". Il doit y avoir une "synergie entre ces mouvements".
      • Vérifier les consensus : Tester ce que la société est "prêt à accepter" en termes de mesures.
      • Lien à la décision : C'est le "nerf de la guerre". Il faut "faire reconnaître essayer de mettre au jour un lien entre ce qui se dit dans ces dispositifs et les décisions qui sont prises". L'importance de la justification par les élus des décisions prises, même si elles ne suivent pas totalement les préconisations citoyennes.
      • Déclinaison territoriale des politiques publiques : La participation est un "véritable laboratoire" dans les territoires, permettant de "décliner les politiques publiques beaucoup plus finement" en tenant compte des singularités locales. Exemple du projet Garonne Amont face au changement climatique.
      • Défis de l'Analyse et de la Représentativité dans la Participation de Masse :
      • La "notion de synthèse" est jugée "l'enfer" face à une masse de contributions "incalculables" et intéressantes. L'idée n'est pas de produire un "top 5 des grandes propositions" mais un "référentiel qui est l'exact expression de l'expression citoyenne".
      • L'application de théories comme les "arbres de connaissances" pour représenter les consensus (le tronc) et les oppositions ou idées spécifiques (les branches et les feuilles) est préférée à une simple agrégation.
      • La question de la légitimité de la masse de données se pose : "on ne sait pas qui la parole". L'anonymat (sauf pour les codes postaux) dans le GDN a empêché de "construire la légitimité au niveau de la représentativité".
      • Un mini-public comme la CCC (150 citoyens) peut produire une "richesse une qualité de délibération" supérieure à une masse de 500 000 contributions non délibératives.
      • Le Rôle des Outils Numériques (Civic Tech) et la Pédagogie Civique :
      • Des outils comme les comparateurs de programmes politiques (Wax) visent à rendre l'information "claire et efficace", en particulier pour les jeunes.
      • La civic tech cherche à "faire de la sensibilisation" et dire : "toi aussi tu as droit d'avoir une idée".
      • L'idée est de rendre l'information politique "plus accessible plus interactive" (via des chatbots par exemple) pour amener progressivement les citoyens à se positionner et à s'engager ("le niveau zéro de l'engagement").
      • Il s'agit d'"éduquer notre audience" pour leur montrer qu'ils sont "légitime" et que "la démocratie c'est à elle".
      • Il faut accepter qu'il n'y ait pas que la démocratie délibérative "dans les règles de l'art". La "première marche" (comme répondre à un questionnaire simple) est déjà "pas mal" et peut être un point de départ vers une participation plus profonde.
      • Il faut "prendre le citoyen par la main" et l'accompagner dans son cheminement.
      • La Délibération comme Pierre Angulaire de la Légitimité Démocratique :
      • Une forte conviction dans l'idée que "pour qu'une décision soit légitime il faut que ceux qui sont affectés par cette décision aient pu en débattre auparavant".
      • La nécessité de "multiplier les occasions de s'exposer au point de vue de l'autre" pour lutter contre la "défiance généralisée à la fois horizontal et vertical".
      • La délibération permet de "progresser dans la réflexion" et de réaliser qu'on ne dispose pas de toutes les informations, comme l'illustre l'exemple du citoyen face au fiscaliste dans une réunion locale.
      • Faire le "pari de l'intelligence de tous" implique le "corollaire" de la "responsabilité de tous". La question est : "jusqu'où je suis prêt à m'engager", "de passer de la posture de spectateurs à la posture de d'auteur du monde qui m'entoure ensuite à celle d'acteur".
      • Défis et Risques :
      • L'Instrumentalisation : Risque que la participation soit perçue et utilisée uniquement comme un outil d'acceptabilité ou de communication politique.
      • L'Enfumage : La crainte des citoyens d'être manipulés ou que leur participation ne mène à rien.
      • Le Lien à la Décision Effectif : Malgré de bonnes procédures, les recommandations ne sont pas toujours reprises ou justifiées par le pouvoir politique.
      • L'Influence et les Biais : Les dispositifs de masse sont sensibles aux biais (salariés d'une industrie dominante dans une consultation par exemple) et aux jeux d'influence. Il est crucial de "savoir qui parle" et de prendre en compte ces dynamiques.
      • Le Risque de Discrédit : Utiliser des outils comme la CCC sur des sujets majeurs et clivants comporte le risque, en cas d'échec (faible impact sur la décision, résultats jugés tièdes, ou rejet par référendum), de discréditer l'outil lui-même.

      Conclusion :

      La source met en évidence la complexité de la démocratie participative, loin d'une simple opposition entre "bons" et "mauvais" outils.

      L'efficacité et la légitimité des dispositifs dépendent crucialement de leur "ingénierie" (conception, pilotage, règles) et de leur capacité à favoriser une véritable délibération, à garantir l'impartialité, à s'articuler avec le processus décisionnel et à prendre en compte la diversité des formes de participation (de la simple consultation à la délibération profonde, du niveau national au local).

      Les outils numériques peuvent jouer un rôle important de porte d'entrée et de pédagogie civique, mais ne remplacent pas la nécessité de rencontres et d'échanges pour construire la confiance et la compréhension mutuelle.

      Le principal obstacle reste souvent la "volonté politique de faire en sorte qu'elles servent effectivement à à démocratiser la démocratie", en utilisant le plein potentiel des technologies et méthodes disponibles et en les articulant de manière significative avec les lieux de pouvoir.

    1. Briefing Document : Les formes de la violence et le silence des sciences sociales

      Source : Extraits de "Les formes de la violence (1) - Didier Fassin (2024-2025)"

      Date : 2024-2025

      Sujet : Analyse de la diversité des formes de violence dans les sociétés contemporaines et exploration des raisons du silence historique des sciences sociales (anthropologie et sociologie) à son égard.

      Points Clés :

      L'Omniprésence et la Diversité de la Violence :

      • La violence est décrite comme "omniprésente dans les sociétés contemporaines", se manifestant sous une multitude de formes : massacres de populations, violence d'État, terrorisme, meurtres entre bandes rivales, brutalisation par les forces de l'ordre, torture, travaux forcés, maltraitance infantile, abus sexuels, agressions verbales, humiliations.
      • La publicisation de la violence par divers acteurs (mouvements sociaux, associations, journalistes, organisations de droits humains, sciences sociales) la rend visible "de l'intime au global".
      • Cependant, cette visibilisation s'accompagne d'une logique "symétrique d'invisibilisation", où "chaque dévoilement de violence... est simultanément une révélation de ce qui était jusqu'alors occulté", mais cette mise au jour "éclaire certaines pratiques en opacifie souvent d'autres plus ordinaires ou mieux protégés".
      • L'auteur insiste sur le fait que l'exposition accrue à la violence n'implique pas nécessairement que les sociétés soient plus violentes (certaines formes étant en déclin, d'autres en expansion), mais qu'elle est "plus exposée à [leur] réalité" par la "politisation ou [la] médiatisation".
      • La qualification de "violence" recouvre des faits "divers[s] et même l'hétérogénéité", rendant difficile l'identification d'un unique plus petit dénominateur commun.
      • Au-delà de la "physicalité ou la corporéité" (violences physiques), la violence peut affecter "la personne en tant qu'elle est précisément une personne" par l'atteinte à "l'estime de soi" et la génération de "honte" (dimension "psychologique voire morale").

      Les sciences sociales ont encore étendu la notion de violence, notamment avec :

      • La "violence structurelle" (Johan Galtung) : Causes sociales empêchant la satisfaction des besoins élémentaires, causant "plus de morts que les homicides".
      • La "violence symbolique" (Pierre Bourdieu) : Intégration de normes et croyances conduisant à la "naturaliser les rapports de domination".
      • Cette liste (physique, morale, structurelle, symbolique) n'est pas exhaustive et d'autres typologies existent (coloniale, totalitaire, génocidaire, suprémaciste, révolutionnaire, d'état, médicale, gynécologique, reproductive).

      L'Oubli Historique de la Violence par l'Anthropologie et la Sociologie :

      • L'auteur souligne un "mystère scientifique" : comment interpréter que les sciences sociales aient "si longtemps ignoré la question de la violence" malgré son "omniprésence aujourd'hui comme hier ici comme ailleurs" ?
      • Ce silence est d'autant plus surprenant que la violence a été "au cœur des théories politiques et morales" depuis des siècles et que le XXe siècle a été marqué par des conflits et des atrocités majeures.
      • Les encyclopédies et dictionnaires majeurs de ces disciplines jusque dans les années 1970-1980 montrent une absence notable d'entrées spécifiques sur la violence, ou la réduisent à des phénomènes particuliers (conflits sociaux, crime violent).
      • Pendant les "100 premières années de leur existence", l'anthropologie et la sociologie "ont ignoré la question de la violence".
      • Ce "mutisme" "dit quelque chose des épistémologies et des politiques des sciences sociales, de la façon dont elles abordent les faits sociaux".

      Raisons de l'Évitement de la Violence en Anthropologie :

      • L'analyse d'Orin Starn sur l'"andinisme" (approche culturaliste ignorant les mouvements de l'histoire) explique comment l'anthropologie du monde Andin a pu "manquer la révolution" (le Sentier lumineux) en se focalisant sur les traditions et le symbolique, rendant "invisible l'effervescence de ces sociétés".
      • Cette analyse peut s'appliquer plus largement à l'anthropologie qui a longtemps ignoré les violences internes et externes (colonisation) dans les sociétés étudiées.
      • Le "déni" de la violence est lié à la construction de l'anthropologie autour du "créneau du sauvage" (Michel Rolph Trouillot), un espace imaginaire occidental utilisé pour représenter l'autre.
      • Ce mythe du "bon sauvage" ou du "cannibal barbare" a conduit les anthropologues à se focaliser sur la "culture" pour saisir l'altérité, maintenant "à distance" l'autre tout en étant "aveugle à la violence coloniale".
      • La dualité "the West et Rest" et la "ligne de partage" physique et morale entre l'anthropologue et ses "informateurs" (illustrée par la photo et le journal de Malinowski) a contribué à une "essentialisation des autres".
      • Les théories dominantes (culturalisme, fonctionnalisme, structuralisme) ont privilégié une lecture "conservatrice", cherchant "plus à établir des permanences qu'à saisir des ruptures", se concentrant sur "ce qui assure l'unité et la continuité des sociétés".
      • L'anthropologie a longtemps été une "discipline de l'ordre social" où le "désordre que représente la violence n'avait guère sa place". Ce n'est qu'avec l'abandon des théories générales et une attention accrue aux faits, irrégularités et conflictualités que la violence est "progressivement apparue".
      • Les "conditions même de possibilité de [la] recherche [anthropologique] étaient lié[e]s à l'histoire des violences de la colonisation", dont les anthropologues ont été "observateurs participants et les prolifiques bénéficiaires", même s'ils n'en ont pas toujours été les "complices".

      Raisons de l'Évitement de la Violence en Sociologie :

      • Malgré des précurseurs allemands comme Georg Simmel (sur le conflit) et Max Weber (sur le monopole de la violence légitime par l'État), la sociologie a semblé "oublier" ces approches pendant une longue période.
      • Les théories dominantes, notamment l'héritage "durkheimien" et le "fonctionnalisme" (Parsons, Merton), ont été centrales pendant un demi-siècle. Cette approche, centrée sur "ce qui fait système dans le monde social" et "ce qui en préserve l'équilibre", rendait "difficile de penser la violence".
      • Même les critiques du fonctionnalisme, comme Lewis Coser, ont analysé le conflit d'un point de vue fonctionnel, le considérant comme un "facteur positif qui contribue à la dynamique sociale", écartant ainsi "explicitement" l'étude de la violence.
      • Il existe une "logique institutionnelle elle-même tributaire d'enjeux théorique[s]" dans cet évitement.
      • Une deuxième raison est liée à une "certaine conception de l'histoire" : l'idée d'une "progressive pacification des sociétés" avec la "modernité", en contraste avec les sociétés prémodernes perçues comme plus violentes.
      • Cette représentation s'appuie sur la théorie de Weber (monopole étatique de la violence légitime) et la thèse de la "civilisation des mœurs" de Norbert Elias.
      • La thèse d'Elias, qui décrit la maîtrise des pulsions et de l'agressivité due à l'autorité étatique et aux changements de sensibilité, a été utilisée (ou légitimée par) l'idée commune d'une pacification, "contribuant à légitimer l'indifférence à la violence". L'auteur note l'ironie du contexte historique (nazisme, guerre) dans lequel Elias a écrit son livre.
      • L'Épistémologie de l'Ignorance et l'Influence de l'Identité du Chercheur :
      • Au-delà des théories, l'auteur explore l'influence des "représentations communes" et du "sens commun" des chercheurs sur leur travail.
      • L'analyse de Charles Mills dans The Racial Contract révèle une "épistémologie de l'ignorance" en philosophie, où l'omission du "contrat racial" reflète les privilèges raciaux des auteurs blancs qui ne perçoivent pas leur position comme une forme de domination.
      • Cette "asymétrie des points de vues" conduit à une "disjonction entre la réalité officielle blanche et l'expérience réelle noire", menant à une "double conscience" (W.E.B. Du Bois) chez les sujets de la domination.
      • L'homogénéité "ethnoraciale et genrée" de l'anthropologie et de la sociologie a longtemps contribué à un "certain conservatisme de leur vision du monde".
      • Si les disciplines avaient compté plus de femmes ou de personnes racisées/ethnicisées ayant l'expérience de la colonisation, de l'esclavage, de la ségrégation ou de la répression policière, "l'étude des sociétés aurait été alors différente", ce qui était occulté serait devenu visible.
      • Les développements théoriques extérieurs (CLR James, Walter Rodney, Aimé Césaire, Franz Fanon, James Baldwin, etc.) issus de positions marginales ou militantes ont "contribué au renouvellement critique de l'anthropologie et de la sociologie".
      • Même si des femmes et des minorités étaient présentes dans les premières décennies, elles ont souvent été "victimes d'une institution académique patriarcale [et] discriminante", marginalisées ou oubliées.
      • Bien qu'il faille éviter une "relation causale mécanique" entre les caractéristiques sociales et la production scientifique, l'auteur suggère fortement que l'homogénéité du corps des chercheurs a participé au silence sur la violence.

      Conclusion de l'Auteur :

      Le cours commence par une discussion de la manière dont les sciences sociales ont "éludé, évité, esquivé" la violence, tel un objet "sous leurs yeux omniprésente et inquiétante".

      Cet examen rétrospectif critique est "indispensable" pour comprendre "la manière dont tout savoir est constitué", notamment en sciences sociales.

      Pour comprendre les mondes sociaux, il faut analyser les disciplines qui en produisent la connaissance, avec leurs "point[s] aveugle[s] et leur[s] silence[s] troublant[s]", et donc leur "épistémologie de l'ignorance". Implications pour le Cours :

      Le cours "Les formes de la violence" explorera la diversité de ces formes.

      Il s'inscrit dans une trilogie avec "Les épreuves de la frontière" et "La faculté de punir", analysant la "face obscure des sociétés contemporaines" et "l'inégalité des vies".

      Il mobilisera une large gamme de sources, s'appuyant sur les recherches passées de l'auteur (Sénégal, Équateur, Afrique du Sud, France, Venezuela, Irak, Palestine, etc.) et des travaux plus récents (situation israélo-palestinienne).

      L'approche sera non pas d'une "théorie unifiée" mais de dégager des "lignes d'interprétation".

    1. NOTE DE SYNTHÈSE

      Sujet : La production sociale des inégalités de santé : Le cas de la vaccination et de la crise COVID-19

      Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (4) - Nathalie Bajos (2024-2025)" - Intervention de Jérémy Vart

      Date : 2024-2025 (selon la source)

      Introduction :

      • L'intervention de Jérémy Vart, sociologue et chercheur à l'INSERM, s'inscrit dans une séance dédiée à la production sociale des inégalités de santé, en se focalisant spécifiquement sur les enjeux de vaccination, notamment dans le contexte de la crise COVID-19.

      S'appuyant sur l'intensification récente des travaux en sciences sociales sur les rapports aux vaccins, l'analyse vise à contextualiser les observations faites pendant l'épidémie de COVID par rapport à d'autres vaccins et aux données antérieures à la crise.

      L'exposé s'articule autour de trois paradoxes majeurs qui émergent de l'étude des "rapports ordinaires au vaccin", c'est-à-dire les processus de réflexion et de décision des usagers.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • L'évolution de la recherche en sciences sociales sur la vaccination :
      • Il y a eu un regain d'intérêt pour les maladies infectieuses et la vaccination dans les sciences sociales depuis la grippe AH1N1 en 2009-2010.
      • La période COVID-19 a vu une intensification sans précédent de ces travaux, comme en témoigne l'augmentation significative du nombre de publications annuelles sur le sujet dans des bases de données comme PubMed.
      • Ce développement a permis d'obtenir des analyses beaucoup plus fines et riches des inégalités sociales face à la vaccination.
      • Cependant, malgré les progrès, de nombreuses questions nouvelles et sans réponses claires subsistent, soulevées par la combinaison de ces analyses et des transformations majeures du monde de la vaccination.
      • Citation clé : "...on a vu euh un regain d'intérêt pour les maladies infectieuses et la et la vaccination et on a notamment vu une multiplication des travaux de de de sciences social sur les rapports ordinaires au vaccin euh et qui s'est encore plus intensifié pendant la période de de la COVID-19..."

      Distinction Attitude/Comportement en matière de vaccination :

      • Une distinction cruciale, bien que potentiellement simpliste, est faite entre ce que les gens font (comportement, souvent mesuré par la couverture vaccinale) et ce que les gens pensent (attitude, incluant les réflexions, doutes, changements d'avis).
      • Cette distinction est fondamentale car elle met en évidence une disjonction fréquente : de nombreuses personnes se font vacciner malgré des doutes persistants, souvent sous l'effet de pressions sociales, notamment les dispositifs de contrainte et d'obligation (comme le pass sanitaire pendant le COVID-19).
      • Inversement, des personnes favorables à la vaccination peuvent ne pas se faire vacciner en raison d'obstacles (matériels, temporels) ou d'un simple oubli lorsque l'intention n'est pas très forte.

      • Citation clé : "...de nombreuses nombreuses personnes se font vacciner malgré la persistance de doute fort malgré le fait qu'ils n'ont pas été convaincus de l'utilité de tel ou tel vaccin on l'a notamment vu pendant l'épidémie de COVID-19 après la mise en place du du pass sanitaire..."

      Gradient Social des Comportements Vaccinaux (Couverture Vaccinale) : * Le constat d'un gradient social de la vaccination contre le COVID-19 (les personnes en bas de l'échelle sociale étant moins vaccinées) est largement confirmé par de nombreuses études utilisant diverses données (enquêtes par questionnaire, analyses de couverture vaccinale). * Ce gradient n'est pas spécifique au COVID-19 ni à la période récente ; il existe sur d'autres vaccins (comme ROR, grippe) et était déjà observable avant l'épidémie de COVID, bien que les données COVID soient peut-être les meilleures pour étudier ces inégalités. * Ce gradient est également observé dans la plupart des pays qui publient des données sur le sujet, les plus diplômés et les plus aisés étant généralement davantage vaccinés. * Citation clé : "...cette sous-vaccination des publics en bas de l'échelle sociale elle est pas restreinte à la vaccination contre contre le Covid ... On la retrouve sur d'autres vaccins au cours de cette période du Covid..." * Mécanismes Expliquant le Gradient Social des Comportements : * Se faire vacciner nécessite de mobiliser diverses ressources : * Ressources matérielles : coût (même si le vaccin COVID était gratuit, d'autres ne le sont qu'à 70% par la sécurité sociale, laissant la question de l'avance des frais et des complémentaires santé), transport, mais surtout le temps et la disponibilité mentale. Le circuit de vaccination en France, notamment en médecine libérale (prescription, récupération, injection), repose une charge importante sur la personne. * Ressources culturelles : maîtrise des outils d'information, de la langue, connaissance du système de santé. La maîtrise de plateformes en ligne comme Doctolib a favorisé l'accès des plus aisés. * L'offre vaccinale : La manière dont le système de santé prend en compte (ou non) ces différences d'accès est cruciale. Les facteurs favorisant de fortes couvertures vaccinales observés dans d'autres pays incluent : * L'organisation du système de soins autour de centres de santé locaux (guichet unique, association de la vaccination à d'autres prises en charge). * Le développement d'actions ciblées pour les publics éloignés du système de santé (partenariats communautaires, adaptation de la communication, y compris linguistique). * Paradoxe 1 : L'efficacité de la routine institutionnelle (la dissolution de la décision individuelle) : * L'efficacité de la vaccination en centres de santé (comme les PMI en France, fréquentées par des publics plus défavorisés mais dont les enfants sont mieux vaccinés) suggère que la réduction des inégalités passe moins par l'augmentation des ressources des individus pour en faire des "citoyens sanitaires éclairés" que par la simplification et la routinisation de l'acte vaccinal. * Une politique vaccinale est d'autant plus efficace que l'usager a le moins besoin de s'investir. La vaccination par défaut, intégrée à une prise en charge globale et ne nécessitant pas un investissement cognitif important, minimise le rôle de la décision individuelle. * Des études anciennes (comme celles de Marenko et Govedarik sur les PMI de Rennes dans les années 70) ont montré que des publics très défavorisés, peu informés sur les vaccins, avaient leurs enfants très bien vaccinés car l'acte était rendu "évident, voire invisible" au sein d'une prise en charge de confiance et régulière. * Citation clé : "...le succès de la vaccination en centre de santé nous rappelle aussi qu'une politique vaccinale elle est d'autant plus efficace que l'usager a le moins besoin de s'investir dans celle-ci la politique vaccinale elle est jamais aussi efficace que lorsqu'elle est routinisée et que l'usager n'a que peu de décisions à prendre..." * Gradient Social des Attitudes Vaccinales : * Un gradient social des attitudes (défiance, hésitation) à l'égard de la vaccination COVID est également observé dans de nombreuses enquêtes. Ce gradient est fortement lié aux "mauvaises expériences et au manque de confiance à l'égard des acteurs investis dans les politiques vaccinales", comme l'a souligné Nathalie Bajos. * Cependant, ce gradient social des attitudes n'est pas toujours retrouvé sur d'autres vaccins ou dans d'autres pays. Les Baromètres Santé de Santé publique France montrent que les différences d'attitude selon le diplôme et le revenu étaient faibles, voire inexistantes, avant 2009, se renforçant après, et surtout à partir de 2017-2018 et pendant le COVID-19. * Paradoxe 2 : L'acceptation malgré la défiance institutionnelle : * Ce paradoxe réside dans le fait qu'une large part des personnes ne faisant pas confiance aux décideurs politiques et aux autorités de santé "épargnent les vaccins de leur regard critique" ou, du moins, ont une confiance suffisante pour certains vaccins. * Les données d'enquête montrent que même parmi les personnes déclarant ne pas avoir du tout confiance dans les agences de santé, une minorité seulement est défavorable aux vaccins en général, et encore moins à des vaccins spécifiques comme le ROR. * Ce paradoxe renvoie aux analyses de Beck et Giddens sur la confiance dans la modernité : face à la complexité des risques, l'enjeu est de savoir sur quels sujets être vigilant, car il est impossible de se méfier de tout. Les mobilisations, débats publics et l'actualité médiatique jouent un rôle crucial en signalant les sujets "problématiques". * L'émergence de controverses publiques visibles sur les vaccins en France est relativement récente (fin des années 90 pour l'hépatite B, intensification depuis H1N1 en 2009) et semble être un élément essentiel pour que les inégalités sociales se reflètent dans les perceptions vaccinales. * Citation clé : "...une grande partie des personnes qui ne font pas confiance aux décideurs politiques euh et aux autorités de santé épargne les vaccins de leur de leur regardard critique de leurs doutes de leur méfiance..." * La politisation de la vaccination : * Dans les années précédant la crise et pendant celle-ci, les personnalités politiques ont de plus en plus pris part aux débats sur la vaccination, intégrant la question dans la compétition partisane. * Cela se reflète dans les attitudes du public : depuis environ 2018, un gradient politique des rapports aux vaccins est observé. Pendant le COVID-19, les personnes se sentant proches des partis d'extrême gauche ou d'extrême droite, ainsi que celles ne se sentant proches d'aucun parti, ont montré des intentions de vaccination et des taux de vaccination inférieurs à ceux proches du centre (qui montrent une "sur-vaccination"). * Ces différences persistent même en contrôlant d'autres facteurs socio-démographiques (âge, éducation, revenu). La confiance institutionnelle et le degré d'engagement politique sont des facteurs très importants d'hésitation. * Cette politisation redouble les logiques d'inégalité en recoupant les inégalités de santé avec des inégalités politiques. * Le rôle des pratiques informationnelles et le "manque de culture scientifique" : * L'idée courante selon laquelle les doutes s'expliquent par le manque de culture scientifique (un "gradient de compétences culturelles/cognitives") est examinée. * Le diplôme est associé à plus de vaccination et d'attitudes favorables. Des indicateurs de littératie en santé ou scientifique sont également associés à moins d'hésitation vaccinale dans certaines études. * Cependant, ce lien est à tempérer : * Ces variables perdent beaucoup de leur pouvoir explicatif lorsqu'on intègre la confiance dans l'analyse. Les différences d'éducation cachent en partie des différences de niveau d'engagement politique et de confiance institutionnelle. * Le diplôme n'est pas un "bouclier parfait" : l'hésitation vaccinale est répandue, même parmi les plus diplômés (une part significative des Bac+3 et Bac+5 avaient des doutes ou n'avaient pas l'intention de se faire vacciner contre le COVID-19 à certains moments). * Paradoxe 3 : Les ressources culturelles peuvent favoriser la susceptibilité aux discours critiques : * Les femmes ont tendance à être plus hésitantes que les hommes en matière de vaccination. Ceci n'est pas lié à un manque de compétences, mais potentiellement à leur "plus grande propension à s'investir sur les questions de santé", à s'y intéresser, à s'informer auprès de diverses sources. * Ces dispositions, qui devraient en principe favoriser une attitude favorable, peuvent jouer en sens inverse en les rendant plus susceptibles de croiser des discours critiques sur les vaccins et d'y voir un écho (références à des scandales passés, inégalités sociales de santé, etc.). * Il existe des formes "très compétentes" d'hésitation vaccinale. Une logique d'investissement dans la santé ("healthism" ou "santéisme"), combinée à une confiance limitée dans les acteurs de santé publique, peut produire autant de réticence que l'absence d'investissement. * La "désinformation" ne se réduit pas à une distinction claire entre vrai et faux. Les critiques des vaccins imitent souvent les modes de communication scientifique, rendant la frontière floue pour le public. Le choix de croire l'un ou l'autre repose finalement sur la confiance accordée aux institutions et aux types de sources d'information consultées. * Citation clé : "...dans certains cas c'est au contraire le fait même de disposer des ressources euh qui euh favorisent la susceptibilité au discours critique des vaccins..." * Conclusion : Nécessité d'articuler inégalités sociales, pratiques culturelles et transformations médiatiques : * La littérature sur la désinformation s'est trop focalisée sur les connaissances et capacités cognitives, ce qui a conduit à une "dissolution de la thématique des inégalités sociales". * Comprendre la désinformation et le rôle des réseaux sociaux nécessite de replacer ces dimensions dans un cadre d'analyse plus large qui articule les inégalités sociales, les pratiques culturelles (socialement situées, liées aux socialisations de classe, genre, race), et une analyse fine de la transformation des espaces médiatiques (y compris l'émergence de médias mainstream d'extrême droite diffusant de fausses informations). * Ne pas adopter cette perspective risque de retomber sur des "tropes qui assignent le public à l'irrationalité", ce qui renforce le fossé perçu entre décideurs et public et contribue davantage au problème qu'à sa solution.

      Points Importants à Retenir :

      • Les inégalités sociales dans la vaccination sont un phénomène bien établi en France et ailleurs, non spécifique au COVID-19.
      • La disjonction entre attitudes et comportements est importante : le comportement vaccinal est influencé non seulement par les croyances mais aussi par les pressions sociales et les obstacles d'accès.
      • L'efficacité de la vaccination peut résider moins dans la facilitation de la décision individuelle éclairée que dans la routinisation et l'intégration de l'acte dans une prise en charge globale simplifiée.
      • Le gradient social des attitudes vaccinales en France est un phénomène relativement récent, lié à l'émergence de controverses publiques et à la politisation du sujet.
      • La défiance institutionnelle n'implique pas nécessairement une défiance envers tous les vaccins ; les mécanismes de confiance sélective et l'influence des débats publics sont cruciaux.
      • Les ressources culturelles et l'engagement sur les questions de santé peuvent, paradoxalement, augmenter la sensibilité aux discours critiques sur les vaccins.
      • Une compréhension adéquate des rapports à la vaccination et de la "désinformation" nécessite d'intégrer les dimensions d'inégalités sociales, de pratiques culturelles et de transformation des espaces médiatiques, au-delà d'une simple focalisation sur les connaissances ou les capacités cognitives individuelles.

      Implications pour la Prévention et les Politiques Publiques :

      • Les politiques vaccinales devraient davantage cibler la simplification de l'accès et la routinisation de l'acte, en s'inspirant potentiellement du modèle des centres de santé locaux.
      • La communication doit être adaptée aux divers publics, en tenant compte des barrières linguistiques et culturelles, ainsi qu'en s'appuyant sur des acteurs communautaires de confiance.
      • Il est crucial de comprendre les mécanismes complexes par lesquels la défiance et les controverses s'articulent avec les inégalités sociales et les pratiques informationnelles pour mieux y répondre.
      • Éviter les discours qui essentialisent la "désinformation" et stigmatisent le public en termes d'irrationalité ou de manque de savoir.
      • Cette note de synthèse vise à capturer l'essence de l'intervention de Jérémy Vart, en soulignant les principaux arguments et les paradoxes qu'il met en évidence pour enrichir la compréhension des rapports sociaux à la vaccination.
    1. Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:29:01][^2^][2]:

      Cette vidéo présente une conférence de Pierre-Michel Menger sur l'éducation et l'évaluation des performances, avec un accent particulier sur l'orientation scolaire et les inégalités sociales qui en découlent.

      Pascal Bressoux, professeur à l'Université Grenoble Alpes, discute des facteurs individuels, institutionnels et contextuels qui influencent les parcours scolaires des élèves, notamment les choix d'orientation et leur relation avec le statut socio-économique.

      Points saillants: + [00:02:31][^3^][3] Les choix d'orientation * Influencés par les aspirations familiales et les schémas établis * Différences notables selon la catégorie sociale et le sexe des élèves * Phénomène d'autosélection où certains groupes sociaux limitent leurs ambitions + [00:07:04][^4^][4] Facteurs déterminant l'orientation * Travaux de recherche soulignant l'importance des aspirations personnelles * Influence des coûts, des risques et des bénéfices perçus dans la poursuite des études * Sous-estimation de la valeur scolaire personnelle affectant les choix d'orientation + [00:14:07][^5^][5] Étude empirique sur l'orientation en fin de 3e * Analyse des déterminants de l'orientation après le collège * Impact des recommandations du collège sur les vœux d'orientation des familles * Rôle des notes de contrôle continu et de l'indice social dans les décisions d'orientation + [00:20:11][^6^][6] Influence des notes et de l'origine sociale * Les notes en art et technologie ont un effet inverse sur les intentions d'orientation * Les enfants de catégories sociales élevées ont plus de chances de choisir une seconde générale * Les recommandations des collèges tentent de compenser les tendances d'autosélection

      Résumé de la vidéo [00:29:03][^1^][1] - [00:36:31][^2^][2]:

      Cette partie de la vidéo aborde l'éducation et l'évaluation des performances en France, en se concentrant sur l'impact de l'origine sociale sur les recommandations scolaires et les choix d'orientation des élèves.

      L'orateur, Pierre-Michel Menger, examine comment les indices sociaux influencent positivement les recommandations et les vœux des élèves, même à notes et intentions identiques, renforçant ainsi les inégalités sociales.

      Points forts: + [00:29:03][^3^][3] Influence de l'origine sociale * À notes identiques, les recommandations favorisent les élèves de milieux sociaux élevés * Les élèves de catégories favorisées reçoivent plus de recommandations pour la seconde GT * L'institution accentue les biais sociaux existants + [00:31:19][^4^][4] Impact sur les vœux d'orientation * Les vœux sont également influencés par l'origine sociale après les recommandations * Les élèves de milieux favorisés ont tendance à établir des vœux plus ambitieux * Les différences sociales s'accroissent tout au long du processus d'orientation + [00:32:58][^5^][5] Effets contextuels des collèges * Les politiques de notation des collèges affectent les intentions et les vœux des élèves * L'effet "Big Fish Little Pond" influence la perception de soi et les aspirations futures * La composition sociale des collèges a un effet de contagion sur les aspirations des élèves

    1. https://www.youtube.com/watch?v=IWpB1r1B-A0&list=PLX_ensLRxEWDQzzjNvGf2OJPNN3BuNCmv&index=3

      Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:21:12][^2^][2]:

      La vidéo présente une analyse approfondie de la méritocratie, en se concentrant sur les grandes écoles et les classes préparatoires scientifiques en France. Pierre-Michel Menger discute des inégalités d'accès basées sur le genre et l'origine sociale, et explore le fonctionnement interne de ces institutions élitistes.

      Points forts: + [00:00:28][^3^][3] Les grandes écoles et la méritocratie * Examen des concours nationaux comme mécanisme de sélection * Importance historique et universelle des concours + [00:02:16][^4^][4] Avantages et inconvénients des concours * Objectivité et transparence des critères de sélection * Risques liés à la conception des concours et à la chance + [00:03:01][^5^][5] Le rôle de la chance dans la méritocratie * Influence de facteurs aléatoires sur les résultats des concours * Distinction entre mérite et chance dans le succès + [00:06:18][^6^][6] Inégalités dans les classes préparatoires * Accès inégal aux préparations de concours * Hiérarchie et émulation au sein des classes préparatoires + [00:11:09][^7^][7] Classes de niveau et redoublement * Sélection des élèves pour les classes étoilées après la première année * Impact des classes de niveau sur les opportunités et les inégalités + [00:14:27][^8^][8] Classes de niveau et performance éducative * Débat sur l'efficacité des classes de niveau dans l'éducation * Conséquences des classes de niveau sur le classement final des élèves Résumé de la vidéo [00:21:15][^1^][1] - [00:43:18][^2^][2] : La vidéo aborde la méritocratie dans le système éducatif français, en se concentrant sur les classes préparatoires et leur impact sur les inégalités sociales. Pierre-Michel Menger analyse les résultats des concours d'entrée aux grandes écoles et la répartition des élèves selon leur statut socio-économique.

      Points forts : + [00:21:15][^3^][3] Les résultats des concours * Les boursiers sont en moyenne plus en difficulté * Les non-boursiers ont tendance à mieux réussir * Questionnement sur le système de classes préparatoires et son rôle dans la création d'inégalités + [00:22:01][^4^][4] Caractéristiques des élèves * Fort pourcentage d'élèves avec mention très bien au bac * Peu de filles et de boursiers dans les classes préparatoires * Accès aux internats et entraînements supplémentaires + [00:26:04][^5^][5] Répartition en classes étoilées * Les élèves étoilés ont un taux de réussite plus élevé aux concours * Question sur l'effet causal de la répartition en classes étoilées * Impact significatif de l'accès aux classes étoilées sur les résultats aux concours + [00:38:00][^6^][6] Inégalités entre boursiers et non-boursiers * Les boursiers accèdent moins aux classes étoilées * L'écart de réussite aux concours est en partie expliqué par cet accès limité * Importance de considérer l'effet des classes étoilées sur les inégalités sociales Résumé de la vidéo [00:43:20][^1^][1] - [00:49:30][^2^][2]:

      Cette partie de la vidéo discute de la méritocratie dans le contexte des classes préparatoires en France, en se concentrant sur l'institution du redoublement et son impact sur les résultats des concours, en particulier le concours Mines-Ponts. Pierre-Michel Menger analyse les données et révèle des différences de genre dans les taux de redoublement, ainsi que l'attitude des étudiants envers les hiérarchies des écoles d'ingénieurs.

      Points saillants: + [00:43:20][^3^][3] Le redoublement et son impact * Le redoublement a un impact positif sur les résultats en 3e année * Les filles redoublent moins que les garçons * Les non-boursiers redoublent plus que les boursiers + [00:45:30][^4^][4] Les résultats au concours Mines-Ponts * Les résultats varient selon les écoles et les rangs obtenus * Le redoublement peut améliorer significativement les rangs * L'admissibilité est fortement influencée par le redoublement + [00:47:00][^5^][5] Les différences de genre dans la persistance * Les filles montrent moins de persistance dans les environnements compétitifs * Les garçons sont plus sensibles aux hiérarchies des écoles * Les filles sont moins attachées aux hiérarchies entre écoles

    1. Briefing Document : Journée Jean Zoro 2024 – « Quelle EPS voulons-nous ? » (Présentation du Groupe ÉPIC)

      Date : 2024 Source : Extraits de "C. Albertini, J. Candat & L. Lacoste (ÉPIC) : Journée Jean Zoro 2024 « Quelle EPS voulons-nous ? »"

      Présentateurs : Cyril Albertini, Julien Candat, Lucy Lacoste (Groupe ÉPIC)

      Objet : Présentation de la vision et de la démarche du groupe ÉPIC pour l'éducation physique et sportive (EPS) de demain, en réponse à la thématique de la journée.

      1. Introduction du Groupe ÉPIC

      • Le groupe ÉPIC (Éducation Physique et Innovation Pédagogique et Culturelle) célèbre ses 10 ans d'existence en 2024.
      • Il est composé de 15-16 membres actifs et a publié deux ouvrages et environ 70 articles.
      • La présentation est assurée par trois membres aux profils variés (ancienneté, milieu d'exercice, rôles au sein du groupe) afin de croiser les perspectives.
      • Le groupe se nourrit des échanges avec d'autres groupes et approches en EPS (groupe coopération, groupe analyse de pratique, notamment L. Gosman et N. Terré, groupe plaisir). Ils soulignent l'importance de cette synergie collective au sein de l'EPS.

      2. Constats et Aspirations pour l'École de Demain et l'EPS

      Le groupe ÉPIC identifie trois pistes de réflexion majeures pour l'EPS de demain, découlant de constats sur l'école actuelle :

      Une école bienveillante mais pas toujours exigeante pour tous :

      L'objectif est de "stimuler vraiment les élèves qui sont compétents à l'école afin de porter chacun et chacune à son plus haut niveau de talent et de son mérite". Cela passe par :

      • La différenciation pédagogique.
      • "L'enjeu qui nous échère sur l'évaluation exigeante et bienveillante avec nos [attendus et seuils]".
      • Le suivi des élèves.
      • Nécessité de stabilité et de continuité des programmes : Face à une "valse ministérielle", le groupe souhaite une école "stable et réfléchie sur l'intégralité du parcours". Ils notent positivement la stabilité actuelle des programmes collège (depuis 2015) et lycée (depuis 2017 et 2019). Cependant, ces programmes doivent rester "ouverts" et servir de "guide" et d'"appui", non de "prescription" fermée.
      • Une école respectée : Le manque de respect (entre élèves, envers l'enseignant, au sein de la communauté éducative, et de la part des parents) est une préoccupation majeure. L'EPS doit être un "sanctuaire" et rester "imperméable à certains comportements d'incivilité de la société".

      3. L'Évaluation au Cœur de la Démarche ÉPIC : L'Évaluation Légitime au Service des Apprentissages

      L'évaluation est un concept central pour le groupe. Ils visent une "évaluation légitime et qui doit être au service des apprentissages".

      • Clarté des attendus : Il est crucial de se demander "que peut-on raisonnablement attendre de nos élèves dans notre contexte dans cette classe dans tel [activité] par rapport à un niveau de séquence". Cela nécessite de définir un "dispositif un protocole et des indicateurs".
      • Sortir de l'évaluation sanction : Aller vers une évaluation "lisible, positive et compréhensible et au service des apprentissages".
      • Légitimité de l'évaluation : La légitimité de leur approche d'évaluation repose sur deux points :
      • Des évaluations menées avec des "recherches action de terrain" ("conception continuée dans l'usage").
      • La validation des processus d'évaluation par une "analyse" collective (souhait de collaboration avec le groupe analyse de pratique).
      • Appui sur les textes officiels et les recherches : La démarche s'inscrit dans la continuité des lois de 2013 et 2019 ("évaluer pour faire progresser pour accompagner l'élève"). Ils se réfèrent également aux rapports DEPP, enquêtes et rapports IG qui soulignent l'impact négatif de l'anxiété et du stress sur les apprentissages (effets "toxiques" sur les structures cérébrales comme le cortex préfrontal et l'hippocampe, impacts sur l'estime de soi).

      4. Laisser des Traces Positives et Stimuler la Mobilisation

      L'évaluation doit aussi permettre de "laisser des traces positives aux élèves par également l'évaluation".

      • Traces d'apprentissage : Révéler les "lignes de faille" et les "lignes de force" à travailler, guider vers des tâches simples via le score en situation complexe.
      • Plaisir différé et progression : Le score et les indicateurs permettent à l'élève de "se voir progresser tout au long de la séquence d'enseignement". Ce "retour d'information réguliers" apporte du "sens aux élèves dans les apprentissages".
      • Concordance de sens et mobilisation : En lien avec le groupe Plaisir, la concordance de sens ("ils savent quelles sont leurs lignes de faille qu'il va falloir travailler pour progresser") procure "plaisir et engagement".
      • Pédagogie de la mobilisation : Diminuer les contraintes, tendre vers l'"autodétermination", offrir des "possibilités de choix plutôt que des contraintes à respecter qui sont source du coup d'affect positif et stimulent l'implication des élèves". Lien avec la théorie de l'autodétermination de Deci et Ryan (besoin d'autonomie).
      • Mise en résonance des élèves : S'appuyer sur les travaux de Rosa (qu'est-ce qui "résonne" chez l'élève, le fait retourner vers l'activité physique) et Jaspers (phénoménalité existentielle). Distinguer ce qui "vibre" (plaisir immédiat, expérience mémorable) de ce qui "frotte" (rapport à l'effort, plaisir différé).
      • Effets fertiles : Dépasser les effets toxiques pour aller vers des effets "fertiles positifs" en mobilisant des hormones positives comme l'ocytocine (connaissance de soi, réduction du stress), l'endorphine (plaisir, analgésie), la sérotonine (tolérance à la douleur et aux autres, empathie) et la dopamine (dépassement de soi, motivation).

      5. Les Outils ÉPIC

      Le groupe ÉPIC a développé quatre formes d'outils pour mettre en œuvre sa démarche d'évaluation par indicateur de compétences : "indicants", "visuels", "combinatoires", et "radars".

      • Articulation des dimensions de la compétence : Les outils intègrent les trois dimensions (motricité, méthodologie, social) à travers trois "fils" (rouge pour le moteur, bleu pour le méthodologique, vert pour le social).
      • Hiérarchisation locale et contextualisée des fils : L'importance relative de ces fils varie en fonction du contexte d'enseignement (collège/lycée, public d'élèves, activité, niveau de séquence) et de la "fibre d'enseignant". L'exemple de l'escalade en 6ème est donné où la sécurité (fil bleu méthodologique) est prioritaire, alors qu'en rugby (CA4 collectif), le fil rouge moteur prend une plus grande importance. Cette hiérarchisation doit être "réfléchie et consciente".
      • Progressivité adaptée et individualisée (Fil Rouge Moteur) :Constat de frustration en tant qu'élève (situations trop faciles ou trop difficiles).
      • Passer d'une progressivité "programmée" à une progressivité adaptée aux besoins "révélés par le score".
      • Proposer des situations qui mettent en "réussite dès le départ" pour construire l'estime de soi et la confiance, avant d'introduire des difficultés croissantes.
      • Organisation par "atelier de besoin" où les élèves, guidés par le score en situation complexe, travaillent en autonomie sur des "tâches simples".
      • Exemple de la natation en 5ème avec l'utilisation d'indicateurs combinatoires (temps et coups de bras) pour identifier les problèmes majeurs et orienter vers des situations d'apprentissage spécifiques.
      • Passer d'un "prof magistral descendant" à un "prof satellite" qui accompagne les groupes de besoin.
      • Débat sur la "performance brute" (motricité) versus l'"autoréférencement" (progression individuelle).
      • Articulation avec les "formes de pratique scolaire" et les "objets d'enseignement" définis par le CRÈS.
      • Méthodologie d'indicateurs et outils (Fil Bleu Méthodologique) :Les programmes scolaires et les domaines (notamment le domaine 2) guident le choix des "méthodes" qui deviennent les indicateurs.
      • Développement d'indicateurs 1.0 (plutôt axés motricité et méthodologie) et 2.0 (articulant les trois fils).
      • Création d'outils physiques (ex: scoreur plastifié en badminton) pour accompagner les élèves dans l'observation et l'attribution de points, rendant l'évaluation tangible et favorisant l'engagement et la compréhension des critères.
      • Développement d'outils en partenariat avec Équipe EPS pour une diffusion plus large.
      • Anachronisme des propositions / Paradoxe générationnel : Un jeune enseignant (Julien) développe des outils physiques (tablette physique), tandis qu'un enseignant expérimenté (Cyril) développe des outils numériques (algorithmes, radar). Cela illustre qu'il n'y a pas une seule "bonne solution", mais que le choix dépend du "contexte qui nous organise" et de la "fibre d'enseignant".
      • L'outil Radar (Exemple en Natation Sauvetage) :Outil numérique pour "gagner en précision et gagner en temps" et "se libérer du temps pour être au contact de mes élèves".
      • Permet de travailler l'"éducation au choix" en lycée.
      • Simule des scénarios complexes (ex: sauvetage en mer avec clapot).
      • L'élève (et son observateur/tuteur) se positionnent sur quatre axes (indicateur d'impact scénario, mental, musculaire, respiratoire).
      • Cela "colore" l'"indicateur de compétence" central, indiquant le niveau d'engagement possible ("peut s'engager raisonnablement mais que ça reste difficile").
      • Aide l'élève à "séquencer sa prise de décision" en fonction de ses ressentis, pour dépasser l'émotionnel et prendre des décisions "réfléchie, la plus rationnelle possible" (s'engager ou renoncer), en lien avec le CA2.
      • Lien avec les "expériences corporées culturelles" (ECC2) du CRÈS et le "plaisir de pratiquer" (expériences mémorables à partager).
      • L'indicateur 2.0 (Exemple en Danse) :"Entremêle les trois fils" (moteur, méthodologique, social).
      • Utilise un score (ex: 1 10 100) pour révéler les "lignes de force" et les "obstacles".
      • Concept d'"aiguillage" : étayage (ressources extérieures) ou guidage (dépendant de l'enseignant) pour aider l'élève.
      • L'objectif est que l'élève "accepte de demander de l'aide à l'enseignant".
      • Exemple du 344 en danse en collège difficile : utilisation d'un score (unités = cadre de composition, dizaines = lisibilité de l'intention/motricité, centaines = effet sur le spectateur) pour identifier les besoins et proposer des situations d'apprentissage spécifiques (ex: "odsédomaire" pour créer un "moment fort" et gagner des points).
      • Dynamique des "3 CP" : clarifier, comprendre, se confronter pour progresser.
      • Apport méthodologique dynamisant le moteur et le social par une "observation outillée".
      • Relation d'"interdépendance fonctionnelle" : Moteur x Méthodologique x Social = Moteur au cube.
      • Focus sur l'"entraide" et l'"empathie" comme valeurs fondamentales. Utilisation d'outils pour communiquer "positivement et constructivement" sur des indicateurs précis.
      • Situations d'apprentissage purement sociales (Fil Vert Social) :Constat du manque d'apprentissage de l'arbitrage en tant qu'élève.
      • Plaidoyer pour des "situation d'apprentissage purement sociale" car on y gagne "à apprendre à nos élèves aussi à devenir arbitre".
      • L'objectif est de dépasser l'"insatisfaction professionnelle" liée au manque de compétence en arbitrage et la peur du jugement des pairs.
      • Utilisation d'outils numériques (PowerPoint, Rush) pour créer une "application" d'apprentissage de l'arbitrage en sport collectif (ex: Ultimate), avec des scénarios, un compte à rebours de réflexion, sélection de réponse et correction.
      • Cela crée une "interdépendance fonctionnelle" en créant le "besoin de l'autre", pas seulement parce que c'est institutionnel, mais parce qu'il y a un "intérêt" fonctionnel.
      • Mise en œuvre des "compétences psychosociales" (cognitif, émotionnel, social) dans le cadre des cours d'EPS.

      6. Préoccupations et Souhaits (Notamment sur les Inaptitudes)

      • Ce qui "gratte" et ce qui "pique" les enseignants : Le manque de respect "gratte", les "conduites d'évitement" et les inaptitudes "piquent".
      • Problème des inaptitudes et certificats médicaux : Constat de la facilité d'accès aux certificats médicaux (via la famille, etc.) et des "inaptitudes plus ou moins bien remplies". Ces certificats datent de 1989.
      • Souhait de renforcer les "aptitudes partielles".
      • Plaidoyer pour l'EPS "en plus" : Notamment pour les élèves qui en ont le plus besoin, mobilisant les heures d'accompagnement personnalisé, sur le modèle du "sport sur ordonnance" dans la société civile.
      • Exemple de la natation et des inaptitudes : Difficulté rencontrée avec les allergies au chlore, avec un taux d'inaptitude élevé en début d'année. Stratégie de proposer des cours en mer comme alternative.
      • Appel à l'aide / Souhait : Faire en sorte que la validation des inaptitudes sorte des mains du "médecin de famille qui est obligé de répondre aux attentes de ses clients" pour aller vers un "médecin dermatologue réel" (tests d'allergie) ou un "médecin du sport qui sera un peu plus regardant".

      7. Conclusion

      Le groupe ÉPIC propose une vision de l'EPS de demain centrée sur une évaluation au service des apprentissages, légitime, positive et compréhensible.

      Leur démarche, soutenue par des outils concrets, vise à stimuler la mobilisation des élèves en créant du sens, en favorisant l'autonomie et l'entraide, et en prenant en compte les dimensions motrice, méthodologique et sociale de la compétence de manière contextualisée. Ils soulignent l'importance de la collaboration avec d'autres acteurs de l'EPS et expriment des préoccupations quant aux défis rencontrés sur le terrain, notamment les questions de respect et de gestion des inaptitudes.

    1. Briefing sur le programme d'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS)

      Contexte et Objectifs

      Ce briefing est basé sur un podcast produit par l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (I2F), abordant l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (EVARS) en milieu scolaire en France.

      L'émission met en lumière l'historique, les enjeux, le nouveau programme et sa mise en œuvre.

      L'éducation à la sexualité en milieu scolaire est une préoccupation du Ministère de l'Éducation depuis plus de 50 ans, jalonnée par des événements importants comme Mai 68, les lois sur la contraception (1967) et l'IVG (1975), et la circulaire Fontana (1973).

      Un tournant majeur a été la loi de 2001 sur l'IVG, instaurant l'obligation de trois séances annuelles d'éducation à la sexualité par tranche d'âge.

      Le contexte actuel, marqué par le développement des réseaux sociaux, l'accès facile à l'information (et à la désinformation), le partage d'images sexuellement explicites, l'accès à la pornographie, et la prise de conscience accrue des violences sexuelles (y compris intrafamiliales et entre jeunes, avec des statistiques alarmantes sur les agressions sexuelles d'enfants et de jeunes), a souligné la nécessité de réinterroger la mise en œuvre de ces séances.

      Le constat a été fait que ces trois séances annuelles ne sont pas totalement mises en place sur le terrain.

      L'Inspection Générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche a identifié la clarification des objectifs de formation des élèves comme un levier essentiel.

      C'est dans ce cadre que le Ministre a souhaité l'élaboration d'un programme spécifique.

      Le Nouveau Programme EVARS

      Le nouveau programme EVARS, élaboré par le Conseil Supérieur des Programmes et fortement soutenu (voté 60 voix pour et 0 contre au Conseil Supérieur de l'Éducation fin janvier 2025), vise à clarifier les objectifs de formation des élèves de la maternelle au lycée.

      Il a été conçu avec un large éventail d'experts et a fait l'objet d'une consultation nationale.

      Ses intentions principales, clarifiées dans le préambule, visent à trouver un équilibre entre les enjeux de citoyenneté et de santé.

      Le programme encourage le développement de l'esprit critique des élèves pour construire des relations respectueuses et acquérir des connaissances scientifiques objectives leur permettant de faire des choix éclairés pour leur santé et celle des autres.

      Le programme est décliné en :

      • Éducation à la vie affective et relationnelle pour le premier degré (maternelle et élémentaire), axée sur les émotions et les relations.

      • Éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité pour le second degré (collège et lycée), incluant des questionnements plus avancés adaptés à l'âge et à la maturité des élèves.

      Il est structuré autour de trois grands axes, présents de la maternelle au lycée :

      • Se connaître, vivre et grandir avec son corps.
      • Construire des relations, s'y épanouir.

      • Trouver sa place dans la société, s'y sentir libre et responsable.

      Ces axes sont déclinés en objectifs d'apprentissage par tranche d'âge, avec un souci de progressivité.

      Un tableau synoptique est proposé pour visualiser ces objectifs et inspirer les personnels.

      Points de Vue et Enjeux Clés

      • Sociologie et Utilité des Programmes :

      Yael Am Salem Mingi, sociologue, souligne que les pays ayant mis en place l'éducation à la sexualité en milieu scolaire légitiment ces questions et la reconnaissance sociale de la sexualité des jeunes.

      Cela permet une prévention des violences (intrafamiliales, sexuelles) et facilite l'accès à l'information sur la contraception, les relations, et la place des jeunes.

      Les pays prônant l'abstinence ont de moins bons résultats en matière de grossesses adolescentes et d'IST. L'éducation à la sexualité a des effets positifs sur la connaissance et les pratiques.

      • Point de Vue des Élèves :

      Les élèves considèrent l'école comme un espace légitime pour parler de la vie affective, relationnelle et sexuelle, à condition que l'école ne juge pas leur comportement, écoute leurs questionnements et adapte le discours. Ils attendent de l'école des informations scientifiques et documentées, pas des jugements de valeur.

      Les questionnements évoluent avec l'âge, allant de "c'est quoi l'amour ou l'amitié" au premier degré à la définition de termes liés à la sexualité à l'adolescence (pansexualité, plurisexualité, LGBTQ+).

      Ils veulent un langage collectif et une définition collective des termes.

      • Intégration et Adaptabilité :

      Le programme est conçu pour être inclusif et s'adapter aux questionnements spécifiques de chaque classe et groupe d'élèves, influencés par le contexte géographique, social et de genre.

      Il peut être décliné dans différentes matières (arts plastiques, musique, sport, français, SES, SVT, etc.) et à différents niveaux, soulignant son lien avec les autres disciplines et la promotion de l'égalité et des rapports de genre.

      • Postulat des Pratiques :

      Yael Am Salem Mingi précise que les élèves ne souhaitent pas que l'école aborde les pratiques sexuelles, considérées comme relevant de la sphère intime.

      En revanche, ils attendent des outils pour la lecture critique de contenu, notamment sur les réseaux sociaux, pour discerner le vrai du faux.

      • Rôle des Personnels et Mise en Œuvre :

      L'EVARS est l'affaire de tous les personnels de l'éducation nationale. La co-animation est encouragée là où elle est possible pour croiser les regards.

      Il est essentiel de réfléchir à la posture de l'enseignant.

      Les chefs d'établissement et directeurs d'école ont un rôle déterminant dans le pilotage, la constitution d'équipes, la désignation éventuelle de référents, l'organisation de la formation et la gestion des partenariats (associations agréées, de préférence au second degré, avec un travail préparatoire conjoint et une co-animation).

      • Freins et Leviers :

      Les freins incluent les peurs de certaines familles et des défis organisationnels.

      Les leviers incluent l'existant (ce qui est déjà fait), l'appui des pilotes académiques, des directeurs d'école et chefs d'établissement, les référents égalité, et les instances (conseils de maître, conseils d'école, conseils école-collège).

      La conscientisation des personnels sur l'enjeu de santé publique et la nécessité de fournir des repères aux élèves sont cruciales.

      • Mise en Œuvre Opérationnelle :

      La mise en œuvre se traduit par des plans de formation pour les personnels.

      Il s'agit d'accompagner les enseignants dans l'appropriation du programme et l'utilisation des ressources.

      Dans le premier degré, l'organisation des séances est facilitée par le format classe unique pour l'enseignant.

      Dans le second degré, la coordination est essentielle, impliquant les conseils pédagogiques et les CESCE (Comités d'éducation à la santé, à la citoyenneté et à l'environnement).

      L'interdisciplinarité (lettres, philosophie, EPS, EMC, etc.) est un élément clé.

      Les heures de vie de classe peuvent être mobilisées.

      • Accompagnement et Formation :

      L'accompagnement des personnels est une priorité.

      Des groupes de formateurs experts existent dans les académies.

      Des formations d'établissement et des parcours inter-degrés sont envisagés.

      Des personnels ressources de proximité (infirmières, CPE, professeurs documentalistes, etc.) peuvent intervenir en co-animation.

      Un plan national de formation et un parcours Magistère en ligne sont en cours de déploiement, complétés par des livrets de séances types.

      • Communication :

      La communication avec les familles est cruciale pour lever les appréhensions.

      Le conseil d'école est une instance importante pour communiquer.

      Il est essentiel de communiquer de manière positive sur la légitimité de l'école dans ce domaine, en soulignant qu'il ne s'agit pas d'aborder l'intime.

      En cas de contestation ou de refus d'enseignement, il est important d'engager le dialogue, de rappeler l'obligation de cet enseignement et de s'appuyer sur les ressources académiques (cellules valeurs de la République).

      Une page Eduscol dédiée et une page education.gouv.fr pour les familles sont disponibles, avec des éléments de langage, des plaquettes et une FAQ.

      • Cadre Juridique :

      Un point juridique rappelle que la notion de droit à la sexualité des mineurs n'est pas reconnue par les textes. La majorité sexuelle en France est fixée à 15 ans (article 227-25 du code pénal).

      Toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans est considérée comme une atteinte sexuelle, même si elle est consentie.

      La loi du 21 avril 2021 a posé un seuil de non-consentement pour les mineurs de moins de 15 ans avec des majeurs et a renforcé la lutte contre l'inceste et la sexorsion.

      Une clause dite "Roméo et Juliette" permet de préserver les relations entre mineurs de moins de 5 ans d'écart, sauf inceste, absence de consentement ou prostitution.

      La notion de consentement valable implique plusieurs exigences cumulatives (volontaire, libre, éclairé, spécifique, réversible, exprimé, perçu).

      Le contrôle des intervenants extérieurs est également mentionné comme un point délicat.

      En Synthèse

      L'introduction de ce programme marque une étape historique en France, offrant une opportunité institutionnelle précieuse pour l'éducation des élèves sur des sujets fondamentaux.

      Il répond à un besoin criant de clarification et d'équité dans l'accès à cette éducation.

      Au-delà de la prévention, le programme vise à développer la réflexion des élèves et à construire une culture commune sur ces sujets.

      Sa mise en œuvre requiert une intelligence et une inventivité collectives, un accompagnement soutenu des personnels et une communication proactive avec les familles.

      Il s'agit également d'un programme qui écoute les questionnements des élèves et leur offre un espace pour forger leur liberté.

      Franck Durbage résume l'importance de ce programme comme une opportunité de "désinquiétude" pour les familles et les établissements privés, une chance pour la "culture" en offrant un espace de pensée et de réflexion, une occasion pour l'"intelligence collective" et l'"inventivité collective" des équipes pédagogiques, et un engagement envers la "liberté" des élèves en accueillant leurs questions et en leur permettant de cheminer.

    1. Note de Synthèse : Le Futur de la Construction - Espagne et France (ARTE)

      Introduction

      Ce document synthétise les points clés et les thèmes principaux abordés dans les extraits de l'émission "Le futur de la construction | Espagne et France" diffusée sur ARTE.

      L'émission explore les défis urgents posés par le secteur de la construction, identifié comme "le plus grand pollueur de la planète" (40% des émissions de CO2, 60% des déchets mondiaux), et présente des solutions innovantes mises en œuvre à Barcelone et à Paris pour repenser l'urbanisme et l'architecture face au changement climatique.

      Thèmes Principaux

      • Impact Environnemental de la Construction et de l'Urbanisme Actuel :

      Le secteur de la construction est un contributeur majeur à la pollution.

      L'urbanisme centré sur la voiture a entraîné une "asphyxie" des villes par les gaz d'échappement et une saturation de l'espace. Les vagues de chaleur urbaines sont amplifiées par la densité du bâti et l'absence d'espaces verts.

      • La Reprise de l'Espace Public à la Voiture :

      Une "guerre de territoire" pour récupérer l'espace historiquement dédié à la voiture est en cours.

      La piétonnisation, la limitation de vitesse et la création de pistes cyclables sont des stratégies clés.

      • Modèles d'Urbanisme Alternatifs :

      Les Super Blocs (Barcelone) :

      Le concept de "Supermanas" ou Super Blocs vise à réduire drastiquement la place de la voiture et à redonner de l'espace aux habitants pour les loisirs, la marche et les interactions sociales.

      • Le Réemploi et la Réhabilitation dans l'Architecture : Plutôt que de démolir et reconstruire, la réutilisation des bâtiments existants et de leurs matériaux est présentée comme une solution durable et respectueuse du patrimoine.

      • La Végétalisation Massive des Villes :

      Augmenter la quantité d'espaces verts, au sol et sur les toits, est essentiel pour améliorer le bien-être des habitants, lutter contre les îlots de chaleur urbains et absorber le CO2.

      • La Résistance au Changement et l'Importance de la Preuve :

      Les initiatives de transformation urbaine se heurtent souvent à une forte résistance, notamment des automobilistes et des commerçants.

      Démontrer concrètement les bénéfices du changement est crucial pour l'acceptation.

      Idées et Faits Importants avec Citations

      • L'Urgence d'Agir face à l'Impact de la Construction : Le secteur de la construction est identifié comme une source majeure de problèmes environnementaux.
      • "...le secteur de la construction est le plus grand pollueur de la planète il est à l'origine de 40 % des émissions de CO2 et de 60 % des déchets mondiaux..."

      • Barcelone et les Super Blocs :

      Face à une densité de population élevée et une "ville asphyxiée", Barcelone a mis en place le projet Supermana (Super Bloc) pour limiter la circulation automobile.

      • "...la capitale catalane est la deuxième métropole la plus densément peuplée d'Europe la ville est asphyxiée depuis longtemps déjà par les gaz d'échappement des trop nombreuses voitures et motos..." "...Le projet pilote s'inscrit dans le plan Supermanana Super Block... L'objectif étant de réduire les émissions de CO2..."

      • Principes des Super Blocs : Basé sur la théorie des réseaux orthogonaux, le modèle vise à concentrer le trafic sur des axes principaux pour libérer l'espace à l'intérieur des blocs.

      • "...chercher à établir une formule permettant d'atteindre un bon équilibre libérer 70 % de l'espace en ne réduisant que de 15 % le trafic automobile..." "...d'après cette théorie les réseaux orthogonaux sont les plus efficaces en terme de système urbain..."

      • Bénéfices des Super Blocs : Amélioration de la qualité de vie, augmentation des déplacements doux (marche, vélo), et réduction du trafic.

      • "...les superhéros offrent ainsi aux habitants une qualité de vie inédite en plein cœur de la ville les gens sourent plus ils sont plus heureux..." "...en 2023 on a pu constater que le nombre de véhicules en circulation à Barcelone avait déjà diminué de 25 % et dans le même temps le taux de déplacement à pied avait lui augmenté de 25 %..."

      • La Réutilisation dans l'Architecture Durable (Barcelone, Sala Beckett) : L'exemple de la Sala Beckett à Poblenou démontre comment la réhabilitation d'un bâtiment existant en réutilisant les matériaux permet de réduire l'impact environnemental tout en préservant le patrimoine et l'histoire du lieu.

      • "...on a pensé qu'il était de notre devoir de transmettre aux générations futures l'héritage tel qu'il est parvenu jusqu'à nous..." "...le projet montre que la réutilisation des matériaux permet de réduire les émissions de CO2 tout en posant des gelons esthétiques et culturels..." "...pour nous la durabilité repose sur la réhabilitation de ce que nous trouvons la réutilisation de tout ce qui est déjà construit il est fondamental de construire le moins possible du neuf et même de ne pas y avoir recours du tout..."

      • Paris face à la Densité et au Manque d'Espaces Verts : Paris, la ville la plus densément peuplée d'Europe, fait face à un manque crucial d'espaces verts, bien en deçà des recommandations de l'OMS, ce qui aggrave l'impact du changement climatique, notamment les vagues de chaleur.

      • "...on compte 5,8 m² d'espace vert par habitant l'organisation mondiale de la santé en recommande au moins 10 pour le bien-être en ville..." "...l'avenir s'annonce particulièrement critique en raison de l'extrême densité du bâti et des années d'inertie des pouvoirs publics on a des phénomènes que l'on a constaté qui sont bien connus qui sont celui des dôes de chaleur..."

      • La Stratégie Parisienne : Piétonnisation et Végétalisation Massive : La municipalité de Paris a mis en œuvre des mesures pour réduire la place de la voiture et augmenter la végétalisation, malgré une forte opposition initiale. Le nouveau Plan Local d'Urbanisme (PLU) est l'outil clé de cette transformation.

      • "...recuperer cette place là c'était une vraie bataille hein une guerre de territoire..." "...il fallait que le nombre de personnes qui aient cette expérience personnelle physique soit plus important pour pouvoir contrebalancer le bruit très négatif... on a gagné..." "...le choix qu'on a fait à Paris c'est d'abord de préserver le patrimoine... il ne sera plus possible de détruire pour reconstruire c'est uniquement la réhabilitation qui va primer ensuite c'est végétalisé partout partout partout partout où on le peut..." "...objectif 300 hectares d'espace vert et 120000 arbres supplémentaires à l'horizon 2050..."

      • L'Innovation pour Végétaliser les Toits en Pente Parisiens : Face au défi des nombreux toits en pente, un prototype de plateforme végétalisée est testé pour ombrager les surfaces en zinc, lutter contre la chaleur et créer de nouveaux espaces verts sans altérer le patrimoine.

      • "...le problème c'est que quatre bâtiments sur cinq à Paris ont un toit en pente et il y avait jusqu'à présent pas de solution pour permettre à ces tours en pente de bénéficier euh des services écosystémiques euh de la végétalisation..." "...il s'agit d'une plateforme en bois qu'on va déployer par-dessus les toits en zinc existants sans avoir besoin de démolir ou altérer euh les toits existant et leur valeur patrimonial mais qui vont permettre d'ombrager ces toits pour limiter l'accumulation de gain solaires..."

      • Le Jardinage Urbain : L'exemple du jardin sur l'Opéra Bastille illustre la possibilité de cultiver en ville, même sur des surfaces limitées, contribuant à la fois à la production locale et à la végétalisation.

      • "...sur l'opéra basti aujourd'hui on cultive toutes sortes de légumes des tomates des concombres des épinards toute l'année et on fournit différents restaurants tout autour de de l'Opéra Bastille avec ces produits frais..."

      • L'Avenir de la Construction et de l'Urbanisme : Les transformations en cours sont considérables et représentent des opportunités, même si les solutions définitives ne sont pas encore clairement établies.

      • "...ce qui est certain c'est que nous ne sommes qu'au début de changement considérables qui sont autant d'opportunités..."

      Conclusion

      Les exemples de Barcelone et Paris démontrent une volonté forte de repenser les villes face aux enjeux environnementaux.

      La réduction de la place de la voiture, la réhabilitation et le réemploi des matériaux, ainsi que la végétalisation massive, y compris sur les toits, sont des stratégies clés mises en œuvre.

      Malgré les résistances initiales, les bénéfices observés (amélioration de la qualité de l'air, augmentation des déplacements doux, meilleure qualité de vie) tendent à convaincre les populations.

      Ces initiatives marquent le début de transformations profondes nécessaires pour rendre les villes plus vivables et résilientes face au changement climatique.

    1. DOCUMENT DE BRIEFING - AUDITION DE FRANÇOIS BAYROU SUR LES VIOLENCES SCOLAIRES, NOTAMMENT À NOTRE-DAME DE BÉTHARRAM

      Date : [Insérer la date de l'audition si disponible, sinon indiquer "Non spécifié"] Sujet : Audition de François Bayrou devant la commission d'enquête sur les violences scolaires, en particulier à Notre-Dame de Bétharram. Source : Extraits de la retranscription de l'audition. Intervenant Principal : François Bayrou (Premier Ministre) Rapporteurs : Violette Spilbou, Paul Vanier Présidente : [Nom de la présidente non précisé dans les extraits]

      1. Synthèse Exécutive

      François Bayrou, auditionné sous serment, a abordé les accusations portées à son encontre concernant sa connaissance et sa gestion des violences, notamment sexuelles, au sein de l'établissement Notre-Dame de Bétharram.

      Il a vivement contesté les allégations selon lesquelles il aurait protégé des pédocriminels ou minimisé la gravité des faits.

      Il a insisté sur l'importance de son audition pour les victimes, qu'il considère comme le cœur du sujet, tout en dénonçant une instrumentalisation politique de l'affaire visant à l'abattre et à déstabiliser le gouvernement.

      Bayrou a fourni une chronologie précise de ses liens avec Bétharram (en tant que parent d'élève de 1987 à 2002) et de son action en tant que Ministre de l'Éducation Nationale (1993-1997) face aux alertes reçues, notamment un rapport d'inspection de 1996 qu'il a commandé.

      Il a longuement débattu avec les rapporteurs, en particulier sur les variations perçues dans ses déclarations antérieures et sur l'existence et le contenu d'une conversation avec le juge Mirand en 1998.

      Il a également défendu son approche face à la violence, y compris un incident personnel controversé.

      2. Points Clés et Thèmes Principaux

      • La Protection des Victimes et le "Continent Caché" des Violences : Bayrou place les victimes au centre de sa préoccupation. Il décrit les violences, en particulier sexuelles, comme un "continent caché" qui émerge enfin, notant que cela ne se limite pas aux établissements scolaires mais touche de nombreux domaines (associations, sport, famille, etc.). Il exprime sa reconnaissance envers ceux qui ont "permis de dévoiler ce qui devait l'être".
      • "pour moi le premier mot qui me vient quand je pense à cette audition c'est enfin... elle est très importante pour les garçons et les filles qui ont été victimes de violence et particulièrement de violence sexuelle depuis des décennies que ce soit à Betaram ou comme nous le découvrons tous les jours en beaucoup d'autres établissements scolaires et en beaucoup d'autres institutions associatives sportives dans le monde du spectacle en famille hélas c'est un j'ai employé cette expression un continent caché qui apparaît qui surgit"
      • "ce sont celles-là les victimes qui m'intéressent qui trop souvent se sont tu parce qu'elles ont honte parce qu'elles n'osent pas parce qu'elles ne veulent pas faire de peine à leurs proches"
      • Accusations Personnelles et Instrumentalisation Politique : Bayrou réfute vigoureusement les accusations selon lesquelles il aurait protégé des pédocriminels ou ignoré les alertes. Il perçoit l'affaire comme une "manœuvre", une "instrumentalisation" politique visant à "abattre ce gouvernement abattre le suivant et le suivant encore", utilisant le "scandale" comme arme, notamment via les réseaux sociaux.
      • "Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit de violence ou de violence à forcerie sexuelle jamais" (déclaration contestée par les rapporteurs mais que Bayrou maintient dans son principe)
      • "ce n'est pas parce que j'exprime cette reconnaissance que je n'identifie pas les manœuvres l'instrument l'instrumentalisation de tout cela en reprenant une phrase d'un des inspirateurs de certains d'entre vous abattre ce gouvernement abattre le suivant et le suivant encore et l'arme qui est utilisée c'est l'arme du scandale"
      • "vous m'interrogez vous en montant à la tribune pour m'accuser d'avoir protégé des péd criminels"
      • Lien avec Notre-Dame de Bétharram : Bayrou détaille son unique lien avec l'établissement, en tant que parent d'élèves de 1987 à 2002. Il réfute avoir été membre d'un organe de gouvernance. Il mentionne avoir été désigné représentant du conseil régional au conseil d'administration en 1985 mais affirme n'y avoir "jamais siégé". Il indique n'être entré dans l'établissement que lors d'événements ponctuels (inauguration d'un gymnase, réparation de la chapelle, inondation).
      • "notre fille aînée est entrée à Betaram en première en 1987 il y a presque 40 ans et notre dernier fils a quitté cet établissement en 2002 il y a presque un quart de siècle voilà exactement mon lien avec Betaram"
      • "vous m'avez demandé si j'avais été membre des organes de direction de Betaram jamais"
      • "j'ai été désigné sans jamais siéger"
      • Connaissance des Faits et Variation des Déclarations : Le débat central porte sur le moment où Bayrou a eu connaissance des violences. Il maintient initialement n'avoir été informé que "par la presse". Face aux questions insistantes des rapporteurs sur les variations de ses déclarations entre le 11 et le 18 février, il finit par reconnaître avoir évoqué les accusations de viol visant le père Caricar avec le juge Mirand, mais affirme que cette conversation n'a pas apporté d'informations nouvelles qui n'étaient pas déjà dans la presse. Il accuse les rapporteurs de "méthode malveillante" et de vouloir "tirer la réalité pour nourrir un procès en scandale".
      • "je maintiens que les seules informations que j'ai eu étaient celles qui étaient dans le journal je n'en ai pas eu d'autres"
      • "je n'ai jamais entendu parler de violence sexuelle avant que le journal La République des Pyrénées lesclair des Pyrénées et Sud-Ouest fassent mention de ces violences sexuelles on doit être le 29 mai de l'année 2016 de l'année 2000 hein 98 de l'année 1998 vous avez raison 29 mai"
      • "j'ai pu parler avec le juge Christian Mirand de ces accusations de viol qui visent le père Caricalcal donc de violence sexuelle sans doute oui" (cité par le rapporteur, confirmé indirectement par Bayrou dans la suite)
      • "je regrette je ne me laisserai pas entraîner par vous ma version n'a pas varié" (affirmation contestée par les rapporteurs)
      • Le Rapport d'Inspection de 1996 : Face aux alertes de violences physiques en 1995, Bayrou, alors Ministre de l'Éducation Nationale, a commandé un rapport d'inspection en avril 1996. Il défend cette action comme une "vraie vérification", notant que l'inspecteur a entendu une vingtaine de personnes. Il rappelle que ce rapport concluait que l'établissement était "sage, objectif et favorable". Il a redécouvert ce rapport récemment via une publication dans la presse, n'en ayant pas conservé de trace. Il affirme avoir demandé un "suivi" et cite un courrier du directeur de l'établissement daté de novembre 1996 indiquant que les conclusions ont été exécutées (licenciement d'un surveillant, suppression des élèves surveillants).
      • "il n'est pas vrai qu'il y a eu des articles de presse ou en tout cas je les ai jamais vu sur le jugement que vous évoquez en 1993 jamais moi j'ai jamais vu ça" (concernant les violences physiques mentionnées par les rapporteurs)
      • "du au le 9 ou le 10 avril je demande une inspection de l'établissement"
      • "il a entendu 20 personnes... je trouve moi que c'est une vraie vérification"
      • "ce rapport d'inspection qui n'existait chez personne s'est retrouvé il a été publié par le Figaro et ce rapport d'inspection en effet on va en parler donne toutes les garanties et les... il est sage objectif et favorable à l'établissement"
      • "je demande un suivi au recteur au-delà du rapport"
      • "Je viens de licencier même si cela risque d'avoir des retombées le surveillant qui avait une certaine conception de la discipline" (citant le courrier du directeur)
      • La Conversation avec le Juge Mirand (1998) et l'Accusation d'Intervention : Bayrou confirme avoir eu une conversation avec le juge Mirand (un ami proche, beau-frère d'une victime tragique de son village) en 1998, après que les articles de presse ont révélé les accusations de viol contre le père Caricar. Il maintient que Mirand n'a pas violé le secret de l'instruction et qu'il n'a rien appris de nouveau. Il réfute catégoriquement l'accusation d'être intervenu dans l'affaire, notamment en lien avec la libération du père Caricar. Il cite le témoignage sous serment de l'ex-Ministre de la Justice Elisabeth Guigou et un document écrit du procureur général de l'époque pour prouver que l'intervention était celle du numéro 2 de la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces, Laurent Lemel, et non la sienne. Il accuse le gendarme Hontan et Matrassou d'affabuler ou de se tromper, et les rapporteurs de "manipulation".
      • "je connais très bien les deux gendarmes Matrasou et en qui j'ai toujours toute confiance et s'il dit cela on a dû arriver" (cité par le rapporteur concernant la déclaration de Mirand, partiellement corroborant Hontan selon le rapporteur)
      • "le gendarme entend soit il ment soit il affabule" (concernant la déclaration de Hontan)
      • "celui qui est intervenu c'est le numéro 2 de la direction des affaires criminelles et des grâces or Laurent Lemel est encore en vie... il est assez facile de lui poser la question : est-ce que c'est moi qui suis intervenu auprès de lui ou quelqu'un d'autre"
      • "je sous serment et pour moi un serment c'est pas rien j'affirme que je ne suis pas intervenu et que ceux qui m'en ont accusé ont conduit une manipulation"
      • La Libération du Père Caricar : Bayrou revient sur la libération du père Caricar en 1998, notant que la chambre d'accusation a justifié cette décision notamment par le fait que l'instruction n'avait pas avancé pendant un an. Il s'étonne de l'absence d'actes d'instruction pendant cette période, mais réfute l'idée que sa libération ou son envoi en Italie soient dus à des pressions politiques, jugeant cette idée "délirante" dans le monde judiciaire. Il cite un courrier de l'avocat de la partie civile, Maître Blazi, "profondément choqué" par cette suggestion de pressions.
      • "Il est libéré parce que la chambre de l'instruction dit en réalité il s'est présenté de lui-même et le maintenir en détention n'apportera rien à la recherche de la vérité"
      • "pourquoi est-ce que la longueur du délai d'exécution de cette commission rogatoire ne peut justifier que soit maintenu à l'encontre de Pierre Siv Caricard des mesures restrictives de liberté qui ne sont absolument pas indispensables au bon déroulement de l'instruction" (citant l'ordonnance de la chambre de l'instruction)
      • "je suis profondément choqué... que l'on puisse laisser entendre que des pressions auraient été exercées sur la chambre de l'instruction concernant la libération du père Caricar" (citant le courrier de Maître Blazi)
      • Le Financement de Bétharram par le Conseil Général : Interrogé sur les subventions facultatives versées par le conseil général qu'il présidait après l'affaire Caricar, Bayrou répond qu'il n'y a jamais eu de "financement particulier" pour Bétharram, mais un règlement général pour tous les établissements privés du département. Il mentionne une participation exceptionnelle pour le remplacement de bâtiments préfabriqués dangereux, conforme à la loi Falloux.
      • "il n'y a jamais eu de financement particulier pour Betaram il y a un règlement comme dans tous les départements"
      • "Betaram a reconstruit en dur au lieu des préfabriqués pailleront point et je crois pour quelque chose comme le conseil général a dû donner quelque chose comme 50000 € une participation à la sécurité des enfants conformément à la loi fallou"
      • La Déclaration de Madame Gulung : Bayrou conteste avec force le témoignage sous serment de Madame Gulung, enseignante, selon laquelle le père Vaillant lui aurait dit en 1996 "vous êtes là pour venger mon ami Caricar". Il affirme que cela est "pas possible" car le père Caricar n'intervient dans l'affaire qu'en 1998 et serait parti à Rome des années avant 1996. Il qualifie son témoignage d'"affabulation sous serment".
      • "vous n'avez pas compris que vous êtes là pour venger mon ami Caricar c'est ce qu'elle a déclaré sousement devant vous" (cité par le rapporteur)
      • "je répète Caricar est parti à Rome selon les interprétations entre 91 et 93 donc des années avant ces événements et elle dit que le père vaillant lui dit c'est pour venger Caricar"
      • "je dis que l'affirmation qu'elle a faite sous serment devant vous est une affirmation qui ne peut pas tenir qui ne peut pas être acceptée et donc je dis que cette affirmation est une affabulation souserment"
      • Le Contact entre son Cabinet et le Juge Mirand : Questionné sur l'appel de son conseiller, ancien procureur de Pau, au juge Mirand pour parler du secret de l'instruction, Bayrou confirme qu'il est "tout à fait possible et légitime" qu'un tel échange ait eu lieu entre personnes qui se connaissent, surtout face aux "déclarations" qui l'accusaient de manquer au secret de l'instruction. Il assume la responsabilité de ses collaborateurs.
      • "je connais le juge Mirande que mon conseiller le connaît il a été procureur à peau pendant des années et que tous les journaux nous expliquaient que vous disiez qu'il y avait eu rupture du secret de l'instruction"
      • "il est tout à fait possible et légitime que entre personnes qui se connaissent... il y a pas excommunication parce que quelqu'un dit à quelqu'un d'autre que on lui raconte que il a manqué au secret de l'instruction"
      • "j'affirme je dis que mes collaborateurs sont sous ma responsabilité et j'ai pas l'intention de dire qu'ils font des trucs sans que je le sache"
      • La Vision de la Violence Éducative et l'Incident de Strasbourg : Bayrou est interrogé sur l'incident de 2002 où il a donné une "tape" à un enfant. Il replace l'événement dans un contexte tendu (lapidation d'une mairie par des militants islamistes suite à son interdiction du voile à l'école) et justifie son geste comme une "tape de père de famille" face au vol de son portefeuille par l'enfant. Il maintient que "ce n'est pas de la violence" et qu'il soutient la lutte contre les violences éducatives ordinaires. Il affirme sa vision éducative basée sur le "langage", l'"esprit critique" et la "sécurité affective".
      • "il est vrai qu'à Strasbourg en 2002 dans un moment extrêmement tendu... j'ai le réflexe quand je suis dans tout le temps de de vérifier si mon stylo mon portefeuille est à sa place... et en passant la main j'ai trouvé la main d'un petit garçon qui était en train de sortir mon portefeuille de ma poche et je lui ai donné une tape pas une claque"
      • "pour moi ça n'est pas de la violence"
      • "c'était un geste éducatif"
      • "ma vision éducative c'est que ce qui permet d'accéder à un enfant c'est de lui parler je pense que la clé la plus importante c'est le langage"
      • Omerta et Dysfonctionnements de l'État : Le thème de l'omerta est débattu. Bayrou réfute l'idée d'une omerta locale organisée dans sa région. Il reconnaît en revanche des dysfonctionnements systémiques dans la transmission d'informations entre administrations (Justice, Éducation) et le principe du "pas de vague" dans les institutions. Il propose de changer de méthode en créant un "mini commando de responsables" pour agir directement face aux problèmes.
      • "il n'est pas vrai que chez nous y ait une omerta c'est pas vrai"
      • "si le ministère de la justice avait informé et que le ministère de l'éducation avait provoqué des inspections par exemple peut-être ça aurait été différent mais c'est incommunicable chacun est dans son tuyau d'orge la justice parle pas en dépit de la circulaire que j'avais prise"
      • "des grandes administrations comme ça elles vivent selon le principe du pas de vague chef d'établissement il dit pas de vague parce que l'inspecteur d'académie préfère qu'il ait pas de vague et l'inspecteur d'académie dit au recteur pas de vague et le recteur les recteurs il disent au ministre ça se passe très bien c'est comme ça"
      • Propositions pour l'Avenir : En conclusion, Bayrou évoque la nécessité de garantir que chaque victime soit écoutée et que les signalements soient mieux recueillis. Il propose de s'inspirer de la loi allemande du 8 avril créant une autorité indépendante couvrant l'école, la culture et le sport, ainsi qu'un conseil scientifique et un conseil des victimes. Il mentionne le travail en cours de la Haute Commissaire à l'Enfance et de la ministre chargée de l'enfance placée.
      • "comment pouvons-nous garantir aujourd'hui dans chaque établissement que chaque victime chaque famille chaque élève sera écouté et entendu ?" (Question posée par la rapporteur, reformulée par Bayrou comme un objectif)
      • "j'ai proposé que regarde si on ne pouvait pas transplanter en France la loi qui a été votée le 8 avril en Allemagne... qui met en place une autorité qui touche tous les secteurs à la fois"
      • "une autorité et deux conseils un conseil scientifique et un conseil des victimes"
      • "j'ai nommé quelqu'un pour qui j'ai une très grande estime Sarah Elie au commissaire à l'enfance et elle est précisément en train de travailler... je pense qu'on est oui en en situation d'apporter des réponses qui ne s'enferment pas uniquement dans le cadre strict scolaire"

      3. Principales Contradictions et Points de Tension

      • Variation des Déclarations sur la Connaissance des Faits : Les rapporteurs ont insisté sur les changements perçus dans les déclarations de Bayrou entre le 11 et le 18 février concernant sa connaissance des violences physiques et sexuelles. Bayrou a contesté l'idée d'une variation, mais ses propres propos ont évolué de "Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit" à la reconnaissance d'avoir évoqué les accusations de viol avec le juge Mirand.
      • Intervention dans l'Affaire Judiciaire : Malgré les preuves documentaires et les témoignages cités par les rapporteurs suggérant une intervention du procureur général suite à une démarche "de monsieur Bayrou", Bayrou a catégoriquement nié toute intervention personnelle, affirmant qu'il s'agissait de Laurent Lemel. La confrontation des témoignages sous serment du gendarme Hontan et du juge Mirand a ajouté à la confusion sur l'origine de cette information.
      • La Crédibilité du Témoignage de Madame Gulung : Bayrou a attaqué frontalement la crédibilité du témoignage sous serment de Madame Gulung, le qualifiant d'"affabulation", ce qui a suscité la réaction des rapporteurs qui en avaient fait une "lanceuse d'alerte" crédible.

      4. Faits Importants et Idées Clés à Retenir

      • François Bayrou a été parent d'élèves à Bétharram de 1987 à 2002.
      • En tant que Ministre de l'Éducation Nationale, il a commandé un rapport d'inspection sur Bétharram en avril 1996 suite à des alertes de violences physiques.
      • Ce rapport de 1996 a conclu que l'établissement était "sage, objectif et favorable".
      • Bayrou affirme avoir demandé un suivi et que le directeur de l'établissement a indiqué avoir mis en œuvre les conclusions (licenciement d'un surveillant, suppression des élèves surveillants).
      • Bayrou a eu une conversation avec le juge Mirand en 1998 concernant les accusations de viol contre le père Caricar, mais affirme que cette conversation n'a pas révélé d'informations qui n'étaient pas déjà publiques.
      • Il réfute catégoriquement toute intervention personnelle dans l'affaire judiciaire du père Caricar et cite des preuves pour étayer sa position.
      • Il conteste la crédibilité du témoignage de Madame Gulung.
      • Il reconnaît des dysfonctionnements systémiques dans la transmission d'informations entre administrations et le phénomène du "pas de vague".
      • Il propose la création d'une autorité indépendante et de conseils scientifiques et des victimes pour lutter contre les violences sur les enfants dans différents domaines.
      • Il défend son incident de 2002 à Strasbourg comme une "tape éducative de père de famille" et non comme de la violence.
    1. Note d'Information : Masculinisme et Cybersexisme sur TikTok

      Source : Extraits de l'audition "Association, chercheur et journaliste sur les contenus masculinistes & sexistes sur les plateformes"

      Date de l'audition : 2025

      Participants :

      • Pierre Gau : Journaliste, réalisateur du documentaire "Masculins"
      • Chanley Lemou McLaren : Activiste féministe, cofondatrice de l'association Stop Ficha
      • Pauline Ferrari : Journaliste indépendante, auteure de "Formé à la haine des femmes comment les masculinistes infiltrent les réseaux sociaux"
      • Tristan Duvernet : Doctorant en socio-anthropologie

      Principaux Thèmes :

      • TikTok comme catalyseur de la radicalisation masculiniste et sexiste :

      Les intervenants s'accordent à dire que TikTok joue un rôle crucial dans la propagation des discours masculinistes et sexistes, servant souvent de "porte d'entrée" vers des communautés et des idées plus radicales.

      L'algorithme de la plateforme est identifié comme un facteur clé favorisant cette radicalisation.

      • L'architecture de TikTok encourage les interactions offensantes :

      Plusieurs caractéristiques de la plateforme, telles que l'anonymat, le caractère éphémère des interactions, l'asymétrie d'exposition (streamers visibles, audience non visible) et la distance physique, contribuent à déréguler les mécanismes d'autorégulation sociale et encouragent les comportements offensants et violents.

      • La monétisation de l'attention et des conflits :

      Le modèle économique de TikTok, basé sur l'économie de l'attention, incite à la production de contenus spectaculaires, clivants et offensants pour générer de la visibilité et de l'engagement, ce qui se traduit par des profits pour la plateforme et les créateurs. Les "clashs" et les "punchlines" sont récompensés par l'audience via des "cadeaux" monétisés.

      • Le cybersexisme et les cyberviolences basées sur le genre :

      Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les cyberviolences.

      L'association Stop Ficha documente une explosion de comptes diffusant des contenus intimes sans consentement (Ficha) et observe une misogynie constante et une représentation toxique des femmes sur la plateforme.

      • L'influence des influenceurs masculinistes :

      Des figures comme Alexis Chens, Bassem et Nasdas sont citées comme des exemples d'influenceurs promouvant le masculinisme et le sexisme, touchant particulièrement un public jeune et contribuant à banaliser les propos misogynes.

      • Le lien entre masculinisme, extrême droite et antisémitisme :

      Un chevauchement est observé entre les discours masculinistes et ceux de l'extrême droite, où les arguments sur le genre sont utilisés pour attirer les jeunes vers des idéologies radicales.

      Des contenus antisémites utilisant l'architecture de TikTok ont également été signalés.

      • Les lacunes de la modération et du signalement :

      Bien que TikTok dispose de mécanismes de signalement et de partenariats de confiance avec des associations, la modération est jugée insuffisante pour les utilisateurs standards.

      Les signalements de contenus offensants ou illégaux ne débouchent pas toujours sur une suppression, et le signalement des "lives" ou des messages privés pose des problèmes techniques.

      • L'importance de la prévention et de l'éducation :

      Au-delà de la régulation des plateformes, la sensibilisation des jeunes, des parents, des éducateurs et des forces de l'ordre est jugée essentielle pour lutter contre le cybersexisme et la radicalisation en ligne.

      Idées et Faits les Plus Importants :

      • TikTok comme "porte d'entrée" : "ces réseaux sociaux et donc TikTok étaient une porte d'entrée du discours masculiniste vers un discours qui était beaucoup plus radical après sur des communautés privées." (Pierre Gau)

      • Stratégie des influenceurs : Les influenceurs utilisent des sujets comme la musculation, la séduction, le lifestyle pour attirer une audience qui est ensuite dirigée vers des contenus plus radicaux et des communautés privées payantes.

      • Disproportion des cyberviolences : "60 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de violence en ligne et elles sont 27 fois plus susceptible d'être harcelé en ligne que les hommes." (Chanley Lemou McLaren)

      • Architecture de la misogynie en ligne :

      Le cybersexisme est structurel, lié aux algorithmes sexistes, au manque de modération et à la sous-représentation des femmes dans la tech.

      • Le rôle de l'algorithme :

      "quand on crée un compte sur TikTok à partir de centre d'intérêt divers on se retrouve à force de scroll à tomber sur des contenus de plus en plus extrêmes et de plus en plus radicaux." (Pauline Ferrari)

      • Rapidité de l'exposition aux contenus masculinistes : Des jeunes hommes sont confrontés à des contenus masculinistes "en moins de 20 minutes". (Pauline Ferrari, citant une étude)

      • Incidence dans la vie hors ligne :

      Les discours masculinistes en ligne ont des conséquences concrètes, comme des projets d'attentats.

      • TikTok favorise les représentations sexistes : Une étude du HCE a montré "à quel point TikTok favorisait en fait les représentations extrêmement sexistes des femmes". (Pauline Ferrari)

      • La dérégulation des interactions : Le contexte numérique de TikTok "fait tomber certaines modalités de régulation des offenses" présentes dans les interactions ordinaires. (Tristan Duvernet)

      • La visibilité comme moteur : La plateforme "fait du gain de visibilité un moteur central des conversations qui sont produites publiquement". (Tristan Duvernet)

      • Le "combat conversationnel" : Les interactions sur TikTok Live peuvent prendre la forme d'un "combat conversationnel" où les participants s'affrontent par "une surenchère d'offense" pour générer du spectacle. (Tristan Duvernet)

      • La monétisation des propos offensants : "les phrases choc finalement dans ce dans ce live les punchline... elles sont récompensées par des cadeaux". (Tristan Duvernet)

      • L'âge des jeunes radicalisés : Dans les communautés privées, les jeunes hommes adhérents avaient souvent entre 15 et 21 ans. (Pierre Gau)

      • Le "marchand de misère" : Expression utilisée pour désigner les influenceurs masculinistes qui exploitent le mal-être des jeunes hommes pour faire un business. (Pierre Gau, citant Stéphanie Lamier)

      • L'impunité grandissante : De nombreuses personnes publient des propos misogynes et extrémistes "à visage complètement découvert" sur des plateformes mainstream, constatant une "très grande impunité". (Chanley Lemou McLaren)

      • Le continuum en ligne/hors ligne : Les cyberviolences en ligne se conjuguent souvent avec des violences physiques dans la vie réelle. (Chanley Lemou McLaren)

      • La romantisation du masculinisme : L'utilisation de musiques "patriotiques" ou "warrior" contribue à glamouriser les contenus extrémistes et à attirer les jeunes. (Chanley Lemou McLaren)

      • Les lacunes de la justice et de la police numérique : Le manque de moyens et de formation des forces de l'ordre et de la magistrature limite la réponse judiciaire face aux cyberviolences. (Chanley Lemou McLaren)

      • La relation entre masculinisme et extrême droite/antisémitisme : "tous les influenceurs d'extrême droite portent en eux une vision stéréotypée et masculiniste des rôles genrés." (Pauline Ferrari)

      • Le business des influenceurs masculinistes : Ils vendent des ebooks, des formations, des programmes de coaching, voire des stages, et reproduisent des modèles basés sur l'exploitation, comme celui d'Andrew Tate. (Pauline Ferrari)

      • Utilisation de TikTok comme vitrine pour Telegram : Des comptes Ficha sur TikTok redirigent vers des chaînes Telegram payantes pour accéder à du contenu intime exclusif. (Chanley Lemou McLaren)

      Recommandations suggérées par les intervenants (en réponse aux questions) :

      • Diminuer le poids de la visibilité (likes, compteurs d'audience) dans l'algorithme et l'architecture de TikTok.
      • Rétablir des mécanismes de contrôle social en ligne, potentiellement en rendant les relations plus durables, en créant une symétrie d'exposition ou en renforçant le lien entre identités numériques et hors ligne.
      • Lutter contre l'impunité en améliorant le signalement et le traitement des contenus illégaux, notamment pour les lives et les messages privés.
      • Accroître la transparence de TikTok sur ses politiques de modération, le nombre de modérateurs francophones et les résultats des signalements.
      • Investir massivement dans les moyens de la police numérique et de la justice pour traiter les cyberviolences.
      • Renforcer les programmes de prévention et d'éducation aux médias et à l'information dans les établissements scolaires et auprès des familles.
      • Former les professionnels (éducateurs, forces de l'ordre, magistrats) aux enjeux du cybersexisme et des cyberviolences.
      • Utiliser des cadres législatifs comme le DSA et la loi Seraine comme bases pour une régulation plus efficace des plateformes.

      Conclusion :

      L'audition met en lumière le rôle préoccupant de TikTok dans la propagation des discours masculinistes et sexistes, amplifié par son architecture et son modèle économique.

      Les conséquences de cette diffusion sont tangibles, allant de la banalisation de la misogynie à des projets d'attentats.

      Les intervenants soulignent les lacunes de la modération de la plateforme et le manque de moyens de la réponse institutionnelle française, tout en proposant des pistes d'action axées sur la régulation, le contrôle social en ligne et surtout la prévention et l'éducation.

    1. BRÈVE D'INFORMATION : Baromètre de l'esprit critique, 3e édition (2024)

      Source : Excerpts from "Baromètre de l'esprit critique, 3e édition - Printemps de l'esprit critique" (Universcience, France Info, La Croix, L'Express, Opinionway)

      Date de la publication/présentation : Printemps 2024

      Objectif : Présenter les résultats de la 3ème édition du Baromètre de l'esprit critique, une enquête annuelle visant à évaluer la capacité des Français à trier l'information et à former une opinion éclairée. Cette édition met un focus particulier sur l'intelligence artificielle.

      Méthodologie : Le baromètre est mené par Universcience en partenariat avec France Info, La Croix et L'Express, et réalisé par Opinionway.

      L'enquête interroge un échantillon de la population française sur diverses thématiques liées à l'information, la science et l'esprit critique.

      Principaux Thèmes et Idées Clés :

      Définition et Pertinence de l'Esprit Critique :

      • L'esprit critique est défini comme "la capacité à trier l'information pour construire une opinion fondée en déjouant les biais cognitifs et les biais argumentatifs".
      • Universcience s'est saisie de cette question en 2021, notamment en réaction à la crise sanitaire et au "nouveau paradigme informationnel" caractérisé par une information "partout, surabondante, dérégulée".
      • Le développement de l'esprit critique est présenté comme une réponse fondamentale à la question de "qui croire, en qui faire confiance".
      • L'Intelligence Artificielle (IA) : Focus de l'Année 2024
      • L'IA est la thématique supplémentaire abordée cette année.
      • Perception de l'IA : 61% des répondants considèrent l'IA comme une révolution du même niveau que celle de l'imprimerie.
      • Ambivalence face à l'IA : La prudence domine dans la perception de l'IA à travers différents secteurs (santé, défense, éducation, emploi). L'opinion dominante est que l'IA présente "autant de risque [que] d'avantage" (souvent plus de 30% par secteur).
      • Les secteurs où les avantages sont les plus perçus sont la santé, les sciences/recherche scientifique, les transports/mobilité.
      • Les secteurs où les risques sont les plus perçus sont les relations humaines (37% y voient d'abord des risques), l'emploi (31%), l'information (33%) et l'éducation. "dès qu'on est plus dans ce qui fait société, on voit qu'il y a quand même une forme d'inquiétude plus plus importante".

      Confiance selon les usages de l'IA : La confiance dans l'IA varie considérablement en fonction des applications :

      • Taux de confiance élevé pour les usages informationnels/analytiques (détecter des erreurs : 75%, analyser des données : 73%, trouver des informations : 70%).
      • Taux de confiance beaucoup plus bas pour les décisions à forte responsabilité ou impact vital (décisions de justice : 25%, piloter un avion : 24%, prescrire un traitement : 33%, poser un diagnostic : 41%). "plus il y a des questions de responsabilité voire de risque vital plus la confiance décroit".
      • Confiance envers les acteurs évaluant l'IA :Les scientifiques (59%) et les chercheurs (58%) sont les plus cités comme dignes de confiance pour évaluer les risques et bienfaits de l'IA.
      • Les élus et représentants politiques sont tout en bas du classement (22%).
      • Les entreprises (29% pour les GAFAM) sont perçues comme légèrement plus fiables que les politiques dans ce domaine.
      • IA Générative (type ChatGPT) : Usage et Perception
      • 23% de l'ensemble du panel a déjà utilisé l'IA générative. Ce chiffre monte à 46% chez les 18-24 ans. Environ 5% de l'ensemble des sondés l'utilisent régulièrement.
      • Profil des utilisateurs : Plus souvent des hommes, des jeunes (18-24 ans en tête) et des CSP+.
      • Principaux usages : Se renseigner sur un sujet (68%), traduire un texte (61%), rédiger un texte (59%). Les usages réguliers se concentrent aussi sur la recherche d'informations, la traduction et la rédaction.
      • Regard critique sur l'IA générative :80% déclarent vouloir croiser les informations obtenues par l'IA avec d'autres sources.
      • 78% s'interrogent sur la fiabilité des résultats obtenus.
      • Une préoccupation est soulevée quant à l'usage de l'IA générative pour s'informer, car les IA ne sont pas des dictionnaires et "ne sont pas entraînées pour vous fournir des réponses factuelles mais pour vous fournir des réponses probables". Il y a un risque de "désordre total dans la tête de nos plus jeunes" si cet usage n'est pas accompagné d'esprit critique.

      Rapport des Français à la Science :

      • Il existe une "relation des Français à la science" qui est croisée avec la façon dont le public s'informe.
      • L'intérêt pour l'information scientifique est plus élevé chez les jeunes (18-24 ans).
      • Les sujets scientifiques les plus recherchés sont la santé, la médecine et le climat.
      • Opinion générale : L'opinion est "plutôt positive". La science permet de mieux comprendre le monde (88%), développer de nouvelles technologies et améliorer la vie quotidienne.
      • Confiance envers la science : Une "attitude positive qui n'est pas une carte blanche". Les Français ne donnent pas une confiance aveugle.
      • 60% pensent que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes.
      • 51% pensent que la communauté scientifique est indépendante pour valider ses résultats.
      • La confiance envers la science est "du même ordre un peu plus" élevée chez les jeunes par rapport au reste de la population.
      • Les sciences humaines sont perçues comme plus à même de nourrir l'esprit critique que d'autres sciences (économie notamment).
      • Il existe une inquiétude concernant l'attitude sceptique croissante vis-à-vis des sciences, potentiellement liée aux réseaux sociaux et à la "défiance des élites" où "en politique toutes les opinions se valent, alors en science peut-être aussi".

      Rapport à l'Esprit Critique :

      • Trois quarts des sondés estiment avoir l'esprit critique.
      • Les personnes intéressées ou passionnées par la science sont plus nombreuses (80%) à affirmer avoir l'esprit critique.
      • Compétences mobilisées : Raisonnement logique/rationnel, s'informer davantage, comparer différents points de vue.
      • Comportements liés à l'esprit critique : Être prêt à changer d'opinion sur la base de raisons convaincantes (80%), comparer beaucoup de points de vue (78%), trouver important de remettre en question les croyances traditionnelles avec des preuves logiques/rationnelles.
      • Le débat avec d'autres est considéré comme important par 60% des répondants, principalement dans la sphère privée.
      • Typologies de répondants :Convaincus (30%) : Plus jeunes, masculins, confiants envers la science et les médias, plutôt positionnés à droite.
      • Éloignés (15%) : Plus souvent féminins, moins diplômés, moins consommateurs d'information, faiblement engagés sur la science, se positionnent peu sur leur esprit critique.
      • Défiance (12%) : Typologie moins détaillée dans les extraits mais mentionnée comme étant "plus bruyants que les autres" sur les réseaux sociaux. L'un des intervenants souligne cependant qu'il ne faut pas "s'obnubiler par ces 12%" en oubliant la majorité qui n'a pas cette posture.

      Rôle de l'Éducation et des Médias :

      • La question de l'évaluation de l'esprit critique chez les élèves, notamment face à l'IA, est un enjeu pour l'Éducation Nationale. L'IA générative pose le défi de la "boîte noire" algorithmique qui rend difficile l'évaluation des sources et de la fiabilité.
      • L'éducation aux médias et à l'information (EMI) est jugée cruciale, d'autant plus avec l'augmentation attendue des "fausses sources d'information" générées par l'IA.
      • Il est suggéré d'intégrer dans l'éducation la compréhension du protocole scientifique et potentiellement l'apprentissage du codage.
      • Le rôle des organismes de médiation scientifique comme Universcience est souligné comme "primordial" pour rendre la science accessible et contribuer à l'éducation de tous âges.
      • Les médias traditionnels font face à une baisse d'audience, notamment chez les jeunes, mais leur rôle est toujours perçu comme important pour "que la science ne soit pas reléguée au même rang que tout le tous les autres fait divers".

      Relation entre Scientifiques et Politiques :

      • Il existe une "défiance vis-à-vis des élites politiques" qui "touche les élites scientifiques et les deux se nourrissent".
      • Les politiques sont tout en bas de la hiérarchie de confiance perçue par les Français, tandis que les scientifiques sont en haut.
      • Une critique est émise sur la façon dont les politiques traitent la science ("budgétairement et intellectuellement"). Le manque de scientifiques au gouvernement est mentionné. "le problème c'est comment les politiques traitent budgétairement et intellectuellement la science".
      • La "porosité" entre la critique des institutions et la critique de la science est reconnue, mais la hiérarchie de confiance reste distincte.

      Conclusions Clés des Intervenants :

      • Michel Vivorka : La société est "dans le mouvement" et "dans le changement", avec une jeunesse "très encourageante" qui porte cette dynamique et une confiance renouvelée dans l'idée de progrès. Les politiques semblent "à la traîne" de ce mouvement. L'IA apporte des outils pour "mieux réfléchir, mieux s'informer", mais elle ne peut pas remplacer la créativité humaine. Il faut réfléchir aux moyens de "maîtriser d'une manière ou d'une autre" l'IA.
      • Magda Thomasini : L'intérêt se porte sur les jeunes (18-24 ans) qui sont plus familiarisés et utilisateurs de l'IA. L'Éducation Nationale cherche à évaluer leur "capacité critique par rapport à l'intelligence artificielle". La "boîte noire" des algorithmes IA pose des questions de transparence. L'esprit critique est "multifactoriel" (compétences, attitude, connaissances) et difficile à définir précisément.
      • Michel Dubois : L'enquête "rassure tout le monde" en montrant que les Français "n'ont pas perdu le contact avec les sciences" et sont "très intéressés par les nouveaux développements". Il faut se méfier des discours anxiogènes basés sur une minorité (les 12% de "défiance"). L'ambivalence française face à l'IA est "un record quasiment à l'échelle mondiale". Un risque majeur identifié est l'usage de l'IA générative pour s'informer, qui repose sur une incompréhension de son fonctionnement et nécessite un "éveil cet esprit critique à l'égard des usages de l'IA". Il est crucial de "faire rentrer la science dans la culture" pour irriguer l'esprit critique au-delà des humanités.
      • Emiliano Grossman : Il partage l'inquiétude sur l'usage de l'IA générative pour l'information ("la recette d'une forme de cauchemar informationnel"). La défiance, bien que minoritaire, est "plus bruyante que les autres", amplifiée par les réseaux sociaux. La confusion entre "bon doute" et "mauvais doute" est un enjeu : certains pensent que "toutes les opinions se valent" en science, par extension du populisme politique. Il faut une "une prise de conscience de des élites politiques de leur puissance [...] par rapport à la crédibilité des démarches scientifiques".

      Quote Significative :

      • Sur la définition de l'esprit critique : "... la capacité à trier l'information pour construire une opinion fondée en déjouant... les biais cognitifs et les biais argumentatifs..."
      • Sur l'IA et les risques : "...dès qu'on est plus dans ce qui fait société, on voit qu'il y a quand même une forme d'inquiétude plus plus importante..."
      • Sur la confiance et les usages de l'IA : "...plus il y a des questions de responsabilité voire de risque vital plus la confiance décroit..."
      • Sur l'usage de l'IA générative : "...les IA ne sont pas des dictionnaires... ne sont pas entraînées pour vous fournir des réponses factuelles mais pour vous fournir des réponses probables..."
      • Sur le rapport à la science : "...une attitude positive qui n'est pas une carte blanche..."
      • Sur la défiance et les élites : "...en politique toutes les opinions se valent, alors en science peut-être aussi..."
      • Sur la relation science-politique : "...le problème c'est comment les politiques traitent budgétairement et intellectuellement la science..."
      • Cette synthèse met en lumière une population française globalement positive et intéressée par la science et la technologie, notamment chez les jeunes, mais marquée par une forte ambivalence face à l'IA et une inquiétude quant à la fiabilité de l'information à l'ère numérique.

      L'enjeu de l'éducation à l'esprit critique, au-delà du cadre scolaire, et le rôle des différents acteurs (scientifiques, éducateurs, médias, politiques) sont soulignés comme essentiels pour naviguer dans ce paysage informationnel complexe.

    1. Briefing sur les défis de l'enfance et le rôle de la culture pour faire grandir les enfants

      Source : Extraits de "Demain, quel défis pour les enfants - Faire grandir les enfants : quel rôle pour la culture ?"

      Contexte : Cette table ronde réunit des experts et une jeune participante pour discuter de l'avenir de l'enfance, des défis auxquels les enfants sont confrontés et de la manière dont la culture peut jouer un rôle dans leur développement.

      Les intervenants sont :

      • Philippe Jaffé : Psychologue clinicien, professeur à l'Université de Genève, membre du Comité des droits de l'enfant aux Nations Unies.
      • Lélia Benoît : Pédopsychiatre et chercheuse associée, travaillant sur l'écoanxiété des enfants et adolescents, auteure du livre "Infantisme".
      • Virginie Wadeek : Ancienne inspectrice de l'éducation nationale, docteure en sociologie de l'éducation, travaillant sur l'égalité filles-garçons à l'école.
      • Naïlem Gambaï : Élève de seconde, ayant participé à la rédaction de la Charte parisienne des droits de l'enfant et portant la voix des enfants sur des sujets d'actualité.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • Définition et Nature de l'Enfance :
      • Philippe Jaffé définit l'enfant d'un point de vue légal comme tout être humain de moins de 18 ans, mais insiste surtout sur le fait qu'il s'agit d'un être humain, une personne digne de considération. Il décrit l'enfance comme une période particulière et merveilleuse, caractérisée par la curiosité, l'altruisme et une grande intelligence.
      • L'enfance est vue par les experts comme une période d'investissement dans l'avenir et d'optimisme pour l'humanité (Lélia Benoît).
      • Motivation de l'Engagement en Faveur des Enfants :
      • Philippe Jaffé cite un sentiment d'indignation face à la marginalisation des enfants ("l'enfant tais-toi et mange ta soupe"), ainsi qu'une sensibilité aux souffrances silencieuses vécues par de nombreux enfants. Son engagement vise à "tenter de le libérer dans une société qu'il considère plus" et à "soutenir de les propulser dans la vie sur des rails plus harmonieux".
      • Virginie Wadeek est passionnée par l'écoute des enfants et leur vision du monde, trouvant leur intelligence "diablement intelligente".
      • Lélia Benoît voit l'engagement comme une marque d'optimisme, l'envie de "miser sur l'avenir" et de transmettre "ce qu'on a de meilleur".
      • Confiance et Inquiétudes pour l'Avenir :
      • Naïlem Gambaï exprime à la fois confiance en sa génération d'adolescents engagés ("bah peut-être on va changer les choses plus vite ou mieux") et méfiance envers les adultes actuels qui "font n'importe quoi" et dont les actions ne sont pas toujours visibles ("on voit pas grand-chose à notre échelle").
      • Les experts partagent certaines inquiétudes :
      • Lélia Benoît est particulièrement préoccupée par la difficulté à entendre les besoins des enfants face au changement climatique, le fait qu'on les "ridiculiser à les humilier" lorsqu'ils s'expriment, et le manque de priorité donnée à leur avenir.
      • Philippe Jaffé constate que de grandes réunions n'aboutissent pas à des actions concrètes, mais trouve espoir et inspiration auprès d'enfants exceptionnels qui le poussent à agir. Il note la difficulté pour les enfants à avoir une "place à la table", illustré par l'absence d'enfants lors d'une conférence sur l'éradication du travail des enfants.
      • Virginie Wadeek a davantage confiance en la jeune génération pour son esprit critique aiguisé, notamment face aux fake news et à l'intelligence artificielle.
      • Perceptions des Enfants sur l'Avenir de la Planète :
      • Des enfants interrogés expriment des inquiétudes quant à l'avenir de la Terre en raison de la pollution et du manque d'attention des adultes.
      • Cependant, d'autres enfants manifestent de l'espoir, citant l'engagement croissant de leur génération pour prendre soin de la nature, notamment à travers des manifestations. L'idée d'un collectif pour agir est mise en avant.
      • Écoanxiété chez les Enfants et Adolescents :
      • Lélia Benoît décrit l'écoanxiété comme l'ensemble des émotions (anxiété, colère, indignation, honte, espoir, envie d'agir) ressenties face aux dégradations environnementales.
      • Elle souligne que l'écoanxiété n'est pas une maladie, mais une "réaction humaine saine" et une forme d'"éco empathie" (Philippe Jaffé) qui peut pousser à l'action.
      • L'écoanxiété est augmentée lorsque les gouvernements ne prennent pas la mesure de l'urgence climatique.
      • Philippe Jaffé note que cette sensibilité chez les enfants peut être perçue comme une perte d'innocence, car ils se sentent responsabilisés face à un problème créé par les adultes, alors qu'ils devraient pouvoir vivre pleinement leur enfance sans cette idée d'un avenir potentiellement "amputé".
      • Égalité Filles-Garçons et Stéréotypes de Genre :
      • Des enfants interrogés perçoivent une amélioration de l'égalité, citant notamment le droit de choisir ses vêtements indépendamment du genre.
      • Virginie Wadeek observe des "évolutions, des reculs et des patinages" dans ce domaine.
      • Elle décrit des stéréotypes persistants dans les pratiques enseignantes, comme le fait d'interroger plus spontanément les garçons pour des hypothèses en mathématiques et les filles pour des synthèses, ce qui peut avoir un impact sur les apprentissages.
      • Elle souligne un recul dans les programmes scolaires, où l'égalité des sexes semble être devenue "de l'ordre du cosmétique" et non plus un objectif principal.
      • Naïlem Gambaï témoigne de la persistance des stéréotypes dans l'orientation professionnelle (infirmière vs ingénieur), où la présence minoritaire dans certains domaines peut rendre difficile de se sentir "à sa place".
      • L'Infantisme : Préjugés et Discriminations envers les Enfants :
      • Lélia Benoît définit l'infantisme comme l'ensemble des préjugés et discriminations systématiques à l'encontre des enfants et adolescents (les moins de 18 ans). C'est une forme d'agéisme, mais souvent non reconnue comme telle en France.
      • L'infantisme peut être lié à des motivations individuelles inconscientes (répétition de comportements vécus) ou à des aspects plus collectifs et sociologiques, considérant les enfants comme un groupe social minoritaire, ayant moins de droits et de pouvoir.
      • Lélia Benoît affirme qu'on est dans un "infantisme systémique" qui se manifeste dans les politiques publiques (manque d'investissement dans l'éducation, la santé, la parentalité) et dans les comportements individuels quotidiens qui soumettent les enfants à des "humiliations".
      • Elle réfute l'idée qu'il n'y aurait que des enfants maltraités d'un côté et des "enfants rois" de l'autre, soulignant que l'immense majorité des enfants subissent un lot d'humiliation quotidienne du simple fait de leur âge. La situation en France est pire que dans d'autres pays proches.
      • Philippe Jaffé trouve la notion d'infantisme intéressante, liant discrimination et domination. Il suggère que les enfants, notamment les adolescents, défient parfois les catégories établies par les adultes, comme la fluidité de genre. Il souligne le manque de pouvoir des enfants dans notre société et la difficulté à reconnaître leurs "compétences évolutives".
      • Droit de Vote pour les Enfants :
      • Lélia Benoît propose sérieusement le droit de vote pour tous les enfants dès la naissance. Elle argumente que l'impuissance est plus terrible que la responsabilité, et que donner du pouvoir réduirait le poids de la responsabilité sur les enfants.
      • Elle compare la situation à celle des personnes âgées qui votent par procuration même avec des capacités cognitives diminuées, soulignant le manque de considération pour la voix des enfants.
      • L'idée est de passer d'un système où le droit de vote est acquis à 18 ans à un système où personne n'a le droit de voter pour soi après 18 ans, laissant une période où le vote serait accompagné mais progressif.
      • Philippe Jaffé se déclare favorable, citant l'exemple de la Suisse où l'on vote souvent et où la participation des enfants enrichirait la démocratie. Il voit cela comme un moyen de reconnaître les compétences des enfants et d'obliger les adultes à tenir compte de leur opinion.
      • Virginie Wadeek ne se prononce pas directement sur le droit de vote national, mais insiste sur le rôle de l'école comme "territoire d'apprentissage" de l'expression et du choix, citant l'exemple des conseils d'enfants.
      • Naïlem Gambaï est favorable mais propose des nuances : pas forcément le vote pour les élections présidentielles qui pourrait être influencé par les parents et l'éloignement des enjeux, mais plutôt un vote sur des "actions" concrètes qui les concernent directement, peu importe le président élu. Elle suggère aussi un "droit de consultation" où l'avis serait écouté même si la décision finale revient aux adultes. Elle cite l'idée d'un "conseil de députés d'enfants".
      • Consultation et Participation des Enfants :
      • Il existe déjà des instances de consultation des jeunes (conseils de vie scolaire, conseils de jeunes, consultation UNICEF), mais une participante souligne le manque de visibilité de ces consultations pour le grand public adulte et la frustration qu'il peut y avoir si les propositions ne sont pas prises en compte.
      • Il est souligné que les adultes ont beaucoup à apprendre des enfants et des plus jeunes.
      • Naïlem Gambaï explique son engagement par le désir de "briser ces préjugés" sur les enfants et de montrer leur capacité et leurs idées. Elle souhaite des "réels débats" entre enfants et adultes sur des sujets qui les concernent, sans "se moquer de nous".
      • Elle partage une expérience inspirante à l'Académie du Climat où elle a rencontré des enfants de pays en conflit qui étaient amis, illustrant la capacité des enfants à dépasser les frontières créées par les adultes.
      • Pédagogies Alternatives à l'École :
      • Une question est posée sur le manque de présence de pédagogies comme Montessori ou Freinet dans les écoles publiques.
      • Virginie Wadeek, ayant enseigné dans une école Freinet publique, souligne l'importance de la formation des enseignants et la liberté pédagogique. Elle note que ces pédagogies ne sont pas toujours suffisamment abordées dans la formation initiale actuelle.
      • Lélia Benoît ajoute que ces pédagogies respectent davantage les besoins et le rythme de l'enfant, mais que leur mise en œuvre dans les écoles publiques est freinée par le manque de moyens et un regard sur l'apprentissage centré sur le contenu théorique et non sur la pratique ou la coopération.
      • Solutions pour Changer les Adultes :
      • Lélia Benoît propose plusieurs pistes :
      • L'"alphabétisation émotionnelle" pour aider les adultes à reconnaître et gérer leurs émotions face aux enfants, pour éviter de réprimer leur expression.
      • Reconnaître et soutenir le travail d'éducation et de parentalité, souvent invisibilisé et épuisant, ce qui peut générer des frustrations reportées sur les enfants.
      • Arrêter d'imposer la parentalité et offrir du soutien pour éviter le burnout.

      Conclusion :

      • La table ronde met en évidence les défis complexes auxquels les enfants sont confrontés, de l'écoanxiété à la persistance des stéréotypes de genre et à l'infantisme systémique.

      Un point central qui émerge est le manque de pouvoir et de considération accordé à la voix des enfants dans la société.

      L'engagement des experts et de la jeune participante Naïlem témoigne d'une volonté de changer les choses. Des pistes de solutions sont explorées, allant du droit de vote pour les enfants à une meilleure formation des enseignants et un soutien accru à la parentalité.

      La consultation et la cocréation intergénérationnelle sont vues comme essentielles, à condition que la voix des enfants soit réellement écoutée et prise en compte pour éviter la frustration et l'impuissance.

      Les témoignages d'enfants soulignent à la fois leurs inquiétudes et leur capacité d'engagement et d'optimisme.

      Quotes Clés :

      • Philippe Jaffé : "un enfant... c'est avant tout c'est un être humain c'est une personne c'est une personne qui est digne de considération et c'est une période tellement particulière et merveilleuse de l'existence humaine"
      • Philippe Jaffé : "c'est le sentiment d'indignation qui m'a animé beaucoup celui de l'enfant tais-toi et mange ta soupe"
      • Naïlem Gambaï : "j'ai confiance parce que bah les adolescentses de mon âge ou un peu plus grand je vois qu'ils sont engagés... mais par contre j'ai pas confiance en les adultes d'aujourd'hui parce qu'ils font n'importe quoi"
      • Lélia Benoît : "l'écoanxiété c'est pas que de l'anxiété hein c'est l'ensemble des émotion qu'on peut ressentir face au aux dégradations environnementales"
      • Lélia Benoît : "l'écoanxiété c'est pas une maladie du tout c'est plutôt une réaction humaine saine"
      • Philippe Jaffé : "c'est l'expression d'un réalisme de la part de de jeunes gens et de et d'enfants"
      • Lélia Benoît : "l'infantisme donc c'est l'ensemble des préjugés et discrimination systématique à l'encontre des enfants"
      • Lélia Benoît : "l'immense majorité des enfants subit plus ou moins d'humiliation quotidienne du simple fait de leur âge"
      • Naïlem Gambaï : "il y a toujours beaucoup trop de différence entre les filles et les garçons"
      • Naïlem Gambaï : "on a l'impression de bah comme vous le disiez de grandir trop vite de devoir se mettre à la place des adultes de dev voir tout comprendre et c'est vrai que ça nous enlève une part d'innocence"
      • Lélia Benoît : "ce qui est terrible c'est pas la responsabilité c'est l'impuissance"
      • Lélia Benoît : "de 0 à 18 ans tous les gens qui peuvent aider les enfants... n'ont aucune voix"
      • Naïlem Gambaï : "souvent on colle des étiquettes aux enfants qui sont pas capables qui sont pas assez intelligents et justement moi j'aimerais briser ces préjugés qu'on nous met et montrer que Ben les enfants on est autant capable qu'on a des meilleures idées que les adultes parfois"
      • Naïlem Gambaï : "ces frontières ces lignes qu'il y a sur les globes bah nous on s'en fiche on les voit pas on est tous amis et on est tous être pareil"
    1. Note de Synthèse : Inscrire les enfants au cœur de nos actions - Faire grandir les enfants : quel rôle pour la culture ?

      Date: 2024-05-16 Sujet: Compte rendu de la table ronde sur l'implication des enfants dans les actions culturelles et citoyennes.

      Participants: Vanina Arigi de Casanova (Ville de Paris), Daniel Vallante (Universités de Genève et Lyon Lumière 2), Sophie Sage (Young V&A), Shinami Sakai (Young V&A).

      1. Introduction

      Cette table ronde réunit des professionnelles travaillant pour et avec les enfants dans des domaines variés : les droits de l'enfant à la Ville de Paris, la recherche sur le design participatif avec des enfants en situation de handicap visuel, et la muséographie au Young V&A, une branche du Victoria and Albert Museum dédiée au jeune public.

      Le thème central de la discussion est l'importance et les modalités d'impliquer activement les enfants dans l'élaboration des actions qui les concernent.

      2. Thèmes Principaux

      • La Participation des Enfants comme Droit Fondamental : Un fil conducteur de la discussion est la reconnaissance que la participation des enfants n'est pas seulement une approche pédagogique ou méthodologique, mais un droit fondamental.
      • Le Design Participatif et la Co-création : Plusieurs intervenantes présentent des méthodologies basées sur le design participatif, où les enfants sont impliqués dès les premières étapes de conception de projets, que ce soit des outils, des espaces ou des programmes.
      • L'Empouvoirement (Empowerment) des Enfants : Les projets discutés visent à renforcer le pouvoir d'agir des enfants, à les rendre acteurs de leur vie et de la société, et à augmenter leur sentiment de compétence.
      • L'Adaptation des Adultes aux Besoins et Perspectives des Enfants : Plutôt que d'attendre que les enfants s'adaptent aux structures et contenus conçus par les adultes, les intervenantes soulignent la nécessité pour les adultes de s'adapter aux particularités, aux besoins et aux modes d'expression des enfants.
      • Les Défis de l'Implication des Enfants : La table ronde aborde également les obstacles et les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de démarches participatives avec les enfants, notamment le regard des adultes, la nécessité de lâcher le contrôle, les contraintes budgétaires et temporelles, et la culture organisationnelle.

      3. Idées et Faits Importants

      Vanina Arigi de Casanova (Ville de Paris) : Sa mission est de "sensibiliser tous les enfants parisiens à leurs droits fondamentaux".

      L'impulsion initiale est venue d'une "recherche de sens" après une carrière de journaliste, constatant le manque de connaissance de la citoyenneté.

      Le travail avec les enfants "apporte beaucoup de choses et qu'on a l'impression que ça fait sens parce que ça fait sens pour eux aujourd'hui et pour pour la société plus tard".

      La Ville de Paris associe de plus en plus les enfants à des projets précis, comme la rénovation des cours d'école ("cours oasis") et les budgets participatifs.

      La mission droit de l'enfant a débuté par une "grande consultation d'enfants" pour élaborer la "charte parisienne des droits de l'enfant".

      Cette charte est un "manifeste de ce que les enfants demandent à la ville", une de leurs demandes essentielles étant de "pouvoir précisément s'exprimer en fait et être beaucoup plus associé à toutes les décisions".

      Les méthodes d'atelier s'inspirent notamment de la méthode Freinet ("je critique, je désire, je propose").

      Il est crucial de "crée[r] le cadre dans lequel ils peuvent s'exprimer" et qu'ils comprennent "le but dans lequel on les interroge".

      Des consultations spécifiques ont été menées avec des enfants accompagnés par l'aide sociale à l'enfance pour l'élaboration du nouveau schéma de protection.

      L'"assemblée citoyenne des enfants" est une instance rassemblant des adolescents pour "formuler des propositions au Conseil de Paris" sur des sujets comme l'environnement.

      Donner le droit de vote aux enfants "changerait radicalement la manière dont on fait de la politique", potentiellement en introduisant des "visions à plus long terme". Le principal frein perçu est l'influence des adultes.

      La participation rend les enfants "acteurs", "sujets de droit", "respecté[s]", "écouté[s]", et contribue à leur "propre protection" en leur donnant les moyens d'agir. Daniel Vallante (Universités de Genève et Lyon Lumière 2) : Sa recherche se concentre sur "comment rendre accessible la culture visuelle à des enfants insituation d'handicap visuel notamment les enfants aveugles".

      Elle travaille sur la création d'images tactiles, d'illustrations en relief, et d'outils multisensoriels.

      Le "design participatif" est une démarche clé, née du constat que créer des contenus pour les enfants aveugles sans leur participation ne permet pas de prendre en compte leur perception du monde (ex: le dessin de la rivière).

      Le design participatif s'inscrit dans le "design centré sur l'utilisateur" mais "inclu[t] dès le début du processus", avant même que l'idée soit complètement formée.

      Le travail avec les enfants aveugles nécessite de "créer des conditions de participation en passant par des médiations", souvent par le jeu et des expériences multisensorielles.

      L'exemple du projet "petit explorateur tactile au musée" montre comment l'observation des interactions des enfants avec des objets a nourri la création d'illustrations et de textes basés sur des caractéristiques tactiles, sonores et des analogies.

      Le design participatif s'aligne avec le slogan des Disability Studies : "rien sur nous sans nous".

      La participation apporte un "sentiment de compétence" aux enfants et change la "représentation que l'entourage va avoir des compétences de ses enfants". C'est un "renversement de situation" pour des enfants pour qui l'on décide souvent.

      Une difficulté du design participatif est de faire un budget car "on sait pas où on va", ce qui demande une "prise de risque" et de la "confiance". Le temps nécessaire est également un défi.

      Sophie Sage et Shinami Sakai (Young V&A) :

      Le Young V&A est une branche du Victoria and Albert Museum dédiée au jeune public, avec pour mission de "développer la créativité la confiance des prochaines générations".

      La "Play Gallery" est un espace conçu pour les enfants, utilisant la texture, les couleurs et les sons, avec des objets "à hauteur d'enfant".

      Le musée travaille en "cocréation" avec le public, impliquant architectes, designers et équipes de construction "à toutes les étapes du projet".

      La cocréation est "au cœur de tout ce qu'on fait", une décision soutenue par la direction du musée.

      Le jeu est un aspect central, reconnu pour les "compétences incroyables" qu'il apporte.

      Un projet collaboratif a impliqué des familles pendant 6 semaines, explorant des répliques d'objets du musée pour créer un nouvel ensemble d'objets.

      L'approche était basée sur "l'observation" des réactions des familles, en laissant les familles "répondre à nos propositions de façon très libres".

      L'empouvoirement est vu de manière holistique, incluant les enfants "et les adultes qui les entour[ent]".

      L'implication des parents, des soignants et du corps enseignant est cruciale car la vie d'un enfant est "beaucoup plus holistique" que les catégories muséales traditionnelles.

      Les projets de cocréation ont permis de structurer le nouveau développement du musée, malgré le temps supplémentaire que cela peut demander.

      Des projets plus petits, comme la création d'un diorama avec un maître Donjon et Dragon, ont également été menés en impliquant les enfants dont les suggestions ont été intégrées.

      Les vitrines sont vues comme un obstacle à l'implication active des enfants. Pour contrer cela, des "kits" et des instructions ("playhack") sont proposés aux parents pour recréer les objets à la maison.

      La cocréation a influencé des aspects plus larges du musée, comme la couleur des murs et la police d'écriture pour l'accueil des visiteurs, tirant parti des "témoignage[s] des enfants".

      La difficulté réside dans le fait de devoir obtenir l'approbation de tous au sein de l'organisation et de changer la culture muséale.

      4. Défis et Perspectives

      La table ronde met en évidence les défis inhérents aux démarches participatives avec les enfants : le regard des adultes qui peut être restrictif, la nécessité d'accepter de lâcher le contrôle et l'incertitude des résultats (notamment financiers et temporels), et la remise en question des pratiques établies.

      Cependant, l'expérience des intervenantes démontre que ces approches sont non seulement possibles mais profondément enrichissantes, permettant de créer des projets plus pertinents, adaptés et de renforcer l'agence et le bien-être des enfants.

      La participation est un processus qui nécessite du temps, de la flexibilité et la volonté d'apprendre des enfants eux-mêmes.

      En conclusion, la table ronde souligne l'importance cruciale d'intégrer les enfants non pas comme de simples bénéficiaires, mais comme des partenaires actifs dans la conception et la mise en œuvre des actions culturelles et citoyennes.

      C'est une démarche qui, malgré ses défis, est essentielle pour faire grandir les enfants et, potentiellement, transformer positivement la société.

    1. Note de Synthèse : Audition des Représentants de Parents d'Élèves sur la Prévention des Violences en Milieu Scolaire

      Date de l'audition : 2025

      Participants :

      • FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) : Monsieur Grégoire Ensel (vice-président)
      • PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) : Monsieur Laurent Zamekovski (porte-parole)
      • APEL (Association des parents d'élèves de l'école libre) : Madame Hélène Louign (présidente du bureau national), Monsieur Christophe Abraham (secrétaire général)

      • Objet de l'audition : Modalités du contrôle par l'État et prévention des violences dans les établissements scolaires, avec un focus particulier sur les recours à la disposition des parents d'élèves lorsqu'ils suspectent des élèves victimes de violence par des adultes.

      • Serment prêté par les intervenants : Tous les intervenants ont prêté serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • Rôle des associations de parents d'élèves dans la prévention des violences :

      • Les associations se définissent comme des "vigies", attentives aux signaux faibles et cherchant à engager le dialogue avec les chefs d'établissement et les autorités académiques.

      • Leur action est variable en fonction de leur présence locale et de la qualité des échanges avec les instances académiques.

      • La FCPE et la PEEP ont un rôle statutaire de lutte contre les violences sexuelles et peuvent se constituer partie civile en justice.

      • L'APEL, bien qu'elle déplore fortement les violences, n'a pas le même statut de fédération structurée et ne peut pas se porter partie civile pour l'instant, mais souhaite sensibiliser les parents au signalement.

      • Il existe une reconnaissance de la nécessité de la coéducation et de la présence des parents dans les établissements.

      • Citation Clé (FCPE) : "nous avons un rôle de de vigie nous sommes extrêmement attentifs"

      • Citation Clé (FCPE) : "notre fédération a dans ses statuts depuis maintenant de nombreuses années la lutte contre les violences sexuelles et donc nous sommes dans nos statut habilités à nous porter partie civile"

      • Citation Clé (APEL) : "l'appel c'est une association euh donc àolitique non confessionnelle euh qui regroupe aujourd'hui un peu plus d'un million de de familles mais qui représente toutes les familles dans leur diversité au sein de l'enseignement catholique"

      Recours et processus de signalement :

      • Il n'y a pas de processus clair et unique pour les parents pour donner l'alerte.

      • Le 119 est présenté par l'APEL comme un numéro unique qui devrait être la référence, mais il est reconnu comme difficilement joignable et manquant de moyens.

      • Les associations privilégient d'abord le dialogue amiable (avec l'enseignant, le directeur d'école, l'inspecteur) pour comprendre la situation avant d'agir.

      • La FCPE et la PEEP peuvent aller jusqu'à se porter partie civile en justice, s'appuyant sur leur réseau territorial pour faire remonter les informations jusqu'au niveau national.

      • L'APEL, en raison de sa structure associative indépendante, déplore que les informations ne remontent pas systématiquement au niveau national. Elle souhaite mettre en place un processus de remontée.

      • Les signalements aux procureurs sont une option, mais les associations explorent différentes voies (119, dialogue, actions en justice).

      • Il y a un manque de transparence sur le suivi des signalements, ce qui peut créer de l'énervement et de la méfiance chez les parents.

      • La question de la "médiation amiable ou temporisation" est soulevée par les rapporteurs comme potentiellement problématique si elle retarde le signalement. Les associations clarifient qu'il s'agit d'abord de comprendre pour mieux agir, pas de temporiser indûment.

      • Citation Clé (FCPE) : "il n'y a pas clairement de process qui nous permettent de donner l'alerte"

      • Citation Clé (APEL) : "nous constatons que nous avons plus que des trous dans la raquette les moyens de signalement ne sont pas efficaces aux yeux de l'appel aujourd'hui il devrait y avoir un numéro unique qui est le 119"

      • Citation Clé (PEEP) : "nous on privilégie toujours en premier l'amiable les la discussion d'abord avec l'enseignant en deuxième temps si ça ne fonctionne pas la discussion avec le le chef d'établ enfin le chef d'établissement le directeur d'école l'inspecteur de circonscription"

      • Citation Clé (APEL) : "nous ne pouvons que déplorer le fait que les informations ne nous remontent pas au niveau national"

      Relations avec les établissements et les autorités :

      • Dans l'enseignement public, il existe une communauté éducative qui fonctionne mieux quand la relation de confiance avec les associations de parents est établie. Cependant, les associations peuvent aussi être vues comme des "perturbateurs".

      • Dans l'enseignement privé, l'APEL est partenaire de l'enseignement catholique mais revendique une "parole libre".

      Les statuts de l'enseignement catholique reconnaissent l'APEL comme la seule association de parents, bien que d'autres pourraient théoriquement exister.

      • Il existe des situations de "grand écart" entre les établissements où les associations de parents travaillent main dans la main avec la direction et ceux où elles sont tenues à l'écart.

      • La question de l'opacité des contrôles de l'État sur les établissements privés sous contrat, qui reçoivent une part importante d'argent public, est soulevée par la FCPE.

      • Citation Clé (PEEP) : "on nous incuse souvent de nous mêler de ce qui nous regarde pas"

      • Citation Clé (PEEP) : "à l'inverse dans des écoles où l'association est bien implantée dans lequel on a une relation de confiance avec les équipes pédagogiques... on crée des cercles virtuux"

      • Citation Clé (APEL) : "nous sommes partenaires avec l'enseignement catholique mais nous avons une parole libre et j'y tiens"

      • Citation Clé (FCPE) : "aujourd'hui nous avons des établissements privés sur contrat qui touchent plus de 75 % d'argent public et qui échapperait à tout contrôle"

      Problèmes structurels et dysfonctionnements :

      • La situation de Betaram est mentionnée comme un élément déclencheur de l'audition et un exemple de dysfonctionnement grave, en partie lié à un environnement quasi "huis clos".

      • Les victimes n'ont pas été protégées ni par leur école ni par la nation (selon la FCPE, en raison d'un manque de contrôle).

      • Il y a un problème avec l'administration de l'Éducation Nationale, jugée "mortifère et mortelle", qui a tendance à "enfouir" les situations et manque de transparence.

      • Les difficultés de joindre les instances (119, inspecteurs, etc.) sont un frein au signalement.

      • Le manque de psychologues et d'infirmiers scolaires, en particulier dans l'enseignement catholique (selon l'APEL), est un problème majeur pour le suivi et le soutien des élèves.

      • La question des conflits d'intérêts potentiels au sein de l'enseignement catholique, notamment en raison de la possibilité pour une même personne d'être membre de l'APEL et de l'OGEC (organisme de gestion employeur du personnel), est soulevée.

      L'APEL reconnaît que cela n'est pas souhaitable et va revoir ses statuts, mais reconnaît que la pratique existe encore, surtout en Bretagne.

      • La "loi du silence" ou l'omerta au sein de la communauté éducative est évoquée comme un facteur potentiel entravant les signalements.

      • Citation Clé (FCPE) : "on n'est pas du tout sur le même fonctionnement a priori j'imagine en tout cas quand il y a quelque chose ça se vite après on doit on a un rôle de médiateur" (en comparaison avec Betaram)

      • Citation Clé (FCPE) : "ces victimes n'ont pas été protégées... elles n'ont pas été protégées par la nation parce que la nation ne contrôle pas"

      • Citation Clé (PEEP) : "nous avons aussi une administration qui est mortifère et mortelle une administration qui se veut euh maltraiter et qui est maltraitante et qui a une perte en ligne monumentale"

      • Citation Clé (APEL) : "il y a quand même peu d'établissements où il y a des psychologues et des infirmières scolaires lorsque c'est le cas pour nous parents c'est totalement insuffisant"

      • Citation Clé (Députée) : "est-ce que vous pensez que ce fonctionnement peut ou a pu générer des conflits d'intérêt serré entre le général et le particulier des fois la frontière est est mince surtout que les parents membres de l'OJEC je le répète ont la fonction d'employeur des personnels"

      • Citation Clé (Députée) : "il y a une loi du silence il y a une omerta"

      Moyens et structuration des associations :

      • Comparaison des moyens (ETP, budget) des trois associations. La FCPE (13 ETP, budget 2.06 M€) et la PEEP (moins de 5 ETP, budget 0.75 M€) sont des fédérations structurées avec des associations locales, départementales et nationales.

      L'APEL (20 ETP au national) est une union d'associations indépendantes, ce qui limite la remontée d'informations au niveau national malgré des moyens centraux importants.

      • Les associations publiques peuvent s'appuyer sur leur réseau pour les actions en justice, un soutien juridique et une assurance pour leurs membres.

      • L'APEL, en raison de son statut d'association et non de fédération, n'a pas de pouvoir hiérarchique sur ses structures locales, ce qui entrave la remontée systématique des signalements.

      • Le bénévolat est en évolution, avec des engagements moins longs, ce qui rend la formation des représentants (délégués ou correspondants) d'autant plus cruciale.

      • Il y a un besoin de moyens publics pour soutenir la mission des associations de parents d'élèves.

      • Citation Clé (FCPE) : "nous n'avons pas autorité hiérarchique sur nos nos membres nous avons conseil des dialogues échange mais on n'impose pas une association départementale une action plutôt qu'une autre"

      • Citation Clé (APEL) : "nous sommes une association donc chaque structure est indépendante et nous ne pouvons que déplorer le fait que les informations ne nous remontent pas au niveau national"

      • Citation Clé (PEEP) : "le bon évela aujourd'hui est en crise et aujourd'hui c'est de plus en plus difficile d'avoir effectivement des subsides publics"

      Propositions d'amélioration et avenir :

      • Tolérance zéro : Affirmée par l'APEL.

      • Amélioration du signalement : Numéro unique efficace (119 renforcé), transparence sur le suivi, communication claire aux parents sur les procédures.

      • Contrôle renforcé : Création d'une agence nationale publique de contrôle des établissements privés sous contrat (proposition FCPE), contrôles périodiques et transparents, publication des rapports d'audit.

      • Formation : Meilleure formation des enseignants, chefs d'établissement, inspecteurs sur la détection et le signalement des violences. Formation obligatoire des cadres de l'APEL sur ces sujets.

      • Soutien psychologique et sanitaire : Augmentation du nombre de psychologues et infirmiers scolaires dans tous les établissements.

      • Libération de la parole : Déploiement et application ferme du programme Evars, création de dispositifs d'écoute (présence adulte hors CPE/direction), dispositif d'alerte anonyme.

      • Transparence : Sur les contrôles, le suivi des signalements, les conseils de discipline (étude sur les conseils de discipline demandée par la FCPE).

      • Coopération : Meilleure collaboration entre l'État, les établissements et les associations de parents. Institutionnalisation du contact avec les fédérations reconnues d'utilité publique (proposition FCPE).

      • Réflexion interne (APEL) : Audit externe sur le fonctionnement associatif et les relations avec l'OGEC et les directions diocésaines pour dégager un plan d'action structurel.

      • Recrutement et suivi du personnel : Contrôles systématiques des antécédents judiciaires (B2) au recrutement et régulièrement, suivi des enseignants en difficulté.

      • Valorisation de l'engagement parental : Campagne de communication publique sur l'importance des élections de parents d'élèves (proposition FCPE), moyens pour les associations de parents.

      • Citation Clé (APEL) : "il faut vraiment une tolérance zéro dans l'ensemble de nos établissements"

      • Citation Clé (APEL) : "il devrait y avoir un numéro unique qui est le 119"

      • Citation Clé (FCPE) : "créer une agence nationale publique de contrôle des organismes privés sous contrat"

      • Citation Clé (PEEP) : "il y a plus de ps il y a plus aussi vous avez tout vu l'émission la vie émission Joël Mazar café cette présence de quelqu'un qui ne soit pas le CPE qui soit pas la direction mais à qui on peut parler librement elle est fondamentale"

      • Citation Clé (APEL) : "il faut à mon avis créer un dispositif d'alerte anonyme qui soit accessible à tous et qui soit compréhensible par tous"

      • Citation Clé (APEL) : "il faut faire une véritable introspection... prendre un cabinet externe pour faire ce travail"

      Points de convergence entre les associations :

      • La nécessité d'une tolérance zéro face aux violences.
      • L'importance du signalement, même si les processus actuels sont jugés insuffisants.
      • Le besoin d'une meilleure formation des personnels éducatifs.
      • Le manque de psychologues et infirmiers scolaires.
      • L'importance de la présence des parents dans l'école et de la coéducation.
      • Le besoin de transparence.

      Points de divergence ou spécificités :

      • Le statut (fédération vs association) et l'impact sur la remontée des informations et la capacité à se porter partie civile (FCPE et PEEP le peuvent, APEL pas actuellement).

      • Les propositions plus spécifiques (agence de contrôle pour les privés sous contrat pour la FCPE, audit externe pour l'APEL).

      • La relation avec l'enseignement catholique et les OGEC (spécifique à l'APEL).

      Conclusion générale :

      • L'audition met en lumière un consensus fort parmi les représentants de parents d'élèves sur la gravité des violences en milieu scolaire et la nécessité d'agir résolument. Cependant, elle révèle aussi des insuffisances importantes dans les dispositifs actuels de prévention, de signalement et de contrôle.

      Les associations de parents, malgré leur engagement et leur rôle essentiel de "vigies" et de soutien aux familles, sont confrontées à des défis structurels, un manque de transparence de l'administration, et des relations variables avec les établissements et les autorités.

      Des propositions concrètes sont formulées pour améliorer le système, notamment par un renforcement des contrôles (en particulier dans le privé sous contrat), une meilleure formation, des dispositifs de signalement plus efficaces et transparents, et un soutien accru aux associations elles-mêmes.

      L'actualité récente a accentué la prise de conscience et la volonté d'agir, y compris au sein de l'APEL qui souhaite revoir son fonctionnement interne pour faciliter la remontée des informations.

    1. Briefing : Utiliser l'IA dans le monde associatif avec Yann Ferguson (LaborIA)

      Source : Extraits de "Parlez-moi d’IA #67 Utiliser l'IA dans le monde associatif avec Yann Ferguson (LaborIA)", podcast animé par Jean-Philippe Clément, avec la participation de Yann Ferguson, chercheur et sociologue, directeur du laboratoire Laboria.

      Contexte : Ce briefing est basé sur des extraits d'une table ronde organisée par la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 13ème arrondissement de Paris, abordant les enjeux, risques et bonnes pratiques de l'utilisation de l'IA dans le monde associatif.

      Yann Ferguson, spécialiste de l'IA dans le monde du travail, y a partagé son expertise.

      Thèmes Principaux :

      • Origines et évolution de l'Intelligence Artificielle (IA).
      • Impact de l'IA sur le monde du travail, notamment dans le secteur associatif.
      • La crise récurrente de l'intelligence face aux nouvelles technologies.
      • Avantages et risques de l'IA générative (ChatGPT) et l'émergence du "Shadow AI".
      • Alternatives aux grands modèles d'IA et l'importance de l'Open Source et de l'IA frugale.
      • Utilisation de l'IA dans l'éducation et le développement des compétences humaines.

      Idées Clés et Faits Importants :

      Définition et histoire de l'IA :

      L'IA est avant tout une discipline de recherche formalisée à partir du milieu des années 1950.

      Le terme "Intelligence Artificielle" a été choisi dès 1955 pour son pouvoir accrocheur et marketing, permettant d'attirer des financements.

      Les fondateurs avaient pour ambition de créer des machines capables de réaliser des tâches nécessitant des processus mentaux de haut niveau, jusqu'alors mieux réalisées par les humains (raisonnement, organisation de la mémoire, pensée critique, apprentissage perceptuel).

      Citation : "l'intelligence artificielle c'est une discipline de recherche avant d'être des outils et des applications qui... a commencé à se formaliser à partir de la deuxième moitié des années 50 donc 1950."

      Citation : "Ils cherchaient un terme assez accrocheur... un peu qui avait une dimension marketing assez forte." Deux approches historiques de l'IA : Initialement, deux grandes voies ont été explorées :

      L'imitation du raisonnement humain (IA logique ou symbolique) : reproduire les logiques des experts face aux problèmes. Cette approche a dominé jusqu'aux années 2000.

      L'imitation de l'apprentissage humain (apprentissage machine - machine learning) : fabriquer des machines qui apprennent à partir d'exemples, comme les humains. Cette approche a connu un renouveau important depuis 2010, notamment grâce à l'avènement du Big Data.

      Citation : "Le premier chemin consiste à imiter le raisonnement humain... La deuxième manière qu'ils ont imaginé c'est plutôt d'imiter le l'apprentissage humain."

      Citation : "depuis 2010 on connaît un renouveau de l'intelligence artificielle mais plus autour de l'approche de limitation du raisonnement humain bien plus autour de l'approche de limitation de l'apprentissage humain."

      Citation : "une des raisons pour lesquelles on a une accélération... ça a été le big data vous savez toutes ces données que l'on retrouve sur internet."

      L'apprentissage profond (Deep Learning) et le problème de la boîte noire : Le Deep Learning, un courant du machine learning, a permis d'obtenir d'excellents résultats (conversation, reconnaissance d'images) mais souffre d'un problème d'opacité dans son fonctionnement, appelé "problème de l'explicabilité et de la boîte noire".

      Citation : "un courant du machine learning qui est le deep learning l'apprentissage profond... avec un problème c'est que la façon dont la machine parvient à apprendre est assez opaque."

      IA et le monde du travail : L'IA s'inscrit dans la révolution informatique, aux côtés de l'intelligence augmentée (l'ordinateur comme outil d'assistance) et de l'intelligence distribuée (réseau, Web, intelligence collective). L'IA, ou intelligence automatisée, est la machine capable de raisonner seule.

      Citation : "l'intelligence artificielle elle prend place dans la dans la révolution informatique à partir des années 50 et autour de cette de ces nouvelles machines les ordinateurs il y a en fait trois promesses d'intelligence Il y a l'intelligence augmentée... l'intelligence distribué... la troisième l'intelligence artificielle qui était plutôt l'intelligence automatisée."

      Les cinq scénarios du futur du travail face à l'IA : Yann Ferguson a identifié cinq grands récits sur l'impact de l'IA sur le travail :

      • Le travailleur remplacé : la machine prend la place de l'humain.

      • Le travailleur dominé : l'humain est commandé par la machine ou dépend de plateformes sans protection sociale ("uberisation").

      • Les travailleurs divisés : apparition d'une classe de travailleurs pauvres avec des emplois peu intéressants et mal payés.

      • Le travailleur augmenté : l'IA libère l'humain des tâches répétitives, lui permettant de se concentrer sur des tâches plus créatives et relationnelles. Le travailleur réhumanisé : Recentrage de l'humain sur des tâches dignes de son humanité.

      Citation : "j'avais proposé cinq grandes directions à ce récit... Il y a évidemment le récit du travailleur remplacé... la deuxième le deuxième élément un peu dystopique aussi hein c'est le travailleur dominé... 3ème scénario négatif c'est ce que j'avais appelé les travailleurs divisés...

      Il y avait quand même deux scénarios beaucoup plus optimistes Il y avait le scénario du travailleur euh du travailleur augmenté... Après le dernier c'est ce qu'on appelle le travailleur réhumanisé."

      Le rôle essentiel du secteur associatif ("tiers secteur non marchand") : Jeremy Rifkin, dans les années 90, anticipait que le logiciel remplacerait de nombreux emplois, mais que le "tiers secteur non marchand" (l'associatif), essentiel pour vivre ensemble et non adressé par les logiques marchandes, prendrait une part importante de notre activité.

      Citation : "il y a plein d'activités dont on a absolument besoin pour vivre ensemble Et il a appelé ça le tiers secteur non marchand."

      Citation : "l'associatif c'est tout ce dont on a besoin pour vivre ensemble mais que le marché n'adresse pas."

      L'impact de l'IA générative (ChatGPT) : La sortie de ChatGPT en novembre 2022 a transformé l'usage de l'IA, passant d'initiatives majoritairement patronales à une adoption par les employés eux-mêmes ("Shadow AI"). Plus de la moitié des Français utilisant l'IA au travail le font sans l'accord de leur manager.

      Citation : "Lia générative ça change tout... Avant ChatGPT les études montraient que il y avait entre 1 et 10 % des Français qui pouvaient dire j'ai travaillé avec lire Voilà au moins une fois avec Chat GPT on a dépassé les 20 %."

      Citation : "on est beaucoup plus dans moi employé j'utilise chat GPT et c'est mon employeur qui veut pas mais je le fais quand même Voilà on appelle ça le shadow AI."

      La crise récurrente de l'intelligence face aux technologies : L'histoire montre une résistance récurrente aux nouvelles technologies de l'intelligence, de l'écriture (critiquée par Socrate) à l'imprimerie, la télévision, internet et Wikipédia, toutes accusées de "nous rendre idiot" ou de détruire le lien social. Cette crainte se manifeste aujourd'hui avec l'IA.

      Citation : "Qu'est-ce qu'une technologie de l'intelligence c'est un un artefact qui va intervenir d'une façon ou d'une autre dans nos raisonnements Et un artefact très noble extrêmement valorisé dans les universités c'est l'écriture."

      Citation : "on a eu différents moments de crise de l'intelligence en lien avec les technologies de l'intelligence L'imprimerie a été une crise dans l'intelligence majeure... Lorsque j'étais jeune c'était la la télévision hein qui était qui nous rendait idiot... internet non seulement devait nous rendre idiot mais aussi de mettre devait mettre fin au lien social... Wikipédia... lorsque Tiag GPT est arrivé on a dit il cite pas ses sources."

      Citation : "on a une espèce de crise récurrente de l'intelligence qui amène souvent à considérer que la nouvelle technologie l'intelligence ça nous rend idiot." Perte de facultés versus développement de compétences supérieures : L'utilisation de technologies de l'intelligence peut entraîner une perte de certaines facultés (ex: mémorisation avec les smartphones), mais la question est de savoir si cette perte permet de se déplacer vers des facultés cognitives supérieures (raisonnement, interprétation).

      Citation : "il y a toujours une perte de faculté euh lorsqu'on ne mobilise pas la compétence... Montigne nous dit il vaut mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine."

      Le risque de la médiocrité généralisée par l'IA générative :

      L'IA générative peut rendre un travail "moyen" accessible sans effort, ce qui est gratuit et peut satisfaire le marché (y compris associatif).

      Le risque est d'accepter cette médiocrité intellectuelle au détriment d'un travail de meilleure qualité. Les experts sont mieux placés pour utiliser l'IA pour aller au-delà de la moyenne.

      Citation : "l' générative dont on parle beaucoup de ce soir elle peut facilement rendre tout le monde moyen sans effort." Citation : "quand vous êtes très performant dans votre sujet et bien vous êtes finalement un bien meilleur utilisateur de lien." Citation : "l'escroquerie c'est de dire que tout le monde peut tout faire avec liagénérative Ça c'est le mensonge." Citation : "le risque c'est plutôt cette espèce de satisfaction générale pour des choses de médiocre qualité intellectuelle."

      Alternatives Open Source et IA frugale : Face aux grands modèles propriétaires (comme ChatGPT d'OpenAI), il existe des alternatives Open Source dont le code est public et modifiable. Des modèles spécialisés et "frugaux" (moins consommateurs de ressources énergétiques) sont développés, permettant d'installer l'IA localement sur son ordinateur (ex: LM Studio).

      Des acteurs comme Perplexity proposent des modèles qui citent leurs sources (même si la vérification reste nécessaire). Des initiatives françaises comme Playas entraînent des modèles Open Source sur des corpus de données transparents.

      Citation : "il y a une une troisième voix qui est en train de s'ouvrir... J'ai il y a un acteur qui je trouve fait un travail fantastique en France qui s'appelle Playas qui est un acteur qui qui entraîne ses modèles ce qu'on appelle en open source."

      Citation : "Les solutions commencent à émerger... il n'y a pas que les grands modèles générals qui sont après on va revenir peut-être à un moment donné mais qui sont très très consommateurs de ressources d'énergie On peut il y a il y a désormais une école de développement de l'IA qui est euh très frugal très spé spécial très spécifique à des sujets."

      Citation : "Open AI est une solution privée où on ne connaît pas la source... Et il y a plein de modèles qui sont open source c'est-à-dire que le code il est publié en ligne."

      L'éthique et l'écologie de l'IA : La course au "scaling" (augmenter l'échelle des modèles) des grands acteurs est très énergivore.

      L'IA frugale, qui se concentre sur des tâches spécifiques et minimise les ressources, est une approche plus responsable. Une spécification AFNOR sur l'IA Frugale existe pour guider les développeurs.

      Citation : "J'ai pas pu m'empêcher de faire mon petit coup de gueule sur l'usage des modèles généraux énormes et leur fabrication euh versus les petits modèles frugo et et open source."

      Citation : "vous avez une spécification de l'AFNOR donc vraiment un truc officiel quand même qui s'appelle IA Frugal et qui donne des méthodes aux gens qui développent sur l'IA pour s'interroger sur la manière de le faire de la manière la plus la plus frugale."

      Utilisation de l'IA comme outil d'amélioration dans l'éducation :

      L'exemple de l'utilisation de l'IA pour aider une lycéenne à améliorer son devoir montre comment l'IA peut servir non pas à faire le travail à la place de l'humain, mais à le perfectionner et à développer des compétences critiques.

      Citation : "on a plutôt essayé de voir comment Lia pouvait l'aider à faire mieux qu'à faire moins."

      Conclusion Principale :

      L'IA représente une évolution majeure de l'intelligence, inscrite dans une histoire longue de technologies qui ont suscité des craintes récurrentes.

      Son impact sur le monde du travail, y compris dans le secteur associatif, est multiforme, avec des scénarios allant du remplacement à l'augmentation et à la réhumanisation du travail.

      L'avènement de l'IA générative a démocratisé son usage, mais soulève des questions éthiques, écologiques et de qualité.

      Il est crucial de ne pas se limiter aux grands modèles propriétaires et de considérer les alternatives Open Source et les approches d'IA frugale.

      L'enjeu n'est pas nécessairement de "déléguer l'intelligence humaine à une machine", mais de comprendre comment l'IA peut être un outil pour améliorer et développer les compétences humaines, notamment en s'appuyant sur les forces relationnelles et créatives de l'humain, particulièrement importantes dans le monde associatif.

      Être un "bon utilisateur" de l'IA, capable d'interpréter et de contextualiser ses réponses, est essentiel.

    1. NOTE D'INFORMATION : Traque des pédocriminels en ligne par l'association Les Enfants d'Argus

      Source : Extraits du documentaire "Ils TRAQUENT les pédocriminels en ligne - documentaire complet" (france.tv access)

      Date : 26/10/2023

      Sujet : Activités et motivations de l'association Les Enfants d'Argus dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne.

      Résumé Exécutif :

      • Le documentaire présente l'association Les Enfants d'Argus, composée de bénévoles qui se font passer pour des enfants de 10-12 ans sur les réseaux sociaux afin d'attirer et d'identifier des pédocriminels potentiels.

      L'objectif est de recueillir des preuves d'infractions (corruption de mineurs, proposition sexuelle, diffusion d'images pornographiques, etc.) pour constituer des dossiers solides et les transmettre aux autorités judiciaires (police, gendarmerie, parquets) afin de mener à des arrestations et des condamnations.

      L'association, active dans les pays francophones d'Europe (France, Suisse, Luxembourg, Belgique), s'appuie sur le travail d'une vingtaine à une trentaine de bénévoles, répartis en "enfants virtuels" (les appâts) et "enquêteurs" (ceux qui analysent les preuves et identifient les auteurs).

      Les motivations des membres sont souvent liées à des expériences personnelles de traumatisme, la démarche étant perçue comme un moyen de trouver une utilité et de combattre un fléau omniprésent mais tabou.

      Le travail est éprouvant émotionnellement et nécessite des précautions importantes pour la sécurité et la crédibilité des profils.

      L'association collabore avec les autorités, précisant ne pas "voler" leur travail mais le compléter.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      La méthode de l'Appât Virtuel :

      • L'association crée des profils fictifs sur les réseaux sociaux (principalement Facebook et Instagram) représentant des enfants de 10 à 12 ans. Ces profils sont conçus pour être crédibles, avec des centres d'intérêt (dessin, danse, chant, équitation), des photos (adultes rajeunis avec accord, photos libres de droit modifiées), et des publications imitant le langage et les fautes d'orthographe d'un enfant de cet âge.

      • "Un enfant virtuel, comme son nom l'indique, ce n'est pas un enfant, c'est un adulte qui a rejoint notre association... qui représente, sur les réseaux sociaux, un enfant qui aurait entre 10 et 12 ans..."

      • Ces comptes servent d'"appât" : "Le compte, c'est un appât ? - Oui, c'est un appât. - Et ça marche ? - Oui. Bah oui."

      • Étonnamment, les algorithmes des réseaux sociaux aident à diriger les "enfants virtuels" vers des "présumés pédocriminels" via les suggestions d'amis.

      "Paradoxalement, nous, on ne fait rien. Absolument rien. Les algorithmes des réseaux sociaux, d'une manière générale, vont eux-mêmes nous diriger, en suggestion d'amis, chez certains présumés pédocriminels." Un "enfant virtuel" mentionne avoir près de 1000 demandes d'amis, majoritairement d'hommes.

      L'omniprésence de la Pédocriminalité :

      • Les participants soulignent la fréquence alarmante des contacts initiés par des pédocriminels dès la création d'un faux profil enfant.

      • Un membre affirme : "La pédocriminalité, c'est vraiment... On se rend pas compte que nous, on connaît tous des gens... C'est partout. En moyenne, il y en a trois par classe."

      • Un autre ajoute : "sur les réseaux sociaux ou sur n'importe quel jeu électronique, il y a des pédocriminels. Comme je vous l'ai dit : là où il y a des enfants, il y aura des pédocriminels."

      • Le documentaire souligne que les agresseurs ne correspondent pas à un "profil type" et peuvent être "ton jardinier, ça peut être ton boulanger, ça peut être absolument n'importe qui."

      • La majorité des abus (environ 95%) ont lieu dans les cercles familiaux ou connus de l'enfant. L'association se concentre sur les 5% d'agressions commises par des inconnus rencontrés en ligne.

      Les Motivations des Bénévoles :

      • De nombreux membres sont personnellement touchés par le fléau, ayant eux-mêmes été victimes ou connaissant des proches abusés.

      • "Je suis rentré dans l'association Les Enfants d'Argus parce que, malheureusement, comme beaucoup de gens dans le monde, j'ai été abusé quand j'étais enfant, et c'est ce qui a principalement motivé mes démarches pour rejoindre l'association."

      • Un membre exprime sa motivation principale par la "haine" envers les agresseurs, qui lui donne "tellement de détermination".

      • La démarche est aussi un moyen de trouver une "utilité à sa vie" et de "se servir de ses traumas comme d'une force".

      • La "satisfaction" de voir un agresseur inquiété ou arrêté est un facteur de motivation.

      • Le fait d'occuper les agresseurs sur les faux profils empêche ces derniers de contacter de vrais enfants : "même, juste le temps qu'on passe à parler avec ces mecs, c'est du temps en moins qu'ils ont à parler avec des vrais enfants. Donc, on ne fait pas rien."

      Le Processus de Traque et de Constitution de Dossiers :

      • Les "enfants virtuels" interagissent avec les agresseurs potentiels, en maintenant la crédibilité de leur rôle et en évitant toute incitation. "Ne jamais laisser sous-entendre qu'on est d'accord pour avoir des relations sexuelles... jamais d'incitation."

      • Ils documentent les échanges, en particulier les "infractions claires et nettes" (demandes de photos, propositions sexuelles, envoi d'images pornographiques).

      Les captures d'écran sont essentielles car les agresseurs suppriment souvent les messages. "Capture d'écran immédiatement et j'enregistre le média qu'il m'a envoyé... Heureusement qu'on l'a screenée, parce qu'on a bien notre preuve d'infraction."

      • Il est crucial de rappeler l'âge supposé de l'enfant virtuel dans les conversations pour caractériser l'intentionnalité de l'agresseur. "C'est précieux pour aller sur l'aspect psychologique, sur ce qu'on appelle l'intentionnalité... En ayant créé un avatar et en ayant fait... plusieurs messages un peu types : 'J'ai cet âge-là', 'Ça me fait peur, ce que tu me dis'... Avec plusieurs messages comme ça, ça permet de caractériser toute l'intentionnalité."

      • Les dossiers, compilant les preuves et les infractions caractérisées, sont ensuite transmis aux "enquêteurs".

      • Les "enquêteurs" analysent les nombreuses captures d'écran et messages (parfois plus de 140 screens et 1500 messages par dossier).

      • Ils effectuent des recherches en ligne ("OSINT" - Open Source INTelligence), en utilisant des informations publiques (profils Facebook, likes, photos, commentaires, etc.) pour tenter d'identifier l'auteur réel.

      Des exemples de techniques d'identification sont donnés, comme l'analyse d'arrière-plans sur les photos pour repérer des lieux précis (une rambarde en fer forgé identifiée grâce à Google Street View).

      • Une fois le dossier complet, il est révisé et envoyé au parquet, accompagné d'une lettre de dépôt de plainte.

      L'association peut être convoquée comme partie civile lors du procès pour représenter l'enfant virtuel.

      Les Défis et les Conséquences Émotionnelles :

      • Le travail d'"enfant virtuel" et d'"enquêteur" est décrit comme "fastidieux" et demandant "énormément de temps".

      • L'exposition constante à du contenu choquant ("voir des choses qui vont peut-être me faire vomir ou pleurer") est un poids émotionnel majeur.

      • "On est parfois confrontés à des choses qui sont dures... Les écrits, ça peut être dur, au même titre que les vidéos... Ce qu'il y a de plus dur, c'est le son. C'est ça, le plus dur."

      • Certains membres "craquent" et quittent l'association en raison de la difficulté émotionnelle.

      • Le "syndrome de Peter Pan" est mentionné pour décrire l'idéalisation du monde de l'enfance par les pédophiles, souvent liée à un sentiment de frustration de leur propre jeunesse.

      • Le suivi psychologique n'est pas optionnel pour les professionnels et est fortement recommandé pour les bénévoles compte tenu de l'exposition. Se mettre dans cette démarche sans préparation est perçu comme "se mettre soi-même en danger".

      • Les bénévoles doivent apprendre à "faire la part des choses" et à prendre du temps pour "décompresser" afin de préserver leur santé mentale.

      La Collaboration avec les Autorités :

      • L'association précise ne pas "voler le travail de la police", mais les aider. "On n'est pas des shérifs... on va juste faire des dépôts de plaintes, et après, c'est entre les mains de la police ou de la gendarmerie et de la justice."

      • La collaboration avec certaines unités de police ou de gendarmerie est décrite comme positive ("Eux, ils sont vraiment bien").

      • Les dossiers bien documentés de l'association sont précieux pour les autorités car ils caractérisent l'"intentionnalité" des agresseurs.

      • Un procureur adjoint reconnaît que le système judiciaire actuel est débordé par la masse de signalements et que, malgré l'existence de peines et de condamnations, les moyens humains et matériels sont limités. "si l'intégralité de ces plaintes devait amener à des procès, notre système exploserait."

      Structure et Fonctionnement de l'Association :

      • L'association compte entre 25 et 30 bénévoles, avec une limite d'environ 40-50 personnes pour rester gérable.

      • Elle s'organise avec des "enfants virtuels" et des "enquêteurs", encadrés par des "chefs d'équipe".

      • Une nouvelle salariée ("Akela") est embauchée pour professionnaliser l'association et aider à gérer la charge de travail croissante et les relations avec la justice.

      • La communication interne peut être complexe ("ça part dans tous les sens ou ça s'engueule presque"), nécessitant de la diplomatie.

      • Les arrivées et départs de bénévoles sont réguliers.

      Conclusion :

      Le documentaire met en lumière l'engagement profond et souvent douloureux des bénévoles de l'association

      Les Enfants d'Argus dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne.

      Leur méthode, basée sur l'utilisation d'avatars d'enfants pour attirer les agresseurs et documenter leurs actes, est à la fois efficace pour obtenir des preuves et émotionnellement très éprouvante.

      Bien que l'association contribue de manière significative à l'identification et la poursuite des agresseurs, elle opère dans un contexte où le phénomène de la pédocriminalité en ligne est massif et où le système judiciaire fait face à des contraintes de moyens importantes.

      Les motivations personnelles, souvent liées à un passé traumatique, constituent un moteur puissant pour ces bénévoles, mais les risques pour leur santé mentale sont bien réels.

      L'association représente une initiative citoyenne essentielle pour combler les lacunes dans la surveillance et la lutte contre ce fléau sur internet.

    1. Document de briefing : Nutrition et Santé : Démêler le vrai du faux

      Date : 26 mai 2024

      Source : Extraits de la conférence "Nutrition et Santé : démêler le vrai du faux"

      Objet : Revue des points clés et des découvertes majeures présentées dans la conférence.

      Introduction

      Cette conférence, présentée par une chercheuse en épidémiologie nutritionnelle, a pour objectif d'expliquer l'impact de l'alimentation sur la santé et le fonctionnement du corps, notamment auprès d'un jeune public.

      Elle met en lumière le rôle crucial de la recherche, en particulier l'épidémiologie, dans la compréhension de ces liens complexes.

      Thèmes Principaux

      • L'alimentation comme facteur déterminant de la santé : L'idée centrale est que ce que nous mangeons et buvons tout au long de notre vie a un impact profond et durable sur notre corps et notre santé, influençant le risque de développer diverses maladies.
      • La complexité de l'alimentation au-delà des nutriments de base : Si historiquement la recherche s'est concentrée sur les graisses, sucres, sels et vitamines, l'alimentation moderne inclut également des composés issus de la transformation industrielle, tels que les additifs et les contaminants, dont l'impact sur la santé est un domaine de recherche actif.
      • L'impact des aliments ultra-transformés et des additifs : La consommation d'aliments ultra-transformés est associée à un risque accru de maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, mortalité). La recherche étudie plus précisément l'impact des additifs alimentaires et des contaminants issus des emballages.
      • Le rôle crucial de la recherche en épidémiologie nutritionnelle : L'épidémiologie permet d'étudier l'impact de l'alimentation sur la santé en analysant de larges populations sur de longues périodes. Cette approche, complétée par des études en laboratoire (sur cellules ou animaux), permet de faire progresser les connaissances.
      • La prévention des maladies par le mode de vie : Il est estimé qu'une part significative des cancers et d'autres maladies pourraient être évités en changeant certains aspects du mode de vie, notamment l'alimentation, l'activité physique et en évitant le tabac et l'alcool.
      • Les recommandations nutritionnelles basées sur la recherche : Des guides, comme ceux disponibles sur mangerbouger.fr, fournissent des recommandations pratiques pour une alimentation équilibrée visant à réduire le risque de maladies.
      • Le Nutriscore comme outil d'aide à la décision pour le consommateur : Créé par l'équipe de recherche, le Nutriscore vise à simplifier l'information nutritionnelle et à orienter les consommateurs vers des aliments de meilleure qualité, impactant positivement la qualité globale du panier d'achat.
      • Les nouveaux domaines de recherche : La recherche continue d'explorer des aspects plus complexes de la nutrition, tels que le moment des repas, l'impact du microbiote intestinal et l'influence des facteurs comportementaux sur les choix alimentaires.
      • L'importance de l'esprit critique face à la publicité et aux fake news : Les consommateurs sont encouragés à développer un esprit critique face aux messages marketing souvent trompeurs et aux informations non fiables circulant en ligne.
      • Le lien entre alimentation et environnement : Les choix alimentaires ont également un impact sur la planète, notamment à travers l'élevage et les émissions de gaz à effet de se**rre.

      Idées et Faits les plus importants

      • Quantité ingérée au cours d'une vie : Au cours d'une vie, une personne consomme environ "30 tonnes d'aliments et 50 000 L de boisson". Cela souligne l'importance de l'impact cumulatif de l'alimentation sur le corps.
      • Diversité des régimes alimentaires : L'alimentation varie considérablement selon les pays et même au sein d'un même pays, reflétant la diversité culturelle et l'accès aux aliments.
      • Les macronutriments essentiels : L'organisme a besoin de glucides (pour l'énergie, notamment pour le cerveau et les muscles), de protéines (pour la construction du corps, comme les muscles, et les réactions chimiques internes) et de graisses/lipides (en différents types et provenant de diverses sources).
      • L'importance des micronutriments : Les vitamines et les minéraux (comme le calcium dans les produits laitiers) sont indispensables au bon fonctionnement de l'organisme et à la construction du corps (par exemple, les os).
      • Le lien entre alimentation déséquilibrée et maladies : Une alimentation déséquilibrée (manque de vitamines, excès de sucre ou de gras) peut entraîner des maladies telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, le surpoids et l'obésité. Ces maladies sont multifactorielles mais l'alimentation et l'activité physique jouent un rôle important.
      • La méthode de l'épidémiologie : Les chercheurs étudient l'impact de l'alimentation en suivant de larges populations ("10, 20, 300 ou plusieurs centaines de milliers de personnes") sur de longues périodes, comparant les habitudes alimentaires de ceux qui tombent malades et de ceux qui restent en bonne santé. L'étude Nutrinet-Santé en est un exemple majeur.
      • Prévention des cancers : Il est estimé que "142 000 cancers" pourraient être évités en changeant le mode de vie, notamment en évitant le tabac, l'alcool et en adoptant une alimentation équilibrée.
      • Mortalité liée à la nutrition : À l'échelle mondiale, "une personne sur sept" meurt à cause de problèmes liés à l'alimentation. Cela inclut la sous-nutrition dans certaines régions et les excès dans d'autres.

      Recommandations clés de mangerbouger.fr :

      • Consommer au moins "cinq portions de fruits et légumes tous les jours".
      • Favoriser les légumes secs (lentilles, pois chiches) et les fruits à coque (une petite poignée par jour).
      • Cuisiner maison si possible.
      • Pratiquer une activité physique (au moins 1 à 2 heures par jour pour les enfants, 30 minutes pour les adultes).
      • Choisir du pain complet plutôt que du pain blanc.
      • Manger du poisson deux fois par semaine, dont un poisson gras.
      • Utiliser des huiles végétales (olive, colza, noix) plutôt que du beurre.
      • Consommer 3 à 4 produits laitiers par jour pour les enfants (2 pour les adultes).
      • Privilégier les fruits et légumes de saison.
      • Consommer des aliments bio quand c'est possible pour limiter les pesticides.

      • Aliments à limiter : Produits sucrés (sodas, bonbons, barres chocolatées), sel, charcuterie, viande rouge, alcool.

      • Pièges du marketing alimentaire : La publicité incite souvent à consommer des aliments riches en gras, sucre et sel, utilisant des messages parfois trompeurs.
      • Le Nutriscore : Cet outil visuel simple (échelle de A à E) permet d'évaluer la qualité nutritionnelle des aliments. Les Nutriscores A et B sont les meilleurs, D et E sont à limiter en quantité et fréquence.
      • Preuves scientifiques : Des études sur de larges cohortes ont montré que la consommation d'aliments mal classés au Nutriscore est associée à un "risque plus élevé de maladies chroniques" et à une "mortalité plus élevée". Inversement, le Nutriscore encourage l'achat d'aliments de meilleure qualité.
      • Potentiel d'impact : La généralisation du Nutriscore pourrait entraîner une "réduction de mortalité par maladie chronique de plus de 3% par an" en Europe.
      • Calcul du Nutriscore : Il est basé sur un système de points favorisant les fruits, légumes, fibres, protéines et pénalisant les sucres, acides gras saturés, sel, calories.
      • Utilisation : Le Nutriscore est utilisé en France et dans plusieurs autres pays européens.
      • Outils complémentaires : L'application Open Food Facts permet de scanner les produits pour obtenir le Nutriscore et d'autres informations (additifs, transformation).
      • Aliments ultra-transformés (AUT) : Exemples : un "stick à la banane" sans banane, composé d'additifs et de sucres. La consommation régulière d'AUT est liée à un risque accru de maladies chroniques.
      • Additifs alimentaires : Ils sont présents dans de nombreux produits (édulcorants, colorants). Des liens avec certaines maladies, comme le diabète, sont étudiés.
      • Contaminants des emballages : Des substances chimiques peuvent migrer des emballages vers les aliments. Plus de "12 000 composés différents" peuvent être utilisés dans les emballages, et leur impact sur la santé est largement inconnu.
      • Les pesticides : Associés à un risque plus bas de maladies, d'où l'intérêt de consommer des aliments bio.
      • Le moment des repas : Des recherches émergentes suggèrent qu'il serait préférable de manger plutôt pendant la journée, avec un jeûne nocturne suffisant.
      • La pleine conscience alimentaire : Manger en étant attentif aux signaux de faim et de satiété, en évitant les distractions (écrans), peut améliorer la qualité de l'alimentation.
      • Le microbiote intestinal : Ces bactéries bénéfiques présentes dans le tube digestif aident à la digestion (notamment des fibres) et produisent des substances positives pour la santé. L'alimentation influence le microbiote.
      • Impact environnemental de l'alimentation : Environ "un tiers" des gaz à effet de serre sont liés au bétail. Limiter la viande rouge et la charcuterie est aussi bénéfique pour l'environnement.
      • Importance de l'information fiable : Encouragement à consulter des sources fiables comme mangerbouger.fr et à se méfier des fake news, notamment sur les réseaux sociaux.
      • L'exposition "Alimentation : Démêler le vrai du faux" de l'INSERM est une ressource disponible pour les écoles.
      • La Fabrique à Menus sur mangerbouger.fr propose des idées de recettes saines et conviviales.
      • Le métier de chercheuse en nutrition-santé : Présenté comme passionnant, divers et impliquant recherche, communication publique et interaction avec les médias.

      Conclusion

      La conférence souligne l'importance capitale de l'alimentation pour la santé individuelle et collective.

      Elle met en évidence les progrès de la recherche en épidémiologie pour comprendre les liens complexes entre nutrition, mode de vie et maladies.

      Des outils comme le Nutriscore et des ressources en ligne sont disponibles pour aider les consommateurs à faire des choix éclairés.

      Enfin, elle insiste sur la nécessité d'un esprit critique face à l'information et encourage l'adoption de bonnes habitudes alimentaires et un mode de vie actif dès le plus jeune âge.

    1. Document d'Information : Analyse des Biais Cognitifs, des Fake News et de la Post-Vérité

      Source : Extraits de "Quels biais cognitifs à l’œuvre ?"

      Date : [La date n'est pas précisée dans l'extrait, mais le contexte renvoie à des événements récents comme le Brexit et l'élection de Donald Trump.]

      Auteur(s) : Michel Wieviorka (introduction) et Jean-Pierre Dozon (intervention sur la modernité sorcière).

      Résumé Exécutif :

      • Ces extraits abordent les phénomènes interconnectés des fake news, de la post-vérité et des biais cognitifs, en les situant dans le contexte politique récent (Brexit, élection de Trump, populisme) et en explorant leurs mécanismes, notamment la distinction entre logiques verticale et horizontale de diffusion.

      L'intervention de Jean-Pierre Dozon propose une perspective anthropologique, établissant un parallèle entre les théories du complot et le modèle de la sorcellerie, suggérant que ce dernier n'est pas une relique du passé mais une "modernité sorcière" universelle, particulièrement exacerbée par les inégalités et la circulation de l'information à l'ère de la globalisation.

      Les intervenants soulignent le danger de la dissolution des frontières entre le vrai et le faux et la nécessité de recherches solides et d'une pensée critique non complotiste pour y faire face.

      Thèmes Principaux :

      • Le Contexte et les Termes Clés : Post-Vérité et Fake News :
      • Les phénomènes de post-vérité et de fake news sont étroitement liés à des événements politiques majeurs récents, tels que le Brexit et l'élection de Donald Trump.
      • Ces termes ont acquis une reconnaissance officielle, "post-truth" étant le mot de l'année de l'Oxford Dictionaries et "fake news" celui du Collins.
      • La post-vérité est décrite comme "une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés".
      • Les fake news sont présentées comme plus complexes qu'un simple mensonge, étant "à la fois quelque chose de faux mais un peu caviaré d'un peu un peu faux un peu comment dire bricolé".
      • Mécanismes de Diffusion : Verticalité vs. Horizontalité :
      • Initialement, l'analyse se concentrait sur des logiques "verticales" (top-down), où un gouvernement ou un candidat utilise une presse mensongère ou les réseaux sociaux pour atteindre une base électorale sensible aux émotions plutôt qu'à la raison. L'affaire Cambridge Analytica et la manipulation de données numériques par des acteurs étatiques sont citées en exemple, montrant le mélange du politique et d'autres intérêts (économiques).
      • Cependant, il est souligné qu'il faut aller "beaucoup plus loin" et considérer également les logiques "horizontales" de diffusion. La contre-information sur les réseaux sociaux peut circuler "de manière virale comme des rumeurs" sans nécessairement provenir d'un acteur politique ou économique centralisé.
      • L'exemple des Gilets Jaunes est utilisé pour illustrer cette logique horizontale, où "la vérité ici ce n'est pas ce qui est démontré ce n'est pas ce qui est argumenté c'est ce qui est reconnu à l'applaudimètre c'est ce qui obtient le plus de like sur facebook".
      • Logiques de Confiance et de Défiance : Une Dissociation Dangereuse :
      • Un point "important" est la distinction "radicalement" entre une logique de confiance et une logique de méfiance qui deviennent "séparées disjointes".
      • À l'intérieur des groupes qui acceptent les fake news et les mensonges, il y a une "confiance qui devient absolue".
      • En revanche, "tout ce qui semble venir d'ailleurs que de ce groupe à commencer par les élites les journalistes hommes politiques les intellectuels les enseignants les médecins des scientifiques etc tout ceci c'est le doute et le soupçon et au-delà très très vite c'est l'idée que de ce monde là ne peut venir que le mensonge et par conséquent derrière le mensonge le complot".
      • Cette logique de défiance ou de méfiance mène "aux complotistes à la paranoïa".
      • La question fondamentale posée est "comment éviter de vivre dans un monde où il n'y a plus que ces deux univers disjoints". La réponse passe par "des efforts pour réintroduire entre ces deux univers qui tendent à se dissocier la critique la pensée critique rationnelle constructive le débat l'argumentation démocratie".
      • La Modernité Sorcière et les Théories du Complot (Jean-Pierre Dozon) :
      • L'intervention de Jean-Pierre Dozon établit un parallèle entre les théories du complot contemporaines et le modèle de la sorcellerie africaine traditionnelle.
      • La sorcellerie est présentée comme un "modèle archétypal" qui procède par un "dédoublement du réel", expliquant les "discontinuités de vie ordinaire" (maladies, mort, infortunes, mais aussi succès inattendus) par l'action d'une communauté de sorciers agissant dans un "double" du monde visible. Ce modèle obéit à des "ressorts cognitifs" (recherche d'explications) et "affectifs" (rancune, jalousie, haine).
      • Contrairement à l'idée que la modernisation reléguerait la sorcellerie au passé, celle-ci a connu un "renforcement" et une adaptation à la "modernité africaine". Les nouvelles inégalités, les écarts de richesse et l'émergence de nouveaux milieux sociaux ont donné à la sorcellerie "de quoi devenir éminemment moderne".
      • La "puissance blanche" coloniale, puis les pouvoirs d'État africains et les mondes urbains ont été assimilés à des pouvoirs occultes ou régis par une sorcellerie puissante.
      • Les théories du complot contemporaines sont vues comme "assez proches des mécanismes qui président à ce qu'il est convenu d'appeler les théories du complot".
      • Dans la "modernité sorcière", les limites à l'explication par un "arrière-monde" tendent à s'effacer, et tout ce qui trouble le monde ordinaire ne peut plus être expliqué autrement que par ce monde occulte, réputé "démentir les versions qui sont données par les autorités officielles".
      • Des exemples concrets sont donnés, comme les explications complotistes entourant le SIDA et Ebola en Afrique, perçus comme des créations de laboratoires occidentaux ou des outils pour contrôler les populations. Ces récits sont favorisés par la "globalisation néolibérale" et la "défiance à l'égard du monde occidental".
      • Le monde occidental est désormais perçu non plus seulement pour ses performances techniques (comme à l'époque coloniale) mais pour sa capacité à utiliser celles-ci "pour comploter contre l'Afrique et pour y répandre le malheur et la mort", souvent "en collusion avec les pouvoirs d'état africains".
      • Les fondamentalismes religieux contemporains (évangélisme, islamisme) contribuent à cette vision binaire du monde en "diabolisant leurs adversaires" et en proposant "de tout autre vérité que celle qui résulte de l'activité scientifique".
      • Jean-Pierre Dozon conclut que le modèle de la sorcellerie, bien qu'enraciné en Afrique, est "universel" par sa plasticité et trouve un terrain fertile dans "ces contextes ce en gros de la modernité économique marché consumérisme aux urbains etc" qui produisent des "discontinuités de bizarreries notamment des écarts et des disparités croissantes entre les humains". Il permet de "ne pas croire ne pas adhérer aux explications que nous donnent les pouvoirs publics les autorités scientifiques les médias" et d'en trouver d'autres qui prétendent "démontrer que ce que l'on raconte officiellement et mensongers".
      • Une Nouvelle Ère ou un Moment de Transition ? :
      • Une question ouverte est posée : "est-ce que nous sommes en train d'entrer nous sommes entrés dans une ère nouvelle" où la "principale caractéristique c'est la dissolution des frontières entre le faux et le vrai", un "régime d'historicité radicalement neuf avec un relativisme généralisé plus un immense scepticisme".
      • Certains suggèrent que cela a commencé avec la modernité (Machiavel), d'autres que les croyances et les mensonges sont des traits anthropologiques constants.
      • Il est cependant crucial de ne pas "sous-estimer le fait que tout ça prend l'allure que ça prend à cause aussi ou en raison aussi de l'existence de tout ce qu'apporte les technologies actuelles de communication le côté virale le côté interactif".
      • L'émergence de ces phénomènes est également liée à la visibilité croissante de groupes "qui ont le sentiment plus ou moins fondé d'être en chute sociale disqualifié ignorés méprisés rester oublié tenus pour invisible".
      • L'orateur penche davantage pour l'idée que "tout ceci est plutôt caractéristiques d'un passage d'un moment de mutation" lié à "la montée des populismes ça va avec la montée les fake news la dissolution des médiations la crise des systèmes de représentation politique la crise de tout ce qui faisait le vieux monde".
      • L'espoir est exprimé que cette période soit un "moment d'un passage" et que des initiatives comme le colloque contribuent à "accélérer ce passage mais à le faire dans le dans le bon sens".
      • Sociologie non Complotiste :
      • Il est jugé "important" et "difficile" de mener des "sciences sociales qui ne soit pas complotistes" pour "rechercher des acteurs des logiques des systèmes d'action" qui "ont plutôt intérêt à être dans l'ombre".

      Points Clés et Faits Importants :

      • La post-vérité et les fake news sont des concepts centraux pour comprendre le paysage informationnel actuel.
      • La diffusion de l'information (ou de la désinformation) peut être verticale (étatique, institutionnelle) ou horizontale (virale, réseaux sociaux).
      • La logique horizontale peut mener à une "vérité" basée sur le "like" et la reconnaissance du groupe plutôt que sur l'argumentation.
      • Une dissociation croissante entre une confiance absolue au sein des groupes adhérant aux fake news et une méfiance totale envers les sources "officielles" (élites, scientifiques, médias) est un phénomène majeur.
      • Les théories du complot et la paranoïa sont une conséquence de cette logique de défiance.
      • Le modèle anthropologique de la sorcellerie fournit une grille d'analyse pour comprendre les théories du complot comme une recherche d'explications satisfaisantes à des événements perçus comme troublants ou inattendus.
      • La sorcellerie (ou ses mécanismes) s'est adaptée à la modernité, devenant une "modernité sorcière" exacerbée par les inégalités socio-économiques et la globalisation.
      • Les technologies de communication actuelles (réseaux sociaux, écrans) jouent un rôle crucial dans la propagation rapide et virale des fausses informations et des récits complotistes.
      • L'analyse suggère que ces phénomènes sont peut-être moins le signe d'une nouvelle ère définitive que d'un "moment de mutation" lié à la crise des anciennes structures politiques et sociales et à la montée des populismes.
      • La nécessité d'une "sociologie non complotiste" et de la réintroduction de la pensée critique, du débat et de l'argumentation est soulignée comme un moyen de lutter contre la dissociation entre confiance et méfiance.

      Citations Clés :

      • "la post vérité c'est-à-dire une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés"
      • "il faut aller beaucoup plus loin élargir le constat et poser quelques grandes questions"
      • "élargir le constat est posée quelques grandes questions est ce que la poste vérité c'est-à-dire une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés j'y reviendrai est ce que la post vérité et les faits que nous c'est autre chose c'est les informations"
      • "on a besoin de recherche sur tous ces phénomènes et des recherches ce solide"
      • "il est devenu à mes yeux très clair qu'il faut distinguer malheureusement radicalement de logique dans ces phénomènes une logique de confiance et une logique de méfiance"
      • "tout ceci c'est le doute et le soupçon et au delà très très vite c'est l'idée que de ce monde là ne peut venir que le mensonge et par conséquent derrière le mensonge le complot"
      • "comment éviter de vivre dans un monde où il n'ya plus que ces deux univers disjoints"
      • "la réponse passe évidemment mes yeux par des efforts pour réintroduire entre ces deux univers tendent à se dissocier la critique la pensée critique rationnelle constructive le débat l'argumentation démocratie"
      • "le modèle archétypale de la sorcellerie... procède par une sorte de dédoublement du réel"
      • "cette modernité sorcière qui s'applique plutôt assez bien à l'afrique ne lui est pas exclusive loin s'en faut"
      • "tous ces changements tous ses processus de modernisation ont été au contraire par lui particulièrement favorable à leur renforcement"
      • "tout cela a donné à la sorcellerie de quoi devenir éminemment moderne"
      • "ces limites qui ont tendu et qui tente de plus en plus à s'effacer comme si tous du réel de ce qu'ils y un trouble et un certain ordre des choses n'étaient plus en mesure d'être expliquer autrement que par sa carrière monde lequel arrière monde et réputé au contraire démentir les versions qui sont données par les autorités officielles"
      • "cette modernité sorcières comme cela comme je l'appelle ne concerne pas que l'afrique"
      • "notre monde celui que l'on appelle développer métiers pré lumens dans un vaste mouvement de globalisation économique et technologique notre monde semblait participer pleinement en ils ont un rôle particulièrement nocifs"
      • "les fondamentalismes religieux... ne cesse de diaboliser leurs adversaires ou toute sorte de choses qui ne leur conviennent pas"
      • "on peut considérer que cette émergence de ces thèmes... a beaucoup à voir avec la formation visible de deux phénomènes sociaux dans lesquels des personnes et des groupes qui ont le sentiment plus ou moins fondées d'être en chute sociale disqualifié ignorés méprisés rester oublié tenus pour invisible"
      • "tout ceci c'est pas forcément pas nécessairement la caractéristique du nouveau type de société dans lequel nous entrerions... Je pense que tout ceci est plutôt caractéristiques d'un passage d'un moment de mutation"

      Conclusion :

      Les extraits offrent une analyse riche et multidimensionnelle des phénomènes de fake news et de post-vérité, les ancrant dans le contexte socio-politique contemporain tout en proposant une perspective anthropologique.

      Ils mettent en lumière la complexité de la diffusion de l'information à l'ère numérique et le danger d'une polarisation croissante alimentée par des logiques de confiance et de défiance dissociées.

      L'analogie avec la "modernité sorcière" suggère que la recherche d'explications alternatives, même irrationnelles, est une réponse profondément ancrée à un monde perçu comme injuste ou incompréhensible.

      La période actuelle est vue comme un moment de transition où les anciennes références (sciences, médias, politique) sont remises en cause, rendant la promotion de la pensée critique et du débat démocratique d'autant plus essentielle.

      La nécessité de recherches sociales rigoureuses et non complotistes pour comprendre ces dynamiques est un appel majeur.

    1. NOTE DE SYNTHÈSE

      Sujet : L'expérience de l'IVG en France : Persistance des tabous et complexité des vécus.

      Source : Extraits du documentaire "IVG : Est-ce encore un sujet tabou en France ? - Documentaire complet" (sans mention d'une date de publication ou de diffusion précise dans les extraits).

      Présentation générale :

      • Le documentaire explore la réalité de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France à travers les témoignages de plusieurs femmes ayant eu recours à cette procédure.

      Il met en lumière la persistance d'un tabou autour de ce sujet, malgré sa légalisation depuis 1975 (Loi Veil).

      Le film alterne récits personnels, extraits de discussions de groupe animées par une psychologue, et informations factuelles sur les méthodes et le contexte légal de l'IVG en France et dans le monde.

      Un cas particulier est suivi à distance via des messages vocaux, documentant le parcours de Marion tout au long de son IVG médicamenteuse.

      Thèmes principaux et idées clés :

      • La persistance du tabou et du silence autour de l'IVG :
      • De nombreuses femmes, même celles vivant dans de grandes villes et ayant eu un parcours "classique", gardent le secret sur leur avortement pendant des années.
      • L'une des intervenantes explique avoir gardé le silence pendant plus de dix ans, ne trouvant pas l'occasion d'en parler et ayant l'impression que "si je n'en parlais pas, alors ça n'était pas arrivé. C'était un non-événement."
      • Le documentaire souligne la difficulté de parler de l'IVG même au sein de cercles féministes ou militants où le sujet est censé ne pas être un tabou.
      • Il est noté qu'il est parfois plus facile de se confier à des inconnus ou des femmes récemment rencontrées qu'à des proches, y compris les mères. L'exemple de mères ayant eu du mal à s'exprimer sur leurs propres IVG passées avec leurs filles est significatif.
      • Le sentiment d'être seule est une expérience récurrente : "Je me suis jamais sentie aussi seule de ma vie que quand j'ai dû prendre cette décision."
      • Les émotions complexes et parfois contradictoires ressenties par les femmes :
      • Culpabilité et honte : Plusieurs femmes décrivent des sentiments de culpabilité, souvent exacerbés par l'éducation (ex: éducation catholique) ou par des remarques de professionnels de santé. L'une d'elles témoigne : "J'ai senti la honte, alors que j'avais pas honte. Je me sentais presque sale, alors qu'il y a rien de sale dans cette histoire." Une autre raconte avoir senti la culpabilité dès qu'elle a appris sa grossesse, pensant que ses parents la détesteraient.
      • Tristesse, dépression, et deuil : Même lorsque la décision est assumée et considérée comme la bonne, l'IVG peut entraîner une tristesse profonde, voire une dépression. Une femme ayant déjà deux enfants ne comprenait pas sa tristesse après son IVG, car la décision était "un vrai choix". Elle a mis deux mois à accepter que même une décision assumée n'était "finalement pas anodin". Le sentiment d'avoir l'impression que sa tristesse était "arrivée à la date de péremption" est également évoqué.
      • Soulagement et même joie : Paradoxalement, des sentiments de soulagement intense, de libération, et même de joie sont décrits une fois la procédure terminée. Une femme ayant eu une IVG instrumentale à 17 ans raconte s'être réveillée "avec le ventre vide" et s'être dit "OK, enfin, c'est fini". Une autre, après une IVG chirurgicale, rigolait en salle de réveil et ressentait un "bonheur aussi intense", décrivant ce moment comme "quelque chose de super agréable" malgré les aspects difficiles.
      • Colère : L'une des intervenantes exprime une colère intense, particulièrement envers le corps médical et les remarques déplacées reçues lors de son IVG à 17 ans.
      • La réalité des échecs contraceptifs et la nécessité de ne pas se justifier :
      • Le documentaire souligne que 70% des avortements en France sont dus à des échecs contraceptifs. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas majoritairement les femmes n'utilisant pas de contraception qui y ont recours.
      • Plusieurs femmes insistent sur le fait qu'elles étaient sous contraception au moment de la grossesse non désirée (pilule, rapports protégés, etc.).
      • Un point important soulevé est le rejet de la nécessité de se justifier ou d'expliquer avoir utilisé une méthode contraceptive : "j'en ai marre de devoir... Enfin, j'ai plus envie d'en parler, de dire : 'Oui, en fait, j'étais sous telle contraception.' En fait, j'ai plus envie d'avoir à me justifier... C'est quelque chose qui ne doit être remis en question en aucun cas."
      • Les expériences diverses avec le corps médical et l'accompagnement :
      • Les témoignages révèlent des expériences très variables avec le personnel soignant. Certaines rencontrent des soignants "très bienveillants, très encadrants", des psychologues "vraiment très bienveillantes", des sage-femmes "qui m'a vraiment mise en confiance". L'une décrit une infirmière ayant su percevoir sa douleur sans qu'elle la demande et l'ayant bien prise en charge.
      • À l'inverse, d'autres subissent des "violences gynécologiques" ou un accompagnement "très, très mal accompagné". L'exemple d'une gynécologue insistant pour proposer un stérilet au cuivre malgré les règles abondantes de la patiente, ou faisant des remarques sur les méthodes contraceptives masculines, est donné.
      • Les remarques culpabilisatrices ou jugeantes de certains professionnels de santé sont dénoncées, comme celle d'un médecin traitant disant : "Ah, mais à toi ? Tu pensais pas que ça t'arriverait ?" ou faisant une lettre pour confier une patiente au chirurgien en la décrivant comme "une fille bien". Ceci est perçu comme transmettant l'idée que seules les femmes "bien" ont le droit d'avorter sans jugement excessif.
      • Le sexisme dans le parcours de soins est évoqué, notamment lors des échographies où seule la femme reçoit des remarques alors que le conjoint n'est pas interpellé.
      • La douleur physique des méthodes d'IVG, en particulier la méthode médicamenteuse, est décrite comme très intense, remettant en question l'idée d'une "IVG de confort". Marion la décrit comme "une des pires douleurs que j'aie jamais connues".
      • La décision et la relation au "potentiel enfant" :
      • Les raisons d'avorter sont variées : études, manque de moyens, jeune âge, maladie (ex: bipolarité), situation instable du couple, désir de ne pas transmettre de blessures, ou simplement le fait de ne pas désirer un enfant à ce moment-là.
      • Certaines femmes ont vécu la grossesse non désirée comme un "signe" (après une dépression intense, ou en raison de difficultés potentielles à concevoir dues à l'endométriose), rendant la décision particulièrement difficile.
      • La perception du "potentiel enfant" diffère grandement entre les témoignantes : pour certaines, ce n'était "pas un enfant", "pas un bébé", juste "un parasite". Pour d'autres, c'était un moment "particulier" où elles ont parlé à ce "potentiel enfant", un moment "super agréable" malgré les difficultés physiques et émotionnelles.
      • Le contexte légal et mondial :
      • La loi Veil de 1975 a légalisé l'IVG en France, mais initialement comme "une exception, l'ultime recours à des situations sans issue", définition contestée comme portant atteinte à la liberté de choix des femmes.
      • Le délai légal pour l'IVG est passé de 12 à 14 semaines (16 semaines d'aménorrhée) en mars 2022.
      • Il existe deux méthodes : médicamenteuse (jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée, choisie par 72% des femmes) et instrumentale (chirurgicale, sous anesthésie, possible jusqu'à 16 semaines d'aménorrhée).
      • Le débat législatif récent entre le terme "droit" (Assemblée Nationale) et "liberté" (Sénat) pour qualifier l'IVG dans la Constitution est mentionné, soulignant la fragilité potentielle de cet accès selon les gouvernements.
      • Le documentaire rappelle le contexte mondial : plus de 40% des femmes en âge de concevoir vivent dans des États aux lois restrictives, et l'IVG est interdite dans une vingtaine de pays. Le recul du droit à l'avortement dans certains pays (ex: États-Unis) et les décès dus aux avortements clandestins (une femme toutes les 9 minutes dans le monde) sont soulignés.

      L'importance du soutien et de la parole :

      • L'importance d'un entourage soutenant, présent et fiable est soulignée comme "si précieux".
      • Les cercles de parole permettent aux femmes de se sentir moins seules et de briser l'isolement. La psychologue animant un tel cercle vise à créer un espace "secure" où toutes les émotions sont bienvenues.
      • Le simple fait d'en parler, même à des inconnus, est une première victoire et donne de la force. Une participante se sent "forte en fait" grâce à ces échanges.
      • Recontacter des structures comme le Planning Familial après l'IVG peut apporter un soutien essentiel et aider à "être plus en paix avec soi-même".

      Citations clés :

      • "Comme plus de 200 000 femmes chaque année, j'ai avorté quand j'étais plus jeune... J'en ai très peu parlé autour de moi... Et puis, quelque part, si je n'en parlais pas, alors ça n'était pas arrivé. C'était un non-événement."
      • "On m'a fait vivre une culpabilité énorme. Vraiment... J'ai senti la honte, alors que j'avais pas honte. Je me sentais presque sale, alors qu'il y a rien de sale dans cette histoire."
      • "J'avais pas de réelles raisons d'avorter." (Sentiment de culpabilité basé sur une situation privilégiée).
      • "j'ai une endométriose... Quand j'ai su que j'étais enceinte, je me suis dit que c'était un peu un signe et que je pouvais pas... Que je pouvais pas laisser passer cette 'chance'."
      • "j'en ai marre de devoir... Enfin, j'ai plus envie d'en parler... En fait, j'ai plus envie d'avoir à me justifier... C'est quelque chose qui ne doit être remis en question en aucun cas."
      • "En France, 70% des avortements sont dus à des échecs contraceptifs."
      • "je trouve vraiment inégalitaire la recherche qui a été faite là-dessus [la contraception masculine]."
      • "Mon copain était paniqué, il savait pas quoi faire... Les gens qui parlent d'IVG de confort... Voilà, je ne serai pas grossière, mais non, il n'y a rien de confortable là-dedans, vraiment."
      • "J'avais l'impression qu'on attendait de moi que je sois triste, quand même, parce que faudrait pas que ce soit trop simple, mais que ça dure quelques jours et pas plus."
      • "Ça m'aurait certainement aidée de savoir que tu l'avais fait avant, parce que je pense que du coup, je t'en aurais parlé pendant que j'étais en train de réfléchir à ce qu'on faisait, en fait." (Dialogue mère-fille).
      • "tenter de définir une situation sans issue à la place d'une femme, c'est porter trop facilement atteinte à sa capacité de jugement, à sa liberté de choisir."
      • "pour ces femmes, cette décision était la bonne, la seule possible."
      • "Un des trucs hyper positifs pour aujourd'hui, c'est qu'en fait, parce que je savais que j'allais venir là et que j'allais raconter cette histoire, ça m'a permis de le dire à ces proches, de leur dire que le vrai bout de moi dont je vous ai parlé, il contenait ça aussi."
      • "Il y a souvent cette phrase que je me dis : 'Un enfant ne peut pas avoir son enfant.' Et j'étais pas prête, en fait."
      • "Il m'a dit : 'Ah, mais à toi ? Tu pensais pas que ça t'arriverait ?' Et vraiment, un peu... 'Tu te pensais la petite fille parfaite.'" (Remarque d'un médecin).
      • "Ça transmet un truc horrible, je trouve, hyper culpabilisant et hyper lourd, en fait. Où est-ce qu'on met la limite de celles qui ont le droit et celles qui ont pas le droit ?"
      • "dans un événement comme ça aussi, il y a un sexisme de fou."
      • "Moi, je ne veux strictement pas appeler ça un enfant, parce que je sais que je n'avais pas un enfant en moi et je ne considère absolument pas avoir tué un enfant. Ça n'était pas un enfant."
      • "Moi, j'ai vraiment pas du tout... Pour moi, ça n'existait même pas... Pour moi, c'était juste un parasite."
      • "C'est là que j'ai pris conscience que cette décision m'appartenait. Enfin, c'était juste pour moi, en fait."
      • "Le jour de mon avortement, on m'a mis de la musique... Elle a dansé avec moi un petit peu en me tenant la main et c'était super émouvant."
      • "Je suis heureuse d'avoir vécu ça."
      • "Ça m'a beaucoup aidée en me disant que c'était hyper banal comme situation. Et ça, il y avait peut-être qu'elle qui pouvait m'apporter ce regard-là." (Conseillère du planning familial).
      • "Le droit à l'avortement reste un droit fragile pour lequel le combat ne sera jamais vraiment terminé."
      • "en parler librement est déjà une première victoire."
      • "Il y a tellement de nuances entre les ressentis de tout le monde... C'est pas possible d'avoir un avis aussi frontal sur quelque chose d'aussi nuancé."
      • "Le fait d'être là et de se dire : 'Je suis en train de parler avec toutes ces personnes qui ont eu des histoires différentes', je me dis : 'Ah ouais, OK. Je suis forte en fait. Et vous êtes fortes aussi.'"

      Conclusion :

      Le documentaire révèle que, malgré sa légalisation depuis près de 50 ans, l'IVG demeure un sujet empreint de tabous en France.

      Les femmes qui y ont recours vivent souvent cette expérience dans le silence et l'isolement, confrontées à des émotions complexes allant de la culpabilité à la tristesse, mais aussi au soulagement et à la joie.

      Le rôle crucial de l'accompagnement (professionnel et personnel), la nécessité de normaliser le recours à l'IVG, notamment en cas d'échec contraceptif, et la dénonciation des jugements et du sexisme dans le parcours de soins sont des éléments centraux.

      Les témoignages soulignent la diversité des vécus et l'importance fondamentale de la parole pour briser l'isolement et permettre aux femmes de se réapproprier leur histoire.

      Le documentaire se termine sur un rappel de la fragilité du droit à l'IVG, à l'échelle nationale et internationale, et de l'importance continue de la lutte pour le garantir pleinement.

    1. Briefing Document : Enquête sur les travailleuses du sexe (OnlyFans & Mym)

      Source : Extraits de "Enquête sur les travailleuses du SE*E (OnlyFans & Mym) - TDS le documentaire complet"

      Date du briefing : 29 mai 2024

      Objet : Analyse des témoignages de travailleuses du sexe en ligne (OnlyFans, Mym), explorant les motivations, les réalités du travail, les défis et les impacts personnels.

      Thèmes Principaux :

      • Les motivations et l'initiation au travail du sexe en ligne : Les témoignages révèlent diverses raisons pour commencer ce type de travail, souvent liées à des difficultés financières, le chômage ou la recherche d'un revenu rapide. L'idée de "l'argent facile" est mentionnée, bien que rapidement nuancée.
      • La complexité et la réalité du travail en ligne : Contrairement à une idée reçue, ce travail est présenté comme exigeant, nécessitant un investissement constant en temps et en énergie. Il implique la création de contenu varié (photos, vidéos, contenu personnalisé), une présence en ligne H24, et la gestion des interactions avec les clients.
      • Les risques et dangers associés au travail du sexe en ligne : Une préoccupation majeure est la sécurité, tant en ligne (harcèlement, fuite de contenu) que potentiellement physique (risque d'être retrouvée). Le harcèlement, la haine et le jugement social sont des réalités quotidiennes.
      • L'impact psychologique et émotionnel : Le travail du sexe en ligne a un impact profond sur le bien-être mental des travailleuses. Il peut être une forme de revanche ou de reprise de contrôle après des expériences traumatisantes, mais aussi source de remise en question, de honte, d'anxiété et, dans les cas les plus graves, de pensées suicidaires.
      • La création d'un personnage et la distanciation : Pour certaines, la création d'un personnage (avatar en ligne) permet de gérer le travail et de se protéger émotionnellement. Cependant, ce personnage peut finir par occuper une part importante de leur vie. *** Les relations avec les clients** : Les interactions avec les clients sont variées, allant de demandes intimes et respectueuses à des fantasmes extrêmes, illégaux ou offensants. Certaines travailleuses se sentent comme des confidentes ou même des "psychologues" pour leurs abonnés, répondant à un besoin d'intimité émotionnelle et de soutien.
      • La stigmatisation et l'isolement social : Le jugement social et la stigmatisation sont très présents. De nombreuses travailleuses cachent leur activité à leur famille et à certains amis, ce qui peut avoir des conséquences sur leurs relations personnelles et leur vie intime.
      • Les limites et la négociation des prestations : Chaque travailleuse établit ses propres limites quant au type de contenu et aux prestations qu'elle propose. Ces limites peuvent être mises à l'épreuve par des demandes extrêmes ou des offres financières importantes. Dépasser ces limites, souvent par nécessité financière, peut être vécu comme une agression ou une forme de "viol".
      • La permanence de l'identité associée au travail du sexe : Les travailleuses expriment la difficulté, voire l'impossibilité, de se dissocier entièrement de leur identité de travailleuse du sexe une fois qu'elles ont été actives sur ces plateformes, soulignant que "quand tu commences ce métier, y a plus de retour en arrière."

      Idées ou Faits Importants :

      • "L'argent facile, ça n'existe pas. C'est de l'argent rapide, oui... mais facile, non." Ce travail nécessite un engagement important et constant pour générer des revenus.
      • La nécessité d'une présence constante en ligne : "C'est important d'être tout le temps présent. On peut pas se permettre de faire une pause pendant un mois, sans contenus..."
      • Le danger d'Internet : "Il faut vraiment avoir ça dans la tête, qu'Internet, ça reste dangereux, qu'on n'est pas à l'abri que, le lendemain, toute la France soit au courant des photos que t'as postées ou que tu apparaisses sur des sites un peu bizarres."
      • Le harcèlement omniprésent : "Dès lors que tu es sur ces plateformes, tu vas te faire harceler sur les réseaux. Toute cette haine et tout, personne n'est fait pour supporter un tel impact, niveau social, niveau jugement. Personne."
      • La création d'un personnage comme mécanisme de défense : Certaines créent un "perso" pour se détacher, mais cela peut prendre une part importante de leur vie.
      • L'impact sur l'image de soi et le corps : Se voir filmer et monter son propre contenu peut être psychologiquement difficile, accentuant les complexes corporels.
      • Un moyen de reprendre le contrôle après un traumatisme : Pour certaines, le travail du sexe en ligne est un moyen de "reprendre le contrôle" sur leur corps et leur sexualité après avoir subi des violences. "Ça permet, en fait, de reprendre le contrôle sur ce qu'elles ont pas pu faire, en fait, dans la vraie vie."
      • La sexualisation monétisée comme forme de revanche : "OK, tu veux me sexualiser ? OK. Ben tu raques." Monétiser la sexualisation peut être une façon de récupérer du pouvoir.
      • La confrontation à des fantasmes extrêmes et parfois illégaux : Les travailleuses sont confrontées à des demandes inhabituelles, voire choquantes, qui peuvent les marquer.
      • Le rôle de "psychologue" ou de confidente : Certaines interactions dépassent le cadre sexuel, répondant à un besoin de connexion humaine chez les clients. "J'ai plus l'impression d'être psychologue, des fois, plutôt que TDS."
      • Le risque accru pour les jeunes et les vulnérables : "C'est super dangereux, ces plateformes, pour les personnes qui sont pas en état psychologique de se lancer et qui sont trop jeunes, trop manipulables, trop influençables..."
      • Le vécu de l'agression et du danger physique : Des témoignages font état d'agressions et de la peur d'être retrouvée et violentée.
      • Les conséquences sur les relations personnelles : Le secret et la stigmatisation peuvent entraîner des ruptures ou des difficultés dans les relations intimes et familiales. "La conséquence dans ma vie intime, elle est simple : je vais me séparer."
      • La difficulté à quitter l'activité et l'identité associée : L'image publique et l'identité construite rendent difficile un retour en arrière. "Je ne suis plus telle personne. Maintenant, je suis Betty. Et ça va durer tout le temps."

      Conclusion Provisoire :

      Les témoignages de ces travailleuses du sexe en ligne dressent un portrait complexe et souvent difficile de cette activité.

      Si elle peut offrir un revenu rapide et, pour certaines, une forme d'empowerment ou de thérapie après un traumatisme, elle est également parsemée de dangers, de harcèlement, de jugement social et d'impacts psychologiques importants.

      L'idée d'"argent facile" est un leurre, masquant un travail exigeant et des risques considérables, particulièrement pour les personnes jeunes ou vulnérables.

      La ligne entre la vie professionnelle et personnelle est souvent floue, et l'identité associée au travail du sexe en ligne semble difficile à effacer.

    1. Briefing Document : Prostitution des mineures, enquête sur une jeunesse invisible

      Ce briefing examine les thèmes centraux abordés dans le documentaire "Prostitution des mineures, enquête sur une jeunesse invisible", mettant en lumière les expériences des jeunes filles concernées, les défis rencontrés par les structures d'accueil et le regard de la société sur cette problématique complexe.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • Vulnérabilité et Manipulation des Jeunes Filles :
      • Les sources soulignent la grande vulnérabilité des mineures, souvent décrite comme "multivulnérables", cumulant diverses fragilités (antécédents de violence, problèmes familiaux, etc.). Les prédateurs identifient et exploitent ces faiblesses.

      • Le mécanisme du "lover boy" est un élément crucial de la manipulation. Ces individus se présentent comme des amis ou des amoureux attentionnés pour établir un lien fort et une dépendance affective avant d'inciter les jeunes filles à la prostitution.

      Une jeune fille témoigne : "Au début, il s'est présenté comme un copain, et c'était quelqu'un qui m'écoutait toujours quand je racontais mes petits problèmes, qui avait l'air attentionné... Et j'avais l'impression que c'était vraiment quelqu'un qui m'aimait, parce qu'il avait vu le fond de ma personne."

      Elle reconnaît plus tard qu'il lui a "vendu du rêve" et qu'il avait "son but dans la tête" dès le début.

      • La peur de perdre cet attachement, même face à la manipulation et aux mauvais traitements, rend la sortie de ce cycle difficile.

      Une jeune fille exprime : "Je sais pas, c'est bizarre, un peu, mais j'ai toujours de l'attachement pour lui, un peu." malgré le mal qu'il lui a fait.

      • La Fugue comme Facteur de Risque et Symptôme de Détresse :

      • La fugue est identifiée comme l'un des risques les plus importants pour les jeunes filles en foyer. Comme l'écrit quelqu'un sur un Post-it : "La prostitution."

      • La fugue est souvent perçue comme un cercle vicieux, menant rapidement à l'exposition aux dangers extérieurs et à la prostitution.

      Une jeune fille raconte : "Moi, ma première fugue du foyer, c'était, je crois, le soir ou le lendemain de mon arrivée. En fait, ça va venir... C'est un cercle vicieux, ça va venir rythmer ta vie."

      • Paradoxalement, certaines jeunes filles recherchent le danger ou l'adrénaline dans la fugue, bien que cela les expose à des risques extrêmes.

      "Est-ce que, quelque part, ça nous plaît, ça nous fait du bien de nous mettre en danger, parce que ça nous apporte aussi des sensations ?" est une question soulevée lors d'un échange.

      • La fugue est aussi un symptôme de la détresse et du mal-être des jeunes filles, confrontées à des problèmes complexes et à un sentiment d'isolement.

      Le Foyer et la Protection de l'Enfance : Défis et Engagement :

      • Les foyers de protection de l'enfance jouent un rôle crucial mais rencontrent d'énormes défis face à la complexité des situations. Ils sont confrontés aux fugues constantes et à la difficulté de retenir physiquement les jeunes filles.

      Un éducateur note : "on sait que si on les retient de force, elles vont ouvrir la fenêtre et vont passer par la fenêtre..."

      • Malgré ces difficultés, l'objectif principal est de maintenir le lien avec les jeunes filles, même lorsqu'elles sont en fugue, afin qu'elles puissent revenir et demander de l'aide si nécessaire.

      "La priorité, c'est de ne pas perdre le lien... d'être suffisamment proches pour que, si un jour, elle a besoin de nous, elle puisse tendre la main pour qu'on l'attrape."

      • Le personnel des foyers fait preuve d'un engagement profond, malgré le découragement et la fatigue. Ils travaillent pour protéger et accompagner les jeunes, même face à des situations extrêmes.

      Un membre du personnel confie : "Il y a des moments où on a envie de baisser les bras et où on se dit que tout ce qu'on est en train de faire, ça ne sert à rien."

      • La communication avec les familles et les autres institutions (ASE, police) est complexe et parfois source de frustration.

      La mère d'Éva exprime sa colère envers l'ASE pour le placement de sa fille, estimant que sa situation a empiré depuis.

      L'Exploitation Sexuelle et ses Conséquences Dévastatrices :

      • Le documentaire ne mâche pas ses mots pour décrire l'horreur de la prostitution des mineures, insistant sur l'âge (souvent 13-14 ans) et l'absence de choix.

      Un intervenant déclare :

      "Il y a des hommes qui achètent l'accès au corps d'enfants. Je suis désolée : 13-14 ans !

      Et quand on me parle de choix, j'aimerais qu'on m'explique de quel choix on parle."

      • Les "clients" sont décrits comme violents, déshumanisants et sans remords. Une jeune fille témoigne : "Dès que je te passe l'argent, tu m'appartiens. Ils sont vraiment comme ça... Du coup, toi, tu te sens comme... Comme une déchetterie, en fait."

      • Les conséquences psychologiques de l'exploitation sont profondes et durables, incluant la perte d'estime de soi, le sentiment de n'être qu'un objet, la honte et le traumatisme. Une jeune fille confie : "Pour moi, mon corps n'avait plus de valeur." et ressentait un "vide en moi".

      • La violence physique et verbale de l'exploiteur est également décrite : "Et puis, là, c'était : 'Je te frappe, tu sers à rien, t'es qu'une pute...'"
      • La diffusion de vidéos et photos intimes sans consentement ajoute une couche supplémentaire de victimisation et d'atteinte à la dignité.

      "Vous voyez, quand vous dites : 'Il se passe rien, ça risque rien...' Vous découvrez toutes ces vidéos. Ça veut dire que quelqu'un vous a filmée en pleine situation..."

      Le Rétablissement et le Cheminement vers la Guérison :

      • Malgré la gravité des situations vécues, il y a des lueurs d'espoir.

      Les jeunes filles cherchent des moyens de s'en sortir et de reconstruire leur vie.

      Le désir de mener une vie "normale", comme les autres jeunes filles qui vont à l'école, est une motivation importante. "

      Je commence à me dire que c'est pas normal d'envier quelqu'un dans la rue juste parce qu'il marche et qu'il a pas à faire ce que je dois faire après."

      • Le soutien des éducateurs et des proches est essentiel dans ce processus.

      La mère d'Éva exprime l'importance d'être "ensemble pour... être présents pour elle".

      • Le témoignage d'une jeune fille sur le fait de ne pas avoir replongé depuis près d'un an, malgré les tentations, montre la force de leur résilience.

      Elle reconnaît cependant la peur de rechuter dans les moments de faiblesse.

      • Le processus de guérison est long et difficile, impliquant le travail sur le traumatisme, la confiance en soi et la capacité à se projeter dans l'avenir. Une jeune fille exprime la difficulté de se méfier des hommes et la peur de l'attachement.

      • Le sentiment de honte lié au passé est un obstacle au partage et au soutien.

      "Mes proches ne savent pas que j'ai été dans cette situation... c'est une chose dont j'ai encore honte, parce que je sais que la société n'est pas prête à accueillir ce genre de parole.

      Le Regard de la Société et l'Indifférence :

      • Le documentaire critique l'indifférence et le manque de compréhension de la société face à cette problématique. Un intervenant raconte comment les gens évitent le sujet lorsqu'il décrit les réalités vécues par ces jeunes. "très vite, tu te rends compte qu'il manque de la bière, que les gens vont chercher de la bière, mais ils ne reviennent jamais, quoi."

      • Les justifications ou minimisations de la prostitution des mineures (achat de biens de luxe, consentement) sont fermement rejetées comme une méconnaissance profonde de la réalité et de la détresse des jeunes filles.

      Un intervenant s'exclame : "Putain, mais merde... Si quelqu'un veut un sac à main à ce point-là, ça dit quelque chose de la valeur qu'il se donne. Il pense que sans ce sac à main, il n'est rien. Et c'est ça, le problème. C'est pas le sac à main."

      • Le manque de réaction ou la lenteur des institutions (police, justice) pour démanteler les réseaux est également souligné. La mère d'Éva alerte la police, mais on lui répond : "Oui, mais nous, on ne peut rien faire."

      • En conclusion, ce documentaire offre un aperçu poignant et sans concession de la réalité de la prostitution des mineures, mettant en lumière les parcours de vie brisés, la complexité de la protection de l'enfance et l'urgence d'une prise de conscience sociétale pour mieux protéger et accompagner ces jeunes filles.

    1. BRIEFING : L'ÉVOLUTION DE L'ÉGALITÉ FILLES-GARÇONS DANS L'ÉDUCATION

      Date: 2025

      Sujet: Analyse des jalons historiques, des défis actuels et des initiatives en faveur de l'égalité filles-garçons dans le système éducatif.

      Sources: Excerpts from "Faire progresser l’égalité filles-garçons à l’école" (Multiple Intervenants)

      Résumé Exécutif:

      Les sources analysées explorent la progression historique et les défis persistants de l'égalité filles-garçons dans le système éducatif français.

      Elles mettent en lumière les résistances passées à l'accès des filles à l'enseignement supérieur et aux matières considérées comme "masculines", tout en soulignant les inégalités qui subsistent aujourd'hui, notamment dans les domaines scientifiques et techniques.

      Le rôle des stéréotypes de genre, la construction sociale des choix d'orientation et l'impact des politiques publiques et des initiatives locales sont des thèmes centraux.

      Le document met également en avant des figures pionnières comme Julie Victoire Daubié et l'importance de la commémoration et de la visibilité des femmes dans l'histoire des sciences et de l'éducation.

      Thèmes Principaux et Idées Clés:

      La Longue Marche vers la Mixité et l'Accès à l'Enseignement Supérieur:

      L'introduction souligne que si les programmes scolaires ont contribué à égaliser les chances pour les filles d'obtenir le baccalauréat et d'accéder aux études supérieures, cette mixité s'est installée "non sans mal".

      Il est rappelé qu'en 1972, la majore de Polytechnique, Madame Chopinet, a été interrogée par un journaliste lui demandant si elle n'avait pas peur de "devenir un monstre et de faire fuir [ses] camarades masculins".

      Ceci illustre les mentalités qui persistaient même après l'ouverture des portes.

      Rebecca Rogers retrace l'histoire de l'éducation des filles en France, mettant en évidence la création progressive de structures dédiées (collèges et lycées de jeunes filles, écoles normales) tout en soulignant une vision initialement "différentialiste" visant à former de "bonnes épouses et mères".

      L'enseignement classique (latin, grec) a longtemps été fermé aux filles, n'entrant officiellement dans les programmes des lycées de filles qu'en 1913.

      L'accès au baccalauréat et à l'université a été une conquête lente.

      La loi Guizot de 1833 n'a pas rendu l'école primaire publique obligatoire pour les filles, et il a fallu attendre la loi Paul Bert en 1879 pour une formation systématique des institutrices.

      Le décret Bérard en 1924 est identifié comme un jalon majeur, ouvrant l'accès aux filles à l'infinité du savoir enseigné dans les lycées de garçons.

      Les Inégalités Persistantes, Notamment dans les Sciences et Techniques:

      Malgré les avancées, les stéréotypes de genre continuent de freiner les ambitions des filles dans les domaines scientifiques, en particulier les mathématiques.

      Un professeur de mathématiques des années 1930 est cité, affirmant que les filles "apprennent ce que les garçons comprennent".

      Aujourd'hui, les filles sont moins confiantes dans leurs capacités en mathématiques et ont moins de modèles de réussite dans ce domaine.

      Elles s'orientent davantage vers la biologie que vers la physique ou l'informatique.

      Le domaine de l'informatique, investi par les filles à ses débuts dans les années 1970, les a progressivement évincées "au fur et à mesure que la discipline [...] devient un enjeu de pouvoir économique et politique".

      Les chiffres actuels de l'OCDE et des concours aux grandes écoles montrent une sous-représentation significative des femmes dans les "sciences dures" (mathématiques, physique, ingénierie), bien que la chimie et surtout la biologie attirent davantage de femmes.

      Les filières professionnelles, comme la métallurgie ou la cuisine, ont également été fermées aux filles pendant longtemps, et il faut du temps pour "déconstruire" ces barrières, même après l'ouverture.

      L'Influence des Stéréotypes de Genre et du Milieu Social: Les inégalités d'orientation sont présentées comme des "constructions sociales".

      Le milieu social joue un rôle important, avec une "spécialisation" plus marquée des filles vers les filières littéraires ou scientifiques (SV) et des garçons vers les mathématiques dans les milieux aisés, "beaucoup plus spécialisé[s] que ne le sont les enfants de milieu populaire".

      Il est suggéré que dans les milieux favorisés, les rôles de genre sont renforcés, et que les filles essaient de "rentabiliser" leur réussite en s'orientant vers des matières offrant la "meilleure insertion professionnelle".

      Les stéréotypes de genre sont présents dans la mentalité sociétale, véhiculés par l'environnement familial, scolaire et plus généralement la société, "qui pousse les femmes enfin qui tend à les écarter dès très jeune des études scientifiques".

      Le problème se déclare dès l'école élémentaire et s'amplifie au collège, au lycée et après.

      Le Rôle Crucial de l'Éducation et de la Formation des Enseignants:

      La formation scientifique des enseignants du premier degré est soulignée comme essentielle, car 84% à 91% d'entre eux sont des femmes. Si ces enseignantes ne sont pas à l'aise avec les matières scientifiques, cela peut impacter la perception des élèves.

      Il est recommandé de renforcer la formation scientifique initiale et continue des professeurs des écoles pour qu'ils se sentent plus à l'aise et enseignent ces matières avec plus de goût.

      L'identification et l'effacement des biais de genre, notamment dans les manuels scolaires, est une recommandation.

      La sensibilisation de la communauté éducative à leurs propres biais de genre et à ceux de leurs collègues est jugée nécessaire pour rendre les propos genrés "incongru[s]".

      Les Initiatives Concrètes et les Perspectives d'Action: Un groupe de travail associant l'inspection, la recherche et le terrain travaille sur les écarts de résultats en mathématiques au premier degré, proposant des formations et des grilles d'auto-évaluation.

      Des initiatives locales, comme le projet dans une école de l'Essonne utilisant l'art et le jeu pour rendre les mathématiques plus attrayantes et mettre en place du tutorat, montrent des pistes d'action.

      La création de "brigades égalité filles-garçons" dans les lycées est présentée comme un moyen d'impliquer les élèves dans la déconstruction des stéréotypes et la promotion du respect mutuel, avec des effets positifs sur l'engagement scolaire.

      La labellisation Égalité filles-garçons est un moteur pour l'établissement d'objectifs clairs et la mise en place d'actions concrètes, comme l'accueil de collégiennes pour découvrir les filières techniques et scientifiques et des ateliers sur les stéréotypes.

      L'importance de favoriser l'insertion des femmes dans le numérique est soulignée comme un enjeu majeur, non seulement pour l'emploi rémunérateur, mais aussi pour que les femmes participent à la création et à l'administration du monde digital.

      Le développement de jeux pédagogiques par des étudiants ingénieurs pour sensibiliser les lycéens aux carrières d'ingénierie et déconstruire les stéréotypes est une autre initiative concrète, soulignant l'accessibilité de ces études par différentes voies et pour divers profils.

      Figures Pionnières et Importance de l'Histoire:

      Julie Victoire Daubié est célébrée comme une figure majeure pour sa lutte pour l'accès des femmes aux diplômes universitaires, notamment le baccalauréat en 1861. Son parcours d'autodidacte et son combat pour l'égalité salariale et l'ouverture de nouvelles carrières sont mis en avant.

      L'analyse de ses écrits, notamment "La femme pauvre", révèle une critique de la société de son temps et une conscience de l'importance de l'apprentissage et de l'indépendance économique des femmes. L'histoire des femmes dans les sciences, avec l'exemple de Marie Curie et la conférence Solvay, souligne la sous-représentation historique.

      La commémoration de figures féminines, comme Julie Victoire Daubié et Edmé Chandan, est vue comme un geste politique et symbolique important pour rendre visibles les contributions des femmes et inspirer les générations futures.

      Réflexions sur la Nature du Savoir et de l'Égalité:

      Les textes de Poulin de la Barre (17ème siècle) sont convoqués pour montrer une pensée précoce sur l'égalité des sexes en matière de capacité intellectuelle, affirmant que l'esprit "n'est pas sexué".

      La distinction entre "prendre son droit" (comme Julie Victoire Daubié) et obtenir des droits par la loi est une perspective intéressante sur les stratégies d'émancipation.

      Le savoir est présenté comme "subversif", et l'accès à un savoir "infini" pour les femmes (notamment après 1924) est vu comme un privilège majeur.

      La réflexion de Simone de Beauvoir sur le "privilège" d'être une femme (lui permettant de se placer en marge pour analyser la condition féminine) et sur la différence entre se mêler de "ce qui [nous] regarde" et de "ce qui ne [nous] regarde pas" est un apport philosophique sur la position de l'intellectuel et la construction du savoir. La question de la restitution des "privilèges" nécessaires pour faire progresser l'égalité aujourd'hui est posée.

      Citations Clés:

      "...cette mixité s'installée mais je le répète non sans mal..." "...n'avez-vous pas peur de devenir un monstre et de faire fuir vos camarades masculins..." (Journaliste à Mme Chopinet en 1972) "...l'objectif n'est pas de former des femmes savantes ni des femmes professionnelles... mais de former de bonnes épouses et mères..." (M. Camille Sée, 1880) "...dans sa discipline les filles apprennent ce que les garçons comprennent..." (Professeur de mathématiques, années 1930) "...ces inégalités en terme d'orientation ce sont des constructions sociales..." "...il y a un vrai problème parce que c'est pas seulement une question d'égalité fille garçon à l'école... mais c'est quand même la question de savoir justement toutes ces disciplines qui permettent de bah quelque part de de de de penser le monde... il faut que les femmes participent à à cette construction..." "...l'économiste français de Duval il faut peut-être laisser et c'est là donc ce qui est un salaire rich liieu qui a envie qui est lié entre 62 et 70 ou euh donc d'autres évidemment intellectuel euh progressiste alors c'est un fourériste colonialiste comme il y en a beaucoup et Julie victoire dobier en correspondance intense avec Jules dual de même que avec d'autres hommes politiques comme Jul Simon qui reconnaissent son travail..." (Manuela Martini) "...les filles choisissent ce qu'elles ont envie de faire..." (Christophe Salomon) - Nuancé par la notion de choix socialement construit. "...le fait de choisir c'est quand même un petit peu plus complexe et que notamment... les jouets que l'on offre font qu'on a petit à petit on dé des intérêts et des et des compétences qui peuvent être très distinctes en fonction qu'on soit une fille ou un garçon..." (Participation du public) "...le savoir est subversif..." (Geneviève Fraisse, citant Condorcet) "...le privilège de la pensée..." (Geneviève Fraisse, à propos de Simone de Beauvoir)

      Conclusion:

      Les sources démontrent que la lutte pour l'égalité filles-garçons dans l'éducation est un processus historique long et complexe, marqué par des avancées législatives, des résistances sociales et des défis persistants.

      Les inégalités d'orientation, en particulier dans les domaines scientifiques et techniques, restent une préoccupation majeure, alimentée par des stéréotypes de genre profondément ancrés et la construction sociale des choix individuels.

      Cependant, les initiatives locales, le travail sur la formation des enseignants et la valorisation des figures pionnières et de l'histoire offrent des perspectives concrètes pour continuer à faire progresser l'égalité.

      La commémoration de ces combats passés et la prise de parole sur les défis actuels sont essentielles pour sensibiliser et mobiliser l'ensemble de la société.

      Prochaines Étapes Potentielles (non tirées des sources, mais suggestions découlant de l'analyse):

      Analyser plus en détail l'impact des réformes récentes du système éducatif sur les choix d'orientation genrés. Développer des outils et des formations spécifiquement conçus pour déconstruire les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge.

      Favoriser les partenariats entre les établissements scolaires, les universités, les entreprises et les associations pour offrir des modèles et des expériences diversifiées aux élèves.

      Continuer à promouvoir la visibilité des femmes dans l'histoire des sciences, de la technologie et de l'éducation. Soutenir la recherche sur les facteurs qui influencent les choix d'orientation genrés et les inégalités qui en découlent.

    1. Compte Rendu de Séance : La Production Sociale des Inégalités de Santé (3) - Covid-19 et Vaccination

      Source: Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (3) - Nathalie Bajos (2024-2025)"

      Date de la séance: Non précisée (seconde séance après le 3 avril)

      Intervenante principale: Nathalie Bajos, sociologue à l'INSERM

      Thème central: Les inégalités sociales et les discriminations dans le recours à la vaccination contre le Covid-19.

      Points clés abordés:

      Introduction et Cadre Problématique:

      • Cette séance fait suite à une précédente intervention sur les inégalités d'exposition au risque du Covid-19 et se concentre sur la vaccination, enjeu majeur de santé publique.
      • La vaccination a permis une réduction drastique des contaminations et des décès dans les pays où elle était accessible.
      • Cependant, les réticences et les obstacles sociaux à la vaccination diffèrent des autres moyens de prévention.
      • L'exemple du Covid-19 sera utilisé pour éclairer la question plus large des discriminations et de la santé.
      • Deux dimensions sont essentielles pour comprendre le rapport au risque et à la vaccination : la construction individuelle de la définition du risque et le rapport à la discrimination.
      • Sources et Méthodologie:
      • L'analyse s'appuie sur plusieurs sources:
      • L'enquête EPICOV (épidémiologie et conditions de vie), menée auprès de plusieurs dizaines de milliers de personnes à partir de mai 2020, avec des suivis réguliers. Cette enquête utilise un échantillon aléatoire pour garantir la fiabilité statistique.
      • L'enquête Trakov de la Dares sur l'évolution perçue des conditions de travail (janvier-mars 2021, échantillon aléatoire de 15 423 personnes).
      • Des recherches qualitatives, notamment des entretiens approfondis menés par Raphaël Chalier auprès de personnes non vaccinées dans le cadre du projet Epicov et Jendy.
      • Le Concept de Risque : Approches Objectiviste et Constructiviste:
      • Le concept de risque est central en santé publique mais très polysémique.
      • Distinction entre deux approches :
      • Objectiviste: Considère la définition biologique et médicale du risque comme un postulat. On analyse comment les individus se positionnent par rapport à cette définition institutionnelle. L'hypothèse implicite est que la logique sanitaire est la plus importante pour structurer les attitudes et pratiques.
      • Constructiviste: Appréhende le risque comme une construction sociale résultant de la confrontation des intérêts, des savoirs et des pratiques entre différents acteurs sociaux. On cherche à comprendre comment les individus élaborent leur propre définition du risque selon leur position, leurs intérêts, etc.
      • Ces deux approches ne sont pas antagonistes mais complémentaires. L'approche objectiviste permet une cartographie sociale du risque, l'approche constructiviste aide à comprendre la construction individuelle du risque et l'adoption ou non de moyens de prévention.
      • Des exemples hors Covid-19 (contraception, VIH/SIDA) illustrent que la connaissance du risque seul ne suffit pas à expliquer les pratiques ; le contexte social et les conditions de vie jouent un rôle crucial.
      • Discrimination et Santé:
      • La discrimination, appréhendée comme une expérience, est une manifestation d'exclusion sociale.
      • Hypothèse centrale: Se sentir socialement exclu est un obstacle majeur pour s'inscrire dans une démarche préventive, d'autant plus dans le cas de la vaccination contre le Covid-19 qui appelait à un sens citoyen ("se protéger et protéger les autres"). Le non-recours peut être en dissonance avec ce discours si l'on se sent exclu.
      • Cette hypothèse s'appuie sur les travaux pionniers de Michael Pollak sur le VIH/SIDA, qui a montré que "l'homophobie est un facteur de risque de contamination par le VIH". Par analogie, les discriminations peuvent être des facteurs de risque de non-recours à la vaccination pour certains groupes sociaux.
      • Définition de la discrimination:Juridique: Renvoie à des pratiques interdites par la loi sur 25 critères et concernant des domaines spécifiques (emploi, éducation, logement, accès aux biens et services publics et privés, santé). Introduite tardivement en France (2001) par rapport à d'autres pays.
      • Sociologique: Concept d'analyse de la production des inégalités, invitant à resituer les différences de traitement comme des "rouages de la production ou de la reproduction des rapports de pouvoir structurels qui engendrent des groupes majoritaires et des groupes minoritaires."
      • Liens entre discrimination et santé: Ils peuvent intervenir à différents niveaux :
      • Conditions de vie néfastes pour la santé: Les personnes discriminées connaissent souvent des conditions de vie qui les exposent davantage aux maladies (discrimination indirecte).
      • Difficultés d'accès aux soins: Pour des raisons financières, de l'offre de soins (certains professionnels refusent de prendre en charge certains patients, comme le montrent les rapports du Défenseur des droits), ou en raison d'attitudes et pratiques discriminatoires des professionnels (syndrome méditerranéen/Hispanique panique, homophobie/transphobie).
      • Recommandations médicales discriminatoires: Basées sur des biais (ex: biais de genre dans le traitement de l'infarctus du myocarde).
      • Dispositifs médico-juridiques et sociaux discriminatoires: L'exemple de l'Aide Médicale d'État (AME) et ses critères restrictifs.
      • Le champ des liens entre discrimination et santé est encore peu exploré en recherche, à l'exception des liens entre discrimination et accès aux soins, principalement étudiés dans la littérature internationale sur les populations racisées.
      • Réticence à la Vaccination Covid-19 et Caractéristiques Sociales (Données EPICOV):
      • Intention de ne pas se faire vacciner (avant disponibilité): Plus fréquente chez les femmes, les jeunes (25-34 ans), les personnes peu diplômées, les personnes aux revenus les plus bas (D1), les natifs des DOM, les personnes appartenant à des minorités racisées. La confiance dans le gouvernement ou les scientifiques était un enjeu majeur.
      • Qui était réticent et s'est quand même fait vacciner?: Les personnes réfractaires les plus aisées se sont davantage fait vacciner par la suite que les personnes réfractaires les plus pauvres. Parmi les personnes issues de l'immigration non européenne (1ère ou 2ème génération), celles qui étaient réfractaires sont restées non vaccinées.
      • Dynamique de la vaccination en France:Un gradient social très marqué: Les personnes les plus diplômées se sont fait vacciner plus vite et même avant l'ouverture du calendrier vaccinal les concernant.
      • Des écarts importants selon le revenu à tous les âges.
      • Une opposition nette (sauf chez les plus âgés, bien que des différences existent) entre les personnes nées en France/pays d'Europe et les habitants des DOM/minorités racisées (Afrique sub-saharienne, Afrique du Nord), qui montrent des taux de vaccination cumulés plus faibles dès le début et qui s'accentuent.
      • Conclusion sur les taux de recours: Moindre recours à la vaccination chez les personnes en bas de l'espace social et chez les minorités racisées.
      • Liens entre Expériences de Discrimination et Absence de Vaccination (EPICOV Vague 2022):
      • Se concentre sur les 7% de la population qui ne s'étaient toujours pas fait vacciner fin 2022.
      • Profil des personnes non vaccinées fin 2022: Jeunes (18-24 ans, 25 ans et plus), hommes (alors que les femmes étaient plus réticentes au départ, elles se sont davantage fait vacciner par la suite, potentiellement en raison de leur rôle social de prise en charge du "care"), faible niveau de vie, faible diplôme, minorités racisées, habitants des DOM, habitants des petites agglomérations (moins que dans les grandes villes).
      • Corrélation avec les expériences de discrimination (dans les 5 ans précédant l'enquête 2022):Le fait de déclarer avoir parfois vécu des expériences de discrimination multiplie par 1,78 la probabilité de ne pas être vacciné (indépendamment des autres facteurs sociaux).
      • Le fait de déclarer avoir vécu des expériences de discrimination souvent multiplie par 2,43 cette probabilité.
      • La déclaration d'expériences de discrimination est cohérente avec les données d'autres systèmes d'enquête.
      • Lieu des discriminations et non-vaccination:Discriminations dans l'emploi: Augmentation significative mais modérée (multiplicateur 1,18).
      • Discriminations dans le logement: Pas d'effet significatif.
      • Discriminations dans le domaine de la santé: Effet très important, trois fois plus de chances de ne pas être vacciné.
      • Discriminations dans les services publics: Effet important (16,4% de non-vaccinés parmi ceux qui rapportent des discriminations fréquentes dans ce domaine, contre 6,8% chez ceux qui n'en rapportent jamais).
      • Importance cruciale des discriminations émanant des institutions (santé, services publics) sur le non-recours à la vaccination.
      • Résultat majeur: Le lien entre expérience de discrimination et non-vaccination n'est pas spécifique aux personnes appartenant à des minorités racisées. Il est retrouvé dans tous les groupes sociaux, même si l'effet est statistiquement plus massif pour les personnes racisées car elles sont plus nombreuses à subir des discriminations.
      • Le mécanisme de lien entre expérience de discrimination et non-vaccination se retrouve dans tous les groupes.
      • Analyse Qualitative et Compréhension des Processus (Travail de Raphaël Chalier):
      • Les refus de vaccin prolongent souvent des "vexations ressenties au contact des institutions".
      • Exemples:Asatou (20 ans, vendeuse, parents maliens, porte le foulard): Sentiments de stigmatisation et d'exclusion ("tu n'es pas la citoyenne parfaite", "on n'est pas des Français inférieurs"). Cette expérience préexistante de racisme et la défiance vis-à-vis des autorités nourrie par les contrôles renforcés pendant les confinements ("expérience du racisme qui est préexistante à la crise sanitaire et qui a été renforcée pendant les confinements") expliquent sa défiance vis-à-vis du discours gouvernemental pro-vaccin.
      • Yassine (chauffeur livreur, origine algérienne, contre le vaccin et le passe sanitaire): Parallèle entre le passe sanitaire et le racisme ("c'est un peu comme du racisme"). Cette interprétation est liée à ses expériences antérieures et celle de sa famille (difficultés d'accès aux aides pour son frère handicapé auprès des services publics). Cette expérience alimente une défiance vis-à-vis des services publics et, par conséquent, de la vaccination.
      • Suzanne (ancienne commerçante, vit en camping-car, mari ouvrier, a perdu un enfant à la naissance par négligence attribuée aux personnels hospitaliers): Attribue le drame de son enfant et ses difficultés financières ("l'État ne nous aide pas", "on nous a laissé crever comme de la merde") à la défaillance de l'État. Les réticences vaccinales ("c'est pas à l'état de me dire 'Vous recevrez que deux personnes chez vous'") redoublent ces valeurs professionnelles et personnelles déjà hostiles à l'État. L'instauration de la peur a conduit à une défiance vis-à-vis de l'obligation et des effets indésirables.
      • Ces exemples montrent que la défiance vis-à-vis de la vaccination est "ancrée dans l'expérience des gens bien avant l'arrivée du Covid et du vaccin".
      • Conclusion et Implications Politiques:
      • Bien que la majorité de la population se soit vaccinée, cette minorité non vaccinée (7% fin 2022) est importante à étudier. Il faut également être prudent car les enquêtes représentatives n'incluent pas les populations les plus marginalisées (SDF, sans-papiers) qui rencontrent d'énormes difficultés d'accès aux soins.
      • Le profil social des non-vaccinés est stable entre 2021 et 2022, suggérant qu'il s'agit d'un non-recours qui s'est maintenu, non un simple retard.
      • Ce non-recours s'explique par des "expériences vécues de discrimination qui renvoient à différentes sphères de la vie sociale (l'emploi, santé, etc.)".
      • Les discriminations émanant des institutions sociales ou étatiques (santé, services publics) ont le plus de répercussions sur la vaccination.
      • Ce lien entre expérience de discrimination et non-vaccination n'est pas limité aux minorités racisées mais se retrouve dans tous les groupes sociaux.
      • Les non-vaccinés d'origine populaire ou racisée évoquent des vexations au contact des institutions. Les non-vaccinés de milieux populaires non racisés décrivent un État "prompt à contraindre mais défaillant lorsqu'on sollicite son appui".
      • Les inégalités dans le recours aux soins (pourtant gratuits et accessibles) ne renvoient pas seulement à des croyances ou différences culturelles, mais s'expliquent "aussi par des pratiques discriminatoires qui ont contribué à modifier la vision du monde de celles et ceux qui en ont été victimes".
      • Le "sentiment d'exclusion sociale est antagonique avec l'idée de s'inscrire dans une démarche de prévention pour soi et pour les autres".
      • Ces résultats interrogent les politiques de prévention fondées uniquement sur une logique épidémiologique (ciblant les plus fragiles sans prendre en compte les inégalités sociales et les expériences vécues).
      • Il était crucial, dès le début de la crise, de s'appuyer sur les connaissances acquises lors d'autres épidémies (comme le VIH), d'associer les personnes concernées et d'être attentif aux enjeux de rejet.
      • "Vous ne pouvez pas imposer cette vision de définition objectiviste du risque... il faut essayer de comprendre comment les gens se positionnent et construisent leur rapport au risque en fonction de toutes leurs expériences passées et contemporaines."
      • Ces inégalités de recours à la vaccination (alors que ces mêmes groupes étaient souvent plus enclins à utiliser le gel ou le masque) montrent la complexité des pratiques de prévention et la nécessité d'une analyse sociologique fine. Cela apporte une "autre compréhension de la réalité sociale".

      Enjeux pour la discussion future:

      Comment mobiliser les connaissances acquises dans la lutte contre le SIDA pour d'autres épidémies? Comment les politiques de prévention peuvent-elles mieux intégrer la dimension des discriminations et de l'exclusion sociale? Comment construire des discours de santé publique qui résonnent auprès de populations ayant des expériences de défiance vis-à-vis des institutions? L'intervention de Jérémy Vart apportera une perspective plus large sur les questions de vaccination et la spécificité de la vaccination Covid-19.

    1. Compte Rendu Détaillé : La Production Sociale des Inégalités de Santé - Le Cas de la Seine-Saint-Denis (2024-2025)

      Ce document de briefing analyse les points clés et les arguments principaux présentés dans l'extrait de la conférence de Nathalie Bajos et l'intervention de Lor Piti, sociologue spécialiste des inégalités de santé.

      La séance aborde la production sociale des inégalités de santé, avec un focus particulier sur la situation en Seine-Saint-Denis, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19.

      Intervenantes :

      • Nathalie Bajos : Sociologue, Professeur de sociologie à l'Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l'IRIS.
      • Lor Piti : Sociologue, Professeur de sociologie à l'Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l'IRIS.
      • Date : 2024-2025 (Séminaire associé à un cycle de cours).

      Résumé Exécutif :

      • L'intervention met en lumière la nature socialement construite et spatialisée des inégalités de santé. En utilisant le cas emblématique de la Seine-Saint-Denis, il est démontré que ces inégalités ne sont pas de simples variations aléatoires mais le résultat de rapports sociaux hiérarchisés et de l'organisation même du système de santé.

      La pandémie de COVID-19 a agi comme un révélateur et un accélérateur de ces dynamiques, mettant en évidence la vulnérabilité des populations les plus défavorisées, notamment en Seine-Saint-Denis, due au cumul d'inégalités préexistantes (logement, conditions de travail, état de santé) et à des mesures de lutte contre la pandémie qui n'ont pas tenu compte de ces spécificités.

      L'analyse souligne l'importance d'une approche systémique, incluant l'organisation du système de santé et l'offre de soins, pour comprendre et combattre ces inégalités. La notion de "syndémie" est proposée pour mieux saisir l'interaction complexe entre maladies épidémiques et contexte socio-environnemental.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      La Production Sociale et Spatiale des Inégalités de Santé :

      • Les inégalités de santé sont définies comme des écarts entre groupes sociaux, non pas des différences naturelles, mais "socialement produites".
      • Ces inégalités s'incarnent dans l'espace et sont marquées par des "effets de lieu", reprenant la notion de Pierre Bourdieu de la retraduction de l'espace social dans l'espace physique.
      • "Il n'y a pas d'espace dans une société hiérarchisée qui ne soit pas hiérarchisée et qui n'exprime pas les hiérarchies et les distances sociales."
      • Le cas de la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France hexagonale, illustre cette spatialisation, avec une forte concentration de classes populaires et de minorités racisées dont les états de santé sont dégradés par les conditions de travail, de logement et environnementales.
      • La Seine-Saint-Denis comme Cas Exemplaire des Inégalités Socio-Spatiales de Santé :
      • Emmanuel Vigneron a objectivé ces dimensions en comparant Paris et la Seine-Saint-Denis le long du RER B, montrant une "moindre espérance de vie" plus on va au nord-est.
      • "En moins d'un quart d'heure de trajet le risque de mourir une année donnée augmente de 82 % pour les femmes entre les arrondissements les plus aisés de Paris et le quartier du Stade de France et de 74 % pour les hommes entre le centre de Paris et la ville de la Courneuve."
      • Le département souffre d'un déficit majeur en offre de soins, étant devenu un "désert médical urbain", une dénomination longtemps réservée aux zones rurales.
      • En 2011, on comptait 5,9 médecins généralistes et 1,6 médecins spécialistes pour 10 000 habitants à La Courneuve/Aubervilliers, contre 19,8 généralistes et 53,4 spécialistes à Port Royal (Paris).
      • La Pandémie de COVID-19 : Révélateur et Accélérateur des Inégalités :
      • La pandémie a mis "brutalement au jour le creusement de ces inégalités mais plus fortement encore leur caractère pluridimensionnel et la logique cumulative de leur production et de leur reproduction."
      • La Seine-Saint-Denis a été frappée dès la deuxième quinzaine de mars 2020, avec des alertes précoces des professionnels de santé.
      • Les chiffres hebdomadaires ont montré une augmentation spectaculaire du nombre de morts (+63% en une semaine dès fin mars, quasiment deux fois plus qu'à Paris).
      • Au 5 mai 2020, la surmortalité en Seine-Saint-Denis avait augmenté de 130% en avril 2020 par rapport à l'année précédente.
      • Le département a connu la plus forte surmortalité de tous les départements français en mars et avril 2020 (124% par rapport à 2019).
      • Les Facteurs Expliquant la Surmortalité en Seine-Saint-Denis durant la Pandémie :
      • Une population plus jeune et plus immigrée qu'ailleurs : Contrairement aux attentes, la surmortalité a touché une population plus jeune en Seine-Saint-Denis. Le département a la plus forte proportion de population immigrée en France (30%), ce qui est contre-intuitif car habituellement la mortalité des populations immigrées est plus faible ("effet migrant en bonne santé").
      • Le cumul d'inégalités préexistantes :
      • Logement : Forte "suroccupation des logements" (22% des franciliens en suroccupation en Seine-Saint-Denis malgré seulement 13,7% de la population régionale). L'impossibilité de s'isoler a accentué la circulation du virus, menant à l'expression de "cluster familiaux".
      • État de santé : Prévalence élevée de l'obésité (1/5e de la population, l'une des plus élevées en France), du diabète (premier département de l'hexagone) et des troubles respiratoires (exposition à la pollution dans les quartiers politiques de la ville, où vit 39% de la population du département).
      • Conditions de travail : Forte proportion de "travailleuses et travailleurs clés" (un actif sur 8 en Seine-Saint-Denis contre un sur 14 à Paris) occupant des emplois exposés au public (caissiers, livreurs, agents de nettoyage, transports en commun). Ces personnes ont continué à utiliser les transports publics, sans "distanciation sociale".
      • Des mesures de lutte contre la pandémie uniformes face à des situations différenciées : Les mesures (distanciation sociale, confinement, tests, vaccination) ont été les mêmes qu'ailleurs, ce qui a creusé les écarts.
      • La population de Seine-Saint-Denis, bien que plus touchée, a été "moins testée" et "moins pris en charge par les établissements de santé".
      • Capacités d'accueil en réanimation significativement plus faibles (13 lits/100 000 habitants en Seine-Saint-Denis contre 35 à Paris).
      • Sous-dotation en structures sanitaires (37% de lits d'hôpitaux publics en moins que la moyenne nationale, 25% de médecins généralistes en moins). Cette sous-dotation a empiré depuis 2018.
      • Taux de vaccination plus bas que la moyenne départementale, régionale et nationale (moins de 60% dans la ville de Saint-Denis fin 2021). Les obstacles à la vaccination incluent l'absence de médecins traitants, le caractère enclavé de certains quartiers, et les inégalités de couverture sociale.
      • Le Rôle du Système de Santé dans la Reproduction des Inégalités :
      • Comprendre la reproduction des inégalités "impose dès lors... d'explorer le rôle joué par le système de santé lui-même autrement dit par l'offre de soins à l'échelle des territoires et par la qualité des soins."
      • Le système français est caractérisé par une dichotomie ville/hôpital et privé/public.
      • Le caractère libéral de la médecine de ville contribue à l'inégale répartition spatiale des soignants ("liberté d'installation").
      • La pandémie a mis "crument la contribution du système de santé à la reproduction des inégalités sociales éponymes dans ces espaces urbains relégués et leur amplification en contexte critique."
      • Les patients des communes les plus défavorisées ont un "risque de décès à l'hôpital plus important", potentiellement dû à un "risque de retard de prise en charge" (arrivée tardive, absence de médecin traitant).
      • Les bénéficiaires de la C2S ou de l'AME ont une probabilité plus faible de transfert en soins de suite.
      • Le soin est un "rapport social" influencé par l'organisation des soins, aboutissant à une "hiérarchie des clientèles sociales" (Antoinette Chauven).
      • La Notion de Syndémie :
      • Pour analyser la crise, il est préférable d'utiliser la notion de "syndémie" (Mary Singer) plutôt que pandémie seule.
      • Une syndémie désigne une "relation dynamique entre deux ou plusieurs maladies épidémiques... et le contexte socio-environnemental qui favorise leur interaction".
      • Ce concept inclut "l'organisation du système de santé dans ce contexte socio-environnemental", permettant de comprendre l'interaction délétère entre maladies chroniques (plus fréquentes en Seine-Saint-Denis) et la pandémie de COVID-19.
      • Les Transformations des Mondes de la Santé à l'Épreuve des Crises :
      • La pandémie a révélé et accéléré le "gouvernement métropolitain de la santé" (Marina Honta), où les collectivités territoriales et les villes s'impliquent dans l'organisation des soins malgré des compétences limitées en santé (compétence régalienne de l'État).
      • Elle a révélé le paradoxe d'un "virage ambulatoire" prôné par les politiques, mais un caractère "hospitalocentré" de l'organisation des soins en pratique durant la crise.
      • L'enquête sur l'organisation des soins de ville durant la première vague a montré "l'absence de régulation nationale et la force des bricolages locaux".
      • Le rôle crucial des "collectifs de travail préexistants déjà éprouvés" dans les soins primaires (ex: centres de santé associatifs) qui ont assuré la "continuité des soins" là où d'autres cabinets médicaux libéraux avaient fermé. Ces structures ont assuré une "mission de service public".
      • Ces équipes en quartier populaire se retrouvent "en position... d'être des acteurs relais d'une mission de service public alors que celles-ci sont constituées d'acteurs privés".
      • Les professionnels de santé et du social ont entremêlé "fonctions de cure... et de care", allant au-delà du travail médical traditionnel (visites aux personnes isolées, aide à régler des problèmes non médicaux).
      • Les Enjeux et les Perspectives :
      • La pandémie a révélé la nécessité d'un "principe d'équité dit aussi d'universalisme proportionné" (Michael Marmot) pour corriger les inégalités, plutôt qu'une égalité arithmétique.
      • L'expérimentation de 26 "structures d'exercice coordonné participative" dans les quartiers politiques de la ville, visant à corriger les dimensions structurelles des inégalités, est un exemple de tentative d'application de ce principe. La Seine-Saint-Denis en compte 3.
      • Ces structures mobilisent divers professionnels (médecins, infirmiers, coordinateurs, médiateurs de santé) qui font le lien entre la population, le système de santé et la protection sociale.
      • Cependant, la "traduction durable dans le droit commun de ces dispositifs de correction des inégalités" reste en suspens, l'expérimentation devant se terminer en avril 2025.
      • "La lutte contre les inégalités sociales de santé reste donc un enjeu politique plein et entier."
      • Les espaces comme la Seine-Saint-Denis sont considérés comme un "laboratoire" pour cette lutte.
      • Points Importants et Faits Clés :
      • La Seine-Saint-Denis est le département le plus pauvre de France hexagonale.
      • Différence d'espérance de vie et risque de mortalité significativement plus élevés en Seine-Saint-Denis par rapport aux quartiers aisés de Paris (Emmanuel Vigneron, 2011).
      • Déficit majeur de médecins généralistes et spécialistes en Seine-Saint-Denis en comparaison avec Paris.
      • Surmortalité la plus élevée de tous les départements français durant la première vague de COVID-19 (124% en mars-avril 2020 par rapport à 2019).
      • Surmortalité touchant une population plus jeune en Seine-Saint-Denis que dans l'ensemble du territoire.
      • Retournement de l'effet "migrant en bonne santé" durant la pandémie (Myriam Clat et équipe), avec une surmortalité plus forte pour les populations immigrées, notamment originaires du Maghreb et d'Afrique sub-saharienne, majoritaires en Seine-Saint-Denis.
      • Forte suroccupation des logements en Seine-Saint-Denis et prévalence élevée de maladies chroniques (obésité, diabète, troubles respiratoires).
      • Proportion de travailleurs clés plus élevée en Seine-Saint-Denis qu'à Paris.
      • Capacités d'accueil en réanimation significativement plus faibles en Seine-Saint-Denis.
      • Baisse du nombre de lits hospitaliers et de médecins généralistes par habitant plus accentuée en Seine-Saint-Denis qu'ailleurs en France dans les années précédant la pandémie.
      • Faible taux de vaccination en Seine-Saint-Denis, malgré la présence d'un vaccinodrome au Stade de France.
      • Les patients des communes défavorisées et les bénéficiaires de la C2S/AME sont plus à risque de décès ou de moins bon suivi après des soins critiques.
      • Les centres de santé associatifs et les collectifs de travail préexistants ont joué un rôle crucial dans la continuité des soins en quartier populaire durant la crise.
      • L'expérimentation de structures d'exercice coordonné participative, bien que prometteuse, n'est pas encore inscrite dans le droit commun.

      Conclusion :

      La conférence de Lor Piti, ancrée dans le cas de la Seine-Saint-Denis et éclairée par la crise sanitaire, offre une analyse percutante des mécanismes sociaux, spatiaux et systémiques qui produisent et reproduisent les inégalités de santé.

      Elle met en évidence l'urgence d'une approche globale qui dépasse la simple responsabilité individuelle et intègre pleinement l'organisation du système de santé comme un déterminant majeur de ces inégalités.

      Le concept de syndémie s'avère particulièrement pertinent pour saisir la complexité de ces dynamiques en contexte de crise.

      L'expérimentation en cours de nouvelles formes d'organisation des soins dans les quartiers défavorisés est une étape importante, mais la pérennisation de ces initiatives et la correction des inégalités structurelles du système de santé restent un défi politique majeur.

    1. Briefing sur l'identification et la lutte contre les dérives sectaires et les risques associés aux plateformes numériques, notamment TikTok

      Source : Extraits de l'audition du chef de la Miviludes par une commission d'enquête parlementaire, et audition de psychologues cliniciennes et maître de conférence en psychologie cognitive et ergonomie.

      Contexte : Cette audition fait suite à la publication d'un rapport d'activité de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) mettant l'accent sur les menaces que représente le numérique, en particulier pour les mineurs, ainsi qu'à une stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires annoncée en novembre 2023.

      Les psychologues auditionnés apportent une expertise sur les aspects psychologiques de ces phénomènes, notamment les addictions comportementales.

      Principaux Thèmes et Idées :

      • Le Numérique comme Vecteur Majeur des Dérives Sectaires et Risques Associés : Le numérique est désormais une dimension quasi systématique des signalements reçus par la Miviludes, même si elle n'exclut pas toujours les rencontres physiques.

      Les plateformes en ligne, dont TikTok, permettent d'atteindre les mineurs directement dans leur espace personnel, souvent à l'insu des parents.

      • Citation : "...dans ces signalements il y a presque toujours une dimension numérique qui n'est souvent pas exclusive de rencontres physique mais la dimension numérique est est presque toujours présente..."

      • Citation : "...ce phénomène des réseaux sociaux présente aussi cette nouveauté qu'ils peuvent atteindre des mineurs dans leur vie personnelle à la maison sans même que les parents comme vous le savez puissent en être informés sans avoir toujours les moyens de contrôle les connaissances techniques permettant de paramétrer l'outil pour sécuriser l'accès à un certain nombre de données..."

      • Difficulté d'Identification et de Lutte face à de Nouveaux Phénomènes : Les dérives en ligne ne correspondent pas toujours à des infractions pénales clairement définies, rendant la lutte plus complexe. Des comportements peuvent être préoccupants pour la santé des mineurs sans relever immédiatement du droit pénal classique.

      • Citation : "...il y a pas toujours d'infractions pénales qui sont commises et pour autant il peut y avoir des comportements qui peuvent prêter à réfléchir voire à à être préoccupé pour la santé des mineurs..."

      • Citation : "...nous sommes face à des phénomènes sur lesquels nous devons certainement travailler davantage pour mieux savoir comment les prévenir parce que le droit pénal n'est pas forcément d'une grande utilité sur ce plan-là..."

      • Prolifération d'Acteurs non Qualifiés et d'Influenceurs : De nombreuses personnes se présentent comme des professionnels (coachs de vie, coachs spirituels, coachs en développement personnel, experts en cryptomonnaies, etc.) sans diplômes reconnus ou compétences avérées.

      Ces acteurs peuvent exercer une influence significative sur les mineurs, traitant de sujets intimes (blessures, chagrin, relations conflictuelles) et créant une forme de dépendance.

      • Citation : "...beaucoup de nouveaux métiers et de en tout cas de personnes qui estiment exercer un nouveau métier et qui pour autant ne peuvent pas justifier d'un diplôme qui serait reconnu par l'État ou d'une compétence particulière dans des domaines dans lesquels ils exercent une influence importante dans la vie de ces mineurs alors je pourrais citer les influenceurs notamment spirituels mais pas seulement les coachs de vie les influenceurs pardon de développement personnel enfin toutes personnes qui euh dans certains cas peuvent présenter des compétences aléatoires..."

      • Influence des Communautés en Ligne et Pression de Groupe : La formation de communautés en ligne est un phénomène nouveau qui rend difficile la prévention des abus. L'influence et la pression du groupe peuvent être particulièrement préoccupantes, surtout pour les mineurs.

      • Citation : "...la formation de communauté en ligne et c'est un phénomène qui qui est quand même relativement nouveau et nous n'avons sans doute pas toutes les tous les éléments de réponse efficaces aujourd'hui pour prévenir les abus qui peuvent être commis dans ce type de de communauté en ligne..."

      • Citation : "...lorsque vous avez un phénomène de foule ou un phénomène collectif de communauté en ligne il peut y avoir une influence du groupe une pression du groupe qui peut être préoccupante sur encore plus évidemment sur des mineurs..."

      • Processus d'Emprise Mentale et Vulnérabilité des Mineurs : La Miviludes observe les différentes phases de l'emprise mentale, qui commence souvent par une phase de séduction/valorisation, suivie d'un endoctrinement, d'un isolement par rapport aux proches, puis d'une dépendance. Les mineurs sont particulièrement vulnérables à ce processus.

      • Citation : "...de ce que nous avons observé en fait s'agissant de de l'emprise mentale puisque c'est de cela dont nous occupons principalement à la Mivilude... il y a d'abord une phase de séduction... et puis euh ensuite et bien il y a une phase d'endctrinement qui peut se manifester... et puis donc ensuite ça peut être une l'adoption d'une de nouvelles règles de vie qui crée un isolement... et puis donc à cette phase d'isolement peut succéder une phase de dépendance..."

      • Citation : "...nous ce que nous pouvons observer c'est c'est quelque chose qui avait d'ailleurs été expliqué par des chercheurs c'est les différentes phases de l'emprise qui peut être et bien problématique par les liens de dépendance qu'il peut créer et la difficulté ensuite à s'en désengager pour les personnes qui sont concernées et encore plus de mineurs..."

      • Risques Spécifiques Liés à TikTok : TikTok présente des particularités préoccupantes, notamment le système de micro-dons qui peut créer une "ambiance de show" incitant à donner toujours plus, et la facilité avec laquelle certains mineurs peuvent être touchés, combinée à un phénomène de "célébrité" qui peut générer une forte dépendance et un attente de l'influenceur. Des signalements spécifiques sur TikTok concernant des mineurs ont été reçus.

      • Citation : "...s'agissant de de TikTok donc j'ai j'ai rappelé tout à l'heure la possibilité de pouvoir faire des micro don qui peut créer une ambiance très particulière surtout lorsqu'il s'agit de de mineurs qui sont en cause..."

      • Citation : "...ce qui nous préoccupe s'agissant de TikTok c'est la manière dont certains mineurs peuvent être touchés... nous avions un signalement qui concernait donc des des mineurs donc de pour certains âgés de moins de 15 ans euh et qui pouvait lorsqu'on mêle l'aspect réseau social avec un phénomène de célébrité ou assimilé comme tel et bien il peut y avoir un enjeu de dépendance très fort avec des mineurs qui attendent la manifestation du leader du groupe d'une manière ou d'une autre..."

      • Cas Spécifique de l'Influenceuse "Ophénia" : La Miviludes a effectué un signalement au procureur de Paris concernant cette influenceuse.

      Les préoccupations portaient sur la composition de sa communauté (majoritairement des adolescentes, parfois très jeunes), les interactions directes et intenses, et les réactions passionnelles et mimétiques de ses abonnées (propos suicidaires, automutilation, grèves de la faim, menaces, harcèlement).

      • Citation : "...nous avons été informés par le collectif maire donc mineur éthique et et réseau d'une masse d'information... j'ai signé donc un signalement à la procureur de Paris faisant état d'un certain nombre de faits préoccupants... j'ai rapporté ces ces faits là [tentative de suicide suite au comportement d'une influenceuse], j'ai rapporté aussi euh les éléments sur cette les idées de suicide que pouvait avoir euh de jeunes internautes... la communauté Bégénia puisque c'est le nom qu'elle elle a donné à sa communauté serait composé d'adolescentes parfois très jeunes..."

      • Citation : "...les échanges en fait électroniques révélaient une forte adhésion au mouvement d'humeur d'OPIA... allant jusqu'à insulter tout détracteur voire à proférer des menaces de mort..."

      • Citation : "...le comportement mimétique et parfois presque fanatique de membres de cette communauté qui nous paraissait euh préoccupant puisque lorsqueia faisait état d'une contrariété particulière des membres de sa communauté réagissaient de façon passionnelle et se montraient aussi affecté qu'elle avec des photos de jeunes filles portant des cicatrices de scarification ou des marques de blessures ou de jeunes filles qui annonçaient une grève de la fin ou des projets de tentative de suicide..."

      • Dérives Financières (Cryptomonnaies, Coaching, Vente Pyramidale) : Le "culte de l'argent facile" et la promotion de la richesse rapide, notamment via les cryptomonnaies ou certains types de coaching, sont des sources d'attrait pour les jeunes et peuvent donner lieu à des systèmes de vente pyramidale et à une pression de groupe intense.

      • Citation : "...le culte de l'argent facile est une source de très efficace d'attrait d'un grand nombre d'adolescents de jeunes adultes et donc il peut y avoir dans certaines organisations une forme de pression sur des objectifs commerciaux de ramener de nouveaux clients az vous avez évoqué les systèmes de de vente pyramidale et on a ces ces systèmes là que l'on retrouve de manière très claire..."

      • Citation : "...ces valeurs de l'argent facile de des influenceurs à Dubaï cette vie voilà d'image de euh évidemment elle pèse dans l'ambiance générale..."

      • Fake News et Complotisme : Le développement des fake news et du complotisme en ligne tend à relativiser les savoirs établis, contester la science, la médecine et les pouvoirs publics, constituant une "menace nouvelle".

      • Citation : "...nous avons aussi le ce phénomène des fake news du complotisme qui s'est beaucoup développé et qui tend à relativiser pas mal toutes les formes de savoir et même à contester le monde de la science le monde de la médecine les pouvoirs publics toute menace nouvelle qui appelle certainement de nouvelles réponses..."

      • Nouvelles Technologies (IA, Métavers) comme Risques Potentiels : L'intelligence artificielle et le métavers sont identifiés comme des technologies pouvant présenter des risques, notamment en termes de manipulation, accentués lorsqu'ils concernent les mineurs, bien que l'IA puisse aussi être une ressource pour l'identification des comportements problématiques.

      • Citation : "...l'intelligence artificielle qui est une menace mais qui peut être aussi une ressource qui peut être utilisée pour mieux identifier un certain nombre de comportements problématiques..."

      • Citation : "...une autre technologie dont on parle pas beaucoup ou plus beaucoup mais on va certainement en parler davantage à l'avenir c'est le c'est le métaverse qui qui reviendra avec la la possibilité de de vivre des expériences subjectives et donc avec des possibilités nouvelles de manipulation et qui sont évidemment très problématiques dès lors qu'on parle de mineurs..."

      • Augmentation des Signalements et Demandes d'Information : La Miviludes constate une forte augmentation des sollicitations (signalements et demandes d'information), passant de 2160 en 2015 à 4570 en 2024. La gravité des signalements s'est également accrue.

      • Citation : "...ces demandes d'information ces signalements sont en forte augmentation puisque nous avons plus d'un doublement depuis 2015 2160 en 2015 4570 en 2024..."

      • Citation : "...ces signalements n'ont leur gravité n'a fait que s'amplifier d'après ce que me disent les membres de mon équipe..."

      • Appréciation de la Réglementation Existant (DSA) et Besoin de Prévention : L'application du règlement sur les services numériques (DSA) est jugée nécessaire, mais elle requiert une meilleure formation pour l'identification et la documentation des "risques systémiques".

      Cependant, au-delà de la réglementation, il est jugé essentiel de renforcer la prévention et l'information du public, notamment en matière de santé, en vulgarisant l'information scientifique et médicale sur les réseaux sociaux.

      • Citation : "...s'agissant du règlement sur les services numériques qui est mis en œuvre qui est applicable en France... nous devons définir les risques systémiques et surtout les documenter et je dois dire que les agents de l'État ne sont peut-être pas tous complètement euh formés aujourd'hui pour appliquer cette réglementation..."

      • Citation : "...avant même de savoir s'il faut la faire changer je pense qu'il faut déjà qu'on puisse l'appliquer de manière rigoureuse..."

      • Citation : "...nous pouvons aussi certainement faire beaucoup mieux sans avoir besoin non plus de réglementation en terme de prévention et d'information donnée au public..."

      • Citation : "...nous pourrions faire bien mieux en terme de vulgarisation scientifique médicale pour qu'il y ait une information de qualité immédiatement accessible pour les utilisateurs de ces réseaux sociaux y compris de TikTok..."

      • Difficultés Liées aux Preuves et à l'Action en Justice : Les captures d'écran ne constituent pas une preuve suffisante en justice ; seuls les liens internet le sont, et leur enregistrement est essentiel (mention de la plateforme Faros).

      La qualification des faits, notamment en ce qui concerne la corruption de mineurs ou les propos sexualisés, peut être difficile à établir. Le traitement de l'urgence est assuré, mais prouver les mécanismes de manipulation mentale peut prendre du temps.

      • Citation : "...il me semble que les donc les captures d'écran ne sont pas une preuve il faut faire savoir ça au aux personnes qui nous sollicitent seul le lien internet peut-être une preuve et encore si on a pu démontrer qu'il était en ligne..."

      • Citation : "...là on est sur quelque chose d'encore plus difficile à caractériser puisqueà partir de quand c'est problématique il y a une infraction de corruption de mineurs qui existe mais enfin il faut pour cela des éléments intentionnels et tout dépend la manière dont c'est reçu interprété reproduit et cetera..."

      • Citation : "...l'urgence nous la traitons toujours en urgence mais les phénomènes de manipulation mentale nécessitent un travail qui peut être long pour prouver pour démontrer en tous les cas mécanisme donc c'est quelque chose qui peut prendre du temps..."

      • Moyens Limités de la Miviludes : Malgré l'augmentation significative de la charge de travail et de la gravité des signalements, les effectifs de la Miviludes sont restés stables depuis 2015 (14-15 agents).

      • Citation : "...nous sommes 14 il y a quatre contrats 10 mises à disposition d'agents donc de d'autres ministères donc nous sommes 14 avec un alternant ça fait 15..."

      • Citation : "...nous avons le double de signalement depuis 2015 et ces signalements n'ont leur gravité n'a fait que s'amplifier... Et comment ont évolué les effectifs depuis 2015 de la Mivilude ? c'est resté à peu près stable..."

      • Potentialités d'Utilisation des Plateformes par les Institutions : Certaines plateformes comme TikTok pourraient être utilisées par les institutions pour la prévention et l'information, comme le fait la police espagnole. Cela soulève cependant des questions sur la stratégie à adopter face à un outil posant par ailleurs problème.

      • Citation : "...je pour avoir rencontré nos homologues espagnols la police espagnole a un compte TikTok qui est extrêmement populaire et qui fonctionne semble-t-il très bien... dans le domaine de l'information de la prévention nous pourrions nous emparer davantage de ces outils..."

      Faits et Chiffres Clés :

      • Augmentation des signalements à la Miviludes : 2160 en 2015, 4570 en 2024.

      • Signalements adressés au parquet par la Miviludes : 80 sur 2023-2024 (contre 33 sur 2021-2022).

      • Signalements spécifiques relatifs à TikTok reçus par la Miviludes : 135 au total, dont 17 concernaient spécifiquement des mineurs.

      • Effectif de la Miviludes : 14-15 agents, stable depuis 2015.

      • La stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires 2024-2027 inclut un volet numérique.

      • Ce briefing résume les points essentiels abordés dans les sources, mettant en lumière les défis posés par le numérique et les réseaux sociaux dans la lutte contre les dérives sectaires, l'impact spécifique sur les mineurs, les difficultés d'action et les pistes de travail (prévention, information, application de la réglementation).

    1. Document de Briefing : Analyse des Auditions sur l'Organisation du Système de Santé

      Date :2025

      Objet : Synthèse des points clés des auditions de l'Ordre et des syndicats de médecins sur l'organisation du système de santé, axée sur l'accès aux soins et la démographie médicale.

      Source : Extraits de la table ronde avec l'Ordre et les syndicats des médecins sur l’organisation du système de santé.

      Résumé Exécutif :

      • Les auditions révèlent une convergence de vues entre l'Ordre et les syndicats de médecins concernant le constat critique de la situation actuelle du système de santé français, en particulier l'accès aux soins et les difficultés démographiques.

      Tous les intervenants soulignent l'urgence de trouver des solutions, tout en mettant en garde contre la précipitation et les mesures coercitives.

      Les thèmes centraux incluent le manque cruel de données démographiques précises, la transformation de la pratique médicale due au vieillissement de la population et à la multimorbidité, l'iniquité territoriale, la nécessité de collaborateurs médicaux (assistants et infirmières), et l'importance d'une approche territoriale coordonnée et incitative plutôt que coercitive.

      La formation des jeunes médecins, l'intégration des retraités et la régulation de certaines activités (comme la médecine esthétique) sont également identifiées comme des leviers essentiels.

      Points Clés et Analyses :

      Constat Démographique et Accès aux Soins :

      • Un accord général sur l'énorme préoccupation concernant l'accès aux soins.
      • Le problème démographique a été alerté dès 2010, mais sans réaction suffisante des élus et tutelles.
      • Malgré l'augmentation du nombre d'étudiants (4000 par an prévus), les effets positifs sur la démographie médicale ne se feront sentir que dans 5 ans minimum, voire une douzaine d'années pour un impact significatif.
      • Le numérus clausus (années 1980-2000) est largement identifié comme la cause principale de la pénurie actuelle. "nous sommes en grande difficulté c'est une réalité", "ça fait 40 ans que ça dure avec un numérus clausus qui a été extrêmement dur".
      • Il y a un manque crucial de données démographiques précises et fiables sur le nombre de médecins par spécialité, par type d'exercice (traitant, urgences, soins non programmés, etc.) et par territoire. Impossible de construire une politique de santé efficace sans savoir de quoi on parle. "comment construire une politique de santé quand on ne sait pas de quoi on parle".
      • Seulement environ 40 000 médecins généralistes sur près de 100 000 sont considérés comme des "médecins généralistes traitants" ayant en charge un nombre significatif de patients (plus de 200 contrats, moyenne 1000-1100). Cela signifie que 60 % de la profession générale fait autre chose.

      Transformation de l'Exercice Médical et Temps Médical Disponible :

      • Le temps médical disponible par médecin a diminué : une consultation moyenne prenait plus de temps qu'auparavant (passant de 35 à 25 consultations par jour pour un même temps de travail dans l'exemple donné).
      • Cela est dû à deux facteurs principaux :
      • Augmentation du temps administratif (+30% en 10 ans). "le temps administratif qui a augmenté de 30 % en 10 ans".
      • Multimorbidité et complexité des patients : vieillissement, maladies chroniques multiples, problèmes psychosociaux. "les patients sont plus compliqués ils ont un voire deux voire plus maladies chroniques et ils ont des problèmes psychosociaux".
      • La nécessité de collaborateurs médicaux (assistants médicaux, infirmières en pratique avancée - IPA) est cruciale pour aider les médecins dans la gestion administrative et la prise en charge des patients complexes/chroniques. L'assistant médical permettrait de prendre près de 300 patients supplémentaires en médecin traitant et d'augmenter la file active de 120 patients en moyenne.

      Iniquité Territoriale et "Effet Dominos" :

      • L'iniquité territoriale est une réalité, avec 87% des territoires sous-dotés.
      • Les zones rurales sont particulièrement touchées par le départ à la retraite de médecins plus âgés, créant un "effet dominos" : le départ d'un médecin submerge les autres, qui finissent par partir également.
      • L'attractivité des territoires est un facteur majeur : les jeunes médecins s'installent avec leur conjoint, et la disponibilité d'emploi et d'infrastructures (crèche, école, etc.) pour la famille est primordiale. Le modèle du "patriarcat médical est mort".

      Rejet des Mesures Coercitives :

      • Un consensus fort s'exprime contre les mesures coercitives, comme la régulation forcée de l'installation ou le retour des gardes obligatoires.
      • Ces mesures sont considérées comme "une mauvaise solution et une solution de facilité" en période de pénurie et pourraient avoir des effets inverses, comme le départ des médecins à l'étranger, vers le salariat ou d'autres secteurs d'activité moins contraignants. "Je crois que c'est un remède qui soit pire que le mal".
      • L'expérience de pays ayant mis en place de telles mesures (Canada, Québec) est citée comme exemple de leurs limites.
      • Importance de l'Approche Territoriale et Incitative :
      • La solution réside dans une organisation territoriale des soins, définie collectivement et adaptée aux besoins locaux. "le mot qui a été prononcé le plus c'est le mot territoire".
      • Il faut développer une politique de "aller vers" : faciliter le transport des patients vers les zones de soins et permettre aux médecins d'aller consulter dans les zones sous-dotées (consultations avancées, médicobus). Les consultations avancées sont vues comme un dispositif fonctionnel basé sur le volontariat et la responsabilité collective.
      • La permanence des soins (PDSA) est citée comme un exemple de responsabilité collective qui fonctionne (97% du territoire couvert le weekend, 93% en soirée, avec 40% des médecins généralistes participants). L'idée de la rendre obligatoire est vue comme risquant de "casser quelque chose qui est en train petit à petit de s'améliorer".
      • Il faut une meilleure coordination entre les différents acteurs de santé sur un territoire (hôpitaux publics/privés, cliniques, médecins libéraux, agences de santé). Le travail "en silo" est délétère.

      Formation et Attractivité de la Profession :

      • Il est crucial d'augmenter le nombre de terrains de stage en libéral et en établissements privés pour les étudiants en médecine (externes et internes). Cela permettrait de mieux les former aux réalités de l'exercice libéral et de l'ensemble du système de santé. "les stages de nos étudiants en libéral sont indispensables".
      • La réforme de la première année de médecine (Numérus Apertus couplée à la réforme) est jugée "extrêmement délétaire", ayant conduit à des abandons importants (15-20% après la 2ème année) et potentiellement une sélection de profils moins adaptés.
      • Les internes sont dans un état psychologique "extrêmement altéré".
      • Il faut simplifier l'exercice médical pour le rendre plus attractif (auto-déclarations d'arrêt de travail, simplification des prescriptions de transport, etc.).
      • La "financiarisation du système de santé" qui oriente l'activité vers ce qui est le plus facile et lucratif, au détriment des besoins de la population, est un problème identifié.

      Mobilisation de Ressources Additionnelles :

      • Réactiver la réserve médicale en proposant des stages cliniques annuels et un accès à la formation continue pour les médecins retraités volontaires.
      • Créer un statut de "médecin retraité remplaçant" pour permettre une activité à temps très partiel sans pénalités financières liées aux charges de retraite active. L'actuel système incite à travailler à plein temps ou pas du tout en retraite active.

      Coopération avec les Autres Professions de Santé :

      • La coopération avec les autres professions de santé est une "évidence".
      • Elle doit se faire dans le cadre d'un exercice protocolisé et coordonné par le médecin, pour garantir la sécurité des patients et éviter une "perte de chance". "il faut unir tout le monde autour des malades la seule chose qui nous importe c'est l'accès aux soins l'absence de perte de chance".

      Pertinence des Soins et Prévention :

      • La "pertinence des soins" est la "mère des batailles". Elle permet de libérer du temps médical et de générer des économies (environ 30% d'examens seraient non pertinents).
      • La prévention est insuffisante et doit être développée, même si ses effets sont à plus long terme. L'exemple du faible taux de vaccination contre la grippe chez les professionnels de santé est cité.
      • Régulation de la Médecine Esthétique et Autres Activités Non Essentielles :
      • La fuite de médecins (généralistes et spécialistes comme les dermatologues) vers des "niches" comme la médecine esthétique est un problème majeur qui contribue aux difficultés d'accès aux soins. "c'est une plie pour la profession".
      • Il est nécessaire d'encadrer la médecine esthétique (et potentiellement d'autres activités où le niveau de preuve scientifique est faible) pour garantir un équilibre entre l'activité "esthétique" et l'activité de "mission de soins".
      • Une proposition évoquée est d'encadrer la "double activité" en exigeant que la deuxième activité soit minoritaire par rapport à la spécialité principale.
      • L'argument est également avancé que l'interdiction totale de la médecine esthétique par des médecins entraînerait l'essor de praticiens non qualifiés ("fake injectors"), avec des complications sanitaires à la charge de la sécurité sociale. Il faut donc trouver un équilibre.
      • La certification des médecins dans leurs différentes activités est une piste pour aborder cette régulation.

      Gestion des Médecins Étrangers :

      • Les médecins étrangers sont une ressource précieuse, mais il est crucial de maintenir des évaluations sérieuses de leurs compétences ("supprimer les EVC supprimer les PCC supprimer toutes les critères qui permettent de les évaluer est une mauvaise idée").

      Propositions Concrètes Évoquées (parmi d'autres) :

      • Création d'un observatoire de la démographie en médecine générale.
      • Élargissement dans le temps de la mesure protégeant les patients du départ à la retraite de leur médecin traitant.
      • Développement massif des assistants médicaux et infirmières en pratique avancée dans les cabinets médicaux.
      • Développement des consultations avancées et médicobus dans les zones sous-dotées.
      • Mise en place d'un statut de médecin retraité remplaçant et réactivation de la réserve médicale.
      • Définition claire des territoires de santé pour l'organisation des soins.
      • Intégration de la formation à la régulation et aux gardes dans le cursus universitaire.
      • Augmentation des lieux de stage en libéral et privé pour les étudiants.
      • Assouplissement des carrières et valorisation des acquis de l'expérience pour les secondes activités minoritaires.
      • Encadrement de la médecine esthétique et potentiellement d'autres activités.
      • Développement des équipes de soins spécialisés sur les territoires.
      • Amélioration de la pertinence des soins.
      • Renforcement de la prévention.
      • Réflexion sur la carte hospitalière et la permanence des soins en établissement de santé.

      Conclusion :

      • Les auditions confirment la gravité de la crise d'accès aux soins, largement imputée aux politiques démographiques passées.

      L'Ordre et les syndicats plaident pour une approche globale, incitative et basée sur la coopération territoriale pour y remédier. Ils soulignent l'importance cruciale d'investir dans les ressources humaines (médecins et collaborateurs) et de simplifier l'exercice pour le rendre plus attractif.

      Le rejet des mesures coercitives est net, au profit de solutions basées sur la responsabilité collective et les incitations.

      La nécessaire régulation de certaines activités médicales non essentielles est également un point de convergence fort.

      Recommandations Potentielles pour la Commission :

      • Appuyer la création d'un observatoire national précis de la démographie médicale par spécialité et mode d'exercice.
      • Soutenir les mesures incitatives pour l'installation dans les zones sous-dotées (aides à l'installation, aides aux conjoints, consultations avancées, etc.).
      • Promouvoir le développement des assistants médicaux et IPA, et la coopération entre professionnels de santé, en veillant à la coordination médicale.
      • Explorer les propositions relatives à la mobilisation des médecins retraités et à la simplification de l'exercice.
      • Soutenir l'encadrement de la double activité médicale (notamment la médecine esthétique) pour préserver l'activité de soins essentielle.
      • Veiller à l'amélioration de la formation initiale et continue des médecins, y compris l'accès aux stages en libéral et privé.
      • Intégrer la réflexion sur la pertinence des soins et la prévention dans les politiques de santé.
      • Considérer l'approche territoriale comme le socle de l'organisation future du système de santé, en définissant clairement les besoins et les ressources à l'échelle locale.
      • Ce document est une synthèse basée sur les extraits fournis et ne prétend pas couvrir l'intégralité des débats ou des positions des intervenants.
    1. Note de Briefing : "Bernard Lahire. Les structures fondamentales des sociétés humaines"

      Source: Extraits de la rencontre Kern.info avec Bernard Lahire, auteur de "Les structures fondamentales des sociétés humaines".

      Date: 2025

      Objet: Revue des thèmes principaux et des idées clés présentées par Bernard Lahire concernant son ouvrage "Les structures fondamentales des sociétés humaines".

      Résumé:

      • Bernard Lahire, sociologue et professeur, présente son dernier ouvrage qui se propose de revisiter les questions fondamentales de la sociologie et des sciences sociales en adoptant une approche comparative large.

      L'originalité de son travail réside dans la comparaison non seulement entre différentes sociétés humaines à travers l'histoire et la géographie, mais aussi avec les sociétés animales, en puisant dans des disciplines telles que l'éthologie et la biologie évolutionniste.

      Lahire critique l'atomisation et le constructivisme excessif des recherches contemporaines, plaidant pour une synthèse des acquis et la formulation de "lois" ou principes généraux du social.

      Il identifie des invariants structurels, comme la domination et l'opposition "nous/eux", en soulignant leurs corrélats biologiques et culturels, tout en rejetant une biologisation du social au profit d'une "sociologisation" étendue.

      L'ouvrage se veut un hommage aux sciences sociales et un appel à une collaboration interdisciplinaire renouvelée pour mieux comprendre la spécificité humaine et les défis sociaux contemporains.

      Thèmes Principaux et Idées Clés:

      • Reposer les Questions Fondamentales des Sciences Sociales: Lahire constate que les sciences sociales se sont habituées à éviter les questions trop générales, jugées trop philosophiques ou métaphysiques. Son livre vise à redonner aux sciences sociales la capacité de répondre à ces interrogations profondes sur ce que nous sommes, pourquoi nous vivons en société, et la spécificité humaine.
      • Citation: "...dire des choses qu'on s'était habitué à ne plus dire en fait dans les sciences sociales poser des questions qu'on s'était habitué à ne plus poser en les trouvant trop général trop trop philosophique ou trop métaphysique comme on dit parfois..."
      • Citation: "...les sciences sociales ont maintenant la possibilité de répondre à des questions qu'on jugeait auparavant métaphysique ou spéculative..."
      • Méthode Comparative Large et Interdisciplinarité: L'approche de Lahire est explicitement comparative, étendant la comparaison non seulement entre sociétés humaines variées (historiquement et géographiquement) mais aussi aux sociétés animales. Il intègre les apports de diverses disciplines : sciences sociales (histoire, anthropologie, sociologie), préhistoire, paléoanthropologie, éthologie, et biologie évolutionniste.
      • Citation: "...vous utilisez une méthode comparative vous comparez différentes sociétés humaines à différentes époques et en plus d'inclure les résultats de différentes sciences sociales vous allez aussi chercher du côté des sciences de la nature et on trouve des références bah notamment en éthologie en biologie évolutionniste..."
      • Citation: "...pour arriver à dire des choses assez fondamentales sur ce que nous sommes nous humains il fallait forcément comparer euh comparer à l'intérieur des sociétés humaines effectivement comme vous l'avez dit mais aussi comparer par rapport à d'autres formes de vie sociales que des des des sociétés euh spécifiquement humaines..."
      • Synthèse et Cumulativité Scientifique: L'ouvrage est une synthèse des travaux menés en sciences sociales depuis un siècle et demi. Lahire déplore le manque de cumulativité scientifique dans les sciences humaines et sociales, qui tendent à repartir de zéro au lieu de capitaliser sur les acquis et de formuler des lois ou principes généraux, à l'instar des sciences de la nature.
      • Citation: "...mon travail relève un peu de ça alors je sais pas s'il sera internationalisé mais j'espère bien qu'il sera traduit dans différentes langues mais en tout cas je je fais de la synthèse pour aider en fait les gens qui qui me liront à ne pas partir de zéro en fait c'est ça un des gros problèmes je crois des sciences humaines et sociales à l'heure actuelle c'est qu'elles ont tendance à ne pas s'organiser pour constituer des des de la cumulativité scientifique comme on dit c'est-à-dire de dire on a des acquis on les formule et puis comme ça on peut s'appuyer sur eux pour aller un peu plus loin..."
      • Citation: "...il y a des invariants il y a des régularités il y a des des constantes et il y a des lois très très générales de fonctionnement..."
      • Critique de l'Atomisation et du Constructivisme Radical: Lahire s'inscrit en faux contre l'éclatement des recherches en sociologie, souvent fascinées par les variations et les singularités, au détriment de la mise en évidence des invariants. Il critique également une forme de constructivisme épistémologique qui douterait de l'existence d'une réalité extérieure à l'observateur.
      • Citation: "...vous vous commencez l'ouvrage en parlant d'une certaine insatisfaction face à une atomisation des recherches en sociologie qui serait comme fasciné par les variations et qui tendent à oublier ces ces invariants que que vous mettez en en lumière..."
      • Citation: "...il y a aussi un constructivisme épistémologique qui consiste à dire que nous n'avons que des points de vue que des regards sur une réalité dont certains doutent..."
      • Plaidoyer pour un Réalisme Constructiviste: Lahire propose de concilier la prise en compte du regard construit de l'observateur avec l'affirmation de l'existence d'un réel à découvrir qui résiste à nos regards.
      • Citation: "...le réalisme constructiviste ça veut dire il faut pas être naïf on a bien un regard particulier un point de vue particulier et des méthodes particulières d'accès au réel mais il y a il y a un réel qui euh ben résiste parfois à nos regards..."
      • Distinction entre Social, Culturel et Historique: Lahire insiste sur la nécessité de démêler ces notions. La vie sociale existe chez de très nombreuses espèces (même peu culturelles). La culture est une forme de transmission, plus développée chez l'homme et surtout cumulative. L'histoire est une conséquence de l'accumulation culturelle. Cette distinction permet de mieux comprendre ce qui est spécifiquement humain.
      • Citation: "...vous dénoncez notamment une confusion entre le social le culturel et l'historique et confusion qui a qui est lourde aussi de conséquence pour la définition des des disciplines..."
      • Citation: "...la vie sociale on la on la trouve chez de très nombreuses espèces même les les moins culturels..."
      • Citation: "...nous nous avons comme particularité d'avoir une culture qui se cumule qui s'accumule au cours de l'histoire..."
      • Citation: "...l'histoire est une conséquence de l'accumulation culturelle..."
      • Extension du "Social" aux Espèces Non-Humaines: En s'appuyant sur l'éthologie, Lahire montre que le social ne se limite pas aux humains. Il existe des formes de structuration sociale, de hiérarchie, de relations parents-enfants, d'évitement de l'inceste, etc., chez diverses espèces animales (primates, fourmis, oiseaux). Il propose une "sociologisation" de ces phénomènes, souvent considérés comme purement biologiques.
      • Citation: "...le lieu du social est en un sens plus large que que que ne l'a pensé la sociologie pendant longtemps puisque vous comparer les sociétés animales aux sociétés humaines..."
      • Citation: "...il y a des lois sociales qui structure aussi la vie des groupes d'espèces non humain non humaine et ça il faut s'habituer en fait à reconsidérer n nos catégories nature culture ça fonctionne pas..."
      • La Dominance comme Invariant Structuel: Lahire identifie l'universalité de la domination dans les sociétés humaines, qu'il relie au phénomène biologique de l'altricialité secondaire (la longue dépendance du petit humain vis-à-vis des adultes). Cette expérience précoce de dépendance et de domination parentale sert de matrice à d'autres formes de domination (politique, économique, culturelle).
      • Citation: "...l'un des faits que vous que vous observez dans toutes les sociétés humaines c'est le l'universalité du du fait de la domination..."
      • Citation: "...cette altricialité a des effets sociaux immédiats c'est-à-dire que il y a des corrélats sociaux à cette à ce fait biologique ou des conséquences sociales de ce fait biologique puisque ça suppose que la première expérience humaine universelle quelle que soit la culture c'est le fait d'être sous domination parentale..."
      • L'Opposition "Nous/Eux" comme Invariant Trans-Espèces: Le phénomène de distinction et d'opposition entre le groupe d'appartenance ("nous") et les groupes extérieurs ("eux") est un autre invariant, observable chez les animaux (fourmis, chimpanzés) et prenant des formes culturelles multiples et variées chez les humains (conflits entre quartiers, villes, nations, etc.).
      • Citation: "...un autre invariant que vous soullignez et qu'on trouve même chez les chimpanzés c'est l'opposition entre nous et eux qui est une sorte d'invariant..."
      • Citation: "...on se rend compte de plus en plus qu'il y a des logiques sociales il y a des lois sociales générales qui sont transespèces et qui prennent des formes particulières chez nous parce que nous avons des formes culturelles qui s'ajoutent à ces grandes lois sociales..."
      • Conséquences Sociales des Propriétés Biologiques: Lahire insiste sur l'étude des effets sociaux ou corrélats sociaux des propriétés biologiques spécifiques à l'espèce humaine (comme l'altricialité ou la longévité), plutôt que de réduire le social au biologique. La longue longévité humaine, par exemple, permet la cohabitation de plusieurs générations, favorisant la transmission et l'accumulation culturelle.
      • Citation: "...ce qui m'intéresse c'est les effets sociaux de ces propriétés biologiques alors souvent les les sociologues ou les chercheurs en sciences sociales plus généralement pensent que comme nous avons tous les mêmes propriétés biologiques c'est quelque chose qu'on peut négliger..."
      • Citation: "...ces différences ces spécificités biologiques ces propriétés biologiques ont des conséquences tout à fait sociales et parfois même culturelles..."
      • Interdiction/Évitement de l'Inceste: Lahire souligne que l'évitement de l'inceste n'est pas propre à l'homme mais existe chez de nombreuses espèces animales non humaines. La spécificité humaine réside dans la formulation de cet évitement sous forme de tabou ou d'interdit culturel et langagier. Il invite à étudier les exceptions à cette règle dans les sociétés humaines pour mieux comprendre les mécanismes en jeu.
      • Coopération et Entraide: Si l'ouvrage met en évidence la domination et l'opposition, Lahire rappelle l'importance de l'entraide et de la coopération, particulièrement liées à l'expérience du soin parental (le "care") et à la division du travail dans les sociétés humaines. L'entraide, observable chez les animaux, a pris une dimension élargie chez l'homme.
      • Implications pour la Formation et la Recherche en Sciences Sociales: Lahire plaide pour une réorganisation de la formation, incluant par exemple des cours d'éthologie pour les étudiants en sociologie. L'objectif est d'élargir "l'imagination scientifique" et de favoriser les comparaisons interdisciplinaires et trans-espèces. Il ne s'agit pas d'une dispersion mais d'un enrichissement et d'une clarification du regard.
      • Citation: "...tout étudiant en sociologie devrait avoir un cours d'éthologie ça me paraît évident..."
      • Citation: "...je pense que toutes ces toutes ces disciplines en fait ont des choses à dire sur des formes de structuration social et et donc euh c'est très simple d'enseigner ces chosesl euh à des étudiants qui d'un coup auront pas du tout les mêmes imaginations scientifiques..."
      • Dialogue avec d'Autres Disciplines et Réception de l'Ouvrage: Lahire indique avoir cherché à dialoguer avec des experts d'autres domaines pour valider ses analyses. Il constate des retours positifs de collègues en anthropologie, préhistoire et même biologie, suggérant que son travail ouvre des perspectives pour une meilleure compréhension mutuelle et de nouvelles collaborations.

      Enjeux et Perspectives:

      L'ouvrage de Bernard Lahire propose un cadre ambitieux pour les sciences sociales, en les invitant à sortir de l'émiettement et à embrasser une perspective plus large, intégrant les acquis des sciences du vivant pour mieux comprendre la spécificité humaine et les invariants sociaux. En formulant des lois générales et en identifiant des structures fondamentales, il espère contribuer à la cumulativité scientifique et à un dialogue renouvelé entre disciplines. Son approche réaliste constructiviste cherche à fonder la connaissance sociale sur la reconnaissance d'un réel objectif, tout en tenant compte de la subjectivité du regard scientifique.

      Le succès de cet appel dépendra de la capacité des chercheurs en sciences sociales à accepter cette ouverture et à intégrer ces perspectives nouvelles dans leurs travaux, potentiellement en redéfinissant les objets d'étude et les méthodes de comparaison. La réception positive observée jusqu'à présent, notamment au sein de la collection qu'il dirige, laisse entrevoir la possibilité d'un changement de regard et d'un renforcement des liens interdisciplinaires.

      Conclusion:

      "Les structures fondamentales des sociétés humaines" est un ouvrage stimulant qui invite à repenser les fondements de la sociologie et des sciences sociales. En puisant dans une variété de disciplines et en comparant l'humain aux autres espèces, Lahire propose une vision intégrative du social, mettant en évidence des invariants et des lois générales. Ce faisant, il offre des outils pour mieux comprendre les mécanismes sociaux profonds et, potentiellement, pour aborder les défis sociaux contemporains avec un regard renouvelé et enrichi.

      Cette note de briefing cherche à capturer l'essentiel de l'entretien et des idées clés de l'ouvrage, en s'appuyant sur les propres termes de Bernard Lahire. N'hésitez pas si vous souhaitez des précisions ou un développement sur un point particulier.

    1. Note d'information : Former nos enfants à une démocratie solidaire

      Date : 27 janjier 2021

      Source : Extraits de "Former nos enfants à une économie social et solidaire ..." (Conférence en ligne)

      Résumé Exécutif :

      Ce document synthétise les principaux thèmes et idées abordées lors d'une conférence consacrée à l'éducation à la démocratie solidaire.

      La discussion met en lumière la fragilité de nos démocraties actuelles, la nécessité urgente d'une éducation renouvelée impliquant la coéducation entre les parents, l'école et les "tiers lieux", et l'importance cruciale de former les enfants à penser par eux-mêmes et à fabriquer du commun.

      Les intervenants soulignent les défis posés par l'individualisme social, la peur de l'altérité et les transformations du statut de l'enfant dans une société marquée par le capitalisme pulsionnel.

      Ils proposent des pistes concrètes basées sur la coopération, la réflexivité, la valorisation du travail manuel et le partage de l'inépuisable (la culture).

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      • La Crise Sanitaire comme Révélateur de Fragilité et de Solidarité :
      • La pandémie a mis en évidence notre "fragilité" mais aussi notre "solidarité".
      • La solidarité est décrite comme "d'abord un fait" avant d'être une valeur : "nous sommes solidaires que nous le voulions ou non".
      • Cette solidarité peut être activée "pour le meilleur ou la désactiver pour le pire".
      • La crise appelle également à l'"inventivité".
      • La Coéducation : un Trépied Éducatif Fondamental :
      • L'éducation et le développement de l'enfant reposent sur la complémentarité de trois composantes essentielles : les parents, l'école et les "tiers lieux" (associations, clubs, etc.).
      • La coéducation est une "réalité que nous le voulions ou non" car "c'est le même enfant qui va vivre dans sa famille, aller à l'école, pratiquer un sport ou dans une association".

      • L'objectif est d'accompagner l'enfant vers une éducation "plus émancipatrice et une pédagogie plus solidaire".

      Rôles Spécifiques des Acteurs Éducatifs :

      • Les Parents : Assurent la mission éducative "fondatrice" de la filiation, mettent l'enfant au monde, lui présentent le monde et lui apprennent les gestes premiers. Ils lui permettent de découvrir que "le monde n'est pas entièrement à son service" et l'importance de la frustration pour une croissance équilibrée, conjuguée à la perspective du "retour" et du "bonheur d'être ensemble".

      • L'École : Un lieu pour "apprendre ensemble et apprendre à apprendre ensemble", à partager des savoirs "en se respectant comme des individus singuliers". Elle "agrandit le cercle" des solidarités, passant de la solidarité intrafamiliale à la solidarité avec la classe, et au-delà, à la "solidarité avec la planète". C'est le pari de la République, visant le "développement complet de la personne" et l'interaction avec la famille et le territoire.

      • Les Tiers Lieux : Lieux informels ou non formels où les enfants "se réunissent", "partent en vacances ensemble", "prennent des responsabilités dans des collectifs". Ils contribuent à la "responsabilisation" de l'enfant.

      • Ces trois missions (filiation, transmission, responsabilisation) sont complémentaires pour une "véritable éducation".

      Redéfinir les "Fondamentaux" de l'Éducation :

      • Le terme "fondamentaux" fait débat, souvent réduit à lire, écrire et compter.

      • Jules Ferry, en 1881, défendait une vision plus large incluant "les leçons de choses", le dessin, l'histoire naturelle, les musées scolaires, la gymnastique, les promenades, le travail manuel, le chant. Ces "accessoires" étaient "la chose principale" pour faire de l'école primaire une "école d'éducation libérale" (à la liberté).

      • Ferdinand Buisson (1884) va plus loin, affirmant que l'instruction primaire est devenue une "instruction nationale embrassant l'ensemble des connaissances humaines, l'éducation toute entière physique, morale et intellectuelle". Cette éducation globale est "le fondement sur lequel reposera désormais l'édifice tout entier de la culture humaine" et la "condition de cet avenir" pour la démocratie moderne. Il récuse une conception "minimaliste, charitable" de l'éducation pour les déshérités.

      Menaces Pesant sur Nos Démocraties (du point de vue éducatif) :

      • Un nuage de mots basé sur les réponses des participants révèle les préoccupations : individualisme, peur, ignorance, intolérance, internet, communautarisme, isolement, complotisme, compétition, violence, égoïsme, médias, réseaux sociaux, inégalité, obscurantisme, populisme, extrémisme, désinformation, fondamentalisme.

      • Montée de l'Individualisme Social : Ce n'est plus un défaut personnel mais un "mode de fonctionnement" de la société, lié à l'effondrement des systèmes religieux traditionnels et aux transformations sociétales (ex: contraception).

      Cet individualisme, bien que source de progrès et d'émancipation, devient préoccupant lorsqu'il devient un système, entraînant une "perte de confiance à l'égard des institution" perçues comme ne servant pas forcément l'intérêt individuel plutôt que le "bien commun". La démocratie doit passer de l'émancipation des tutelles à la capacité de "se réunir ensemble pour construire... le pacte social".

      • Attraction de l'Entre Soi et Refus de l'Altérité : Montée des "ghetos" (sociaux, économiques) et peur de se confronter à la différence.

      • Évolution du Statut de l'Enfant : Les enfants désirés inversent parfois le rapport familial traditionnel, mettant une pression pour réussir. L'enfant a appris à obtenir satisfaction en créant de la surenchère entre les adultes, activé par la "machinerie publicitaire et commerciale" qui encourage le caprice et la satisfaction immédiate.

      • Montée du Capitalisme Pulsionnel (Bernard Stigler) : Un capitalisme qui pousse à satisfaire les pulsions, à ne pas interroger la légitimité de ses désirs, à vouloir et exiger d'avoir tout ce qu'on désire.

      Il est activé par les outils de l'immédiateté (smartphone, télécommande) et crée un "sentiment de toute puissance" et l'idée que "tout est réversible" comme dans les jeux électroniques, contrairement à la vie où "il y a de l'irréversible". Se laisser aller aux pulsions "abîme l'humain dans l'autre".

      • Le Présentisme : Vivre pour la satisfaction immédiate des pulsions ou des besoins, peinant à se projeter dans un "futur commun" ou à transformer le "futur" (ce qui arrive) en "avenir" (ce qui doit être construit).

      Principes Fondamentaux pour l'Éducation à la Démocratie :

      • Apprendre à Penser par Soi-même : La maxime kantienne "Sapere aude" (ose penser par toi-même). C'est une "tâche gigantesque" qui exige de "tenir sous contrôle ses préventions, son plein de pulsion, d'espoir et d'intérêt" pour pouvoir "donner raison à l'autre" même si on a tort contre soi-même (Gadamer).

      • Cela implique d'apprendre la "vertu du surcis", de "sursoir à l'acte", de "réfléchir avant d'agir" (l'exemple de Janusz Korczak et de sa "boîte des bagarres").

      • Cela nécessite d'être "nourri par la culture" pour aider à réfléchir et à vivre, même les événements douloureux.

      • Cela signifie transformer le "plaisir de savoir tout de suite" (comme dans les théories du complot qui bloquent l'apprentissage) en "plaisir de chercher", de se documenter, de travailler, d'enquêter.

      • Cela requiert d'être "exigeant avec soi-même" pour penser de façon "toujours plus lucide", ne pas se satisfaire de l'approximation ou du slogan. Cette exigence doit être intériorisée par l'enfant (l'exemple du "polissage du texte libre" chez Freinet).

      • Fabriquer du Commun : Les citoyens qui pensent par eux-mêmes doivent aussi "fabriquer du commun".

      • Cela se fait en "débattant au lieu de se battre" (la métaphore de la Table Ronde de Marcel Mauss). Les éducateurs sont les "charpentiers de cornoille" qui fabriquent cette table.

      • Cela implique l'"entraide", y compris comme une "obligation" (sur le modèle de la non-assistance à personne en danger), car "le but de la société c'est le bonheur de chacun" et l'entraide fabrique du commun et de la démocratie.

      • Cela passe par la "confrontation", la "collaboration dans un projet", la "coopération dans son sens le plus exigeant" (comme dans la "classe puzzle" d'Elliot Aronson).

      Pistes d'Action Concrètes (Propositions des Participants) :

      • Sciences et Techniques : Présenter les sciences comme incertaines, enseigner la zéthétique et l'esprit critique, utiliser les nouvelles technologies comme leviers d'émancipation sous accompagnement.

      • Culture et Arts : Mettre en avant le patrimoine local, faire venir la culture à l'école, donner la parole aux élèves.

      • Citoyenneté, Numérique, Esprit Critique : Apprendre à s'informer, éduquer aux médias, questionner les sources, décoder les fake news, organiser des challenges sur les arguments fallacieux.

      • Interculturel : Apprendre les langues en s'appuyant sur les langues du groupe, organiser des rencontres et partenariats interculturels (musique, cuisine, écriture), faire des partenariats avec d'autres pays.

      • Rencontre et Vivre Ensemble : Mettre en place des liens de confiance parents-enseignants, penser la place des loisirs et de la pratique artistique et culturelle, faire de la classe un lieu de vie en société, favoriser le dialogue, former à la médiation et gestion de conflits, apprendre à accepter de ne pas savoir et le droit à l'échec.

      • Écologie et Environnement : Sensibiliser à l'action concrète pour un "changement durable", sortir de l'ethnocentrisme, permettre aux enfants d'agir et décider d'initiatives locales.

      • Organisation du Travail et Travail d'Équipe : Mettre en place des méthodes de travail collaboratives, modifier la politique salariale pour encourager les acteurs à faire autrement, développer l'évaluation du travail de groupe, impliquer les élèves dans la prise de décision et l'auto-évaluation, éduquer à l'acceptation des différents points de vue.

      • Actions Militantes, Faits de Société, Mouvements Sociaux : Donner le goût de l'action collective, parler des mouvements sociaux, proposer des espaces de débat et d'engagement, valoriser et participer aux engagements, utiliser les outils de la communication non violente.

      • Projet et Activité : Porter des projets communs et citoyens, lier l'individuel et le collectif (l'important est l'expérience, pas seulement le résultat), former les accompagnateurs à la démarche de projet, rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages et de leur responsabilisation.

      • Économie Sociale et Solidaire : Responsabiliser les jeunes comme acteurs de projets entrepreneuriaux collectifs et d'utilité sociale, adopter des outils de prise de décision démocratique, promouvoir le bénévolat, le travail pour le plaisir, l'échange et la solidarité (pas seulement le profit financier).

      Perspectives Pédagogiques :

      • L'éducation doit redevenir une "responsabilité collective" de tout le "village".

      • Face à une société où la réussite individuelle est supposée contribuer à l'intérêt collectif, il faut travailler à des formes de "coopération qui profitent à tous et construisent le commun".

      • Face à une société de la satisfaction pulsionnelle et de l'immédiateté, il faut travailler sur le "surcis", la "réflexivité" et le "nourrissage par la culture".

      • Face à une pédagogie bancaire (Paolo Freire) où l'on bâcle le travail, il faut faire de la "remise en chantier", de la "patience d'atelier" (Alain), en visant à "devenir meilleur que soi-même" (Albert Jacquard) plutôt que meilleur que les autres.

      • Face à une société de la virtualisation de l'économie, il faut faire de la "rencontre avec la résistance de l'objet", du "travail concret", du "travail de la main" pour "obéir à des lois sans s'humilier en obéissant aux autres".

      • Face à une société où l'on consomme l'épuisable, il faut permettre d'accéder aux "bien communs fondamentaux" et trouver sa satisfaction dans le "partage de l'inépuisable" (la culture).

      L'Articulation Individuel/Collectif :

      • C'est un "enjeu majeur" et un "problème" à considérer en éducation.

      • Spontanément, la "division du travail" l'emporte, entraînant inégalités et intériorisation des rôles (concepteur, exécutant, chômeur, gêneur).

      • L'éducation n'est pas le lieu de la production narcissique de l'éducateur.

      • Il faut organiser le travail de groupe sur la "rotation des tâches" pour que chacun explore "tous les rôles" (l'exemple de Macarenko et du "président d'un jour"). Donner à chacun la possibilité d'explorer de nouvelles responsabilités et savoirs.

      Conclusion :

      • Nos démocraties sont "fragiles" et "mortelles", nécessitant un "investissement éducatif".

      • Face à la fragilité, il n'y a que la "solidarité", qui demande de l'"inventivité".

      • Il faut un "village solidaire", "exemplaire" (les adultes sont des repères), et "démocratique".

      • Le travail est "compliqué" mais "on va y arriver" car l'enjeu est "essentiel".

      Les démocraties ont besoin d'une "éducation à la démocratie" qui soit une "éducation à la solidarité" où chacun apprend à penser et à s'allier pour construire le bien commun.

      Citations Clés :

      • "Cette solidarité n'est pas d'abord une valeur c'est d'abord un fait nous sommes solidaires que nous le voulions ou non"

      • "Former nos enfants à une démocratie solidaire ce que peuvent les parents l'école et l'éducation populaire"

      • "c'est le même enfant que nous voulons accompagner ensemble pour une éducation à la fois plus émancipatrice et une pédagogie plus solidaire"

      • "l'école de la République est celle qui précisément ne s'en tient pas à une vision des fondamentaux qui seraient étriqués... l'école de la République c'est une école qui vise le développement complet de la personne"

      • "L'instruction primaire tel que l' définit loi du 28 mars 1882... n'est plus cet enseignement rudimentaire... c'est une instruction nationale embrassant l'ensemble des connaissances humaines l'éducation toute entière physique morale et intellectuelle" (Ferdinand Buisson)

      • "ose penser par toi-même" (Kant, Sapere aude)

      • "C'est véritablement une tâche gigantesque qui se trouve assignée à chaque homme à tout instant... Il s'agit de tenir sous contrôle ses préventions... suffisamment pour que l'autre ne devienne pas invisible... qu'on puisse donner raison à l'autre qu'on doiv tort contre soi-même" (Gadamer)

      • "tu as le devoir de réfléchir avant de te battre" (Interprétation de l'action de Korczak)

      • "Transformer le plaisir de savoir tout de suite en plaisir de chercher"

      • "pour commencer il fallu d'abord poser les lances" (Marcel Mauss)

      • "débattre au lieu de se battre"

      • "il faut tout un village pour élever un enfant"

      • "La bonne évaluation c'est celle qui permet de devenir meilleur que soi-même" (Albert Jacquard cité)

      • "Le coût on le connaît et le coût il est réel le coût il est vrai le problème c'est que la société dans laquelle nous vivons n'est plus une société du coût c'est une société du prix"

      • "les lois elles n'émanent pas de moi elles n'émanent pas de celui qui me les impose elles émanent du matériau même avec lequel je travaille"

      • "nos démocraties modernes ont besoin d'une éducation à la démocratie qui soit une éducation à la solidarité et qui souhaite une éducation où chacun apprend à penser et apprend à s'allier avec autrui pour construire le bien commun"